Rapport d'étude _ doit-on craindre le déconstructivisme ?

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Doit-on craindre le Déconstructivisme?

fonctionnement d’un virus, qui prend possession d’un hôte et fait le nécessaire pour y assurer sa survie. Nous avons ici pu voir quelle métaphore Nikos Salingaros fait du Déconstructivisme, quelle menace il représente à ses yeux, et comment il analyse sa façon «d’infecter» le domaine de la littérature et par extension de l’architecture. Mais pour que le «virus» puisse se propager, il doit trouver un vecteur de propagation. Le mouvement déconstructiviste a su trouver en la personne de Charles Jencks un fervent défenseur de sa cause. Nous allons maintenant nous intéresser aux arguments que Charles Jencks utilise pour véhiculer l’idéologie déconstructiviste, et quel regard Nikos Salingaros porte sur cette nouvelle menace.

2. «CHARLES JENCKS ET LE NOUVEAU PARADIGME EN ARCHITECTURE» (par Nikos A. Salingaros) Charles Jencks est architecte et historien de l’architecture. Il se fait le défenseur de la cause déconstructiviste en la proclamant «Le nouveau Paradigme en Architecture». Le principe qu’il propage est que les projets déconstructivistes se basent sur les sciences nouvelles auxquelles appartiennent par exemple la complexité, les fractales, le principe d’émergence,... Dans cet essai, Nikos A. Salingaros désapprouve ce que prétend Jencks en démontrant qu’il s’appuie sur des théories qu’il n’est pas en mesure de comprendre. Néanmoins, il ne contredit pas le fait qu’il existe un nouveau paradigme en architecture. Mais celui-ci n’inclut en aucun cas les réalisations des architectes déconstructivistes. Ce nouveau paradigme comprend en réalité, pour Salingaros, l’architecture innovante et à échelle humaine de Christopher Alexander, anthropologue et architecte, l’architecture vernaculaire de Léon Krier, architecte et urbaniste, mais aussi celle de beaucoup d’autres architectes. C’est au cours d’un discours au Royal Institute of British Architects de Londres, en juin 2002, que Jencks proclame «Le nouveau Paradigme en Architecture». Le projet emblématique de ce nouveau paradigme est pour lui le Musée Guggenheim de Bilbao de Franck O. Gehry, ainsi que d’autres projets de Peter Einsenman, Daniel Libeskind ou Zaha Hadid. Pour Jencks, l’architecture déconstructiviste est directement inspirée des sciences nouvelles et des applications de celles-ci, comme la complexité, les fractales, les dynamiques non-linéaires. Salingaros ne nie pas le lien qui existe entre les sciences nouvelles et l’architecture puisque lui même les utilise dans son processus de conception, tout comme Christopher Alexander. Cependant Salingaros et Alexander, ayant suivis une formation scientifique, se retrouvent en mesure de comprendre les règles des applications des sciences nouvelles; ce qui n’est pas le cas de Jencks qui utilise des raccourcis erronés pour tenter de légitimer l’architecture déconstructiviste. La célébrité de Jencks lui vient de l’annonce de la fin du Modernisme, qu’il fait dans la première édition de son ouvrage The Language of Post-Modern Architecture14, se basant sur la démolition des logements Pruitt-Igoe de l’architecte Minoru Yamasaki, à Saint-Louis (Missouri) en 1972. Salingaros, quant à lui, voit la fin du mouvement moderniste dans une autre destruction d’un projet de Yamasaki. Celui des deux tours du World Trade Center le 11 septembre 2001 (N. Salingaros, 2009, p43). Cette divergence d’opinion creuse plus profondément le fossé déjà existant entre l’idéologie défendue par Jencks et celle défendue par Salingaros.

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Charles JENCKS, 1977, The Language of Post-modern Architecture. New York, Etats-Unis. Rizzoli, 168p.


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