Le Tour se joue à l'Alpes d'Huez

Page 1

montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 3

LE TOUR SE JOUE À L’ALPE D’HUEZ


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 4

DU MÊME AUTEUR

Vous et le Vélo, Larousse, 1989. La grande guida al ciclismo, Vallardi industrie grafiche, Édition Italienne, 1992. Manual Tutor del ciclismo, Tutor SA, Édition espagnole, 1992. Le grand roman de l’Alpe d’Huez, Romillat, 1995. Le Tour se gagne à l’Alpe d’Huez, Mango, 2003. Le vélo en tête, Romillat, 1999. Richard Virenque, plus fort qu’avant, Robert Laffont, 2002. The Tour is Won on the Alpe: Alpe d’Huez and the classic battles of the Tour de France, Velopress, Édition américaine, 2008.

Une première version de ce texte a été publié aux éditions Romillat en 1995 et chez Mango Sport en 2003.

© Éditions Jacob-Duvernet, Paris, 2008


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 5

JEAN-PAUL VESPINI

LE TOUR SE JOUE À L’ALPE D’HUEZ

Éditions Jacob-Duvernet


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 6


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 7

Sommaire Préface de Bernard Thévenet ........................................................................11 Prologue ...................................................................................................... 13 I. Naissance d’un mythe .................................................................... 19 II. 1952 : Fausto Coppi monte au ciel ................................................ 29 III. 1976 : Zoetemelk inaugure la « montagne hollandaise » .............. 41 IV. 1977 : Thévenet n’arrive plus à monter les escaliers ..................... 51 V. 1978 : Pollentier ou l’histoire du crapaud et de la poire ................ 61 VI. 1979 : Deux montées pour le prix d’une ....................................... 71 VII. 1981 : « Poil de carotte » devance le « Blaireau » ........................ 79 VIII. 1982 : Beat Breu sur les traces de Charly Gaul ............................. 85 IX. 1983 : Winnen mate l’insurrection du « Chouan » ........................ 91 X. 1984 : Le chemin de croix d’Hinault...............................................99 XI 1986 : Hinault et LeMond .................................................................. s’échangent l’Alpe contre le Tour..................................................107 XII. 1987 : Delgado enflamme l’Espagne ...........................................117 XIII. 1988 : Steven Rooks sourit enfin .................................................123 XIV. 1989 : Theunisse, le futur banni de l’Alpe ...................................131 XV. 1990 : Le dernier jour de gloire de Pensec ...................................139 XVI. 1991: Le début de l’Indu... règne ! ..............................................147 XVII. 1992 : Chiappucci écrase Bugno ..................................................153 XVIII. 1994 : Richard Virenque défie « Elefantino » ..............................159 XIX. 1995 : Duel à distance Pantani-Indurain........................................167 XX. 1997 : Le pirate seul aux commandes ..........................................175 XXI. 1999 : Le retour d’Armstrong « le miraculé » .............................183 XXII. 2001 : Armstrong joue au poker-menteur .....................................191 XXIII. 2003 : Armstrong contre le mauvais sort .....................................199 XXIV. 2004 : Armstrong cherche ses adversaires ...................................209 XXV. 2006 : Landis sur les traces d’Armstrong ....................................219 Annexe 1 - Le palmarès des 25 montées de l’Alpe d’Huez ......................233 Annexe 2 - Les statistiques ........................................................................245


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 8


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 9

À Fabrice et Vivien, mes enfants, qui ont appris à skier sur les pentes de l’Alpe d’Huez, leur sommet d’enfance.

« Gagner à l’Alpe d’Huez a le même retentissement pour nous que remporter le championnat du monde. » Arie Janssens, public-relations de l’équipe PDM, juillet 1988. L’Équipe « Je n’échangerais pas ma victoire à l’Alpe d’Huez contre un titre de champion du monde. » Andrew dit « Andy », Hampsten, 1992


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 10


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 11

Préface

J’aime la montée de l’Alpe d’Huez, et pourtant je devrais la détester. En effet, c’est sur ses pentes qu’en 1977, comme vous le lirez dans ce livre, j’ai connu la plus grande souffrance de ma carrière pour sauver mon maillot jaune. J’ai tellement eu mal aux jambes que je n’arrivais plus à marcher. J’aimerais que le public réalise jusqu’à quel degré de douleurs un coureur est capable de résister pour s’affirmer et aller jusqu’au bout de ses rêves. L’Alpe d’Huez, grâce à la télévision, est devenue la montée la plus médiatisée, l’étape que tous le coureurs (enfin ceux qui grimpent !) désirent remporter. Jamais dans l’histoire du Tour une étape n’avait autant compté, on le mesure à la fébrilité des coureurs le matin avant le départ, on comprend que ce n’est pas qu’une étape de montagne qui s’annonce. L’Alpe d’Huez mêle à l’intérêt de la course le prestige de sa renommée, elle annonce un festival de cannes, un jeu de jambes et de regards, grossi, amplifié, décortiqué, par l’objectif indiscret de la caméra. Son histoire a façonné au fil des ans une légende moderne, celle d’un gigantesque combat que se livrent inévitablement les coureurs, un combat où le Tour s’y joue souvent. Dès lors cette étape surclasse les autres, pourtant également très difficiles, comme si l’Alpe d’Huez correspondait à une finale de la 11


