Mobiliser les connaissances et les capacités pour financer l'action climatique dans les pays du Sud

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Mobiliser les connaissances et les capacités pour financer l’action climatique dans les pays du Sud


Il y a un besoin crucial de recherche visant à soutenir un avenir plus résilient face aux changements climatiques pour toutes et tous. Il s’agit notamment de mettre à l’échelle les efforts d’innovation afin de fournir de meilleures informations sur les risques, de meilleurs outils de prise de décision et de meilleures solutions d’adaptation permettant un changement transformationnel, ainsi que l’amélioration de l’accès des pays en développement au financement de l’action climatique.

EN COUVERTURE Une femme irrigue des semis sur le lit asséché du lac Tchad, qui a diminué de 90 % au cours des dernières décennies. Le reboisement est une priorité de l’action climatique pour le bassin environnant et pour l’ensemble du Sahel.

PANOS/SIMON TOWNSLEY

En tant que partenaire des efforts du Canada en matière d’affaires étrangères et de développement, le CRDI appuie et finance la recherche et l’innovation au sein et aux côtés des régions en développement afin de favoriser le changement à l'échelle mondiale. Le Centre investit dans la recherche afin de recueillir des données, de guider les décisions et de créer des possibilités qui favorisent un monde inclusif et durable.


IDRC / bARTAy IDSRC/APPEANINg ADDO

Table des matières 2

Mobiliser les connaissances et les capacités pour financer l’action climatique dans les pays du Sud

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Faire la lumière sur les besoins, les obstacles et les possibilités de financement

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Mobiliser le financement du secteur privé

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Renforcement des capacités et du leadership en matière de financement climatique

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Favoriser un financement plus inclusif de la lutte contre les changements climatiques

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Prochaines étapes du financement de la lutte contre les changements climatiques

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Références

Des vagues s’échouent sur le rivage à Fuvemeh, une ville du delta du fleuve Volta, au Ghana, menacée par l’érosion côtière et les inondations.


Mobiliser les connaissances et les capacités pour financer l’action climatique dans les pays du Sud Depuis 2012, le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) soutient la recherche et le renforcement des capacités afin d’améliorer l’accès des pays en développement au financement de l’action climatique. Ces efforts mettent en lumière les besoins de financement des pays en développement, aident à mobiliser le financement du secteur privé, renforcent les capacités des pays du Sud en matière de financement climatique et garantissent que le financement est équitable et inclusif en termes de genre. Alors que les vagues de chaleur, les sécheresses, les feux de forêt, les inondations et autres phénomènes extrêmes records démontrent les effets mondiaux des changements climatiques, la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’aider les communautés à s’adapter est impérieuse. Alors que les pays industrialisés sont les principaux responsables du réchauffement climatique, les pays du Sud en subissent déjà les effets dévastateurs et ne disposent pas des ressources nécessaires afin de planifier et préparer un avenir résilient et à faibles émissions de carbone.

confrontés. Elle a également montré que les sources de financement – comme les banques multilatérales de développement (BMD) – doivent être mieux harmonisées avec les besoins et les priorités définis dans les plans d’action nationaux. Comme l’ont souligné les dirigeants du G20 dans leur Déclaration de Delhi 2023, les BMD doivent jouer un rôle plus important et plus efficace dans le financement des solutions aux multiples crises qui se chevauchent et auxquelles le monde est confronté, y compris la crise climatique.

En 2009, les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se sont engagées à verser 100 milliards de dollars américains par an d’ici à 2020 pour l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ses effets dans les pays en développement. Selon les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) (2022), seuls 83,3 milliards de dollars américains de ce financement promis ont été mobilisés pour cette année cible. Plus des quatre cinquièmes proviennent de sources publiques, dont plus de 70 % sous forme de prêts. Les efforts visant à atténuer le réchauffement climatique en réduisant les gaz à effet de serre, ainsi que les activités combinant l’adaptation et l’atténuation, ont représenté deux tiers de ce financement, l’adaptation comptant pour environ un tiers.

La mobilisation du secteur privé et le fait de trouver d’autres nouvelles sources de financement constituent d’autres priorités importantes du CRDI. Les sources de financement public étant limitées, les pays du Sud ont besoin d’investissements du secteur privé et d’instruments financiers innovants, comme les obligations vertes, qui peuvent générer des flux de financement supplémentaires. La capacité des pays en développement à mobiliser des fonds privés est limitée par de nombreux facteurs. D’une part, la majeure partie du financement privé de la lutte contre les changements climatiques est consacrée à l’atténuation, principalement dans les pays du Nord, dans des secteurs comme les énergies renouvelables et les projets d’efficacité énergétique qui offrent des rendements financiers sûrs. Bien que les pays du Sud aient un besoin urgent de solutions d’adaptation – comme des systèmes d’irrigation économes en eau pour faire face aux sécheresses ou la conservation des zones humides côtières pour se protéger de l’élévation du niveau de la mer –, ces projets offrent rarement les flux de revenus nécessaires en vue de garantir un financement privé à grande échelle (OCDE, 2022).

