MOT DE L’OAQ OAQ editorial
Les architectes se distinguent par leur maîtrise de l’espace en trois dimensions, c’est connu. Or, la maîtrise de la quatrième dimension, le temps, les concerne tout autant. Je parle bien sûr de la pérennité des ouvrages, mais aussi de l’impact à long terme de ces derniers sur l’équilibre terrestre. En 2022, le milieu de la construction ne peut plus faire abstraction de l’urgence climatique. Bien entendu, la réglementation du bâtiment évolue en ce sens, mais ses progrès sont lents et ne constituent qu’un minimum acceptable. Malgré toute la meilleure volonté du monde, cela reste une forme de nivellement par le bas. Avec le niveau de connaissances et le jugement qui caractérisent leur profession, les architectes ont le potentiel de prendre les devants et de montrer l’exemple. C’est un défi qui leur est lancé, auquel ils et elles devront répondre. L’OAQ entend d’ailleurs s’assurer que ses membres sont outillés en conséquence. Il compte notamment orienter une portion de la formation continue obligatoire vers des activités relevant du développement durable. L’atteinte d’une meilleure efficacité énergétique ne doit pas être le seul réflexe d’une architecture « verte ». Les architectes doivent s’intéresser davantage aux effets des choix de matériaux, d’assemblages ou d’emplacements. Ils et elles doivent acquérir le réflexe d’exploiter au maximum l’existant et d’en réutiliser l’ensemble ou ses composantes au mérite. Les architectes peuvent ainsi optimiser chaque geste architectural, en abandonnant l’inutile au profit de l’essentiel.
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MOT DE L’OAQ
Maîtriser le temps en plus de l’espace, c’est considérer les projets sur toute leur durée de vie, assurer leur solidité, faciliter leurs possibles changements d’usage et prévoir le démontage et la réutilisation de leurs éléments le moment venu. Je souligne d’ailleurs au passage les efforts d’Architecture sans frontières Québec, le bras humanitaire de l’OAQ, qui recueille les dons de matériaux de construction neufs et usagés en échange de reçus fiscaux. Qu’on se rassure, les autres valeurs chères aux architectes, telles que la recherche esthétique, le confort et l’intégration cohérente avec le contexte, demeurent essentielles dans ce paradigme : un bâtiment qui dure, c’est un bâtiment apprécié pour son caractère, sa fonctionnalité et sa pertinence. En fait, il faut porter cette vision : loin d’être une entrave à la créativité, la lutte contre les changements climatiques ouvre à de nouvelles occasions de concevoir des milieux de vie désirables et adaptés. Pour les architectes, c’est là une formidable opportunité.