Janvier 2013

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DIRECTION DE L’AGRAL

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Sommaire

Mot de l’Agral MARYSE GENDRON, AGRONOMIE DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’AGRAL

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ébut décembre 2012. C’est la fin de session et comme toute bonne étudiante se doit de le faire, je consacre une partie de mes pauses d’étude à flâner sur Facebook. Surprise! Ce soir, il y a du nouveau, tout le monde parle d’un documentaire qui vient d’être diffusé à TVA : la Face cachée de la viande. La frustration se fait sentir dans les commentaires de la plupart des gens, plus particulièrement des étudiants en productions animales. Ça semble intéressant, mais je n’ai pas le temps de m’attarder, je retourne étudier.

3 Mot de l’Agral 5 Éditorial 6 Mot de la SAAC

LA THÉMATIQUE 9 10 11 13 14

LE JARDIN

Un mois plus tard. Je déguste un bon hamburger en profitant de mes vacances. Ça me fait repenser au documentaire sur la viande que je n’avais pas écouté. Je décide de le regarder. Après l’heure que dure le documentaire, je prends le temps de repenser à ce que je viens de voir. Première constatation : je suis loin d’être aussi outrée que la plupart des autres étudiants. En fait, j’essaie de comprendre leur réaction.

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Certes, avoir eu à réaliser ce court métrage, je n’aurais pas invité Georges Laraque ni Maman Dion à venir témoigner de leur expérience de végétarisme. Toutefois, la présence de ces invités a sans doutes permis au documentaire d’être diffusé à des heures de grande écoute. En effet, un reportage regroupant exclusivement des chercheurs aurait certainement été moins attirant pour la plupart des gens.

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Certains reprochaient aussi à ce documentaire de ne pas présenter les deux côtés de la médaille. Mais justement, ce n’était pas le but, le but étant clairement de montrer les moins bons côtés liés à la consommation de viande. Pour cela, on présentait les conséquences de la consommation de viande sur l’environnement et sur la santé de même que certaines pratiques d’élevage controversées en lien avec le bien-être animal. Ainsi, à mon avis, ce documentaire a atteint son objectif — non pas celui de présenter un portrait complet de la production et de la consommation de viande — mais celui de provoquer et de faire réfléchir le public. C’est ici qu’entre en jeu la SAAC. Pour ceux qui ont été révoltés par la Face cachée de la viande, vous l’avez votre chance de montrer la face oubliée de la viande. Vous aurez 15 000 chances de montrer la réalité des productions animales au Québec! Ne les manquez pas!

L’Agral Journal des étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation Local 0116, Pavillon Paul-Comtois 2425 rue de l’Agriculture Québec (Qc), G1V 0A6 Tél : (418) 656-2131 poste 3565 Fax : (418) 656-2610 agral@fsaa.ulaval.ca

Directrice générale : Maryse Gendron Rédacteur en chef : David Jeker Secrétaire : Anne-Sophie Dumas Chef de pupitre : Caroline Beaulieu Responsable de la page couverture : Raphaëlle Gendron Collaborateurs officiels : Jérôme Claveau, Marie-Pier Landry et Myriam Côté

Les fromages Le soya sous toutes ses formes L’ULtrac à la SAAC Informez-vous, dégustez-nous! L’ADÉEN Les champignons L’agriculture urbaine Des petits fruits méconnus L’agriculture tropicale Recherché : sujet poilu de petite taille Le futur de l'acériculture La précision est de mise! L’horticulture ornementale Le maraîchage biologique, beaucoup moins compliqué qu’on le pense!

LA FERME 27 29 30 31 33 34 35 37 40 41 42 43 44 45

Bovins de boucherie Bovins laitiers Une nouvelle utilisation du cheval La production ovine Machinerie et alimentation Le cerf rouge, une production à découvrir! La production caprine, un monde à découvrir! Pisciculture Miam, un bon St-Hubert ce soir! Renard et vison Une production qui gagne à être connue! Les cochons Le lapin, est-ce un animal de consommation? Le contrôle de troupeau « Herding »

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ÉDITORIAL

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La SAAC

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a Semaine de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Consommation (SAAC) en est à sa 38e édition et se tient cette année sous le thème de l’agroalimentaire de demain. Cet évènement est une excellente occasion pour la population d’en connaître davantage sur ce qui se passe avant l’arrivée des produits alimentaires dans leurs assiettes. Certains visiteurs, petits ou grands, poseront des questions qui feront sourciller les étudiants. Ces derniers se diront alors en levant les yeux au ciel : « Diantre que ces bourgeois sont incultes! » Venant d’un des nombreux gamins présents sur le plancher du Centre de foires, ces questions font plutôt sourire. Venant des parents de ces derniers, un peu moins, et lorsque les questions fusent de la bouche de nos collègues étudiants, alors là ça devient plus inquiétant. Les universitaires ne devraient-ils pas être des êtres cultivés dont l’étendue du savoir est sans bornes? Eh bien non, quelques-uns peut-être, mais certainement pas tous. En fait, les étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation ont eux aussi tout intérêt à en apprendre un peu plus sur l’agroalimentaire. Une forte proportion des étudiants en agronomie ne sait probablement pas ce qui se passe entre le lait et le fromage et ceux au bac en nutrition n’ont peutêtre aucune idée du processus permettant aux fourrages de devenir du lait. Il faut évidemment qu’il y ait une forme de spécia-

DAVID JEKER, AGRONOMIE RÉDACTEUR EN CHEF DE L’AGRAL lisation entre les domaines d’études pour qu’au final des « professionnels » soient formés. Bien que cet état de fait pourrait être remis en question, il est accepté de tous. Au nom de l’efficacité, il vaut mieux peupler notre société de spécialistes incultes qui ont appris ce qui leur sera utile dans leur métier, mais qui ne savent pratiquement rien d’autre. Évidemment, ils n’en ont pas besoin, il y a d’autres personnes qui ont étudié d’autres choses et qui savent donc tout ce qu’il faut à propos de ces choses-là... Il est certes impossible de tout connaître sur tout, il existe des personnages qui se comportent comme si c’était leur cas, mais ce sont tous des imposteurs. Même l’auteur de ces lignes, pourtant très conscient de sa supériorité, ne se croit pas si savant. Malgré toutes ces années passées sur les bancs d’école, un diplômé universitaire ne peut se vanter d’en savoir beaucoup. Certains diront que c’est à chaque individu de s’instruire par luimême en lisant des choses plus intelligentes que les statuts de ses amis Facebook. Des lectures plus sérieuses, comme l’Agral par exemple, pourraient faire l’affaire. Toutefois, tant qu’à avoir un système d’éducation aussi « évolué » que le nôtre, il faudrait peut-être l’utiliser pour éduquer les gens plutôt que pour distribuer des diplômes à n’importe qui. Puisse la SAAC vous éclairer.


ÉQUIPE DE LA SAAC

6 | Le journal l’Agral

L’agroalimentaire de demain Goûtez aux défis d’une relève passionnée VALÉRIE SIMARD, AGRONOMIE PRÉSIDENTE DE LA SAAC 2013

Remerciements

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ujourd’hui est un grand jour. Après des heures de travail qu’on ne compte plus, voici que le salon ouvre enfin ses portes à ces milliers de personnes désirantes d’en découvrir un peu plus sur l’agroalimentaire. Certains en sont à leur première visite, d’autres ont déjà foulé le sol du Centre de foires auparavant. Il est difficile d’exprimer avec de simples mots tout le travail qu’il y a derrière cette réalisation. Une semaine est nécessaire au montage du salon et un nombre impressionnant de bénévoles s’unissent pour ériger ce chef-d’œuvre. Cependant, il ne faut pas oublier tous les téléphones, contacts et activités de financement qui ont été effectués pendant une année complète avant d’en arriver à la semaine de montage. C’est avec une immense fierté que j’écris ces quelques lignes. En effet, l’équipe avec qui j’ai eu la chance de travailler a su amener la SAAC à un autre niveau. Le mot équipe prend tout son sens ici. En ayant tous la même vision, la même détermination et la même passion pour le secteur agroalimentaire, les exécutants de la 38e édition ont su porter le projet au-delà des années antérieures. J’ai envie de rendre hommage aux personnes qui sont au coeur de la SAAC, c’est-à-dire les étudiants et étudiantes. Tout d’abord, il y a ces personnes qui font partie intégrante de la SAAC. Ce sont elles qui réduisent leur nombre d’heures de sommeil, qui manquent des cours, qui ont de multiples talents cachés, qui n’ont pas assez de 24 heures dans une journée et qui malgré tout, réussissent à faire l’impossible. C’est sans hésitation que je peux dire qu’elles sont des personnes de cœur et d’ambition. Ensuite, il y a ces bénévoles qui s’impliquent dans les différentes activités que la SAAC organise. Du méchoui au salon en janvier, en passant par le banquet, les bénévoles sont toujours au rendez-vous. Au salon, c’est plus de 300 étudiants qui viennent mettre à profit leurs talents au sein de la SAAC. Qu’ils soient cuisiniers, charpentiers, décorateurs, jardiniers, plombiers, bons orateurs ou tout simplement passionnés par leur champ d’expertise, les étudiants sont la clé du succès d’un salon d’une telle envergure. Qu’est-ce qui pousse toutes ces personnes à s’impliquer dans des projets comme celui-ci qui demandent temps et énergie ? Et bien, sans contredit, les acteurs du secteur agroalimentaire sont des gens passionnés. Futurs employeurs, vous avez devant vous une relève des plus motivée à faire briller le secteur agroalimentaire québécois de demain. La réalisation de la SAAC ne serait pas possible sans le soutien de nos fidèles partenaires : la Faculté des sciences de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation, l’AGÉTAAC, la Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Qué(Suite page 7)

L’ÉQUIPE DE LA SAAC 2013

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a 38e édition de la Semaine de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Consommation plongera ses visiteurs au cœur de demain. En effet, c’est dans une perspective d’avenir rapproché ou un peu plus éloigné que l’ensemble des intervenants dévoilera au grand public les enjeux entourant l’agroalimentaire de demain. Goûtez Le visiteur qui foulera le sol du salon verra ses cinq sens éveillés. Que ce soit en étant en contact avec les animaux, en assistant à des conférences du symposium agroalimentaire, en laissant les parfums et arômes du jardin chatouiller leur odorat ou bien en découvrant les nouveautés du milieu : l’expérience sera stimulante! Le tableau se complète grâce aux différents artisans québécois qui offriront sous forme de dégustations des produits bien de chez nous. Enfin, le visiteur repartira peut-être avec un sac rempli de produits du terroir, mais il aura assurément avec lui un sac débordant de nouvelles connaissances. Aux défis d’une relève passionnée Les étudiants et étudiantes de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA) sont les futurs acteurs du domaine agroalimentaire. Ils sont des joueurs majeurs dans la continuité d’une agriculture de chez nous puisque ce sont eux qui représentent la relève. Le visiteur aura la chance de rencontrer des étudiants passionnés. En effet, c’est avec la conviction de voir le domaine agroalimentaire québécois se réaliser qu’ils vous transmettront une (Suite page 7)


THÉMATIQUE

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(Suite de la page 6 - Remerciements)

bec, la Coop Fédérée, Agriculture et Agroalimentaire Canada, la Fédération des producteurs de lait du Québec, l’Union des producteurs agricoles, la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Financement agricole Canada, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Monsanto, l’Ordre des agronomes du Québec, Agropur et la Financière agricole.

La Thématique :

C’est avec un baluchon bien rempli de connaissances que je quitterai cette année la belle Faculté qu’est celle des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. Je serai outillée pour entrer dans le monde du travail, mais chose certaine, l’expérience acquise avec la SAAC me permettra d’aller encore plus loin. L’implication étudiante, c’est bien plus que quelques heures de travail bénévole, c’est la chance de développer un réseau de contacts, d’acquérir de l’expérience et surtout de découvrir des personnes ambitieuses, généreuses et hors du commun.

i vous êtes curieux et aimez la bonne chère, la Thématique n’attend que vous! En effet, la salle de la Thématique est l’endroit où l’on retrouve tous les intervenants importants du milieu agroalimentaire, c’est-àdire les partenaires de l’événement, des entreprises de transformation alimentaire, des organismes à but non lucratif ainsi que des organisations commerciales. Toutes ces entreprises sont essentielles à la réussite du salon de la SAAC et leur présence permet d’avoir une bonne vue d’ensemble du monde agroalimentaire d’aujourd’hui! De plus, la salle thématique est l’endroit idéal pour découvrir de nouveaux produits, soit sous forme de dégustation, soit en parlant avec les gens du milieu, ou encore d’en apprendre sur de nouveaux sujets en s’arrêtant aux nombreux kiosques étudiants!

Bonne 38e édition à tous et à toutes !

Valérie Simard

(Suite de la page 6)

foule de connaissances sur divers sujets. Ce contact privilégié avec les différents acteurs du secteur agroalimentaire permettra au grand public de découvrir un monde qui souvent se retrouve à la campagne et qui, pour l’occasion, se tiendra en plein cœur de la capitale nationale. Cette 38e édition de la SAAC sera tournée vers demain et fera découvrir aux petits et grands les nouveautés et avancées du secteur agroalimentaire.

L’équipe de la SAAC 2013

découvertes et plaisirs gastronomiques sont au rendez-vous! L’ÉQUIPE DE LA THÉMATIQUE 2013

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Parlons-en de ces merveilleux étudiants! Tout comme les entreprises et partenaires, ils sont tout simplement indispensables à la réussite du salon! Étudiants en agronomie, agroéconomie, sciences et technologie des aliments, nutrition, génie agroenvironnemental, génie alimentaire et consommation, tous participent d’une manière ou d’une autre à la création du salon de la SAAC! Cette année, nous devons particulièrement souligner la participation remarquable de certains étudiants en consommation qui ont décidé de représenter ardemment la grande communauté que constitue leur programme! Effectivement, depuis quelques années, nous avons observé un certain déclin par rapport à la participation des étudiants du baccalauréat en sciences de la consommation, celui-ci étant soi-disant le plus gros de la Faculté! … Bien sûr, personne n’est à blâmer! Il s’agit en fait d’un phénomène mythique qui, même pour les plus expé-

rimentés et anciens étudiants de la Faculté d’agriculture et d’alimentation, est tout simplement étrange et inexplicable! ... Un peu comme la théorie de la disparition des dinosaures quoi! En bref, il semblerait que cette année, certains étudiants en consommation aient décidé de se joindre aux étudiants dévoués des autres programmes pour participer en grand à cette belle aventure qu’est la SAAC, soit Benoit Gagnon et Marie-Pier Houle! Nous en sommes donc bien heureux! Pour réunir tous ces entrepreneurs de l’agroalimentaire et tous ces étudiants en agriculture et en alimentation qui se retrouvent dans la salle thématique de la 38e édition de la SAAC, l’équipe de la Thématique a déployé tous ses efforts! Afin de trouver des entreprises québécoises innovatrices et présentant des produits de qualité, nous avons, entre autres, sillonné le Québec en entier afin de dénicher les entreprises qui se démarquaient le plus dans le milieu de l’agroalimentaire. Les événements, festivals et marchés ont ainsi été parcourus et passés au peigne fin juste pour vous! Du côté des étudiants, nous devons avouer que la charge de travail a été plutôt légère, puisque ces derniers ont tous rapidement montré un intérêt prononcé à être dans la salle thématique dès le début de notre recrutement. Sincèrement, « chapeau » à vous tous! Ainsi, chers visiteurs, qu’attendez-vous? Il est temps de se rendre à la Thématique et de rencontrer tous ces gens passionnés par leur domaine et de vous délecter de toutes ces bonnes dégustations qui sauront satisfaire chacun d’entre vous! Viandes, fromages, spiritueux, produits de boulangerie, sucreries et bien plus sont au rendez-vous!



THÉMATIQUE

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Les fromages : leviers de fierté de l’agroalimentaire québécois JULIEN CHAMBERLAND, SCIENCES ET TECHNOLOGIE DES ALIMENTS

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u petit déjeuner aux grandes soirées, le fromage occupe une place très importante sur les tables du Québec. Fromage en grains, camembert, bleu, lait de vache ou de chèvre... tant d’arômes à découvrir, tant de plaisirs à partager. Toujours est-il que, malgré son appréciation et sa grande consommation, sa transformation demeure plutôt mystérieuse pour le commun des mortels. En effet, même parmi les grands amateurs, peu connaissent les différentes méthodes pour passer du verre de lait à la meule.

