NEWSLETTER D'ÎLES EN ÎLES #21

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som -maire

edito

Ça chauffe ! Nous voici à l’heure de la COP22, et les enjeux de biodiversité vont venir s’intercaler plus fortement encore dans les discussions autour des tables de Marrakech. La destruction des habitats, la pollution et dans une moindre mesure le braconnage, restent les premières causes de disparition de la biodiversité dans le monde, et en Méditerranée plus qu’ailleurs, compte tenu de la concentration humaine millénaire qui s’accélère toujours le long de ses côtes. Le changement climatique, qui accentue la dégradation des milieux, est désormais une cause mondiale comprise et entendue par une immense majorité de citoyens et de décideurs.

actualités des îles p2

agenda p4 formation3 p5 projets internationaux

celebrate islands édition 2016 p6

Présenter la Nature comme une des solutions permettant de réduire les impacts des dérèglements climatiques est une chance majeure pour que les habitats naturels ne soient plus perçus comme des zones délaissées ou à bâtir, mais comme des « infrastructures vertes » capables d’amortir les chocs, de réduire les risques inhérents aux variations de climat, et donc d’assurer la protection de l’Humanité !

construire un label insulaire p8

Nos îles doivent bénéficier de ce coup de projecteur méditerranéen pour s’imposer comme des réservoirs de biodiversité et de Nature, une Nature dont elles représentent les joyaux de la couronne.

née sur une île

Dans ce numéro d’îles en îles, nous vous emmenons aux 4 coins de la planète avec la nouvelle initiative pour les îles durables qui lance ses premiers diagnostics de territoires, mais aussi avec Karen et Sylvain sur une petite île satellite de « Aotearoa » en passant par l’archipel d’Essaouira et la Croatie. Les îles, sous toutes les latitudes, restent les sujets centraux des travaux que nous menons, pour assurer leur préservation et leur développement dans un monde qui chauffe ! Fabrice BERNARD

petites îles du monde

la conservation p10 oiseau de proie

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actualités des îles

AMP Méditerranéennes

vers de nouveaux partenariats

nouvelles de l’atlas des petites îles ! Le travail sur l’Atlas Encyclopédique des Petites Îles de Méditerranée Occidentale continue ! Avec le soutien de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), la rédaction de la partie encyclopédique a démarré il y a quelques mois. La réalisation du chapitre « des petites îles et des hommes » est coordonnée par un expert avec objectif de réaliser plusieurs encadrés. Il s’agit maintenant de mettre en place la même méthodologie pour mener à bien la partie sciences naturalistes. Des premiers échanges sont déjà engagés... La partie Atlas se poursuit par le remplissage de la base de données et la rédaction de différentes fiches îles et fiches clusters. On peut citer la base de données désormais complète pour le sous-bassin Baléares. La signature d’une convention entre l’Université de Cagliari, l’Université de Florence, le gestionnaire de l’Aire Marine Protégée de Tavolara et le Conservatoire du Littoral permet de stimuler la rédaction de nouvelles fiches îles et de renforcer encore la base de données et les 205 sites identifiés en Sardaigne. Au Maroc, le travail d’une stagiaire a permis de compléter la base de données et de mettre en place le réseau des rédacteurs des deux sous bassins marocains. Dans le registre des grandes avancées, l’immense travail du coordinateur du sous bassin Espagne Sud et Est a permis la rédaction de la totalité des fiches îles et clusters, en cours de finalisation ! Une première version de cette partie de l’Atlas comportant illustrations, cartes, encadrés et la totalité des textes sera proposée pour fin 2016 ! Ce travail sera présenté aux différents contributeurs et institutionnels espagnols lors d’une prochaine réunion à Tabarca, les 15 et 16 Décembre 2016.

L’Association pour le Financement durable des Aires marines protégées de Méditerranée a tenu sa 2ème Assemblée générale le 16 juin 2016 à Paris. A cette occasion, deux pays (Albanie et Maroc) et quatre organisations régionales (CAR-ASP, MedPAN, WWF-Méditerranée, Initiative PIM) ont rejoint l’Association. Celle-ci compte désormais parmi ses membres cinq pays du pourtour méditerranéen (Albanie, France, Maroc, Monaco et Tunisie), les quatre organisations régionales précitées et la Fondation Prince Albert II de Monaco. D’autres Etats et organisations pourraient rejoindre l’Association d’ici la fin de l’année 2016. L’assemblée générale a validé la stratégie et la feuille de route qui permettront à l’Association d’apporter, dans une phase pilote, des premiers soutiens à des AMP dès la fin 2016, d‘intensifier sa politique de levée de fonds auprès des partenaires financiers tant publics que privés et de poursuivre les travaux relatifs à la structuration juridique et financière du fonds fiduciaire à moyen terme. Le prochain grand rendez-vous de l’Association est prévu à l’occasion du Forum des AMP de Méditerranée qui se tiendra du 28 novembre au 1er décembre 2016 à Tanger au Maroc.

o i s e a u x ma r i n s

publication medmaravis La collaboration entre l’association Medmaravis et l’Initiative PIM a permi la publication d’une nouvelle étude sur l’importance des oiseaux marins en tant que bio-indicateurs du bon état du milieu marin. Des recherches, étalées sur une année, qui confirment que des protocoles peuvent être appliqués au niveau régional sur les oiseaux pélagiques pour évaluer les niveaux de pollution en Méditerranée. Une mission de terrain «action pilote» a été réalisée en Tunisie et en Italie. Les résultats sont disponible dans le document ci-contre.

c o n s u lt e r l’ é t u d e en cliquant dessus !

