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Une nouvelle vie pour la femme SantĂŠ et mĂŠnopause


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Des mêmes auteurs CHRISTIAN JAMIN Être femme à 40 ans, et après ? (Santé active Éditions, 2003) La Ménopause, avec Évelyne Drapier-Faure (Doin, 2003) Traité de gynécologie médicale, avec Bernard Blanc et Charles Sultan, (Springler, 2004) JOCELYNE RAISON Maigrir pour les nuls, avec Jane Kirby, Damien Galtier et Nicky Baker, (First, 2005) Maigrir en famille (First, 2005) La Composition corporelle : aspects physiologiques et pathologiques, avec David Elia (Flammarion Médecine, 2001)

Collection « Les livres santé France Inter » dirigée par Hélène Cardin et Danielle Messager Ce qu’il faut savoir sur les cures thermales, Astrid Charlery, 2006


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Christian Jamin et Jocelyne Raison

UNE NOUVELLE VIE POUR LA FEMME Santé et ménopause

Éditions Jacob-Duvernet


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Merci Ă Cendrine Barruyer pour son aide rĂŠdactionnelle.


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Table des matières Avant-propos

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.................................................................................................................................

COMPRENDRE

LA MÉNOPAUSE

La ménopause, une histoire d’hormones ................................................13 Les symptômes de la ménopause .......................................................................29 Bilan de la ménopause avec le gynécologue ........................................51

DÉPISTER

LES RISQUES LIÉS À LA MÉNOPAUSE

L’ostéoporose, un mal silencieux ........................................................................65 Le risque cardiovasculaire, un mal méconnu .....................................75 Le cancer, un mal redouté ..........................................................................................89

L’ART

DU BIEN-ÊTRE À LA MÉNOPAUSE

Bien dans son corps et dans son assiette ..............................................105 L’activité physique, une indispensable alliée ...................................119 Comprendre et vaincre la graisse ennemie ........................................133 Bien gérer son poids et sa forme à la ménopause ....................141

TRAITER

LA MÉNOPAUSE

THM : mode d’emploi ..............................................................................................159 La polémique du THM .............................................................................................173 THM : de la théorie à la pratique ................................................................187 Les autres traitements de la ménopause ...............................................197 Conclusion : La ménopause, une crise, de nombreux enseignements… .......................................................................209 Glossaire ..........................................................................................................................................213


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Avant-propos L’âge critique

C

ataclysme ? Simple étape naturelle de la vie ? La ménopause, qui désigne l’arrêt des règles chez la femme, est vécue par chacune de façon très différente. Ce passage inéluctable de la vie de femme féconde à celle de femme d’âge mûr a fait couler beaucoup d’encre. « Âge critique », « retour d’âge », nombreuses sont les expressions qui stigmatisent cette période. À croire que la vie se résumerait à une courbe, où la femme atteindrait le sommet de sa force et de sa séduction aux alentours de la trentaine puis, la quarantaine approchant, annoncerait son déclin et sa perte de charme prochains. Magnifiquement décrite sous la plume de Balzac, cette évolution semble inéluctable. Au début du XXe siècle, celles qui refusent ce couperet, cette loi inique, celles qui veulent continuer de plaire et de se plaire, d’aimer et d’être aimées, sont montrées du doigt. La femme respectable se doit d’accepter dans le silence et la discrétion son vieillissement. Et si l’homme de la soixantaine peut se revendiquer vert, la femme se résigne à n’être plus que l’ombre d’elle-même. Quelques décennies plus tard, Simone de Beauvoir, pourtant défenseur du « deuxième sexe », évoque la ménopause comme un « drame », une « mutilation morale ». La femme sans règles se voit « brusquement dépouillée de sa féminité ». Et la médecine, que dit-elle ? Rien ou presque… Bien que le terme « ménopause » ait été forgé par un Français, les éminences de la Faculté n’ont pas grand-chose à proposer pour soulager la femme à ce tournant important de sa vie. La méde-


