Recueil Seopyeonje

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ZOOM SUR

LA CHANTEUSE DE PANSORI :

Lorsque les artistes français s’intéressent à la Corée

Dossier Spécial Quatre artistes présentent leur vision du chef-d’œuvre de Im Kwon-Taek, Seopyeonje • Noémi Miljevic • Lilas Leprêtre • Péma Szalewa • Marine Bocquet


SOMMAIRE Sommaire

p.2

Péma Szalewa

p.4-9

Marine Bocquet

p.10-13

Lilas Leprêtre

p.14-21

Noémi Miljevic

p.22-25

Disclaimer

p.27

Personnel Poèmes Critique cinématographique Peintures Illustrations digitales

Péma Szalewa/Noémi Miljevic Péma Szalewa Noémi Miljevic/Péma Szalewa Marine Bocquet/Lilas Leprêtre

Mise en page du magazine

Lilas Leprêtre

Photographies de 1ere et 4e de couvertureLilas Leprêtre

Lilas Leprêtre

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Ĺ’uvre de Marine Bocquet - Kisaeng


EOPYEONJ

Im Kwon Taek est connu pour faire des films sur l’histoire et la tradition coréenne. Mais en 1993, il réalise son plus beau chef d’œuvre : La Chanteuse de pansori.

EM

M

E• P

OG T A

Critique cinématographique de Seopyeonje de Im Kwon Taek Par Péma Szalewa

E• S

PEMA SZALEWA

C FA

RAPHIQUE CRI TIQ U

RE

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OGRAPHIQ MAT UE E N •P CI

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EW AL SZ

A • CRITIQU E C IN E

Yu-Bong est un chanteur de pansori itinérant toujours accompagné de sa jeune fille adoptive Song-Hwa. Arrivé dans un village, Yu-Bong tombe amoureux d’une jeune femme veuve et mère d’un petit garçon, Dong-Ho. La jeune femme meurt rapidement en suite de couche. Yu- Bong quitte le village et reprend son chemin de chanteur itinérant avec sa fille et son fils adoptifs. Il leur apprend l’art du pansori. Dong-Ho apprend le tambour et Song-Hwa, le chant. Ils parcourent les campagnes et grandissent. Mais Yu-Bong est un maître sévère qui pousse sa fille à l’épuisement. Bong-Ho, ravagé par la colère, finit par se séparer de sa famille et s’enfuit au plus loin de ce père tyrannique et du pansori. Des années plus tard, Bong-Ho part à la recherche de sa soeur. Im Kwon Taek a recouru au flashback qui mêle le passé et le présent. Ils se répondent comme une sorte de chorégraphie : chaque chemin que la sœur emprunte, le frère l’empruntera des années plus tard. Lorsqu’enfin le passé et le présent se rejoignent, Song-Hwa et Bong-Ho se retrouvent une nuit pour chanter le plus beau pansori du film. Les pérégrinations de la famille sont accompagnées par de magnifiques paysages qui donnent un côté poétique et qui accentuent le côté mélodramatique du film. Ses milliers de paysages sous la neige ou en pleine floraison montre que la route est difficile, longue et épuisante. Métaphoriquement, cette route est comme une lutte permanente pour que le pansori perdure.

et nous fait ressentir de nombreuses émotions. Le personnage de Song-Hwa est particulièrement touchant, elle est le personnage de mélodrame par excellence. Elle souffre parce qu’elle est orpheline adoptée par un père qui tellement passionné par son art la rend aveugle. Son frère s’enfuit, son père adoptif meurt. Elle se retrouve proie du destin, condamnée à une errance permanente. Mais c’est la seule qui ne s’apitoie pas sur son sort et qui malgré toutes les blessures, arrive à être heureuse. Elle décide elle-même de son errance. C’est par le chant qu’on arrive à voir son intériorité et c’est bien par le chant que Im Kwon Taek arrive à nous émouvoir.

La cinématographie est parfaitement maîtrisée par les nombreux plans séquences On retrouve aussi une certaine sensibilité (comme la fameuse séquence de Arirang) qui dans chaque personnage. Cela nous envoûte nous donne à voir une Corée d’après-guerre

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Affiche du film « Seopyeonje »

qui essaye malgré la colonisation et l’occupation américaine de garder son identité nationale et sa culture traditionnelle. La bande-originale est d’autant plus impressionnante lorsqu’on apprend que l’actrice Oh Jung-Hae n’a pas été doublée. La réalisation est splendide et nous donne envie de voir d’autres films du réalisateur.