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actualités des îles

2016, une année riche en expertises sur Karaburun-Sazani

En avril dernier, l’équipe d’Andromède Océanologie s’est rendue en Albanie dans le cadre d’une mission organisée en partenariat entre le Conservatoire du littoral et l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse. Grâce aux équipements spécifiques (sondeur, sonar, ...) et plusieurs plongées sur des zones plus précises, l’équipe a pu collecter des informations sur les habitats marins, leur état de santé et réaliser une cartographie. Les résultats de cette expertise seront présentés début Novembre aux partenaires albanais.

nouveau projet pour l’initiative pim ! L’Initiative PIM lance un projet d’observatoire des pollutions marines avec le soutien de l’Agence de l’Eau RMC. Les métaux lourds sont des polluants qui s’accumulent dans l’ensemble de la chaine alimentaire des écosystèmes marins, du plancton jusqu’aux prédateurs comme les oiseaux marins ou côtiers. Ces derniers constituent donc de bons indicateurs de la présence de ces polluants dans le milieu. Les récentes études télémétriques sur ces espèces permettent de connaitre leur aires de nourrissage en période de reproduction, et en effectuant des prélèvements des tissus, il est possible d’évaluer les taux de pollution de ces zones marines, et enfin de les comparer entre elles. C’est l’objet du projet ROMPOM qui sera porté par les PIM dès 2017.

- une étude portant sur l’interprétation, la muséographie et la scénographie des bâtiments dédiés à l’accueil de public, ainsi qu’une réflexion sur la valorisation architecturale de certains bâtiments - en partenariat avec des étudiants-chercheurs de l’ENSAM ; - une expertise technique et scientifique sur les enjeux de protection et de valorisation du patrimoine archéologique de l’île ; - une évaluation des risques liés aux déchets militaires présents sur l’île, visant à dresser un état des lieux du matériel militaire potentiellement accessible aux visiteurs, dans la perspective d’organisation de campagnes de nettoyage ; - Une expertise complémentaire sur les populations de chiroptères. L’ensemble de ces documents sera disponible sur le site PIM dès leur validation par les partenaires Albanais !

MÉDITERRANÉEN DES POLLUTIONS PA R L E S O I S E AU X M A R I N S

ROMPOM

En août, une nouvelle mission de terrain a été organisée sur l’île de Sazani, s’inscrivant dans la continuité du plan de gestion et du plan de valorisation de l’île Elle a permis de nouvelles expertises pour mieux préparer l’accueil de public sur l’île, avec :

R É S E A U D ’ O B S E R V AT I O N

L’année 2016 a été très active sur le secteur de KaraburunSazani ! Différentes formations ont été organisées : une formation au métier de garde et de gestionnaire, à l’attention des personnels de l’Agence du littoral albanaise et de l’Agence Nationale des Aires Protégées ; ainsi qu’une «spring-school» dédiée aux enjeux de conservation de l’environnement marin et côtier et du lien nécessaire entre sciences et gestion, à l’attention d’une trentaine d’étudiants des Universités de Tirana, de Vlora et de l’Université Polytechnique de Tirana.

©Louis-Marie PREAU/Initiative PIM

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actualités des îles

nouvel acteur associatif en Méditerranée

MAN - Méditerranée Action Nature l’association trait d’union L’association environnementale Méditerranée Action Nature est née à Bizerte en Tunisie depuis un peu plus de trois mois. Ses membres se composent pour la plupart d’experts et de scientifiques, dont l’objectif est l’accompagnement des démarches de gestion durable des espaces naturels méditerranéens. Dans un premier temps, MAN envisage de promouvoir la mise en œuvre de démarches collaboratives et le renforcement des synergies entre les acteurs de la conservation et du développement durable. L’appui à la mise en place de dispositifs innovants comme la planification territoriale, la science et l’engagement citoyen, ainsi que la cogestion permettront une meilleure appropriation locale de la gestion patrimoniale des espaces et des ressources naturelles. Contacts : Tel/fax : 0021672425627 Lien Facebook : Méditerranée Action Nature

fique, sensibilisation…A ce titre, les PIM sont désormais régulièrement liées à ces ONG actives qui se professionnalisent et contribuent à accélérer cette professionnalisation à travers des renforcements de capacité comme la formation au cube (voir article page suivante). Si à votre tour vos démarches se structurent sous la forme d’une ONG visant à soutenir la conservation des îles, merci de nous contacter pour rejoindre nos partenariats actifs !

En Méditerranée, de plus en plus souvent, les acteurs de la société civile se positionnent aux côtés des institutions pour les appuyer, au-delà des aspects régaliens, sur des opérations spécifiques : organisation de la gouvernance, suivi scienti-

Agenda 15/16 novembre 2016

forum terre mer / pac var organisé par le PAC VAR et le CAR PAP, Saint-Raphaël - FRANCE www.pacvar.fr/forum-terre-mer/forum

28 nov / 1er dec 2016

FORUM DES AMP De méditerranée organisé par MedPAN, Tanger - MAROC www.medpan.org

4/17 décembre 2016

5/8 décembre 2016

15/16 décembre 2016

treizième meeting de la convention sur la diversité biologique organisé par la CBD, Cancun - MEXIQUE https://www.cbd.int/cop Mission pim Réunion avec les acteurs insulaires tunisiens - TUNISIE MISSION ATLAS PIM Réunion des partenaires et contributeurs espagnols - Tabarca - ESPAGNE