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cine se contente de collationner les troubles qui l’atteignent : bouffées de chaleur, problèmes veineux, irritabilité, virilisation, hémorragies…, au risque de transformer la ménopause en une véritable « maladie ». Au risque également que la femme aborde cette période de la vie non seulement avec fatalité, mais aussi avec crainte. Le temps a fait évoluer la médecine, la société et la vie des femmes au moment de leur ménopause. Avec le déferlement des traitements hormonaux sur les États-Unis dès les années 1960, c’est une pilule de jouvence qui est proposée aux femmes d’âge mûr, leur promettant de rester feminine for ever… Le vent de libération sexuelle, soufflant pendant notre révolution soixantehuitarde, vient à son tour jouer un rôle essentiel. Les femmes se découvrent maîtres et possesseurs de leur corps, de leurs désirs et de leur fécondité. Pas question d’y renoncer, quel que soit leur âge ! Quant à l’allongement de l’espérance de vie depuis le milieu des années 1950 – la France se situe à la seconde meilleure place, juste derrière le Japon –, il donne aujourd’hui à chaque femme française la chance de pouvoir vivre encore 30 à 40 ans à partir de cette étape que représente la ménopause, voire plus, puisque l’espérance de vie continue de croître de 2 à 3 mois tous les ans. Autant d’années que chaque femme souhaitera vivre au mieux de sa forme. Pour autant, les soins apportés aux femmes ménopausées sontils optimaux, les femmes vivent-elles cette période dans la sérénité ? Y sont-elles réellement préparées ? Loin s’en faut. Si certaines s’avouent débarrassées du fardeau des règles et du « risque » de maternité, beaucoup traversent la ménopause avec anxiété. Ces dernières années, l’hypermédiatisation de quelques études sur les traitements hormonaux a semé le doute, suscité des craintes, engendré des paniques et, dans tous les cas, ébranlé les repères. Proposé à la suite de nombreux scandales médiatiques et médico-sanitaires, décrié par un principe de précaution omniprésent et quasi dictatorial, le traitement hormonal de la ménopause s’est vu cloué au pilori. La relation de confiance qui s’était construite peu à peu entre la patiente et son médecin s’est délitée. Les médecins eux-mêmes se sont affolés et n’ont plus su quoi dire, que conseiller à leurs patientes. Les femmes se sont


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alors tournées en masse vers des médecines dites « douces », jusqu’à ce que les autorités émettent des recommandations prudentes sur ces substances. Prises entre deux feux, entre des traitements que l’on sait efficaces mais que l’on soupçonne de quelques effets secondaires rares mais graves, et d’autres dont l’efficacité est loin d’être garantie et l’innocuité encore incertaine, les femmes sont perdues… La ménopause, en soi, est déjà une étape souvent difficile à franchir. Les messages contradictoires et les croyances dans l’air du temps la rendent plus délicate encore. Fort heureusement, après quelques années de troubles, la communauté scientifique s’est replongée dans ses travaux. De nouvelles études ont vu le jour, de nouveaux traitements, hormonaux ou non, sont apparus pour soulager les divers maux de la ménopause. L’émoi s’est calmé, et si la sérénité n’est pas encore totalement revenue, le corps médical retrouve ses repères, ce qui lui permet de redevenir un conseil et un soutien efficace pour les femmes. Médias, médecins, scientifiques, retrouvent désormais un langage commun et cherchent de conserve à arrimer le débat dans le réel, et non plus dans le fantasme. Si la ménopause fait entrer la femme dans un « âge critique », ce doit être au premier sens du mot grec krisis, qui préfigure, audelà du moment de crise, une transformation salutaire, une reconstruction. La vie après 50 ans est forcément différente de ce qu’elle fut auparavant. De nombreuses femmes témoignent que c’est la période la plus apaisée de leur existence. À méditer par les autres… La crise qu’a traversée le monde médical a, elle aussi, été bénéfique. Les prescripteurs se sont vus dans l’obligation de mieux comprendre les traitements qu’ils préconisent, de mieux écouter les attentes de leurs patientes pour leur proposer, en regard de leur état de santé, de leurs convictions, de leurs troubles, le traitement le plus adapté. Ce sont aujourd’hui des traitements « sur mesure » qu’offrent les praticiens. Il serait dommage que les femmes s’en privent. HÉLÈNE CARDIN et DANIELLE MESSAGER


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COMPRENDRE LA MÉNOPAUSE


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LA MÉNOPAUSE

C’EST QUOI ?

