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JUIN 2010

Bulletin de la Direction Madame, Monsieur, chers Parents, L’année scolaire touche à sa fin, nos élèves passent leurs examens, et l’école, quant à elle, prépare déjà la rentrée prochaine. Ce numéro est donc à la fois un bilan des ­derniers grands événements de l’Institut, mais aussi une réflexion pour l’année qui vient. Il s’agit de confirmer que notre péda­ gogie est toujours en phase avec le monde dans lequel nous évoluons. Une école qui vit est une école qui se pose des questions, qui change, s’adapte, voire anticipe les bouleversements de la ­société qui l’entoure.

Le développement des nouvelles techno­ logies, de plus en plus présentes dans ­l’enseignement (expérimentation par ordi­ nateurs dans les sciences par exemple) doit nous faire réfléchir à la manière d’enseigner. Il nous faut aussi continuer à réfléchir à nos valeurs et aux meilleurs moyens de les faire vivre, ressentir et de les transmettre à nos élèves. Les différents programmes et activi­ tés que nous menons suffisent-ils à les ­incarner ? La réflexion doit aussi se poursuivre audelà de Florimont. Donnons-nous suffisam­ ment de moyens à nos élèves pour choisir judicieusement leur parcours universitaire et professionnel ?

Quelques réponses sont esquissées dans ce bulletin et j’espère que ces quelques lignes vous permettront de découvrir les enjeux d’une école d’aujourd’hui. Je vous souhaite également une ­plaisante lecture des comptes-rendus des activités de la fin de l’année. Au plaisir de vous retrouver à la rentrée, je vous souhaite à tous, Madame, ­Monsieur, chers parents, d’agréables vacances d’été, et tous mes vœux accompagnent ceux de nos élèves et leurs familles qui nous quit­ tent pour de nouveaux horizons. Sean Power Directeur Général

Ecrans : maîtres ou serviteurs ? Mercredi 12 mai 2010, à Paris (salon Inter­ Tice). Un inspecteur général, dans une con­fé­ rence sur les techniques numériques, ­raconte qu’il assistait à un cours de français de 4e avec TBI. Le professeur avait projeté un Velasquez (Les Fileuses) qu’il expliqua en le reliant à l’œuvre d’Ovide (Métamorphoses d’Arachné). La mise en relation se faisait à partir du texte, par des questions, etc. Cours agréable, vivant, bien mené. L’inspecteur se posa alors la question : « Que s’était-il ­passé durant ce cours ? » Sa ­réponse fut la suivante : 1. Le professeur avait fort bien animé un dispositif technique assez complexe : TBI, stylo, manuel numérique, etc. 2. Les élèves n’avaient pas fait de français à proprement parler (ni lecture, ni texte, ni grammaire…) 3. Le cours n’était pas seulement le cours du professeur : il était coproduit con­join­ tement par le professeur et par la machine (logiciel, ressources extérieures, outils ­numériques…) A l’horizon du propre cours du professeur, la machine avait donc imposé son ­discours. L’enseignant avait des collaborateurs numé­ riques – et cela c’était nouveau. A partir de ce constat, quelques ­ré­flexions méritent d’être formulées. Si le dispositif technique contribue à la conception d’un cours, il ne peut plus être

considéré seulement comme « instrument ». En effet, les « machines » préordonnent ­désormais le paysage discursif dans lequel le professeur s’installe et installe les élèves. Le cours demeure certes un produit intellec­ tuel, mais la compétence du maître n’est plus seule en action. Le savoir s’organise ­autour du dispositif technique. L’écran ­devient le point à partir duquel une parole se déploie, se distribue parmi les élèves. Le professeur, immergé dans ce nouvel espace numérique, « parole technicisée », se trans­ forme inévitablement. Il habite un espace socioculturel en mutation constante – ­mutation à laquelle il participe volontaire­ ment ou non. Qui est à la tête de cette mutation ? Quel pouvoir ? Quelle technique, quelle ­inno­vation particulière ? Rien de tout cela ni per­sonne en particulier. Il s’agit d’un phénomène s’appa­ rentant à la « tectonique des plaques ». Il y a la plaque technique, la plaque économique, la plaque ­industrielle, la plaque pédago­ gique, etc. Des pans entiers de technologies nouvelles apparaissent, se modifient et des­ sinent les contours un peu flous de notre monde contemporain. Les transformations se font ici et là, assez spontanément, créent des zones grises ; personne en particulier n’est maître du jeu – pas plus Microsoft que Steve Jobs, que tel ministre de l’éducation ou secrétaire à la recherche.

Parallèlement, le système culturel évolue. Les effets de cette mutation sont encore ­difficiles à appréhender. Il s’agit plutôt d’une ambiance dans laquelle nous évoluons, ­pensons, parlons, une atmosphère in­dé­ finissable mais bien présente, prégnante même, surtout lorsque notre activité pro­ fessionnelle nous met en contact avec elle. Dès lors, pour les enseignants, une question se pose de façon assez urgente : dans cette perspective des apprentissages (création, diffusion, conservation des savoirs), comment penser notre ­immersion, notre rapport au milieu techno-­culturel ? Comment le définir ? Quelle position adopter ? Quelles valeurs mettre en œuvre ? Le premier constat possible est que, les tech­ nologies pénétrant l’école, l’école se rap­ proche de la « vie extérieure ». Dit ­autrement, le monde de l’éducation n’est plus un état dans un état. La dichotomie école – vie ne tient plus. L’école est de plus en plus immer­ gée dans le monde à mesure qu’elle est de plus en plus immergée dans le monde ­numérique. Ce dernier construit en partie l’ambiance ordinaire de la vie. D’ailleurs, plus que le numérique entrant à l’école, c’est l’école qui va au numérique – celui-ci constituant déjà une grande part de l’univers des adolescents.1


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