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 12

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

coupe du Monde et les autres ascensions à des rencontres de championnat ! J’aime l’Alpe d’Huez : je l’ai escaladée trois fois, en 1976 e (8 ), en 1977 (2e) et en 1981 lors de mon dernier Tour. J’aurais pu la gravir une quatrième fois en 78, mais malade j’ai dû quitter le Tour dans les Pyrénées. Mais je dois avouer que ce n’est pas la montée la plus dure. Le Glandon ou le Granon me paraissent plus difficiles, mais leur prestige, inférieur, incite moins à s’y étriper. Je me souviens qu’en 1990, pour la première victoire de Gianni Bugno, je pilotais la voiture du Provençal. Jean-Paul Vespini se tenait à l’arrière, pour son premier Tour il ouvrait grand ses yeux. Nous étions au cœur de la course. Dans ces moments d’exaltations, l’inspiration nous souffla l’idée d’une hagiographie sur l’Alpe d’Huez. La voilà… Bernard Thévenet

12


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 13

Prologue

Le sommet du vélo Le Tour et l’Alpe d’Huez. Ils sont aujourd’hui inséparables, unis dans la même légende. À tel point que cette osmose dépasse la simple situation géographique. Si on n’imagine pas traverser les Pyrénées sans gravir l’Aubisque, si on se refuse à passer les Alpes sans franchir le Galibier, l’ascension de l’Alpe d’Huez ne se limite pas à ce cadre. Elle place la barre tout en haut, dans le concept même du Tour. Dès lors, on ne parle pas des Alpes avec (ou sans) l’Alpe d’Huez, mais bel et bien du Tour de France avec (ou sans) la montée de l’Alpe d’Huez. La différence est de taille. Les sommets d’une autre époque, vénérables ancêtres, gardent tout notre respect. Mais ils s’intègrent essentiellement dans leur région, à l’exception peut-être du Ventoux, au regard traître. Désormais, ces hauts lieux stratégiques, vestiges d’une époque et d’exploits passés, avalés en peloton groupé ou presque, s’effacent devant l’Alpe d’Huez. Les grandes passions sont longues à se dévoiler. En 1952, lorsque pour la première fois de toute son histoire le Tour de France fit étape au sommet d’une montagne, en haut des alpages d’Huez, personne ne pouvait deviner que le monde du vélo venait de trouver son Compostelle, son Maracanã, sa référence. 13


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 14

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

Le temple du cyclisme moderne Curieusement, cette ascension dominée par le « campionissimo » Fausto Coppi, qui endosse le maillot jaune après une démonstration éblouissante, passe pratiquement inaperçue. Il se trouve même quelques (mauvaises) plumes pour oser écrire que les organisateurs sont fous de proposer aux coureurs un pareil itinéraire! Et pourtant, sans le savoir, le Tour venait de creuser les premières fondations de son temple du cycliste moderne. Au lendemain du Tour 1952, les coureurs et les organisateurs oublièrent l’Alpe d’Huez pendant dix-huit ans, autant dire une majorité. Puis, en 1976, enfin, l’Alpe d’Huez revint à nouveau, et cette fois-ci son ascension conquit les foules et les cœurs. Ce fut comme une révélation, toute la planète cycliste parla alors de cette montée en balcon en forme de pièce montée, aux virages numérotés. Depuis, on l’appelle familièrement la montée de l’Alpe... On n’imagine plus le Tour sans elle, comme la Coupe du monde de ski sans son Kizbüel, ou la formule 1 sans « le » Monaco. Il existe une explication à cette étrange dévotion. Cette ascension fascine. Les coureurs viennent y conquérir leur Graal. Gagner là-haut, pour beaucoup, c’est plus qu’un titre de champion du monde ou un maillot jaune. Ils y côtoient le paradis, et dans leur dépassement se rapprochent de Dieu. Autrefois, le champion entrait seul dans la Casse Déserte du prestigieux Izoard. Aujourd’hui, il vise la victoire là-haut, dans la roue de Coppi, le précurseur. L’Alpe d’Huez est devenu le passage obligé, l’étape-clef, la grimpée-reine, le jour stratégique où le Tour se gagne ou se perd. Voilà le vrai succès de l’Alpe : c’est une montée qui délivre un verdict, une sorte de « jugement de Dieu », sentence populaire du Moyen Âge, dont Henri Troyat, qui aimait le Tour « d’affection profonde », puisa l’inspiration d’un roman. Combien sont-ils à s’être imposé tout en haut de l’Alpe d’Huez et à avoir remporté le Tour la même année ? En vingt-cinq éditions (ce sera la 26e montée cette année), ils ne sont que deux coureurs : Fausto Coppi en 1952, pour la première ascension, et Lance Armstrong en 2001 et 2004. 14


