Synthèse du partenariat CultivAF, 2013-2023

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Favoriser des systèmes alimentaires

résilients, équitables et durables :

Une synthèse du partenariat Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF) 2013-2023

Coordinatrices

Mercy Rurii et Janet Waiyaki, CRDI

Auteure principale

Susanna Cartmell, WRENmedia Ltd

Rédactrices en chef

Olivia Frost, Chantelle Pattemore et Sophie Reeve, WRENmedia Ltd

Conception et mise en page

ELEA Africa et WRENmedia Ltd

Crédits des photos de la couverture

© En haut à gauche (Pius Sawa); en haut à droite (Georgina Smith); en bas à gauche (Georgina Smith); en bas à droite (Georgina Smith)

Pour plus d’informations

Centre de recherches pour le développement international (CRDI)

Boîte postale 8500, Ottawa, Ontario

Canada K1G 3H9 crdi.ca | info@crdi.ca

Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR)

GPO Box 1571

Canberra ACT 2601

Australie aciar.gov.au | aciar@aciar.gov.au

© 2023 Centre de recherches pour le développement international (CRDI)

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Citation recommandée : Centre de recherches pour le développement international. 2023. Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables : Une synthèse du partenariat Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF) 2013-2023. Ottawa, Canada.

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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© CRDI/Sven Torfinn

Remerciements

Nous tenons à remercier la multitude de personnes et d’organisations qui ont joué un rôle essentiel dans la réussite du programme Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF) au cours des dix années. Tout d’abord, pour avoir assuré le leadership et supervisé la gestion de la phase 1 du programme CultivAF, nos sincères remerciements vont à Mellissa Wood, ancienne gestionnaire des programmes mondiaux à l’ACIAR, à Merle Faminow, Ph. D., ancien gestionnaire du programme Agriculture et sécurité alimentaire au CRDI au moment de la création du programme CultivAF, et à Renaud De Plaen, Ph. D., ancien chef de programme pour Agriculture et sécurité alimentaire au CRDI. Des remerciements particuliers sont également adressés à M. Santiago Alba-Corral, directeur de la division Systèmes alimentaires résilients au climat (SARC) au CRDI, et à Mme Julianne Biddle, directrice, Mobilisation multilatérale à l’ACIAR, pour leur leadership dans le cadre de la phase 2, et pour l’avoir dirigée pendant la pandémie de COVID-19. Anna Okello, Ph. D., gestionnaire du programme de recherche à l’ACIAR, pour avoir été le point d’ancrage du programme CultivAF lors du passage à la phase 2, ainsi que nos collègues de l’ACIAR de Nairobi, Leah Ndungu, Ph. D., gestionnaire régionale à l’ACIAR, et M. Kennedy Osano, gestionnaire adjoint à l’ACIAR, pour leur collaboration, leurs points de vue et leurs contributions.

Au cours de la phase 1, les membres du premier Comité de gouvernance ont fourni des orientations essentielles au programme : Nick Austin, Ph. D., ancien président-directeur général (PDG) de l’ACIAR et actuellement chez Watertrust Australia Ltd; Andrew Campbell, Ph. D., ancien PDG de l’ACIAR; Albert Blair, ancien chef de la direction financière (CDF) de l’ACIAR; Dominique Charron, Ph. D., ancienne directrice du programme Agriculture et environnement du CRDI; et Simon Carter, Ph. D., ancien directeur régional de l’Afrique subsaharienne au CRDI.

Le deuxième comité de gouvernance de la phase 2 a également fourni un leadership stratégique crucial. Dominique Charron, Ph. D., ancienne vice-présidente, Programmes et partenariats au CRDI, et Andrew Campbell, Ph. D., ancien PDG de l’ACIAR. Kathryn Toure, Ph. D., directrice régionale du Bureau régional de l’Afrique orientale et australe (BRAFO) du CRDI, Mme Audrey Gormley, CDF à l’ACIAR, et Dan Walker, Ph. D., scientifique en chef à l’ACIAR.

Nous remercions également les personnes expertes de la phase 1 du Comité consultatif scientifique qui ont pris le temps d’examiner les notes conceptuelles et les propositions soumises pour financement et de formuler des recommandations à leur sujet. Il s’agit notamment de : professeur Fanuel Tagwira, secrétaire permanent du ministère de l’Enseignement supérieur et tertiaire, de l’Innovation, des Sciences et du Développement technologique du Zimbabwe; Irene Egyir, Ph. D., de l’Université du Ghana; Mme Mwila Kamwela, de la Commission de l’Union africaine (CUA); Nuhu Hatibu, Ph. D., du Kilimo Trust, qui fait maintenant partie de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA); Salim Nahdy, Ph. D., du Forum africain pour les services de conseil agricole (AFAAS); et Susan Kaaria

Ph D., de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) des Nations Unies, qui fait maintenant partie de l’organisation African Women in Agricultural Research and Development (AWARD). Ces personnes expertes ont joué un rôle déterminant dans la sélection des propositions de grande qualité qui ont été financées dans le cadre du programme.

Nous tenons également à remercier les membres du Comité consultatif scientifique de la phase 2, qui ont consacré beaucoup de temps et d’efforts à la sélection des projets les plus intéressants pour le portefeuille du programme

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CultivAF et à l’élargissement du champ d’application et de la portée du programme

: professeur Tagwira, Mme Anne Mbaabu, ancienne gestionnaire des marchés et de la gestion des récoltes à l’AGRA, Danny Simatele, professeur à l’Université du Witwatersrand, Maureen Miruka Ph. D., de CARE USA, et professeur William Baah-Boateng, de l’Université du Ghana.

Nous tenons à remercier l’équipe du programme

CultivAF, composée d’administratrices et administrateurs de programmes, d’administratrices et d’administrateurs de subventions, d’agentes et d’agents de gestion des programmes ainsi que d’administratrices et d’administrateurs généraux, pour leur soutien indéfectible au cours des dix dernières années

: Edidah L. Ampaire, Ph. D., Mme Mercy Rurii, Sandra Gagnon, Ph. D., Marwan Owaygen, Ph. D., et les anciens membres du personnel du CRDI, Annie Wesley, Ph. D., Jemimah Njuki, Ph. D., Innocent Butare, Ph. D., Pascal Sanginga, Ph. D. et Susan Robertson, Ph. D. qui ont assuré la supervision intellectuelle des projets; Mme Janet Waiyaki pour avoir supervisé l’application des connaissances et les rapports qui ont constitué une part importante de cette synthèse; Mme Josephine Njuguna et M. Abel Cheung pour avoir assuré la gestion des subventions, la budgétisation financière et l’établissement des rapports; et Mme Esther Paul et Mme Anne Marie Butuba pour avoir assuré le soutien administratif du programme. Des remerciements particuliers sont adressés à tous les autres administratrices et administrateurs de programme et au

personnel du CRDI et de l’ACIAR, qui ont apporté l’expertise technique nécessaire en fonction des besoins, notamment lors de l’examen des notes conceptuelles et des propositions, des visites de suivi, des ateliers initiaux conjoints et du soutien technique pendant la mise en œuvre du projet.

Nous remercions également le personnel de la Division des partenariats avec les bailleurs de fonds du CRDI qui a apporté son soutien à la gestion des partenariats, à l’établissement des rapports techniques et financiers destinés à l’ACIAR et à l’appui budgétaire global du programme.

Nous remercions également les services de communication de l’ACIAR et du CRDI pour leur travail de communication concernant le programme et pour le soutien que ces personnes ont apporté aux équipes en matière de communication.

Nous remercions d’autres organisations qui ont apporté un soutien technique et autre inestimable à CultivAF, notamment WRENmedia, ELEA Africa, l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), Ideas and Places, Artful Eyes Productions, ALINe et SD Direct.

Enfin, notre profonde gratitude va à toutes les équipes de projet en Éthiopie, au Kenya, au Malawi, au Mozambique, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe, sans lesquelles les résultats de cette synthèse n’auraient pas été possibles.

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Acronyms

ACIAR Australian Centre for International Agricultural Research

ACRE Africa Agriculture and Climate Risk Enterprise Ltd.

CRDI Centre de recherches pour le développement international

CultivAF Cultiver l’avenir de l’Afrique

e-CAS Système électronique Catch Assessment Survey

EIAR Institut éthiopien de recherche agricole

GAME Centre Global Agribusiness Management and Entrepreneurship Centre

GIR Gestion intégrée des ravageurs

KEBS Kenya Bureau of Standards

KWS Kenya Wildlife Service

MACE Manyakabi Area Cooperative Enterprise

MBS Malawi Bureau of Standards

MFN Mastercard Farmer Network

MSN Mouche soldat noire

PICS Purdue Improved Crop Storage

pro-WEAI Indice d’autonomisation des femmes dans l’agriculture

PME Petites et moyennes entreprises

PTC People’s Trading Centre

UNBS Uganda National Bureau of Standards

6 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

© Georgina Smith

Table des matières

8 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables Table des matières 8 Avant-propos 10 1� Introduction ������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 12 Innovations adaptées aux changements climatiques 14 Technologies de transformation du poisson ����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 15 Solutions d’entreposage des aliments 16 Technologies d’utilisation efficace de l’eau 17 Amélioration de la sécurité alimentaire 18 Renforcement des compétences 18 2 Chaînes de valeur inclusives 20 Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli? 21 Genre 21 Jeunesse 26 Conclusions ������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������ 29 3 Améliorer la productivité et la résilience 30 Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli? 31 Activités réalisées 32 Défis et leçons retenues ��������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 36 Conclusion 37 4 Création de partenariats avec le secteur privé 40 Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli? 41 Activités réalisées ����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 42 Défis 43 Conclusion ���������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������46 5 Financement innovant pour des chaînes de valeur inclusives 48 Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli? �����������������������������������������������������������������������������������������������������������������49 Activités réalisées 50 Défis ������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������ 53 Conclusion 54 6. Influencer les politiques pour mettre à l’échelle les répercussions ������������������������������������������������������������������������������������������56 Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli? 57 Activités réalisées �����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������58 Défis et leçons retenues 59 Conclusion ���������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 61 7 Conclusion 62 Projets du programme CultivAF2 66
© CRDI/Nichole Sobecki

Avant-propos

La recherche a une incidence sur les moyens de subsistance de millions d’agriculteurs et d’agricultrices en Afrique orientale et australe.

L’Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR) et le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) se sont engagés à soutenir la recherche destinée à favoriser un développement agricole durable et résilient et à mettre en place des systèmes alimentaires équitables et justes dans les régions en développement du monde entier. Leurs objectifs comprennent le renforcement des capacités de recherche, la promotion de l’utilisation de la recherche pour réduire la pauvreté et la réalisation de l’égalité entre les genres.

Dans ce contexte, Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF), un programme de collaboration de 10 ans entre le CRDI et l’ACIAR, a été créé en 2013 pour financer la recherche agricole en Afrique orientale et australe. Cette démarche s’aligne sur les mandats du CRDI et de l’ACIAR, qui consistent à financer la recherche afin d’éclairer la prise de décision aux niveaux local, national et régional. Pour accomplir ce mandat, les deux organisations ont réuni diverses parties prenantes – des scientifiques principalement basés en Afrique orientale et australe, des décideurs et décideuses politiques, des acteurs et actrices de la société civile, le secteur privé et des organismes de réglementation – afin d’entreprendre des recherches visant à éclairer les politiques de sécurité alimentaire sur le continent.

La sécurité alimentaire est une priorité essentielle pour les gouvernements australien et canadien. Le potentiel inexploité des petits exploitants africains pour nourrir le continent étant reconnu, il y avait un champ de recherche considérable pour trouver des moyens efficaces de réduire les pertes tout en augmentant les bénéfices grâce au contrôle de la qualité des

produits, à la segmentation du marché, à la transformation et à la création de valeur ajoutée. En dix ans, le programme CultivAF a évolué en mettant de plus en plus l’accent sur le climat, le genre, la jeunesse et les politiques, en particulier au cours de la phase 2, qui s’étendait de 2017 à 2023.

Au cours de ses dix années d’existence, le programme CultivAF a financé 17 projets de recherche portant sur 53 innovations dans sept pays d’Afrique orientale et australe, pour un investissement de 35 millions de dollars canadiens/37 millions de dollars australiens. La recherche s’articulait autour de la réduction des pertes après récolte, à l’autonomisation des femmes, à l’adoption de technologies agricoles adaptées aux changements climatiques, à l’amélioration des résultats nutritionnels, à l’élaboration de normes de qualité et de sécurité alimentaires et aux investissements publics et privés dans les entreprises agroalimentaires.

Cette synthèse présente le parcours de dix ans que le CRDI et l’ACIAR ont effectué ensemble dans le cadre du programme et les résultats de cet investissement. Elle examine la manière dont des partenariats solides peuvent surmonter les difficultés pour aboutir à des réalisations significatives. Il s’agit d’un aperçu complet des innovations, de la science, des réussites, des résultats, des défis (notamment des défis inattendus tels que la pandémie de COVID-19), des risques, des compromis, des partenariats, des recommandations et de l’incidence sur les moyens de subsistance des agricultrices et agriculteurs et des communautés au sein desquelles ils vivent.

Nous sommes ravis d’assister à la mise en œuvre d’une recherche qui promeut des approches innovantes pour renforcer le leadership stratégique, l’influence et la participation des femmes et des jeunes en Afrique orientale et australe, et même au-delà. Nous pensons que

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cette synthèse vous fournira des renseignements précieux et vous incitera à intégrer ces connaissances dans vos programmes de financement et de recherche afin de mettre en place des systèmes alimentaires plus solides, plus équitables et plus résilients.

© Georgina Smith M.Santiago Alba-Corral, Directeur de la division Systèmes alimentaires résilients au climat, CRDI Mme Julianne Biddle, Directrice, Mobilisation multilatérale, ACIAR

1. Introduction

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© Georgina Smith
Introduction

Pendant 10 ans, Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF) – un partenariat entre le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada et l’Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR) – a soutenu des projets visant à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique orientale et australe. Entre 2013 et 2023, 35 millions CAD/37 millions AUD ont été investis dans le programme.

L’agriculture est le principal moyen de subsistance de plus de 70 % de la population rurale de ces régions africaines. Pourtant, le piètre rendement dans le secteur a entraîné une baisse de la croissance économique, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Le programme CultivAF vise à accroître la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique orientale et australe en finançant la recherche appliquée dans le domaine du développement agricole.

En Éthiopie, au Kenya, au Malawi, au Mozambique, en Ouganda, en Zambie et au Zimbabwe, le programme CultivAF a contribué au développement et à la mise à l’échelle d’innovations durables, adaptées au genre et adaptées aux changements climatiques. Ces initiatives ont permis d’améliorer la résilience et les revenus des agricultrices et agriculteurs et d’offrir aux consommatrices et consommateurs des produits de meilleure qualité et plus accessibles, tout en fournissant des exemples et des résultats pour éclairer la politique en matière de sécurité alimentaire.

Influencer le changement de politique est crucial pour obtenir des résultats à long terme, c’est pourquoi un autre objectif de la collaboration entre le CRDI et l’ACIAR était d’établir des partenariats avec les gouvernements africains, les parties prenantes du secteur privé et les établissements de recherche, afin d’encourager les décisionnaires à prendre des mesures qui amélioreront les conditions de vie de millions de personnes. Une myriade d’approches adoptées au cours des dix années d’existence du programme CultivAF ont contribué à atteindre cet objectif.

Harmoniser les priorités en matière d'investissement de l'ACIAR et du CRDI.

Aborder systématiquement les inégalités fondées sur le genre et s'engager à y remédier.

Croire en la valeur de l'innovation scientifique menée par les pays du Sud et des solutions particulières au contexte pour résoudre les problèmes de développement, réduire la pauvreté et promouvoir la croissance.

Élargir le champ d'application géographique et l'investissement financier, au-delà de ce que chaque organisation aurait pu faire seule.

Tirer parti des forces, des ressources et de l'expertise technique de chaque organisation. 1 2 3 4 5 6

Promouvoir l'apprentissage de nouvelles méthodologies et de nouvelles méthodes de travail entre les deux organisations.

Une communication efficace est essentielle pour établir et maintenir des relations solides entre les personnes productrices et les personnes utilisatrices de la recherche. Si les données scientifiques sont essentielles pour obtenir une image réaliste des défis et des besoins des petites exploitations agricoles africaines, les changements nécessaires ne peuvent se produire si les informations ne sont pas utilisées clairement et efficacement par les principales parties prenantes.