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actualités des îles

formation au cube 2016

merci à tous! 3

Du 10 au 20 Octobre dernier, 28 participants, représentants d'organisations partenaires du Conservatoire du littoral et de l'Initiative PIM impliquées dans la gestion de sites pilotes, sont venus en France pour une formation régionale à la gestion d'espaces naturels côtiers et insulaires et au développement de projets. Pourquoi formation "au cube" ? Parce que pour chaque site pilote, l’Initiative PIM a souhaité inviter trois représentants, de profils divers, à participer à la formation : un représentant d'institution nationale ou autorité locale, un gestionnaire local ou garde, un représentant d'association ou universitaire. Les sites pilotes en question ? L'AMP de Karaburun-Sazani et l'île de Sazan pour l'Albanie, l'archipel des Habibas et le Parc National de Taza pour l'Algérie, les aires littorales protégées de Libye, l'archipel d'Essaouira, le Parc National d'Al Hoceima et la lagune de Nador pour le Maroc, et enfin les archipels de la Galite et de Zembra et les Iles Kuriat pour la Tunisie. Alliant cours théoriques (montage et suivi de projets, gestion d'espaces naturels, ingénierie écologique...) et visites de terrain thématiques (Marais du Vigueirat, Saint-Cyr sur Mer, Parc National des Calanques...), cette formation a été marquée par les nombreux échanges entre les participants, mais aussi avec une diversité d'acteurs (institutions, gestionnaires, acteurs territoriaux...) spécialisés dans la gestion de projets ou impliqués dans la conservation et la gestion d'espaces naturels littoraux et insulaire. A l'issue de la formation, une session d'évaluation a été organisée afin de tester chaque trinôme sur les acquis obtenus pendant la formation. L'objectif de cet exercice était de présenter un diagnostic théorique du territoire de Six-Fours, avec sa lagune et ses îles, et de produire une fiche-projet (imaginaire) qui pourrait être présentée à un bailleur de fonds. Après délibération du Jury, c'est le site pilote de la lagune de Nador qui a été remporté le prix "Utopie3" et bénéficiera en 2017 d'une dotation de 5000 € pour la réalisation d'une action concrète sur son site ! Un prix spécial "coup de coeur du Jury" a également été attribué à l'archipel de Zembra pour sa proposition de projet innovante, avec l’intégration d'opérations de permaculture sur l’île du Gaou ! Participants et intervenants, un grand merci à tous pour avoir fait de cette formation un moment alliant apprentissage et convivialité, dans l'esprit de l'Initiative PIM !

Toutes nos actualités sont à retrouver sur notre page facebook ! 5


thank you all ! C’est un nouveau succès pour l’événement CELEBRATE ISLANDS! Plus d’une vingtaine d’initiaves ont pris place en Albanie, Algérie, Espagne, Italie, France, Mozambique, Sierra Leone, Tunisie... De petites actions pour une grande sensibilisation, dans un panel varié, entre expositions ou manifestations culturelles, conférences, sorties de terrain, missions scientifiques et de génie écologique... Une effervescence qui se renforce d’année en année et consolide de nouveaux partenariats bien au delà du seul mois de mai ! Les équipes du Conservatoire du littoral et de l’Initiative PIM souhaitent leur adresser un grand MERCI pour cette motivation sans faille ! CELEBRATE ISLANDS sera reconduit en mai 2017, et sera désormais encadré et soutenu par l’Initiative Iles Durables, qui s’assurera de porter le message de la fête des îles au sein de ses sites pilotes répartis sur toutes les mers du globe... De nouvelles aventures sur ces territoires actifs et engagés sont définitivement assurées ! A bientôt !

w w w. c e l e b r at e i s l a n d s . o r g


dossier celebrate islands 2016

L’originalité de CELEBRATE ISLANDS 2016, c’est la création d’une grande exposition collaborative, élaborée par les acteurs de la gestion et de la préservation des petites îles du monde. Un seul fil conducteur : des îles et des pratiques de gestion durables et innovantes. Le résultat, c’est plus de 40 panneaux pour raconter l’histoire des territoires qui se mobilisent et des Hommes qui oeuvrent chaque jour pour ce développement. Des micro-territoires qui s’étendent de la Corée du Sud en passant par la Polynésie, Madagascar, le Sénégal, le Mozambique et les Phillipines, l’ensemble du bassin Méditerranéen de la Grèce à l’Espagne par la Tunisie et jusqu’en Angleterre ! Un vrai patchwork insulaire pour représenter un archipel mondial ! Présentée à l’occasion de la conférence de lancement de Celebrate Islands 2016 au Parc Zoologique de Paris et à l’Aquarium de la Porte Dorée, l’exposition grand format PETITES ÎLES, PIONNIères du Développement durable a passé tout l’été à la vue de dizaines de milliers de visiteurs de Paris ! également déclinée dans un moyen format, à destination d’autres lieux d’exposition, elle a été présentée simultanément dans 5 endroits différents durant la semaine CELEBRATE ISLANDS ! Vous avez peut-être eu la chance de la voir en Tunisie (à Carthage, Monastir ou aux Kerkennah), mais aussi au Mozambique sur l’île d’Ibo et à Maputo en présence de Madame la Ministre Ségolène Royal. Ou peut-être à Alfas del Pi en Espagne où près de 9 000 visiteurs ont été comptabilisés ; Ou encore la toute dernière née en Croatie, déjà présentée à Zlarin et Vis et en passe d’être exposée en immersion dans un sentier sous-marin ! L’exposition PETITES ÎLES, PIONNIères du Développement durable a vocation de continuer ses déplacements. Gestionnaires de site, institutionnels, ONG, associations, représentant du milieu scolaire ou du tourisme, contactez nous pour la mise à disposition gratuite d’une de nos expositions ! Catalogues techniques disponibles à la demande par email international@conservatoire-du-littoral.fr 7


