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Chaque année, environ 12,7 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans. Crédit : DR

élue à proposer la création d’une Commission d’enquête sur le déchet plastique afin de disposer de chiffres clairs, de pistes solides pour endiguer le problème et combattre les « drama-queen d’Assemblées », douées quand il s’agit de faire pleurer dans les chaumières mais discrètes quand il faut proposer des solutions concrètes. Malheureusement, son groupe politique n’a pas retenu le projet. Sa priorité : le financement de la recherche. S’il est effectivement difficile d’interdire les contenants plastiques sans alternative, elle s’étonne qu’aucune subvention n’ait été proposée au corps scientifique. « Qu’on donne donc une bourse de 500 000 euros

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aux chercheurs qui trouveront un produit de substitution », suggèret-elle.Mais en attendant, elle incite chacun à adapter son comportement, à commencer par les administrations publiques : « Vous prônez la fin du plastique dans des salles de conférences où chacun dispose d’une bouteille en plastique et d’un gobelet devant lui, se désole-t-elle. Comment peut-t’on demander aux citoyens de nous suivre si nous ne faisons pas nous-mêmes un premier pas ? »

Sachet plastique et flou législatif

Plusieurs sénateurs ont justement interpellé, fin avril, la secrétaire

d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, dans le cadre d’un débat sur la question des déchets plastiques. En faisons-nous assez ? La réponse est toujours la même : la France a un projet ambitieux en matière de protection de la biodiversité et progresse sur le sujet. Difficile à croire quand, après trois ans d’interdiction, le sachet plastique virevolte toujours sur notre territoire. Il suffit de se pencher d’un peu plus près sur la réglementation en vigueur et sur les multiples exceptions qui y figurent pour déceler le piège. Ainsi, aucun sac plastique ne peut être mis à disposition dans les commerces : sauf « au rayon fruits et légumes »,

sauf s’il est « d’une épaisseur supérieure à 50 microns » et – comble de l’absurdité – sauf s’il comporte la mention « sac réutilisable » ou « ne pas jeter dans la nature ». Inutile de préciser qu’aucun gendarme n’a été défini dans la loi pour effectuer des contrôles en la matière. Les termes barbares « compostable » et « matière biosourcée » ont également fait leur apparition en 2015, pour remplacer le plus controversé « biodégradable », qui a conduit à l’échec les premières propositions sur le sujet, en 2005. À l’époque, un sachet produit à partir d’amidon végétal apparait au gouvernement comme un bon moyen pour redynamiser un secteur agricole en déclin. Mais les scientifiques ne sont pas dupes. Ce sachet n’a de biodégradable que le nom car il ne peut se désagréger que dans des conditions optimales qu’il est difficile de réunir. D’autant que l’amidon est une matière rigide qui a besoin d’être mélangée à au moins 50% de polyester pour être aussi souple qu’un sachet de courses. En modifiant légèrement le vocabulaire, les autorités contournent le problème.

L’impasse des microplastiques

Autre écueil de la législation française : elle ne fait pas mention d’autres formes de déchets comme les microplastiques. Ces particules microscopiques sont utilisées dans la composition des fibres textiles de nos vêtements, mais aussi dans


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