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.DOSSIER La question russe dans les pays baltes

La Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, membres de l’Union Européenne depuis 2004, ont pour voisin le géant russe. Plus de 15 ans après la dissolution de l’URSS, des tensions demeurent encore bien présentes entre ces pays. Anciens états membres de l’URSS, les pays baltes – Estonie, Lituanie et Lettonie – ont vécu des processus d’indépendance particulièrement mouvementés. Ils bénéficient en effet d’une situation avantageuse mais délicate : coincés entre l’Europe occidentale et orientale, entre la Russie et la Baltique, ils font figures de nains face à leur gigantesque voisin tandis que leur accès privilégié à la mer éveille nombre de convoitises. C’est pourquoi, dès la fin de la seconde Guerre Mondiale, les trois petits Etats sont pratiquement intégrés au territoire russe, leur culture propre dévalorisée et dénigrée et leur activité économique placée sous la tutelle de Moscou, tandis que de nombreux immigrés s’installent dans la région. Après près de 50 ans de communisme, dont le souvenir est toujours pénible

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ment vivant chez les habitants de la région, la chute de l’URSS et l’indépendance furent marquées par une forte volonté de modernisation et d’occidentalisation. Les années qui suivent voient donc les trois pays chercher leur voie entre l’Est et l’Ouest, entre la Russie et l’Europe. Le refuge européen S’intégrer à l’Union Européenne fut immédiatement une priorité politique découlant directement des années communistes : le rejet de toute nouvelle influence russe, mêlé au fort désir d’assurer indépendance et protection contre les anciens maîtres soviétiques, poussa naturellement les pays baltes à chercher refuge au sein de l’UE et de l’OTAN. Il va sans dire que le Kremlin vit d’un très mauvais œil ce qu’il considérait comme

une ingérence occidentale dans sa sphère d’influence traditionnelle. De même, l’adhésion de pays limitrophes à l’OTAN constituait une menace directe dirigée contre la Russie. Les relations entre celle-ci et ses anciens “états frères” furent et restent donc difficiles et tendues, comme en témoigne la récente crise estonienne d’avril-mai 2007, suscitée par le déplacement d’une statue à la gloire des soldats soviétiques. Cet acte, apparemment anodin, provoqua le fort mécontentement des russophones du pays ainsi que des attaques informatiques contre le gouvernement estonien, attaques émanant vraisemblablement de Moscou. Pourtant et malgré cet incident, la situation s’est désormais stabilisée et l’émancipation des pays baltes, totalement intégrés à l’UE, est un fait accepté par tous. Néanmoins, les difficultés subsistent, causées par le délicat passage, pour la Russie et ses voisins, d’un statut de dominant-dominé – sous le communisme – à une relation de partenariat sur pied d’égalité. La question des minorités Outre les questions de relations internationales, les pays baltes ont hérité du passé communiste un problème beaucoup plus concret : l’importante communauté russophone qui resta sur place après l’indépendance. La Lettonie connaît ici la situation la plus délicate. C’est en effet dans ce pays que l’implantation russe fut la plus profonde : Moscou en fit son principal point d’attache dans la région et y envoya des centaines de milliers d’ouvriers, de fonctionnaires, mais aussi de dirigeants économiques, politiques et militaires, qui s’établirent souvent durablement. L’importance de cette immense minorité russophone (35% de la population totale


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