Zlarin Kerkennah

Santa Luzia GorĂŠe

Embiez Ilur Ua Pou

Ibo

construire

un label insulaire premiers diagnostics de territoire 8


dossier Initiative îles durables

Depuis le début de l’année 2016, l’Initiative Iles durables précise les modalités d’octroi de son label, en se concentrant notamment sur la phase de diagnostic de territoire qui doit aboutir au projet stratégique de l’île candidate. Une étape cruciale du processus qui doit permettre de faire un état des lieux sur les thématiques visées par le Label (gouvernance, économies et usages, gestion des flux eau, énergie, déchets, protection des écosystèmes terrestres et marins, planification du territoire…) mais aussi de définir les enjeux et objectifs prioritaires pour améliorer la « durabilité » du territoire. C’est la méthodologie de ce vaste diagnostic qui est en ce moment même au cœur de toutes les discussions entre les partenaires de l’Initiative Îles Durable !

diagnostics en cours de réalisation Ilur en Bretagne, site du Conservatoire du littoral, géré par le Parc Naturel du Morbihan. Réflexions menées sur l’accueil du public, la gestion de l’eau et de l’énergie, la préservation et la gestion intégrée des paysages (grâce aux moutons!). Ibo au Mozambique, Parc Naturel des Quirimbas. Enjeux en termes de gestion des déchets et de l’eau et préservation des écosystèmes marins.

STANDARDISER UNE ANALYSE décisive

Un document unique pour des territoires aussi variés que nombreux, c’est le grand défi relevé par l’Initiative. La méthodologie de diagnostic se veut réplicable et harmonisée, et doit voir le jour d’ici le début de l’année 2017. Un panel d’îles représentatives de la diversité des futurs candidats a donc été établi dans le but de tester les fruits d’une longue réflexion théorique et collaborative menée ses derniers mois. C’est en tout huit sites qui feront office de laboratoire méthodologique : Ibo au Mozambique, Gorée au Sénégal, Kerkennah en Tunisie, Embiez et Ilur en France, Zlarin en Croatie, Santa Luzia au Cap vert et enfin Ua Pou en Polynésie.

Gorée au Sénégal. Site classé Patrimoine Mondial de l’UNESCO, avec un enjeu primordial sur la maitrise des flux, ainsi que des problématiques d’érosion côtière.

Kerkennah en Tunisie. Fédérer les multiples acteurs de l’île pour avoir une vision concertée du projet de territoire, où les enjeux de pêche sont prégnants.

sous l’unité insulaire, la diversité !

Représentatives car très différentes les unes des autres, ces petites îles du monde confronteront l’Initiative Îles Durables à la réalité du terrain et à la grande variété des situations insulaires. Ainsi, elles couvrent un périmètre géographique immense, de la Méditerranée en passant par l’Atlantique, jusqu’au Pacifique et l’Océan Indien. Leurs superficies vont d’un kilomètre carré pour les Embiez jusqu’à 100km² pour UaPou ! Nouveau grand écart concernant les densités de populations, avec 0 habitants pour Santa Luzia et 14 000 permanents sur les Kerkennah en Tunisie. Les non-permanents, les touristes, représentent quant à eux quelques 500 000 visiteurs sur l’île de Gorée, pour 10 000 sur la petite île d’Ilur. Leurs statuts de protection sont tout aussi divers : Patrimoine Mondial de l’Unesco, propriété du Conservatoire du littoral ou encore totalement vierge de toute protection comme c’est le cas de Zlarin. Un panel très élastique qui jouera un rôle assurément déterminant pour la suite de la construction du projet.

comprendre les territoires

Ces différences quantifiables ont permis à l’équipe de l’Initiative Îles Durables, au fil des rencontres, échanges avec des facilitateurs identifiés, missions de terrain et analyses, de mieux isoler les enjeux territoriaux du panel, de mesurer les marges de progression possibles pour améliorer la durabilité des sites et d’identifier des axes d’action pertinents. Petit tour d’horizon de l’hétérogénéité qui mobilise toute l’énergie de la jeune Initiative Iles Durables, île après île … (à droite).

Zlarin en Croatie, qui cherche à diversifier ses activités touristiques pour redynamiser la vie sur l’île dans un respect des ressources, avec une gestion des déchets et de l’assainissement. Santa Luzia au Cap Vert. Île déserte, où la direction pour l’environnement et l’ONG Biosfera sont investies dans la préservation de la biodiversité et la gestion de la pêche et souhaitent anticiper le développement du tourisme et optimiser l’accueil temporaire des pêcheurs. Ua Pou en Polynésie, archipel des Marquises. Candidat au patrimoine mondial de l’UNESCO, avec la première aire marine protégée éducative gérée par les scolaires ! Embiez en Provence, île privée de la SA Paul Ricard. La société s’investit dans une démarche de tourisme durable : port de plaisance pavillon bleu, port propre, certification 140001-ECO PASS, actions de restauration écologique en milieu marin.