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LA MÉNOPAUSE,

UNE HISTOIRE D’HORMONES Les hormones en question

Les œstrogènes et la progestérone Les ovaires de la femme fabriquent deux hormones essentielles : les œstrogènes et la progestérone. Les œstrogènes sont sécrétés depuis la puberté jusqu’à la ménopause. Ces hormones sont notamment responsables du développement des seins et des hanches qui caractérisent la morphologie féminine. Elles interviennent aussi dans le cycle menstruel. La progestérone est fabriquée pendant la seconde partie du cycle de la femme. Si, tous les mois, un follicule se développe, c’est au milieu du cycle qu’un ovocyte s’en détache et migre vers une trompe, dans l’attente d’une fécondation éventuelle. Sous l’effet des œstrogènes, la muqueuse de l’utérus, appelée endomètre, s’épaissit. Le rôle de la progestérone est de préparer l’utérus à une éventuelle nidation, en cas de 13


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fécondation de l’ovule émis par le follicule arrivé à maturité. Sa sécrétion se déclenche juste avant l’ovulation et se poursuit pendant toute la deuxième partie du cycle. C’est la chute brutale de la sécrétion de progestérone qui déclenche les règles. Le cerveau

hypothalamus hypophyse (FSH, LH)

trompe de Fallope ovaire (œstrogènes, progestérone) utérus L'appareil génital féminin

Les hormones régulatrices du cerveau Tout ce processus se déroule sous le contrôle étroit d’une petite zone du cerveau, l’hypophyse. Celle-ci synthétise de nombreuses substances, et en particulier deux autres hormones, la FSH et la LH. La première stimule la croissance des follicules ovariens, la seconde déclenche l’ovulation. Normalement, ce système de contrôle régule parfaitement les sécrétions des hormones des ovaires. Mais les ovaires, comme tous les organes, vieillissent et, ce faisant, réagissent moins bien aux stimulations des hormones hypophysaires. Et moins les ovaires réagissent, 14


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plus l’hypophyse produit de FSH pour les stimuler. Le système qui permettait un bon équilibre entre les hormones se grippe. Les hormones féminines, œstrogènes et progestérone, sont sécrétées de façon plus aléatoire, les cycles deviennent irréguliers : c’est l’entrée dans la périménopause.

Un bouleversement hormonal parfois redouté par la femme Faut-il avoir peur de la ménopause ? Si l’on en croit les témoignages de patientes, ce moment est souvent redouté. À la fois en raison des désagréments qu’il induit, mais aussi parce que sa signification symbolique est lourde de sens pour nombre d’entre elles. L’âge de la première grossesse reculant de plus en plus, il n’est pas rare que les premiers symptômes de la périménopause coïncident avec l’apparition des règles chez ses propres enfants. Comme si une féminité naissante repoussait l’autre dans l’âge de la vieillesse. Du moins dans nos contrées occidentales. Les sociologues et ethnologues qui se sont penchés sur le statut de la femme d’âge mûr dans diverses sociétés ont pu montrer que, sous d’autres latitudes, la cessation des règles était un soulagement (enfin on ne craint plus de « tomber enceinte » !), voire qu’elle permettait d’acquérir un statut, une aura, une autorité, que la femme menstruée ne possède pas. Il est enfin des cultures où le phénomène passe inaperçu. Le mot « ménopause » n’existe d’ailleurs pas dans toutes les langues, loin s’en faut.

Les étapes de la ménopause La ménopause se définit étymologiquement comme l’arrêt des règles. En fait, elle est le miroir inverse de la puberté. La puberté se caractérise en effet le plus souvent par une installation progressive et chaotique 15


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des cycles menstruels. Des cycles plus ou moins réguliers succèdent à des périodes d’aménorrhée, l’ovulation ne se mettant en route que peu à peu. De même, aux approches de la LA FEMME FRANÇAISE ménopause, la plupart des EN QUELQUES CHIFFRES femmes voient trois étapes se • L’espérance de vie des femmes succéder.

