ANGKOR THOM
LE BAYON D’ANGKOR THOM Prononcer : Bayonne Date : fin du XIIe siècle ou début du XIIIe Roi constructeur : Jayavarman VII (nom posthume : Mahâ paramasangata pada) Culte : bouddhique Mission d’études : H. Dufour et Ch. Carpeaux (1901-1902-1904) Dégagement par Commaille de 1911 à 1913 Travaux de reprise du sommet du massif central par G. Trouvé en 1933 Anastylose des tours à visages et du massif central par M. Glaize de 1939 à 1946 Parmi les temples d’Angkor, c’est de beaucoup le Bayon qui a posé le plus d’énigmes aux archéologues. Dans les « notions préliminaires », parlant de la chronologie des monuments, nous avons brièvement exposé le débat qui s’était engagé à propos de la datation de sa construction, basée jusqu’en 1923 sur une fausse identification du « Mont Central » mentionné dans l’inscription de Sdok Kak Thom : ce « Mont Central » correspondant au Phnom Bakheng et non plus au Bayon, ce dernier cessait d’être le « temple-montagne » de Yaçodharapura, capitale du roi Yaçovarman à la fin du IXe siècle, pour devenir le sanctuaire officiel de la dernière ville d’Angkor Thom, reconstruite par Jayavarman VII à la fin du XIIe siècle, après avoir été ravagée par les Cham. On cesse d’être surpris que, contrairement à l’usage, un temple de cette importance ait été dépourvu d’enceinte extérieure et de fossé dès que l’on admet que ceux-ci étaient constitués par les remparts mêmes d’Angkor Thom et par ses douves, les portes tenant lieu de gopuras. L’enceinte extérieure Les remparts d’Angkor Thom, dont la face sud se trouve à 1 700 m au nord de l’entrée axiale d’Angkor Vat, forment un carré de 3 km de côté enfermant un espace de 900 hectares. Hauts de près de 8 m, couronnés d’un parapet sans créneaux, ils sont construits en latérite, épaulés à l’intérieur par une levée de terre formant chemin de ronde, tandis qu’un fossé large de 100 m les borde extérieurement, coupé au droit de chaque porte de la ville par une chaussée en remblai. La pente générale des eaux semble avoir été établie à l’intérieur du carré selon une direction générale nord-est–sud-ouest pour aboutir en cet angle
à une sorte d’étang dit « Beng Thom » qui communique avec le fossé extérieur par un groupe de cinq tunnels traversant la levée de terre et la muraille. Les Prasat Chrung Prononcer : Tchroung Aux angles, quatre petits temples, les « Prasat Chrung », renferment une stèle inscrite mentionnant la fondation par Jayavarman VII d’un « Jayagiri grattant de son faîte le ciel brillant et d’une Jayasindhu touchant par sa profondeur insondable au monde des serpents ». M. Cœdès a démontré qu’il ne fallait voir autre chose dans ces deux désignations que celle, quelque peu emphatique selon l’habitude des Khmers, des murailles et des fossés d’Angkor Thom, comparés à la montagne et à l’océan qui entourent la terre. Chacun des Prasat Chrung, du style du Bayon et dédié comme la ville même au bodhisattva Lokeçvara, se composait d’une tour sanctuaire en grès de plan cruciforme orientée à l’est, à double étage fictif en retrait et couronnement de lotus, augmentée de quatre avant-corps. Les murs extérieurs étaient ornés de devatâs dans des niches et de fausses fenêtres à balustres masqués en partie par des stores, et, vers l’est, se trouvait l’abri de la stèle, de plan carré et ouvert sur les quatre faces, voûté en arc de cloître. Un mur d’enceinte percé d’une seule porte du côté est entourait le tout. La visite d’un Prasat Chrung – par exemple, celui de l’angle sud-ouest – peut se faire à pied ou à cheval en saison sèche, en suivant le chemin de ronde si celui-ci est débroussaillé : c’est une promenade sous bois fort agréable (3 km), où, après avoir escaladé le talus au pied même de la porte sud, on en redescend à la porte ouest après avoir contourné le quart de la ville. On peut voir par endroits des vestiges de gradins en latérite mis au jour par M. Goloubew et qui correspondent à l’enceinte de bassins-fossés de l’Angkor Thom du XIe siècle. Les portes d’Angkor Thom La ville, dont les habitations étaient construites en matériaux légers et sur l’agencement de laquelle on dispose de bien peu de renseignements, était centrée sur le Bayon et divisée en quatre secteurs par quatre chaussées axiales probablement bordées de bassins-fossés. Une cinquième voie d’égale importance était axée sur le Palais Royal, se dirigeant vers l’est.
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