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Née sur une île

la conservation

de la cô te


dossier

Sanctuaires naturels, parfois très isolées et sauvages, les caractéristiques intrinsèques des îles s’ajoutent à la fascination qu’elles opèrent sur les Hommes et qui renforce encore le désir de les protéger, de les garder intactes. Les Pimistes Karen et Sylvain nous donnent rendez-vous en Nouvelle-Zelande, nation pionnière de la protection de la nature. Parce qu’elle est une terre particulièrement insulaire ?La conservation est-elle née sur une île ? L’oiseau Kakapo Sans les îles la protection de la Nature ne serait pas ce qu’elle est. Tout d’abord l’éventail du vivant se trouverait considérablement amoindri, dépourvu de nombreuses espèces endémiques… vous savez bien celles qui préoccupent tant les gestionnaires ! Au temps de la Pangée, ce continent unique et ramassé sur lui-même, la vie se contentait d’exploiter quelques niches insulaires et ainsi se diversifiait. Le relief et le climat brossaient un archipel de lacs, de sommets, de forêts et de déserts, chacun des « îles » à leur manière. Puis ce monde s’est agrandi, non pas par accrétion mais par éclatement. Ainsi l’isolement s’est insinué dans la trajectoire du vivant et l’a démultiplié. Aujourd’hui, alors même que cette multitude menace de s’éteindre, les îles nous offrent une autre perspective. Qu’est-ce qu’une île sinon une réserve naturelle ? À la fois enjeu et sa solution, le dualisme de l’insularité est sans doute apparu, ici, en Nouvelle-Zélande bien avant que l’on ne parle de la biodiversité, des extinctions ou du patrimoine naturel. Depuis, les néo-zélandais se sont fait les champions de la Conservation, ce mode actif de protection de la Nature qui entend faire rebrousser chemin aux populations d’espèces en danger d’extinction. Little-Barrier fut l’une des toutes premières îles établies en sanctuaire dès la fin du XIXème siècle. L’idée, alors, était le sauvetage sur les îles principales de l’avifaune locale dont l’originalité ne faisait plus de doute mais dont la vulnérabilité était encore grandement sous-estimée. Le Huia — qu’on présente souvent comme étant le seul oiseau doté d’un bec radicalement différent chez les deux sexes — suscitait alors les plus fortes inquiétudes. Espèce prestigieuse dans la culture maorie, cet oiseau surtout convoitée pour ses plumes, ne pourra finalement bénéficier de cette première initiative. Officiellement disparu depuis 1907, le Huia ne se rencontre plus que derrière les vitrines des muséums, la mémoire de son chant subsistant à travers quelques imitations.

©Laurent Ballesta

Paysage littoral

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Aujourd’hui, après 120 années d’existence la réserve de Little-Barrière alias Hauturu (contraction de Te Hauturu-o-toi en maori : « le lieu où les vents se reposent ») continue d’offrir le visage de la Nouvelle-Zélande d’autrefois, celui que découvrirent les premiers colons européens. Avoir le privilège d’aller là-bas –car s’en est un– c’est se voir remettre un billet pour un voyage dans le temps. Même si très peu d’entre eux l’on visitée, la plupart des néozélandais la connaissent. Ne serait-ce que parce que tout y est réglementé, contrôlé, surveillé. Le permis, ce n’est ni pour conduire et encore moins pour chasser, mais bien pour y débarquer. Aller sur l’île de la Petite-Barrière requiert en effet un permis nominatif, délivré par le Departement of Conservation (DoC), qui précise la durée comme la raison de votre séjour. Chaque printemps le DoC envoie une équipe de rangers chargée du contrôle des végétaux introduits sur les reliefs de cet ancien volcan culminant à 732m et s’étalant sur plus de 3000 hectares. Car partout en Nouvelle-Zélande la lutte contre les espèces envahissantes reste le b.a.-ba de la protection de la Nature. Un combat quotidien mené à grand frais qui porte néanmoins ses fruits. D’abord débarrassée de ses chats, en 1980, l’île fut vingt-six ans plus tard, déclarée « pest-free », soit deux ans après que les rats du Pacifique, espèce introduite il y a environ 800 ans avec l’arrivée des maoris, aient été à leur tour éradiqués. La reconquête de l’écosystème insulaire, dorénavant nettement moins perturbé, inaugure un nouveau chapitre de l’histoire de Hauturu dont la vocation première de sanctuaire peut désormais pleinement s’accomplir. Outre les saddlebacks et les kokakos — ces deux espèces apparentées aux Huias qui avaient aussi disparu de l’île du Nord — Little-Barrier est aujourd’hui le refuge de la plus grande diversité d’espèces menacées de toute la Nouvelle-Zélande. Kiwis bruns, Tuataras (reptile préhistorique contemporain des dinosaures), Wetapunga (l’un des plus gros insectes), Hihi, Kakapos…

tous ont retrouvé sur cette île ce monde sans mammifères dont ils avaient par ailleurs plus ou moins imité les mœurs (seules deux espèces de chauve-souris sont naturellement présentes sur Hauturu). Mais au-delà d’une « arche de Noé » pour populations en manque d’habitats, l’île de la Petite-Barrière a surtout conservé sa propre biodiversité. Elle héberge par exemple la quasi-totalité des pétrels de Cook, une population d’environ 286000 couples qui depuis la disparition des rats enregistre un net rebond démographique. Une telle embellie – plutôt rare chez une espèce de pétrel — permet de mener d’autres projets de conservation sur d’autres sites insulaires au moyen destranslocations. Cette technique « made in NZ » consiste à déplacer sur un autre site un pool de jeunes pétrels proches du stade de l’envol afin de les fidéliser à ce nouveau site et d’en faire les recrues d’une future colonie. Il va de soit que cette opération ne peut se mener avec succès que si au préalable les menaces engendrées par les prédateurs introduits sont totalement maîtrisées.

Le fameux Kiwi !