Les ingrédients sont simples : du lait, des ferments, de la présure (facultative) et du sel! Selon le type de ferment utilisé, en contrôlant le degré d'acidification du lait ou le niveau de cuisson du caillé et bien d’autres facteurs, il devient ainsi possible d'offrir une impressionnante diversité de produits. Commençons par le début! Le fromage est le résultat de la coagulation des protéines caséiques du lait. Pour ce faire, le fromager peut emprunter la voie enzymatique, en ajoutant de la présure à son lait, ou en tirant profit de la fermentation lactique et de ses ferments qui vont acidifier son lait comme dans un yogourt. L'utilisation d'un acide organique pourrait aussi faire cailler le lait encore plus rapidement, mais il en résulterait un fromage dépourvu d'arômes. En effet, les qualités organoleptiques d'un fromage sont presque essentiellement dues à son activité microbiologique, tant pour sa texture (onctuosité), que son goût (beurre, noisette, abricot, champignon, ferme, etc.). Le parallèle entre les fromages issus de lait pasteurisé et ceux de lait cru est fort intéressant ici. Effectivement, avec une variété aussi impressionnante de microorganismes dans le lait cru, il devient extrêmement difficile de faire un fromage aussi goûteux avec un lait pasteurisé dépourvu jusqu'à 99 % de sa flore initiale auquel on ajoute 3 à 4 espèces pour la fabrication. L'idéal serait donc d'incorporer artificiellement le cocktail microbiologique responsable des arômes d'un fromage au lait cru dans un lait pasteurisé, afin de profiter à la fois de l'innocuité du traitement thermique avec la complexité aromatique que peuvent

offrir les innombrables souches d’un lait cru. Nous pourrions en discuter longuement, mais revenons à la fabrication du fromage! Donc, une fois que les ferments ont eu un peu de temps pour s’activer et que l’on constate le « durcissement » du lait (dû à l’action de la présure), le travail du fromager commence! Avec la maîtrise de plusieurs techniques dont le tranchage, le brassage, la cuisson ou le pressage, il peut contrôler le degré d’humidité de son produit final. Prenons l’exemple d’un délicieux fromage à faible humidité (connaissez-vous le Clos-des-Roches produit à Grondines?). Dans ce cas, le caillé est tranché le plus finement possible avant de subir une cuisson intense pour être pressé à la fin. À l’inverse, une pâte molle, telle un camembert, n’est jamais chauffée et n’a que la pression atmosphérique pour s’affaisser, de façon à conserver un haut taux d’humidité. Enfin, puisqu’il est toujours payant de « vendre de l’eau », on comprend bien pourquoi les géants de la fromagerie sont spécialisés dans la fabrication de pâtes molles. Au final, le fromage fraîchement démoulé représente environ 12 % du poids initial du lait. Vous vous demandez sûrement où se retrouvent les 88 % restants? J'aimerais bien rassurer les fervents écologistes... Hélas, cette énorme fraction, le petit-lait, se retrouve la plupart du temps dans une fosse à purin ou un système de traitement des eaux. En effet, très peu de fromageries valorisent leur lactosérum qui possède pourtant une charge notable en protéines, en lactose et en minéraux. À l’échelle artisanale, il y a certainement un développement possible, l’avenir nous le dira.


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Le soya sous toutes ses formes

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epuis quelques années, les produits du soya connaissent un grand essor dans les pays d’Occident. C’est surtout avec la montée importante du végétarisme et du végétalisme qu’ils ont connu un grand succès auprès des consommateurs occidentaux. Toutefois, ce type de produits était connu et transformé depuis des centaines d’années en Chine. Dans ce pays, le soya est considéré comme une graine sacrée tout comme le riz, le blé et plusieurs autres. C’est pour cette raison qu’il y a été autant consommé. De cette manière, la population chinoise avait une partie des nutriments essentiels dont elle avait besoin et tout ça, sans consommer de viande. Les Chinois consommaient davantage les produits du soya puisqu’ils étaient plus abordables que les produits animaux. Leur savoirfaire de la transformation du soya est maintenant connu partout dans le monde. La graine de soya peut être transformée en plusieurs produits : le tofu, la boisson de soya, la farine de soya, les graines de soya rôties, la sauce de soya, le yogourt et plusieurs autres. Donc, une grande variété de produits peut être créée avec cette graine.

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ÉVELYNE SANFAÇON ET DOMINIQUE THÉBERGE SCIENCES ET TECHNOLOGIE DES ALIMENTS Le tofu Voici un exemple de transformation du soya qui est la plus connue : le tofu. Le tofu est un produit transformé à partir des graines. Tout d’abord, elles sont mises dans de l’eau pour faire une sorte de lait. L’eau de soya est par la suite filtrée et elle sera portée à ébullition pendant dix minutes. Ensuite, l’eau chaude sera mise dans un contenant et laissée refroidir. Un coagulant est ajouté à la solution refroidie. Le coagulant le plus utilisé est le sulfate de calcium. La solution sera recouverte pendant trente minutes pour que la coagulation se produise. Après le temps d’attente, le cailler sera brassé pour le briser et il sera mis dans des moules. Le surplus d’eau contenu dans le cailler s’écoule des moules pour donner une brique ferme. Ensuite, les briques peuvent être emballées et distribuées dans les supermarchés. Les différentes fermetés qu’il y a sur le marché sont déterminées par le temps de repos pour la coagulation. C’est le seul facteur qui fait toute la différence. La façon dont est fait le tofu ressemble énormément à la façon dont on fabrique du fromage. Sûrement que les Chinois s’en sont inspirés, ou qu’ils y sont arrivés par accident comme la plupart des découvertes dans le milieu alimentaire.

Le tofu a une très bonne valeur nutritive. Il contient environ 7,8 % de protéines ainsi que 4,2 % de lipides. De plus, il est une bonne source d’acides aminés essentiels sauf de méthionine et de tryptophane qui sont absents de ce produit. Donc, le tofu pourrait être une façon d’avoir les protéines nécesLa graine de soya peut être transformée en plusieurs produits : saires à notre alimentation sans consommer de le tofu, la boisson de soya, la farine de soya, les graines de soya protéines animales. Surtout que pour avoir un kilogramme de protéines animales, il y a de trois à rôties, la sauce de soya, le yogourt et plusieurs autres. » vingt kilogrammes de fourrages qui doivent être donnés à l’animal. Ce qui est vraiment énorme. Si la consommation de viande était réduite, peut-être qu’il serait possible de nourrir la population mondiale avec moins de ressources et de préserver une partie de notre végétation pour les générations à venir.


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L’ULtrac à la SAAC VINCENT RODRIGUE, GÉNIE AGROENVIRONNEMENTAL

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a mécanique dans le milieu agricole est une partie importante du monde de l’agriculture, car plusieurs opérations sur une ferme nécessitent l’utilisation de machinerie agricole que ce soit pour le travail du sol ou la manutention des produits. Il existe un projet au sein de la FSAA qui est pour les passionnés de ce domaine, il s’agit de l’ULtrac. C’est un projet étudiant qui consiste essentiellement en une équipe d’étudiants qui conçoit et construit un mini tracteur de tire. L’équipe ULtrac est essentiellement composée d’étudiants en génie agroenvironnemental, en agronomie, en agroéconomie et en génie électrique. L’équipe compétitionne à l’« International ¼ Scale Tractor Student Design Competition » contre une vingtaine d’équipes provenant d'un peu partout en Amérique du Nord dont trois du Canada. Celle-ci a lieu au début du mois de juin et se tient à Peoria, en Illinois, aux États-Unis. L’ULtrac est une des cinq équipes à avoir déjà remporté cette compétition. C’est en 2002 que cela s’est produit. La compétition est organisée par l’ASABE (American Society of Agricultural and Biological Engineers) avec l’aide des commanditaires qui sont souvent des compagnies qui œuvrent dans le secteur de la machinerie telles que « John DEERE », « CATERPILLAR », « BRIGGS & STRATTONS », etc. Les organisateurs s’assurent que la compétition évolue au fil des années en changeant des règlements. Certaines années, les équipes devaient designer des tracteurs multimoteurs. Les règlements spécifient plusieurs critères que le tracteur doit passer tels que des dimensions maximums et un poids maximum. Il y a aussi des critères de sécurité, d’ergonomie, mécaniques… Les équipes sont aussi orientées sur les mêmes bases, car la compétition oblige l’utilisation d’un moteur spécifique et l’interdiction de modifier les moteurs. La compétition n’est pas essentiellement sur les performances mécaniques du tracteur. Une partie des points (près de la moitié) est accordée pour des exposés et des rapports que l’équipe doit faire sur la fabrication du tracteur en vue d’une production de 5000 unités. L’équipe doit rédiger trois rapports en lien avec le tracteur et ayant comme sujet l’aspect financier, mécanique et la gestion de l’équipe. L’épreuve donnant le plus de points est celle des tires. Les tires sont effectuées à l’aide d’une charge progressive. Le but est donc d’effectuer la plus grande distance possible, car plus la charge avance, plus elle devient difficile à tirer. Chaque équipe effectue 2 fois un type de tire. Le meilleur résultat de chaque type de tire est comptabilisé. Donc, pour obtenir le plus haut pointage, l’équipe doit construire un tracteur fiable et robuste, mais aussi produire de

bons rapports afin de valider les choix de design et savoir avant tout vendre son produit. Depuis l’an dernier, l’équipe est revenue à un design de tracteur à quatre roues motrices. Cette année, nous optons encore pour ce type de design, car les tests que l’équipe a effectués ont démontré que ce système est plus efficace. Une grande tâche de l’équipe en début d’année est la mise en essais et l’expérimentation du modèle de l’année précédente pour aider à mieux développer le prochain modèle. Cela aide à cibler les concepts de design qu’il faut optimiser et ceux qu’il serait préférable de changer. Cette année, l’équipe met de l’emphase à augmenter l’efficacité du système de transmission et l’ergonomie générale du tracteur tout en conservant les points forts des modèles précédents. Puis, l’ULtrac ne pourrait survivre sans le soutien de ses commanditaires. Certains commanditaires apportent aussi une grande aide technique à l’équipe. Depuis bientôt 15 ans, l’ULtrac se dévoue à la mécanique agricole au sein de la faculté. L’équipe compte bien poursuivre à représenter le mieux possible l’Université et la Faculté en gardant comme but de remporter la compétition. L’ULtrac a terminé troisième sur 28 équipes participantes à la dernière compétition. Alors, venez en grand nombre nous voir et discuter avec nous lors de la SAAC. Nous aurons un kiosque pendant toute la fin de semaine pour discuter et vous montrer le tracteur 2012 avec une nouveauté…



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Informez-vous, dégustez nous!

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PIERRE LAUZÉ, SCIENCES ET TECHNOLOGIE DES ALIMENTS PRÉSIDENT DE BRASSTA

e comité des brasseurs amateurs de la Faculté refait une fois de plus surface au salon de la SAAC. Comme l’an dernier, nous serons sur place pour éduquer les gens à propos du savoir-faire brassicole et de son importance au sein des institutions académiques. Les membres vous feront découvrir les divers ingrédients de la bière, les procédés, les installations du laboratoire pilote, les bonnes bières du Québec et les microbrasseries d’intérêt. Avec des clubs invités provenant de plusieurs universités du Québec, chacun pourra expliquer son implication dans la communauté et dans la vie étudiante. L’association des brasseurs étudiants du Québec (ABEQ) sera formée cette année par BrasSTA, Bishop’s Brewer, Microbroue, Polybroue et Sherbroue. Sur place, des dégustations seront offertes. Nous distribuerons des bières développées grâce à des partenariats entre microbrasseries et universités. La nouveauté de cette année : un partenariat entre BrasSTA et l’Archibald (microbrasserie de Québec) afin de créer une bière rousse irlandaise. Celle-ci sera disponible à la SAAC ainsi qu’à plusieurs évènements de la FSAA : Barak années 80, Soirée des bières sans couleur et Marchfest. De la fraîcheur à Québec : Il existe officiellement 5 microbrasseries à Québec, la plus jeune étant la microbrasserie des Beaux Prés (Sainte-Anne-deBeaupré) qui distribue ses propres bières depuis le printemps 2012. Avec son chaleureux pub et son installation de production tout en vue, Luc Boivin (ancien copropriétaire de Dieu du Ciel!) a habilement bien retapé cette ancienne fromagerie afin de respecter les exigences alimentaires et d’offrir un lieu de dégustation sympathique. Sa terrasse située à quelques mètres du fleuve nous fait respirer la bonne brise fraîche, une pinte de bière tout aussi fraîche à la main. Les choix qui y sont présentés représentent à merveille les styles belge, allemand, anglais et américain tout en distribuant des produits invités en fût dont les originales Dieu du Ciel!).

Des petits et des gros : Suite à l’achat de nouveaux locaux et d’équipements de taille, la microbrasserie Archibald possède maintenant une usine de production à grande échelle lui permettant ainsi de mieux fournir ses restaurants, de ramener ses bières saisonnières (la Weisse et la Valkyrie) à longueur d'année et d’étendre son réseau de distribution. Comme quoi les microbrasseries de chez nous savent utiliser leur plein potentiel et profiter de l’intérêt toujours croissant des Québécois pour les bières de dégustation. À quelques pas : Dans quelques années, il sera impossible de manquer les microbrasseries du Québec ou de ne pas pouvoir s’y rendre à pied. L’implantation des 3 brasseurs à Québec n’est qu’un début, plusieurs établissements sont encore attendus alors que le premier fait très bien ses preuves. N’oublions pas des nouveaux joueurs tels que « La Voie Maltée », qui compte ouvrir sa première succursale (originaire du Saguenay), et la micro « La Souche » de Limoilou qui attend toujours son permis pour vous en mettre plein les papilles. Et BrasSTA? Conscients de l’expansion du marché, certains étudiants de la faculté espèrent faire carrière dans ce domaine et participer à fournir nos épiceries et nos dépanneurs en bières de qualité. Le comité est donc un lieu de partage de connaissances et une structure pour créer des activités sociales. La soirée des bières sans couleur Surveillez bien les affiches dans le pavillon Comtois, une activité de dégustation hors de l’ordinaire fera bientôt surface dans l’obscurité totale. Inspiré par le restaurant « Ô 6e sens », cet évènement permettra aux participants d’accentuer leur sens du goût, de l’odorat et du toucher pour perfectionner leur perception de la bière et pour vivre une expérience hors de leur zone de confort. C’est un rendez-vous au début de la session pour amateurs (palette de dégustation « fin palais ») et pour les connaisseurs plus exigeants (palette de dégustation « extrême »).


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L’ADÉEN, l’Association des Étudiants en Nutrition

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DOROTHÉE BUTEAU-POULIN ET LAURIE BARON, NUTRITION ADÉEN

ien s’alimenter peut parfois ressembler à un vrai cassetête. Et là, nous ne vous parlons pas d’un petit casse-tête 3 ans et plus, mais plutôt d’un gros casse-tête 3D 1000 morceaux. Des informations arrivent dans tous les sens, que ce soit par les médias sociaux, la télévision, les revues et bien évidemment, les gens de notre entourage qui se font un plaisir d’y aller de leurs propres trucs, conseils et convictions. Devant cette abondance de renseignements, parfois contradictoires ou encore farfelus, il est souvent difficile de distinguer le vrai du faux. Cela peut être très décourageant pour les personnes désireuses d’améliorer leur alimentation et, ainsi, leur état de santé. C’est à ce moment que nous, les étudiants en nutrition de l’Université Laval, intervenons. Parce qu’une fois que quelques principes de base sont maîtrisés, bien s’alimenter devient facile, voire amusant! C’est dans cette optique que les membres de l’Association des Étudiants en Nutrition seront présents lors de la SAAC pour répondre à toutes vos questions en matière de nutrition. Le thème de notre kiosque cette année : les alternatives santé! Au menu : des trucs pratiques pour bonifier la valeur nutritive de vos recettes personnelles (que ce soit en substituant des ingrédients ou en en ajoutant), des suggestions de recettes à la fois saines et savoureuses, des idées pour intégrer à votre quotidien certains aliments nutritifs trop souvent délaissés (par exemple le tofu, les légumineuses, etc.) et bien d’autres surprises! Plus précisément, des conseils simples et pratiques à intégrer à la préparation de vos repas vous seront donnés. Par exemple, les modes de cuisson à favoriser, le type de matières grasses à utiliser, comment rendre vos desserts plus sains, etc. Nous voulons vous montrer qu’il n’est pas nécessaire de laisser tomber vos

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recettes préférées pour être en meilleure santé. Parfois, de simples modifications peuvent faire d’une pizza ou encore d’un burger un repas sain et nutritif. De plus, des recettes vous seront distribuées afin de vous donner envie de vous initier à divers aliments souvent négligés et méconnus. Brownies aux haricots noirs, pain aux bananes et aux légumineuses, sauté au tofu et aux arachides, voilà de belles façons d’adopter les substituts de la viande sans même s’en rendre compte! Aussi, sachez que nous ne venons pas donner de l’information à ce kiosque pour montrer qu’on connait ça la nutrition et qu’on est bons. Nous voulons que vous soyez en mesure d’appliquer les conseils reçus à votre quotidien. Nous voulons que ce kiosque ait un réel impact sur vos habitudes et, par le fait même, sur votre santé. Pour ce faire, les conseils proposés sont simples et faciles à appliquer. De plus, des astuces vous seront suggérées afin de simplifier encore plus leur application : prendre un temps pour planifier vos repas de la semaine avant d’aller faire votre épicerie, cuisiner de plus grosses portions et congeler les restes (des informations sur les durées de congélation pourront vous être données au besoin), fixer des objectifs quotidiens, etc. Avec tous ces petits trucs, vous verrez que cuisiner n’est pas une corvée et, qu’au fond, bien s’alimenter peut vraiment être aussi simple qu’un casse-tête 3 ans et plus. Si vous hésitez toujours à venir nous voir (même si nous savons que vous êtes déjà convaincus depuis les premières lignes de ce texte), rappelez-vous bien qu’il n’est pas facile de démêler tout ce qui se dit sur l’alimentation de nos jours, mais que nous pouvons vous aider à vous y retrouver. Du contenu est préparé dans le cadre du thème de notre kiosque, les alternatives santé, mais nous nous ferons un grand plaisir de répondre à toutes vos questions, générales ou plus personnelles, au meilleur de nos connaissances. Nous sommes des étudiants bien aimables qui aimons rencontrer de nouveaux gens et il n’y a absolument aucune chance que nous vous mordions (contrairement aux animaux de la ferme). Nous avons tous et toutes une réelle passion pour la nutrition et un désir de vous transmettre celle-ci!