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 15

Prologue

Est-ce pour autant que l’Alpe d’Huez ne choisit pas le futur vainqueur du Tour ? Bien sûr que non. Il faut, pour évaluer le poids de cette ascension dans la victoire finale, se tourner du côté du maillot jaune. Et là, on constate que sur vingt-cinq éditions, le vainqueur du Tour était à dix-huit reprises en jaune le soir de l’étape de l’Alpe d’Huez. Au prix d’efforts dépassant souvent leur volonté, les vainqueurs du Tour viennent y sauver ou consolider leur tunique « yellow ». N’est-ce pas la preuve d’une ascension clef ? D’autant que l’on peut également démontrer que si l’on ne gagne pas à coup sûr le Tour à l’Alpe d’Huez, c’est certainement là-haut que l’on peut le perdre ! Chaque année – à neuf exceptions près depuis 1976 –, le Tour y déroule donc son grand show télévisé. D’ailleurs, la télé y fit ses débuts en 1952 et comprit très vite, à l’époque moderne, qu’en diffusant en direct cette bataille spectaculaire sur cet immense sablier, elle augmentait furieusement son audimat !

La « montagne des Hollandais » L’Alpe d’Huez, on l’appelle la plate-forme d’Huez, la muraille de l’Oisans, le temple montagnard, en haut duquel d’ailleurs, une splendide église de bois et de béton a accueilli pendant longtemps les journalistes, dans une salle de presse improvisée. On y organisa même un match de boxe, à l’époque où elle n’était pas encore terminée ! On la surnomme aussi la « montagne des Hollandais », non pas parce que là-haut le curé était un Néerlandais, mais plutôt parce que les coureurs du plat pays, paradoxalement, s’y sont particulièrement distingués au début de l’ère moderne. Six victoires (de 1976 à 1983), huit vainqueurs au total sur vingt-cinq ascensions, c’est pourtant peu pour justifier cette appellation. Comment donc expliquer cette mystérieuse alchimie entre les bataves et l’Alpe ? Elle se fonde tout naturellement dans ses balbutiements : à partir de 1976, alors que la montée de l’Alpe d’Huez s’inscrivait régulièrement au fil des éditions du Tour, les coureurs Hollandais (Zoetemelk, Kuiper, 15


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 16

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

Winnen, Rooks, Theunisse) se découvraient des ailes pour ce sommet. Ils prenaient une sacrée revanche – et tout un peuple avec eux – sur la platitude de leur pays, et démontraient fièrement qu’ils ne savaient pas seulement tourner les ailes de leurs moulins à vent ! On peut rire de ça, mais la métaphore révèle parfaitement leur ambition cachée : s’élever, prendre de la hauteur, dominer enfin les autres sur ce juge de paix ! Engouement de leurs supporters, leur passion, les poussèrent jusqu’à envahir les virages de l’Alpe d’Huez, plusieurs jours avant la course. Un véritable pèlerinage, aujourd’hui encore suivi par des milliers de fidèles venus de tous les pays, transforme l’Alpe en tour de Babel cycliste. La nuit, des centaines de voitures, de campingcars ou de motos se posent sur les lacets afin de s’emparer des meilleures places. Dans les faisceaux blanchâtres des phares, les plus chauvins tracent sur l’asphalte les lettres de leurs vedettes préférées. Drôle de ballet que ces fourmis humaines, de toutes nationalités, occupées à badigeonner la route, dans une même communion de pensée : « ILS passeront là. » Certains ont délimité leur territoire par des panonceaux, souvent proportionnels à l’admiration qu’ils portent pour leur champion ! Ils assurent par ce moyen de bien garder leur place. Ici, sur les vingt et un lacets, chaque courbe mériterait un guide. Virage 16 : à la Garde. Un replat permet de les voir récupérer. Virage 8 : une immense inscription dans la pierre donne le ton : « Holland », Ambiance assurée ! Virage 7 : à l’entrée d’Huez, là où le petit cimetière s’élève sur la gauche. La vue est idéale sur la pente à 8 %. Dans ces « trois étoiles », les places sont chères. C’est là qu’on LES voit le mieux... Ces fiers supporters prolongent la nuit et anticipent la fureur du lendemain.