En 2023, l’objectif de 2020 n’aura toujours pas été atteint, alors même que les coûts de l’adaptation – particulièrement cruciale pour les pays en développement – ne cessent d’augmenter. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) (2023) estime que l’écart entre les besoins d’adaptation et le financement de l’adaptation dans les pays en développement est aujourd’hui de 10 à 18 fois supérieur aux flux internationaux actuels de financement public. L’écart entre les besoins et les disponibilités n’a cessé de se creuser et se situe aujourd’hui entre 194 et 366 milliards de dollars américains par an, et ce, en tenant compte de l’inflation. Depuis plus de 10 ans, le CRDI soutient la recherche et le renforcement des capacités en matière de financement climatique. Notre programmation a été façonnée par des recherches antérieures et en cours qui ont mis en lumière les besoins et les capacités des pays en développement, ainsi que les occasions et les obstacles auxquels ils sont

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Le CRDI s’est également employé à renforcer les capacités individuelles et institutionnelles d’accès au financement climatique. Des études ont montré que de nombreux pays du Sud, en particulier les moins développés, ne disposent pas d’un environnement politique favorable, de la capacité de proposer et de mettre en œuvre des projets d’action climatique et de la capacité d’accéder à des financements provenant d’un éventail de plus en plus complexe de sources, ainsi que de les gérer.


CRDI/TOM PILSTON

Le financement de la lutte contre les changements climatiques est nécessaire pour des solutions comme l’irrigation à l’énergie solaire, qui aide les agricultrices et agriculteurs à s’adapter à la pénurie d’eau.

Depuis 2012, le soutien du CRDI à la recherche et au renforcement des capacités a permis de réaliser ce qui suit : n mise en lumière des besoins des pays en

développement en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques, ainsi que des obstacles et des occasions auxquels ils sont confrontés; n mobilisation du financement du secteur privé, en

particulier pour l’adaptation; n renforcement des capacités d’une nouvelle

génération de leaders en matière de financement climatique dans les pays du Sud; n renforcement des approches davantage inclusives

du financement de l’action climatique, afin de s’assurer que les femmes et les personnes plus vulnérables ne sont pas laissées pour compte. Nous devons également veiller à ce que le financement de la lutte contre les changements climatiques profite aux personnes les plus vulnérables, en renforçant la résilience à la fois des femmes et des hommes, ainsi qu’en aidant les communautés marginalisées à tirer profit des investissements relatifs au climat. La question de l’égalité des genres et de l’inclusion sociale (EGIS) est un axe important de l’ensemble des travaux de recherche et de développement des capacités soutenus par le CRDI. Pour favoriser un financement climatique davantage inclusif, les bailleurs de fonds et ceux qui recherchent des financements doivent prendre en compte les dimensions sociales et de genre des changements climatiques.

Faire la lumière sur les besoins, les obstacles et les possibilités de financement Les études successives soutenues par le CRDI au cours de la dernière décennie ont mis en lumière les besoins des pays en développement en matière de financement climatique, les facteurs qui limitent leur accès au financement et les possibilités pour les pays en développement et les bailleurs de fonds de relever ces défis. Les banques nationales de développement peuvent jouer un rôle crucial dans la mobilisation de fonds pour l’adaptation. En 2012, le CRDI s’est associé à la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA) pour commander une étude (Tippman et coll., 2013) qui évaluerait les raisons pour lesquelles les projets d’adaptation en Afrique – en particulier dans les pays les moins avancés – ont eu du mal à accéder au financement. En s’appuyant sur l’expérience des développeurs de projets de financement climatique à travers le continent et en examinant les plans et rapports nationaux en matière d’adaptation soumis par les pays d’Afrique dans le cadre de la CCNUCC, l’étude a formulé des recommandations et esquissé une stratégie afin de surmonter les obstacles cernés. Elle a également permis d’énumérer les domaines clés dans lesquels des recherches supplémentaires étaient nécessaires, contribuant ainsi à jeter les bases de la programmation future du CRDI en matière de financement climatique. L’étude a révélé que l’accès au financement dans la majeure partie de l’Afrique était entravé par une forte dépendance à l’égard de sources publiques sous-financées, avec des critères compliqués que les développeurs de projets avaient du mal à respecter. L’élaboration des propositions a également été entravée par les lacunes des politiques et stratégies

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nationales, l’absence de cadres réglementaires, le manque d’expertise et de données et les faiblesses de la gouvernance. Le rapport recommande aux gouvernements une série de mesures afin de combler ces lacunes, notamment : des comités de coordination nationaux ou d’autres mécanismes afin d’améliorer les cadres d’investissement, l’intégration de l’adaptation dans les budgets nationaux et les projets de développement dans tous les secteurs, ainsi qu’une étude plus approfondie sur la manière de débloquer les investissements privés.