à la naissance est, dans notre pays, de 83,5 ans et augmente de 2 à 3 mois chaque année. • Arrivée à l’âge de 50 ans, une Française a en moyenne 35 ans de vie devant elle. • En France, 400 000 femmes arrivent à l’âge de la ménopause chaque année. 10 millions de femmes environ sont ménopausées en France. • L’âge moyen de la ménopause tourne aujourd’hui autour de 51,6 ans.

Une baisse de la fécondité Tout d’abord, une baisse de la fécondité, débutant vers 35 ans environ, s’accroît aux alentours de la quarantaine. Au fil du temps, les cycles sans ovulation ou avec une ovulation de piètre qualité deviennent de plus en plus fréquents.

Des cycles plus courts

Une modification de la durée des cycles se manifeste ensuite. En général, même si chaque femme a une histoire particulière, les cycles se raccourcissent. Ils diminuent de 0,6 jour par décennie, soit deux jours environ sur l’ensemble de la période fertile. Ils peuvent aussi devenir irréguliers. C’est la période que les femmes nomment volontiers la préménopause et que le monde médical préfère appeler la périménopause. La machine hormonale se dérègle, l’équilibre entre les différentes hormones féminines est perturbé, et une kyrielle de conséquences sur le bien-être et la santé de la femme apparaît. Puis un phénomène inverse s’amorce, avec un rallongement transitoire des cycles, qui annonce l’approche de la dernière étape, celle de l’arrêt définitif des règles. 16


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Sécrétion des hormones hypophysaires au cours du cycle féminin LH FSH

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développement d'un follicule ovarien

28 jours

le follicule est devenu corps jaune ovulation

La fin des règles La cessation complète de l’activité ovarienne, caractérisée par l’arrêt des règles, ne se fait pas du jour au lendemain. Cet arrêt peut être momentanément interrompu par la réapparition sporadique d’un cycle. 17


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Les règles, entre mythe et tabou Que d’encre le sang menstruel aura-t-il fait couler ! Les plumes les plus savantes, d’Hippocrate à saint Thomas d’Aquin, en passant par Aristote ou les sages du Talmud, toutes auront tenté de percer le mystère des règles. Les uns y ont vu la « semence » de la femme, d’autres ont considéré ce liquide comme le sang nourricier destiné à entretenir la vie de l’embryon. Les uns ont recommandé les rapports sexuels pendant la période des menstrues, estimant qu’elle était la plus féconde, d’autres, à l’image des savants juifs, ont proscrit tout rapport pendant les règles et préconisé une période d’abstinence consécutive au dernier saignement. Magique ou maléfique, le sang des règles ne laisse personne indifférent. Pline l’Ancien (23-79) rapporte qu’ « une femme qui a ses règles fait aigrir le vin à son approche », que « son seul regard ternit l’éclat des miroirs, émousse le tranchant du fer, efface le brillant de l’ivoire ». Au XIXe siècle, on lie volontiers ménopause et hystérie. « La substance vénéneuse dégagée par l’utérus (les règles) provient d’une rétention et d’une corruption de matière », dit-on. Impures, sales, les règles sont le moyen d’éliminer un surplus de toxines : elles suscitent le fantasme. Leur arrêt se conjugue alors avec une retenue de ces miasmes dans le corps féminin, incapable d’évacuer les déchets qui le polluent.

Au total, l’ensemble de cette période couvre une dizaine d’années. Dont deux ou trois ans pendant lesquels le déséquilibre hormonal perturbe le bon fonctionnement du corps féminin. Certaines femmes ont le privilège de passer presque sans encombre et très rapidement d’un stade à l’autre ; un beau jour, leurs règles disparaissent pour ne plus jamais revenir. D’autres, au contraire, traversent une longue périménopause où alternent des périodes normales, des périodes à cycles courts, des aménorrhées transitoires et des périodes à cycles longs.