Des astuces vous seront suggérées : prendre un temps pour planifier vos repas de la semaine avant d’aller faire votre épicerie, cuisiner de plus grosses portions et congeler les restes (des informations sur les durées de congélation pourront vous être données au besoin), fixer des objectifs quotidiens…»


JARDIN La beauté et la diversité HUBERT SOUCY DIRECTEUR DE LA FERME

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enez découvrir les nombreux aspects des productions animales de demain : génomique, bien-être animal, place accordée à la relève, etc. Cette année, la ferme sera l’hôte de plusieurs nouveautés. Il sera possible de pêcher de la truite mouchetée, de jeter un coup d’œil à une démonstration de chiens de troupeau ainsi que d'observer de la machinerie et des robots à la fine pointe de la technologie. Il y aura plus d’une cinquantaine d’espèces animales les plus variées les unes que les autres telles que des bovins, des chèvres, des chevaux et des cochons. Quant à lui, le jardin est un incontournable endroit à visiter pour éveiller vos sens. Vous pourrez visiter une multitude de cultures et de fleurs dans des sentiers aménagés pour l’occasion. Comme nouveauté cette année, le jardin saura vous transmettre la passion pour l’agriculture de petites surfaces! Que ce soit au 48e étage d’un immeuble ou sur un espace qui vous semble impossible de faire pousser de la végétation, le kiosque d’agriculture urbaine saura vous convaincre du contraire! De plus, de magnifiques fleurs, des plants de fines herbes et de légumes seront en vente pendant les trois journées du salon. Que ce soit pour comprendre la provenance de vos produits d’épicerie, flatter des animaux de toutes sortes ou tout simplement vous amuser, la ferme et le jardin répondent à tous les goûts. C’est avec plaisir que l’équipe de la ferme et du jardin vous invite à venir visiter ce 38e salon qui s’annonce très prometteur et on promet de vous en mettre plein la vue. Profitez-en pour nous accrocher durant votre visite afin de nous donner vos commentaires sur la visite.

Janvier 2013| 15

Les champignons

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GUILLAUME GAGNON, JEAN-PHILIPPE GAGNÉ ET ANDRÉANNE BELLEY

Ne mange pas de ces champignons, ils sont sûrement toxiques, tu vas t’empoisonner! » Voilà un bon conseil que mes parents me donnaient quand j’étais jeune. Le genre de conseil qui n’incite pas un enfant à vouloir manger des champignons. Il faut dire qu’avec des noms aussi inspirants que « trompette de la mort » (Craterellus cornucopioides) ou « bolet satan » (Boletus satanas), en plus de leur utilisation dans les recettes de sorcières et autres rites chamaniques, les champignons n’ont pas bonne figure. Sur les 90 000 espèces décrites dans le règne fongique jusqu’à ce jour, seulement une vingtaine sont mortelles contre une trentaine qui sont d’excellentes comestibles. Parmi les champignons qualifiés d’excellents comestibles pouvant être cueillis dans les forêts québécoises, nous retrouvons la chanterelle commune et la morille conique ou blonde. Et c’est sans compter tous les champignons bons comestibles, comme les pleurotes, certains bolets et coprins qui peuvent également y être retrouvés. À ce sujet, le Québec tente de faire de la cueillette en forêt une activité de plus en plus organisée en offrant des formations pour les cueilleurs ainsi que des regroupements sous forme de coopératives. En ce qui a trait à la production commerciale, seulement quelques espèces fongiques sont cultivées dans la province. Les principales espèces sont le champignon de Paris (Agaricus bisporus), le pleurote (Pleurotus ostreatus) et le shitaké (Lentinula edodes). Au Québec, le champignon occupe le deuxième rang en termes de revenus pour la vente d’aliments non transformés, après la pomme de terre.

Dans le monde agricole, les champignons causent également beaucoup de ravages dans les cultures. La fin de l’homologation de certains fongicides dont la toxicité est jugée trop grande pour l’environnement crée de nouveaux défis aux agriculteurs et aux agronomes. Ironiquement, la solution de la protection des cultures contre les champignons nuisibles ne repose peut-être pas en l’utilisation de fongicides, mais en l’utilisation d’autres espèces de champignons qui pourraient s’avérer protectrices. Le type de champignons ayant la propriété de créer une association bénéfique aux plantes appartient au groupe des mycorhizes. En plus d’éloigner certaines maladies, ces champignons permettent aux plantes de mieux résister aux conditions difficiles et d’aller chercher plus efficacement les éléments nutritifs du sol! N’est-ce pas un double usage fantastique? Par la réduction des maladies et la réduction des apports en engrais synthétiques, les champignons de la classe des mycorhizes constituent une solution d’avenir des plus prometteuses. Réchauffement climatique, diminution des réserves mondiales de pétrole, traitements anticancers : n’y a-t-il pas plus actuelles que ces préoccupations? En plus de leurs propriétés gustatives et de leur intérêt agronomique, les champignons ont la capacité de produire des molécules anticancéreuses ainsi que de transformer la cellulose en sucre. Par ces caractéristiques, des médicaments et des carburants plus propres peuvent être fabriqués et ainsi contribuer à l’amélioration de notre santé et de celle de notre planète!


16 | Le journal l’Agral

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L’agriculture urbaine,

un moteur d’émancipation individuelle et collective

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XAVIER BÉDARD-LAROCQUE, AGRONOMIE VINCENT FLUET, AGROÉCONOMIE

’agriculture urbaine, cette pratique en pleine croissance, ne permet pas seulement d’accroître la sécurité alimentaire dans le respect de l’environnement, elle permet également de redonner espoir et confiance à des individus et des communautés en difficulté. À Vancouver, Sole Food, une entreprise agricole à vocation sociale, produit des fruits et des légumes artisanaux en employant des individus issus de milieux défavorisés, aux prises avec des problèmes de dépendance et de précarité. À Detroit, ancienne capitale de l’automobile américaine, voyant les terrains vagues s’accumuler, les citadins choisissent de prendre leur sort en main en aménageant des jardins un peu partout dans la ville. De cette façon, ils participent à retrouver la dignité de vivre chez eux et nourrissent l’espoir de relancer l’économie de leur ville.

pas de roulement de personnel : les employés y sont bien, ils reprennent confiance en eux et réapprennent à prendre soin, soin d’eux-mêmes et des plantes dont ils s’occupent. L’entreprise devenant de plus en plus reconnue pour son implication et ses produits, les employés se voient également reconnus par le public pour leur travail, ce dernier permettant déjà à de nombreux Vancouvérois de jouir d’aliments locaux et sains.

Sole Food Début 2009, une rencontre a lieu entre United We Can (UWC), entreprise ayant instauré le premier système de consigne pour les bouteilles recyclables de Vancouver, et d’autres entreprises sans but lucratif, dans le but de réfléchir sur de nouvelles avenues pour verdir leur ville et générer des emplois pour des citadins défavorisés. On décida alors de créer un système de collecte des déchets organiques de certains restaurants, d’en faire un compost pour la vente et d’utiliser une partie de ce compost pour ravitailler en terreau une ferme urbaine biologique. Seul problème, aucune ferme de ce type n’existait à Vancouver à l’époque. Le regroupement d’organismes choisira alors de bâtir une ferme urbaine d’envergure pour concrétiser ce brillant projet. C’est ainsi que, dès 2009, portant comme nom d’entreprise « Sole Food» (1) , ce projet prit finalement son envol.

Détroit Autrefois ville reine de l’industrie automobile américaine, Détroit comptait quelque 2 millions d’habitants en 1957 alors qu’aujourd’hui, elle n’en compte plus que 700 000. Avec une telle baisse de population ainsi que la disparition de nombreuses industries, des milliers d’hectares de terrains vagues sont apparus à mesure que les bâtiments à l’abandon sont rasés. Plus encore que les bâtiments et les terrains vagues, c’est la population qui se trouve dans le besoin, aux prises avec des problèmes de chômage et le manque de services, certains doivent choisir entre se soigner et se nourrir. Avec toute cette misère, on assiste à une disparition de la vie communautaire et à un effilochage du tissu social, chacun tentant de survivre par lui-même.

Aujourd’hui, Sole Food emploie quelque 25 employés, à temps partiel ou permanents, à travers ses cinq fermes urbaines toutes aménagées à l’intérieur de la ville de Vancouver. À leur première saison de production, en 2009, 10 000 livres de fruits et de légumes ont été produits. En 2011, ce chiffre avait déjà grimpé à 45 000 livres. À ce rythme, l’entreprise prévoit être autosuffisante d’ici peu, ce qui est perçu par ses fondateurs comme une victoire majeure. Cependant, la plus grande réussite pour les fondateurs et gestionnaires de Sole Food, c’est de constater l’impact positif que le travail agricole apporte aux individus marginalisés qu’ils emploient. Aux prises avec des problèmes d’alcool, de drogues ou de pauvreté, ces derniers retrouvent, grâce au travail de la terre, un sentiment d’accomplissement et d’utilité qui les amène à reprendre leur vie en main. À travers les soins qu’ils portent aux plantes et les relations qu’ils tissent avec les autres travailleurs et les membres de la communauté intéressés par le projet, les employés se développent sur le plan personnel et acquièrent de nouvelles connaissances. Chez Sole Food, il n’y a

C’est donc principalement sur ces deux fronts que l’agriculture urbaine mène son combat. L’initiative d’abord de quelques-uns, puis de milliers, permet non seulement de ressouder la population, mais aussi de lui redonner confiance et de revitaliser la ville en embellissant et exploitant cette multitude de terrains vagues à l’abandon. Grown In Detroit, un organisme regroupant une cinquantaine de fermiers urbains, vend ses produits dans les marchés de Détroit et souhaite développer encore davantage le potentiel inexploité de la ville. En effet, sans être capable de produire la totalité des besoins en fruits et légumes de ses habitants, la ville pourrait tout de même fournir jusqu’à 10 % de ses besoins, et ce, sur toute l’année.

Finalement, l’initiative que représente ce projet urbain aura eu pour effet de rapprocher l’ensemble des membres de la société, des plus démunis aux palais les plus fins, en participant à reconstruire le tissu social, grâce au travail de personnes engagées et passionnées, fondé sur un amour partagé de la terre et des aliments savoureux que nous aimons tant consommer.

(1) L’accronyme « SOLE » signifie : Save Our Living Environment. Une fois relié au mot Food, on comprend mieux l’esprit dégagé par le nom de cet entreprise. SOLE Food est donc une entreprise qui cherche à préserver notre milieu de vie à travers l’agriculture urbaine.


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Des petits fruits méconnus VICKY BÉRUBÉ , DOCTORAT EN BIOLOGIE VÉGÉTALE

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es petits fruits se démarquent de plus en plus pour leurs bénéfices sur la santé humaine. Leur popularité grandissante amène la création de nouvelles pratiques culturales et la mise en marché de produits originaux. On connaît les traditionnels bleuets, framboises, fraises, mûres et canneberges. Mais, avez-vous déjà goûté aux fruits d’aronie à fruit noir, aux chicoutés, aux gaylussacias à fruits bacciformes, aux catherinettes, aux airelles vigne d’Ida ou aux camarines? Toutes des espèces aux noms exotiques, mais qui poussent tout près de chez nous! Nous vous invitons à la découverte de ces fruits méconnus. Grâce à nous, votre instinct de cueilleur sera titillé et vous aurez de très bons indices pour savoir où les chercher en nature. Saviez-vous que l’on trouve plusieurs de ces espèces dans les tourbières? Non, une tourbière n’est pas l’endroit où l’on produit les rouleaux de tourbe/gazon/pelouse. Une tourbière (ou « swamp » dans le langage très populaire) est un milieu humide qui accumule au cours de milliers d’années des débris de plantes que l’on appelle matière organique. Au Canada, les tourbières recouvrent un peu plus de 12 % du territoire soit l’équivalent de la surface couverte par l’Ontario tandis qu’au Québec, c’est environ 7 % ou l’équivalent de la région du Saguenay-Lac-SaintJean. Plus vous allez vers le nord, plus vous avez de chances de croiser une tourbière. Dans le sud du Québec, il y en a malheureusement de moins en moins. Quelques-unes sont protégées, comme dans le Parc national de Frontenac, ou plus près de nous, la tourbière de la Grande Plée Bleue, à Lévis.

Il existe deux types de tourbières : les minérotrophes et les ombrotrophes. Le type minérotrophe est riche en minéraux, possède une plus grande biodiversité dont de belles orchidées et ressemble souvent à un champ de foin mouillé avec quelques cèdres ou mélèzes. On y trouve aussi le myrique baumier dont les fruits séchés aromatisent de façon spectaculaire nos assiettes. Le type ombrotrophe est couvert de mousses de sphaigne (eh oui, la principale composante des terreaux d’empotage provient des tourbières) et de plantes adaptées à recevoir peu de nutriments comme les plantes carnivores. Il y a aussi une abondance de petits fruits dans ce type d’environnement. Comment savoir reconnaître une tourbière s’il n’y a pas de pancarte indicatrice? Vous êtes fort probablement dans une tourbière si vous avez besoin de bottes de pluie, que vous observez de la mousse en étoile par terre et des épinettes rabougries et que vous rencontrez des chasseurs de gros gibiers.

Voici quelques espèces en rafale. Les bleuets sont souvent cueillis dans les tourbières sans que vous le sachiez. Saviez-vous qu’il existe cinq espèces de bleuets qui poussent à l’état sauvage au Québec? Si, en marchant dans une tourbière, il y a des mares ou un petit lac, vous pouvez voir la grosse canneberge, une cousine du bleuet. Si c’est le cas, vous pouvez sortir votre grosse chaudière vers la mi-septembre : ça ne prendra pas de temps à la remplir, c’est garanti! Il y a aussi la petite canneberge. Même si elle est aussi bonne que la grosse canneberge, il faudra s’armer de patience pour la récolter, car elle pousse ici et là. L’airelle vigne d’Ida et la camarine rampent sur les sols de tourbières un peu plus secs. La première a des fruits rouge vif et la seconde presque noirs. Les deux se ramassent avec patience et sont à éviter pour ceux qui ont mal au dos. Si vous avez une bonne vision, vous pourriez tomber sur une talle de gaylussacia. Ce petit fruit ressemble aux bleuets et, il faut l’avouer, est presque meilleur au goût. L’automne, le feuillage devient rouge vif. Le gaylussacia abonde au Nouveau-Brunswick. Sur la Côte-Nord, vers le mois d’août, c’est la chicouté, aussi appelée plaquebière, qui est populaire. Le fruit ressemble à une framboise orange pousGauche : Bleuets Droite : Fleurs de bleuets En bas : Fleurs d’aronie à fruit noir Photos : V. Bérubé

(Suite page 18)


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18 | Le journal l’Agral (Suite de la page 17)

sant à l’envers. Les catherinettes ou ronces pubescentes ressemblent aussi à de petites framboises inversées avec de plus grosses graines. Fraîches, elles font une excellente collation. Pour faire une tarte ou de la confiture, il faut être motivé, car les fruits n’abondent pas. Elle pousse surtout dans les tourbières minérotrophes ou bois humides et on la trouve partout au Québec. Finalement, les fruits d’aronie ou de gueules noires se trouvent vers la fin de l’été sur un petit arbuste qui pousse en bordure des tourbières. Le fruit ressemble à une cerise noire et il y a une petite ligne de poils mauves sur le dessus des feuilles. Évidemment, il existe encore plusieurs espèces qui pourraient garnir nos réserves. Il faut être attentif à leur présence ici et là et surtout récolter la bonne chose! N’oubliez pas : si ça goûte mauvais, crachez! Bonne exploration!