Pantani : « Je grimpais en tête sans voir la route. C’est le public qui me guidait. » Ici, le pèlerin cycliste entre dans son sanctuaire. Combien seront-ils le lendemain à vibrer, à hurler au passage 16


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 17

Prologue

des coureurs ? 200 000, voire 300 000 lorsque le plus grand stade du monde, ce chaudron surchauffé, s’enflammera. Alors, de virage en virage, la foule scandera le nom du premier, de l’heureux élu, comme jadis les cavaliers de Kessel acclamaient les Tchopendoz, valeureux combattants du Bouzkachi... Alors, l’Alpe bouillonne, les yeux s’illuminent à la recherche du coureur, d’un indice sur sa pédalée, les voitures suiveuses klaxonnent inlassablement pour éloigner les imprudents – ah les impies qui s’aventurent sur le chemin de gloire des champions –, l’Alpe cri, hurle, gesticule, s’égosille. Le grand spectacle multicolore célèbre la montagne en un rite cycliste transformé en mythe. Laissez les hommes saluer ces moments d’épopée cycliste. Laissez les champions s’imprégner de ce délire, y puiser une force supplémentaire, pour se hisser au sommet. Laissez les coureurs évoquer la montée de l’Alpe d’Huez. Marco Pantani, double vainqueur en 1995 et 1997 : « Je grimpais en tête sans voir la route. C’est le public qui me guidait. Il me suffisait d’entendre les supporters qui, mètre après mètre, te regardent et s’écartent pour te laisser passer dans un mince filet. Ils te montrent ta trajectoire. En 1995, j’ai fait toute la montée sans même voir le goudron, je n’avais devant moi que les gens qui hurlaient, des milliers de personnes qui m’acclamaient, je montais comme un aveugle au milieu de cette mer qui s’ouvrait devant moi... » (1) Andy Hampsten, vainqueur en haut de l’Alpe en 1992 : « Les gens ne se dégageaient qu’au dernier moment. J’avais l’impression de rouler à soixante à l’heure. Cette impression de passer dans un petit trou dans le public, émotionnellement c’est la plus belle chose que j’ai vue dans ma vie. » (2) Comment donc décortiquer les éléments de cette grand’messe cycliste ? Le lieu d’ abord. Une route en lacets de 14 km avec un dénivelé d’enfer, 800 m à Bourg d’Oisans, 1 860 m au sommet. La route s’élève régulièrement de 8 % en moyenne, de près de 50 m entre chaque virage. Une pente raide, terrible dès qu’on l’aborde 17


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 18

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

après avoir franchi en bas le pont de la Romanche, présentant des portions à 14 % avant le hameau de La Garde. Début du voyage en enfer pour les sans-grade. Vingt et un virages numérotés, quelle belle idée ! Les virages numérotés, ensuite. Une idée géniale: elle décompte le temps, fixe un compte à rebours, magnifie le suspense. Depuis quelques années s’y ajoute une notion nouvelle, proche de celle du record de l’heure : le temps du vainqueur. Entre Pantani et Armstrong, la lutte a toujours été serrée... (3) L’histoire aussi. Les montées de l’Alpe se traduisent à chaque fois par de nombreux rebondissements : des défaillances, celle de Merckx, assoiffé, de Jean-François Bernard, vidé, de Bugno à l’agonie ; des exploits, celui d’Agostinho, bison en furie, de Pensec, survolté par le maillot jaune, d’Hampsten aux anges, de Fignon, hautain ; des drames, la chute de Van Impe renversé par une voiture, la tricherie de Pollentier, l’arrivée hors délais de Leblanc, épuisé, la fin d’Eddy Merckx ; des sacres, l’envolée aérienne du Colombien Herrera, le « one man show » d’Hinault et LeMond, main dans la main, le sursaut d’orgueil de Zoetemelk... L’Alpe d’Huez, terre d’émotions, de sacrifices : le Hollandais Theunisse y vint se ressourcer et s’imposa cette ascension plusieurs fois par jour comme une pénitence pour retrouver la forme après sa mise à l’écart. Il la gravit près de quatre-vingts fois en quelques jours. (4) Tous les regards sont tournés en juillet vers cette étape .de rêve. Et lorsque, par hasard, les organisateurs décident, inconsciemment, de la supprimer une année, comme en 1993, les contestataires font plus de bruit que lorsque la chaîne des Pyrénées toute entière fut gommée du tracé du Tour, en 1992 ! On ne touche pas à l’Alpe. Elle est irremplaçable. En 1993, pour l’arrivée à Isola 2000, les vingt-neuf virages avaient été numérotés et baptisés du nom d’un champion, pour plagier l’Alpe d’Huez, absente cette année-là. Cela n’a pas laissé de traces.