13 1. Introduction
Partenariat ACIAR-CRDI

Au total, le programme CultivAF a financé 17 projets différents, qui ont permis de développer et de mettre à l’essai 53 innovations en deux phases. Huit projets – comprenant 34 innovations – ont été lancés au cours de la phase 1 (2013-2017). Quatre de ces projets se sont poursuivis au cours de la phase 2 (2017-2023), en plus du lancement de cinq nouveaux projets qui, ensemble, ont donné lieu à 19 innovations. Collectivement, ces projets ont contribué à la gestion et à la réduction des pertes après récolte, à l’autonomisation des femmes, à l’adoption de technologies agricoles adaptées aux changements climatiques, à l’amélioration des résultats nutritionnels chez les humains et le bétail, à l’élaboration de normes de qualité et de sécurité alimentaires et à l’attraction d’investissements publics et privés dans les entreprises agroalimentaires.

Innovations adaptées aux changements climatiques

Plusieurs projets ont permis d’améliorer la sensibilisation et l’adoption de technologies agricoles adaptées aux changements climatiques. Par exemple, le projet Améliorer la résilience et la productivité agricoles grâce à l’imagerie des satellites et des téléphones cellulaires, afin de mettre à l’échelle l’assurancerécolte adaptée aux changements climatiques (Assurance basée sur l’image) (phase 2) a encouragé l’adoption d’une assurance-récolte par les agricultrices – un groupe

OBJECTIFS DU PROGRAMME CULTIVAF

Au cours de la phase 1, les objectifs particuliers du programme étaient les suivants : a) soutenir la recherche innovante portant sur les systèmes après récolte, la nutrition et l’utilisation durable de l’eau; b) déterminer les innovations et les mécanismes les plus susceptibles d’être mis à l’échelle; et c) soutenir et étayer les politiques et les programmes régionaux en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire.

Au cours de la phase 2, les objectifs étaient les suivants : a) développer des innovations durables, résilientes aux changements climatiques et adaptées au genre pour les petites exploitations agricoles; b) développer et mettre en œuvre des modèles d’affaires qui donnent aux femmes et aux jeunes les moyens de mettre à l’échelle des innovations qui apportent des avantages équitables aux petites exploitations agricoles et aux consommatrices et consommateurs; et c) utiliser les résultats de la recherche pour informer les politiques et les programmes relatifs à la sécurité alimentaire, à la nutrition, aux changements climatiques et à l’eau.

THÈMES DE RECHERCHE DU PROGRAMME CULTIVAF

Des équipes de recherche de sept pays africains ont mené des projets financés par le programme CultivAF (au cours des deux phases) portant sur quatre grands thèmes :

 Amélioration de la productivité et des revenus et innovations après récolte qui améliorent la qualité, la quantité, l’utilisation et la valeur des activités agroalimentaires.

 Amélioration de l’égalité des genres.

 Une recherche qui adopte des approches multidimensionnelles reliant l’agriculture, la nutrition, la santé humaine, les moyens de subsistance et l’approvisionnement en denrées alimentaires.

 Changements climatiques et gestion durable de l’eau.

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généralement peu enclin à s’impliquer dans de tels programmes. Des « agricultrices et agriculteurs champions », hommes et femmes, ont pris des photos des cultures endommagées dans les champs assurés, qui ont ensuite été téléchargées sur une application dédiée sur leur téléphone intelligent pour être traitées et examinées. En s’impliquant directement dans le processus, les agricultrices et agriculteurs ont développé une plus grande confiance dans l’assurance, renforcée par la rapidité de l’évaluation des demandes d’indemnisation et des paiements offerts au moyen de l’application. À la fin du projet, près de 8 500 agricultrices et agriculteurs avaient souscrit une assurance basée sur l’image et près de la moitié de ces personnes avaient reçu une indemnitét.

D’autres innovations adaptées aux changements climatiques ont permis d’augmenter le rendement et d’autonomiser les femmes. Par exemple, le projet Interventions adaptées aux changements climatiques pour les petits exploitants agricoles en Éthiopie (Sorgho en Éthiopie) (phase 2) a établi plus de 323 parcelles de démonstration (dont 62 dirigées par des femmes) sur lesquelles des variétés différentes de sorgho – notamment

Argity, Fedis et Melkam, ont été mises à l’essai. Ces variétés sont précoces et tolérantes à la sécheresse, et donnent une biomasse importante pour le fourrage du bétail, ce qui aide les agricultrices et agriculteurs à renforcer leur résilience face aux événements météorologiques relatifs aux changements climatiques.

Technologies de transformation du poisson

Ailleurs, au Malawi, en Ouganda et en Zambie, trois projets – Améliorer la transformation et la commercialisation des produits du poisson sains au Malawi (Pêches au Malawi) (phase 1-2); Améliorer la gestion après récolte et la commercialisation du poisson au Malawi et en Zambie (Améliorer la gestion après récolte) (phase 1); et Exploitation des nutriments alimentaires du poisson sous-exploités et des produits à base de poisson en Ouganda (NutriFish) (phase 2) – ont aidé les femmes à accéder à des technologies améliorées de transformation du poisson. Il s’agit notamment

15 1. Introduction
© Pius Sawa

Les séchoirs solaires ont également été utilisés, parallèlement aux techniques de gestion intégrée des ravageurs (GIR), par des personnes productrices de fruits au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe. Le projet Téphrites envahissantes étrangères en Afrique australe : Mise en œuvre d’un programme de lutte intégrée durable pour combattre leurs menaces (Lutte intégrée contre les téphrites) (phase 2) a fourni des trousses de démarrage – contenant des pièges, des leurres, des appâts et des biopesticides –aux agricultrices et agriculteurs pour les aider à réduire les pertes de récoltes de mangues. Plus de 17 500 agricultrices et agriculteurs (52 % d’hommes et 48 % de femmes) ont été formés à l’utilisation des techniques de lutte intégrée, ce qui a permis de « sauver » sept mangues sur dix. En outre, en utilisant des séchoirs pour produire et vendre des mangues séchées plutôt que fraîches, les agricultrices et agriculteurs ont multiplié par huit la valeur de leurs mangues.

également été introduites pour accroître la productivité. Par exemple, le projet sur le sorgho en Éthiopie a également fourni aux agricultrices et agriculteurs des technologies permettant de réduire les pertes de récoltes dans le contexte des changements climatiques. Plus de 8 850 personnes productrices de sorgho ont eu accès à des machines de décorticage afin d’améliorer la qualité des récoltes et de réduire le temps de traitement. Le temps nécessaire au battage de 0,5 ha de sorgho, par exemple, est passé d’une journée à seulement quatre heures. Plus de 4 400 agricultrices et agriculteurs ont également reçu des sacs PICS (Purdue Improved Crop Storage), qui permettent d’entreposer les céréales plus longtemps sans perte de qualité, ce qui signifie que les produits peuvent être vendus plus cher en dehors des « fenêtres » concurrentielles de la saison des récoltes.

Le projet Technologies de gestion d’aprèsrécolte pour réduire la contamination par l’aflatoxine du maïs et le degré d’exposition

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© KB Mpofu Photography

pour les humains au Zimbabwe (Aflatoxines) (phase 1) a également fourni aux agricultrices et agriculteurs des solutions d’entreposage innovantes. L’équipe a travaillé avec des agricultrices et agriculteurs pour évaluer les avantages de l’utilisation de technologies hermétiques – silos métalliques et sacs PICS –dans la réduction de la contamination des grains de maïs par l’aflatoxine. Les céréales entreposées hermétiquement se vendent presque deux fois plus cher que les céréales entreposées de manière traditionnelle.

Technologies d’utilisation efficace de l’eau

Pour améliorer l’irrigation dans les exploitations agricoles, des technologies récentes ont été

développées par le projet Approches axées sur l’utilisateur visant à rendre plus productifs les systèmes d’irrigation des petites exploitations financées par le gouvernement ou dirigées par les agriculteurs du Mozambique (Irrigation au Mozambique) (phase 2). Ces mesures ont non seulement permis de réduire les coûts, mais elles ont également été essentielles pour maintenir la production agricole face aux défis relatifs aux changements climatiques. Par exemple, le projet a présenté aux agricultrices et agriculteurs les capteurs d’eau Chameleon et les détecteurs de front de mouillage, ce qui a permis de diviser par deux la consommation d’eau et de réduire les coûts d’irrigation de 40 %. En outre, le rendement agricole a augmenté de 10 %, ce qui a permis d’accroître les revenus et la résilience des agricultrices et agriculteurs.

17 1. Introduction
© Projet Irrigation au Mozambique

Amélioration de la sécurité alimentaire

L’amélioration de la sécurité alimentaire était un point central du projet Haricots précuits aux fins d’alimentation, de nutrition et de génération de revenus au Kenya et en Ouganda (Haricots précuits) (phase 1-2). L’initiative consistait à former les agricultrices et agriculteurs à la culture de variétés de haricots biofortifiés qui ne sont pas seulement nutritifs, mais peuvent être rapidement transformés en haricots précuits, ce qui permet de gagner du temps et de réduire les répercussions sur l’environnement (car moins d’eau et de charbon de bois sont utilisés). En collaboration avec des partenaires, le projet a ensuite développé cinq produits incorporant le haricot, dont une collation prête à consommer et des nouilles. L’amélioration des résultats nutritionnels grâce à de nouveaux produits alimentaires était également un élément clé du projet NutriFish, qui a incorporé du poisson argenté riche en nutriments dans des produits tels que des aliments pour bébés, des sauces et de la farine de maïs. Actuellement, plus de 300 vendeuses et vendeurs ambulants et entreprises de vente au détail utilisent et vendent la sauce produite dans le cadre du projet NutriFish.

Si le projet Fabrication d’aliments à base d’insectes pour la production avicole et piscicole (INSFEED) (phase 1-2) a également œuvré à l’amélioration de la sécurité alimentaire, il s’est surtout concentré sur le changement de politique. La mobilisation auprès des décisionnaires politiques a permis d’élaborer et d’approuver trois nouvelles normes au Kenya et en Ouganda, ce qui a favorisé le développement, la certification et la commercialisation de produits à base d’insectes. Le succès du projet de transformation des déchets organiques municipaux en engrais de haute qualité à base de frasse de mouche soldat noire (MSN) a également fait prendre conscience aux décisionnaires politiques de la nécessité de réviser les normes existantes en matière d’engrais. Entre-temps, le projet Aflatoxines a contribué à influencer les parties prenantes

à l’échelle nationale, le gouvernement du Zimbabwe ayant utilisé ses conclusions dans la stratégie « Zimbabwe’s Agenda for Sustainable Socio-Economic Transformation (Programme du Zimbabwe pour une transformation socioéconomique durable) ».

Renforcement des compétences

Enfin, la formation et le renforcement des compétences ont constitué un aspect essentiel de plusieurs initiatives du programme CultivAF. Le projet Efficacité Metro Agri-Food Living Lab dans le cadre du développement de l’entrepreneuriat commun aux deux genres chez les jeunes du Kenya (Jeunes agripreneurs) (phase 1-2) a mis en évidence l’importance de la formation et de l’encadrement des membres de l’équipe du projet Jeunes agripreneurs en matière de solutions numériques et de financement. Cette formation est essentielle pour assurer le succès à long terme des petites entreprises, dont beaucoup sont créées par de jeunes personnes ayant peu de compétences pratiques. Le projet a également permis de constater que la formation a contribué à réduire les risques encourus par les jeunes, les banques et les organismes de crédit ayant davantage confiance dans la capacité des agripreneurs à rembourser les prêts que les personnes qui n’ont pas reçu de formation. Au total, 492 jeunes ont été formés sur neuf sujets, dont le marketing en ligne, la valeur ajoutée et la tenue de registres financiers, ce qui leur a permis d’augmenter leurs ventes mensuelles de plus de 100 CAD/110AUD. Les autorités locales ont également été invitées à élaborer des stratégies agro-industrielles susceptibles de soutenir ces entreprises nouvelles et existantes une fois le projet terminé.

Au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe, le projet Multiplier les occasions d’affaires pour les jeunes Africains dans les chaînes de valeur agricoles (Pôle d’entrepreneuriat des jeunes) (phase 1) a travaillé avec 68 jeunes entrepreneures et entrepreneurs (en particulier

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des femmes) pour renforcer leurs compétences en matière de développement des entreprises et des marchés. Du matériel de formation a été spécialement conçu pour favoriser leur croissance, tandis que les chercheures et chercheurs du projet ont également aidé les entrepreneures et entrepreneurs à déterminer les possibilités d’emploi et les marchés cibles. Au cours du projet Communiquer les découvertes scientifiques pour initier le changement : Utiliser la radio pour informer les agriculteurs des résultats de la recherche (Radios Rurales) (phase 1), les activités de sensibilisation et d’éducation se sont déroulées sur une plus

grande échelle. En utilisant six stations de radio comme plateforme de diffusion, l’équipe a utilisé des émissions interactives pour encourager l’adoption d’innovations agricoles – y compris des messages mettant en évidence la recherche et les résultats relatifs aux projets INSFEED et Haricots précuits. Un auditoire de quelque neuf millions de personnes a été atteint en deux ans : les personnes qui les ont écoutés ont ensuite été plus favorables à donner des insectes à leurs volailles ou à leurs poissons, ou à augmenter leur production de haricots.

19 1. Introduction © Jesse Winter/Radios Rurales Internationales

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Chaînes de valeur inclusives

2. Inclusive value chains

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© Friday Phiri

Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli?

Les chaînes de valeur des systèmes alimentaires sont constituées de multiples parties prenantes impliquées dans la production, la transformation, la commercialisation, la distribution et la consommation. Les hommes, les femmes et les jeunes participent aux chaînes de valeur de différentes manières, et certains sont plus désavantagés que d’autres – en raison d’un accès inégal à la terre, aux intrants, au capital, aux marchés, aux aliments nutritifs ou aux revenus. Inévitablement, cette inégalité conduit à des systèmes alimentaires plus inefficaces et affichant un plus faible rendement.

La mise en œuvre d’approches inclusives au sein des systèmes alimentaires peut débloquer une myriade d’avantages pour les petites exploitations agricoles et d’autres parties prenantes, en leur permettant d’améliorer leur diversité nutritionnelle, d’augmenter leurs rendements et leurs revenus, et d’améliorer leurs moyens de subsistance. Cela leur permet d’accéder à des avantages sociaux comme l’éducation, les soins de santé et un meilleur logement. L’un des objectifs fondamentaux du programme CultivAF était de mettre l’inclusion et l’égalité au premier plan de la recherche agricole afin d’assurer la sécurité alimentaire de la population africaine. Investir dans les femmes des milieux ruraux augmente la productivité, réduit la faim et la malnutrition et améliore considérablement les moyens de subsistance des populations rurales. C’est pourquoi l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres ont été au cœur du développement du programme et de chacun des projets du programme CultivAF mis en œuvre en Afrique orientale et australe.

Avec la population continentale la plus jeune du monde, l’Afrique doit maximiser le potentiel de sa jeunesse en la mobilisant dans des entreprises pertinentes. L’agriculture constitue une bonne voie pour les jeunes, qui ont tendance à être plus

increased by 20-30%.

KSh10,600, thanks to the agribusiness training and mentorship program.

NutriFish :

L’épargne des groupes de femmes a augmenté de presque 100 %.

Over 490 new jobs were created through the youth-led enterprises.

Savings of women groups increased by about 100%.

Jeunes agripreneurs : 53 % des personnes participantes à la deuxième phase étaient des femmes

About 67% of the businesses launched in the program’s rst phase were women-owned, and in the second phase, more than half of the participants (53%) were women.

innovants et à mieux adopter les technologies modernes que leurs aînées et aînés. Cependant, les jeunes pensent que l’agriculture est démodée et peu rentable, et ils se détournent donc souvent de ce secteur. Plusieurs des projets du programme CultivAF se sont concentrés sur la mobilisation des jeunes dans des entreprises agroalimentaires qui mèneraient à des emplois décents, offrant des revenus fiables et des moyens de subsistance améliorés.

