SUSTAINABILITY #10 - IMS Luxembourg MAG

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Quand local rime avec Grand-ducal Vous l’aurez compris : c’est l’heure de réinventer la recette. Pour les consommateurs, on parle de favoriser l’achat de produits locaux. Quant aux entreprises, il s’agit d’envisager un décloisonnement et un développement collaboratif des secteurs économiques jusqu’alors organisés suivant une logique de silos verticaux. À l’échelle nationale et transrégionale, c'est l'idée de mettre en place une stratégie holistique, fédératrice et solidaire, pour atteindre la souveraineté alimentaire et promouvoir une consommation contiguë. On parle ici de produire, transformer, distribuer, consommer et recycler la nourriture, sur base d'une interdépendance salvatrice pour l’Homme et pour la planète. Bref, d’un système alimentaire résilient pour demain. Les connaisseurs nous voient venir : c’est le concept de circuits courts. Et pour promouvoir ce mode de consommation, de nombreuses initiatives germent et grandissent au Luxembourg. Petits et grands peuvent, par exemple, devenir des producteurs-consommateurs. C’est-à-dire, s’investir au sein d’un jardin communautaire qu’ils trouveront près de chez eux grâce au portail des jardins potagers au Luxembourg Eise Gaart ou créer leur propre plantation à la maison. Et puis, pourquoi ne pas également approfondir ses connaissances sur la permaculture à l’école ou en formation ? Pour ceux qui n’ont pas la main verte, pas d’inquiétude. Il est possible de devenir membre d’une coopérative comme AlterCoop ou de favoriser l’achat de produits locaux grâce au réseau d’agriculture solidaire Solawi, ou encore la plateforme Supermiro. Toutes ces initiatives font baisser le kilométrage alimentaire

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Seulement voilà… Le Ministère de l'Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural nous apprend qu’entre 1990 et 2015, le nombre total d’exploitations familiales au Luxembourg est passé de 3 768 à 1 880. Comme partout ailleurs en Europe, le nombre de surfaces agricoles et la part de la population paysanne sont en chute libre. Ainsi, dans le contexte actuel, la souveraineté alimentaire a encore l’allure d’une douce utopie. Et pourtant, elle est essentielle. Car en plus de représenter des risques considérables pour l’avenir du secteur, ce recul généralisé du monde paysan, vécu en l’espace d’une seule génération marque aussi une distanciation de plus en plus entre le consommateur et son alimentation.

des produits : elles créent du lien social et diversifient les sources de production et les échanges.

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Selon des estimations, 15 à 20 % de la production alimentaire mondiale z-v o u est actuellement cultivée dans les villes et les communautés. (Étude stratégique « Troisième Révolution Industrielle Lëtzebuerg », 2016)

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La réduction des intermédiaires et des distances parcourues pour l’acheminement des aliments de nos assiettes permettrait de faire chuter considérablement ces émissions et semble nécessaire pour un avenir plus sobre en carbone.

Moins d’emballages, moins d’émissions, moins de pertes alimentaires, plus de transparence, plus de confiance… Les acteurs économiques se mobilisent de plus en plus autour de ces questions. Et le paysage luxembourgeois commence à dessiner de nouvelles synergies pour des modèles alliant impacts socio-écologiques positifs et dynamisation économique. C’est le cas par exemple du Pall Center et de LuxAir qui favorisent les partenariats avec les fournisseurs locaux, ou encore de Sources Rosport qui choisit de ne pas exporter ses produits et sélectionne ses fournisseurs de matières premières sur base de leur proximité avec le site de production. Côté politique, le Gouvernement luxembourgeois se veut, lui aussi, le promoteur d’une alimentation plus locavore. Il multiplie donc les démarches pour avancer dans ce sens. Pour en citer quelques-unes de manière rétrospective, il y a d’abord l’étude stratégique de la troisième révolution industrielle (TIR) menée en 2016 et comprenant un volet dédié au futur de l’alimentation pour le Grand-Duché, avec différentes mesures stratégiques ambitieuses sur le plan local. Deux ans plus tard, en janvier 2018, le pays a procédé à la refonte du programme d’aménagement du territoire (PDAT). Lorsque les citoyens ont été invités à participer au processus, leurs revendications étaient claires : alimentation de qualité, utilisation optimale des ressources et agriculture raisonnée. Plus récemment, en juin 2020, le ministre de l'Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, Romain Schneider, a présenté un plan de relance pour l'agriculture doté d'une enveloppe globale de 5 millions d'euros. Lors de son annonce, le ministre a alors rappelé que « la pandémie aura eu un effet positif : celui de faire prendre conscience du travail des agriculteurs dans la chaîne d'alimentation, de la vraie valeur qualitative de leurs produits, et des dangers d'une trop grande dépendance alimentaire vis-à-vis de l'étranger ». C’est avec cette prise de conscience que le plan de relance s’engage tout particulièrement à la diversification de produits agricoles locaux de qualité et distribués au sein de circuits courts.


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