Rue des Beaux Arts numéro 42

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RUE DES BEAUX ARTS Numéro 42 : JANVIER/FÉVRIER/MARS 2013

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Bulletin trimestriel de la société Oscar Wilde

RÉDACTRICE : Danielle Guérin

Groupe fondateur : Lou Ferreira, Danielle Guérin, D.C. Rose, Emmanuel Vernadakis


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§1. EDITORIAL Trois Femmes Déchues

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! « J’aime les hommes qui ont un avenir et les femmes qui ont un passé », écrit Oscar Wilde. Et en effet, dans ses pièces les plus connues, trois de ses plus importants personnages sont des femmes qui ont un passé : Mrs Arbuthnot, héroïne d’Une femme sans importance, Mrs Erlynne, personnage-clé de L’éventail de Lady Windermere, et Mrs Cheveley, la dangereuse aventurière d’Un Mari Idéal. ! Si le personnage de la pure jeune-fille correspond sans doute parfaitement au prude idéal victorien, il y a peu d’ingénues dans le théâtre de salon wildien, qui ne les prise guère. Même les très jeunes filles, comme Mabel Chiltern, Gwendolen Fairfax, Cecily Cardew ou Hester Worsley, n’en sont pas, en ce sens qu’elles possèdent une personnalité marquée, qu’elles professent des opinions bien tranchées, qu’elles sont délurées, audacieuses et indépendantes d’esprit. Aucune d’entre elles ne peut passer pour une oie blanche. Peut-être même, si on les retrouvait quinze ou vingt ans plus tard, se pourrait-il que l’une ou l’autre d’entre elles fût devenue, par un tour funeste du destin, une de ces femmes déchues dont Wilde s’est abondamment servi parce qu’il


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les jugeait plus intéressantes que les âmes vertueuses. Dans son livre, “The comedy of Manners from Sheridan to Maugham”, Newell Sawyer écrit que la force de Wilde est dans le vice et non dans la vertu, et qu’il n’est jamais meilleur que dans la description de ces femmes au lourd passé. ! Le mythe de la femme qui a failli n’est pas particulièrement original dans la littérature du XIXe siècle. C’est un ressort romanesque et dramatique efficace et bien connu. Wilde le traite après bien d’autres (Milady de Winter par exemple, en est une des plus célèbres devancières), mais dans la littérature victorienne, Wilde fait presque figure de novateur sur le sujet. Pinero avait été un des seuls à s’y attaquer avant lui en portant sur scène « une femme avec un passé » dans sa pièce « The Second Mrs Tanqueray ». Les trois pécheresses de Wilde ne sont cependant pas traitées de la même façon par leur auteur. Deux d’entre elles sont des femmes sans scrupules tandis que la troisième est regardée comme une victime. Il y a en quelque sorte une graduation dans la faute, et dans la faculté de rachat. ! Dans « Une femme sans importance », Mrs Arbuthnot a failli, certes. Elle est une fille-mère, ce qui, dans une société bien-pensante, suffisait à la mettre au ban de la société. Mais elle est aussi la victime d’un homme indélicat, qui l’a séduite puis abandonnée avec son fils. D’ailleurs, elle n’a pas été rejetée par son cercle social qui ignore son passé. Elle y passe pour une veuve vertueuse, toute dévouée à son fils, auquel elle a sacrifié sa vie. Délaissée par un riche scélérat, Mrs Arbuthnot s’est effacée derrière son rôle de mère, adoptant l’existence d’une femme irréprochable. Comme pour les deux autres, sa vie est construite sur un mensonge, mais la force de son amour maternel et la rectitude de sa vie présente pourront triompher du passé au moment où il s’avisera de ressurgir. Mrs Arbuthnot a beau posséder un secret honteux, elle n’est pas une aventurière, comme le sont Mrs Erlynne et Laura Cheveley. ! Ces deux-là sont des femmes fortes, intelligentes et diablement séduisantes. Quel âge ont-elles ? Sans doute Mrs Erlynne, qui a une fille de vingt-et-un ans, est-elle dans la quarantaine (mais elle avoue trente ans tout au plus : Vingt-neuf quand il y a des abat-jour roses, trente quand il n’y en a pas), Mrs Cheveley est plus jeune, dans la trentaine. Mais elles sont l’une et l’autre dans la splendeur de leur


