Code Sport Côte d'Azur n°14

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C a r r i è r e s "J'ÉCOUTE ETJ'APPRENDS TOUS LES JOURS" Tout sauf un hasard. Pascal Gousset a d'abord fait ses armes pendant quinze ans dans d'autres entreprises du secteur, où il s'est occupé du développement foncier puis de la gestion de programme, avant de rejoindre les rangs de la BNP en 2005. Sous sa direction, il a actuellement vingt-cinq personnes chargées de rechercher des terrains, de concevoir des projets d'aménagement et de commercialiser entre 600 et 800 logements par an. "Dans notre zone d'activités, et notamment sur la Côte d'Azur, il y a une grosse concurrence. Mais on ne fait pas la course au plus grand nombre d'appartements vendus. Le but est de conserver une échelle humaine, de ne jamais verser dans la surenchère et d'afficher une bonne image de notre société", détaille ce natif de la Gironde. L'image, encore et toujours. On lui demande si la sienne, celle d'ex-footeux, lui a ouvert des portes. "Pas vraiment, c'est juste qu'à l'époque, l'immobilier était un domaine dans lequel on pouvait évoluer sans avoir de diplôme particulier. Aujourd'hui, il y a nettement moins d'autodidactes. De mon côté, je ne connaissais pas grand chose à ce milieu. J'avais fait quelques investissements durant ma carrière sportive, mais c'était purement financier. Au début, je n'ai pas compté mes heures et j'ai essayé d'emmagasiner de l'expérience, de me montrer curieux. Ce n'était pas évident parce que j'étais encore semi-pro à Aix, en D3." Ce qui lui plaît tant dans cette "deuxième vie" ? "Le fait de toujours devoir anticiper, de partir d'une feuille blanche et de faire naître un projet. On reste tout de même dans un métier de création. Joueur, je n'étais pas spécialement extraverti, j'étais plutôt concentré sur mes performances. L'immobilier m'a permis de m'ouvrir plus aux autres. On rencontre tellement de gens qui évoluent dans différents domaines… J'écoute, j'apprends tous les jours."

"L'ÉTIQUETTE DU SPORTIF A ÉTÉ DIFFICILE À DÉCOLLER" Si Pascal Gousset a rapidement baissé le rideau sur ses années foot, d'autres se chargeaient régulièrement de remettre son CV sur le tapis. "Au début, on ne me présentait que comme l'ancien

joueur pro. On ne me parlait que de ça et on n'évoquait pas mes autres compétences. L'étiquette du sportif a été difficile à décoller. Je n'ai jamais mis mon passé en avant, je veux être reconnu pour mon travail et rien d'autre." Afin de s'éviter ces tracas, n'aurait-il pas pu jouer la sécurité, en restant plus près des terrains ? "On m'a proposé d'entraîner des équipes ou d'être commercial pour des marques de sport, mais ça ne me séduisait pas. Ça restait trop proche de ce que j'avais connu, d'un milieu dans lequel j'étais immergé non-stop depuis mon adolescence. Quand on arrête, ce n'est pas évident. Parce qu'on a déjà accompli son rêve et qu'il faut trouver autre chose à faire." Le clap de fin est intervenu en 1990 pour celui qui a occupé tour à tour les postes de stoppeur, libero ou latéral. Seulement âgé de 29 ans, il a volontairement dit "stop". "Je jouais à Dijon, en D2. J'avais la possibilité de continuer encore à ce niveau, mais je voulais maîtriser la suite, ne pas subir les événements. Je savais que ça allait forcément décliner avec le temps." Dans son deuxième job, le sportif de haut niveau s'appuie sur certains acquis pour faire son trou. "De la rigueur, de la combativité, l'envie d'aller au fond des choses. C'est ce qui m'a permis d'y arriver."

AU MARQUAGE D'HALLIDODZIC, ONNIS, LACOMBE… Au bout d'un certain temps, on parviendra tout de même à tromper la vigilance de l'ancienne tour de contrôle. Qui finira par extirper de sa mémoire quelques belles batailles et autant de rencontres remarquables. "J'ai débuté ma carrière pro en 1981, ça n'avait vraiment rien à avoir avec ce que l'on connaît aujourd'hui. Les grosses sommes d'argent commençaient à peine à arriver dans le milieu. Dans mes meilleures années, je devais toucher dans les 30 000 francs. C'était déjà considérable mais je n'avais pas assez pour prendre ma retraite sans rien faire" Sorti du centre de formation de Lille, Pascal Gousset est lancé dans le grand bain par José Arribas, père du jeu "à la nantaise". "C'était un personnage, c'est lui qui m'a donné ma chance. Il nous faisait beaucoup travailler les déplacements, le jeu en mouvement et les gestes de base." 48 49

Au Losc, Gousset fait équipe avec Philippe Bergeroo, Pierre Dréossi, Thierry Froger ou encore René Marsiglia, actuel entraîneur de l'OGC Nice. Après trois ans chez les Dogues, il rejoint le Stade brestois. L'aventure durera à nouveau trois ans, le temps de côtoyer Slavo Muslin, Bernard Pardo, Gérard Buscher, Yvon Pouliquen ainsi que Vincent Guérin et Paul Le Guen, alors jeunes pros. Sans jamais remporter de trophée, Pascal Gousset accumule quelques satisfactions, comme ce derby breton remporté 4-0 sur le terrain de Rennes. "Dans les clubs où je suis passé, on jouait toujours le maintien. Mais certaines soirées sortaient de l'ordinaire, quand je devais marquer des gars comme Vahid Hallilodzic ou Delio Onnis, de vrais phénomènes. Même chose quand, en face de nous, on retrouvait Platini, Giresse ou Bernard Lacombe…" Avant de glisser vers un relatif anonymat à Dijon, le stoppeur fera partie du RC Strasbourg version Daniel Hechter, avec le "Sphynx" Robert Herbin sur le banc. Un casting vraiment pailleté pour un homme qui n'aura jamais cherché la lumière.

"LE FOOT

A ÉNORMÉMENT CHANGÉ"

Souvent, quand un ancien pro évoque le football actuel, il y va au marteau et au burin, fracassant une bonne partie des joueurs qui ont repris le flambeau après leur âge d'or. Pascal Gousset ne fait pas partie de ceuxlà. "Bien évidemment, je rgarde les matches d'une manière différente par rapport aux autres spectateurs. Le jeu a évolué, mais je ne pense pas qu'il soit moins technique qu'avant, comme on l'entend souvent. Parce que maintenant, tout se fait avec beaucoup de vitesse, on réclame plus de polyvalence aux footballeurs. Vous savez, je ne suis pas nostalgique et je trouve que ce sont des sportifs beaucoup plus accomplis qu'à mon épooque." S'il devait ne retenir qu'une équipe ? Ce serait le Barça, sans hésitation possible. "J'ai eu la chance d'aller au Nou Camp pour assister à un match de Ligue des champions contre Lyon (le 11 mars 2009, les Catalans avaient balayé les Gones 5-2, ndlr). C'est une autre planète, on ne peut pas faire mieux ! Messi, c'est la proue, la perle. Mais le collectif est impressionnant dans tous les secteurs."


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