La première évaluation systématique de l’harmonisation des portefeuilles d’investissement des banques multilatérales de développement avec les objectifs nationaux d’adaptation a révélé que les banques et les pays en développement ont besoin d’une plus grande capacité en matière de financement climatique. Le financement de l’adaptation a également été entravé par des lacunes dans notre compréhension de ses coûts et avantages, en particulier compte tenu de l’accent mis sur l’intégration de l’adaptation dans la planification du développement. De 2015 à 2017, une recherche portant sur l’économie de l’adaptation et du développement résilient au climat (Watkiss et Cimato, 2016) a examiné comment ces défis ont été relevés dans des études de cas tirées du portefeuille de recherche du CRDI et d’une littérature scientifique plus large. L’une des conclusions essentielles est que l’assistance technique et le renforcement des capacités sont indispensables à l’intégration, mais qu’il est difficile d’en quantifier la valeur. L’étude a mis en évidence les bonnes pratiques des projets du CRDI montrant comment évaluer ces interventions en termes qualitatifs. En octobre 2023, les dirigeants de 10 banques multilatérales de développement se sont engagés à renforcer et à élargir leur collaboration – notamment en harmonisant mieux leurs flux de financement avec les objectifs de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. La première évaluation systématique (Murphy et Parry, 2020) de l’harmonisation des portefeuilles d’investissement des BMD avec ces objectifs à l’échelle nationale a été entreprise dans le cadre d’un effort de recherche de quatre ans soutenu par le CRDI et dirigé par l’Institut international du développement durable (IIDD). Elle a permis de constater que, même si l’harmonisation s’améliore et que les BMD augmentent le financement de l’adaptation, les banques et les gouvernements des pays en développement devront renforcer leurs capacités pour continuer à progresser. Plus précisément, elle a cerné les besoins suivants :

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n une plus grande assistance technique de la part des BMD

pour aider les gouvernements à faire face aux risques climatiques, à suivre les flux financiers et à entreprendre une évaluation économique; n des plans d’investissement par pays plus réactifs de la part

des BMD, afin de mieux refléter les priorités nationales en matière d’adaptation et d’atténuation; n une utilisation plus importante et plus créative

d’instruments financiers innovants par les BMD. Au Pérou, le suivi par le projet des financements des BMD pour l’adaptation a conduit le ministère de l’Économie et des Finances à demander à la Banque mondiale des conseils techniques concernant le suivi des investissements verts et climatiques. Les résultats du projet ont également été cités dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) au sujet de l’atténuation des changements climatiques. À l’heure où de nombreux pays en développement passent de la planification de l’adaptation à la mise en œuvre, l’équipe a également publié la première analyse de stratégies nationales de financement de l’adaptation (Murphy, 2022). Ces stratégies décrivent généralement les priorités nationales en matière d’adaptation au climat et les sources de financement potentielles, parfois accompagnées de détails sur les coûts et de plans visant à mobiliser des fonds auprès des sources cibles. Le rapport fournit des conseils accessibles sur la façon dont ces stratégies peuvent être utilisées plus efficacement afin d’augmenter le financement qui est harmonisé avec les objectifs nationaux plus larges en matière de développement et d’adaptation. La recherche a également exploré le rôle potentiel d’instruments financiers innovants – comme les fonds d’investissement communs, les échanges dette-nature, les obligations vertes ou résilientes au climat, les prêts verts et les services d’assurance – dans l’augmentation du financement de l’adaptation. La recherche a permis de produire un répertoire complet de ces instruments, qui comble une lacune cruciale dans les connaissances des personnes qui cherchent des moyens supplémentaires de financer l’adaptation. Les bénéficiaires de subventions et les membres du personnel du CRDI ont également apporté leur expertise en tant que personnes examinatrices, auteures et contributrices à des évaluations mondiales du financement climatique, notamment le Rapport 2016 sur le déficit de l’adaptation au climat, ainsi que les éditions précédentes et actuelles du Rapport sur le déficit de l’adaptation au climat. Ces rapports du PNUE jouent un rôle crucial en documentant les progrès et en déterminant les lacunes afin de guider l’action collaborative sur le financement climatique. Les leçons tirées des travaux soutenus par le CRDI sur le financement de l’adaptation par le secteur privé sont mises en évidence dans l’étude de cas 1 du Rapport 2023 sur le déficit de l’adaptation au climat.


CRDI/ ASAfU ChIjERE

Les petites entreprises ont un rôle essentiel à jouer dans l’augmentation du financement en faveur de l’adaptation. Avec des investissements, ces entreprises peuvent adopter des innovations comme des séchoirs à poisson fonctionnant à l’énergie solaire, qui rendent le processus de production plus durable.