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beauté, ce qui les rend d’autant plus redoutables. Aucune d’elle n’hésite à user de ses charmes. Elles savent se tenir en société, étant issues du meilleur monde. Mrs Cheveley (bien née, mais pauvre) ne fut-elle pas, jadis, fiancée à Lord Goring ? Quant à Mrs Erlynne, elle aurait pu mener la vie luxueuse et respectée d’une grande dame si elle n’avait quitté mari et enfant pour s’enfuir avec un amant. Laura Cheveley, cependant, a toujours été une bad girl. Lady Chiltern nous l’apprend, qui a été à l’école avec elle, où sa conduite était déjà scandaleuse. Elle mène une vie de demi-mondaine cosmopolite, entretenue par de riches amants, l’un d’entre eux étant le baron Arnheim, un financier véreux, qui, jadis, a entraîné le jeune Robert Chiltern sur une mauvaise pente en lui faisant commettre une indélicatesse. Mrs Cheveley est une femme indépendante et sans scrupules, une froide amazone prête à tout pour arriver à ses fins. Le vol (elle a dérobé autrefois un précieux bracelet de diamant qui lui vaudra d’être démasquée), le chantage, la spéculation, font partie de ses armes favorites. Elle n’hésite pas à briser un ménage, à détruire une réputation, à compromettre une carrière, si cela doit la servir. Laura Cheveley est une guerrière impitoyable, en lutte pour assurer sa survie. Le destin, qui l’a fait naître dans une excellente famille dépourvue de fortune, lui a distribué de mauvaises cartes et elle se bat pour prendre sa revanche avec tous les atouts dont elle dispose, y compris les plus malhonnêtes. ! Mrs Erlynne, elle aussi, a appris à faire taire tout scrupule. L’amant pour lequel elle a tout quitté – mari, enfant, situation sociale et réputation – n’a pas tardé à l’abandonner à son sort, la condamnant à une vie de déclassée, d’outlaw. Du jour au lendemain, toutes les portes se sont fermées devant elle, elle n’était plus rien qu’une femme perdue, en délicatesse avec la morale : On croit vivre en sécurité…à l’abri de la tentation, du péché, de la folie, et puis tout à coup… Oh ! La vie est terrible. Nous ne la gouvernons pas, c’est elle qui nous gouverne. Il ne lui restait plus qu’à se glisser par ruse, par effraction ou par tromperie dans cette bonne société qui l’avait rejetée et pour laquelle elle n’était plus qu’un mouton noir, une brebis galeuse. Jouer de sa séduction auprès des hommes riches, et se livrer au chantage, elle aussi, pour réussir à se faire inviter au bal destiné à célébrer l’anniversaire de cette fille richement mariée qui ignore qui elle est et qui a juré de la souffleter de son éventail si elle osait franchir sa porte.


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! Les sentiments n’étouffent pas Mrs Erlynne, pas plus que Laura Cheveley. Peut-être celle-ci a-t-elle aimé Lord Goring, mais leurs fiançailles résultaient surtout pour elle d’un calcul économique, puisque, ainsi qu’elle le lui explique avec son cynisme habituel : « à cette époque, j’étais pauvre, et vous étiez riche », « J’avais vingt-deux ans et la double malchance d’être bien née et pauvre, deux choses impardonnables de nos jours ». Que reste-t-il à faire quand on est une jeune femme intelligente et ambitieuse, une jeune louve privée de moyens pour satisfaire ses appétits, sinon de déclarer la guerre à une société qui vous écarte et vous méprise ? ! Contrairement à Laura Cheveley, Mrs Erlynne a aimé. Elle a même aimé assez follement pour compromettre tout ce qu’elle possédait. Mais la trahison de l’amant et l’exclusion sociale qui en a découlé, l’ont rendue impitoyable. Sa vie en marge ne s’appuie pas sur des bases morales – un luxe qu’elle ne peut pas se permettre - mais sur des tactiques de survie, aussi contestables soient-elles. Contrainte à des expédients, elle a laissé s’assécher ses sentiments, y compris ceux qu’elle devrait porter à une fille unique dont elle s’est totalement désintéressée. Si elle cherche à la revoir, ce n’est pas guidée par le brusque réveil d’un instinct maternel peu développé, mais par désir de rétablir sa situation mondaine. Du moins, le croit-elle, jusqu’au moment où elle découvre que la jeune Margaret, désespérée par ce qu’elle suppose être la trahison de son mari (qui entretiendrait une liaison supposée avec celle qu’elle prend pour sa rivale) envisage de s’enfuir avec Lord Darlington, un de ses soupirants, reproduisant ainsi la faute qu’elle a elle-même commise vingt ans plus tôt. ! Wilde ménage donc une possibilité de rédemption à l’héroïne déchue de L’éventail en lui permettant de se sacrifier pour sauver la réputation de sa fille. Mais s’il rachète sa pècheresse en lui accordant un geste noble et désintéressé, Wilde ne la transforme pas pour autant en bonne âme vertueuse, rédimée par l’amour maternel puisque, par une pirouette de dernière minute, Mrs Erlynne retrouvera tout son art du mensonge pour mettre le grappin sur Lord Augustus et se faire épouser. Happy end pour cette fine mouche, qui cueille ainsi la récompense de son beau geste. Laura Cheveley ne mérite rien de tel. Elle est la vraie méchante des trois, « l’abominable Mrs Cheveley », comme l’appelait H.G Wells. C’est un personnage beaucoup plus noir que Mrs Erlynne, qui possède une certaine rouerie presque sympathique, et qui réussit à