Gauche : Fruit de chicouté Haut : Champ de gaylussacia Photos : V. Bérubé

Offres de stage rémunéré / emplois d’été Vous aimeriez acquérir une bonne expérience dans la production végétale ? Synagri, chef de file dans le domaine de la fertilisation, des semences et des produits de phytoprotection est à la recherche de stagiaires pour la saison estivale 2013 pour les régions du Témiscamingue, Est de l’Ontario, Rive-Nord et Rive-Sud de Montréal et Québec. Le/la stagiaire fera parti d’une équipe dynamique axée sur la qualité du service à la clientèle.

Rôle du stagiaire Sous la supervision d’un représentant des ventes agronome, le/la stagiaire devra : - Aider les représentants lors des suivis au champ - Visiter les champs de grandes cultures et/ou les maraîchères - Participer au dépistage des mauvaises herbes, insectes et maladies - Comprendre les équipements d’application à forfaits - Faire des prélèvements de tissus foliaires et d’échantillons de sol

- Faire le semis de parcelles de démonstration ainsi que leur coordination - Participer au travail dans les entrepôts - Participer aux formations offertes par les fournisseurs - Apporter un support au département des ventes - Fournir une assistance lors des journées de champ - Installer les affiches aux champs - Promotion du programme Fourragères auprès des producteurs agricoles - Toutes autres tâches connexes

Exigences particulières

Qualités recherchées

- Étudiant en agronomie - Posséder un permis de conduire valide - Posséder son propre véhicule

- Dynamisme - Débrouillardise - Sociabilité - Esprit d’équipe

Faites-nous parvenir votre curriculum vitae sans plus tarder à l’adresse suivante : camille.morin-lheureux@synagri.ca


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L’agriculture tropicale, si près de nous et pourtant si lointaine PIERRE-ALEXANDRE PAPILLON, AGRONOMIE

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e café, le thé, les bananes, les arachides, le cacao, les mangues, les agrumes, les avocats, la vanille… pour ne nommer que ceux-là, sont pour la plupart d’entre nous des produits que nous consommons régulièrement. Ils sont, en grande majorité, cultivés exclusivement à l’extérieur du Québec. Le terme « plante tropicale » est parfois étendu à des plantes de climat subtropical ou tempéré chaud comme les citronniers ou les grenadiers, ou des climats arides comme les dattiers ou figuiers. Certaines plantes s’adaptent facilement à une grande variété d’environnements. Pour d’autres, des cultivars rustiques sont parfois développés. Certaines plantes originaires des régions tropicales sont cultivées au Québec. Elles sont adaptées au climat des étés nordiques et peuvent être récoltées avant que le gel ne tue les plants. C’est le cas notamment de la tomate, du poivron et du tabac. Le riz s’est lui aussi mondialisé bien qu’il ne pousse toujours pas sous nos latitudes. Le riz sauvage canadien n’a pas grand chose à voir avec le riz mondialement consommé. Il s’agit d’une espèce différente. La plupart des plantes tropicales vivaces, quant à elles, ne peuvent survivre à la rudesse des hivers des régions froides. C’est pourquoi elles sont encore aujourd’hui presque exclusivement cultivées en régions chaudes. La banane est probablement le fruit tropical emblématique par excellence. Elle fait partie des 20 plantes les plus consommées dans le monde. Il existe plusieurs centaines de variétés cultivées (ou cultivars). Mais, seulement une dizaine sont utilisées pour la production industrielle. La banane que nous retrouvons la plupart du temps sur les tablettes des supermarchés est de type Cavendish. L’acétate d’isoamyle est la principale molécule responsable de l’odeur caractéristique de la banane. Le café, quant à lui, provient d’un arbuste pouvant atteindre de 3 à 4 m de hauteur. Il produit des petits fruits charnus contenant chacun deux grains. Ces grains sont ensuite rôtis à sec et broyés. Le café contient de la caféine, des tanins et des huiles. La caféine produit son action stimulante en bloquant les récepteurs membranaires d’une molécule régulant le système nerveux central. Bien qu’ils soient souvent disponibles dans les supermarchés du Québec, plusieurs produits de plantes tropicales restent méconnus du grand public. Des fruits ou feuilles tels la carambole, le kumquat, le pitahaya, le mangoustan et le maté s’y retrouvent.

Le maté est largement consommé en Argentine et au Paraguay. C’est un excellent stimulant. Il remplace bien le thé ou le café. La molécule active du maté est la caféine. La carambole est originaire du Sri Lanka et des Iles Moluques. C’est un fruit riche en vitamine A, en vitamine C et en potassium. Il faut la laisser mûrir à température ambiante jusqu’à ce qu’elle devienne complètement jaune et odorante. À moins que vous n’ayez déjà visité une plantation dans un pays chaud ou n’ayez été invité sur l’une des rares serres québécoises cultivant des figues ou des citrons, parions que vous n’avez sans doute jamais vu en vrai ces plantes. À défaut de voir une vraie culture, vous pouvez toujours vous essayer à faire pousser dans votre salon certains fruits que vous achetez à l’épicerie. L’ananas et le kiwi sont particulièrement faciles. L’ananas fera une très belle plante d’intérieur, mais produira difficilement un fruit à moins de disposer d’un bon éclairage et d’une pièce à atmosphère contrôlée. Le kiwi fera, quant à lui, une très belle plante grimpante. N’essayez cependant pas de planter une banane, car celles que l’on retrouve en magasin n’ont pas été fécondées et sont donc sans graines. Autres plantes tropicales faisant partie de notre quotidien : les plantes ornementales. Elles décorent les plates-bandes, les parcs, les rebords de fenêtre, et bien sûr, elles apportent une touche de fraicheur à la cafétéria du Comtois. L’agriculture tropicale est très importante économiquement pour de nombreux pays du monde. Plusieurs millions de personnes dépendent des revenus générés par l’exploitation de ces produits. La culture du café fait vivre à elle seule plus de 10 millions de petits producteurs. Cependant, les travailleurs agricoles de ces pays ne bénéficient pas tous de bonnes conditions et c’est pourquoi le commerce équitable a été créé. Les produits équitables permettent de commercer de manière durable et juste avec les producteurs de ces régions. Ce négoce fonctionne avec des engagements à long terme, une rémunération équitable et des conditions de travail décentes. Les produits de l’agriculture tropicale se sont considérablement rapprochés de nous au cours des 100 dernières années avec le développement des transports et du commerce. Ils ont grandement influencé les habitudes culinaires des Québécois. Peut-être sera-t-il un jour aussi banal de consommer des ramboutans en collation que ne peuvent l’être aujourd’hui de simples raisins.



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Janvier 2013| 21

Recherché : sujet poilu de petite taille enclin à se dévouer pour la science! JOSIANNE BILODEAU, VICKY DOYON ET BELINDA AGO AGRONOMIE

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ais quelle créature est prête à mourir au profit d’une grosse bête, parfois tout aussi poilue, qui ne pense qu’à son bonheur personnel? Et bien l’abeille, cette fameuse ouvrière de l’ordre des hyménoptères qui se donne corps et âme à la survie de sa colonie est l’heureuse élue. Malheureusement trop souvent chassée des arrière-cours en raison de sa réputation salie par sa cousine la guêpe, cette « workaholic » nous propose bien plus d’avantages que l’on pourrait croire. En déclin exponentiel depuis les 20 dernières années, nous aurions grand intérêt à vouloir sa survie. Oui, pour son délicieux miel et pour la pollinisation d’un grand nombre d’espèces végétales. Mais saviez-vous que le travail des abeilles est tout aussi salutaire dans le monde médicinal?

l’humain. Elle est particulièrement proposée aux femmes ayant des problèmes hormonaux pendant la ménopause et est aussi recommandée en cas de fatigue ou de stress importants. Et ce n’est pas tout! Malgré une utilisation qui date de l’Antiquité, le retour progressif de l’apithérapie est une autre alternative à la médecine moderne. Le principe est de se faire piquer ou de recevoir une injection de venin là où le problème se trouve. En effet, cette technique est plutôt utilisée auprès des personnes souffrant de rhumatismes, de tendinites, d’arthrite et est même combinée aux pratiques de l’acupuncture. Dû à sa jeune existence dans le monde de la recherche scientifique, il n’est pas encore possible de prouver de manière fiable l’efficacité de ce procédé. Mais ne perdons pas espoir, la nature finira bien par nous donner son dernier mot!

Eh oui, la propolis, le pollen et la gelée royale sont tous des sous Et pour vous soulager, sachez que vous n’êtes pas obligés de -produits de la ruche qui présentent de bonnes alternatives à souffrir pour profiter des bienfaits que l’abeille nous offre. Le certains médicaments synthétiques! En effet, la propolis, un miel possède des avantages tout aussi intéressants. En effet, des mélange dur et sec, composée majoritairement de résines, de recherches ont prouvé que la consommation de miel augmentait cire et de pollen, est utilisée pour calfeutrer les fissures de la de manière significative l’évacuation de l’éthanol (alcool) du ruche. Lorsque longuement mâchée par un Homo sapiens, celle-ci sang. Aurions-nous trouvé une nouvelle alternative à la fameuse lui offre de nombreux avantages antimicrobiens, antifongiques grosse poutine grasse pour éviter un lendemain de veille difficiet antibiotiques. Elle a un effet positif sur la synthèse des antile? Un p’tit cup de miel à la sortie des Baraks peut-être? corps, elle est un excellent antioxydant qui ralentit le vieillissement cellulaire, elle traite et prévient les infections, elle agit … des recherches ont prouvé que la consommation de miel comme anti-inflammatoire, etc. augmentait de manière significative l’évacuation de l’éthanol Face aux antibiotiques chimi(alcool) du sang. ques, elle a l’avantage de ne pas perturber la flore intestinale et est totalement naturelle. Quant Néanmoins, il reste que cette petite bestiole surprendra toujours au pollen, il est vendu sous forme déshydratée, en petits amas par ses capacités hors norme et que toutes les raisons sont valaqui sont mis en pot, à manger à raison d’une cuillère par jour. bles pour en justifier sa protection. Ce n’est pas pour rien que Au même titre que la propolis, le pollen permet d’améliorer les peuples les plus anciens profitaient de ce que la nature leur l’immunité de celui qui en consomme. Fait intéressant pour le offrait gratuitement! Même si l’on se proclame comme étant un lecteur masculin, semble-t-il que la consommation de ce produit peuple moderne et évolué, il serait peut-être temps d’en refaire permettrait de diminuer l’inflammation de la prostate en cas de tout autant… prostatite! Dans le cas de la gelée royale, cette substance dédiée à l’alimentation des reines en gestation dans la ruche, elle permet, elle aussi, d’augmenter les capacités immunitaires chez

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… la propolis, le pollen et la gelée royale sont tous des sous-produits de la ruche qui présentent de bonnes alternatives à certains médicaments synthétiques! »

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22 | Le journal l’Agral

Le futur de l'acériculture

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NYDIA MATTE, ANDRÉANNE OUELLET ET REINE MERCIER AGRONOMIE

epuis belle lurette que l'eau d'érable a été découverte. L'acériculture a pris beaucoup d'expansion depuis. Une panoplie d'améliorations ont été apportées afin d'optimiser la production et plusieurs efforts ont été fournis afin de faire connaître le sirop d'érable. Mais, vers quoi se dirigent les acériculteurs de demain pour mettre en valeur leurs produits? Quels sont leurs projets futurs? La FPAQ désire se diriger vers une approche holistique. Une nouvelle stratégie appelée « Nouvelle génération de l’érable 2020 » a été élaborée par la Fédération des producteurs acéricoles du Québec avec ses partenaires. Le but est de démontrer, à travers le monde, que le sirop d’érable est un produit gastronomique qui suit les nouvelles tendances de consommation que sont la naturalité (produit naturel) et la fonctionnalité (aliments offrant des bienfaits pour la santé). Les vertus du sirop d'érable sont non négligeables. Il contient des composés bioactifs tels les polyphénols aux propriétés anti-oxydantes qui peuvent aider à entretenir la santé et à prévenir certaines maladies. Au printemps dernier, la FPAQ annonçait une découverte d'un chercheur de l'Université du Rhode Island qui mentionnait que parmi les 54 antioxydants contenus dans le sirop d'érable, 5 étaient identifiés pour une première fois et étaient uniques à l'érable. Un de ceux-ci, un polyphénol, fut nommé québécol en l'honneur du Québec. De nombreuses recherches se sont faites au cours des dernières années, ce qui a permis de faire un lien entre le sirop d'érable et l'activité physique. Suite à cette relation, un programme appelé « Propulsé par la nature » fut mis en place pour présenter les vertus de l'érable au service de la performance sportive. Mélanie Olivier, experte en nutrition chez Vivaï, explique : « le sirop d'érable est une source d'énergie naturelle en glucides simples qui ont l'avantage de se métaboliser facilement en glucose et d'agir comme carburant pendant l'exercice. En plus d'améliorer la performance lors de longues séances d'entraînement, il est une excellente source de manganèse et de zinc qui sont deux minéraux impliqués dans la récupération musculaire. Il contient également du potassium, un électrolyte qui aide à équilibrer les liquides corporels et qui participe à la contraction musculaire. »

Le Québec se classe au premier rang de la production acéricole, comptant plus de 75 % de la production mondiale de sirop d’érable. La Fédération a mis sur pied la Route de l'érable qui promeut les produits de notre précieuse ressource. Elle permettra de faire plus ample connaissance avec une richesse unique, aux mille et une possibilités, qui fait envie ici et ailleurs dans le monde. 100 créatifs de l'érable font partie de cette Route à travers plusieurs régions dans le Québec et s'occupent de mettre en valeur les produits de l'érable. De plus, un concours destiné aux artisans de la Route de l'érable fut lancé par la FPAQ en février 2012 : « Érable, légumes et aromates ». Le but était de créer de nouveaux mets et de nouvelles saveurs. Le gagnant pourra effectuer un stage à Arles, en France, avec un grand chef, M. Armand Arnal, au restaurant La Chassagnette. Alors voici comment s'oriente l'acériculture de demain. Elle se concentrera beaucoup à la recherche et à la promotion des produits d'érable. Si vous désirez en connaître davantage à ce sujet si passionnant, venez nous rencontrer à notre kiosque sur l'acériculture au grand salon de la SAAC qui se tiendra les 18-19-20 janvier 2013.


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La précision est de mise!