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Affiche du film « Seopyeonje »


EOPYEONJ

Ayant suivi au lycée un cursus cinéma, j’ai pu lire de nombreuses critiques de films. C’était, néanmoins, la première fois que j’en écrivais une.

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E• P

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Introduction de l’artiste Péma Szalewa

E• S

PEMA SZALEWA

C FA

RAPHIQUE CRI TIQ U

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OGRAPHIQ MAT UE E N •P CI

C’est à la bibliothèque municipale que j’ai rencontré pour la première fois le cinéma de Im Kwon Taek. J’ai été étonnée de trouver dans les étalages un film d’un réalisateur coréen, alors par curiosité, j’ai emprunté La Chanteuse de Pansori. Je ne pensais pas que

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EW AL SZ

A • CRITIQU E C IN E

J’ai été étonnée de trouver dans les étalages un film d’un réalisateur coréen...

quelques années plus tard, j’allais travailler dessus avec mes amies et camarades.

Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai été J’ai souvent admiré les poètes sans jamais oser éblouie par la beauté du paysage et le lyrisme faire de la poésie. La Chanteuse de Pansori est de ce film. Lorsqu’il a fallu écrire un texte sur donc l’un des premiers poèmes que j’ai écrit. La Chanteuse de Pansori, j’ai décidé d’écrire un poème pour retranscrire (ou du moins essayer) l’émotion que j’avais ressentie en le regardant. Le mélodrame passe surtout par la musique et en particulier par le pansori. Mon travail poétique s’est donc concentré sur quelques vers chantés par Song-Hwa et à partir de ces vers, j’ai essayé de retracer l’histoire racontée dans le film.

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J’ai souvent admiré les poètes...


La chanteuse de Pansori poème inspiré du film 서편제 de Im Kwon Taek (1993) Oh mon amour, Tu me quittes définitivement Que vais-je devenir ? Quand reviendras-tu ? Reviendras-tu au Printemps quand les fleurs s’ouvriront. Pourtant, le printemps est arrivé Mais en moi, la solitude pèse. La jeunesse m’a quitté. L’été te succèdera amenant les fleurs et verdissant les bois. Puis viendra l’automne. Les saisons n’altèrent pas à la beauté du paysage. Malgré le vent et le givre, les fleurs fleuriront à nouveau Et les feuilles vertes s’étendront vers le ciel. Notre vie misérable accompagne le sori dans son errance. Parce que la mer est vaste et entre son écume Mon frère, je veille ton retour. Cette douleur du souvenir a fait son nid Dans le coeur de l’homme et s’installe à jamais. Il me dit : «Je souhaite que vous retrouviez la vue. Et que vous puissiez voir des milliers de choses.» Le soleil s’est-il couché ? Le ciel flamboie déjà. La lune va apparaître et les étoiles aussi. Pourtant le chagrin n’épargne nul être. Il se fait le compagnon éternel de l’homme. Vivre, est-ce donc éprouver de la tristesse ? Mais, cette profonde tristesse essaye de la surmonter grâce au Sori. Soulageons-nous des tristesses accumulées dans nos coeurs. C’est par le tambour et l’énergie du Yin et du Yang, qu’on dégage la voie du Sori Aigoo, abŏji Le sori la tue parce qu’il doit déchirer le coeur tel un couteau Le corps maculé de sang Partout les esprits chantent... Ouvre les yeux, regarde-moi ! Vite !

A PEM A LEW SZA



MARINE BOCQUET Le P’ansori et Moi Étudiante en civilisation et langue coréennes, j’ai commencé à développer un intérêt pour la culture coréenne depuis maintenant quelques années, et mon désir d‘en découvrir plus m’a naturellement amené à faire la connaissance des sujets liés à la culture traditionnelle, tels que le P’ansori. Sans ajouter qu’il est vrai que j’accorde une affection toute particulière pour ce genre musical et dramatique qu’est le P’ansori, peut-être parce que la musique en général a toujours été importante dans ma vie personnelle.