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nous ranger souvent de son côté dans la bataille qu’elle livre à la bienséance et à l’hypocrisie. En dépit de son indéniable séduction, Mrs Cheveley, quant à elle, se révèle presque exclusivement maléfique. Elle n’éprouve ni remords ni regrets, sinon celui d’avoir été démasquée et mise en échec. Elle disparait sans laisser de traces à la fin de la pièce, impunie (aucune justice immanente n’abat son bras sur elle comme il s’abat par exemple sur Madame de Merteuil pour la punir de ses crimes). Sans doute continue-t-elle sa carrière d’aventurière errante et crâne, toujours flamboyante et fascinante. Toujours dangereusement irrésistible. Une belle dame sans merci, qui manie le mensonge et la trahison comme un stylet. ! Car Wilde ne s’érige pas en juge envers ces femmes condamnées. Il ne pose pas sur elles un regard moralisateur. Peut-être même les préfère-t-il aux femmes irréprochables comme Gertrude Chiltern, parce qu’elles ont vécu, qu’elles se sont colletées à l’adversité, qu’elles ont souffert de la cruauté du monde. Et parce qu’en Angleterre, on est injuste avec les femmes. Et jusqu’à ce qu’on considère comme une infamie pour un homme ce qui est une honte pour une femme, vous serez toujours injuste… » (Hester Worsley – « Une femme sans importance »). Deux d’entre les trois femmes sont tombées par la faute d’un homme qu’elles aimaient et qui les a trahies. Mais la réprobation de la société ne s’exerce pas à l’encontre de ces hommes qui poursuivent leur carrière brillante sans coup férir. Tandis qu’elle s’abat impitoyablement sur leurs victimes. ! D’une manière générale, Wilde a toujours préféré les coupables aux innocents parce qu’ils excitent davantage son imagination, et il ne se privera pas d’exploiter cette veine dans son œuvre. Mais les hommes dangereux qu’on peut y rencontrer ne le sont pas pour les mêmes raisons que les femmes. S’il s’agit bien encore d’argent et de pouvoir, aucun de ces prédateurs n’a subi de la part de la société un revers si terrible qu’il a bouleversé sa vie. Ni Lord Henry Wotton, ni Dorian Gray, ni Thomas Griffiths Wainewright n’ont été acculés par la vie, comme l’ont été les héroïnes de Wilde. Il n’est donc pas étonnant qu’il porte sur ces femmes coupables un regard indulgent, lui qui se sait lui-même pécheur et qui devra subir cruellement l’ostracisme pour avoir trahi le statut viril dévolu aux hommes. Car, ainsi qu’il est dit dans « Un mari idéal » : Ce ne sont pas les êtres parfaits mais les êtres imparfaits qui


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ont besoin d’amour… C’est quand nous sommes blessés de nos propres mains […] que l’amour devrait venir nous guérir.

Danielle Guérin


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§ 2. PUBLICATIONS

(Attribué à) Oscar Wilde – Teleny Editions de L’Herne, Paris – janvier 2013 Collection c ISBN 978-2-85197-931-5

Oscar Wilde – L’importance d’être sérieux Adaptation nouvelle de Jean-Marie Besset L’avant-scène théâtre, Paris – février 2013 Numéro de parution : 1337 ISBN 978-2-7498-1241-0

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Oscar Wilde - L’âme de l’homme sous le socialisme Traduit de l’anglais par Isabelle Drouin Mille et une nuits, Paris – janvier 2013 La petite collection ISBN 978-2-7555-0703-4

Bernard Brisé – Le syndrome de Dorian Gray photographies Bernard Brisé Texte Arnaud Poujol Le Bord de l'eau, Latresne (Gironde), janvier 2013 Un livre, des images Un ensemble de variations photographiques autour d'un portrait pour témoigner du temps qui passe, s'inspirant du Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde


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Voltaire – Le monde comme il va Oscar Wilde – Le Prince Heureux Nathan, Paris – janvier 2013 Carrés classiques ISBN 978-2-09-188510-0

Philippe Arnaud – Suites anglaises Arléa, Paris – octobre 2012 ISBN 978-2-86959-992-5 À travers plusieurs auteurs (Sterne, Wilde, Shaw, Orwell, Sterne et bien d’autres), Philippe Arnaud entreprend de nous démontrer la richesse de la littérature anglaise. « Wilde aurait dit à Gide « avoir mis tout son génie dans sa vie et son talent seulement dans son œuvre… Gide, naturellement, s’est empressé de le croire »… (Extrait du chapitre : « Wilde, le fils de Yorick »)

Le cercle de Marcel Proust Sous la direction de Jean-Yves Tadié Honoré Champion, Paris – Janvier 2013 ! Recherches Proustiennes n°24 ISBN 978-2-7453-2422-1 Evocation des proches, amis et soutiens de M. Proust qui l'ont entouré tout au long de sa vie et qui ont contribué à la diffusion et à la connaissance de son œuvre.