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DANIK SARRAZIN, FRÉDÉRICK OUELLET ET TOBY ROY AGRONOMIE

es grandes cultures au Québec sont le maïs, le soya, le blé, l’avoine, l’orge, les fourrages, le canola et quelques cultures émergentes telles que le sarrasin, le lin, le chanvre, la cameline, le seigle, l’épeautre, le triticale et le tournesol. Les grandes cultures sont la base de l’agriculture puisqu’elles permettent de nourrir les animaux d’élevage et les humains. Cependant, ce n’est pas leur seule utilité. En effet, il est possible de fabriquer des matériaux de construction, des cosmétiques, des médicaments et des sources d’énergie pour le transport, le chauffage, l’éclairage et plus encore. De plus, la demande croissante venant des pays en voie de développement, les aléas climatiques de plus en plus fréquents, l’étalement urbain et la spéculation sur les grains et les terres agricoles sont des phénomènes qui accentuent la pression sur la production mondiale de grains. Bref, l’utilisation des produits provenant des grandes cultures est bien plus importante que l’on ne le pense et occupera une place de plus en plus grande dans le futur étant données les projections sur l’accroissement de la population mondiale. Une pratique qui se veut une suite logique avec cette projection ainsi qu’avec une stagnation des superficies des terres cultivables est l’agriculture de précision. Celle-ci permettra d’optimiser les rendements des surfaces cultivées. En effet, le taux de semis, le chaulage, la fertilisation, le drainage et l’application de pesticides peuvent être ajustés aux besoins des cultures. Premièrement, il faut connaitre la spécificité du champ par différentes méthodes. En s’équipant d’un capteur de rendement sur la moissonneusebatteuse, le producteur a accès à une carte qui évalue la récolte à chaque endroit du champ. De plus, la prise de plusieurs analyses de sols par champs est utile pour sectoriser le champ et connaitre le sol avec ses forces et ses faiblesses par secteur. Suite à la compilation et à l’analyse des données, le producteur ciblera les correctifs à effectuer à son champ. Le producteur devra utiliser, par la suite, des outils d’application à taux variables. Par exemple, il pourrait faire un chaulage ciblé à différents endroits dans la parcelle selon les analyses de sol et les cartes de rendement. Le taux de semis de même que la fertilisation pourraient être optimisés aux endroits où il y a un meilleur potentiel. Dans ce cas, le GPS est un outil nécessaire pour pratiquer

l’agriculture de précision. Une autre approche pouvant être complémentaire ou non est l’utilisation de l’imagerie satellite. Le principe consiste à photographier les parcelles à partir d’un satellite à 2 reprises dans la saison de végétation. Suite aux récoltes, le producteur obtiendra des cartes de diagnostics de la parcelle. Par contre, ces cartes doivent être compilées pendant plusieurs années pour observer une tendance. Comme dans la première méthode, il est possible d’utiliser ces cartes pour des applications à taux variables et des correctifs localisés tels que le drainage. L’agriculture de précision a le potentiel d’augmenter les rendements tout en minimisant les intrants sur une même surface, ce qui permet d’améliorer le bénéfice des agriculteurs ainsi que de diminuer l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Les enjeux et les défis sont grands en grandes cultures et nous devrons faire preuve d’imagination, d’ingéniosité et d’innovation pour utiliser toutes les technologies disponibles telles que l’agriculture de précision ainsi que la création de nouvelles pratiques culturales. Source : Le Coopérateur agricole. Octobre 2012. Les images satellite : une révolution pour l’agriculture de précision! Photos : http://www.lacoop.coop/cooperateur/articles/2011/07/ p36.asp http://agrocheck.com/topcon/



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L’horticulture ornementale à travers 3 générations d’une même famille

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ANDRÉE-ANNE ST-PIERRE ET VÉRONIQUE MICHAUD TAPIN AGRONOMIE

’agriculture ornementale est plus que centenaire en Europe. Au Québec, elle est récente de 2 à 3 générations maximum. L’engouement par le consommateur pour ce type de culture date de la mi-siècle dernier. À travers un survol de 3 générations, nous serons en mesure de voir son évolution au Québec. Génération 1 (1955) Dans le temps de mes grands-parents, il n’y avait rien. C’est eux qui ont bâti l’entreprise. Au début, ça se passait en arrière de chez eux sur leur terrain. C’était une petite serre bien simple. Par la suite, ils ont agrandi sur un terrain plus vaste. Ils ont construit 3 serres en bois recouvertes de plastique où le plancher était en terre battue. Les annuelles se vendaient en grandes quantités dans des caissettes de bois qu’ils fabriquaient l’hiver. Mon grand -père allait même chercher des arbres sur le terrain derrière les serres pour ensuite les vendre et les planter chez ses clients. Et tout cela à bras d’homme. Tout était manuel et fait sur place : du terreau à la caissette en passant par la semence.

Génération 2 (1980) Par la suite, mes parents ont repris l’entreprise. L’horticulture ornementale avait déjà commencé à changer. Les vivaces et les arbustes ont pris plus de popularité et les annuelles ont commencé à changer de type de caissettes. Les sélections sont plus vastes et performantes. Les serres ont graduellement changé pour avoir un plancher en dalles et des tables plus ergonomiques. Le système d’arrosage s'est grandement amélioré et les rendements aussi. Une deuxième serre a ouvert pour être, cette fois-ci, en verre. Mes parents ont, petit à petit, constaté que les annuelles en caissettes se vendaient beaucoup moins au profit des pots déjà préparés. Les clients ont changé leurs besoins. Ils sont plus pressés, occupés et ont besoin d’un produit qui donne des résultats rapidement et qui ne demande pas beaucoup d’entretien. Voilà le défi de la troisième génération! Génération 3 (2011) Avec la vente d’annuelles qui décline et le changement de besoin du consommateur, la troisième génération a de grands défis à relever. L’approche avec le client a aussi beaucoup changé. Le client est beaucoup plus branché sur l’électronique qu’avant. Il faut donc trouver une façon de le rejoindre. C’est ce que certains jeunes de la relève font en ce moment. On voit des émissions de télévision qui mettent en valeur l’horticulture ornementale et ses côtés pratiques et rapides. Il y a aussi beaucoup de mises en marché qui mettent de l’avant le concept clé en main. Les ornements sont prêts à être déposés dans un pot et l’effet est immédiat. La production est devenue beaucoup plus rapide par la sélection de plantes plus performantes. Cette sélection se fait grâce aux hybrideurs qui font énormément de recherches en ce moment. Avec les nouvelles mises en marché, les performances horticoles et environnementales, les droits de royauté sur les plantes, l’horticulture est maintenant reconnue par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation comme une nécessité environnementale pour la collectivité québécoise.


26 | Le journal l’Agral

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Le maraîchage biologique, beaucoup moins compliqué qu’on pense!

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CAROLINE BEAULIEU, AGRONOMIE CHEF DE PUPITRE DE L’AGRAL i je vous parle de légumes biologiques, à quoi cela vous fait-il penser?

Eh bien, laissez-moi vous prouver le contraire dans le texte qui suit!

ment qu’en dernier recours, puisqu’étant un insecticide non sélectif, même si ce n’est pas un produit chimique, le BT tue quand même plusieurs espèces d’insectes, ce qui réduit la biodiversité. Sinon, pour les jardiniers amateurs, on retrouve de nombreuses recettes d’insecticides biologiques faciles à réaliser à la maison ou autres petites astuces qui repoussent les insectes. Vous pouvez consulter le site suivant pour vous donner quelques idées : http://www.commentcapousse.com/astuces/ index.php/6-recette-insecticide-bio

Tout d’abord, je crois que pour produire de bons et beaux légumes biologiques, cela ne demande pas la tête à Papineau, seulement un peu plus de gestion, davantage d’assiduité dans les étapes de production et du temps. Eh oui, il est très simple de mettre un pesticide lorsqu’un petit insecte apparaît dans notre champ ou bien un herbicide chimique non sélectif afin d'enrayer la totalité des mauvaises herbes. Mais qu’en est-il de notre santé? Et de l’environnement? De la faune? Des abeilles?… Selon la Société canadienne du cancer, deux personnes sur cinq au Canada seront atteintes d’un cancer au cours de leur vie. C’est énorme! Pourquoi? La réponse est peut-être directement dans notre assiette. Il est possible de faire autrement et voici comment…

Il est aussi possible d’avoir recours aux insectes prédateurs. C'est-à-dire des insectes qui seront introduits dans les champs afin de manger les insectes nuisibles. Dans le maïs, par exemple, cette technique est couramment utilisée. On introduit des œufs de trichogrammes, qui sont en fait de petites guêpes qui vont alors aller pondre dans les œufs de la pyrale du maïs. Les bébés trichogrammes se nourrissent de l’intérieur des œufs de la pyrale. Et voilà! Le problème est réglé!

Allez ouste les insectes! La méthode à privilégier est sans doute d’utiliser une barrière physique pour protéger les légumes. En fait, les maraîchers biologiques utilisent de plus en plus ce qu’on appelle des filets antiinsectes. Très faciles d’utilisation, il ne suffit que de les étendre au champ et de mettre des sacs de sable ou autres pour les tenir en place. Les légumes restent alors tout beaux!

Peut-être connaissez-vous aussi le principe de compagnonnage? Il s’agit en fait de mettre côte à côte des légumes qui s’entraident mutuellement, par exemple en repoussant des insectes nuisibles ou qui vont améliorer leur goût. Vous trouverez, à l’adresse qui suit, un tableau de compagnonnage : http:// www.jardinpotager.com/compagnonnage.htm Et le principe s’applique aussi pour les plantes compagnes, comme les fleurs, plantées autour ou dans le jardin. Les œillets d’Inde par exemple sont très utiles parce que leurs racines sécrètent une substance qui tue les nématodes et l'odeur de leurs feuilles repousse les aleurodes, les altises et les pucerons. Cela n’est pas vraiment appliqué sur de grandes surfaces, mais peut être très utile au potager.

Des légumes riquiqui piqués par les insectes? Des champs envahis par les mauvaises herbes!? Des produits hors de prix?

Aussi, au lieu d’utiliser un insecticide chimique, il est possible de se servir d’un insecticide biologique. Comme le fameux BT (Bacillus thuringiensis), une bactérie qui s’attaque aux insectes nuisibles. Attention, il vaudrait mieux utiliser cette méthode seule-

(Suite page 27)


FERME (Suite de la page 26)

Débarrassons-nous maintenant des mauvaises herbes! La lutte aux mauvaises herbes en culture biologique se fait essentiellement par le sarclage mécanique. Pratique culturale très simple qui ne demande que d’être assidu afin de ne pas perdre le contrôle! En fait, le truc, c’est de s’attaquer aux mauvaises herbes à leur plus jeune âge, c’est-à-dire au stade de cotylédons. À grande échelle, le sarclage se fait avec des tracteurs, mais peut aussi s’effectuer à la main avec des binettes.

Janvier 2013| 27 ges, les tomates, les poivrons, etc. Règle numéro 1 : ne jamais laisser monter les mauvaises herbes en graines, parce qu’alors, elles vont se répandre et se multiplier à l’infini!

ANNE-SOPHIE DIONNE ET MARC-ANTOINE MERCIER

S N’oublions pas de les nourrir, ces beaux légumes! Quant à la fertilisation, rien de mieux que du bon fumier pour bien alimenter nos légumes! De plus, en culture maraîchère biologique, n’importe quel fumier animal est toléré même s’il vient d’une ferme conventionnelle. Certains maraîchers biologiques utilisent aussi du fumier de poulet séché et cubé.

Une autre technique consiste à étendre une grande bâche noire sur le sol de 2 à 3 semaines avant d’implanter la culture. Les mauvaises herbes vont mourir en dessous de la toile et alors on en sera débarrassé pour un certain temps! Des paillis de végétaux ou en plastique (compostables ou non) peuvent aussi être utilisés pour certaines cultures plus difficiles à désherber telles que les cour-

Bovins de boucherie

On utilise aussi les engrais verts. Implantés entre deux cultures, ils recouvrent le sol ce qui empêche l’érosion et la prolifération des mauvaises herbes. De plus, ces plantes captent l’azote de l’air qui sera utilisé par les prochaines cultures. Il faut rajouter aussi qu’elles procurent beaucoup de résidus ce qui augmente la matière organique du sol et par le fait même son activité biologique. Et voilà la recette pour une production de légumes biologiques réussie! Pour ce qui est du prix, eh bien oui, ça coûte plus cher, parce que ça demande plus de temps. Maintenant, il faut faire un choix : manger plus, mais mal, ou manger moins, mais mieux? Se préoccuper de l’environnement, ou continuer à détruire la planète?...

aviez-vous que le goût de la viande de bœuf dépend en majeure partie du persillage, soit le gras intramusculaire? En effet, la quantité et la distribution de celui-ci permettent d’augmenter considérablement le « bon » goût de la viande ainsi que de classifier les carcasses par l’entremise de l’Agence canadienne de classement du bœuf. Cette quantité de gras varie d’une race à l’autre et une musculature importante de l’animal permet de mesurer à l’avance la qualité du futur produit. D’autres facteurs entrent aussi en ligne de compte tels que la maturité de l’animal, la couleur de la viande, la couleur du gras, la texture de la viande, etc. Par exemple, la maturité de la carcasse permet de déterminer la tendreté du morceau de viande. La viande peut provenir d’une vache, d’un taureau, d’un veau de lait ou de grain, d’un bouvillon d’abattage ou encore d’une génisse. Toutes les races bouchères au Québec ont été importées sauf exception, et ce, depuis plus ou moins longtemps selon la race. Certaines qualités sont recherchées telles que les qualités maternelles, une ossature robuste, les vêlages faciles, le développement musculaire, la couverture de graisse, la longévité, de bons pieds et membres, des femelles fertiles et laitières, une bonne conversion alimentaire, une bonne efficacité au pâturage, la docilité, la résistance aux maladies, etc. Pour connaître et admirer ces différentes races bovines et obtenir de l’information sur les pièces de découpe, la SAAC est là pour vous! Passez nous voir au kiosque de bovins de boucherie et nous serons ravis de répondre à toutes vos questions.



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Janvier 2013| 29

Bienvenue au kiosque des bovins laitiers!

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AMÉLIE POULIN, JESSICA MAILLÉ, LAURIE GÉLINAS, MATHIEU GIRARDOT ET MAUDE OUELLET-FORTIN, AGRONOMIE

a production laitière est une des productions agricoles les plus importantes au Québec. Nous sommes même le plus gros producteur de lait au Canada avec 38 % des droits de production canadiens en 2007. Le plus proche compétiteur est l'Ontario, possédant 33 % des quotas canadiens. Oui, vous avez bien lu! Presque le trois quarts du lait canadien est produit dans les provinces du centre, soit l'Ontario et le Québec. En effet, en 2011, c'est la production qui a généré la plus grande part des recettes monétaires du secteur agricole québécois avec 2,1 milliards de dollars sur les 8 milliards rapportés par le secteur agricole en tout. Mais, il y a encore de meilleures raisons d'aimer la production laitière!

Saviez-vous que…? 

Une vache mange 21 kilos de nourriture sur base de matière sèche par jour! Sur base de matière sèche veut dire que l'on compte le poids de la nourriture sans l'eau. Quand on sait que certains aliments comme l'ensilage peuvent contenir 70 % d'eau, ça en fait du foin!

 Une vache en lactation peut boire jusqu’à 115

litres d'eau par jour. À titre comparatif, un humain devrait en consommer environ 1,5 litre par jour.

 La vache se nourrit principalement des microorganismes et de leurs rejets qui proviennent du premier compartiment de son estomac, le rumen. Les microorganismes se nourrissent de ce que la vache mange! Ainsi, nourrir une vache, c’est également nourrir les quelques milliards de bactéries, protozoaires et champignons dont elle dépend.  L'alimentation des vaches laitières est constituée

principalement de foin, d’ensilage de foin et de maïs, de maïs grain, de tourteaux de soya et de suppléments minéraux et vitaminiques (ces suppléments sont en quelque sorte nos vitamines Pierrafeu mais pour les vaches ).  L'ensilage est un foin haché ou du maïs haché qui a subi une fermentation. C'est souvent ce que contiennent les silos que l'on voit au bord des routes en milieu rural.

 Une vache est un animal polygastrique, c’est-à-

dire que son estomac comporte plusieurs cavités, quatre en tout. Le rumen, le réticulum (réseau), l’omasum et l'abomasum (caillette).

 Chez la vache, la gestation est d’une durée de 9 mois et elle n’a habituellement qu’un veau par mise bas. Évidemment, il n’y a pas de lait sans veau ce qui en fait un incontournable dans la production laitière.  60 jours avant la mise bas, on arrête de prendre

le lait de la vache et on la tarit. Le tarissement est en quelque sorte une pause pour elle, afin qu’elle se repose et prenne des forces avant son prochain vêlage. La vache produit idéalement pendant 305 jours par année.

La majorité des vaches au Québec sont saillies à l'aide de l'insémination artificielle. Cette manière de fonctionner implique qu’un inséminateur utilise une pipette afin d’aller porter la semence d’un taureau dans l’utérus de la vache. Ainsi, la vache peut être gestante sans avoir besoin d’élever un taureau à la ferme. De plus, cela permet de choisir le taureau qui convient le mieux à cette vache et ainsi de diversifier et améliorer son troupeau. Par contre, les chances que la vache soit gestante suite à cette manipulation sont moindres que par accouplement naturel. Un veau nouveau-né est appelé une génisse lorsque c’est une femelle. À la naissance, elle est séparée de la mère puis placée dans la pouponnière où elle reçoit du lait quotidiennement, de la moulée et du foin. Elle est sevrée à 2-3 mois d’âge, c’est-à-dire qu’elle ne reçoit plus de lait, que du foin et de la moulée. Lorsqu’elle grandit et atteint environ 10-12 mois, on l’appelle plutôt une taure, qui est en quelque sorte le nom d'une vache adolescente. On commencera à l’appeler une vache lorsqu’elle aura sa première mise bas, vers deux ans environ, et qu’elle commencera ainsi sa première lactation. Pour plus d'informations, venez nous voir au kiosque des bovins laitiers! Il nous fera plaisir de répondre à vos questions!