Genre

L’utilisation de « personnes championnes » dans plusieurs projets a constitué un élément essentiel de l’approche du programme CultivAF en matière de transformation du genre. Pour garantir une plus grande participation des femmes dans les différentes chaînes de valeur, le recrutement et la formation de « personnes championnes du genre » se sont avérés essentiels pour sensibiliser les membres de la communauté et s’attaquer aux inégalités de pouvoir et aux normes sociales sous-jacentes. Un aspect essentiel de quelques projets consistait à permettre aux femmes de mieux contrôler leurs revenus et leur épargne. Une autre approche clé a consisté à fournir un accès aux technologies après récolte afin de réduire le caractère pénible du travail, d’améliorer la qualité des produits et d’ajouter de la valeur pour les femmes travaillant dans les chaînes de valeur.

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2. Chaînes de valeur inclusives

Une approche transformatrice de genre favorise l’autonomisation des femmes, y compris la répartition du contrôle des ressources et de la prise de décision. Elle brosse le portrait des inégalités sociales, donne aux femmes, aux hommes et aux personnes de genre non binaire un espace pour apprendre, et mobilise l’ensemble de l’éventail socioéconomique pour changer les normes qui permettent les inégalités. Cette approche est importante parce qu’elle s’attaque aux inégalités d’une manière qui reflète les expériences vécues par des personnes réelles et qu’elle favorise des solutions durables qui s’attaquent aux causes profondes.

Source : https://bit.ly/3t6wlMV.

Pour mesurer l’autonomisation et l’intégration des femmes, tous les projets du programme CultivAF ont mené des enquêtes pro-WEAI (indice d’autonomisation des femmes dans l’agriculture à l’échelle du projet). Des enquêtes initiales ont été menées au début de la mise en œuvre des projets, à la suite de quoi les projets ont modifié leurs stratégies en matière d’égalité des genres afin de répondre aux facteurs de déresponsabilisation qui ont été décelés. Par exemple, dans le cadre du projet Lutte intégrée contre les téphrites, il est apparu clairement que les femmes auraient davantage de contrôle sur leurs revenus tirés des mangues si elles étaient organisées en groupes. Ainsi, le projet a mis en place des groupes de personnes productrices participatifs dans chacun des pays cibles, ce qui a permis aux agricultrices de mettre en commun leurs ressources financières pour développer leur production de mangues et investir dans d’autres activités génératrices de revenus, telles que l’élevage de porcs. Des enquêtes finales ont été menées à l’issue du projet afin de fournir des données

RENFORCER L’AUTONOMIE DES PÊCHEUSES

Grâce au soutien du projet NutriFish, Busijjo Sophia, une vendeuse de poisson qui a suivi une formation pour devenir championne du projet, possède désormais son propre bateau. « Après la formation dans le cadre du projet NutriFish, nous avons créé un compte d’épargne collectif. J’ai pu obtenir un prêt de 360 CAD/410 AUD auprès du groupe pour acheter mon bateau – qui emploie maintenant trois hommes et me rapporte suffisamment d’argent afin de rembourser le prêt. » Son exemple a incité sept autres femmes de son groupe à acheter elles aussi leur propre bateau.

Kimono Magdalene, du site de débarquement de Kikondo sur le lac Victoria, a utilisé l’épargne collective pour investir avec succès dans la production de chèvres laitières. « Certaines de ces chèvres donnent naissance à deux ou trois chevreaux à la fois. Le prix minimum auquel je peux en vendre un est de 55 CAD/62 AUD, mais les plus gros se vendent 145 CAD/165 AUD. J’ai également éduqué mes enfants et acheté des parcelles commerciales et des terres agricoles », révèle-t-elle.

comparatives sur les cas d’autonomisation (ou de déresponsabilisation).

Activités réalisées

L’équipe du projet Pêches au Malawi a adapté pour la première fois l’indice pro-WEAI pour mesurer l’autonomisation des femmes dans le secteur de la pêche : l’indice d’autonomisation des femmes dans la pêche. Grâce à cet outil, le projet a mis à l’essai l’efficacité des approches

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Ces « personnes championnes du genre » ont formé 319 personnes supplémentaires (123 hommes, 196 femmes) à la fin du projet. Les personnes championnes du genre étaient principalement des personnes leaders locales et des prestataires de services, notamment les présidentes et présidents des comités de village balnéaires et des associations villageoises d’épargne et de crédit, ainsi que les chefs et les agentes et agents de vulgarisation des pêcheries des sites de débarquement. Dans l’ensemble, la participation des femmes à la pêche est passée de 5 % à 75 %, tandis que leur implication dans la prise de décision concernant la transformation du poisson et l’utilisation des revenus tirés du poisson a augmenté de 30 % et 49 % respectivement.

Les « personnes championnes du projet » formées par l’équipe du projet NutriFish ont sensibilisé à l’importance d’un séchage, d’une pêche, d’une manipulation et d’une hygiène appropriés tout au long de la chaîne de valeur du poisson. Le projet a commencé avec 68 personnes championnes

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2. Chaînes de valeur inclusives
gagné en respect et les familles travaillent désormais ensemble, ce qui a permis de réduire la violence fondée sur le genre ».
© Farmers Media Ltd

issues de différentes communautés de pêche, dont 26 femmes et jeunes, et, à ce jour, ces personnes championnes ont formé 70 autres personnes championnes.

Pour soutenir davantage les groupes de femmes et de jeunes dans le commerce du poisson, le projet NutriFish a aidé ces personnes à mettre en place des comptes d’épargne de groupe, ce qui a permis à des personnes auparavant pauvres de constituer leur épargne et d’investir dans leurs entreprises de pêche, ainsi que dans de nouvelles entreprises agroalimentaires.

Afin de fournir des installations d’entreposage et de séchage du poisson propres et efficaces, des tentes solaires de séchage (structures semblables à des serres) ont été introduites par les projets Pêches au Malawi et NutriFish. L’amélioration de la qualité du poisson produit à l’aide des séchoirs solaires dans le cadre du projet NutriFish a permis de doubler les revenus des femmes, qui sont passés à 2,6 CAD/3 AUD par kilogramme, et de tripler la durée de conservation des petits poissons séchés, qui atteint désormais près de cinq mois. Des paniers solaires plus petits ont également été introduits par le projet Lutte intégrée contre les téphrites auprès des productrices de mangues en Zambie et au Zimbabwe. Ces séchoirs ont considérablement augmenté les revenus en ajoutant de la valeur au produit et en réduisant le gaspillage des fruits excédentaires. Par exemple, en Zambie, un panier de mangues fraîches coûte 7 CAD/8 AUD, tandis qu’un panier de mangues séchées coûte 56 CAD/63 AUD. Les femmes utilisent également leurs nouvelles compétences pour sécher les légumes.

En Éthiopie, le battage manuel et le décorticage (pilonnage) des grains de sorgho prennent beaucoup de temps et sont effectués principalement par les femmes et les enfants. Le battage de 0,5 ha de sorgho, par exemple, prend une journée entière à un ménage moyen. Toutefois, grâce à l’introduction de batteuses par le projet Sorgho en Éthiopie, le traitement a été réduit à quatre heures seulement. Une décortiqueuse a également été fabriquée par l’Institut éthiopien de recherche agricole (EIAR)

– un partenaire du projet – avec une capacité de décorticage de deux tonnes par heure. Grâce à la réduction des corvées, les femmes ont eu plus de temps à consacrer à d’autres activités rémunératrices.

Grâce à l’amélioration de la qualité du sorgho résultant du décorticage, les femmes peuvent désormais utiliser les céréales pour augmenter leurs revenus en fabriquant l’injera – un pain plat traditionnel généralement fabriqué avec du teff, une céréale plus chère. Cependant, le projet a démontré que la qualité de l’injera pouvait être maintenue tout en réduisant le coût, en remplaçant le teff par 50 % de sorgho.

Le projet Haricots précuits a lancé un système de paiement numérique pour permettre aux agricultrices et agriculteurs de recevoir directement les revenus des ventes de haricots. L’accès aux revenus a été déterminé comme un facteur d’affaiblissement des femmes lors de la phase 1. Au cours de la phase 2, le projet a dû trouver les moyens d’acheminer le paiement de la fourniture de haricots directement entre les mains des femmes en enregistrant leurs entreprises en leur nom propre et en utilisant leurs propres comptes. À la fin du projet, près de 18 500 agricultrices et agriculteurs (7 572 hommes et 10 984 femmes) s’étaient inscrits à l’application de paiement numérique. Les données saisies au moyen de l’application ont également permis aux agricultrices et agriculteurs d’emprunter des crédits auprès de leur coopérative.

Défis et leçons retenues

La sensibilisation visant à modifier les perceptions concernant les rôles des hommes et des femmes a été une intervention clé du projet NutriFish. Des représentations théâtrales ont été organisées dans les villages locaux pour mettre en scène des familles unies et prospères, les membres des groupes d’épargne jouant des rôles de parties prenantes. Par conséquent, les hommes ont mieux soutenu leurs épouses, par exemple en payant les frais de scolarité des enfants et en participant à l’entreprise des

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femmes de transformation de Mukene (petit poisson argenté).

« Des changements importants ont été observés dans les communautés : la violence familiale a diminué de 30 % et l’épargne des femmes a augmenté jusqu’à 100 % dans certains groupes. Nous constatons également que davantage d’hommes et de femmes prennent des décisions ensemble », indique Jackson Efitre, chercheur principal du projet NutriFish.

Lors de la première phase du projet Jeunes agripreneurs, l’équipe a constaté qu’il était plus difficile pour les femmes, en particulier celles qui ont des enfants en base âge, que pour les hommes de suivre une formation en ville. Le projet a adapté ses activités afin de décentraliser les événements de formation et d’impliquer des mentores et mentors basés dans les villages qui pouvaient offrir la formation localement – ou au domicile des personnes participantes – et des services de garde d’enfants ont également été mis à disposition sur les lieux de formation. Cette approche a permis à un plus grand nombre de

femmes de participer aux formations et a vu une augmentation du nombre de jeunes femmes terminant le cours.

En revanche, le projet Haricots précuits a eu pour conséquence involontaire une augmentation de la violence fondée sur le genre, en raison du contrôle accru des femmes sur leurs revenus. En outre, l’extension de la zone de production de haricots par les femmes pour approvisionner le projet a entraîné une augmentation du caractère pénible de leur travail.

Si les batteuses du projet Sorgho en Éthiopie ont permis de réduire considérablement le caractère pénible du travail des femmes, elles ont dû être importées, ce qui rend leur utilisation non durable. Bien que l’EIAR fabrique localement des décortiqueuses, celles-ci se sont également avérées coûteuses et l’accès limité à l’électricité en a limité l’utilisation dans les zones rurales.

En outre, il a été constaté que les femmes avaient des connaissances limitées en matière de décorticage afin d’améliorer la qualité du sorgho pour la fabrication de l’injera, et le projet

25
2. Chaînes de valeur inclusives
© Georgina Smith

davantage pour soutenir ces groupes, en les reliant à des marchés de grande valeur et en les aidant à obtenir la certification de leurs produits.

Tous les projets du programme CultivAF ont reconnu que la mise en œuvre de l’indice proWEAI (indice d’autonomisation des femmes dans l’agriculture) prenait plus de temps et était plus coûteuse que prévu. Une mise en œuvre efficace nécessitait également une expertise dépassant les compétences de la plupart des équipes, ce qui a entraîné une perte de temps dans le recrutement de personnel spécialisé. Dans le projet Lutte intégrée contre les téphrites, le pro-WEAI n’a pu être mené à bien que dans l’un des quatre pays cibles (Zambie), car il était trop coûteux – bien qu’au Mozambique et au Zimbabwe, certaines données qualitatives aient été collectées à l’aide de modules de pro-WEAI sélectionnés.

qu’un soutien technique à des jeunes et à des groupes de jeunes. Cette stratégie a permis aux bénéficiaires de créer leurs propres entreprises et de les doter des compétences en marketing nécessaires à la réussite et à la pérennité de leurs activités.

Activités réalisées

Quatre groupes de jeunes – composé de 60 membres chacun – des comtés kenyans de Bungoma, Kiambu, Nyandarua et Siaya ont été mobilisés dans le cadre du projet INSFEED dans un cours de formation intensif portant sur tous les aspects de l’agriculture biologique. Une formation supplémentaire portant sur le marketing des entreprises a également été proposée. Outre la production et la vente de larves d’insectes, les jeunes ont commencé à diriger des fermes expérimentales dans chaque comté, et ont accès à une source de revenus

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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© Georgina Smith

TRANSFORMER LES DÉCHETS EN ARGENT LIQUIDE

Un groupe de 100 jeunes du Kenya, toutes et tous âgés d’une vingtaine d’années, s’est lancé dans l’élevage d’insectes pour répondre à la demande croissante des agricultrices et agriculteurs et des entreprises en matière de sources de protéines différentes. Sur un terrain de 0,04 ha fourni par l’un des parents des jeunes, le groupe, appelé Y Minds Connect, élève des larves de mouches soldats noires (MSN) dans 1 500 caisses, chaque caisse pouvant contenir 3 kg de larves. Le groupe Y Minds Connect produit chaque semaine 600 kg d’excréments de MSN (« frasse »), qui sont vendus comme engrais aux horticulteurs, aux floriculteurs et aux agricultrices et agriculteurs biologiques au prix de 0,92 CAD/1,04 AUD/kg.

« Les aliments pour animaux représentent environ 70 % du coût de l’élevage du bétail, et nous avons été fascinés par le potentiel des mouches soldats noires pour relever ce défi. Nous pensons que les déchets d’un homme sont le trésor d’un autre homme, et c’est la raison pour laquelle nous avons souhaité poursuivre l’élevage d’insectes. Le fait de travailler sur un projet à faible coût qui aide la communauté et l’environnement est rentable et épanouissant », s’est réjoui Nicholas Mareve, 24 ans, premier dirigeant du groupe Y Minds Connect.

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2. Chaînes de valeur inclusives
« Nourrir la créativité et la détermination des jeunes est d’une importance capitale pour l’avenir de l’Afrique. Donner aux jeunes les moyens de créer des entreprises innovantes et respectueuses de l’environnement ne créera pas seulement des occasions d’emploi, mais contribuera également à former des leaders responsables ».
Nicholas Ndekei, PDG à Zihanga Ltd, bénéficiaire projet INSFEED

leurs produits. Les entreprises dirigées par des jeunes ont également commencé à se diversifier en produisant des engrais organiques compostés par les insectes (frasse), utilisés par les agricultrices et agriculteurs pour améliorer la santé des sols et le rendement des cultures.

Par ailleurs, au Kenya, le projet Jeunes agripreneurs a déployé son programme de formation et de mentorat dans le domaine de l’agroalimentaire, associé à des liens avec le financement, en recrutant 492 entrepreneures et entrepreneurs – contre 60 lors de la première phase. Les formations ont sensibilisé les jeunes à divers aspects techniques des affaires, tels que la production de documents juridiques, tandis que le mentorat a amélioré les bonnes pratiques, telles que la tenue de registres et la comptabilité, et a sensibilisé à la mobilisation des ressources. Par rapport à un groupe « témoin » de jeunes entrepreneures et entrepreneurs n’ayant pas participé au cours, les personnes participantes formées ont obtenu des évaluations plus élevées pour leurs entreprises, et un plus grand nombre de jeunes personnes participantes ont légitimé

Une approche combinée de formation et de mentorat s’est avérée particulièrement vitale pour la résilience des entrepreneures et entrepreneurs au cours de la période touchée par la pandémie de COVID-19. Les recherches menées dans le cadre du projet Jeunes agripreneurs ont montré que cette approche facilitait la diversification des activités, donnait plus de temps aux entrepreneures et entrepreneurs pour travailler en réseau ou rechercher des conseils commerciaux et des fonds supplémentaires, et leur permettait d’utiliser les médias sociaux pour augmenter leurs ventes – autant de facteurs clés pour permettre aux entreprises de se maintenir à flot. Pendant la pandémie, des applications numériques telles que WhatsApp ont été utilisées dans le cadre du projet pour continuer à fournir un apprentissage de pair-à-pair et un mentorat d’entreprise. Des forfaits Internet abordables pour les personnes participantes ont également été garantis grâce à des partenariats avec des entreprises de services Internet, ce qui a permis aux jeunes entrepreneures et entrepreneurs de se lancer dans la commercialisation de produits en ligne.