18


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 19

CHAPITRE I

Naissance d’un mythe

On l’appelle « Le Cognet ». C’est, en 1930, une vieille grange posée tout en haut des pâturages. Les gens du pays d’Huez en sont très fiers. Tout là-haut, sur l’alpage d’Huez (d’où le nom d’Alpe d’Huez), Maurice Rajon, le premier habitant de la future station de ski, vit entre ces cloisons de bois et la montagne. « Le Cognet », c’est le chalet du Touring-Club de France, les premiers pas du tourisme, bientôt l’avenir assuré pour la future grande station de l’Oisans. Plus tard, Maurice (5) deviendra tout naturellement hôtelier et créera son établissement, Le bel Alpe, en 1933. Déjà à cette époque, l’Alpe d’Huez joue la carte d’une station d’hiver. Elle doit sa réputation aux services offerts par le Grand hôtel (60 chambres), qualifié de « Palace des Alpes ». Pour Maurice Rajon, c’est le début d’une vocation et d’une belle lignée. Son fils, Georges, suit la voix tracée par son père – comme ses deux sœurs – et construisit, quelques années plus tard, l’hôtel Christina – du nom de sa fille – au pied des futures pistes. Or, l’histoire du Tour de France et de l’Alpe d’Huez se confond avec les débuts du développement de la station, dans lequel Georges Rajon est l’un des principaux acteurs. Si vous allez à l’Alpe d’Huez et demandez à l’improviste à un habitant où se trouve son chalet, reconnaissable aux trophées de chasse exposés au-dessus du balcon, vous pouvez être sûr qu’on vous renseignera sur-le-champ. 19


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 20

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

Cet homme à la santé de fer, taillé pour être bûcheron, adore « sa » station, pour laquelle il a toujours œuvré à son développement. Il aurait pu être maire, c’est sûr, mais se contenta d’un mandat de conseiller municipal, de 1959 à 1965. « Je n’ai jamais su être diplomate », confie-t-il, « j’ai trop l’habitude de parler directement et sans retenue. »

Georges Rajon, l’hôtelier des champions Peut-être. Mais ils sont nombreux ceux qui croient que Georges Rajon a été maire de l’Alpe. À commencer par Élie Wermelinger, décédé à la fin de l’année 1993, ancien commissaire général du Tour, l’homme chargé de reconnaître en éclaireur le parcours de la Grande Boucle. Lorsqu’il évoquait sa première rencontre avec Georges Rajon et sa première ascension de l’Alpe d’Huez, voici ce qu’il disait : « Nous étions à bord d’une DynaPanhard pilotée par Renard, concurrent du Tour en 1911. À la sortie de Bourg d’Oisans, nous avons mis les chaînes, là-haut le maire de l’Alpe, Rajon, nous attendait... » (6) Non, Georges Rajon, n’était pas le maire de l’Alpe ! Simplement, il a toujours aimé « sa station » et joué un rôle très important dans la venue du Tour en haut de la station, et dans son renom. En 1952, pour la première édition, il est l’ardoisier et inscrit sur un tableau placé près de l’arrivée les noms des concurrents au fur et à mesure qu’ils passent la ligne. Il aime le sport en général, avec une préférence pour le vélo et ses statistiques - certaines notées à la va-vite sur son répertoire téléphonique – et le ski – en 1945, il était membre de l’équipe de France de ski, il rata son départ pour l’Autriche à cause d’une jambe cassée, dans le slalom de Val d’Isère, quelques jours auparavant.

Le Tour à l’Alpe : l’idée d’un artisan-peintre Doté d’une mémoire fidèle et capable de tenir en haleine toute une tablée par son art de raconter, il offre une source d’informa20


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 21

Naissance d’un mythe

tions d’une grande richesse pour l’écrivain et le journaliste. Ah ! les soirées d’étape passées autour de plusieurs verres avec Georges en compagnie de quelques suiveurs privilégiés, au salon du Christina ! Quel contraste avec les coureurs silencieux, méticuleux, presque concentrés, attablés avant le repos bienfaiteur. Ce roman de l’Alpe d’Huez, que vous tenez entre les mains, n’aurait pas eu la même saveur sans les confidences de ce fidèle de l’Alpe. C’est d’ailleurs avec talent que le chansonnier Roger Comte, séduit lui aussi par l’Alpe, recueillit ses confidences et anecdotes (7), ainsi que celles d’autres villageois. Son hôtel est devenu depuis la première ascension le rendezvous des meilleures équipes de vélo, le soir de l’étape. En 1952, c’est chez lui, que logent Coppi, Bartali et Robic, En 1978, Georges Rajon secoue de nombreux journalistes en leur annonçant la disqualification de Pollentier, alors que tous les journaux ont déjà reçu la copie de leurs envoyés spéciaux. Et chacun de repartir à la chasse aux infos. Merci pour eux, Georges ! Dans son hôtel, j’y ai vu, en 1992, Greg LeMond, frappé d’un grand désarroi après son abandon, rejoindre ses équipiers dans la grande salle à manger et partager quelques minutes avec eux – soutenu moralement par Roger Legeay, son directeur sportif –, alors que des dizaines de badauds frigorifiés, – il pleuvait ce jourlà –, le nez collé contre les vitres, tentaient de l’apercevoir. Hôtelier par vocation, c’est sûr, Georges a largement contribué au développement de l’Alpe. Il est également, durant vingt ans, le président des remontées mécaniques – la Sata, Société d’aménagement touristique de l’Alpe d’Huez –, et pendant vingt-six ans le président du club omnisports. Très impliqué dans la vie et le développement de la station, Georges est présent à Innsbruck, impatient d’entendre, lors de l’annonce des Jeux olympiques de 1968, confiés à Grenoble, quelle épreuve serait attribuée à l’Alpe. Ce sera le bobsleigh. Ce chasseur-pêcheur-bourlingueur, qui a écumé toutes les mers, a mené une vie sensationnelle, mêlée de passions et de satisfactions. L’hôtellerie lui a permis de belles rencontres, avec 21