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Une nouvelle utilisation du cheval NOÉMIE TURBIDE, AGRONOMIE

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es chevaux nous ont rendu bien des services. Ils nous ont transportés, ont défriché nos terres, les ont labourées, les ont semées puis récoltées. Puis, quand peu à peu, ils ont été remplacés par la machinerie, ils sont devenus des athlètes qui ont permis à des milliers de cavaliers de tous les niveaux de pratiquer un sport à la fois urbain et rural. Les disciplines équestres gagnent en popularité, mais depuis les dernières années, de nouvelles utilisations du cheval ont fait leur apparition au Québec. En voici une qui fait jaser. Le cheval comme outil de réhabilitation sociale Cette idée me plait beaucoup. J’avais déjà entendu parler que les chevaux pouvaient faire des miracles dans la réadaptation des personnes souffrant de handicaps physiques, alors pourquoi ne pourraient-ils pas faire la même chose avec les handicapés sociaux? D’après mon expérience, je sais qu’il faut de la discipline pour arriver à des résultats avec les chevaux. La discipline, c’est être capable de se conformer à des règles et des lignes de conduite. Je ne sais pas pour vous, mais j’ai l’impression que c’est exactement ce que les prisonniers ont de la difficulté à assimiler. Pourquoi ne pas essayer de leur donner envie de suivre des règles avant de les relâcher dans nos villes? Bien que je sois convaincue que le travail avec les chevaux peut grandement aider les personnes ayant commis des délits à se réintégrer à la société, je pense que ceux pour qui cette activité pourrait faire le plus de différence sont les jeunes. Il est bien plus difficile de faire changer de chemin un criminel qui traine derrière lui toute une vie de mauvais comportements qu’un ado un peu perdu qui vient de s’engager sur une mauvaise route. Souvent, ces jeunes-là ont manqué de tout. C’est pourquoi la plupart des centres équestres qui ont reçu des jeunes délinquants dans le cadre d’activités de réadaptation s’entendent tous pour dire la même chose : ils aiment ça et ils s’organisent pour pouvoir continuer. Donc, pour la première fois de leur vie, ils se tiennent tranquilles. C’est vrai, comment voulez-vous faire le « tough » avec un animal de plus de 1000 livres à qui on arrive au garrot? Ces jeunes-là, ils ont besoin d’être valorisés et c’est exactement ce que l’équitation fait pour eux. Ils ont aussi l’occasion d’avoir une relation saine avec un être vivant et de développer une vraie complicité avec lui. C’est également une activité sur une base volontaire, alors ils ne se sentent pas obligés d’y assister. Ils sont là parce qu’ils le veulent bien et seulement s’ils se comportent bien, alors ça les motive à adopter de bons comportements en dehors des séances. Ce ne sont là que quelques-uns des nom-

breux avantages de l’utilisation des chevaux comme outil d’éducation spécialisée. J’ai eu la chance dans ma vie d’enseigner l’équitation à des jeunes garçons qui avaient été placés en centre jeunesse. J’appréhendais beaucoup le premier cours, car je ne savais pas si j’allais réussir à garder le contrôle sur un groupe de jeunes aussi difficiles. L’éducatrice m’avait bien avertie, ce ne serait pas de tout repos. Et ben vous savez quoi? Les 10 garçons de 14 à 17 ans étaient tous d’excellents élèves. Ils avaient tous dans les yeux quelque chose qu’on ne voit plus souvent de nos jours chez les jeunes… de la reconnaissance. Ce jour-là, j’ai compris que les chevaux pouvaient changer leur vie, car ils permettaient à ces jeunes de dépasser leurs limites. À la fin du cours, un des gars est venu me voir et m’a dit une phrase que je n’oublierai jamais : « D’habitude, je réussis jamais rien, pis là, j’ai réussi à contrôler un animal au moins 100 fois plus fort que moi! ». Il était vraiment fier de lui. C’est pourquoi je crois que bien que les chevaux aient cédé leur place dans les champs à la machinerie et qu’ils soient disparus de nos routes pour être remplacés par des voitures, ils resteront utiles à l’homme pour encore bien des années. Il faut seulement savoir exploiter leur plein potentiel!


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La production ovine : un secteur d’avenir au Québec LAURIE DICKNER OUELLET, AGRONOMIE

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’hier à aujourd’hui…

La production ovine est arrivée au Québec au milieu du 16e siècle en même temps que les colons dans le but de vêtir et de nourrir la population. Cette production anciennement très répandue, a cependant subi une régression drastique au milieu du siècle dernier avec l’arrivée, entre autres, des tissus synthétiques plus abordables et plus pratiques. La laine, qui était autrefois une avenue rentable et nécessaire de l’élevage, représente maintenant une dépense supplémentaire pour les entreprises ovines qui sont dans l’obligation de raser leurs bêtes à l’arrivée de la saison chaude. Même si la production lainière au Québec n’est plus vraiment d’actualité, la production ovine ne cède tout de même pas sa place. En effet, l’industrie ovine québécoise a connu, depuis les 15 dernières années, un regain spectaculaire alors que le nombre de brebis est passé de 68 000 à 167 000 têtes entre 1994 et 2009. En effet, la consommation de la viande d’agneau est en grande augmentation, particulièrement en raison de l’immigration. Précisons que, au Québec, près de la moitié de la viande d’agneau consommée provient d’élevages du reste du Canada ou d’outremer ce qui démontre bien que le marché du Québec est prêt à accepter de plus grands volumes provenant des élevages d’ici. Et pour demain…? Depuis quelques années, un tout nouveau secteur dans la production ovine a vu le jour : la production de lait de brebis. En effet, le lait de brebis est très riche puisqu’il contient 2 fois plus de gras et de protéines que le lait de vache. En d’autres mots, le lait de brebis permet de faire 2 fois plus de fromage avec la même quantité de lait, ce qui le rend très intéressant pour la transformation. Il faut noter que le marché des fromages fins est en forte croissance au Québec et le fromage fait à base de lait de brebis n’en fait pas exception. Malgré tout, le secteur laitier ovin est encore au stade embryonnaire et beaucoup de développements restent à faire pour que cette production puisse dévoiler son plein potentiel. Les entreprises quelque peu avant-gardistes qui tentent déjà le projet réclament un meilleur encadrement des professionnels de l’agriculture. Entre autres, il faudra inclure dans notre région un accès à la génétique approprié, l’organisation pour le transport du lait ainsi qu’une meilleure mise en valeur des produits laitiers ovins auprès de la population. Quelques transformateurs importants aimeraient bien entreprendre la transformation du lait de brebis, mais il manque de matière première!

De plus, contrairement à la production laitière traditionnelle et aux productions aviaires (volailles et œufs), la production ovine est non contingentée, autant du côté de la viande que celui du lait, ce qui fait en sorte que l’élevage ovin est financièrement accessible aux nouveaux entrepreneurs qui voudraient se lancer dans ce domaine. Par la suite, comme les pratiques agroenvironnementales répondent aux exigences nouvelles de la société et que la production ovine fait partie d’un marché libre et ouvert, il est possible de constater l’immense potentiel de développement possible ici au Québec. L’élevage ovin se place donc assurément au rang des productions animales d’avenir en agriculture et risque fort bien de retrouver sa place dans nos paysages ruraux. Malgré tout ce potentiel, la situation financière d’un grand nombre d’entreprises ovines demeure précaire due à la faible rentabilité des élevages ce qui nuit de façon importante à l’avancée technologique de l’industrie. Il est impératif, pour l’avenir de cette production, que les intervenants du milieu travaillent de pair avec les producteurs ovins afin d’accroitre la rentabilité des entreprises par le biais d’une augmentation de la productivité. De nombreuses étapes sont encore à franchir, mais la production ovine au Québec semble tout de même destinée à un avenir très prometteur, tant pour le secteur de la viande que celui du lait de brebis. Dans quelques années, peut-être serons-nous même en position de nous démarquer mondialement, qui sait?

(Suite page 32)


32 | Le journal l’Agral

(Suite de la page 31)

Saviez-vous que…?

e contrôlée (IGP) L’indication géographiqu onnu, issu d’une rédésigne un produit rec rminé et dont la gion ou d’un lieu déte ou une autre caracqualité, la réputation peuvent être attritéristique du produit géographique. Jusqu’à buables à son origine de Charlevoix est le maintenant, l’Agneau e québécois auquel seul produit alimentair En effet, les caracon a assigné une IGP. s de cet agneau protéristiques distinctive d’un savoir-faire viennent notamment es de la région. adapté aux contraint

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Machinerie et alimentation

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HUBERT RUEST, MAXIME LACROIX ET ALEXANDRE TESSIER AGRONOMIE

a machinerie agricole est en constante évolution et le futur est prometteur. Plusieurs aspects des machines qu’on utilise tous les jours se sont modernisés de façon à faciliter leur utilisation ou à augmenter leur précision et leur efficacité. Par contre, un des aspects les plus importants pour notre futur est sans doute la réduction des émissions polluantes des tracteurs, batteuses et autres machines à moteur. Cela pourra être fait grâce aux normes Tier 4 développées par l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis. Ces normes ne visent pas les émissions de CO2 ou la consommation de carburant, mais plutôt les autres polluants reliés aux moteurs à combustion soient les NOx et les particules de suie (Particulate matter (PM)). La présence de NOx engendre des concentrations d’ozone à basse altitude qui est un irritant majeur. Les particules rejetées par la combustion incomplète du carburant diesel (fumée noire) s’avèrent, quant à elles, un produit très toxique. Le monoxyde de carbone et les hydrocarbures non brulés ont pour leur part déjà été significativement réduits par les normes précédentes. Au final de cette norme, les émissions seront si « propres » qu’on peut imaginer un tracteur dans la circulation qui nettoie l’air ambiant vicié par son moteur! La difficulté d’atteinte de ces normes réside dans un compromis inévitable entre les NOx et les PM. Si la combustion du moteur est ajustée pour se produire à haute température, le carburant est brûlé en totalité et les particules de suie sont éliminées, par contre, une grande quantité de NOx sera dégagée par la réaction de l’azote et de l’oxygène présent dans l’air. À l’inverse, si la température de combustion et la concentration en oxygène sont baissées pour minimiser la production de NOx, on génère davantage de particules de suie. Deux technologies sont employées par les constructeurs pour pallier ce problème. La réduction sélective catalytique (SCR) et la recirculation des gaz d’échappement (EGR). La réduction sélective catalytique (SCR) Cette technologie est utilisée par AGCO et Case NH. Son avantage principal réside dans le fait que le traitement se fait totalement à la sortie du moteur. Un mélange d’eau et d’urée est injecté dans les gaz d’échappement à la sortie du moteur pour transformer les NOx en vapeur d’eau et en azote à l’aide d’un catalyseur. Le tout se fait automatiquement sans intervention de l’opérateur. Cette méthode a, par contre, comme désavantage de devoir faire le plein de deux fluides différents et que ce deuxième fluide, appelé Diesel Exhaust Fluid (DEF) gèle à -11 °C. Si le réservoir de DEF du tracteur est vide, gelé ou le mélange de mauvaise qualité, la puissance du moteur est limitée (par exem-

ple, 50 % pour les Massey-Ferguson 8600) jusqu’à ce qu’il dégèle grâce au liquide de refroidissement du moteur ou que le réservoir soit rempli. La recirculation des gaz d’échappement (EGR) Les moteurs équipés de la recirculation des gaz d’échappement possèdent une valve qui laissera passer plus ou moins de gaz d’échappement pour les refroidir, puis les renvoyer dans l’admission d’air du moteur. Ces gaz réduisent la concentration en oxygène du mélange air/diesel qui sera ensuite brûlé et réduit ainsi la production de NOx. Par contre, cette technologie ne peut à elle seule satisfaire la norme Tier 4. Elle doit être couplée à un système de traitement postcombustion. Ces systèmes sont composés de pots catalytiques pour éliminer le carburant non brûlé et d’un filtre à particules qui capte la suie. Cette méthode comporte elle aussi des désavantages. Premièrement, le pot d’échappement gagne en volume dû à l’ajout du filtre et du catalyseur. Ensuite, étant donné qu’on fait refroidir et recirculer plus de gaz d’échappement dans le moteur, les radiateurs et le capot gagnent en volume pour gérer le surplus de chaleur. On doit également changer l’huile plus fréquemment que sur un moteur SCR en raison du potentiel de contamination de l’huile par les gaz d’échappement retournés aux pistons. Du côté opération, le filtre à particules, qui s’encrasse avec le temps, est régénéré automatiquement par l’injection d’une petite quantité de diesel pour brûler la suie accumulée. L’entretien du filtre ne se fait que toutes les 5000 heures. En conclusion, que vous choisissiez l’une ou l’autre de ces technologies pour votre prochain tracteur, les deux auront un impact majeur sur la qualité de l’air de nos campagnes.


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34 | Le journal l’Agral

Le cerf rouge, une production à découvrir!

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JOANY FERLAND, JOSIANE CODERRE ET SOPHIE DESBIENS AGRONOMIE

e cerf rouge est un ruminant pouvant vivre jusqu’à 20 ans en captivité. La femelle, à maturité, atteint entre 90 et 136 kg, alors que le mâle peut atteindre de 180 à 280 kg. L’été, l’animal revêt un manteau brun rougeâtre alors qu’en hiver, il est de couleur gris-brun. Il renouvelle son pelage deux fois par année. Le cerf rouge vit en groupe. Bien qu'on en fasse l’élevage, il demeure sensible aux stress tel lors du transport, à l'introduction dans un troupeau, au sevrage, etc. Il peut donc devenir agressif si on le manipule trop brusquement. Il est aussi à éviter de mettre l’animal en situation de stress juste avant la période de reproduction, car cela pourrait affecter la performance du mâle. Le poids des faons à la naissance se situe autour de 10 kg. Pour les éleveurs de cerfs rouges, les moyens de mise en marché de leurs produits passent par la vente de sujets reproducteurs, par des activités de chasse en enclos, directement à la ferme, par l’agrotourisme qui est un secteur en émergence, par la vente du bois de velours et bien sûr, par la vente de la venaison. On appelle venaison la partie de la chair comestible des gros gibiers tel le cerf rouge. La viande du cerf rouge est reconnue pour être une viande santé, faible en cholestérol et contenant un haut taux de protéines. Les cerfs sont abattus lorsqu’ils atteignent leur poids d’abattage soit entre 55 et 68 kg. Ils ne sont donc pas tous abattus au même moment ce qui permet d’allonger la période de vente. Les éleveurs essaient d’abattre les mâles assez jeunes afin d'avoir une venaison de qualité. Effectivement, après l'âge de 36 mois, la viande du cerf rouge mâle devient plus grasse. C’est l'une des principales raisons pour lesquelles ils sont abattus, pour la plupart, avant 36 mois. Les femelles, quant à elles, fournissent toujours une bonne qualité de viande à moins de dépas-

ser un poids de carcasse de 55-58 kg. Puisque les élevages de cervidés sont peu nombreux et trop éloignés les uns des autres, il n’y a pas d’abattoir exclusif au grand gibier. Les cerfs rouges sont donc abattus dans les abattoirs déjà existants. Chaque année, au printemps, les bois du cerf tombent afin de permettre leur renouvellement. Durant leur croissance, les bois du cerf sont recouverts d’une substance appelée velours. Les bois des cervidés tombent habituellement 63 à 65 jours après leur chute de l’année précédente, mais le moment précis varie d’un animal à l’autre. Le velours est extrait, puis revendu généralement sous forme de capsules (http://www.mapaq.gouv.qc.ca/ fr/Productions/agrotourisme/Pages/agrotourisme.aspx). À quoi sert ce bois de velours? À une multitude de choses aussi étonnantes les unes que les autres. En fait, le bois de velours contribue à augmenter la circulation et la composition en globules rouges du sang entraînant une augmentation de l'énergie, de la concentration et de la forme physique. Le bois de velours contribue aussi au bon fonctionnement du système immunitaire et prévient le vieillissement prématuré. C’est principalement sur le marché asiatique qu’il y a une demande élevée pour ce produit. Finalement, en plus d’être un élevage très polyvalent, de permettre la valorisation des terres à faible potentiel agricole, ce secteur ne comporte pas de contingentement ce qui diminue les barrières à l’entrée. Alors, si la production de cerfs rouges vous intéresse, n'hésitez surtout pas! Sources : Agri-réseau , ht t p:/ / w w w.agrire seau.qc.ca/ grandsgibiers/Documents/vol1no2_cerfrouge.pdf Cerf rouge Guide d’Élevage. Corporation des grands gibiers du Québec

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La production caprine, un monde à découvrir! ALEXANDRA GUIMONT, AGRONOMIE l’approche de la Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation, il est bon de s’informer sur les différentes productions agricoles de la province. Certaines, comme la production de lait de vache et la production de viandes bovine et porcine sont assez bien connues. D’autres, de moindre envergure, le sont un peu moins. La production caprine fait entre autres partie de ces productions agricoles un peu méconnues au Québec. Il faut savoir que la province de Québec détient 17 % du cheptel de chèvres au Canada avec 268 exploitants de plus de 10 chèvres, comparé à 49,1 % du cheptel de vaches au Canada avec 6 381 exploitants en 2010 (Groupe AGÉCO, 2011)

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Le départ en production de lait de chèvre demande des investissements moins élevés que pour les autres productions animales, mais les revenus parfois faibles et non réguliers peuvent mener à l’abandon. La majorité des chèvreries n’atteint pas l’âge de 10 ans de production. Les principaux constats de la production de lait de chèvre au Québec : - La productivité des troupeaux laitiers est relativement faible et nuit à la rentabilité de l’entreprise. - La production laitière des chèvres est faible. - Les coûts d’exploitation des entreprises sont élevés. La production caprine possède plusieurs caractéristiques intéressantes qui devront être mises de l’avant pour aider l’avancement dans ce secteur. Certaines autres devront être améliorées pour la perpétuité de la production.