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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© Georgina Smith

Le projet Jeunes agripreneurs a également révélé que le mentorat, qui peut soutenir les jeunes sur le plan individuel, était plus important pour la réussite de l’entreprise que la formation, qui traite de généralités au sein de groupes. « Les jeunes ne sont pas homogènes. Ils ont des dynamiques différentes, des besoins, des rêves et des aspirations uniques », souligne Salome Asena du projet Jeunes agripreneurs. Elle poursuit en expliquant que les mentores et mentors sont des modèles essentiels pour les jeunes et qu’ils sont bien placés pour leur fournir une formation pratique, y compris dans le domaine financier. « Nous devons préparer les jeunes à accéder aux financements et à les utiliser correctement », ajoute-t-elle. L’établissement de liens entre les jeunes et les institutions financières était un élément clé du projet afin de « réduire les risques » des entrepreneures et entrepreneurs (ces personnes étaient en mesure de démontrer aux institutions financières qu’elles possédaient des compétences et une formation commerciales pertinentes), mais elles avaient besoin d’être encadrées pour savoir comment emprunter de l’argent et ce que cela impliquait.

Conclusions

S’il ne fait aucun doute que de réels progrès ont été accomplis ces dernières années, les systèmes alimentaires sont encore loin d’être inclusifs et équitables. Les données ventilées par genre nécessaires pour aider les décisionnaires politiques à prendre des décisions éclairées font toujours défaut et les services de financement destinés à soutenir l’inclusion sont limités. Des problèmes séculaires persistent en ce qui concerne l’accès aux ressources (y compris la terre) et, dans la plupart des chaînes de valeur, le travail reste une activité très intensive et qui prend beaucoup de temps.

Les projets doivent s’efforcer de combler les lacunes auxquelles sont confrontés des groupes distincts et utiliser des approches multidimensionnelles – finances, actifs et compétences – pour impliquer les marchés. Mais il est important de reconnaître que les femmes, les jeunes et les hommes ne sont

pas homogènes et que, pour concevoir des innovations, il faut comprendre qui ils sont, où ils sont et quelles sont les compétences dont ils ont besoin pour libérer leur potentiel.

L’inclusion est plus qu’une question de genre ou de jeunesse – il s’agit de diversité et de réponse aux besoins et aux capacités des personnes. Le projet Jeunes agripreneurs en a tenu compte en créant un centre d’aide aux étudiantes et étudiants en situation de handicap. En outre, l’équipe du projet a noté l’importance de prendre en compte les circonstances et les besoins des groupes minoritaires vulnérables, y compris les personnes migrantes et les personnes réfugiées, qui doivent également avoir accès à des possibilités d’activités rémunératrices.

Les femmes ne peuvent être autonomisées sans que les hommes soient également impliqués dans toute intervention ou initiative visant à améliorer leur bien-être. Les hommes doivent comprendre leur rôle dans le soutien aux femmes et il est essentiel que les initiatives en tiennent compte afin de ne pas contribuer involontairement à la déresponsabilisation et à l’aggravation des résultats en matière d’égalité des genres.

La prise en compte de la dimension de genre n’est pas un « ajout ». Un projet doit avoir l’intention d’adopter des approches transformatrices de genre et de les estimer comme faisant partie intégrante de l’initiative. Les outils utilisés pour l’analyse de genre – tels que l’indice pro-WEAI – doivent être pris en compte lors de l’élaboration de la proposition en raison du coût et des compétences nécessaires à leur mise en œuvre. Il est possible de former des personnes expertes techniques et de les sensibiliser aux aspects relatifs au genre, mais pour avoir une approche véritablement transformationnelle de genre concernant les résultats, un budget suffisant est nécessaire, ainsi qu’un personnel doté des compétences et de l’expertise requises.

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2. Chaînes de valeur inclusives

3

Améliorer la productivité et la résilience

3. Improving productivity and resilience

alimentaires résilients, équitables et durables

30 Favoriser des systèmes
© CIAT/Neil Palmer

Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli?

Pendant trop longtemps, la productivité n’a été estimée que comme la production à l’échelle de l’exploitation. Cependant, la variabilité du climat, les préjugés sexistes et les normes culturelles, ainsi que le manque d’installations de traitement et d’entreposage, le caractère vétuste des infrastructures et les problèmes relatifs à la distribution, ont des répercussions sur la productivité tout au long de la chaîne de valeur alimentaire. Le programme CultivAF a mis en œuvre plusieurs approches et outils innovants pour améliorer la transformation, l’entreposage et la distribution, tout en relevant les défis du climat afin d’assurer la sécurité alimentaire et d’améliorer les moyens de subsistance des parties prenantes du système alimentaire.

En outre, le programme CultivAF a assuré une plus grande disponibilité d’aliments plus nutritifs. Les déficiences nutritionnelles sont très répandues en Afrique, en particulier chez les femmes en âge de procréation et les enfants de moins de cinq ans. Plusieurs projets du programme CultivAF ont ciblé l’amélioration de la sécurité nutritionnelle en tant que résultat clé du projet ou ont orienté leur recherche pendant la durée du projet afin de contribuer à répondre aux besoins nutritionnels locaux.

Au Mozambique, « produire plus avec moins » était l’objectif principal du projet Irrigation au Mozambique, où les sécheresses et les précipitations irrégulières contribuent aux pertes de récoltes et à la pénurie alimentaire dans une région de plus en plus vulnérable face aux changements climatiques. Des innovations économes en eau ont été mises à l’essai pour renforcer la résilience et accroître la productivité, la rentabilité et la durabilité des systèmes d’irrigation financés par le gouvernement et gérés par les petites exploitations agricoles dans les provinces de Gaza et de Manica.

Assurance basée sur l’image :

7,375 farmers have been covered by climate smart insurance.

8 500 agricultrices et agriculteurs ont été couverts par une assurance adaptée aux changements climatiques

9,000 men and women farmers trained on IPM technologies

Lutte intégrée contre les téphrites :

7/10 mangues sauvées grâce aux technologies de lutte intégrée

181 champion farmers (58% female) have collected over 60,000 field images.

7/10 mangoes saved using IPM technologies

Irrigation au Mozambique : Les outils de surveillance de l’eau réduisent de moitié la quantité d’eau utilisée pour l’irrigation

Three machine learning models help automate image processing.

Dried mango is worth eight times more than fresh mango in Zambia

Water-monitoring tools have cut water used for irrigation by half.

Around 400 street vendors and retailers are using and selling NutriFish sauce.

NutriFish : La consommation de Mukene a augmenté de 20 % à 30 %

Irrigation costs have dropped by 40% for farmers using pumps for irrigation.

Consumption of Mukene has increased by 20-30%.

Sorgho en Éthiopie :

Crop yields have increased by 10%.

8 846 cultivateurs de sorgho bénéficient de technologies adaptées aux changements climatiques

Savings of women groups increased by about 100%.

7,500 sorghum farmers reached with climate-smart technologies

Des sécheresses plus prolongées sont courantes en Éthiopie, où le projet Sorgho en Éthiopie a fourni des technologies révolutionnaires, notamment des variétés améliorées, des machines de transformation et des solutions d’entreposage innovantes, aux agricultrices et agriculteurs qui cultivent du sorgho – une culture résiliente face à la sécheresse

Threshing time for half a hectare of sorghum grain has reduced from 1 day to 1 hour

Increased sorghum yields from 2.7 to 4.2 tonnes/ha

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3. Améliorer la productivité et la résilience

L’assurance-récolte permet aux agricultrices et agriculteurs exposés à des risques relatifs aux changements climatiques de bénéficier d’un coussin de sécurité. Toutefois, les projets couronnés de succès pour les petites exploitations sont limités en raison des coûts de mise en œuvre élevés, de la faible demande et du manque d’autres options de gestion des risques, comme les cultivars tolérants à la sécheresse. Le projet innovant Assurance basée sur l’image au Kenya s’est efforcé de relever ces défis et de renforcer la confiance des agricultrices et agriculteurs dans l’assurance en travaillant avec des agricultrices et agriculteurs qui sont des personnes championnes pour prendre des photos des cultures à différents stades de croissance, qui ont été utilisées par les compagnies d’assurance pour déterminer si les conditions justifiaient un paiement.

En Afrique australe, les infestations d’insectes entravent la productivité des mangues et réduisent les possibilités d’exportation, 80 % de la récolte étant perdue à cause des téphrites. Avec le réchauffement climatique, ces infestations risquent d’augmenter. Cependant, un ensemble de techniques de lutte intégrée promues par le projet Lutte intégrée contre les téphrites a permis de réduire les dégâts causés par les téphrites, ce qui a entraîné une augmentation du rendement et des revenus des agricultrices et agriculteurs dans quatre pays.

En Ouganda, l’accès limité aux protéines animales et aux aliments riches en micronutriments a contribué aux carences nutritionnelles nationales. Le pays consomme la moitié de la quantité recommandée de poisson, même si les petits poissons pélagiques, très nutritifs, sont abondants dans les lacs locaux. Pour augmenter la consommation de poisson et renforcer la sécurité nutritionnelle, Nutreal – une entreprise de transformation locale et partenaire du projet NutriFish – a développé cinq produits nutritifs à haute valeur ajoutée à base de Mukene (petit poisson argenté) : aliments pour bébés, sauces, farine de maïs, collations et assaisonnements.

PRODUIRE PLUS AVEC MOINS

Esmeraldo Julio Ngovene, chef de production du Plan d’irrigation de Makateco, a indiqué qu’avant l’introduction des technologies d’économie d’eau dans leur région, l’irrigation se faisait par intuition. Auparavant, au cours d’une campagne agricole de trois mois, les agricultrices et agriculteurs utilisaient 90 litres de diesel pour pomper de l’eau afin de cultiver des haricots sur 2 ha de terres. Depuis qu’il a adopté ces appareils, M. Ngovene explique qu’il pompe de l’eau en fonction des relevés de l’outil de surveillance de l’eau et qu’il ne consomme plus que 50 litres de carburant sur la même zone. Cela a permis de réduire de moitié les coûts d’irrigation, qui sont passés de 194 CAD/220 AUD à 100 CAD/112 AUD pour l’ensemble du cycle de culture.

Au Kenya et en Ouganda, les haricots sont une source importante de protéines, en particulier pour les ménages à revenu faible ou intermédiaire, mais leur consommation est limitée par la quantité élevée d’énergie et d’eau nécessaires pour leur cuisson, ce qui prend de deux à trois heures. Afin d’augmenter la consommation de haricots et d’améliorer la qualité nutritionnelle des variétés de haricots, le projet Haricots précuits a développé une gamme de produits innovants à base de haricots.

Activités réalisées

Grâce à l’adoption d’outils de surveillance de l’eau promus dans le cadre du projet Irrigation au Mozambique, les agricultrices et agriculteurs ont réduit de moitié la quantité d’eau utilisée

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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pour l’irrigation, diminué de 40 % les coûts de pompage pour l’irrigation et augmenté de 10 % le rendement des cultures au cours de deux saisons consécutives (2020 et 2021). Au moins 40 % des exploitations agricoles détenues ou gérées par des femmes ont bénéficié d’une innovation majeure : le capteur d’eau du sol Chameleon, qui affiche un code couleur en fonction du niveau d’humidité du sol. Les capteurs inclus sont faciles à interpréter, y compris par les personnes qui ne savent pas lire (bleu : le sol est humide; vert : humidité suffisante; et rouge : le sol est sec et il est temps d’irriguer).

L’augmentation de la productivité alimentaire permet aux agricultrices et agriculteurs de disposer d’un excédent que ces personnes peuvent vendre. L’argent ainsi obtenu peut être utilisé pour acheter d’autres biens ou investir dans d’autres activités économiques, telles que la culture d’arbres fruitiers, de cultures pluviales et la pêche, afin d’accroître leur résilience et de leur permettre de résister aux futurs chocs relatifs aux changements climatiques ou de s’en remettre. Grâce à l’amélioration du rendement, les agricultrices et agriculteurs ont également été encouragés à adopter une approche de leur production davantage axée sur le marché, y compris la diversification, afin d’obtenir des

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3. Améliorer la productivité et la résilience
« L’assurance n’est pas un investissement, c’est un amortisseur. Les changements climatiques sont bien réels et doivent être pris au sérieux »
Wycliffe Mwake, bénéficiaire du projet Assurance basée sur l’image
© Busani Bafana

prix plus élevés. Par conséquent, les haricots ont été cultivés pendant la saison sèche, lorsque la plupart des agricultrices et agriculteurs cultivent des légumes, tandis que d’autres ont cultivé d’autres légumes, tels que des tomates, pour augmenter leurs revenus. Maria Alexandre Sitoe, présidente du Rivoningo Irrigation Scheme dans la province de Gaza, explique que la diversification dans les tomates lui a apporté des revenus supplémentaires de 447 CAD/505 AUD, qu’elle a investis dans la construction de sa maison et l’éducation de ses enfants.

Le projet Irrigation au Mozambique a également constaté que les visites d’échange entre agricultrices et agriculteurs leur permettaient d’apprendre les uns des autres. Par conséquent, ces personnes étaient plus favorables à adopter des cultures mixtes – y compris la culture d’arbres fruitiers autour des périmètres de leurs champs, qui est une stratégie d’atténuation des risques permettant d’améliorer la résilience.

En Éthiopie, des démonstrations de variétés de sorgho à maturation précoce et tolérantes à la sécheresse ont également été utilisées pour former les agricultrices et agriculteurs aux techniques de gestion des cultures, de l’eau et des sols afin d’obtenir un rendement optimal. Après l’adoption de ces variétés et l’amélioration des pratiques de gestion, les rendements ont augmenté de manière importante, passant de 2,7 tonnes/ha à un pic de 4,8 tonnes/ha. En collaboration avec l’EIAR, le projet a également fourni des technologies de battage à plus de 8 850 agricultrices et agriculteurs, ce qui a permis de réduire les pertes après récolte d’environ 30 %.

L’introduction de sacs PICS à trois couches, qui empêchent l’oxygène de dégrader les grains de sorgho, a également fait une différence importante pour les agricultrices et agriculteurs éthiopiens en leur permettant d’entreposer les grains jusqu’à six mois sans compromettre la qualité. Les agricultrices et agriculteurs ont

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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© Projet Sorgho en Éthiopie

pu vendre leurs récoltes à des prix plus élevés ultérieurement, plutôt que de les vendre immédiatement après la récolte, lorsque les céréales sont surabondantes et que les prix sont bas.

Les sacs PICS ont également été utilisés avec succès pour réduire les pertes après récolte dans

le cadre de la phase 1 du projet Aflatoxines

Au Zimbabwe, par exemple, les sacs PICS ont efficacement ralenti l’accumulation d’aflatoxine B1 – toxine produite à la suite d’une contamination fongique – dans les grains de maïs. L’évaluation des grains après la récolte a montré que les niveaux de dommages et de pertes signalés par les agricultrices et agriculteurs étaient nettement inférieurs, ce qui s’est traduit par une augmentation des revenus.

Au Kenya, le projet Assurance basée sur l’image a permis à 8 500 agricultrices et agriculteurs (dont 65 % de femmes) de bénéficier d’une assurance-récolte et plus de 3 672 d’entre eux ont reçu un paiement. Pour un acre de terre, une couverture d’assurance d’une valeur de 1,84 CAD/2,08 AUD permettait de verser jusqu’à 18,47 CAD/20,85 AUD en cas de perte de récolte liée aux conditions météorologiques, ce qui aidait les agricultrices et agriculteurs à récupérer l’investissement initial consenti pour l’achat des semences. Le projet a également montré que les agricultrices et agriculteurs sont prêts à payer une prime d’assurance plus élevée si elle est associée à des services de conseil et à l’accès à des semences certifiées de haute qualité, et si les paiements sont effectués directement sur des comptes d’argent mobile.

Au Malawi, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe, plus de 9 300 hommes et 8 272 femmes (48 %) ont été formés aux technologies de lutte intégrée dans le cadre du projet Lutte intégrée contre les téphrites et ont reçu des trousses de démarrage contenant des pièges, des leurres, des appâts et des biopesticides pour tuer les téphrites. Ainsi, 70 % des mangues cultivées ont été sauvées, alors qu’auparavant 80 % étaient perdues à cause des téphrites dans la région. Cela a stimulé les revenus et la nutrition des ménages et a permis aux familles d’envoyer leurs enfants à l’école. La réduction des téphrites a également permis d’améliorer la production d’autres fruits (papaye et fruit de la passion) et légumes (courge, potiron et noyer cendré) touchés par les téphrites.