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dossier

Pour qui se préoccupe des espaces naturels et de leur biodiversité, Hauturu n’est pas seulement une île, c’est un « phare ». Le genre de lieu qu’on recherchait sans se l’avouer, comme une preuve, et qui rassure tellement quand enfin on la tient car on n’était finalement plus très sûr de rien. À ce vrai réconfort, s’ajoute un autre plaisir. Celui-là beaucoup plus vertigineux qui cette fois concerne le naturaliste. Hauturu fait partie de ces quelques endroits où le frisson vous guette à chaque enjambée. La Nature vous submerge. Cette Petite-Barrière est un enchantement ! Il est vrai que partout on ne voit que du désordre. Des arbres qui poussent de travers parfois même couchés, des troncs bifides, trifides, noueux, qui hésitent, inventent mile contorsions et fusent vers la lumière. On avait oublié ce qu’était la forêt : ce mélange de verdure… inextricable. Ici le chaos règne depuis tellement longtemps qu’il en est devenu harmonieux. L’exubérance des fougères, la langueur des palmes, la pénombre du mystère, le chahut des oiseaux, la cuirasse des pierres… Tout cela nous dit la même chose : ici, la Vie a encore tout son temps.

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Texte et photos par les Pimistes :

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En savoir plus

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lien vers sur le site web du DOC / little barrier URG EO I S

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dossier

à table avec le faucon d’éléonore une étude de Abdeljebbar QNINBA

Institut Scientifique Université Mohammed V, rabat

Abdelaziz BENHOUSSA

Faculté des sciences Université Mohammed V, rabat

Mohammed Aziz EL AGBANI

Institut Scientifique Université Mohammed V, rabat

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dossier

Essaouira, archipel iconique

Le faucon d’Eléonore rejoint les îles d’Essaouira chaque année à la fin du printemps. Il y est présent tout l’été, avant de repartir en migration vers le sud de l’Afrique et plus particulièrement Madagascar, où il passe ses hivers.

Au croisement des civilisations, Essaouira « la muraille » porte en ses pierres un passé glorieux. Haut-lieu du commerce atlantique, cet ancien port royal et ses fortifications sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’Humanité. Depuis les hauteurs de la Kasba apparait son archipel, éclaté en une multitude de rochers, qui protège la ville des furies de l’océan : les deux îles principales de Dzira Lakbira et Firaoun, accompagnées des îlots Smiaat Firaoun, Smiaat Dlimi, Hajrat Haha, Hajrat Rbii et Taffa Ougharrabou … entre autres !

Photo Louis-Marie PREAU/PIM

Ancienne manufacture de pourpre à l’époque romaine, les « îles Purpuraires » sont à leur apogée au XVIIIe et au XIXe, lorsque les sultans Mohamed Ben Abdallah puis Moulay Hassan y érigent 6 fortins, une mosquée, une prison et d’autres petits bâtis. Aujourd’hui la nature a repris ses droits sur l’archipel de Mogador, un archipel unique, particulièrement riche et complexe. En partant du port par un beau temps d’été, on débarque facilement sur Dzira Lakbira. Il faut attendre la marée basse pour marcher jusqu’à Firaoun, la tête tournée vers le ciel, pour apercevoir le propriétaire des îles, le faucon d’éléonore.

Espèce très emblématique ! Le faucon d’Eléonore est un rapace migrateur emblématique de Méditerranée, installé sur cette façade Atlantique en trois colonies : au Maroc, sur les falaises de Salé et à Essaouira, et sur les îles Canaries. C’est certainement grâce à son allure gracile et son vol élégant que la Reine de Sardaigne Eléonore d’Arborée, décide de faire protéger l’oiseau dès le XIVème et de lui donner son nom de Faucon d’Eléonore. Une première dans la protection de la biodiversité qui fait de cet oiseau un symbole pour tous les amoureux de la nature ! Si sa protection est ancienne, son installation à Essaouira serait récente d’après l’étude de documents historiques : un andalou du XIème siècle (Abou Oubaid AL BAKRI) et un peintre hollandais du XVIIème siècle (Adrian MATAM) rapportent dans leurs descriptions de l’archipel l’abondance du Pigeon, sans mentionner la présence d’une colonie de Faucons. L’espèce est découverte par T. Waite pour la première fois à Essaouira en 1868, datant donc l’installation du Faucon entre la visite du peintre Hollandais au XVIIe et la deuxième moitié du XIXe siècle, lorsque Waite pose son pied sur l’archipel.

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dossier

Une mise en réserve efficace La taille de la population d’Essaouira a connu un net déclin jusqu’aux années 1980, passant d’un effectif de 200 couples reproducteurs en 1958 à seulement 50 en 1980 ! En causes, le braconnage direct (prélèvement d’œufs et de jeunes) et le dérangement due aux visites de l’île. Pour remédier à cela, le Haut-Commissariat en charge des Eaux et Forêts a placé l’archipel en Réserve de Chasse en 1962, puis en Réserve Biologique Permanente en 1980. Un gardien séjournait même de façon quasi-permanente sur l’Île principale et l’accès à l’archipel s’est vu limité à un nombre réduit de pêcheurs et de récolteurs d’algues… Cette mesure a permis à la population du Faucon d’Éléonore d’Essaouira de connaitre une augmentation constante atteignant en 2016 le chiffre record de 1227 couples reproducteurs ! Une vraie réussite de la conservation ! Cette augmentation d’effectif a été constatée principalement au niveau de l’Île Firaoun (367 couples en 2010 contre 517 en 2016) et de l’Île principale (171 couples en 2010 contre 389 en 2016) ; la tendance au niveau de Smiâat Firaoun, autre secteur très important pour la nidification du Faucon, n’est pas claire car les recensements n’y sont pas toujours réguliers. Sur les autres petits îlots, l’effectif semble plutôt stable avec de légères fluctuations ; les supports de nidification y sont-ils saturés ?