Il me semble que mes premiers contacts avec le P’ansori se sont principalement faits via des émissions de télévision coréennes où j’ai découvert la chanteuse Song Sŏ Hŭi, déclenchant ainsi mon attrait pour ce style musical. Mon intérêt s’est aussi étoffé grâce aux quelques films et dramas que j’ai regardés et qui traitaient de ce sujet (de près comme de loin). Cependant, il reste incontestable que l’un des films les plus marquant traitant du P’ansori est « La chanteuse de P’ansori » du réalisateur Im Kwŏn Taek, réalisé en 1993. Ce film étant un classique du cinéma coréen, il reste même aujourd’hui une référence majeure dans le monde cinématographique et du P’ansori. De plus, lors du cours d’Histoire de l’art de la Corée que j’ai suivi l’année dernière, nous avons abordé le thème du P’ansori et du Min’yo, ce qui m’a réellement

ŒUVRE DE L’ARTISTE


permis de comprendre avec plus de profondeur et de nuances ce genre artistique multiple et complexe. J’ai aussi assisté durant l’été dernier à un stage de P’ansori proposé par le Centre Culturel Coréen de Paris, et enseigné par une grande voix du P’ansori en Corée, la spécialiste Min Hye Sŏng, qui, en plus d’être la disciple d’une des plus grande chanteuses et trésor national Park Song Hŭi, est aussi une enseignante à l’Université Won Kwang d’Iksan. Durant ce stage de trois semaines, la professeure Min Hye Song nous a appris l’histoire, les bases de la théorie concernant chant et le rythme du P’ansori, quelques mots de vocabulaire qui s’y rattachaient et nous avons finalement appris à chanter un chant populaire, ainsi qu’un extrait du « Dit du Hungbo » (ou « Hungbo-ga. »), dont elle est spécialiste. Ce stage m’a vraiment permis de comprendre le P’ansori, aussi bien au niveau théorique et pratique qu’émotionnel. La professeure Min Hye Song nous a incité à essayer de rechercher ce qu’est, et ce que représente l’essence du P’ansori. Tout comme le film « La chanteuse de P’ansori » nous le fait comprendre, il y a plus au P’ansori qu’une performance artistique, c’est un art qu’on incarne, un art auquel on se dévoue entier.

IMAGE DU FILM

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MA RI NE

BO CQ UE T


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Lilas Leprêtre Adorant la musique depuis toujours et férue de culture coréenne, c’est tout naturellement que je me suis penchée sur le Pansori coréen. Étant en études coréennes à l’Université de Paris Diderot, Seopyeonje est un film recommandé par nos professeurs. Grâce à cette œuvre cinématographique, j’ai pu mieux comprendre le Pansori coréen, sa créativité et toute sa compléxité. Mais, cela m’a également permis d’en apprendre plus sur la pensée coréenne. Le Pansori est un style de musique à part entière et très imaginatif. Lorsque je me suis interrogée sur ce que j’allais réaliser comme œuvres pour ce recueil, l’envie de mélanger récent et ancien m’a inspirée. Sachant que ce mode de vie est déjà très coréen, il m’a semblé que cela était approprié. J’ai donc décidé de faire des parodies d’albums vinyles. J’ai d’abord eu l’idée de faire de faussses pochettes, en incorporant les titres de Pansori que l’on peut retrouver dans le film (comme Jindo Arirang ; Ch’unhyangga), mais je me suis retrouvée assez limitée dans le choix des musiques. Fan de Punk-rock (The Clash, Iggy and The Stooges, The Sex Pistols,...) et de pop alternative (David Bowie, Lou Reed and The Velvet Underground,...), j’ai donc pensé à faire des parodies de titres de chansons de ces groupes de musiques des années 70. Reprennant une partie du titre de la chanson originale et en y incorporant un titre de Pansori chanté dans le film par Songhwa, qui est, ici, transformée en chanteuse Pop-Punk des années 70.