L’un des cinq produits nutritifs mis au point par le projet NutriFish est une sauce de poisson

35
3. Améliorer la productivité et la résilience
« Ces petits poissons contiennent beaucoup de nutriments.
J’économise de l’argent en achetant du poisson argenté à un prix abordable, et mes enfants sont en meilleure santé maintenant qu’ils en mangent tous les jours ».
Musa Odwoka, bénéficiaire du projet NutriFish

cinq établissements de santé. Grâce aux efforts du projet, la consommation de Mukene, qui contient des micronutriments comme le fer, le zinc et le calcium, a augmenté de 30 %.

Au cours de la phase 1, le projet Haricots précuits a permis de mettre au point un produit à base de haricots enrichis en fer et en zinc et à cuisson rapide. Le produit à base de haricots précuits a permis de réduire le temps de cuisson des haricots à seulement 10 minutes, ce qui a suscité une grande popularité et une forte adhésion de la part des consommatrices et consommateurs. Au cours de la phase 2, le projet a permis de créer des produits plus innovants à base de haricots, notamment un haricot à cuisson rapide, une barre d’en-cas à base de haricots prête à consommer, de la farine de haricots à cuisson

hôtels, les restaurants, les kiosques routiers et les vendeuses et vendeurs de produits alimentaires, afin de les rendre plus accessibles aux consommatrices et consommateurs.

Défis et leçons retenues

Dans plusieurs projets (p. ex., Irrigation au Mozambique et Lutte intégrée contre les téphrites), un aspect clé consistait à adopter une approche de chaîne de valeur et à relier les agricultrices et agriculteurs aux marchés. Toutefois, cette approche a pris du temps et s’est avérée plus difficile que prévu. L’amélioration et le maintien de la qualité des produits et la recherche de marchés accessibles pour les agricultrices et agriculteurs sont deux des

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

36
© Georgina Smith

principaux défis à relever. Les hypothèses formulées par les projets ont également créé des difficultés et des résultats inattendus. Par exemple, l’équipe chargée du projet Sorgho en Éthiopie a prévu de promouvoir la variété améliorée à haut rendement et tolérante à la sécheresse Argity. Cependant, l’équipe a constaté que la variété ne convenait pas aux sols dégradés. Pour qu’Argity donne de bons résultats, les agricultrices et agriculteurs doivent mettre en œuvre des pratiques de conservation de l’humidité du sol et cultiver dans des zones où le sol a une bonne capacité de rétention d’eau. Les agricultrices et agriculteurs souhaitaient également une biomasse plus importante que celle fournie par Argity. Une autre variété améliorée, Melkam, a été préférée par les agricultrices et agriculteurs et reprise par les entreprises de semences locales.

Un autre défi rencontré par de nombreux projets a été d’assurer un approvisionnement durable en matériaux utilisés dans les technologies du projet. Dans le cadre du projet Irrigation au Mozambique, par exemple, le capteur Chameleon a dû être importé d’Afrique du Sud. Dans le même temps, le projet Lutte intégrée contre les téphrites a constaté que, bien que les matériaux utilisés dans les technologies de lutte intégrée soient disponibles, ils n’étaient importés que pour les grandes exploitations et n’étaient pas abordables pour les petites exploitations.

L’une des principales innovations du projet Assurance basée sur l’image a été l’utilisation de photos prises par les agricultrices et agriculteurs pour montrer les dommages causés aux cultures par des conditions météorologiques extrêmes. Plus de 60 000 photos ont été envoyées par les agricultrices et agriculteurs et analysées manuellement par des agronomes afin d’évaluer les dégâts. Ce processus manuel a entraîné un retard dans les paiements, les agricultrices et agriculteurs recevant leur argent en moyenne cinq mois après la fin de la saison. Pour y remédier, le projet a développé trois modèles d’apprentissage automatique pour tenter d’automatiser la classification des états de croissance, des types de dommages et de l’étendue des dommages, sur la base

d’images de maïs. Il reste encore du travail à faire pour rendre le processus d’évaluation et de vérification plus efficace

Le projet NutriFish a trouvé que le processus de certification de ses produits enrichis en poisson était long et fastidieux, mais c’était une étape nécessaire pour introduire ses produits sur le marché. Si tous les produits ont finalement obtenu le label de qualité ougandais (Q-mark), le projet s’est également efforcé de mieux faire connaître les produits au moyen de campagnes radio, d’un livre de cuisine et de démonstrations culinaires. Un auditoire composé de plus de 12 millions de personnes a été touché par la campagne radio visant à promouvoir la valorisation et la consommation de Mukene – une étape importante dans la lutte contre les croyances sociales de longue date selon lesquelles Mukene est un aliment consommé uniquement par les familles pauvres ou les animaux.

Conclusion

Les équipes des projets ont constaté qu’elles devaient travailler avec le secteur privé et les prestataires de services financiers pour s’assurer que les bénéficiaires puissent accéder aux technologies et innovations promues et en avoir les moyens. Par exemple, la fourniture de services – où des entreprises privées louent des machines à des agricultrices et agriculteurs individuels – est un moyen d’atteindre les agricultrices et agriculteurs qui n’ont pas les moyens d’acheter des technologies. Cette approche de la mobilisation du secteur privé doit donc être envisagée dans les propositions de projet et mise en œuvre dès le début du projet – et non pas seulement adoptée dans les phases finales.

La disponibilité des matériaux nécessaires aux technologies du projet peut également être augmentée à l’échelle locale grâce à une demande accrue d’innovations. Le projet Lutte intégrée contre les téphrites a affirmé que la mise en œuvre de la lutte intégrée à l’échelle de la région était nécessaire pour créer une demande suffisante pour que les négociantes et

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3. Améliorer la productivité et la résilience

évident, il est important de réduire le temps nécessaire à l’évaluation d’un grand nombre d’agricultrices et agriculteurs, ce qui permet de régler rapidement les sinistres, d’améliorer la confiance dans l’assurance et d’encourager l’adoption de cette technologie.

Afin de démontrer les répercussions des régimes d’assurance météorologique et d’en accroître l’utilisation, les projets d’assurance ont besoin de plus de temps pour prendre en compte les agricultrices et agriculteurs qui souscrivent au produit, subissent des dommages aux cultures relatifs aux conditions météorologiques et, enfin, reçoivent un paiement pour leur demande. Ce processus peut prendre plusieurs années et doit être pris en compte lors de l’élaboration des propositions de projets.

Face à la multiplication des phénomènes météorologiques erratiques, le développement

Toutefois, ces technologies doivent être mises à l’essai localement pour déterminer si elles sont adaptées. Le projet Sorgho en Éthiopie a constaté que la variété qu’il avait l’intention de promouvoir ne convenait pas au type de sol local et qu’il était nécessaire de la sélectionner et de l’améliorer pour qu’elle prospère. D’autres enseignements concernant les technologies résilientes au climat peuvent être tirés du projet Pêches au Malawi, qui a mis en place des teintures solaires pour les communautés locales afin d’améliorer leurs moyens de subsistance dans le domaine de la transformation du poisson, mais qui ont été emportées lors des récents cyclones et inondations. À l’avenir, les technologies devront être conçues en tenant compte de ce contexte et les risques environnementaux devront être évalués de manière approfondie afin que des mesures d’atténuation puissent être intégrées dès le départ.

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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© CIAT/Georgina Smith
© KB Mpofu Photography

4

Création de partenariats avec le secteur privé

4. Partnering with the private sector

40 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
© Georgina Smith

Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli?

Au cours de la deuxième phase du programme CultivAF, quatre projets de la première phase ont été soutenus en tant que « projets mis à l’échelle » afin d’accroître la couverture et les répercussions de leurs réalisations initiales. Dans trois de ces projets mis à l’échelle, les partenaires du secteur privé ont joué un rôle clé dans la réalisation des ambitions de transposition et la garantie de la durabilité.

Une approche de partenariat public-privé a impliqué plus de 20 partenaires au cours de la deuxième phase du projet Haricots précuits au Kenya et en Ouganda. Les partenaires comprenaient des organisations nationales de recherche au Kenya et en Ouganda, un centre du CGIAR, deux entreprises du secteur privé, des organisations d’agricultrices et agriculteurs, des entreprises de semences, des organismes d’agrégation et des institutions de financement et de services numériques, entre autres. Le secteur privé a joué un rôle particulièrement important dans l’utilisation des résultats de la recherche pour passer de un à cinq produits transformés à base de haricots, de une à six entreprises de transformation établies au cours de la deuxième phase, et pour atteindre davantage de consommatrices et consommateurs.

Le projet Pêches au Malawi a établi un partenariat innovant avec la FDH Bank Limited, une banque commerciale privée, afin de développer un produit financier nouveau, innovant et approprié pour les entreprises de transformation de poisson, qui ne nécessitait pas de garantie importante. Il s’agissait d’un élément essentiel déterminé lors du programme CultivAF-1, qui a permis à un plus grand nombre d’entreprises de transformation de poisson d’investir dans des technologies améliorées de transformation du poisson et de bénéficier d’un accès à de nouveaux marchés protégés par des normes élaborées au cours du projet (voir les

Haricots précuits : 20 partenaires ont été mobilisés pour mettre à l’échelle les avantages

20 partners were engaged to scale out benefits.

developed and approved in Kenya, Uganda and Rwanda. Farmers can generate up to 232% higher profits if they switch from using commercial organic to frass fertilizer.

INSFEED :

Plus de 1 000 nouvelles entreprises appartenant aux femmes et aux jeunes profitent de la production de MSN en Afrique orientale

Over 1,000 new private companies and young entrepreneurs are making money from BSF farming in East Africa.

Female bean farmers increased their income by 70%.

chapitres sur le financement et la politique pour plus d’informations). En outre, un partenariat a été conclu avec le People’s Trading Centre (PTC), un supermarché qui possède plus de 80 magasins au Malawi et qui est relié à d’autres chaînes de marché en Afrique australe, afin d’offrir un débouché au poisson transformé.

19,094 farmers were registered on the project’s digital payment system.

Au Kenya, le secteur privé a été le moteur de la mise à l’échelle du projet INSFEED, et les parties prenantes du secteur privé – en particulier les jeunes entrepreneures et entrepreneurs – ont bénéficié de divers aspects de l’initiative. Par exemple, l’entreprise sociale SAFI Organics Ltd, dirigée par des jeunes, a utilisé les connaissances générées par les chercheures et chercheurs du projet INSFEED pour produire et vendre aux agricultrices et agriculteurs des engrais organiques à base de compost d’insectes (frasse) certifiés par le gouvernement; tandis que les éleveurs d’insectes et les meuniers ont joué un rôle clé dans la production d’insectes et la transformation des aliments pour animaux.

Au cours de la deuxième phase du programme CultivAF, une entreprise du secteur privé –Agriculture and Climate Risk Enterprise (ACRE Africa) – a été le partenaire principal de l’initiative Assurance basée sur l’image au Kenya. ACRE Africa répondait à un besoin déterminé et estimait que l’analyse de rentabilité existait –même si les preuves n’étaient pas disponibles. Grâce à l’imagerie par satellite et au moyen de

41
4. Création de partenariats avec le secteur privé

téléphones intelligents, le système d’assurance basée sur l’image a permis de remédier aux écarts entre les indemnités versées par les assurances et les pertes réelles subies par les agricultrices et agriculteurs et, en fin de compte, au manque de confiance de ces derniers envers les compagnies d’assurance. Pour mener à bien ce projet, ACRE Africa a travaillé avec un large éventail de parties prenantes de la chaîne de valeur de l’assurance, notamment des groupes d’agricultrices et agriculteurs, des personnes productrices de semences, des entreprises fournissant des intrants, des compagnies d’assurance et des institutions de microfinance.

Activités réalisées

Au cours de sa première phase, le projet Haricots précuits a collaboré avec une entreprise de transformation pour développer deux produits : des haricots précuits et un en-cas à base de haricots. Pour mettre à l’échelle leur gamme de produits et pénétrer davantage le marché au cours de la deuxième phase, le projet a collaboré avec six entreprises de transformation, ce qui a permis d’étendre la production céréalière à 15 nouveaux districts dans les deux pays. Lasting Solutions et Smart Logistics, les premières entreprises collaboratrices du secteur privé au cours de la première phase, ont joué un rôle particulièrement important dans la valorisation des haricots, puisqu’ils ont acheté les céréales, testé les produits auprès des consommatrices et consommateurs, puis approvisionné les supermarchés, les kiosques, les restaurants et d’autres points de vente d’aliments informels.

Reconnaissant le potentiel de l’élevage d’insectes, comme le MSN, en tant que source de protéines, les parties prenantes du secteur privé ont conseillé le projet INSFEED sur la diversification des produits et ont joué un rôle clé dans l’affinage et l’optimisation de ces produits. Par exemple, plus de 53 formules d’aliments pour le bétail et les poissons à base d’insectes et 10 prototypes d’engrais organiques compostés par les insectes (engrais organiques granulés, en poudre et liquides) ont été mis au point.

CALCULER LE COÛT –ET LES AVANTAGES

Elizabeth Musembi, 43 ans, mère de trois enfants dans le comté de Machakos, s’est inscrite au projet Assurance basée sur l’image après avoir rencontré une personne agricultrice championne. Elle s’est inscrite avant la saison des pluies 2021, payant une prime de 2,63 CAD/2,97 AUD. Les agricultrices et agriculteurs ont été frappés par la sécheresse au cours de cette saison et ont perdu la plupart de leurs récoltes. Heureusement pour Elizabeth, elle a pu prétendre à une indemnisation de 19,75 CAD/22,32 AUD dans le cadre du programme, ce qui lui a permis d’acheter trois sacs de semences pour la saison suivante, ce qu’elle n’aurait pas pu se permettre sans l’assurance.

En tant que partenaire principal du projet Assurance basée sur l’image, ACRE Africa a apporté une expertise clé en matière d’opérations d’assurance et a établi des liens avec des compagnies d’assurance qui ont soutenu et financé cette innovation. Parmi les autres partenaires figurait l’Organisation de recherche agricole et animalière du Kenya (KALRO), qui a donné de la crédibilité à l’innovation, ce qui a permis une acceptation rapide du marché et facilité les partenariats avec les organismes gouvernementaux compétents. L’expertise de deux partenaires de recherche internationaux – l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires et la Wageningen University & Research – a permis de mettre à l’essai la viabilité de l’innovation. Plus de 8 500agricultrices et agriculteurs (dont 65 % de femmes) ont participé à l’initiative financée par le programme CultivAF et, sur quatre saisons, plus de 3 672 ont pu bénéficier d’un paiement.

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

42

Défis

Les partenaires publics et privés du projet Haricots précuits ont bien travaillé ensemble en tant que consortium. Chaque institution, établissement et entité privée s’est senti impliqué et s’est réuni pour discuter efficacement des questions, surmonter les problèmes et diminuer les risques. Ce partenariat dynamique, associé à une forte confiance dans les produits, a permis au consortium d’avancer rapidement et d’atteindre les objectifs du projet. En outre, grâce aux recherches menées au cours de la première phase, le projet sur les haricots précuits a démontré que les consommatrices et consommateurs étaient prêts à payer à l’égard de produits à base de haricots. Cette étape s’est avérée cruciale, car elle a permis au projet de présenter un dossier solide pour mobiliser les parties prenantes du secteur privé et indiquer les bénéfices potentiels.

Néanmoins, l’équipe du projet Haricots précuits a reconnu qu’il était essentiel de remettre en question les hypothèses formulées dans une proposition de projet. Par exemple, l’équipe pensait pouvoir accéder à un approvisionnement courant et fiable en haricots au Kenya une fois qu’un marché pour les produits aurait été établi – mais, en réalité, l’offre était limitée. Des efforts supplémentaires ont dû être consentis pour

augmenter les niveaux de production, mais l’équipe n’avait pas prévu d’investir dans le développement de la chaîne d’approvisionnement et dans l’achat de différentes variétés de haricots pour répondre à la demande. En revanche, en Ouganda, les agricultrices et agriculteurs ont fourni une quantité plus importante que prévu, mais les fermetures de frontières relatives à la pandémie de COVID-19 ont rendu difficiles le transport et l’accès à ces produits.