Photo Louis-Marie PREAU/PIM

Phénomène récent, le Faucon d’Éléonore utilise de plus en plus les ruines sur l’Île principale comme support de nidification, comme l’ancienne prison, aussi bien au sol qu’au niveau des cavités murales. Un comportement inconnu avant 2010. Il utilise également de plus en plus des abris sous la végétation arbustive de l’Ile Firaoun (un peu moins celle de l’Île principale à cause de la grande densité du Goéland leucophée). La croissance continue de la population de faucons pousse-t-elle ces derniers à rechercher de nouveaux supports étant donnée la densité croissante des nids au niveau des secteurs habituels de nidification ?

évolution de la taille de la population du Faucon d’Eléonore de l’Archipel d’Essaouira de 1958 à 2016.

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oiseau de proie...

Si de mauvaises conditions climatiques réduisent les passages migratoires, le Faucon risque de manquer de cette nourriture. C’est là qu’un comportement épatant et original a pu être observé : le faucon d’Eléonore constitue des garde-mangers dans de petites cavités rocheuses, où il dépose, en période d’abondance, des proies capturées et tuées en prévision des mauvais jours ! Souvent, ses proies conservées finissent par se dessécher ou pourrir et sont finalement abandonnées. Mais le Faucon semble avoir trouvé une nouvelle alternative pour contrer le problème : garder vivantes des proies qui resteraient fraiches et donc consommables beaucoup plus longtemps !

Photo A. QNINBA

Le Faucon d’Éléonore, espèce migratrice insectivore en dehors de la période de reproduction, se nourrit et nourrit ses jeunes de migrateurs (essentiellement des passereaux, mais aussi des martinets, des huppes fasciées et quelques limicoles) pendant la saison de nidification qui s’étale de juillet à septembre, voire octobre. Il calque donc son cycle de reproduction sur celui de ses proies.

Photo 1 : Pouillot véloce aux plumes de vol (rémiges et rectrices) arrachées, puis emprisonné dans une alvéole de lapiez d’où il ne pouvait plus s’échapper.

Découvert il y a près de deux siècles, le Faucon d’Eléonore n’a pas encore tout révélé de son mode de vie singulier ! Ces observations passionnantes feront sans doute l’objet de nouvelles recherches dans les années à venir, sur un territoire dont la protection a fait ses preuves ! Au cœur des préoccupations du Haut-Caumissariat chargé des Eaux et Forêts du Maroc, l’archipel d’Essaouira bénéficie de nouveaux aménagements et d’une gestion concertée et vivante, le plaçant en véritable porte drapeau de l’importance de la protection des petites îles !

Photo A. QNINBA

Un comportement très singulier, inédit dans le règne animal, mais néanmoins peu fréquent. Il n’a été confirmé que deux fois jusqu’à aujourd’hui : Un Pouillot véloce dont les plumes de vol (rémiges et rectrices) ont été arrachées, a été emprisonné dans une alvéole de lapiez d’où il ne pouvait plus s’échapper (photo 1) ; et une fauvette grisette a été maintenue serrée dans un trou profond très exigu, incapable de faire bouger ses ailes (Photo 2). D’autres oiseaux éjointés (rémiges et rectrices arrachées) ont été par ailleurs trouvés dans des alvéoles de lapiez mais étaient déjà morts.

Photo 2 : fauvette grisette maintenue serrée dans un trou

profond très exigu et rendue incapable de faire bouger ses ailes ...

Travaux lancés en 2016 L’Initiative PIM accompagne le Haut Commissariat en charge des Eaux et Forêts dans sa volonté d’ouvrir le site de l’archipel d’Essaouira au grand public, en limitant l’impact sur la population de Faucon. En 2015 et 2016, des stagiaires et ouvriers sont venus réaliser un sentier de découverte permettant de profiter de la beauté du site, de la richesse de sa biodiversité et de l’esprit des lieux si particulier, notamment dû à la présence de nombreux bâtis ! Pour garantir la tranquillité de l’espèce, le site ne pourra être ouvert que pendant l’hiver et le printemps, lorsque le Faucon d’Eléonore est en migration vers Madagascar et donc absent des rochers d’Essaouira...

plus d’infos ici 17


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par Sylvain Petit, administrateur de programme au CAR/PAP.

croatie

©Louis-Marie PREAU/Initiative PIM

Entretien avec Marija Roglić coordinatrice du LAG 5

agir local lag 5 acteur de la gizc

Pilier de la mise en oeuvre de l’approche LEADER - Liaison Entre Actions de Developpement de l’Economie Rurale - de l’Union Européenne, les LAG - Local Action Groups ou Groupes d’Actions Locaux - ont pour mission de favoriser les stratégies de developpement locales et la mise en réseau d’acteurs de proximité. Fondé en 2013, l’ONG LAG 5 occupe le vaste territoire du Sud de la Croatie, où le poids de son action prends chaque année plus d’ampleur. Entrevue avec sa coordinatrice, Marija Roglić.

Quelle est la mission du LAG 5 ? Notre mission est de constituer une communauté LAG 5 à économie compétitive, pour une haute qualité de vie et un héritage culturel préservé attractif. Notre développement repose sur des valeurs traditionnelles et les principes du développement durable. Le LAG 5 s’étend sur un territoire terrestre de 5 166 km2 dans le Comitat de Dubrovnik-Neretva. Il regroupe 5 zones : la côte ouest de Dubrovnik, la péninsule de Pelješac, les îles de Mljet, Korčula et Lastovo correspondant au territoire de 12 autorités locales : les municipalités de la côte ouest de Dubrovnik, de Ston, de Janjina, de Trpanj, d’Orebić, de Mljet, de Lumbarda, de Smokvica, de Blato, de Vela Luka, de Lastovo et la ville de Korčula. Notre structure administrative est composée des organes suivants : Président et Vice-président, un Comité de pilotage et un Conseil d’administration. Une assemblée générale élie les membres du LAG 5 pour une période de deux ans (et peuvent être réélus). Les membres participent à titre volontaire. Un gestionnaire, choisi par le Comité de pilotage, est nominé pour deux ans et est rémunéré par l’organisation.