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 22

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

des personnages, essentiellement des sportifs, admirés et enviés. Elle lui a beaucoup donné. Il lui a rendu le change par ses initiatives et son dévouement. Le Tour de France serait de l’aventure. « C’est Jean Barbaglia », aujourd’hui décédé, affirme Georges Rajon, « qui eut l’idée de faire monter le Tour ici ». Un artisanpeintre de Bourg-d’Oisans, passionné de sport et de cyclisme en particulier, qui connaissait le commissaire général du Tour, M. Élie Wermelinger.

La première arrivée en altitude Les deux amis - Georges et Jean- évoquent cette possibilité qui plaît au représentant du Tour. Homme d’une grande culture, il rédige encore, en 1993, son fameux guide touristique très riche et si pratique pour les suiveurs, qui se l’arrachent, le Petit Wermelinger, publié pour la première fois en... 1952, l’année de la première étape de l’Alpe d’Huez. Un guide qui fait écrire au directeur du Tour, Jacques Goddet : « Beaucoup de confrères se montrent heureux de puiser là, au profit de leurs lecteurs, le détail documentaire, la citation qui se placent opportunément au beau milieu du texte de l’article pour épater quelque peu le client par son érudition... N’ai-je pas, moimême également, utilisé abondamment le savoir et l’esprit de mon fidèle collaborateur... » (8) Le Tour de France en haut de l’Alpe ? Imaginez l’engouement que l’idée suscite, alors que jamais encore une étape ne s’est terminée en pleine montagne ! Effectivement, l’Alpe d’Huez sera dans l’histoire de la Grande Boucle la première arrivée jugée au sommet. Avant le Puy-de-Dôme. L’idée va faire son chemin chez les hôteliers, les premiers à véritablement comprendre la portée du Tour et l’impact sur l’avenir de la station et des sports d’hiver. Ces derniers, très vite, réalisent que la Grande Boucle leur offre l’occasion unique de mieux « vendre » leur si chère et si belle station. Le Tour ne draine pourtant pas encore le déferlement médiatique d’aujourd’hui, mais vitrine magique, il passionne déjà la 22


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 23

Naissance d’un mythe

France entière, l’oreille collée derrière son transistor pour mieux entendre les commentaires de Georges Briquet à la Radio Française ou Alex Virot sur Radio Luxembourg. L’Alpe dispose d’un équipement hôtelier suffisant. Une aubaine pour le Tour. En effet, en 1952, à l’Alpe d’Huez, la neige attire déjà du beau monde. Plus d’une trentaine d’hôtels équipent la station qui file vers sa majorité, puisque l’année suivante elle a fêté son dix-huitième anniversaire. À partir de 1935, l’Alpe a joué la carte d’une station d’hiver. Elle doit alors sa réputation aux services offerts par le Grand Hôtel, lequel connaît un essor prometteur pour le plus grand bonheur des autres hôteliers et restaurateurs. Parmi ces splendides établissements, se trouvent également l’hôtel Bel Alpe – appartenant au père de Georges Rajon –, celui des Trois Dauphins, le Christina, l’hôtel que Georges vient de construire sur les hauteurs de la station, et l’Edelweiss. À l’hôtel de la Ménandière – devenu aujourd’hui un restaurant avec piano-bar –, créé en 1947, les chambres Pullman, le confort et l’ambiance qui y règnent certains soirs séduisent les plus grands. Darry Cowl, Charles Aznavour, Liz Taylor, tout le show-bizz ou presque y séjourne. Le président de la République de l’époque, Albert Lebrun, déjeune à l’Ours Blanc, chez le célèbre chef cuisiner du Grand Véfour, Raymond Oliver, celui-là même qui enseignera, quelques années plus tard, la cuisine à des millions de téléspectatrices. Jean Monnet (9), le père de l’Europe, vient régulièrement à l’Alpe, comme de nombreux artistes. Il aime particulièrement le Chalet refuge du Dôme, où il s’isole loin de la foule. Très vite les paysans d’Huez, conscients de cet atout, en bons opportunistes, transforment leurs chalets en petits hôtels familiaux bien sympathiques.