La certitude de la ménopause On considère habituellement qu’une femme de la cinquantaine est ménopausée lorsqu’une année entière a 18


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passé sans qu’elle ait eu de règles. La ménopause se décrète donc a posteriori. Avant cette période probatoire, pendant laquelle les règles sont encore susceptibles de revenir, on demeure dans l’incertitude. Hors quelques cas particuliers (les ménopauses précoces, les femmes hystérectomisées), les dosages hormonaux sont habituellement inopérants : pendant toute la période de la périménopause, les taux d’œstrogènes dans le sang sont en effet éminemment variables. Une femme peut donc présenter selon les jours des taux parfaitement normaux, des taux effondrés ou des taux minorés. Ce qui fait dire avec humour à certains confrères que si l’on s’en tient aux seuls dosages hormonaux, on peut affirmer d’une femme qu’elle est préménopausée un jour, en postménopause le lendemain ou pas du tout ménopausée le surlendemain. Les taux de progestérone s’effondrent et se désynchronisent plusieurs années avant que les taux d’œstrogènes chutent à leur tour. Pendant toute cette période, la

Ménopauses d’ici et d’ailleurs ■ Chez les Indiens mohave, la femme ménopausée devient un personnage

important de la tribu. Libérée du pouvoir d’enfanter, elle acquiert un autre statut : celui de sage, de femme bienveillante auprès de qui l’on va chercher réconfort et conseils. Cette aimable grand-mère est une femme comblée qui peut prendre des amants, jeunes et séduisants, à foison. ■ Les Indiens iroquois, les Mayas et bien d’autres peuples ont eux aussi hypostasié la cessation des menstrues. Sitôt que la femme est délivrée de ce fardeau, elle dispose d’un pouvoir important sur la tribu, qu’il s’agisse de la répartition de la nourriture ou de la décision de repousser un conflit guerrier par exemple. ■ Enfin de nombreuses cultures ont vu dans les règles une souillure (c’est le cas du judaïsme, où les règles sont suivies d’une période de huit jours d’impureté). Une foule de tabous et d’interdits pèse sur la femme réglée, tabous qui ne cessent qu’à la disparition des menstrues.

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muqueuse utérine peut encore proliférer sous l’effet des œstrogènes, mais l’absence du cycle de la progestérone empêche les règles de surveÀ MÉDITER nir. Le test à la progestérone « En déduisant le féminin de la peut être intéressant pour capacité maternelle, on définit dater la ménopause. Le test la femme par ce qu’elle est consiste à prescrire un progeset non par ce qu’elle choisit tatif pendant 10 jours après une période sans cycle. À son d’être. En revanche, il n’y a arrêt, si les règles surviennent, pas de définition symétrique de cela signifie que le taux d’œsl’homme, toujours appréhendé trogènes était encore suffisant par ce qu’il fait et non par ce pour assurer la prolifération qu’il est. Le recours à la biolo- de la muqueuse de l’utérus. gie ne concerne qu’elle […]. Inversement, si rien ne se Elle est d’emblée arrimée à son passe, le test est réitéré. Et si corps alors qu’il en est libéré. » après trois tests réalisés à un mois d’intervalle, aucun ne E. Badinter, Fausse route déclenche de règles, on peut (éditions Odile Jacob) en conclure que les taux d’œstrogènes résiduels de la femme sont définitivement très bas et que la ménopause est bien là.

À quel âge serai-je ménopausée si je n’ai plus d’utérus ? Les femmes chez qui l’on a dû retirer l’utérus sont un cas particulier. De très nombreuses raisons peuvent amener un médecin à proposer une semblable intervention (fibromes volumineux dans l’utérus, endométriose, saignements hémorragiques, douleurs chroniques dans le bas-ventre). Lorsque cette intervention est réalisée sur une femme de moins de 50 ans, le chirurgien choisit le plus souvent de n’enlever que l’utérus et de laisser en place les ovaires. Ceux-ci, tant qu’ils sont fonctionnels, continuent de sécréter les hormones féminines, œstrogènes et proges20


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Nous ne sommes pas des bêtes… Et si la ménopause était, comme le rire, le propre de l’espèce humaine ? Dans la plupart des espèces animales, la femelle conserve presque jusqu’à la fin de sa vie ses capacités reproductrices. Quand survient un arrêt de la fonction ovarienne, il annonce le prochain décès de l’animal. Heureusement pour nous, la femme passe plus du tiers de sa vie ménopausée !