Luc Fraisse – L’éclectisme philosophique de Marcel Proust Presses de l’Université Paris-Sorbonne, Paris – Février 2013 Lettres Françaises ISBN 978-2-84050-835-9


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Pierre Louÿs – Aphrodite, mœurs antiques Préface de Natacha Chetcuti Payot, Paris – janvier 2013 Petite Bibliothèque Payot n°902 ISBN 978-2-228-90847-4

Michel Onfray – Vies et mort d’un dandy : construction d’un mythe Galilée, Paris – Septembre 2012 Collection : Débats ISBN 978-2-7186-0871-6 Evocation de la figure même du dandysme, l’Anglais George Brummell (1778-1840), qui fut pendant une vingtaine d’années une étoile brillante de la société mondaine, avant de finir sa vie en France de façon pitoyable.

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Roger Bauer – La belle décadence : histoire d’un paradoxe littéraire Honoré Champion, Paris – octobre 2012 Bibliothèque de littérature générale et comparée ISBN 978-2-7453-1170-2

Octave Mirbeau – La Mort de Balzac Herne, Paris – octobre 2012 Les cahiers de l’Herne ISBN 978-2-85197-251-4 Ce texte, qui montre la femme de Balzac se !


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prêter aux plaisirs de la chair avec le peintre Jean Gigoux alors que son mari agonisait, a été censuré en 1907 à la suite d'une violente polémique.

Pascale Védère d’Auria – Il était une fois Sarah Bernhardt Encre Bleue Editeur, Villegly (Aude) – Janvier 2013 Collection Large Vision ISBN 978-2-84379-577-0

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Et ailleurs…

Linda Stratmann - The Marquess of Queensberry: Wilde's Nemesis Yale University Press, mars 2013 ISBN 978-0300173802

Annette M. Magid - Wilde's Wiles: Studies of the Influences on Oscar Wilde and His Enduring Influences in the Twenty-first Century Cambridge Scholars Publishing, février 2013 ISBN 978-1443843287

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J. Robert Maguire – Ceremonies of Bravery Oscar Wilde, Carlos Blacker and the Dreyfus Affair OUP Oxford, janvier 2013 ISBN 978-0199660827

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§3. OSCAR WILDE ET LA BANDE DESSINEE

OSCAR WILDE : LA RESURRECTION Par Dan Pearce

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À suivre...


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§ 4. EXPOSITIONS – ÉVÉNEMENTS

Autour du Chat Noir Arts et plaisirs à Montmartre 1880-1910

! ! Le Chat Noir, fondé en 1881 par Rodolphe Salis à Montmartre est le premier cabaret littéraire, artistique et musical d’avant-garde à Paris. ! Le premier Chat Noir ouvrit ses portes en novembre 1881, au 84, boulevard Rochechouart, en lieu et place d’un ancien bureau de poste. Le cabaret était assez petit. Il se composait de deux pièces étroites en enfilade, qui pouvaient à peine contenir une trentaine de personnes. ! Sous la direction de Salis, et grâce au talent des écrivains et des artistes, Le Chat Noir et son journal furent bientôt une incroyable réussite, tant populaire que financière. En juin 1885, Salis fut en mesure de transférer son cabaret dans un beau bâtiment de trois étages élégamment meublé de la rue Victor-Massé (anciennement rue Laval), situé à quelques pas de l’ancien Chat Noir, qui fut, quant à lui, repris par le chansonnier Aristide Bruant et


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rebaptisé Le Mirliton. À l’entrée de ce second Chat noir se trouvait une pancarte jaune et noire qui exhortait le passant à être « moderne ! » ! L’exposition évoquera l’atmosphère littéraire, artistique et musicale du Chat Noir au travers de plus de 300 œuvres d’Henri de Toulouse-Lautrec, Edouard Vuillard, Théophile-Alexandre Steinlen, Adolphe Willette, des Nabis et des Symbolistes, une reconstitution du théâtre d’ombres et des accompagnements musicaux (Bruant, Yvette Guilbert).

Au premier Chat Noir, avant 1885 - Collection musée de Montmartre

13 septembre 2012 – 13 janvier 2013 Tous les jours de 10H à 18H


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Pre-Raphaelites: Victorian Art and Design, 1848-1900. Après Londres : Washington et Moscou Faisant suite à l’exposition organisée par la Tate Britain à Londres, la National Gallery of Art de Washington reçoit les préraphaélites et rassemble 130 peintures, sculptures, et œuvres sur papier ainsi que des objets d’art décoratif. L’exposition sera ensuite reprise à Moscou.