Des crédits détournés Et puis la station bénéficie d’une route merveilleuse, un boulevard comparé aux chemins meurtriers des Pyrénées. Ah ! la route de l’Alpe ; elle mériterait un chapitre à elle seule. Il n’existait qu’un chemin muletier jusqu’en 1881, révèlent les documents 23


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 24

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

communaux. Dans les années 30, une bande de terre assez étroite, à peine 2,50 m, conduisait du hameau d’Huez jusqu’au sommet de l’Alpe – en fait la route était plus large, d’environ 4 m, de Bourg d’Oisans jusqu’au village d’Huez. Pas suffisant pour développer les sports d’hiver, et surtout pour accueillir le Tour. Au début des années 50, les Français ne connaissent pas encore l’engouement pour les sports d’hiver. Rappelez-vous : Eisenhower accède à la présidence des États-Unis, le drame de la famille Drummond, près de Lurs, dans les Alpes de HauteProvence, devient, plus de trente ans après, 1’« affaire Dominici », interprétée par Gabin, et Kopa signe la victoire de la France sur l’Allemagne au stade de Colombes ! Les skis sont encore en bois – pour la plupart – ou en Hickory, pour les plus fortunés, et les quelques stations existantes sommeillent encore sous la neige. Nous étions loin de la civilisation des loisirs, sauf pour quelques gens fortunés. Mais un certain frémissement laisse deviner, pour les plus malins, une forte croissance dans les années 60. Et, surtout, une bonne étoile veille sur l’Alpe, en la personne de Joseph Paganon (10), Né à Vourey, dans l’Isère, le 19 mars 1880, ce député de la circonscription est amoureux de ce coin, au point d’y construire un chalet. Docteur en chimie, franc-maçon, nommé ministre des Travaux publics du 31 janvier 1933 au 8 février 1934, et du 1er au 6 juin 1935, sous Raymond Daladier puis ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Pierre Laval, il est à l’origine de la construction d’une nouvelle route, large de 7 mètres. Depuis, bien sûr, elle a été agrandie de 1,50 m en 1966, avant les Jeux olympiques de Grenoble. Mais la « route de M. Paganon » existe toujours à l’entrée de l’Alpe, où elle s’élève sur la gauche, le côté que les coureurs du Tour empruntent pour rejoindre l’arrivée. « M. Paganon était un visionnaire », assure Georges Rajon. « Il avait prévu le boum des stations de ski avant l’heure. Je crois bien que pour financer la route, il avait viré des crédits, initialement prévus pour un ouvrage dans les Pyrénées, au profit de l’Alpe », se souvient-il. 24


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 25

Naissance d’un mythe

Le marché avait été partagé entre quatorze entreprises qui réussirent à tracer la route en un an, en 1935 (11). L’ingénieur des Ponts et Chaussées avait en effet formellement recommandé à chacune d’entre elles de ne réaliser qu’un kilomètre sur les quatorze au total ! Le grand boum de la station de l’Alpe d’Huez naît alors, d’autant que le premier téléski est également aménagé.

La commune n’a pas mis un sou À cette époque, la commune est administrée par M. Auguste Chalvin et elle dispose de très peu de moyens. Les affaires sont traitées de façon très familiale. « On ne peut pas payer », répond simplement le maire aux hôteliers. « Mais si vous voulez le Tour, allez-y, accueillez-le ! » Ils sont donc trois à négocier toutes les conditions, à prendre en charge totalement l’organisation : Jean Barbaglia, l’artisanpeintre à l’origine de l’idée, Georges Rajon, que l’on retrouvera à nouveau pour la seconde étape à l’Alpe en 1976, et André Quintin, alors propriétaire du fameux hôtel de la Ménandière. « Nous avions rencontré tous les commerçants et hôteliers », se souvient Georges Rajon, en leur mettant le marché entre les mains : « Vous allez payer mais vous verrez, vous gagnerez plus ! » Nous avons déboursé au total environ 2 millions de centimes (de l’époque), mais nous avions obtenu des organisateurs que le Tour reste 24 heures de plus à l’Alpe, avec la journée de repos du lendemain. La commune n’a pas mis un centime et nous nous en sommes très bien sortis. » Pour cette première édition en haut de l’Alpe, que les Hollandais ne prennent pas encore d’assaut, Fausto Coppi signe en 1952 une victoire de légende. Il faudra cependant patienter vingt-quatre ans encore avant d’assister à une seconde ascension, en 1976, et au lancement véritable de la grande histoire d’amour entre l’Alpe d’Huez et le Tour. Il manquait pourtant un élément déterminant à la magie de l’Alpe : ses virages numérotés, que Fausto Coppi n’a pas connus. Voici comment fut adoptée cette idée géniale. 25


