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Bulletin de la Direction Madame, Monsieur, chers parents, Le mois de mars et le début du mois d’avril ont été très intenses à Florimont : de nombreux événements importants ont eu lieu. Tout d’abord la traditionnelle Semaine des Talents, qui d’année en année, nous dévoile de nouvelles facettes des dons de nos élèves. Ensuite, le 30 mars s’est déroulé le vernissage de l’exposition autour d’Olivier Föllmi. Cette exposition comprend les travaux réalisés dans les différentes classes et sections durant l’année scolaire, ainsi qu’un parcours autour du campus de 36 photos illustrées par les pensées de St François de Sales. Cette initiative qui me tient très à cœur, nous a donné l’opportunité de mêler art et pédagogie. Par ailleurs, elle a permis d’in-
carner et de faire vivre concrètement les valeurs de l’école et cette démarche me semble particulièrement fondamentale dans notre monde où l’ouverture aux autres, à leurs sagesses et la réflexion philosophique et spirituelle ne sont pas forcément considérés comme importantes. Cette exposition est ouverte à tous pendant les vacances de Pâques (du 16 avril au 1er mai) et je vous invite à la découvrir, si ce n’est déjà fait. Enfin, le 8 avril, un autre événement important a eu lieu. L’école, ainsi que les 43 autres membres de l’Association Genevoise des Ecoles Privées, a fermé ses portes pour offrir à ses collaborateurs une journée de réflexion et d’apprentissage. Ces moments sont également importants, car ils permettent à tous les enseignants de se ren-
contrer, d’échanger leurs diverses expériences, de confronter leurs méthodes, d’enrichir leur parcours. Cette manifestation procède de la même philosophie que celle qui guide notre enseignement quotidien : s’ouvrir aux autres, devenir plus riche de connaissances afin de pouvoir les transmettre et les partager. Nous parvenons maintenant à la dernière partie de l’année, celle des examens, des choix et des échéances pour l’avenir et je souhaite que vous ayez pu mettre à profit les vacances de Pâques pour l’aborder. Je forme d’avance tous mes vœux pour la réussite de cette fin d’année scolaire, et vous adresse mes meilleurs messages. Sean Power Directeur Général
Les prémisses d’une mutation inquiétante ? Les supports de l’écriture, y compris les plus anciens, (tablettes d’argile, rouleaux, parchemins…) ont modifié les connaissances mais aussi la manière d’apprendre et, avec elle, inévitablement, les fonctions cognitives 1. De ce point de vue l’imprimerie constitua un moment essentiel dans le fonctionnement de ce cerveau dont nous ne savons pas grand chose (Comment code-t-il l’information ? Com ment les neurones effectuent-ils un raisonnement ? Nous l’ignorons.) Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TICE) ont envahi très rapidement l’espace vital non seulement des adultes mais des jeunes – et des plus jeunes, des très jeunes parfois 2. Cela est un phénomène nouveau. Et si nous savons à quel point un cerveau en formation est réceptif à tout apprentissage, nous ne savons pas encore ce que le contact quasi permanent avec les machines entraînera sur lui comme conséquences positives ou négatives. Mais nous disposons de certains signes déjà perceptibles, issus du véritable bouleversement auquel nous assistons – et participons. Des perspectives peu réjouissantes. Le savoir est immédiatement accessible par
tous, en tous lieux. Nous habitons un nouvel espace que décloisonnent GPS et portables. Cet espace est traversé par des avalanches d’informations que les jeunes, particulièrement, ne transforment pas en pensée. Tout professeur le constate (davantage les plus anciens) : les élèves sont aptes à gérer simultanément plusieurs sources d’information, font preuve de flexibilité mentale, mais perdent la capacité de développer une réflexion – qui, par définition, exige durée et linéarité. Ils enregistrent plus d’informations que par le passé mais n’en font pas de la pensée : ce qu’ils captent demeure juxtaposé, émietté. Leur faculté d’attention est altérée (en moyenne de 7 secondes pour les images, dit Michel Serres dans Le Monde du 5 mars 2011) et, de ce fait, leur concentration sur un propos développé linéairement par écrit ou par oral, est de plus en plus réduite. Leur esprit de synthèse est également en déficit. Sur un autre plan, formatée par les médias (pub comprise), leur pensée a tendance à être uniformisée, ce qui ne présage rien de rassurant : des masses avec un cerveau aliéné renforcent la domination des élites pas toujours bienveillantes, rarement philanthropiques. Un exemple est fourni par le e-commerce. L’ordinateur est un bon cheval de
Troie pour tous les malins qui ont à vendre quelque chose : il entre dans l’espace privé de chacun. L’achat, le jeu, se font d’un clic ou deux ; très vite, l’habitude peut se transformer en addiction. Une étude de 1998 à l’université Simon Fraser démontre « qu’un adolescent sur quatre jouant à des jeux vidéo ressent une forme de dépendance à ceux-ci et qu’il est troublé par son manque de contrôle sur son comportement » (http:// www.media-awareness.ca). Aussi quel parent ne craindrait-il pas de voir son enfant se transformer en légume pavlovien ? D’autant que l’alibi, technologique, est a priori respectable. Mais on sent bien que, face à un écran frénétique, un jeune cerveau (dont l’activité se borne à repérer des heures durant les homoncules qu’il compte bien atomiser) risque quelque chose… Confronté aux univers virtuels qui autorisent toutes les libertés, l’adolescent rejette les réalités contraignantes, insupportables, et n’éprouve plus de respect à l’égard du savoir, de l’école et du monde enseignant. L’inculture vaniteuse se satisfait de leurres pailletés. La sociabilité se construit autour de faux-semblants, de mirages aussi vains que la « convivialité » facebookienne.