SUSTAINABILITY #09 - IMS Luxembourg MAG

Page 59

© Mireille Feldtrauer

Nous distinguons les arbres héliophiles qui aiment la lumière et la chaleur, des espèces sciaphiles, qui elles recherchent l’ombre. Les hêtres et épicéas sont des arbres sciaphiles originaires soit des montagnes, soit les pays nordiques, et ce caractère a été déterminant quand il ont été touchés par les températures extrêmes. Chez l’épicéa, c’est également son type d’enracinement qui a joué. En effet, selon les espèces, les arbres ont des capacités plus ou moins importantes d’aller puiser l’eau, ceci est lié à leur système racinaire. Le chêne par exemple est doté d’un enracinement pivotant profond alors que l’épicéa présente un enracinement traçant, ce qui l’expose particulièrement à la sécheresse. Certains arbres sont donc beaucoup plus vulnérables. La forêt sera toujours là, mais ce ne sera plus la même forêt. À ce propos, face au changement climatique rapide et la vulnérabilité

extrême de certains arbres, envisagez-vous, comme d’autres pays, l’importation de nouvelles essences au Luxembourg ? Oui, nous y réfléchissons. Nous ne prévoyons pas de le faire de façon massive, mais nous développons des essais en arboretums avec d’autres essences et nous allons conduire un nouveau projet de test avec un institut scientifique allemand. Aussi, nous observons avec attention les essais qui sont menés dans les pays voisins où les conditions sont assez similaires. Dans l’immédiat, nous essayons d’utiliser non pas d’autres espèces, mais d’autres provenances. À savoir la même espèce mais d’un écotype différent. Les écotypes du hêtre en provenance des pays de l’Est sont, par exemple, aguerris aux étés bien plus chauds et secs et présentent plus de chances de survivre et de s’adapter dans nos régions.

Nous souhaitons éviter de baser le futur uniquement sur de nouvelles espèces. Le hêtre est une essence rare au niveau mondial, c’est donc un écosystème naturel à protéger particulièrement. Nous cherchons aussi à accélérer la régénération naturelle dans nos forêts. Lorsque les arbres se reproduisent, leurs pollens se dispersent sur de grandes distances, un phénomène qui augmente la diversité génétique et permet donc une meilleure adaptation par la reproduction. Il est intéressant de souligner que les arbres ont un patrimoine génétique bien plus important que la plupart des autres êtres vivants ; il est environ 10 000 fois plus grand que même celui de l’homme. Cette richesse est sa stratégie d’adaptation, car l’arbre ne peut pas se déplacer, il reste sur place et doit résister aux crises. Il faut donc favoriser l’enrichissement et l'acclimatation de son patrimoine génétique.

Grand format

59


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.