Mobiliser le financement du secteur privé Les ressources publiques étant limitées, le financement du secteur privé est essentiel à l’intensification de l’action climatique. Mais à ce jour, la plupart des financements privés pour le climat ont été mobilisés pour des projets dans des pays à revenu intermédiaire où l’environnement politique est favorable et où les risques d’investissement sont moindres (OCDE, 2022). Il a été particulièrement difficile de justifier le bien-fondé de l’adaptation, surtout dans les pays à faible revenu qui en ont le plus besoin. Les recherches soutenues par le CRDI ont contribué à démontrer des moyens viables pour les responsables du développement de projets d’adaptation d’attirer davantage d’investissements privés. L’analyse d’un portefeuille de projets du CRDI relatifs à la finance (Adhikari et Chalkasra, 2023) a confirmé que les entreprises sont prêtes à investir dans l’adaptation au climat, mais que leurs décisions en matière d’investissement sont limitées par un manque de projets bancables et une connaissance incomplète des risques climatiques qui guident la prise de décision en matière d’adaptation. Il est essentiel d’impliquer les petites et moyennes entreprises (PME) dans l’adaptation, car elles constituent un moteur qui a permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté. De 2014 à 2017, avec le soutien du CRDI, le Private Financing Advisory Network (PFAN) – qui met en relation des entrepreneures et entrepreneurs avec des responsables de l’investissement dans 122 pays en développement – a collaboré avec la Frankfurt School of Finance and Management pour évaluer les obstacles à l’expansion des investissements privés dans des projets d’adaptation dans des pays cibles d’Afrique subsaharienne. En mettant en relation les PME et les responsables des investissements d’impact ayant des

répercussions sur le plan social, le PFAN a étudié les conditions qui inciteraient ces parties prenantes du secteur privé à investir dans l’adaptation. Le PFAN a également travaillé avec des PME afin de développer un portefeuille de projets d’adaptation susceptibles d’intéresser les responsables des investissements d’impact. Au moyen d’appels à propositions, d’un soutien en matière d’accompagnement et de concours de plans d’affaires, le projet a permis d’obtenir 2 millions de dollars américains de financement privé pour quatre projets. Bien que les sommes recueillies n’aient pas été importantes, la recherche a démontré un modèle couronné de succès en matière de mobilisation de fonds privés et a montré que les PME manquaient de connaissances sur les risques climatiques et de capacité à développer des idées d’investissement bancables. Ce manque de connaissances a rendu ces entrepreneures et entrepreneurs moins enclins à investir dans l’adaptation. Les responsables des investissements d’impact, bien que désireux d’investir dans l’adaptation, manquaient d’informations claires sur la manière dont les projets d’adaptation pouvaient apporter des bénéfices climatiques en plus des rendements financiers. En négociant et en encadrant les partenariats, le PFAN a veillé à ce que les PME et les responsables des investissements d’impact soient informés des occasions et des incitations relatives à l’adaptation. L’un des résultats importants du projet est que l’adaptation au climat est désormais intégrée dans la méthodologie de base du PFAN, et que ce réseau de grande envergure soutient désormais à la fois des projets d’atténuation et d’adaptation. Les multinationales disposent également d’un énorme potentiel pour favoriser l’adaptation mise à l’échelle, étant donné l’étendue de leurs chaînes d’approvisionnement, qui s’étendent à de nombreuses communautés menacées par les changements climatiques.

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De 2014 à 2018, le CRDI a soutenu l’organisation mondiale à but non lucratif Business for Social Responsibility (BSR) dans le cadre de ses efforts pour inciter 250 multinationales – dont des géants comme Coca-Cola et T-Mobile – à examiner comment leurs pratiques commerciales pourraient favoriser la résilience climatique dans les pays émergents et en développement d’Asie et d’Afrique subsaharienne. BSR a recueilli des données et mené des entretiens approfondis sur la manière dont les entreprises comprennent et abordent les risques climatiques et la résilience, et sur les occasions qu’elles voient dans l’adaptation au climat. Afin de les aider à protéger leurs investissements et leurs infrastructures contre les changements climatiques et à soutenir les communautés vulnérables le long de leurs chaînes d’approvisionnement et de valeur, BSR a élaboré un cadre de résilience climatique (Cameron, Harris et Prattico, 2018). Il fournit des lignes directrices pour aider les entreprises à examiner les risques physiques des changements climatiques et à déterminer dans quelle mesure leurs activités et leurs chaînes d’approvisionnement peuvent être exposées et vulnérables à ces effets climatiques. Pour venir compléter ses recherches auprès des multinationales, BSR a également évalué les politiques nationales relatives à l’adaptation aux changements climatiques dans six pays où ses entreprises membres mènent des activités. Ces évaluations ont porté sur les risques climatiques et les vulnérabilités de chaque pays, les risques particuliers pour le secteur privé et les lacunes des politiques publiques essentielles à la mobilisation de l’investissement privé. Ces évaluations ont permis de formuler des recommandations visant à accroître l’investissement privé dans l’adaptation dans chaque pays. En Thaïlande, par exemple, les chercheuses et chercheurs ont recommandé, entre autres mesures, d’utiliser une taxe sur le tourisme dans les communautés côtières pour financer la protection de la nature contre l’élévation du niveau de la mer et les ondes de tempête. Au Mozambique, où la corruption généralisée sape la confiance des responsables des investissements, les évaluations menées ont recommandé de piloter un partenariat public-privé et de publier régulièrement des rapports d’avancement afin d’instaurer la confiance et la crédibilité. En Afrique du Sud, elles ont suggéré de collaborer avec le secteur privé lors de l’élaboration des plans d’adaptation sectoriels afin d’encourager le financement de l’adaptation.

Renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement de Coca-Cola BSR a conçu pour Coca-Cola une stratégie générale de gestion des risques et de résilience qui évalue les risques et vise à renforcer la résilience des opérations de l’entreprise, de sa chaîne d’approvisionnement et des communautés vulnérables au sein desquelles l’entreprise opère. Le projet a examiné sept sites géographiques en fonction du risque climatique et deux des principaux produits de base de l’entreprise. Par conséquent, la résilience climatique fait l’objet d’une section distincte dans la stratégie de développement durable de l’entreprise. Cet effort a également permis de réduire les cloisonnements entre les programmes de durabilité de Coca-Cola en matière de gestion de l’eau et d’autonomisation des femmes.

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Le projet a permis d’inscrire la résilience climatique à l’ordre du jour de BSR et de ses multinationales membres. BSR a également appliqué les résultats du projet à son initiative de collaboration Business Action for Women, à laquelle participent des entreprises internationales comme L’Oréal, Mars, Chanel et Twinings, afin de permettre aux femmes des communautés touchées par le stress climatique le long des chaînes d’approvisionnement agricole de protéger leurs moyens de subsistance. Le cadre de résilience climatique de BSR continue d’informer ses services de conseil aux entreprises sur les changements climatiques, aidant les entreprises à réduire leurs émissions et à renforcer la résilience de leurs chaînes d’approvisionnement et des communautés touchées. Afin de combler le fossé entre les projets locaux d’action climatique et les sources de financement disponibles, le nouveau Mécanisme de financement catalyseur pour le climat vise à associer des capitaux de démarrage provenant de sources publiques et privées à des solutions locales prometteuses dans des domaines sous-financés comme la durabilité urbaine, l’agriculture, la sylviculture et d’autres utilisations des terres, ainsi que la transition vers une énergie juste. Le CRDI soutient un programme d’apprentissage qui tirera des leçons de ce mécanisme sur la façon de catalyser de nouveaux véhicules financiers et de mobiliser des capitaux privés pour l’action climatique. Le mécanisme vise à intégrer et à augmenter le financement climatique qui favorise une transition énergétique juste, en mettant l’accent sur l’égalité des genres et le développement des capacités locales.

Renforcement des capacités et du leadership en matière de financement climatique Grâce à son soutien à la recherche, aux bourses, au partage des connaissances et aux partenariats, le CRDI a contribué à renforcer le leadership des pays du Sud en matière de financement climatique et a formé une nouvelle génération de personnes expertes pour qu’elles puissent accéder avec succès à un financement adapté aux besoins et aux priorités des pays. Notre soutien a permis de mieux équiper les personnes et les institutions sur de nombreux plans.

Grâce au Programme de bourses de financement des contributions déterminées au niveau national (CDN), 100 boursières et boursiers de 30 pays d’Afrique sont désormais des personnes expertes certifiées en matière de financement des CDN. Par exemple, le Programme de bourses de financement des contributions déterminées au niveau national (CDN), qui vient de s’achever, a mis l’accent sur la nécessité pour les pays d’Afrique d’accéder à des financements pour mettre en œuvre leurs CDN. Selon les termes de l’Accord de Paris, ces contributions sont mises à jour tous les cinq ans pour montrer des niveaux croissants d’ambition nationale en matière d’atténuation et d’adaptation. Grâce à ce programme de


CRDI/ TOm PILSTON

Le financement de solutions permettant d’économiser l’eau, comme l’irrigation au goutteà-goutte, exige que les entreprises, les bailleurs de fonds et les décisionnaires politiques acquièrent des compétences pour faire correspondre le financement de l’action climatique aux priorités nationales et locales.

bourses, 100 jeunes professionnelles et professionnels de 30 pays d’Afrique différents ont reçu une certification dans le domaine du financement des CDN. Deux cohortes (une francophone et une anglophone) issues du monde de la politique et de la recherche ont perfectionné leurs connaissances et leurs compétences en matière de leadership au moyen de mentorat, de séminaires et d’ateliers de formation en ligne et d’événements sur place en Allemagne et au Kenya. Le Programme de bourses de financement des CDN s’appuie sur le succès du Programme de bourses de financement de l’adaptation (PbfA) de 2016-2020, qui a permis de former et de certifier 39 professionnelles et professionnels en milieu de carrière issus du monde politique, des affaires et de la recherche. Plusieurs boursières et boursiers ont par la suite réorienté leur carrière vers les changements climatiques ou l’adaptation au sein d’organisations internationales et multilatérales comme la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds vert pour le climat (FVC) et le Fonds d’adaptation. Une jeune personne leader désireuse de faire progresser l’adaptation au climat et le financement s’est par la suite présentée (sans succès) aux élections du congrès national du Brésil. Plusieurs boursières et boursiers du secteur privé ont ensuite conçu et développé de nouveaux produits financiers comme la microfinance pour l’agriculture résiliente aux changements climatiques. Les chercheuses et chercheurs ont produit de nouvelles connaissances essentielles portant sur l’assurance basée sur des indices météorologiques – un moyen de financement de plus en plus important pour renforcer la résilience des productrices et producteurs de denrées alimentaires dans les pays en développement – ainsi que sur des sources supplémentaires de financement climatique.

