France Magazine No 22

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Humanitaire >>

a situation continue à se dégrader au Darfour. L’insécurité est encore montée d’un cran au cours des derniers mois, privant de nombreux habitants de leurs moyens d’existence et d’une assistance vitale.En raison du conflit interne, des populations entières continuent à être déplacées, ce qui empêche les cultivateurs d’ensemencer leurs champs tout en perturbant l’accès aux marchés et aux services de santé. Face à l’ampleur des besoins, le CICR et ses partenaires du Mouvement de la CroixRouge et du CroissantRouge ont mis sur pied une opération d’assistance massive, la plus importante du Mouvement à l’heure actuelle. « Être du Darfour aujourd’hui - quelle que soit votre origine ethnique - signifie survivre dans une insécurité totale, à mille lieues des déclarations des diplomates. Cela signifie la douleur d’avoir tout perdu hier, la crainte de l’insécurité aujourd’hui et l’incertitude pour demain. Cette situation terrible ne peut être réglée que par des moyens politiques. En attendant, une action humanitaire authentiquement indépendante et neutre est plus nécessaire que jamais, mais les conditions sont de plus en plus dangereuses », explique Jacques de Maio, chef des opérations du CICR pour la Corne de l’Afrique. De fait, les conditions de sécurité sont de plus en plus précaires pour les humanitaires engagés au Darfour. Plusieurs employés d’agences

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humanitaires ont été tués ou blessés lors d’attaques. En août, un employé du CICR a été enlevé, puis tué. Bien que l’accès à certaines régions soit intermittent, le CICR poursuit ses activités dans les trois États du Darfour. La priorité absolue consiste à aider les résidents et les personnes déplacées dans les zones rurales, notamment en leur fournissant des semences, des outils et des secours appropriés à leurs besoins. L’approvisionnement en eau, ainsi que des programmes médicaux ne

sont pas moins vitaux. Des millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, tandis que 220 000 personnes ont cherché refuge au Tchad. Dans la région du Darfour Sud, plus de 100 000 personnes déplacées vivent dans des camps de fortune qui s’étendent sur plusieurs kilomètres carrés autour de la ville de Gereida. Un programme de nutrition y est mené avec les Croix-Rouge britannique et australienne. Une équipe chirurgicale de quatre personnes est basée à Nyala et peut être déployée en quelques heures dans les zones d’affrontement pour soigner soldats et combattants blessés de toutes les parties du conflit. Le CICR a renforcé son soutien aux campagnes de vaccination menées par le ministère de la Santé soudanais, ainsi que ses programmes vétérinaires, afin de pallier les carences et d’encourager l’autosuffisance des populations. Pour soulager les épreuves de la population civile, le CICR maintient un dialogue confidentiel avec toutes les parties, à tous les niveaux, afin de leur rappeler leur obligation, au regard du droit international humanitaire, de veiller à ce que les civils soient protégés. Le conflit du Darfour a dispersé de nombreuses familles. Rechercher les personnes disparues et aider celles qui sont séparées à communiquer entre elles - et si possible à se regrouper - est un travail de longue haleine qui s’opère avec le soutien effectif du Croissant-Rouge soudanais. En l’absence de perspective d’apaisement, le Mouvement est plus que jamais mobilisé pour faire face à une urgence qui dure. JEAN-FRANÇOIS BERGER RÉDACTEUR EN CHEF CICR DE CROIX-ROUGE, CROISSANT-ROUGE

Cet homme fait partie des 100 OOO personnes déplacées vivant dans le camp de Gereida, au Darfour Sud.

FRANCEMAGAZINE N°22 6 AUTOMNE 2008


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