La relation avec les parties prenantes du secteur privé n’a pas été aussi cohérente pour le projet Pêches au Malawi – en particulier parce que les banques avaient des objectifs et des perspectives différents en ce qui concerne les résultats du développement. Au début de la deuxième phase, la personne-ressource de la banque était très orientée vers le commerce et n’avait aucune expérience dans le domaine de l’agriculture ou du développement. Par ailleurs, les cadres supérieurs de la banque possédant une expérience pertinente n’ont pas eu le temps

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4. Création de partenariats avec le secteur privé © Georgina Smith

de s’engager dans le projet, ce qui a entraîné des retards dans la mise en œuvre du volet financier. Plus tard dans le projet, la banque commerciale a affecté au projet une personne-

ressource plus appropriée ayant une expérience de l’agro-industrie. La personne-ressource avait une meilleure compréhension du secteur de la pêche, ce qui a accéléré le déploiement du projet jusqu’à ce que les prêts puissent être décaissés.

L’équipe de Pêches au Malawi a également rencontré des difficultés dans sa collaboration avec PTC, car le supermarché a payé les petites entreprises de transformation de poisson au moins quatre semaines après la livraison de leurs produits. Cette approche ne convenait pas aux petites entreprises de transformation, qui avaient besoin de l’argent immédiatement pour poursuivre leurs activités. Pour surmonter cette difficulté, le projet a mis en place un preneur d’assurance qui a joué le rôle d’intermédiaire et qui a pu attendre un certain temps avant que la PTC n’effectue les paiements. Ce scénario a démontré l’importance de trouver un équilibre

44 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
« L’implication du secteur privé est autosuffisante. »
© CIAT/Georgina Smith
Levison Chiwaula, chercheur principal, projet Pêches au Malawi

avec la participation du secteur privé, car les pratiques et les procédures des entreprises privées sont souvent mal adaptées aux besoins des petites entreprises pour soutenir leurs activités.

Le projet INSFEED a permis la création de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME) productrices d’insectes, qui se sont d’abord mobilisées de manière positive avec l’équipe. Toutefois, une fois que les PME ont commencé à percevoir de bons revenus, nombre d’entre elles ont mis en œuvre une « politique de la porte fermée » afin de protéger leur produit des autres agricultrices et agriculteurs. Les technologies du projet INSFEED étant produites en tant que bien public, l’équipe du projet espérait que les PME mutualiseraient leurs succès avec d’autres agricultrices et agriculteurs afin de contribuer à la mise à l’échelle de l’élevage d’insectes et de la production de produits connexes. Afin de surmonter ces difficultés au cours de la phase 2, le projet a soutenu la décentralisation et la mise en place d’installations de production pilotes plus commerciales avec des agricultrices et agriculteurs ouverts d’esprit, ce qui a réduit la nécessité de visites d’échange dans des entreprises à grande échelle ou des PME ayant une « politique de la porte fermée ». Le projet a également fourni aux PME nouvellement établies des conseils et un soutien technique afin d’optimiser leurs activités et d’aider à briser la résistance face au partage des connaissances. Toutefois, dans l’ensemble, la mobilisation intensive avec le secteur privé et l’éducation continue sur la nécessité de travailler ensemble, ainsi que l’établissement de réseaux de partage des connaissances, ont conduit à de nouvelles occasions et ont mis en évidence que l’enthousiasme des partenaires du secteur privé est un moteur essentiel de la mise à l’échelle des technologies de l’agriculture basée sur les insectes.

Contrairement aux autres projets, l’initiative Assurance basée sur l’image a été menée par une entreprise privée, ACRE Africa. Elle a bien travaillé avec le principal partenaire de recherche,

45
4. Création de partenariats avec le secteur privé
« Il est inhabituel que des parties prenantes du secteur privé dirigent un projet de recherche, et encore plus inhabituel que des bailleurs de fonds accordent des subventions pour couvrir la contribution du secteur privé. Le programme CultivAF nous a donné une chance ».
Jean Eyase, associé aux communications et aux projets, projet ACRE Afrique

l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, et cette relation solide est attribuable aux efforts des deux personnes chefs d’équipe. Le programme CultivAF a également été reconnu pour avoir fourni les fonds nécessaires pour couvrir la participation d’ACRE Africa, car de nombreux bailleurs de fonds n’accordent pas de subventions pour payer la contribution du secteur privé – comme cela a été constaté lors de la recherche de fonds pour cette initiative.

Un problème s’est également posé en ce qui concerne le calendrier du projet Assurance basée sur l’image. Les projets d’assurance ont besoin de suffisamment de temps pour susciter l’adhésion au produit et en démontrer les répercussions. Une fois les données recueillies, il faut encore du temps pour s’engager auprès

des décisionnaires politiques. Ce processus n’a commencé à se mettre en place qu’à l’achèvement du projet, car il était difficile de l’établir avant que les données pertinentes n’aient été obtenues, et la pandémie de COVID-19 a également entraîné des retards.

Conclusion

Les perspectives commerciales des partenaires du secteur privé peuvent poser problème. L’équipe de Pêches au Malawi pensait que la banque locale avait compris les objectifs du projet dès le départ, mais cela n’a pas été le cas. S’il y avait eu un plus grand choix de partenaires, il aurait été avantageux de travailler avec plus d’une banque ou d’une institution financière (et plus d’une entreprise de vente

46 Favoriser des
systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
© Georgina Smith

au détail pour les produits de la pêche) afin de créer une concurrence. En outre, en cas d’échec du mécanisme ou de l’accord, il y aurait eu une autre option pour diminuer le risque.

Cependant, l’équipe d’ACRE Africa a souligné que « si vous pensez de manière plus commerciale, les aspects de durabilité seront présents ». Les membres de l’équipe ont insisté sur la nécessité d’estimer le projet comme un mécanisme permettant de concevoir un produit d’assurance dans une optique commerciale dès le départ, plutôt que de l’estimer comme un projet de développement permettant de collecter des données pour la recherche.

 La mise à l’échelle nécessite des investissements importants et prend du temps. Le projet Haricots précuits partait du principe qu’avec les bons partenaires, la mise à l’échelle du produit serait simple. Cependant, les innovations ont nécessité des investissements importants et la mise à l’échelle s’est avérée plus coûteuse que prévu. Certains partenaires ne disposaient pas des ressources financières nécessaires à investir dans les produits, ce qui a augmenté le temps nécessaire à leur développement. En fin de compte, les PME ont eu besoin d’un soutien plus important que celui qui pouvait leur être fourni, y compris après la fin du projet. L’équipe chargée du projet Haricots précuits a constaté que trois ans n’étaient pas suffisants pour lancer les produits à base de haricots et atteindre une mise à l’échelle importante.

 La détermination précoce des partenaires du secteur privé est essentielle. Il est essentiel d’impliquer tous les partenaires dès la conception de l’idée, en donnant à chacun un rôle et en les aidant à s’approprier le projet et ses résultats et à en assumer la responsabilité. Par exemple, en termes de durabilité, les parties prenantes du secteur privé qui ont collaboré avec le projet INSFEED poursuivront l’élevage d’insectes et la transformation des produits connexes (farine de larves, engrais à base de fèces, etc.); ces personnes continueront

à mettre à l’échelle la production et la commercialisation sans l’aide du projet.

 Les parties prenantes du secteur privé comprennent la réalité et le contexte sur le terrain. ACRE Afrique a souligné l’importance pour les chercheures et chercheurs de se rendre compte que la situation est souvent très différente et ne correspond pas à ce que ces personnes attendaient, à ce qu’elles avaient supposé ou à ce qu’elles pensaient. Les parties prenantes du secteur privé sont également motivées et soucieuses de réussir. Après réflexion, l’équipe du projet Pêches au Malawi a compris l’intérêt de travailler avec les services de vulgarisation du secteur privé pour mettre en relation la banque et les entreprises de transformation du poisson.

 Il est essentiel d’utiliser le secteur privé pour développer les marchés secondaires. Un défi majeur pour le projet Pêches au Malawi (également rencontré dans d’autres projets du programme CultivAF où des séchoirs solaires et d’autres équipements ont été introduits), a été le défi de l’approvisionnement en matériaux. Les activités ne peuvent être maintenues si les matériaux sont uniquement fournis par le projet. Il est donc essentiel de savoir comment amener le secteur privé à soutenir une approche de système de marché et à fournir des matériaux d’origine locale ainsi que des occasions d’emploi.

47
4. Création de partenariats avec le secteur privé

5

Financement innovant pour des chaînes de valeur inclusives

5. Innovative financing for inclusive value chains

48 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
© Georgina Smith

Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli?

Les approches financières innovantes – souvent associées à d’autres services d’accompagnement et innovations – ont constitué un aspect essentiel de plusieurs projets de recherche au cours de la deuxième phase du programme CultivAF. Des plateformes numériques et des prêts souples ont été utilisés par les projets pour permettre l’adoption de technologies et de pratiques améliorées dans les chaînes de valeur du poisson et des haricots, ainsi que pour soutenir l’agrientrepreneuriat des jeunes. Par exemple, le projet Pêches au Malawi a établi un partenariat novateur avec la FDH Bank Limited du Malawi pour fournir aux entreprises de transformation de poisson des prêts souples qui ne nécessitent pas de garanties importantes et qui tiennent compte de facteurs externes tels que le cycle saisonnier des prises. Le projet a également accordé aux femmes transformatrices de poisson un taux d’intérêt préférentiel réduit (2 % de moins) dans le cadre de sa stratégie d’autonomisation des femmes. L’accès au financement est un élément clé qui a permis au projet d’aider les hommes et les femmes à améliorer leurs moyens de subsistance, ainsi que la qualité et la rentabilité du poisson et des produits de la pêche.

Le projet Haricots précuits a développé une plateforme numérique au Kenya et en Ouganda qui permet aux agricultrices et agriculteurs d’être payés directement pour leurs produits. Cela a permis de garantir que tout l’argent gagné par les agricultrices était perçu directement par elles, sans que la transaction ne passe par leurs maris ou d’autres membres masculins de leur famille. Ce système a permis aux femmes de devenir des propriétaires d’entreprise autonomes, en leur permettant d’enregistrer des transactions commerciales à leur nom en utilisant leur numéro de téléphone personnel et en leur donnant le droit d’accéder à leurs bénéfices de manière indépendante. Pour ce faire, elle a collaboré avec Mastercard, qui a fourni les plateformes numériques pour le projet.

reduced post-harvest fish losses by over half compared to traditional open-air sun drying.

Jeunes agripreneurs : Les ventes mensuelles des entrepreneures et entrepreneurs formés ont augmenté de plus de 100 CAD/110 AUD

Two standards were created to enhance fish marketing potential.

20 partners were engaged to scale out benefits.

Monthly sales of young entrepreneurs increased by over KSh10,600, thanks to the agribusiness training and mentorship program.

Pêches au Malawi : 21 071 CAD/23 805 AUD distribué sous forme de prêts

US$16,000 was distributed in loans.

Over 490 new jobs were created through the youth-led enterprises.

Female bean farmers increased their income by 70%.

About 67% of the businesses launched in the program’s rst phase were women-owned, and in the second phase, more than half of the participants (53%) were women.

Haricots précuits :

19 094 agricultrices et agriculteurs inscrits au système de paiement numérique du projet

19,094 farmers were registered on the project’s digital payment system.

Au Kenya, 53,4 % des jeunes participant au projet Jeunes agripreneurs ont eu du mal à accéder aux services financiers en raison du manque de garanties, ce qui signifie que la plupart d’entre eux ont dû utiliser leurs économies personnelles pour fournir le capital de départ nécessaire. Le projet a trouvé que les femmes sont encore plus susceptibles que les hommes d’avoir des difficultés d’accès au financement parce qu’elles ne disposent pas de sûreté accessoire (64,9 %), qu’elles n’ont pas de documents commerciaux (57,8 %) et qu’elles connaissent mal les sources de financement (57,3 %). Pour augmenter leurs chances d’accéder au financement, le modèle suivi dans le cadre de ce projet vise à responsabiliser les jeunes au moyen du transfert de connaissances et en leur offrant une voie d’accès au financement sans risque. Travaillant avec 60 jeunes, la phase 1 du projet a permis de constater que la formation et les conseils aux entreprises renforçaient considérablement la participation et les investissements des jeunes dans l’agro-industrie. Enfin, dans la phase de mise à l’échelle, 1 200 jeunes ont été mobilisés avec les gouvernements des comtés du Kenya pour participer à une évaluation rigoureuse

49
5.
Financement innovant pour des chaînes de valeur inclusives

visant à comprendre les répercussions de la formation à l’entrepreneuriat, du mentorat et du financement sur le développement de l’entrepreneuriat chez les jeunes.

À l’instar du projet Jeunes agripreneurs, le projet Pôle d’entrepreneuriat des jeunes a mis à l’essai, au cours de la phase 1, des modèles d’entreprise innovants visant à accroître la participation des jeunes dans l’industrie du poisson au Malawi et en Zambie et dans le secteur de l’agro-industrie après récolte du maïs au Zimbabwe. Comme le projet Jeunes agripreneurs, ce projet a également déterminé le manque de mentores et mentors comme l’une des contraintes qui empêchent les jeunes de réussir dans leur entreprise. Ainsi, 27 mentores et mentors ont été formés pour soutenir les entrepreneures et entrepreneurs qui ont reçu un financement de démarrage.

Activités réalisées

Le projet Pêches au Malawi a aidé de petits groupes de pêcheuses et pêcheurs à accéder à un produit de financement qui leur a permis de mettre au point des technologies améliorées de traitement du poisson. Sur les 60 candidatures (25 femmes et 35 hommes), 18 (10 femmes et 8 hommes) ont obtenu un prêt. Parmi ces candidatures, six entreprises de transformation de poisson (détenues respectivement par trois hommes, trois femmes) ont reçu des prêts d’un montant total de 21 071 CAD/23 805 AUD. Les prêts ont été versés principalement au moyen de l’achat de matériel auprès de fournisseurs de confiance et de versements à des entreprises agréées. Dans le cadre de ce processus, les fonds ont été utilisés pour construire six séchoirs solaires, cinq fours de fumage et deux entrepôts pour entreposer les produits de la pêche transformés.

Le projet a également renforcé la capacité des personnes effectuant la pêche à gérer leur entreprise. Après la formation, ces personnes sont devenues plus confiantes pour postuler à d’autres occasions, ce qui a permis à certains bénéficiaires de prêts de développer des

LA RECHERCHE DE FINANCEMENTS

Un jeune homme, Hamis Nyampesi, à qui l’on a présenté les séchoirs solaires pour tentes au cours de la première phase du programme CultivAF, a réussi à obtenir un prêt de la FDH Bank au cours de la deuxième phase du projet Pêches au Malawi. Nyampesi a utilisé ce capital pour acheter du poisson en gros auprès d’une coopérative de 15 jeunes femmes appelée Fishland Ladies. En utilisant les compétences acquises grâce à la formation du projet, la coopérative Fishland Ladies a réussi à obtenir un financement de contrepartie de 45 954 CAD/51 906 AUD dans le cadre de l’initiative Projet de commercialisation agricole du gouvernement du Malawi.

Ce financement supplémentaire a permis à la coopérative d’employer plus de 20 personnes et d’acquérir un bateau, du matériel de pêche, des séchoirs solaires pour tentes et d’autres équipements. La coopérative est devenue le principal fournisseur de poisson transformé pour l’entreprise de Nyampesi. Il a indiqué : « Moimême je ne peux pas, mais ensemble nous pouvons ».

entreprises orientées vers les services et de créer des occasions d’emploi.

Le financement fourni sous forme de matériaux, dans le cadre d’un accord de prêt avec la FDH Bank, a permis à une jeune femme de construire une tente de séchage solaire, un four de fumage du poisson et un abri de traitement du poisson afin d’améliorer la qualité du produit et sa durée de conservation. Mère célibataire, la jeune

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

50

femme a utilisé ce revenu supplémentaire pour s’occuper de son enfant et payer une formation diplômante dans un établissement d’enseignement supérieur local.

