Numéro 037 Octobre 2011

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INFECTIONS NOSOCOMIALES L’AFFAIRE DE TOUS Avec la collaboration du Pr Saïd MOTAOUAKKIL, Président du Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales.

Et du Dr Omar AALLOULA, médecin hygiéniste, Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales.

A

ctuellement, l’OMS estime que plus de 1,4 million de personnes dans le monde souffrent d’infections nosocomiales, en permanence. Dans les pays développés, qui disposent d’hôpitaux modernes, entre 5 à 10 % des patients admis contractent une ou plusieurs infections. Un taux qui dépasse parfois 25 % dans les pays en développement. Au Maroc, l’enquête de prévalence des infections nosocomiales, réalisée en 1994, a montré une prévalence variable selon les hôpitaux. Evaluée à 4,1 et 7,7 % au niveau des hôpitaux provinciaux et régionaux, elle dépassait 10,5 % dans les centres universitaires. Or, les infections nosocomiales sont une cause importante de morbidité et de mortalité. En France, elles sont considérées comme étant à l’origine de près de 10 000 décès chaque année. Par ailleurs, elles engendrent des coûts considérables pour la collectivité. « Une étude a montré que l’augmentation moyenne de la durée d’hospitalisation chez les patients présentant une infection du site opératoire était de 8,2 jours, allant de 3 jours supplémentaires en gynécologie à 9,9 jours en chirurgie générale et 19,8 jours en chirurgie orthopédique. Un séjour prolongé augmente non seulement les coûts directs pour les patients ou les organismes qui prennent en charge le paiement, mais aussi les coûts indirects dus à la perte de journées de travail. Les médicaments supplémentaires, les impératifs d’isolement et la nécessité d’examens de laboratoire et de tests diagnostiques complémentaires ajoutent également aux coûts.

Les infections nosocomiales aggravent le déséquilibre entre le financement des soins de santé primaires et secondaires en consacrant des fonds déjà rares à la prise en charge d’affections potentiellement évitables », indique l’OMS dans son guide pratique intitulé « Prévention des infections nosocomiales », 2e édition.

Le paradoxe de l’infection nosocomiale Les infections nosocomiales, rebaptisées aujourd’hui infections associées aux soins (c’est-à-dire acquises quel que soit le lieu des soins), constituent un paradoxe car les soins sont destinés non pas à contaminer un patient, mais à améliorer son état de santé. Or, les lieux où les soins sont dispensés concentrent un nombre important de micro-organismes pathogènes apportés et véhiculés par le patient lui-même, par d’autres patients porteurs ou infectés, le personnel, les visiteurs… Les infections sont qualifiées d’« endogènes » lorsqu’elles sont provoquées par une bactérie présente dans la flore normale du patient. Les infections « exogènes » sont transmises soit par d’autres personnes (contact direct), soit par l’environnement (poussières ou gouttelettes présentes dans l’air, aliments, matériel médical, eau…). Si, par le passé, les infections exogènes étaient les plus courantes, les pratiques en matière d’hygiène de base ont inversé la situation. Les infections endogènes représentent environ 70 % des infections nosocomiales et elles sont difficiles

BACTÉRIES, VIRUS, PARASITES ET CHAMPIGNONS Les micro-organismes pathogènes à transmission nosocomiale sont nombreux. Les bactéries sont les principales responsables des infections nosocomiales et certaines d’entre elles, comme le SARM, sont hautement résistantes aux traitements. Les virus de l’Hépatite B, C ou le VIH se transmettent

essentiellement au cours de dialyses, transfusions, injections ou endoscopies. Les infections à virus de type rotavirus, syncytial, grippe… s’expriment généralement sous forme d’épidémies. Un nombre croissant d’infections nosocomiales sont provoquées par des champignons (Candida albicans, Aspergillus

spp. Cryptococcus neoformans, Cryptosporidium), augmentation attribuée à l’utilisation de plus en plus fréquente d’antibiotiques à large spectre (déséquilibre de la flore) et de la chimiothérapie. Des épidémies liées aux parasites tels les Sarcoptes scabies (gale) sont également rapportées.


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