A l’avenir, j’aimerais en apprenre plus sur cet art coréen. Je le trouve très inspirant et la façon de chanter le Pansori est, pour moi, unique. Il mériterait d’être connu par plus de monde, tant il peut s’averer complexe et raffiné. Cela m’a énormément plu de combiner la musique Punk et le Pansori. Je trouve que l’on pourrait trouver une nouvelle forme de musique en joignant moderne et traditionnel, aussi dans la musique. Pochette de The Stooges, produit par Elektra, 1969. (Iggy Stooge, Ron Asheton, Scott Asheton et Dave Alexander sur la Pochette)


Lilas Leprêtre deret Un lv e V e Wade Th r Andy ) a e p tt it e u h Poc prod arhol & Nico, Andy W e d in ground s 67 (Des rhol, 19

En commençant mes études de coréens, j’étais déjà dans l’optique d’allier la culture coréenne à l’art. J’aimerais, à l’avenir devenir artiste. Mes études coréennes me permettent de m’instruire et d’avoir la chance d’étudier une autre civilisation, une autre façon de penser. Cette immersion dans la culture coréenne à travers l’un de ses chefd’œuvre cinématographique a enrichi ma culture.

Je pense que l’art picturale est très proche de la musique. Pour moi, ces deux formes d’arts se marient bien ensemble : l’un inspire l’autre, et réciproquement. Plus tard, si j’ai la chance de pouvoir écrire un livre ou de publier une bande-dessinée, j’aimerais faire partager le Pansori, à travers mon art. En apprendre un peu plus aux Français, et leur faire découvrir la subtilité de cet art et le fait que l’on peut combiner le Pansori avec la modernité.

Seop yeonje

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Page de gauche : dessin de Lilas Leprêtre représentant le personnage de Songhwa dans Seopyeonje, illustration inspirée d’une photographie de David Bowie par Masayoshi Sukita en 1977

(page de droite)


Noémi MILJEVIC

J’ai commencé à peindre en 2014...

J’ai commencé à peindre en 2014 (j’avais donc quatorze ans), dans un but indirectement thérapeutique. Depuis, je peins pour le plaisir. C’est donc naturellement que j’ai pensé à faire une peinture lorsque nous avons décidé de notre projet personnel. En regardant le film « La Chanteuse de Pan’sori », j’ai tout de suite compris que c’était cette scène que je voudrais peindre. D’une part parce qu’elle dégageait quelque chose d’unique, d’autre part car elle était très belle et interessante visuellement.

Œuvre de Noémi Miljevic d’après une image du film de Im Kwon Taek, Seopyeonje


Seopyeonje

Image du film de Im Kwon Taek, Seopyeonje, on peut voir l’héroïne du film, Songhwa, rendue aveugle par son père

En ce qui concerne la poésie, j’ai toujours aimé écrire. « 부성애 » (« Amour fraternel ») est pleinement inspiré de l’histoire originale. Le poème a d’abord été écrit en coréen puis traduit en français, ce qui explique notamment l’absence de rime dans la version française.

En ce qui concerne la poésie, j’ai toujours aimé écrire... 23


부성애

Seopyeonje

Noémi MILJEVIC 어제 노래를 불렀다 아버지가 나한테 가르쳤다 동생도 여기서 있었어 힘들어도 재미있었어

오늘은 노래를 부른다 아버지가 행복하게 하니까 잠깐만 동생이 어디로 간다 이제는 나는 노래하지 싫다

내일은 난 못 보겠다 아버지 때문이잖아 그래도 노래하겠다 우리 아버지를 보고 싶으니까 우리 아버지를 사랑하니까 부성애, Noémi MIJLEVIC

Poème

Seopyeonje

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Noémi MILJEVIC

부성애 Hier, j’ai chanté une chanson C’est mon père qui me l’a apprise Mon frère était là également C’était difficile oui, mais c’était amusant Aujourd’hui, je chante une chanson Car cela rend mon père heureux Attendez, mon frère va quelque part A présent, je ne veux plus chanter Demain, je ne pourrai plus voir Vous savez bien, c’est à cause de mon père Quand bien-même, je chanterai Parce que mon père me manque, Parce que mon père, je l’aime

Noémi MILJEVIC

Amour paternel, MILJEVIC Noémi

Seopyeonje

(traduit de 부성애)

Poème

부성애

Noémi MILJ


Ĺ’uvre de Marine Bocquet - Kisaeng


Important !

Ce recueil est un projet universitaire, Ă but informatif et non lucratif.

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