Forces

du secteur caprin et possibilités :

 La consommation de fromages de chèvre et de fromages spécialisés augmente depuis quelques années.  L’immigration et les nouvelles tendances favorisent la production de viande caprine.  Les propriétés bénéfiques des produits caprins font partie protéines ? la est plus chaud que ra go an des nouvelles tendances alimentaires. vre chè de ir le moha ? s pa ue piq laine de mouton et ne du secteur caprin et menaces :

Faiblesses

La production caprine au Québec inclut la production de lait, soit pour la consommation telle quelle ou pour la production de produits dérivés (fromages, yogourts, etc.), la production de viande et la production de mohair. Au Québec, la production de lait est la plus importante des productions caprines. Celle-ci est en augmentation depuis quelques années dans la province et les propriétés bénéfiques du lait de chèvre y ont contribué. Par contre, cette production est encore considérée comme étant marginale. Au Québec, la production de lait de chèvre est difficile. Contrairement à l’industrie des bovins laitiers, les producteurs n’ont pas accès à un quota de lait et doivent donc assurer leur revenu en fonction de contrats avec des transformateurs et des distributeurs ou transformer eux-mêmes leur lait en produits dérivés.

 L’importation canadienne élevée de fromages et de viande de chèvre  La méconnaissance et les préjugés des produits caprins  La qualité du lait variable  La rentabilité est difficile  La productivité des troupeaux est plutôt faible. La production de lait par chèvre n’a pas tendance à augmenter avec les années.  La présence d’un transporteur pour le lait est nécessaire. Certaines régions n’y ont pas accès.  La production caprine doit faire concurrence à d’autres productions bien établies.

(Suite page 36)


36 | Le journal l’Agral (Suite de la page 35)

Pour que la production caprine se porte mieux au Québec, certains changements pourraient être apportés. En fait, puisque la production laitière des chèvres est relativement faible, certaines avancées génétiques ou différents croisements pourraient contribuer à l’augmentation de la quantité et de la qualité de ce paramètre. Aussi, le service-conseil pourrait être encore mieux adapté à la gestion économique des entreprises caprines en contribuant à abaisser les coûts reliés à la production, tout en contribuant à l’augmentation de celleci (augmentation de la rentabilité technicoéconomique). Avec les nouvelles technologies, une meilleure connaissance du milieu, le soutien aux producteurs apportés par des professionnels et la persistance des producteurs dans ce secteur, il y aura avancement de cette production au Québec.

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Aquaculture

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ÉMILIE BOUCHARD, SABRINA BERGERON ET SYLVIANNE FERRON AGRONOMIE

e nos jours, la majorité des productions animales ont pour défi d’optimiser non seulement leurs rendements, mais également de contrôler leurs rejets dans l’environnement. Il en est de même pour les productions aquacoles. En effet, celles-ci doivent composer avec la méconnaissance du public dans le domaine, en plus des contraintes liées aux écosystèmes. Saviez-vous que la pisciculture n’a seulement que 20 ans d’expérience en production et en recherches sérieuses? En 2011, l’industrie aquacole était constituée d’environ 108 producteurs principalement concentrés dans les régions de l’Estrie, des Laurentides, de l’Outaouais et du Centre-du-Québec. En régions maritimes au Québec, il y a 72 établissements de transformation de produits de la mer. Beaucoup de développements ont été réalisés au cours de ces dernières années afin d’optimiser la rentabilité tout en améliorant la gestion environnementale.

Saviez-vous que ...

xpérience en lement que 20 ans d’e la pisciculture n’a seu rches sérieuses? production et en reche Il existe 3 principaux marchés de production au Québec pour écouler les marchandises de poissons d’eau douce. Le principal marché, qui représente 78 % des ventes, est celui de l’ensemencement. Viennent ensuite le marché de la table et le marché des étangs de pêche sportive au Québec. L’omble de fontaine, communément appelé truite mouchetée, est principalement vendu à cet effet pour la pêche et l’ensemencement des lacs, tandis que la truite arc-en-ciel est surtout écoulée pour le marché de la table (consommation) qui représente 21 % des parts de marché. Enfin, le 1 % restant est dédié à la pêche sportive en étang. Depuis 2008, le chiffre d’affaires se maintient en moyenne entre 10 et 11 millions de dollars pour les 3 secteurs confondus. Le Québec, possédant environ 10 % de l’eau douce de la planète, ne produit qu’un faible pourcentage des poissons dulcicoles (d’eau douce) du monde. De plus, malgré toutes nos ressources et nos possibilités de subvenir à notre consommation, nous importons des poissons pour combler nos manques! La principale espèce utilisée en élevage est un salmonidé, l’omble de fontaine, qui se retrouve dans la plupart de nos lacs d’eau

douce. C’est pour cette raison que celle-ci est la plus commune, puisqu’elle est destinée au marché de l’ensemencement. Vu la sensibilité aux maladies de cette espèce et la difficulté d’obtenir des juvéniles (jeunes reproducteurs), ce marché a été développé exclusivement au Québec afin de fournir des œufs et des alevins aux producteurs d’ici. La seconde espèce la plus commune, la truite arc-en-ciel, est dédiée à la consommation humaine, mais également à l’ensemencement puisque cette espèce, jadis introduite au Québec, est bien adaptée aux plans d’eau froide. Toutefois, la consommation des Québécois de cette espèce dépasse largement la production actuelle. Comme c’est une espèce qui n’est pas originaire d’ici, sa production en pisciculture n’est autorisée que dans certaines régions spécifiques de la province d’où l’origine des importations pour la consommation. La truite arc-en-ciel est appréciée en élevage en raison de sa résistance aux maladies, aux stress (la densité d’élevage et la qualité de l’eau) et de sa maturité sexuelle tardive, ce qui laisse le temps aux poissons d’atteindre un poids satisfaisant aux marchés avant que son goût ne change dû aux hormones sexuelles et ainsi éviter l’altération de la qualité de chair. Présentement, les défis à relever pour l’industrie aquacole sont au niveau de : 

La sélection de géniteurs performants, c’est-à-dire ayant un bon gain de masse constant et une bonne résistance aux maladies et aux stress. Plusieurs études sont réalisées à ce propos par des chercheurs de l’Université Laval, au Laboratoire de recherche en sciences aquatiques (LARSA) de l’UQAR. Entre autres, certains projets visent à déterminer l’expression des gènes permettant de travailler sur certains caractères plus héritables et ainsi de sélectionner des hybrides répondant mieux aux besoins des productions;

La consommation. Des travaux sont en cours dans le but d’améliorer la qualité de la chair (goût, couleur et profil d’acides gras). En effet, de répondre aux exigences du consommateur est l’une des clés qui permettent de valoriser les productions animales;

Des rejets d’effluents. La concentration élevée en phosphore rejeté dans l’eau d’élevage en système ouvert cause l’eutrophisation des cours d’eau. Les chercheurs étudient diver(Suite page 39)



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ses méthodes de traitement d’eau pour soit la réutiliser à bon escient (cultures hydroponiques, fertilisation) ou pour la remettre en circulation dans l’environnement. Les systèmes de traitement des eaux doivent donc être des plus efficaces afin de minimiser les impacts sur les écosystèmes. Au niveau de la nutrition, des projets tentent d’augmenter l’efficacité alimentaire des moulées et ainsi diminuer les rejets à la source. Notons par contre, qu’en système fermé, 99,9 % de l’eau d’élevage est traitée et réutilisée, diminuant grandement ses impacts. Une sensibilisation doit être faite, autant au niveau des producteurs, des ministères et de la population afin de trouver un terrain d’entente pour éventuellement développer cette production et augmenter le marché des poissons de pisciculture du Québec. Nous n’avons fait qu’un bref survol de l’aquaculture, bien qu’il y en aurait beaucoup plus à dire. Sur ce, nous vous invitons à venir discuter avec nous à notre kiosque de la SAAC, et par le fait même, venez donc pêcher votre souper! Surprise!

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Miam, un bon St-Hubert ce soir! CLARA TREMBLAY-FRENETTE, RAPHAËL GARON, STÉPHANIE DION, VÉRONIQUE VILLENEUVE ET WILLIAM MICHAUD LÉVESQUE, AGRONOMIE

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aviez-vous que lorsque vous commandez une cuisse de poulet au St-Hubert, ce dernier n’avait seulement que 40 jours de vie avant de se retrouver dans votre assiette? La raison est simple, le poulet doit avoir la forme idéale, soit pas trop gros ou pas trop petit, dans le but d’uniformiser le temps de cuisson afin d’avoir une plus grande rapidité de service une fois au restaurant. Saviez-vous que la poulette et le poulet sont des oiseaux utilisés pour leur chair et que la poule est seulement utilisée pour la production d’œufs et de poussins? Grâce à la génétique, les poules et les poulets sont maintenant différenciés. Ainsi, chacune des deux races est à son maximum de potentiel, ce qui augmente la productivité de l’élevage. Saviez-vous que la production avicole est la production la moins néfaste au point de vue environnemental? Les poulets ne dégagent que très peu de gaz à effet de serre contrairement aux ruminants et leurs fèces, étant très riches en azote, sont très utiles comme fertilisants. Saviez-vous que le coq est un vrai « gentleman »? Celui-ci n’a pas perdu ses bonnes manières par faute de domestication, contrairement aux hommes de nos jours... Le coq laisse toujours ses poules s’alimenter avant d’y prendre place et il ira même jusqu’à se laisser mourir pour que ses princesses se nourrissent à leur faim. Alors mesdames, pouvez-vous dire que vos hommes en feraient autant pour vous? Cette année, lors de la SAAC, le kiosque qui aura comme sujet la production avicole contiendra une multitude d’informations palpitantes et éducatives à vous transmettre. Sachant que le thème de cette année est l’agroalimentaire de demain, les sujets que nous aborderons y seront reliés. Il y aura place à des discussions sur les nouvelles méthodes et règlementations des cages en Europe et de la possibilité de détenir ce même système de cages chez nous, le cycle de vie d’un œuf et la reconnaissance de sa fraîcheur, les différentes techniques mises à jour pour augmenter le bien-être animal et plus encore. De plus, l’aspect économique sera touché puisque celui-ci fait partie des grands thèmes de la durabilité des entreprises. Si les origines des produits avicoles vous intéressent, vous serez les bienvenus à notre kiosque. Nous vous ferons part de nos connaissances sur les changements génétiques qui ont été effectués au cours des dernières années puisque ces

changements sont directement liés à l’efficacité de l’animal. De plus, nous débattrons sur le sujet des nouvelles installations qui feront place au Québec, soit les cages enrichies. Ce sujet est à débattre puisque certains agriculteurs tiennent à garder leurs cages conventionnelles. Chaque parti a de très bons arguments. Nous vous ferons aussi part de certains trucs afin de mieux évaluer la fraîcheur de vos produits, par exemple avec les œufs. Toujours concernant les œufs, croyez-vous qu’il y a une différence entre les œufs blancs et les œufs bruns? Venez nous rencontrer et nous vous donnerons la réponse. Enfin, faites confiance à la relève de demain et venez vous amuser tout en apprenant avec nous. Nous serons ouverts à vos questions et serons prêts à discuter sur plusieurs sujets avec vous. Diverses bêtes à plumes vous seront présentées, dont la poule, le poulet de chair, le canard, le coq et la dinde. De plus, pour ceux qui le désireront et qui auront le plus de courage, des poussins seront disponibles dans un incubateur afin d’être manipulés. Pour vous laisser dans l’envie de nous visiter, voici une question existentielle : Qui est arrivé sur Terre en premier? L’œuf ou la poule? Faites place à votre imagination!


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Renard et vison

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l était une fois, dans une contrée lointaine et nordique, de braves autochtones qui vivaient en harmonie avec la nature. Oubliez votre doux confort : l’électricité, l’eau courante et le frigo. Pensez plutôt à de petits villages ou à des tribus nomades. Nous sommes dans un milieu hostile, majoritairement occupé par de denses forêts. Notre but premier c’est la survie pure et simple, la nôtre et celle de notre clan au mieux. Nous vivons grâce à l’abondance naturelle des lieux, par la chasse et la cueillette. D’autres s’en sortent en exploitant des cultures et des élevages de façon rudimentaire. Il faut répondre à nos besoins immédiats. Notamment, combattre le froid perçant que nous côtoyons près de six mois par année. La solution? Trapper les animaux se trouvant au fond des bois et transformer leur fourrure pour en faire des vêtements de qualité. Pas nécessairement quelque chose de « fashion », comme on dit de nos jours, mais des habits pratiques permettant de passer au travers des hivers. Et maintenant, que reste-t-il de cette culture? Que reste-t-il des techniques utilisées jadis? Certes, nous savons que les découvreurs du Nouveau Monde ont ramené une partie de cet héritage en Europe suite à leurs voyages en Amérique. Certaines personnes ont même construit des fortunes grâce à cette nouvelle industrie qu’était la traite et la transformation des fourrures à l’époque. De nos jours, il est assez rare de rencontrer des coureurs de bois, raquettes aux pieds et sac de fourrure sur le dos. Les temps ont assurément changé. Nous ne sommes plus du tout dépendants des fourrures animales comme auparavant. Les différentes innovations humaines ont grandement amélioré notre qualité de vie. De plus, différentes options s’offrent dorénavant à nous pour se vêtir. Entre autres, les matières végétales transformées et les produits synthétiques conçus à partir de l’industrie pétrolière ne sont que quelques alternatives. De même, l’opinion publique n’est plus nécessairement en faveur de telles pratiques qu’elle juge souvent superficielles, inutiles et cruelles. Qu’en est-il vraiment…? Néanmoins, contre vents et rafales, une industrie inspirée de ce patrimoine subsiste encore et toujours aujourd’hui. Il s’agit de l’élevage d’animaux à fourrure, surtout celui de visons et de renards. Loin des pratiques originelles, la dynamique actuelle s’inscrit dans le phénomène de la mondialisation. Le prix des marchandises fluctue en fonction des désirs des consommateurs. En effet, une diversité de couleurs, de qualités et de produits transformés existe sur le marché. Aussi, ces types d’élevage sont uniques dans leur genre. Particulièrement quand les producteurs doivent gérer des centaines de bêtes semi-sauvages.

BENOIT BÉRUBÉ ET CATHERINE COUTURE AGRONOMIE « Quelle est la meilleure façon d’attraper un vison, monsieur? » « Mets un gant en cuir bien épais et entre ta main dans la cage mon jeune, tu vas voir. » Vous imaginez le reste. Alors, je vous entends déjà me demander plus d’informations, chers lecteurs et lectrices. « Allez, arrête de faire de longues phrases et aboutis, téteux! » N’êtes-vous pas intrigués par ce nouvel univers dont on entend si peu parler? « Bah, parle-nous en toi à la place de nous poser des questions niaiseuses! » J’ai un secret pour vous… « Oui…? » Voilà! Du 17 au 20 janvier prochain, au Centre de foires d’ExpoCité, à Québec, se déroulera le magnifique, glorieux et sensationnel salon de la Semaine de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Consommation, affectueusement nommé salon de la SAAC! Vous pourrez y admirer de nombreux kiosques ayant pour thèmes les productions animales (Oui! Oui! Des animaux vivants en direct sous vos yeux!), végétales, la machinerie ou la dégustation d’aliments! Le tout totalement organisé par des étudiantes et des étudiants passionnés! « Maman! Maman! Je veux y aller! » Alors, saisissez l’occasion de venir vous éduquer de manière efficace et ludique! Vous ne serez pas déçus! « … et les visons et les renards là-dedans?! » J’y arrivais! N’oubliez pas de venir visiter le kiosque portant sur les élevages de renards et de visons! Un incontournable pour tout savoir de cette douce production. Mais attention, ne mettez pas vos doigts dans les cages de nos petits amis à fourrure! Ils aiment garder leur espace personnel.


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42 | Le journal l’Agral

Une production qui gagne à être connue!

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MÉLANIE DIONNE, AGRONOMIE PASCALE MALTAIS ET JÉRÉMIE MERCIER, AGROÉCONOMIE

ui n’a jamais écouté un fameux épisode de Tintin où le capitaine Haddock se fait cracher dans la figure par un lama? En fait, sommes-nous vraiment en mesure d’affirmer que c’est un lama ou un alpaga? De nos jours, il est encore courant de mélanger ces deux espèces. Lors de votre présence à la SAAC, vous pourrez y apprendre les différences entre le lama et l’alpaga. Cette année, le kiosque des alpagas et des lamas sera composé seulement d’alpagas. Par contre, l’élevage de lamas sera aussi expliqué lors de notre vulgarisation. À notre « stand », vous pourrez y approfondir plusieurs de vos connaissances sur ces deux espèces de camélidés, originaires de l’Amérique du Sud.