térone. En revanche, puisqu’il n’y a plus d’utérus, il n’y a plus de règles. Pour savoir dans ce cas particulier si vous entrez en ménopause, vous ne pourrez vous baser que sur l’apparition des troubles de la périménopause comme les bouffées de chaleur, la fatigue, la sécheresse vaginale, les MÉNOPAUSES PRÉCOCES troubles urinaires, de l’humeur ET MÉNOPAUSES TARDIVES ou du sommeil. Si vous n’avez 10 à 15 % des femmes sont aucun de ces symptômes, il est ménopausées avant 45 ans. important que, au-delà de Dont 1 % qui verront leurs 50 ans, vous alliez consulter un règles s’arrêter avant 40 ans. médecin qui procédera à des On parle alors de ménopause dosages hormonaux pour savoir si vous êtes bien ménopausée. précoce. D’autres Détail à noter : ce n’est pas continueront d’avoir des cycles parce que vous n’avez plus menstruels au-delà de 55 ans : d’utérus que vous êtes préser- elles ont une ménopause vée contre les symptômes peu tardive. Ménopauses précoce confortables de la ménopause et tardive nécessitent un suivi qui sont la conséquence du médical particulier. vieillissement des ovaires et de la chute de sécrétion des hormones féminines et non d’un problème d’utérus. Il est donc essentiel pour toutes les femmes de bénéficier d’un suivi médical régulier, notamment en ce qui concerne la surveillance des seins. 21


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À quel âge survient la ménopause ? L’arrêt du fonctionnement ovarien se situe vers l’âge de 51-52 ans. Cette moyenne recouvre d’importantes disparités, puisque l’on considère comme normales les ménopauses survenant entre 40 et 58 ans. Contrairement à la puberté, dont l’âge s’est avancé au fil des générations, il semble que celui de la ménopause n’ait guère été modifié par les changements de notre mode de vie. En dehors du tabagisme qui avance l’arrêt des règles de 18 mois à deux ans et la malnutrition, il est difficile de trouver des facteurs qui agissent sur ce phénomène. On sait que la génétique joue un rôle. En revanche, le nombre de grossesses, la contraception ou l’âge de la puberté semblent ne pas interférer avec l’âge de survenue de la ménopause. De même, les stimulations ovariennes réalisées dans le cadre des procréations médicalement assistées ne paraissent pas non plus modifier cette étape de la vie de la femme.

L’activité des ovaires au fil de la vie : quelques chiffres ■ 7 millions de follicules (précurseurs des ovocytes) préexistent dans les ovaires chez le fœtus, ■ Il en demeure 1 million à la naissance, ■ 400 000 sont encore présents dans les ovaires de la jeune fille lors de la puberté, ■ 500 ovulations se produisent au cours de la vie ovarienne, ■ plusieurs centaines d’ovocytes s’autodétruisent naturellement (apoptose) à chaque cycle menstruel, ■ 35 000 follicules subsistent vers 40 ans au début de la périménopause, ■ 1 000 ovocytes résiduels peuvent encore être décomptés dans les ovaires d’une femme lorsque la ménopause survient. Pendant les cinq années qui suivent la ménopause, les ovaires continuent de sécréter de petites quantités d’hormones, notamment des androgènes (hormones masculines), et quelques-uns des follicules restants peuvent débuter un développement qui induit la production transitoire d’œstrogènes.

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Chute des hormones féminines et fertilité

Est-on encore fertile au moment de la ménopause ? Il faut savoir qu’à partir de 35 ans la fécondité diminue puis chute drastiquement au-delà de la quarantaine. Cela signifie qu’une femme qui souhaite devenir mère à cette période de la vie risque de ne pas voir son désir immédiatement accompli, voire de devoir renoncer à son projet procréatif. Nombreuses sont les femmes stériles à 38 ans, malgré des cycles tout à fait réguliers et l’absence totale de signes de la ménopause. Un conseil : si vous voulez fonder une famille, ne tardez pas trop à « La ménopause, c’est toute avoir vos enfants. Surtout si une remise en question. Tout votre propre mère a eu une change, on se dit parfois qu’on ménopause précoce ! Sachez ne va pas y arriver… Mais au que les grossesses sont souvent fur et à mesure que l’on plus compliquées quand la avance en âge, on se sent mère est plus âgée (plus de mieux dans sa tête. On apprend fausses couches, d’accoucheà prendre du recul. C’est un ments par césarienne, plus de risques d’hypertension arté- âge qui me plaît bien. rielle pendant la grossesse et de On a peut-être un peu moins diabète gestationnel, plus de d’énergie mais on sélectionne risques d’anomalies chromoso- mieux la manière d’utiliser miques pour le bébé comme la cette énergie. On ne se bat trisomie 21, plus de naissances plus pour des broutilles… » prématurées, plus de mortalité maternelle). Par ailleurs, de Laurence, 59 ans. nombreuses études prouvent que le risque de survenue d’un cancer du sein est diminué chez les femmes qui procréent plus tôt. D’un autre côté, si vous ne souhaitez pas ou plus avoir d’enfants, ne considérez pas trop rapidement que vous n’avez plus de risque d’être enceinte. Les 23