Le projet Haricots précuits a formé les agricultrices et agriculteurs locaux à de bonnes pratiques agronomiques et à une meilleure gestion financière et les a mis en relation avec des entreprises fournissant des semences de variétés de haricots améliorées. Le projet a recruté et formé 52 agentes et agents d’entreprise de village – principalement des jeunes (60 %) – dont 15 ont reçu des téléphones Android pour utiliser l’application Mastercard Farmer Network (MFN, désormais appelée Mastercard Farm Pass). L’application comprend diverses fonctions, telles que l’enregistrement des agricultrices et agriculteurs, les paiements numériques, la collecte des produits, les demandes d’aide aux services, la gestion des transports, les services de vulgarisation et les liens avec les institutions financières pour le crédit. À la fin du projet, 18 466 agricultrices et

5. Financement innovant pour des chaînes de valeur inclusives

51
© Georgina Smith
« Le financement autonome n’est pas suffisant pour mettre à l’échelle les entreprises agroalimentaires.
Nous devons trouver des stratégies qui fonctionnent pour tout le monde ».
Professeur Francis Wambalaba, chercheur principal du projet Jeunes agripreneurs

agriculteurs (7 572 hommes et 10 894 femmes) s’étaient inscrits à l’application et avaient échangé 135 665 CAD/153 209 AUD de haricots par l’intermédiaire de la plateforme.

L’application MFN aide les agricultrices et agriculteurs à établir un historique financier en temps réel grâce à des enregistrements numériques, ce qui est utile pour évaluer leur solvabilité. Par exemple, l’Equity Bank a utilisé ces renseignements pour accorder des crédits aux agricultrices et agriculteurs pour l’acquisition d’intrants. La MFN veille également à ce que le paiement soit envoyé directement au fournisseur du produit et, pour le projet des haricots précuits, elle a aidé à estimer la production et les demandes de semences à partir de données historiques. L’application a amélioré l’intégrité des données des agricultrices et agriculteurs et a créé des emplois d’agents pour 11 femmes et 16 hommes.

La formation réalisée dans le cadre du projet Jeunes agripreneurs a permis de déterminer des bailleurs de fonds potentiels pour fournir des produits financiers, tels que des prêts récurrents pour les fonds de roulement, aux bénéficiaires du projet. Les membres de l’équipe du projet Jeunes agripreneurs ont été mis en relation avec les gouvernements des comtés et des organismes

de financement tels que l’Agricultural Finance Corporation, Juhudi Kilimo et la Kenya Women Microfinance Bank. L’équipe du projet s’est également mobilisée avec le Fonds UWEZO – un fonds du gouvernement du Kenya qui soutient les entreprises dirigées par des femmes, des jeunes et des personnes en situation de

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52
© Projet Pêches au Malawi
« Si vous avez les connaissances, mais pas les moyens financiers, vous n’y arriverez pas. »
Roland Mwangi, bénéficiaire du projet Jeunes agripreneurs

LES HARICOTS, C’EST DU SÉRIEUX!

Une productrice de haricots du district d’Isingiro, en Ouganda, a bénéficié de l’utilisation de la plateforme MFN en tant que membre et agent d’une coopérative agricole locale – Manyakabi Area Cooperative Enterprise (MACE). Elle a mobilisé plus de 150 agricultrices et agriculteurs (dont 120 femmes) pour cultiver la variété NAROBEAN 1, qui a été vendue en vrac à MACE grâce à l’application.

Elle a indiqué : « Le MFN a facilité mon travail et la majeure partie de celui-ci est maintenant effectuée à l’aide de mon téléphone intelligent au lieu de remplir des papiers. Maintenant, je peux inscrire les agricultrices et agriculteurs et indiquer les récoltes attendues en utilisant le MFN sans avoir à me rendre au bureau du MACE dans les collines du district d’Isingiro ». Elle a également utilisé les revenus qu’elle tirait de la culture des haricots et de son travail d’agence pour lancer une entreprise de production de porcs.

personnel supplémentaire. En outre, lors de la pandémie de COVID-19, les entrepreneures et entrepreneurs formés étaient plus résilients sur le plan financier et capables de modifier leurs gammes de produits ou de remodeler leurs chaînes d’approvisionnement pour atténuer le choc.

Dans la phase 1, le projet Pôle d’entrepreneuriat des jeunes a également révélé que la combinaison de la détermination des occasions commerciales et de la formation à l’entrepreneuriat avec le financement de départ et le mentorat a entraîné une croissance exponentielle des entreprises dirigées par des jeunes. Les résultats ont montré qu’environ 80 % des entreprises soutenues ont lancé leur premier produit ou ajouté de nouveaux produits; 70 % ont indiqué avoir établi de nouveaux partenariats; 50 % ont augmenté leur clientèle; et 30 % ont indiqué avoir demandé ou accédé à de nouvelles sources de financement. Environ 60 % des entreprises financées ont acquis de nouvelles technologies et pratiques, tandis que 30 % ont développé leurs activités existantes, y compris en se diversifiant sur de nouveaux sites.

Défis

handicap – en vue d’un futur partenariat. En outre, les Kenya Jeunes agripreneurs du comté de Nyandarua ont fait l’objet d’un financement prioritaire dans le cadre du partenariat entre le comté de Nyandarua et Equity Bank. Grâce à ce projet et à la combinaison du mentorat et de l’accès au financement, les jeunes ont apprécié davantage l’agro-industrie, ont augmenté leurs revenus mensuels grâce à la diversification et à la valeur ajoutée, et ont été en mesure de créer des emplois pour d’autres jeunes. Par exemple, la combinaison de la formation et du mentorat a augmenté les ventes mensuelles des entreprises de jeunes de 100 CAD/110 AUD en moyenne, et leur a permis d’embaucher un membre du

Le projet Pêches au Malawi a été confronté à certaines difficultés lors de la négociation d’un ensemble de prêts tenant compte de la dimension de genre avec la banque privée partenaire FDH. La banque a été lente à réagir pendant les phases initiales du projet et a retardé la signature de l’accord de projet. Le projet aurait pu toucher un plus grand nombre de personnes si l’enveloppe de prêts avait été mise en place plus tôt. La banque a ensuite affecté du personnel de sa section agroalimentaire pour travailler sur le projet et accélérer le processus. En outre, le nombre de prêts décaissés a été affecté par l’obligation faite aux bénéficiaires de déposer un droit d’engagement à l’avance. Les contributions varient en fonction de la capacité; toutefois, cette exigence s’est avérée difficile pour un certain nombre de personnes dont la demande initiale avait été acceptée. C’est pourquoi

53
5. Financement innovant pour des chaînes de valeur inclusives

le rassemblement des pêcheuses et pêcheurs qui visait à les informer sur la méthode de financement.

La pandémie de COVID-19 a également posé des problèmes au projet Jeunes agripreneurs en ce qui concerne les relations avec les banques. Les banques ayant modifié leurs priorités ou leurs procédures pour contenir les effets de la pandémie, les accords de financement avec le projet ont été interrompus. L’équipe du projet a réussi à utiliser les options de financement du gouvernement du comté à la place, mais cela a eu moins de répercussions sur les entreprises agroalimentaires en raison des montants plus faibles qu’ils ont pu prêter. L’équipe a également reconnu l’importance d’impliquer les personnes représentantes des succursales des institutions financières, et pas seulement le siège, afin de s’assurer qu’ils sont au courant du projet et qu’ils peuvent le coordonner efficacement.

acheter et accéder aux technologies, mais de la combinaison de l’accès au financement, des compétences commerciales et de l’atténuation des risques pour les agricultrices et agriculteurs. Il ne s’agit pas seulement d’injecter de l’argent pour relever le défi : l’essentiel est de réfléchir aux modules commerciaux – y compris la formation et le tutorat – qui peuvent rendre le financement plus accessible aux personnes utilisatrices pour avoir de plus grandes répercussions.

Le crédit ou le capital sont indéniablement importants et les prêts de démarrage sont utiles pour aider les jeunes à établir leur cote de crédit et à demander d’autres prêts, de sorte qu’ils sont « sans risque ». L’équipe du projet Jeunes agripreneurs a insisté sur le fait que les jeunes devraient également être autorisés à utiliser des actifs disponibles comme garantie, tels que des bicyclettes, pour demander des prêts. Toutefois, il est essentiel de mettre l’accent sur la mobilisation des ressources afin que les femmes

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

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© CIAT/Georgina Smith

et les jeunes soient plus enclins à tirer parti des ressources disponibles, y compris les besoins en intrants et en soutien et les ressources tout au long de la chaîne de valeur – plutôt que de les voir se concentrer uniquement sur l’argent. Les jeunes devraient également être encouragés à se regrouper pour ouvrir des comptes d’épargne collectifs afin de pouvoir demander des financements en tant qu’entité formelle ou groupe enregistré et négocier des ressources essentielles, telles que des intrants agricoles.

Le projet Jeunes agripreneurs a également mis l’accent sur le fait que les petites organisations de microfinance ont des liens avec la communauté, qu’elles comprennent mieux les défis auxquels sont confrontés les entrepreneures et entrepreneurs agricoles de petite taille et qu’elles peuvent fournir un soutien technique aux jeunes entrepreneures et entrepreneurs. Cibler ces institutions financières locales ou les associations d’épargne comme partenaires, plutôt que les banques nationales, peut donc s’avérer plus efficace pour financer les petites entreprises, en particulier pour les femmes qui n’ont peut-être pas les garanties nécessaires pour accéder aux prêts bancaires.

 Il faut du temps pour mettre en place des mécanismes de financement, c’est pourquoi les approches financières innovantes doivent être lancées dès le début du projet, en même temps que d’autres activités, pour bien fonctionner et avoir des répercussions sur les bénéficiaires, comme l’a démontré le projet Pêches au Malawi. Toutefois, il est important de déterminer d’abord les occasions de marché, puis de rechercher des sources de financement

 Les bénéficiaires (y compris les femmes et les jeunes) doivent être formés sur la manière de demander des prêts et d’autres services financiers; ils manquent souvent de connaissances et de compétences sur la manière d’accéder au financement et d’en faire la demande. Il est donc important que l’assistance technique soit mise à la disposition des personnes participantes au projet Jeunes agripreneurs pour les

aider à créer des entreprises bancables et à être prêts pour le financement ou les liens financiers.

 Il est important de faire connaître les travaux d’un projet afin d’attirer d’autres parties prenantes financiers susceptibles d’être intéressées par ses services ou ses produits, car cela permet de constituer des dossiers d’investissement pour que d’autres contribuent aux travaux du projet ou mettent à l’échelle les innovations.

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5. Financement innovant pour des chaînes de valeur inclusives © Georgina Smith

Influencer les politiques pour mettre à l’échelle les répercussions

6. Influencing policy to scale impact

56 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
6 © Pius Sawa

Qu’est-ce que le programme CultivAF a accompli?

La mobilisation des décisionnaires politiques et des parties prenantes est essentielle pour les répercussions, la mise à l’échelle et la durabilité des projets. Il est essentiel de déterminer, dès le début d’un projet, les possibilités d’interaction avec les décisionnaires politiques – et à quels échelons – et les domaines dans lesquels la politique peut être influencée ou améliorée. Dans la deuxième phase du programme CultivAF, les agences nationales de certification et de normalisation ont été particulièrement ciblées pour soutenir les ambitions de mise à l’échelle, mais aussi pour commercialiser et garantir la sécurité des produits développés ou ciblés dans le cadre des différents projets. Par exemple, l’implication des décisionnaires politiques dans le projet INSFEED a conduit à l’élaboration de normes de sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux au Kenya et en Ouganda. Cela a été essentiel pour le développement, la certification et la commercialisation de produits à base d’insectes à valeur ajoutée aux niveaux national et international.

Afin d’améliorer le potentiel de commercialisation des produits de la pêche fabriqués dans le cadre du projet Pêches au Malawi, deux normes (une pour les produits de la pêche fumés et une pour les produits de la pêche séchés) ont été élaborées en collaboration avec le Bureau des normes du Malawi (MBS). Au départ, le projet ne visait que l’élaboration d’une norme pour le poisson sec, mais à la demande du ministère de l’Agriculture, une norme pour le poisson fumé a également été élaborée.

Parallèlement, en Ouganda, cinq produits nutritifs de grande valeur, dérivés de petits poissons argentés (Mukene) et développés dans le cadre du projet NutriFish, ont été certifiés par l’Uganda National Bureau of Standards (UNBS) afin de soutenir leur vente dans les points de vente au détail. Pour aider à surveiller le

INSFEED : De nouvelles normes ont été élaborées et approuvées au Kenya et en Ouganda

Solar-tent drying technologies reduced post-harvest fish losses by over half compared to traditional open-air sun drying. Two standards were created to enhance fish marketing potential.

Pêche au Malawi : Deux normes ont été créées pour améliorer le potentiel de commercialisation du poisson

NutriFish : 12 000 enregistrements de données sur les prises ont été collectés et transmis au moyen du système e-CAS

Through the project, 1325 youth secured employment in insect enterprises.

New standards have been developed and approved in Kenya, Uganda and Rwanda. Farmers can generate up to 232% higher profits if they switch from using commercial organic to frass fertilizer. Over 1,000 new private companies and young entrepreneurs are making money from BSF farming in East Africa.

12,000 records of catch data were collected and transmitted through the e-CAS system to over 200 stakeholders

US$16,000 was distributed in loans.

système de pêche dans les lacs Albert et Victoria en Ouganda, le projet NutriFish a également adapté l’utilisation d’une application mobile de pêche existante connue sous le nom de système électronique Catch Assessment Survey (e-CAS). Les données complètes collectées au moyen de l’application permettront aux responsables de la gestion des lacs, aux chercheures et chercheurs et aux décisionnaires politiques, entre autres, de continuer à prendre des décisions éclairées en matière de gestion des pêcheries.

Enfin, pour pérenniser les interventions au-delà du projet Jeunes agripreneurs au Kenya, les gouvernements des comtés ont été soutenus par le Global Agribusiness Management and Entrepreneurship (GAME) Centre (chef de file du projet). Ensemble, ils ont mis en œuvre des stratégies agro-industrielles particulières au comté, notamment en s’associant à Equity Bank pour offrir un financement destiné à aider jusqu’à 10 000 jeunes entrepreneures et entrepreneurs prometteurs à développer leurs activités.

57
6. Influencer les politiques pour mettre à l’échelle les répercussions

Activités réalisées

La mobilisation entre le projet INSFEED et les décisionnaires politiques du Kenya Bureau of Standards (KEBS) et de l’UNBS a conduit à l’élaboration et à l’approbation de trois nouvelles normes. Ceux-ci ont joué un rôle essentiel dans le développement de produits alimentaires à base d’insectes à valeur ajoutée, dans la certification et dans le commerce mondial. « Ces normes, les premières en Afrique, constituent une étape importante dans le soutien apporté aux agricultrices et agriculteurs et aux parties prenantes de l’industrie intéressées par l’élevage d’insectes. Avec ces normes, les personnes productrices d’insectes, les récolteurs et les industries de transformation peuvent désormais obtenir une accréditation leur permettant de vendre leurs produits sur les marchés locaux, régionaux et internationaux », indique Peter Mutua, directeur des normes alimentaires de la KEBS. Grâce à de vastes programmes de formation entrepris par KEBS et l’UNBS, 15 PME ont vu leurs produits dérivés d’insectes certifiés et ont obtenu la marque de normalisation, ce qui leur permet de produire en masse et de commercialiser des denrées alimentaires, des aliments pour animaux et des engrais organiques compostés à base d’insectes. L’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda sont des pays qui bénéficient déjà des avantages des normes relatives aux insectes comestibles. Toutefois, il est nécessaire de formuler des politiques pertinentes pour régir le secteur des insectes.

Avant le projet Pêches au Malawi, il n’existait pas de normes pour les produits de la pêche. Les normes étant désormais établies pour les petits poissons séchés et les gros poissons fumés, le MBS peut contrôler régulièrement les produits de la pêche vendus dans les supermarchés, et les personnes productrices de poisson sont en mesure de vendre leurs produits sur les marchés officiels à un prix plus élevé. Les consommatrices et consommateurs de poisson sont également protégés contre les produits de mauvaise qualité et les aliments impropres à la consommation.