L’alpaga Parlons un peu d’alpaga! L’alpaga se distingue par deux races plus fréquentes soit les huacayas et les suris. Les principales caractéristiques distinguant les deux races se rapportent à la fibre. Les huacayas possèdent une fibre dense, douce et frisée alors que les suris ont une fibre plus longue, fine et lisse. Ces derniers représentent une moins grande majorité dans la population des alpagas. La durée moyenne de gestation est de 335 jours, mais peut atteindre une durée de 12 mois. Mais comment s’appelle le petit? L’alpagon? L’alpagos? Eh bien non! Étonnamment, le petit s’appelle le cria! Le principal attrait de l’élevage de l’alpaga est l’utilisation de la fibre pour la fabrication de vêtements entre autres. On peut différencier l’alpaga du lama principalement par sa taille moindre.

Le lama Qu’en est-il pour le lama? Le lama possède une fibre plus courte et plus rugueuse que son voisin camélidé l’alpaga. On peut retrouver deux races plus connues de lama, dont le chaku, qui possède une laine assez longue et le ccara au pelage très court. La période de gestation de cette espèce dure de 348 à 368 jours. Un peu comme les alpagas, le lama ne donne naissance qu’à un petit par gestation. Le fibre du lama est moins utilisée pour la fabrication de vêtements puisque cette dernière est susceptible d’irriter la peau. En Amérique du Sud, cet animal est couramment utilisé pour le transport de divers objets.

SAAC Pour votre grand bonheur, nous vous présenterons de magnifiques alpagas. Ces bêtes qui composeront notre kiosque lors du week-end de la SAAC sont néanmoins des alpagas « vedettes ». En fait, ces alpagas ont participé à une émission, Les Touristes, qui est diffusée sur Vtélé. C’est dans un petit court métrage que ces jolies bêtes ont séduit une petite partie de la population québécoise. C’est votre moment de gloire! À votre tour, vous pourrez les admirer. Nos vedettes proviennent de la ferme Alpagas des Appalaches. Ces éleveurs passionnés combinent à leur production l’agrotourisme et la fabrication de produits à fibre naturelle d’alpaga. Certaines activités touristiques sont offertes sur la ferme afin de se familiariser avec ce type de production méconnue du grand public. Leur production se compose de 3 mâles, 4 femelles et 5 crias. La fibre des alpagas est utilisée pour différents produits tels que des pantoufles, des articles de maison, des oursons, des vêtements extérieurs et plusieurs autres. De plus amples informations sont disponibles sur leur site internet : www.alpagasdesappalaches.com. Nous espérons vous voir en grand nombre à notre kiosque de la SAAC qui se déroulera du 18 au 20 janvier 2013. Vous pourrez apprécier la présence des animaux du côté de la ferme de même que la présence des producteurs (Hélène Alain et David Gosselin) pour présenter les produits de leur boutique du côté de la thématique. N’ayez crainte, lors de la visite des animaux, les alpagas ne risquent pas de vous crachez dessus, puisque ces derniers ne le font qu’en situation de défense! Avec grande impatience de jaser de lamas et d’alpagas avec vous!


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Les cochons

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ALEXANDRINE MATHIEU, DANIKA ARSENAULT, JOANIE JACOB ET JULIE LAUZON AGRONOMIE

’industrie porcine est depuis plusieurs années très instable au Québec. Elle a connu, depuis maintenant 12 ans, des hauts et des bas à de multiples reprises. La crise a secoué la province pour la première fois en 2000, suite à la sortie du controversé film « Bacon » d’Hugo Latulipe qui a fait la lumière sur de nombreuses pratiques agricoles défaillantes dans l’industrie du porc avec des images lourdes de sens et des révélations choquantes. Les citoyens du Québec ont mis de côté leur consommation de porc provoquant ainsi de nombreuses faillites dans plusieurs petites entreprises familiales qui, parfois, ne correspondaient pas au profil de production décrit dans les médias. Encore aujourd’hui, il en coûte plus cher au producteur de produire un porc que ce que lui rapporte la vente de celui-ci. Depuis, l’industrie porcine redouble d’efforts pour améliorer chaque aspect du cycle de production du porc, des truies en gestation, en passant par le porc en engraissement jusqu’aux côtes levées dans nos assiettes. Les normes concernant la salubrité, le bien-être animal et les conséquences environnementales ont été grandement améliorées suite à plusieurs recherches effectuées au Québec et en Europe.

Saviez-vous que ...

le porc du Québ ec est maintena nt plus vert que jamais? En effet, les prod ucteurs de porcs so nt les premiers au monde à effectue r l’analyse du cy cle de vie de leu r production. Cette an alyse a d’ailleurs ét é fa ite selon les normes du Progra mme des Nations unies pour l’enviro nement et a été nréalisée par les fir mes AGÉCO, OC O Technologies et Quantis Canada.

cines, ils sont nettement inférieurs. Finalement, les producteurs porcins continuent de déployer des efforts pour ce qui est de la salubrité, du bien-être animal, de la protection des sols et de la cohabitation harmonieuse avec les consommateurs. De fait, en France, une loi sera mise en vigueur dès le 1er janvier 2013 stipulant que les truies et les cochettes devront être en groupe à partir de 4 semaines après la saillie jusqu’à 1 semaine avant la date prévue pour la mise bas. Au Québec, il n’y a pas encore de date fixée sur l’adoption d’une loi semblable à celle-ci, malgré le fait que les cages de gestation ne sont toujours pas totalement acceptées du point de vue du bien-être animal. D’ailleurs, comment définir le bien-être animal? Il se définit par les principaux critères suivants : L’absence de souffrances physiques et mentales (par exemple la peur, le stress, etc.), un fonctionnement normal de l’organisme (pas de blessures ou de malnutrition) et finalement, l’animal doit être en mesure d’exprimer les comportements normaux de son espèce. Donc, laissez-moi vous poser la question suivante : Qu’est-ce qui est mieux pour un animal? A) Qu’il soit en groupe, parce que c’est mieux vu socialement malgré le fait que le producteur peut avoir davantage de difficulté, par exemple, à contrôler le phénomène de hiérarchie, à détecter les chaleurs ou encore à s’assurer que l’animal mange la quantité adéquate de nourriture. B) Qu’il soit dans une cage restreinte et seul, mais traité aux petits oignons par le producteur qui pourra alors détecter et combler tous ses besoins.

Tout d’abord, pour ce qui est de l’empreinte sur l’eau, celle-ci est 2 fois moins élevée pour l’industrie porcine québécoise à comparer à la moyenne mondiale. De plus, ça prend seulement 4,16 kg d’équivalent carbone pour produire 1 kg de porc au Québec (ceci étant comparable à un déplacement de 13.4km avec sa voiture). Aussi, parmi les émissions de gaz à effet de serre produites au Québec par l’agriculture, la production porcine n’en est aujourd’hui responsable que de 7,6 %. Si l’on compare ces chiffres aux moyennes mondiales des productions por-

Bien entendu, le bien-être animal dépend en grande partie du comportement du producteur envers ses animaux. Il serait donc intéressant d’observer la possibilité de mettre les truies en groupe, comme ce sera le cas en France en 2013. En fait, il y a plusieurs options qui s’offrent aux producteurs. En effet, il peut faire des petits ou des gros groupes, les truies peuvent être sur litière accumulée ou sur des lattes de ciment, etc. Plusieurs op(Suite page 44)


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tions s’offrent aussi pour le mode d’alimentation afin de faciliter le bon fonctionnement de la distribution. Malgré cela, plusieurs sceptiques diront que c’est dangereux, car les truies ont davantage de risques d’avortement et de blessures physiques à cause du phénomène de hiérarchie qui va alors faire son entrée et qui est déterminé, la plupart du temps, par des affrontements entre les bêtes. Pour ce qui est de la gestion des cycles des chaleurs, les producteurs peuvent avoir des groupes en bandes, c’est-à-dire qu’ils synchronisent les saillies et les mises bas dans chaque groupe afin que les mêmes truies soient toujours ensemble (cela évite la mise en place d’une nouvelle hiérarchie à chaque cycle). Bien sûr, il y a plusieurs autres options comme les groupes dynamiques dans lesquels les truies ne sont pas synchronisées. Bref, plusieurs recherches sont actuellement effectuées à la station de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Lennoxville à ce sujet. En conclusion, malgré les nombreuses améliorations qui touchent l’industrie porcine depuis quelques années, il est juste de conclure que les consommateurs sont encore touchés par les vieilles blessures qui datent de l’année 2000. L’un des principaux buts du kiosque porcin de la Semaine de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Consommation, ainsi que des nombreux agronomes et producteurs de porcs, est de renseigner les consommateurs sur les changements décrits précédemment qui amélioreront le bien-être animal et l’image des producteurs de porcs. Ceux-ci souffrant encore beaucoup trop de la pression sociale, alors qu’ils tentent de sauver l’amour qu’ils ont pour le porc, deuxième production en importance au Québec.

Le lapin, est-ce un animal de consommation? MARIANNE ST-PIERRE, AGRONOMIE

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’est étonnant comment certaines productions sont encore méconnues à ce jour, et ce partout autour du globe! Saviez-vous que la production du lapin de chair se nomme la cuniculture? Cette production offre une viande avec plusieurs atouts bénéfiques et elle est délicieuse! Malgré que ce ne soit pas une viande populaire, la chair de lapin est consommée en Europe, particulièrement en Italie, où la consommation, en 2006, était de 5,8 kg/personne/an. Au Canada, cette viande reste néanmoins dans l’ombre! Même si cette pratique reste peu connue par le public, certains producteurs font encore de la cuniculture partout dans le monde. En 2006, la consommation de lapins en Amérique du Nord était d’une moyenne de 0,137 kg/personne/an. Ce produit gagne à être connu, car il offre plusieurs avantages dont : une viande blanche qui contient une faible dose de cholestérol par rapport aux viandes rouges et une viande qui est riche en protéines, en oméga -3 et en sélénium.

Des recherches faites par l’organisme « Le Lapin du Québec » démontrent que 83 % des consommateurs ne connaissent pratiquement pas la viande de lapin! La production cunicole est intéressante, car le lapin est un animal prolifique. Comme ce sont les lapereaux qui serviront de produits commercialisables, l’étape importante de la production de cet animal est donc la reproduction. Tout d’abord, la femelle sera présentée au mâle pour la saillie. Dans un mode de reproduction intensif, un mâle peut suffire à 8 femelles, 4 jours par semaine! Pour vérifier que la femelle est bien gestante, la seule méthode est la palpation après 10-14 jours. Après 31 jours, la lapine mettra bas et les petits seront engraissés pendant 10 à 14 semaines pour atteindre un poids vif de 2,3 kg. Ils seront ensuite envoyés à l’un des abattoirs détenant un permis soit : provincial de type A-3, exemption provinciale B ou agrément fédéral, au Québec ou en Ontario, grands joueurs dans ce secteur.

En 2008, l’offre en viande de lapin était d’environ 64 % plus élevée que la demande. L’un des premiers producteurs est l’Asie, suivi par l’Europe et l’Amérique latine.

Cette viande continue à être presque ignorée au Québec alors que le canard et la chèvre sont en tête du classement des viandes « exotiques » les plus consommées. La mise en marché du lapin de consommation est encore bien précaire et peu publicisée.

Au Québec, les entreprises cunicoles sont au nombre de 45, particulièrement situées au Centre-du-Québec et dans ChaudièreAppalaches avec 33 % et 41 % de la production respectivement.

Somme toute, derrière les productions avicoles, laitières, bovines, il reste encore quelques productions au Québec qui sont méconnues, dont celles des petits gibiers comme le lapin. La population est de plus en plus conscientisée par ce qui se trouve dans son assiette. La viande de lapin offre plusieurs avantages nutritifs. Il serait donc temps de la faire connaître!


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Le contrôle de troupeau « Herding »

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erci à tous d’avoir visité l’édition 2013 de la SAAC. Il se peut que vous ayiez remarqué, de l’autre côté de la thématique, non loin de la serre, la présence d’un nouveau kiosque… et bien, vous avez vu juste. Il s’agissait d’un montage permettant la découverte, pour plusieurs d’entre vous, du contrôle de troupeau nommé plus souvent « Herding ». D’où provient cette activité, discipline, exercice, ou dirais-je plutôt cet art? Originaire des pays où l’on devait mener des troupeaux d’un point de pâturage à un autre, sans machinerie ou moyen locomoteur autre que le cheval, l’âne ou souvent à pied, le contrôle de troupeau par un chien rapide et vigilant devint nécessaire sur des terrains escarpés, de plus ou moins longues distances. Le travail des chiens de berger peut s’étudier sur plusieurs formes dont les deux principales que voici :  Les chiens dits « de rassemblement » ; leur rôle était de maintenir les bêtes en groupe et de les déplacer selon les

ÉLIZABETH BOUCHARD-RICHARD AGRONOMIE directives du berger pour les mener à se nourrir dans d’autres champs luxuriants. Ce type de chien est qualifié comme étant rassembleur et a les caractéristiques naturelles d’aller à la tête des animaux pour les retourner joindre leur troupeau. Le plus connu, Border Collie, a des yeux rivés sur le bétail et l’observe à tout instant.  Les chiens dits « les conducteurs, meneurs » ; leur rôle était de conduire les animaux, en marchant à leur arrière, vers des passages pour leur sélection entre autres. Ils sont caractérisés comme étant des conducteurs qui se tiennent aux côtés ou à l’arrière du bétail (plutôt des vaches & des bœufs). Selon les caractéristiques précédentes, les chiens seront plus adaptés à un travail leur permettant d’exprimer leur instinct. Les types de troupeaux pouvant être contrôlés sont particuliers aux régions où sont utilisés les chiens. Le mouton est l’espèce la (Suite page 46)


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plus courante. De plus, des bœufs, vaches laitières, lamas, chèvres, canards, oies constituent les autres animaux les plus souvent dirigés par des chiens de travail. Il faut noter que tous les animaux ne réagissent pas de la même manière à la présence des chiens. Par exemple, les bœufs sont plus difficiles à faire avancer, ils sont plus lents, impressionnants et dangereux avec leurs cornes. À l’inverse, les canards sont très légers, rapides et sensibles aux moindres mouvements du chien. C’est pourquoi un chien rapide aura beaucoup plus de facilité à contrôler une bande d’oiseaux qu’un chien plus lent et moins précis dans ses gestes. Grâce à ces caractéristiques imposées par les bêtes à contrôler, une sélection a dû être pratiquée en vue d’obtenir des chiens efficaces avec un type de troupeau en particulier. C’est ainsi, grosso modo, que sont nées les races les plus ancestrales des chiens de contrôle de troupeau. Ensuite, vint l’apprentissage de commandes essentielles en vue de réaliser les manœuvres avec le troupeau que le berger souhaitait. Voici donc les quelques ordres de base enseignés au chien en dressage. Il faut noter que les termes suivants sont associés à des comportements plus ou moins naturels démontrés par les chiens dès leur mise en contact Come-bye, go-bye avec des animaux. Idéalement, toutes les parties de l’instinct d’un chien doivent être présentes à la naissance (donc visibles vers Away to me, away 3 à 5 semaines de vie déjà) pour que le chien ne demande pas un grand dressage Stop, stand et puisse bien contrôler les bêtes.

Commandements de base

Nous souhaitons vous avoir donné le goût d’en apprendre davantage sur le sujet. Que vous soyez agriculteur, citadin, passionné par les animaux, ayant besoin d’un employé fidèle toujours prêt le matin à vous ramener les vaches, il ne sera que plus gratifiant de vous informer auprès des bons éleveurs de chiens de berger de race pure. Vous pouvez visiter la page « Facebook; Herding Québec » pour connaître les évènements à venir dans la province et échanger sur le sujet.

Wait, lie down, couche Get out, get back Walk up, walk on, walk, marche That’ll do, Ça suffit, C’est assez

Le chien contourne le bétail par la gauche pour aller à leur tête. Le chien contourne le bétail par la droite jusqu’à leur tête. Demande d’arrêt, le chien ne bouge plus, ce qui permet de le maintenir dans une position idéale pour cesser les mouvements du bétail. Permet au chien de prendre du repos, lui demande l’arrêt un peu comme le stop permettant de maintenir les bêtes à l’endroit où elles sont, ou de les laisser partir si le chien n’est pas dans une zone de pression. Demande au chien de s’éloigner des bêtes permettant de diminuer la pression qu’il exerce sur celles-ci. Demande au chien de marcher derrière ou à côté des bêtes les dirigeant vers l’avant. Met fin à l’exercice de contrôle, il récompense le chien et lui permet de laisser aller les bêtes, car son action n’est plus obligatoire pour leur déplacement.




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