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conceptions après 45 ans sont rares mais elles existent. Elles se concluent le plus souvent par une interruption volontaire de grossesse. C’est pourquoi il ne faut pas arrêter trop tôt votre contraATTENTION, PAS DE PILULE ception mais au contraire opter • Si vous fumez pour une stratégie adaptée à • Si vous êtes diabétique votre vie intime, à votre état de • Si vous êtes migraineuse santé et à la présence ou non, de signes annonçant la périmé(risque plus élevé d’accident nopause.

vasculaire cérébral) • Si vous avez des antécédents familiaux précoces d’accidents coronariens ou d’accident vasculaire cérébral • Si vous avez trop de cholestérol ou de triglycérides dans le sang • Si vous êtes en surpoids • Si vous avez de l’hypertension artérielle.

La contraception en période de périménopause

À éviter : les méthodes naturelles (Ogino, méthode des températures). Vous êtes à un âge où les cycles sont de durée variable avec une alternance d’ovulations inexistantes, retardées ou avancées. Il n’est absolument plus possible pour vous de « calculer » le moment où un rapport sexuel risque d’être fécondant. Déjà très controversées pour les femmes plus jeunes et ayant des cycles réguliers, ces méthodes naturelles, trop peu fiables, sont à proscrire pour la femme de 40 ans ou plus. Sauf si l’arrivée inopinée d’un enfant dans votre couple est bienvenue ! ■ Possibles mais sous conditions : les méthodes locales. Les spermicides, les capes ou les diaphragmes présentent un intérêt à cette période particulière de la vie de la femme. Si elles ne sont pas recommandées aux femmes jeunes et très fertiles car leur taux d’échec est trop élevé, elles sont adaptées aux quadragénaires qui ont à la fois une fertilité bien moindre et des rapports sexuels moins ■

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La ménopause, une histoire d’hormones

Des arrêts des règles trompeurs La disparition des cycles menstruels ne signifie pas obligatoirement que la femme est ménopausée, surtout lorsqu’elle est jeune. L’anorexie, les régimes draconiens, la pratique intensive du sport ainsi que la grossesse sont susceptibles de provoquer un arrêt temporaire des règles. Diverses situations particulières, choc émotionnel, maladie ou prise de certains médicaments, peuvent également être responsables d’une cessation brutale des menstrues. Schématiquement, un arrêt des règles peut être soit d’origine haute ou centrale, c’est-à-dire consécutive à un dysfonctionnement au niveau du cerveau (hypophyse, hypothalamus), soit basse ou périphérique, c’est-à-dire liée à une altération des ovaires. De nombreuses investigations doivent donc être menées chez une femme jeune dont les cycles ont disparu, avant d’affirmer qu’elle est ménopausée précocement. La plupart des causes d’arrêt des règles sont d’origine cérébrale. La ménopause, elle, est un phénomène naturel dû à un vieillissement des ovaires.

fréquents. À noter que les spermicides présentent divers avantages, notamment celui de lubrifier le vagin, ce qui peut être intéressant si vous souffrez de sécheresse vaginale, et qu’ils ont une action antiseptique. ■ Fiable mais pas toujours facile à utiliser : le préservatif. On ne reviendra pas sur la nécessité du préservatif pour lutter contre les infections sexuellement transmissibles. En ce qui concerne la contraception, le préservatif qui se révèle notoirement insuffisant pour les femmes jeunes hyperfertiles est adapté à la période de la périménopause. Il présente une innocuité totale, sauf pour les personnes souffrant d’allergie au latex. Ces allergies concernent en moyenne entre 0,4 et 0,8 % de la population (il existe néanmoins des préservatifs sans latex en silicone ou polyuréthanne, ou encore fabriqués en latex déprotéinisé). Petit hiatus : si votre partenaire souffre de difficultés érectiles, la mise en place du préservatif peut être laborieuse. Si, à l’inverse, il tend à être éjaculateur 25