DONNÉES SUR LA PÊCHE EN TEMPS

RÉEL

: UNE GROSSE PRISE POUR LES LACS DE L’OUGANDA

« Le système e-CAS nous permet de savoir si le lac fait l’objet d’une surpêche », explique Patrick Bwire, administrateur de systèmes à la National Fisheries Resources Research Institute. « Par exemple, si un bateau capturait 10 kg de poissons et qu’il y a maintenant cinq bateaux au même endroit qui en capturent 3 kg, cela indique que le lac est surexploité. Ces pêcheuses et pêcheurs peuvent être relocalisés ailleurs », expliquet-il. « Pour les gestionnaires du lac [fonctionnaires chargés de contrôler les activités de pêche sur le lac, comme le type de filets de pêche ou de bateaux utilisés, la pollution de l’eau, la surpêche, etc.], il est possible d’accéder instantanément aux données sur la valeur du poisson débarqué et d’estimer les revenus de chaque bateau sur un site de débarquement particulier.

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des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
Favoriser
© Projet NutriFish

Le projet a également influencé le Département des pêches du Malawi, dont les activités se concentraient auparavant sur la seule pêche – un domaine dominé par les hommes. Cependant, après avoir travaillé avec le projet Pêches au Malawi, le Département des pêches a adopté une approche plus inclusive et s’intéresse désormais activement à la transformation du poisson, une activité dominée par les femmes. En outre, les preuves générées sur la qualité du poisson transformé à l’aide des séchoirs solaires et des fours de fumage améliorés promus par le Département des pêches ont contribué à la révision de la stratégie nationale de promotion des exportations et à la formulation de la politique de sécurité alimentaire.

In Uganda, over 670 stakeholders now use the e-CAS application, including the Department of Fisheries Resources and the Fisheries Protection Unit. By the end of the project, local enumerators trained by NutriFish had collected and transmitted over 12,000 records of catch data through the e-CAS system. “Real-time e-CAS data is leading to improved fisheries management and regulation, including better monitoring of fish catches to ensure sustainability, informed licensing of new boats and fishers to support livelihoods, and increased availability in fish for consumption,” states Jackson Efitre, principal investigator of the NutriFish project. Further, the previous approach of manually collecting this type of

data cost the government about CAD 145,064/AUD 163,725 per year but e-CAS lowered the cost to around CAD 29,000/AUD 32,745.

Engaging county governments proved key for the Youth Agripreneurs project, as these stakeholders were more familiar with the context and challenges faced by youths at the local level. For example, in Siaya County, county officers were an integral part of the project and its implementation – leading them to apply the concept in another youth project funded by the German development agency, GIZ. Similarly, in Nyandarua County, agriculture officers participated keenly in the project and the GAME Center has been invited to further scale-up activities. Following county-level successes, the national government (through the UWEZO Fund, a Kenya Government fund that promotes businesses and enterprises run by women, youth, and persons with disability), also approached the GAME Center seeking to replicate the Youth Agripreneur project’s mentorship model amongst youth beneficiaries as a de-risking strategy in their funding program.

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6. Influencer les politiques pour mettre à l’échelle les répercussions © Georgina Smith

Professeur Fanuel Tagwira, secrétaire permanent, ministère de l’Enseignement supérieur, de l’Innovation, des Sciences et du Développement technologique, Zimbabwe

économique. Le décor est planté en ce qui concerne les avantages pour l’économie, le potentiel de création d’emplois et la réduction des coûts des engrais et des aliments pour animaux pour les agricultrices et agriculteurs. La détermination et l’implication des partenaires de la KEBS et de l’UNBS dès le début ont également été essentielles; on a confié à ces personnes l’entière responsabilité et la direction des composantes politiques, ce qui a été un facteur important de la réussite du projet. Ce n’est toutefois pas le cas du Kenya Wildlife Service (KWS), qui a d’abord limité l’élevage en masse d’insectes pour l’alimentation humaine et animale et pour d’autres usages en exigeant des agricultrices et agriculteurs qu’ils demandent des permis ou des licences. Toutefois, à la suite de consultations productives et mobilisantes, KWS a reconsidéré la possibilité de réduire ces goulets d’étranglement afin de permettre à cette industrie émergente et innovante de se développer pendant qu’un

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

60
écouter. Mais ne communiquez pas tout simplement vos résultats; indiquez ce que vos résultats permettront d’accomplir ».
© Pius Sawa

cadre plus approprié est mis en place pour le secteur. Ce processus est en cours de développement en partenariat avec l’Union africaine, par l’intermédiaire de l’Organisation régionale africaine de normalisation (ORAN), afin d’élaborer et d’harmoniser les normes et l’évaluation de la conformité pour les produits alimentaires et les aliments pour animaux à base d’insectes comestibles, ainsi que pour les engrais organiques compostés par les insectes, entre autres.

Plusieurs projets ont eu du mal à obtenir l’adhésion totale des décisionnaires politiques. Par exemple, à la suite de sessions de formation au sein de l’équipe du projet Pêches au Malawi, il a été décidé d’être plus actifs à l’égard de la mobilisation du Département des pêches. Après avoir manifesté un faible soutien initial au projet, l’intervention du président a permis aux décisionnaires politiques de faire le nécessaire pour faire avancer le projet. Néanmoins, le projet a estimé que le département était lent à promouvoir des produits qui soulignaient la valeur du poisson, et peut-être qu’un processus plus efficace aiderait à donner aux innovations de plus importantes répercussions.

En outre, l’équipe du projet Pêche du Malawi a estimé que le MBS aurait pu faire davantage pour mettre en œuvre et défendre les normes. En particulier, l’équipe a estimé que le MBS devait mettre en œuvre une campagne de sensibilisation à l’importance des normes, afin que le public soit plus conscient des avantages relatifs à l’achat et à la consommation de poisson certifié.

Conclusion

 L’un des principaux enseignements tirés de tous les projets du programme CultivAF est qu’il est impératif de déterminer les organes politiques les plus influents – qu’ils soient nationaux, locaux ou régionaux – et de collaborer avec eux pour obtenir des résultats efficaces. Cela aura non seulement des répercussions sur la rapidité avec laquelle

les politiques du projet sont mises en œuvre, mais aussi sur la façon dont les autres parties prenantes interagissent avec le projet.

 Il est essentiel d’impliquer les parties prenantes dès le début d’un projet, car cela leur permet de s’approprier les résultats et de bien comprendre les objectifs et la direction qu’elles entendent prendre. Pour obtenir l’adhésion des décisionnaires politiques, il est essentiel de fournir des recherches fondées sur des données probantes, dynamiques et concrètes, dans un format facile à interpréter.

 Il existe un lien manquant entre ce que les chercheures et chercheurs font et ce que les décisionnaires politiques savent, et il est donc important que les chercheures et chercheurs communiquent non seulement leurs résultats, mais aussi ce que leurs résultats permettront d’accomplir. Une interaction et un dialogue accrus entre la science et la politique sont nécessaires afin de combler cette lacune et influencer efficacement l’élaboration des politiques.

 Il n’est pas facile d’interagir et de s’engager avec les décisionnaires politiques. Les décisionnaires politiques ont leurs propres programmes et calendriers, et les relations établies avec les personnesressources peuvent être rapidement interrompues en cas de promotion ou de changement de poste. La mobilisation peut être particulièrement difficile pour les chercheures et chercheurs qui n’ont pas d’expérience préalable dans ce domaine, et une formation peut s’avérer nécessaire. Les équipes de projet doivent avoir la confiance nécessaire pour persévérer et être tenaces si elles veulent influencer la politique, même en cas de refus. Il est impératif de surmonter cet obstacle pour obtenir l’attention et l’action politiques nécessaires.

61
6. Influencer les politiques pour mettre à l’échelle les répercussions

7. Conclusions

62 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
7 © Pius Sawa
Conclusion

tous les aspects du projet. Il s’agissait d’une exigence délibérée, en particulier dans le cadre de la phase 2. Ce programme était en avance sur son temps à cet égard, et les enseignements tirés ont influencé non seulement les investissements plus récents dans la recherche en Australie et au Canada, mais aussi de nombreuses activités dans le monde entier.

 Un leadership fort des pays du Sud. Les partenaires de mise en œuvre impliqués dans le programme CultivAF ont joué un rôle fondamental dans sa réussite. Cela a été particulièrement évident pendant la pandémie de COVID-19, lorsque les équipes

 Une approche transfrontalière. Le programme CultivAF a permis une forte collaboration régionale et un partage des connaissances afin de maximiser les répercussions dans la région. Les problèmes et les occasions ne connaissent pas de frontières et il est à espérer que ces liens seront maintenus au-delà de la durée du programme.

 Les agricultrices et agriculteurs à l’honneur. Les équipes de projet ont travaillé dur pour reconnaître les défis des agricultrices et agriculteurs – en particulier des femmes – en ne présumant pas de leurs besoins, mais en

63 7. Conclusions
© Farmers Media Ltd

CultivAF ont pris en compte les obstacles et les éléments facilitateurs pour les agricultrices et agriculteurs et les consommatrices et consommateurs, notamment l’accès au financement, l’assurance, les mesures permettant de gagner du temps (dans le cas des haricots précuits), l’utilisation novatrice des déchets et la création de valeur ajoutée pour augmenter les revenus, pour n’en citer que quelques-uns.

Néanmoins, il existe des aspects clés pour les futures initiatives de recherche qui doivent s’appuyer sur ces fondations pour atteindre une échelle et des répercussions encore plus importantes.

d’aller plus loin que la démonstration de l’utilité de ces innovations et de veiller à ce qu’elles soient adoptées et utilisées par les parties prenantes du système alimentaire qui en ont le plus besoin. Toutefois, le temps est également un facteur critique, et la mise à l’échelle des répercussions ne peut être obtenue que si l’on dispose de suffisamment de temps pour construire les bases de la réussite en mettant en place les étapes appropriées.

 Les femmes, les jeunes et les hommes ne sont pas des groupes homogènes. Pour concevoir des innovations, il est essentiel de déterminer qui sont ces personnes, où elles se trouvent et quelles sont les compétences dont elles ont besoin pour libérer leur potentiel. Les interventions doivent être

64 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
© Georgina Smith

ciblées de manière à lever les obstacles auxquels chacun de ces groupes est confronté, afin que même les populations les plus exclues puissent en bénéficier.

 Les données sont essentielles. Il n’y a pas de raccourci pour faire de la grande science, mais, de la même manière, il ne devrait pas y avoir de raccourci pour fournir des données et des idées de qualité afin d’éclairer la recherche et de fournir les données probantes requises par les décisionnaires politiques. Il faut redoubler d’efforts pour produire les données ventilées par genre nécessaires. Toutefois, une bonne collecte de données nécessite une planification et des ressources adéquates qui doivent être bien pensées et intégrées dans les projets dès le stade de la proposition.

 Les projets doivent avoir un caractère commercial et se concentrer sur l’ensemble de la chaîne de valeur. La productivité va au-delà de l’agriculture pour adopter une approche des systèmes alimentaires, mais il est essentiel de se concentrer sur la manière d’acheminer les produits vers le marché, ce qui doit être planifié dès la conception du projet.

 Il est essentiel de mettre l’accent sur les finances et les modèles d’entreprise. Le financement n’est pas seulement une question d’accès aux ressources financières; c’est la combinaison de l’accès au financement, des compétences commerciales et de la réduction des risques pour les agricultrices et agriculteurs, et il est essentiel d’adopter des approches plus novatrices et de se concentrer sur ce domaine essentiel.

 Il est essentiel d’avoir les bons partenaires. Les différentes parties prenantes apportent une expertise et des compétences différentes, mais la mise à l’échelle et la durabilité ne peuvent être atteintes sans le secteur privé.

 Le partage des connaissances et une communication efficace sont essentiels. Les données doivent être communiquées aux décisionnaires politiques d’une manière

qu’ils puissent comprendre clairement, en gardant à l’esprit que l’accent ne doit pas être mis uniquement sur la communication des résultats, mais aussi sur ce que les résultats peuvent faire et comment ils feront la différence. Pour être davantage efficaces, les décisionnaires politiques doivent participer au processus de développement de la recherche afin d’être impliqués à chaque étape et d’être en mesure d’explorer les moyens d’appliquer les résultats de la recherche.

65 7. Conclusions
© Kulu Erick Photography

Projets du programme CultivAF2

66 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables
© CIAT/Georgina Smith

Projet Organisations

Pêches au Malawi : Financement inclusif pour le développement à plus grande échelle des technologies avancées de transformation du poisson au Malawi

 Université du Malawi

 Département de la pêche du Malawi, Unité de recherche sur la pêche, ministère des Ressources naturelles et des Changements climatiques

 WorldFish (CGIAR)

 FDH Bank Limited

 People’s Trading Centre (PTC) Limited

Personne-ressource

Levison Chiwaula, Ph. D., Université du Malawi lschiwaula@unima.ac.mw

Haricots précuits : Passage à grande échelle de l’approvisionnement des haricots précuits pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en tirant parti des partenariats publics-privés au Kenya et en Ouganda

 Organisation de recherche agricole nationale de l’Ouganda (NARO)

 Organisation de recherche agricole et animalière du Kenya (KALRO)

 Centre international d’agriculture tropicale (CIAT)

 Community Enterprises Development Organization (CEDO)

 Lasting Solutions Limited (LSL)

 Smart Logistics Solution (SLS)

 CARITAS Homa Bay

Michael Ugen, Ph. D., NARO michaelugen@gmail.com; michael.ugen@naro.go.ug

Jeunes agripreneurs : L’efficacité du Metro AgriFood Living Lab dans le cadre du développement de l’entrepreneuriat commun aux deux genres chez les jeunes du Kenya

 United States International University (USIU) – Africa

 Busara Centre for Behavioral Economics

 Signifide Group Limited

Francis Wambalaba, USIU fwambalaba@usiu.ac.ke

67 Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables
durables
et

Projet Organisations

INSFEED : Fabrication d’aliments à base d’insectes pour la production avicole et piscicole, et pour l’élevage du porc en Afrique subsaharienne

 Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE)

 United States International University (USIU) – Africa

 Organisation de recherche agricole et animalière du Kenya (KALRO)

 Kenya Marine and Fisheries Research Institute (KMFRI)

 Value Addition and Cottage Industry Development in Africa (VACID-Africa)

 Treasure Industries Ltd.

 Kenya Bureau of Standards (KEBS)

 Université Makerere

Personne-ressource

Chrysantus Tanga, ICIPE ctanga@icipe.org

Lutte intégrée contre les téphrites : Téphrites envahissantes étrangères en Afrique

australe : Mise en œuvre d’un programme de lutte intégrée durable pour combattre leurs menaces

 Centre international de physiologie et d’écologie des insectes

 Ministère des Terres, de l’Agriculture, de l’Eau, du Climat et de la Réinstallation rurale, Zimbabwe

 Institut de recherche agricole de Zambie, ministère de l’Agriculture et des Coopératives

 Département des services de recherche agricole, Malawi

 Universidade Eduardo Mondlane, Mozambique

Samira Mohamed, Ph. D., ICIPE sfaris@icipe.org

Sorgho en Éthiopie : Interventions adaptées aux changements climatiques pour les petits exploitants agricoles en Éthiopie

 Institut éthiopien de recherche agricole (EIAR)

 Université du Queensland

Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et durables

Taye Tadesse, Ph. D., EIAR

tayabo@gmail.com

68

Projet Organisations

NutriFish : Exploitation des nutriments alimentaires du poisson sous-exploités et des produits à base de poisson en Ouganda

 Université Makerere

 National Fisheries Resources Research Institute (NaFIRRI), National Agricultural Research Organization

 Nutreal Limited

 Université McGill

Personne-ressource

jackson.efitre@mak.ac.ug; jefitre@gmail.com

Assurance basée sur l’image : Améliorer la résilience et la productivité agricoles grâce à l’imagerie des satellites et des téléphones cellulaires, afin de mettre à l’échelle l’assurance-récolte adaptée aux changements climatiques

 Agriculture and Climate Risk Enterprise (ACRE Africa) Limited

 Organisation de recherche agricole et animalière du Kenya (KALRO)

 Wageningen University & Research (WUR)

 Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI)

lwaithaka@acreafrica.com

Irrigation au Mozambique : Approches axées sur l’utilisateur visant à rendre plus productifs les systèmes d’irrigation des petits exploitants financés par le gouvernement ou dirigés par les agriculteurs du Mozambique

 Universidade Eduardo Mondlane (UEM)

 Instituto Nacional de Irrigação

 Instituto Superior Politécnico de Manica

 Instituto Superior Politécnico de Gaza

 Penevy Services Pty Ltd

 Stratégie, évaluation et engagement pour le développement (See4d)

 Resilience BV

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durables
Favoriser des systèmes alimentaires résilients, équitables et

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