17 février 2013 – 29 Mai 2013 National Gallery of Art, Washington

Mais aussi ... Juin à septembre 2013 The State Pushkin Museum of Fine Arts – Moscou

Une exposition annexe est consacrée aux livres illustrés par le Préraphaélites : Pre-Raphaelites and the Book, qui inclut des œuvres de Dante Gabriel Rossetti et de William Morris.


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§5. OPERA ET CONCERTS ! En ce premier trimestre 2013, sont à l’affiche en France trois opéras inspirés d’oeuvres d’Oscar Wilde : À Paris, à l’Opéra Garnier, en janvier et février, Le Nain de Zemlinky, inspiré de The Birthday of the Infanta À Nancy, à l’Opéra de Lorraine, en mars, L’Importance d’être Constant, de Gérald Barry À Bordeaux, au Grand Théâtre, en mars, la Salomé de Richard Strauss, avec un livret d’Oscar Wilde L’Importance d’être Constant, de Gérald Barry, qui se monte à Nancy, a déjà été donné à Birmingham et à Londres en avril 2012, en version de concert. Nancy nous offre là une première mondiale en version scènique. Gerald Barry est un compositeur Irlandais, élève de Karlheinz Stockhausen et Mauricio Kagel.

Liens: http://www.operatoday.com/content/2012/03/gerald_barry_th.php http://www.telegraph.co.uk/culture/music/opera/9217457/Gerald-Barrytalks-about-his-new-opera-The-Importance-of-Being-Earnest.html


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LE NAIN DER ZWERG Conte tragique en musique en un acte Musique d’Alexander Von Zemlinsky Livret de Georg C. Klaren d’après The Birthday of the Infanta d’Oscar Wilde

! Le Nain à l’Opéra de Lyon en mai 2012

Mise en scène, décors et costumes : Richard Jones et Antony Mcdonald Direction Musicale ; Paul Daniel Chorégraphie : Amir Hosseinpour Lumières : Matthiew Richardson Chef de Chœur : Patrick Marie Aubert Orchestre et chœur de l'Opéra national de Paris Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’Enfants de l’Opéra national de Paris Distribution :


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- Nicola Beller Carbone : Donna Clara - Béatrice Uria-Monzon : Ghita - Vincent Le Texier : Don Estoban - Charles Workman : Der Zwerg - Melody Louledjian : Erste Zofe - Diana Axentii : Zweite Zofe (Le Nain sera suivi de L’enfant et les Sortilèges de Maurice Ravel) Le Nain a été créé le 28 mai 1922, au Neues Theater de Cologne. Il a été représenté pour la première fois au Palais Garnier en novembre 1998, dans la mise en scène, les décors et les costumes de Richard Jones et Antony McDonald, avec David Kuebler (der Zwerg) et Christine Schäfer (die Infantin), sous la direction de James Conlon. C'est cette production qui est reprise aujourd'hui. 23 – 26 – 29 janvier – 4, 6, 9, 11 et 13 février 2013 à 19H30 Opéra National de Paris – Palais Garnier

L’IMPORTANCE D’ÊTRE CONSTANT De Gerald Barry

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Opéra comique en trois actes Livret de Gerald Barry d'après la pièce éponyme d’Oscar Wilde Créé en version de concert au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles le 7 avril 2011 Première mondiale en version scénique Ouvrage chanté en anglais, surtitré Direction musicale : Tito Muñoz Mise en scène : Sam Brown Décors et costumes : Anne-Marie Woods Lumières : D.M Wood Avec : - John Worthing : Chad Shelton - Algernon Moncrieff : Phillip Addis - Cecily Cardew : Ida Falk Winland - Hon. Gwendolen Fairfax : Wendy Dawn Thompson - Miss Prism : Diane Montague - Lady Bracknell : Alan Ewing - Lane : Jose Luis Barreto Conférence Emmanuel Reibel 16 mars 2013 à 18h30 (entrée libre, grande salle) Di 17 mars 2013 à 15H –Ma 19, Me 20, Je 21 et Ve 22 mars 2013 à 20h Opéra National de Lorraine - Nancy


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SALOMÉ De Richard Strauss

! Direction musicale, Kwamé Ryan Mise en scène et scénographie, Dominique Pitoiset Costumes, Axel Aust Lumières, Christophe Pitoiset Distribution : - Hérode, Roman Sadnik - Hérodiade, Hedwig Fassbender - Salomé, Mireille Delunsch - Jochanaan, Nmon Ford - Narraboth, Jean-Noël Briend - Le Page, Aude Extrémo - Premier Juif, Eric Huchet - Deuxième Juif, Xavier Mauconduit - Troisième Juif, Vincent Delhoume - Quatrième Juif, Vincent Ordonneau - Cinquième Juif, Antoine Garcin - Premier Nazaréen, Alex Puhrer


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- Premier soldat, Thomas Dear Orchestre National Bordeaux Aquitaine Jeudi 21, Mercredi 27, vendredi 29 mars 2013 à 20H – Dimanche 24 mars à 15H Grand Théâtre de Bordeaux – Auditorium – Salle Dutilleux

Faisant suite à l’exposition organisée par la Tate Britain à Londres, la National Gallery of Art de Washington reçoit les préraphaélites et rassemble 130 peintures, sculptures, et œuvres sur papier ainsi que des objets d’art décoratif. L’exposition sera ensuite reprise à Moscou.