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 26

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

Les virages numérotés : une idée yougoslave ! En 1964, Georges Rajon, comme chaque année depuis 1958, se rend en Slovénie. Passionné par la chasse au chamois, il a toujours été séduit par des vacances sportives passées au contact de la nature sauvage, loin des tracasseries administratives liées à l’hôtellerie. Enfin la détente ! Georges aime cette activité au grand air, qui offre un espace immense, presque vierge, à la recherche de l’animal convoité, semblable au premier homme traquant la bête pour calmer sa faim. En Alaska, au Canada, en Afrique, partout où sa passion combine les joies du voyage et les sensations fortes, il a tiré. Dans son salon, à l’Alpe, la peau d’un ours trône d’ailleurs magnifiquement, ainsi que de nombreux autres trophées. Il a également chassé l’éléphant. L’été, son goût pour la pêche l’a conduit sur toutes les mers du globe, d’où il a ramené des pièces gigantesques. En somme, des activités bien viriles, en rapport avec sa force, sa stature et sa santé. Dans cette région de Yougoslavie, en cette année où Anquetil remporte son cinquième Tour – le quatrième consécutivement, ce que personne avant lui n’avait jamais réalisé –, Georges Rajon ne se doute pas qu’il a rendez-vous avec la chance. Sa pensée vagabonde loin du Tour en montant le col de Vrsic, qui culmine à 2 700 m. Depuis la première ascension, la Grande Boucle n’a plus jamais remis les pieds dans l’Alpe. L’essai n’a pas encore été transformé. Georges attend le chamois et admire tout simplement la beauté du paysage, sur ce chemin qui relie la vallée de la Soca à celle de Kranjka Gora, non loin de l’Italie et de l’Autriche. En gravissant les cinquante-trois virages du col de Vrsic, Georges songe tout de même à l’avenir de l’Alpe, à son développement touristique. Ces virages qu’il gravit, numérotés dans un ordre croissant, lui révèlent une idée merveilleuse. « Mais pourquoi donc ne pas égrener ainsi les courbes menant de Bourg-d’Oisans à l’Alpe ? », se demande-t-il. Il est soudainement persuadé qu’il s’agit là d’une trouvaille géniale pour indiquer aux touristes l’approche de la station. Une idée formidable lui vient à l’esprit, celle-là même qui, en numérotant les vingt et un lacets de l’Alpe, ajouta à un site 26


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 27

Naissance d’un mythe

promu à la légende une dimension mythique. Le calvaire du coureur attardé, seul, dans l’Alpe brûlante, gravissant les vingt et un virages qui l’emmènent en haut du Golgotha, fait depuis corps avec la notion de héros moderne. De retour de Yougoslavie, Georges Rajon n’a pas de mal à convaincre ses amis, et pour la première fois de son histoire, l’Alpe d’Huez présente en 1964, aux vacanciers, ses vingt et un virages numérotés dans un ordre décroissant, contrairement au col yougoslave.

Vingt et un virages, vingt et un panneaux Il faudra cependant attendre douze ans avant d’assister à la première ascension des coureurs, renseignés à chaque virage, au moment où l’on relance la machine, sur la durée de l’effort restant à fournir, grâce à ce signalement. Ainsi donc, cette sorte de sablier géant, qui sur les lacets de l’Alpe décompte le temps, de la base jusqu’au sommet, n’avait, à son origine, aucun rapport avec le Tour ! Pour toutes ces raisons évidentes, on devrait élever une statue à la gloire de Georges Rajon ! Après tout, on a épinglé la Légion d’honneur sur nombre de poitrines pour moins que ça... Aujourd’hui, ce sont ces vingt et un panneaux qui ajoutent à la montée de ce haut lieu du Tour un aspect magique. Hélas, chaque année, nombre d’entre eux sont arrachés par des supporters qui conservent ainsi en souvenir une relique de leur pèlerinage estival. Sur chaque panneau, un chiffre indique le numéro du virage depuis le bas (virage 21) jusqu’au sommet (virage n° 1, à 2,5 km environ de l’arrivée). En haut du panneau sur fond tricolore sont indiquées les trois altitudes de la station : 1 450 m (ce qui correspond au village d’Huez), 1 860 m (altitude de la station) et 3 350 m, au sommet des montagnes. À chaque virage, le panneau précise également l’altitude ainsi que la distance le séparant du point phone le plus proche. Une dernière distinction dont se moquent les coureurs, mais qui est très utile pour les touristes ! 27


montage_alpe

8/05/08

11:24

Page 28

Le Tour se joue à l’Alpe d’Huez

Ces vingt et un virages sont aujourd’hui si célèbres qu’une carte postale présentant les « vingt et un lacets de Bourgd’Oisans à l’Alpe d’Huez » les a immortalisés...

28


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.