Carrère par Christian Carrère

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Maquette Carrère BON

8/09/06

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Carrère

Au château, nos carrières de joueurs ne nous donnent aucun passe-droit. Nous sommes conscients de ne devoir absolument pas intervenir sur le plan technique et sportif. Nous sommes là au service de l’équipe de France, fiers et honorés d’apporter notre expérience à nos jeunes successeurs. Cette fonction d’hôte ne souffre le moindre écart de conduite. Et ce d’autant plus qu’à une époque nous devenons même les sélectionneurs des joueurs que nous accueillons ! Notre fierté est surtout d’avoir toujours su rester à nos places, sans mélanger nos activités professionnelles dans la société et avec les responsabilités fédérales que nous avons acceptées. Cette rigueur n’a pas que des inconvénients. Elle nous permet de passer quelques instants mémorables dans le saint des saints, sous les trophées d’animaux. Nous prenons nos repas (1 600 sont servis dans l’année pour le seul rugby), près des joueurs, mais les partageons souvent avec les dirigeants qui font preuve d’une aisance incroyable pour passer du coq à l’âne entre le fromage et le dessert, c’est-à-dire de l’actualité du match qui s’annonce le samedi aux « petites affaires fédérales entre amis ». Le climat change quand s’annonce l’omnipotent Albert Ferrasse. Là, il est préférable d’éviter les sujets qui fâchent car on ne badine pas avec la table. Chaque chose en son temps. Inconditionnel de Darroze, le président vous dira que « contrairement à une idée répandue, il n’a jamais été un gros mangeur », mais il ne résistera pas au plaisir de vous réciter le menu servi au banquet de France-Écosse, le 1er janvier 1913 : Consommé Rachel, Barquette à la Lyonnaise, Cœur de filet Monte-Carlo, Ris de veau châtelaine au Sherry-Brandy, Chapon de La Flèche à la broche, 128


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