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§6. THÉÂTRE L’IMPORTANCE D’ÊTRE SÉRIEUX Nouvelle adaptation de Jean-Marie Besset

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Mise en scène : Gilbert Désveaux collaboration artistique Régis de Martrin-Donos scénographie Gérard Espinosa costumes Alain Blanchot lumières Martine André Avec : Claude Aufort, Mathieu Bisson, Mathilde Bisson, Arnaud Denis, Marilyne Fontaine, Margaret Zenou … Certains auteurs écrivent contre la tradition, pour faire exploser les codes littéraires. Oscar Wilde met ses pas dans ceux de ses prédécesseurs. Des Anglais : Shakespeare (Comme il vous plaira), Sheridan (L'École de la médisance), Boucicault (Le Bel air de Londres)... Mais aussi, des Français : Molière, Hugo, Dumas fils,... Il leur prend certaines situations, certains personnages. D'où cette impression de déjà vu. Mais cette tradition théâtrale, qu'il connait et respecte, Oscar Wilde la redynamise grâce à son arme comique absolue : l'épigramme. C'est sa marque de fabrique. Le langage


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devient instrument dramatique et discours critique. Instrument dramatique puisque l'épigramme est la transposition, dans une phrase, du retournement de situation (la chute contredit toujours l'idée de départ). Mais aussi, discours critique puisque ce langage témoigne d'une société engloutie, à l’instar de celle du Titanic, par les guerres et les révolutions du XXe siècle. Gilbert Désveaux Du mardi 15 au samedi 26 Janvier 2012 (19H ou 20H30) Théâtre des Treize vents - Montpellier Du mercredi 30 janvier 2013 au mardi 5 février 2013 à 20H (le dimanche à 20H00) Théâtre de l’Ouest Parisien – Boulogne-Billancourt

L’IMPORTANCE D’ÊTRE CONSTANT

Les Framboisiers

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Mise en scène de Imago et Albertine Visentin. Avec : Heloïse Visentin (Algernon Moncrieff), Jean-Baptiste Sieuw (Constant Worthing), Fiona Legall (Gwendolen Fairfax), Daniel Garcia (Dr. Chasuble) Du 9 janvier au 20 février 2013, le mercredi à 20H Laurette Théâtre - Paris


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LA BALLADE DE LA GEOLE DE READING

! Mise en scène : Grégoire Couette-Jourdain Avec : Jean- Paul Audrain, Monica Molinari Du Mercredi 30 janvier 2013 au dimanche 14 avril 2013 à 20H Théâtre du Lucernaire - Paris

SALOME Compagnie des Dramatiques Mise en scène : Jérémie Le Louât


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19 mars 2013 à 20H Espace Jean Vilar à Arcueil

LE PRINCE HEUREUX Compagnie La Baldufa. 10 février 2013 à 16H30 Théâtre de l’Archipel - Perpignan

ET AILLEURS …

LE PRINCE HEUREUX Racagnac Productions Marionnettes et jeu : Philippe Evens Musiques et jeu : Delphine Havais Scénographie : Isabelle Kennes Regards mise en scène et mouvement : Ariane Bubhinder et Gilles Delvaux Direction de projet : Matteo Segers Conte de marionnettes, Le Prince Heureux est une adaptation sans paroles de la nouvelle d'Oscar Wilde portant le même nom. Composée comme une symphonie des mains, cette fable nous entraîne dans un monde visuel et sonore où chaque tableau est prétexte à la rencontre. Les objets s'entrechoquent, les personnages s'articulent aux sons de mélodies curieuses. 15 janvier 2012 à 11H Centre Culturel de Schaerbeek - Belgique


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THE JUDAS KISS De David Hare Mise en scène : Neil Armfield Avec : Rupert Everett (Oscar Wilde) – Freddie Fox (Bosie) - Cal Macaninch (Robbie Ross) - Alister Cameron (Moffat), Tom Colley (Galileo), Ben Hardy(Arthur), Kirsty Oswald (Phoebe) Du 9 janvier au 6 avril 2013 Duke of York's Theatre, London

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Rupert Everett est magistral et bouleversant, Freddie Fox possède la grâce lumineuse d’un irrésistible enfant gâté, Cal Macaninch personnifie à merveille la loyauté un peu raide d’un homme partagé entre l’amour et l’amitié. Le beau texte de David Hare est magnifiquement servi par la mise en scène intelligente et sensible de Neil Armfield, et par une troupe splendide où chacun met le meilleur de lui-même. Peut-être le spectacle londonien de l’année.


