Environnement et urbanisme - Immobilier commercial volume 10 - numéro 6

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ENVIRONNEMENT ET URBANISME

LES ÉTUDES ENVIRONNEMENTALES DE SITE

UNE QUASI-OBLIGATION POUR S’ASSURER DE NE PAS Y PERDRE AU CHANGE Frédéric Dufault

Les médias ont encore fait état, dans les dernières semaines, de citoyens sur

Expert invité

sur leur terrain… résidentiel1 !

l’île de Montréal qui sont aux prises avec un grave problème environnemental

Ces terrains, sur lesquels sont construites cer­ taines résidences depuis plusieurs décennies, se trouvent, pour la plupart, aux abords d’un parc. Or, surprise, les parcs en question sont d’anciens dépotoirs dont se dégagent des émanations de biogaz, de méthane et de gaz volatils issues de la dégradation des déchets. Il s’agit d’un grave problème ; on trouve même ces biogaz dans le sous-sol de certaines de ces résidences, à des concentrations qui pourraient être inquiétantes.

Frédéric Dufault, urbaniste, est évaluateur environ­ nemental de site agréé (EESA) et vérificateur environnemental agréé (VEA), agréments qui sont décernés par l’Association québécoise de vérification environnementale (AQVE). Il cumule plus de 15 années d’expérience dans le domaine de l’urbanisme et de la gestion immobilière et environnementale. Il est président de la firme Enviro 3D Conseils inc.

Les propriétaires sont donc acculés au pied du mur, puisqu’ils doivent entreprendre des travaux de décontamination, de ventilation active / passive de leur demeure ou prendre les moyens pour « sceller » leur résidence contre les émanations qui peuvent se révéler dangereuses et toxiques pour les occupants. Et c’est sans compter l’état des sols sous le bâtiment qui sont aussi fort probablement contaminés. Ces propriétaires se voient présentement refuser toute aide publique, et les institutions financières se montrent très réticentes à leur octroyer des prêts, puisqu’il devient très difficile d’évaluer la valeur foncière du bâtiment et du terrain. Il faut comprendre les institutions financières, qui devraient alors financer un projet dont le bâtiment et le terrain – la garantie de prêt – sont contaminés et associés à une problématique environnementale dont personne ne peut définir l’ampleur réelle. PEUT-ON PRÉVENIR DE TELS PROBLÈMES ? Quels sont les recours de ces propriétaires ? Seuls des juristes peuvent se risquer à émettre une opinion à ce sujet. Cependant, aurait-on pu éviter ces situations ? La réponse n’est pas tranchée, mais il existe des moyens pour mini­ miser les risques, dans le secteur tant résidentiel que commercial.

Dans une précédente chronique, j’ai déjà discuté de l’importance de procéder, entre autres, à des études environnementales avant de réaliser des travaux et des investissements immobiliers importants sur une propriété. Outre les institutions financières qui les exigent afin de se protéger d’éventuelles problématiques, les bailleurs de fonds et les promoteurs devraient aussi les demander pour s’en prémunir dans le futur. Il est clair que les institutions financières se protègent de possibles problèmes environnementaux dont elles deviendraient responsables advenant que leur client leur remette les clés de l’immeuble ou qu’il leur cède le terrain. Et, ce n’est pas un secret, les banques ont les poches assez profondes quand vient le temps de mobiliser les professionnels requis pour entreprendre des études coûteuses et des travaux de réhabilitation qui pourraient faire mal à n’importe quel état financier ! Mais quels sont les outils à la disposition du simple citoyen ? Un bon processus de diligence raisonnable permettra de trouver un peu d’information sur le terrain en cause. On ne parle pas ici d’une inspection préachat (qu’il faut faire, il va de soi), mais bel et bien d’une visite au service de l’urbanisme de la munici­ palité et d’une rencontre avec un professionnel qui saura retracer l’historique récent du terrain en question. L’ÉTUDE ENVIRONNEMENTALE PHASE 1 : DE QUOI S’AGIT-IL ? Une étude environnementale de site Phase I est également un bon outil pour détecter certains éléments environnementaux qui pourraient indiquer un risque réel ou potentiel associé à la propriété. Cette étude devient donc un

1. http://ici.radio-canada.ca/tele/la-facture/site/episodes/393213/sol-contamine-biogaz-methane-depotoir-ancien-garantie-legale

IMMOBILIER COMMERCIAL : : DÉCEMBRE – JANVIER 2018

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