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précoce, le préservatif permettra, pour votre bénéfice à tous deux, une érection plus durable. ■ Très conseillé : le stérilet (dispositif intra-utérin). C’est la méthode de choix pour les femmes de plus de 35 ans, ayant eu le nombre d’enfants DES OVAIRES SOUS DÉPENDANCE qu’elles désiraient, et ayant une Comment fonctionne la pilule ? vie amoureuse stable (il vaut Son principe repose sur le mieux l’éviter lorsque l’on mul« rétrocontrôle » des hormones tiplie les partenaires). Si les stéféminines (les œstrogènes et la rilets au cuivre provoquent des progestérone) sur l’hypophyse. saignements importants, ceux imprégnés de progestatifs ont La pilule apporte au corps des l’effet contraire. Ils sont partihormones synthétiques. culièrement bienvenus pour les Du coup, l’hypophyse, qui femmes qui, en périménodétecte la présence de ces pause, sont victimes de règles hormones, freine ses propres très abondantes. Attention ! La sécrétions. La mécanique qui périménopause correspondant devrait réguler l’ovulation est à l’âge où l’on peut utiliser des alors mise en sommeil… progestatifs pour traiter les tensions mammaires, le dispositif intra-utérin associé à la prise de progestatifs peut entraîner des saignements. ■ Idéale pour certaines femmes et contre-indiquée pour d’autres : la pilule. Si vous êtes en bonne santé, si vous n’êtes pas fumeuse et si vous ne présentez pas de risque cardiovasculaire, les pilules et l’anneau œstroprogestatif minidosés ne sont plus contre-indiqués. Ils peuvent même être recommandés dans certains cas si vos cycles menstruels sont très perturbés, si vous avez des règles trop abondantes, ou encore si vous avez des antécédents familiaux de ménopause précoce, d’ostéoporose ou de cancer de l’endomètre ou de l’ovaire. Quant aux pilules microprogestatives, elles ne présentent pas de risque particulier pour la femme de 40 ans et 26


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plus, mais elles favorisent la survenue de petits saignements intermittents. Enfin certaines pilules progestatives normodosées peuvent vous être prescrites par votre médecin. Mais ce sera à titre thérapeutique, pour soulager certains troubles gynécologiques courants en périménopause, tels que les douleurs dans les seins ou l’hyperplasie de l’endomètre (développement trop important de la muqueuse utérine). ■ La méthode Essure. Vous pouvez encore choisir le recours à une méthode de stérilisation définitive. Une nouvelle technique est disponible, la méthode Essure, qui utilise un dispositif obstruant définitivement les trompes.


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LES SYMPTÔMES DE LA MÉNOPAUSE Parfois, aucun symptôme manifeste ne vient perturber la vie de la femme « Je n’ai jamais fait particulièrement attention à la date de mes règles, et comme je suis sous stérilet depuis longtemps, la question des périodes fécondes et infécondes ne m’intéresse pas plus que cela. Quand mes règles ont-elles cessé ? Je ne saurais plus le dire. Mais un jour j’ai pris conscience que cela faisait un moment qu’elles n’étaient plus arrivées. » Quelques femmes bénéficient du privilège d’une ménopause rapide, asymptomatique, sans signe précurseur. Un beau jour, leurs règles disparaissent. Elles sont entrées en ménopause. D’autres, notamment les femmes sous pilule, entretiennent des cycles réguliers artificiels. À l’arrêt du traitement contraceptif, leurs règles ne reviennent pas, signe que la ménopause est déjà survenue, sans qu’elles s’en soient aperçues. Mais pour une grande majorité de femmes, la ménopause est précédée d’une période d’incertitude plus ou moins longue, période pendant laquelle le flux sanguin est irrégulier en quantité et en qualité, et où les cycles se suivent et ne se ressemblent pas, certains étant anormalement 29


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