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! Rupert Everett (Oscar Wilde) et Freddie Fox (Bosie)

AN IDEAL HUSBAND

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15 janvier au 3 mars 2013 Walnut Street Theatre - Philadelphie


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§7. ARTICLES ET CONFÉRENCES LE DANDYSME CHEZ OSCAR WILDE ET JULES BARBEY D’AUREVILLY, L'HOMME EXCEPTIONNEL FACE À LA SOCIÉTÉ.

! En 1902, Charles Carrington, un éditeur de pornographie, publiait une traduction en anglais du roman sulfureux de Barbey d'Aurevilly : Ce qui ne meurt pas. Le traducteur, revendiquait-il, n'était nul autre qu'Oscar Wilde. Pendant de nombreuses années, le nom de Wilde, ou plutôt son pseudonyme 'Sebastian Melmoth', pouvait être lu sur les couvertures anglaises et américaines du roman de Barbey. Quelques années plus tard, pourtant, Carrington fit volte-face et nia à demi-mot cette information, jetant un voile de mystère sur la réelle identité du traducteur anglais de Ce qui ne meurt pas. Pendant plus d'un siècle, divers critiques ont tenté de lever le doute, sans jamais vraiment y parvenir. Les motivations de Carrington sont faciles à déterminer : comme le fait remarquer Rod Boroughs, inscrire le nom d'un célèbre auteur de langue anglaise à côté de celui d'un auteur français méconnu en Angleterre constituait une idée brillante pour donner un coup de fouet aux ventes du roman. Par ailleurs, l'aura de scandale qui entourait le nom de Wilde convenait parfaitement à l'aspect érotico-transgressif du roman de Barbey. Cette affaire révèle à quel point le public a été enclin à imaginer


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une connexion réelle et une relation d'influence entre des figures littéraires aussi charismatiques que Wilde et Barbey. Évidemment, le dandysme est le premier sujet qui vient à l'esprit lorsque l'on étudie de tels auteurs. Une approche contextuelle et une analyse précise des œuvres de ces écrivainsdandys donnent les armes nécessaires pour comprendre comment la théâtralité, l'éthique, la transgression et la politique déterminent l'expression du mépris des dandies anglais et français pour leur société. Si le dandysme de Barbey d'Aurevilly est essentiellement lié à un rejet de la société, celui de Wilde, plus complexe, lui donne l'opportunité de négocier avec elle : alors que l’œuvre de l'auteur français illustre sa pré-décadente solitude métaphysique, les travaux de Wilde révèlent son désir narcissique de modifier le monde pour le rendre digne de sa philosophie. L'évolution du dandy de l'époque de Brummell jusqu'à la Décadence ! Il n'est pas inutile de rappeler brièvement ce qu'est le dandysme au dixneuvième siècle pour mieux comprendre comment Wilde et Barbey s'en accommodent. Pour une analyse approfondie du dandysme en général, il est bon de se référer aux travaux des théoriciens modernes de ce phénomène : Carassus, Moers ou encore Lemaire. Il s'agit d'un mouvement complexe, pourtant caractérisé par sa superficialité. Le dandy a besoin d'un masque pour dissimuler son identité mais aussi, paradoxalement, pour l'exhiber. Ses vêtements, son style, son impassibilité, son détachement, ses manières, constituent autant de masques derrière lesquels il se cache, mais au travers desquels il dévoile une personnalité qu'il a créée et calculée : ses masques ne font qu'un avec son vrai visage. L'existence du dandy, quant à elle, se caractérise par son oisiveté, sa passivité et son absence de passions. Le dandy glorifie son inutilité sociale, il ne travaille pas et ne se consacre qu'au perfectionnement de sa personne. L'amour est banni par le dandy : sur le plan individuel, il est associé à la dépendance sentimentale qui priverait le dandy de sa liberté et de sa nonchalance ; sur le plan social, il représente – via le mariage – la soumission à un idéal bourgeois que le dandy abhorre. Comme avec son masque, le dandy crée, par son mode de vie futile et inactif, une distance entre lui et le monde. Pourtant, même si cette distance le protège de la médiocrité humaine, le dandy ne peut exister sans un public. La glorification et la mise en scène de soi amènent le dandy à transformer son existence même en un rôle qu'il joue en permanence pour obtenir l'admiration de tous, sans toutefois se départir de son attitude supérieurement impassible. ! Comme le souligne Moers, George Bryan Brummell peut être reconnu comme étant le premier ambassadeur du dandysme. Il est, de manière plus