Deux banques nationales – en Zambie et au Zimbabwe – ont récemment été accréditées pour un accès direct au Fonds vert pour le climat, contribuant ainsi à accroître le financement direct des priorités nationales en matière d’action climatique. L’une des conséquences du manque de capacité des pays en développement en matière de financement climatique est que d’importantes sources de financement ne sont pas utilisées à leur plein potentiel. Par exemple, le FVC ne respecte pas son engagement de canaliser 50 % du financement total par un accès direct aux pays bénéficiaires, en raison d’une réserve limitée de propositions de projets émanant de ces pays. En réponse à ce défi, une initiative de l’organisme SouthSouthNorth soutenue par le CRDI et visant à catalyser le financement climatique a permis d’œuvrer avec des banques nationales de développement et d’autres institutions en Afrique australe, où les pays s’efforcent de développer des projets bancables qui répondent aux objectifs de leur CDN. En s’appuyant sur le Partenariat pour le financement climatique en Afrique australe – une plateforme multipays de partage des connaissances et de renforcement des capacités – le Botswana, le Lesotho, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe ont bénéficié d’un échange de connaissances et d’un renforcement des capacités entre les pays du Sud (Sud-Sud) qui se sont concentrés sur les lacunes déterminées au moyen d’une analyse ciblée. En conséquence, deux banques nationales ont été accréditées en tant qu’entités d’accès direct au FVC. La Banque de développement des infrastructures du Zimbabwe a été accréditée après avoir

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SVEN TORfINN/PANOS

Le financement de la lutte contre les changements climatiques doit être inclusif et bénéficier aux groupes les plus vulnérables, comme les petites agricultrices.

surmonté des lacunes en matière d’intégration de la dimension de genre, tandis que la Banque commerciale nationale de Zambie a réussi grâce à une meilleure compréhension des processus d’accréditation du FVC, acquise dans le cadre d’échanges entre pairs. Dans une note de synthèse de 2023, SouthSouthNorth résume les leçons tirées des facteurs – comme le manque de coordination nationale entre les ministères et les secteurs autour des objectifs climatiques et d’investissement – qui empêchent les pays d’Afrique australe de mobiliser des fonds pour le climat. L’équipe a également mis au point un cours de formation pour les praticiennes et les praticiens du financement du climat d’une durée de 12 semaines – le premier de ce type en Afrique australe – qui a déjà permis à 37 stagiaires d’obtenir leur diplôme. Le programme d’études sera intégré au programme de maîtrise en financement du développement de la Graduate School of Business de l’Université du Cap. D’autres capacités sont renforcées à l’échelle nationale au moyen de l’initiative Activer le changement, cofinancée par le CRDI et le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas. En 2022, le Climate et Development Knowledge Network (CDKN) s’est associé au Projet de financement axé sur les besoins de la CCNUCC afin de mettre au point quatre ateliers de formation destinés à aider les fonctionnaires nationaux à élaborer des programmes susceptibles d’accéder aux sources multilatérales de financement climatique, notamment le Fonds d’adaptation, le FVC et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Au total, 125 fonctionnaires de 30 pays de quatre régions ont été formés. Seize programmes régionaux ont été conceptualisés, mettant l’accent sur l’adaptation à l’échelle locale et sur l’égalité des genres et l’inclusion sociale (EGIS), avec des plans visant à garantir qu’ils seront développés plus avant et inclus dans les listes de priorités régionales. De nouveaux outils et approches en matière de financement sont également nécessaires pour renforcer la résilience à l’échelle locale. En 2020, l’Université du KwaZulu-Natal a achevé une étude soutenue par le CRDI sur la faisabilité d’un mécanisme municipal de mise en commun des risques pour 8

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gérer les risques d’inondation dans six municipalités d’Afrique du Sud. La mutualisation des risques permet aux organisations ou aux ordres de gouvernement participants de répartir les risques et d’éviter les coûts catastrophiques en cotisant à un fonds commun qui indemnisera les membres en cas de pertes ou de dommages. Un cadre pour la mise en commun des risques à l’échelle infranationale a été élaboré dans le cadre de la recherche et communiqué aux parties prenantes municipales. L’équipe du projet s’est associée à la municipalité de Drakenstein, lui fournissant une analyse technique supplémentaire afin de soutenir ses efforts en vue d’établir un mécanisme, avec le soutien du Trésor provincial de la province Cap-Occidental. L’équipe du projet s’est également associée au Réseau des villes C40 afin d’étudier la faisabilité d’un mécanisme plus large de mise en commun des risques relatifs aux inondations.