Qui sont les acteurs du LAG 5 ? Les membres du LAG 5 sont plus de 110 à ce jour, représentant le grand public, les secteurs privé et public, des associations, des médias... tous très actifs et habitant sur le territoire LAG 5. Nos actions visent à encourager un développement durable local : nous regroupons et combinons les ressources humaines et financières existantes ; réunissons les acteurs locaux pour lancer des projets communs, avec des actions multisectorielles pour renforcer les synergies, le sentiment d’appropriation des initiatives, afin d’atteindre la masse critique nécessaire à l’amélioration de la compétitivité de la zone. Egalement, nous renforçons le dialogue et la coopération entre acteurs ruraux, cherchons à faciliter les échanges. Et enfin, en tant qu’organisation immergée au cœur des interactions entre différents partenaires, nous modérons les processus du changement et d’adaptation face à la diversification de l’économie rurale, en cherchant l’équilibre avec l’environnement et la qualité de vie. Quelle place ont les îles et les zones côtières au sein du LAG 5 ? Le LAG 5 est littoral et insulaire, il donne beaucoup d’importance à la préservation et le développement de sa région côtière et aux liens avec l’arrière-pays. Dans nos documents stratégiques (L’Agenda vert et la Stratégie de développement 18


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Périmètre d’action du LAG 5 locale) nous avons imaginé une approche intégrée qui combine les initiatives existantes menées par les communautés locales, mais aussi initié une collaboration étroite avec le secteur scientifique en vue de renforcer la résilience de la zone pour lutter contre les changements climatiques et les problèmes qui leurs sont liés (migrations, crise énergétique, utilisation d’énergies renouvelables, déchets, etc.). D’autre part, nous avons aussi un rôle de consultation auprès des municipalités, nous les aidons à préparer leurs budgets pour monter des projets européens, enfin nous cherchons à favoriser leur dialogue avec les représentants des milieux associatifs. Pour vous qu’est ce qu’une gestion Intégrée des zones côtières ? Pour moi/nous, une gestion intégrée doit être multi-variables, multi-acteurs, capable de stimuler l’action de la communauté, dont la visée est à moyen et long terme. Cette approche doit prévoir la gestion efficace et équilibrée des ressources côtières qu’elles soient à terre ou en mer. à court terme c’est un concept dont les principes doivent être présentés aux acteurs terrains, pour qu’ils se les approprient. ça c’est une gestion intégrée des zones côtière efficace ! Quels sont selon vous les plus grands succès du LAG 5 ? Tout d’abord, nous avons réussi à adapter une approche du haut vers le bas de manière à ce qu’elle soit acceptée par la communauté et parfaitement adaptée à celle-ci. Les membres de la communauté trouvent au LAG des réponses à leurs attentes immédiates, qui concilient le bien-être général à moyen et long terme. En 3 ans d’activité le LAG 5 est devenu un membre de la communauté et c’est de loin notre plus grande réalisation ! Nous avons également réussi à soutenir des projets communautaires et à aider nos entrepreneurs et ONG à obtenir des financements. à ce jour ce sont plus de 3 millions de kunas qui ont été drainés (plus de 0,4 millions d’euros) et ceci en dépit de toute l’inertie de la bureaucratie croate autour des fonds de l’UE et d’autres types de subventions qui sont censées booster le développement rural et insulaire. Nous avons créé 5 nouveaux emplois et salarié 5 jeunes insulaires et péninsulaire. En parallèle nous avons créé une base de volontaires qui nourrissent le LAG de nouvelles idées et représentent un atout majeur pour soutenir les actions de sensibilisation, de formation, etc.

Nous avons encouragé les autorités locales à considérer les représentants du secteur associatif plus sérieusement, à les inclure dans les processus de prise de décision, et à soutenir financièrement ces initiatives de manière stimulante pour promouvoir la professionnalisation de ces structures. Nous avons formé un réseau avec nos LAG insulaires voisins (LAG - Škoji et Brač) afin de créer une plate-forme solide pour soutenir le développement insulaire, et stimuler les activités et la communication inter-îles. Cette union est active dans le cadre du projet HNV-Link. Nous avons également organisé plusieurs rassemblements et encouragé différents partenariats et initiatives entre entreprises et associations...

Toutes les actions et actualités du LAG 5 sont a retrouver sur leur site internet.

Entretien signé Sylvain PETIT / sylvain.petit@paprac.org Photographies et carte LAG 5 Merci à Marija Roglić

plus d’infos

www.lag5.hr www.hnvlink.eu 19


#21 Conservatoire du littoral 3, rue Marcel Arnaud Bastide Beaumanoir 13 100 Aix en Provence FRANCE Tél. 00 33 (0) 4 42 91 28 36 Fax . 00 33 (0) 4 42 91 64 11 initiative-pim@conservatoire-du-littoral.fr www.initiative-pim.org Directeur de la publication: Odile GAUTHIER Directeur de rédaction : Fabrice Bernard Graphisme et secrétariat rédaction : Lélia Crastucci Ont participé à ce numéro Sami BEN HAJ, Karen BOURGEOIS, Sylvain DROMZEE, Sylvain PETIT, Abdeljebbar QNINBA, Marija ROGLIC, The Very All PIM TEAM...

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L’Initiative PIM est un programme de promotion et d’assistance à la gestion des espaces insulaires de Méditerranée coordonné et piloté par le Conservatoire du littoral.


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