Favoriser un financement plus inclusif de la lutte contre les changements climatiques On s’inquiète de plus en plus du fait que les engagements et les mécanismes de financement de la lutte contre les changements climatiques ne tiennent pas compte de l’égalité des genres et de l’inclusion et ne soutiennent pas suffisamment l’adaptation menée par les femmes à l’échelle locale. Une recherche récente financée par le CRDI (Patel et coll., 2023) souligne que la plupart des financements mondiaux pour le climat vont actuellement à des secteurs à prédominance masculine comme l’énergie et les transports. Les résultats de l’étude révèlent qu’un peu plus de la moitié (57 %) de l’aide publique au développement en faveur de l’action climatique a intégré l’égalité des genres dans une certaine mesure, mais qu’il y a peu d’éléments indiquant que le financement atteint des projets ou des programmes qui abordent l’égalité des genres de manière proactive. L’intégration des perspectives de l’EGIS est un axe important de la recherche et du développement des capacités soutenus par le CRDI, y compris dans le domaine de la finance climatique, afin de s’assurer que les besoins et les perspectives des femmes et des groupes vulnérables sont pris en compte. Grâce à l’évaluation des besoins des personnes expertes, à de nouvelles ressources de formation, au soutien des pairs et au mentorat, le CRDI a aidé les personnes responsables de la conception de projets, les fonctionnaires et les bailleurs de fonds à appliquer les perspectives en matière d’EGIS dans le cadre de leur travail.

La formation et les outils relatifs au financement climatique ont aidé les parties prenantes de plusieurs pays à formuler des projets viables, inclusifs et pris en charge localement. Par exemple, avec le soutien du CRDI, le CDKN a intégré une perspective de genre dans son soutien au renforcement des capacités des pays en développement en matière de financement climatique. De 2019 à 2022, le CDKN a travaillé avec le fonds national pour le climat du gouvernement de l’Éthiopie – le Mécanisme de financement catalyseur pour le


bIOVERSITy INTERNATIONAL/m.bELTRAN

De nouveaux outils et approches de financement sont nécessaires pour soutenir les solutions locales.

climat – pour améliorer l’intégration du genre dans ses priorités en matière de changements climatiques. Une évaluation des besoins réalisée par des personnes expertes a révélé que la manière dont les questions de genre pouvaient être intégrées dans les nombreux services gouvernementaux dont les mandats sont relatifs aux changements climatiques n’était pas très claire. Afin de combler ces lacunes, le CDKN a produit un dossier de formation sur mesure sur le genre et les changements climatiques à l’intention des fonctionnaires. En décembre 2020, une formation a été offerte à 20 personnes participantes clés, dont les points focaux pour l’égalité des genres dans les ministères concernés. En conséquence, la sensibilisation aux questions de genre et de changements climatiques a été renforcée dans l’ensemble du gouvernement, et une communauté de pratique a été mise en place afin d’institutionnaliser ces connaissances. En 2021, le CDKN s’est associé à l’Organisation des femmes pour l’environnement et le développement (WEDO) pour lancer le guide pour renforcer l’intégration de l’égalité des sexes dans les projets de financement climatique, qui présente un cadre pour aider les équipes de projet à concevoir, mettre en œuvre et surveiller les projets de financement climatique dans le cadre des principaux fonds multilatéraux. La formation et les outils du CDKN en matière de financement climatique ont aidé les parties prenantes de plusieurs pays à formuler des projets viables et pris en charge localement. En Colombie, par exemple, la formation a aidé le maire de la municipalité de Carepa à obtenir un financement du gouvernement pour un projet visant à soutenir des poêles à bois plus efficaces et l’utilisation des ressources forestières, réduisant ainsi les émissions et le fardeau des femmes dans les zones rurales. Les recherches menées par l’organisation Environment for Development ont permis d’élaborer un programme prospectif pour une transition à faibles émissions de carbone, équitable

et inclusive. Intégrant l’analyse de genre dans l’ensemble de son étude, la recherche met en évidence les capacités, les connaissances et les modèles d’investissement nécessaires aux pays du Sud pour transformer des secteurs clés comme l’énergie, la sylviculture et les infrastructures grâce à des stratégies de développement à faibles émissions qui répartissent les bénéfices de manière plus équitable. L’étude de Patel et coll. portant sur le genre et le financement climatique, citée précédemment, présente une série de recommandations à l’intention des décisionnaires politiques. Les recommandations portent notamment sur la nécessité de mettre en place les mesures suivantes : n davantage de financement climatique destiné aux projets

et programmes d’adaptation et d’atténuation qui ciblent principalement l’égalité des genres; n un examen des instruments utilisés pour acheminer les

fonds selon une perspective de genre, afin de s’assurer qu’ils ciblent l’égalité des genres et profitent aux groupes les plus pauvres et les plus marginalisés; n une représentation équilibrée des genres dans le processus

décisionnel des institutions financières multilatérales et une plus grande responsabilité vis-à-vis des parties prenantes; n des flux de financement national plus importants entre les

différents groupes et ordres, les gouvernements nationaux utilisant des outils comme la budgétisation sensible au genre et au climat; n un soutien plus important et plus transparent au secteur

privé dans les pays en développement, en particulier aux micro-, petites et moyennes entreprises (MPME), en tant que vecteur de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

M O B I L I S E R L E S C O N N A I S S A N C E S E T L E S C A PA C I T É S P O U R F I N A N C E R L’A C T I O N C L I M AT I Q U E D A N S L E S PAY S D U S U D

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Prochaines étapes du financement de la lutte contre les changements climatiques Le CRDI continuera à mettre l’accent sur l’égalité des genres et l’inclusion, tout en répondant aux approches et enjeux émergents, ainsi qu’en donnant aux pays les moyens d’accéder à de nouveaux instruments financiers. Par exemple, la 28e session de la Conférence des Parties à la CCNUCC (COP 28) se concentrera sur la manière de rendre opérationnel un nouveau fonds destiné à aider les pays en développement à faire face aux pertes et aux dommages causés par les effets des changements climatiques. Grâce à des études de cas au Bangladesh, au Népal, au Sénégal et au Vanuatu, le projet Renforcer la capacité de réponse aux questions de pertes et dommages dans les pays du Sud (STRENgTh) permettra de tirer des enseignements afin d’aider les pays à accéder à ce nouveau fonds destiné à couvrir à la fois les pertes irréparables – comme les terres perdues à cause de la montée des eaux – et les dommages réversibles. Parallèlement, une nouvelle étude menée par l’Alliance pour l’inclusion financière – qui représente les banques centrales et les organisations de régulation financière de près de 90 économies émergentes et en développement – montrera comment la réglementation financière et les initiatives politiques peuvent favoriser des investissements en matière d’atténuation et d’adaptation sensibles au genre de la part des MPME. Peu d’études sur les coûts économiques inhérents aux changements climatiques reflètent la manière dont ces coûts diffèrent en fonction du genre et des différents groupes sociaux. L’équipe chargée du projet Changements climatiques, genre, égalité, et inclusion sociale : implications réparties et coûts d’adaptation (ECONOgENESIS) – financé au moyen de l’initiative Adaptation aux changements climatiques et résilience (CLARE) – mène des études de cas économiques à l’échelle nationale au Rwanda, au Népal et en Tanzanie afin d’aider les gouvernements à s’assurer que la planification de l’adaptation prend en compte les répercussions sur les femmes, les plus pauvres et les groupes 10

DOCUMENT DE SYNTHÈSE

socialement exclus. Au Rwanda, la recherche explore de nouveaux modèles de financement avec le Fonds national pour l’environnement et le changement climatique (FONERWA), y compris des modèles mixtes et des modèles du secteur privé. Une réserve initiale de 10 projets d’adaptation sera établie, dont au moins la moitié sera axée sur l’EGIS, pour le mécanisme des CDN et le mécanisme d’investissement vert du Rwanda. Le projet a déjà contribué au Rapport 2023 sur le déficit de l’adaptation au climat du PNUE, assurant ainsi que cette dernière mise à jour tienne compte de l’égalité des genres et de l’inclusion. Deux projets de l’initiative Activer le changement récemment approuvés – Décentraliser les fonds climat pour renforcer la résilience des communautés vulnérables (DEfOCLIm) au Sénégal et L’innovation au service de l’égalité des genres et du financement décentralisé des mesures de lutte contre les changements climatiques (BRIDGE) au Cameroun – renforceront le financement climatique à l’échelle locale afin d’améliorer la résilience des groupes les plus vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. Tous deux permettront de tirer des enseignements importants sur la manière dont la décentralisation du financement climatique – l’extension du financement à des groupes à l’échelle infranationale – peut favoriser une plus grande résilience, l’égalité des genres et l’inclusion sociale. Par ailleurs, un nouveau partenariat entre l’Aspen Network of Development Entrepreneurs et 2XGlobal vise à donner aux entreprises dirigées par des femmes un avantage dans le domaine de l’énergie propre, en se concentrant sur la mobilisation de capitaux adaptés au genre, qui permettront de trouver des solutions locales pertinentes en matière d’énergie propre. Compte tenu de la nécessité urgente d’accroître le financement de la lutte contre les changements climatiques et de mieux l’harmoniser avec les besoins et les priorités des pays en développement, le CRDI continuera d’appuyer la recherche et le renforcement des capacités dans l’ensemble des pays du Sud, et ce, afin de mieux équiper et informer les bailleurs de fonds et les activistes de l’action pour le climat.

CRDI/ATUL LOKE

Le CRDI continuera à mettre l’accent sur le genre et l’inclusion dans le financement climatique, tout en répondant à des occasions comme la mise en place d’un nouveau fonds mondial pour couvrir les pertes et dommages associés aux changements climatiques.


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Centre de recherches pour le développement international C.P. 8500 Ottawa (Ontario) K1G 3H9. Canada (adresse postale) 45, rue O’Connor, Ottawa (Ontario), Canada K1P 1A4 Courriel : info@crdi.ca

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