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ou moins directe, une figure d'une importance capitale dans l’œuvre de Wilde et Barbey. Pendant les deux premières décennies du dix-neuvième siècle, il exerce son influence sur les hautes classes de la société et impose son diktat aux personnalités les plus puissantes d'Angleterre. Célèbre pour le simple fait d'être célèbre, il est l'arbitre de la mode et de l'élégance dans les couches les plus élevées de la société londonienne. Le soin obsessionnel qu'il attache à son apparence (plusieurs artisans sont nécessaires pour que ses gants soient parfaitement adaptés à la forme de ses mains : les uns pour le pouce, les autres pour les autres doigts), son comportement excentrique et ses multiples frasques – relatés dans la biographie écrite par William Jesse en 1844 – font de lui l'archétype du dandy du début du siècle, la quintessence du dandysme anglais sous la régence. Après une éducation brillante à Eton et Oxford, Brummell rejoint le bataillon des Tenth Royal Hussars, mais démissionne lorsque son régiment est transféré de Londres vers Manchester. La seule raison qu'il daigne donner pour justifier son départ est le fait qu'il considère Manchester comme une ville horrible. Il entre au sein de la cour royale et devient par conséquent le protégé du prince régent, mais n'abandonne pas son impertinence de dandy : un jour que Brummell croise le prince lors d'une promenade matinale, il l'ignore délibérément et demande à la personne qui l'accompagne « Alvanley, comment s'appelle ton ami rondouillard ? ». En plus de sa distinction et de sa répartie spirituelle, Brummell se veut l’épitomé d'une certaine attitude face au monde, caractérisée par les éléments que nous avons explorés précédemment et qui constituent le dandysme brummellien. ! La chute de Brummell après 1816 jusqu'à sa mort, correspond à l'adoption et la modification du dandysme par les français. Comme en Angleterre, ce mouvement existe par son opposition aux classes moyennes. Le dandysme se positionne contre les valeurs promues par la bourgeoisie : le travail et l'argent. Il s'inscrit en porte-à-faux par rapport au conformisme et se dissocie complètement des banales et incultes classes moyennes. La rupture est également consommée avec la haute aristocratie : les dandies en volent les codes, mais les remanient pour donner naissance à une nouvelle forme d'élite, éthérée et excentrique. Après 1870, le dandysme est très différent de son initiale version brummellienne : le dandysme décadent donne la suprématie à l'esthétisme, la transgression et la perversion. La débauche et le Mal, l'ennui baudelairien et la souffrance morale deviennent les nouvelles caractéristiques de ce phénomène. En 1884, dans À rebours, Huysmans crée le nouvel archétype du dandy : Des Esseintes. La philosophie pessimiste de Schopenhauer inspire l'aspect décharné, névrosé et isolé du décadent. Toujours à la recherche de sensations de plus en plus raffinées, le dandy fin-de-siècle se renferme dans une obsession de l'auto-dissection,


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stimulée par la démesure de son ego en souffrance. Les caractéristiques du dandysme brummellien se trouvent transfigurées et insidieusement piégées dans la sphère de la perversion. La révolte du dandy, simplement antisociale au temps de la régence, devient métaphysique pendant la décadence fin-desiècle. La théâtralité du dandy : exhibition et dissimulation du moi ! L'importance que le dandy donne à son public ainsi que son besoin constant de voir son ego flatté font de la théâtralité une caractéristique essentielle du dandysme. En 1840 déjà, dans son Sartor Resartus, Thomas Carlyle accentuait sarcastiquement la superficialité du dandy et son obsession du vêtement : « a Dandy is a Clothes-wearing Man, a Man whose trade, office, and existence consists in the wearing of Clothes ». Oscar Wilde et Barbey d'Aurevilly ne dérogent pas à la règle. Barbey, avec ses pantalons de satin noir, ses gants rouges et ses chapeaux à larges bords se voit souvent moqué par ses contemporains, mais cela ne l'empêche pas de s'enorgueillir de l'effet de surprise qu'il crée : « ma parole, dit-il, faisait aux esprits médiocres, escarbouillés d’étonnement, absolument le même effet que mes gilets écarlates ». Wilde, quant à lui, explore l'aura anachronique du dandysme brummellien, déjà caduc dans les années 1890. Ses habits sont inspirés de la rigidité désuète du style de la régence, mais leur coupe est résolument moderne : en jouant avec son image, il accentue son excentricité et crée un dandysme d'un genre nouveau qui trouve cependant ses origines dans celui du début du siècle. A cette importance donnée à la surface s'ajoute la mise en scène de soi, premier pas vers la transformation de la vie même du dandy en œuvre d'art. Wilde confesse en français à son ami André Gide la formule bien connue : « j'ai mis tout mon génie dans ma vie ; je n'ai mis que mon talent dans mes œuvres ». Il tire profit de ce que Susanne Schmidt appelle le star cult de la société victorienne et utilise les progrès techniques de l'époque pour affirmer sa célébrité : les photos prises par Napoleon Sarony restent célèbres de nos jours et la possibilité de voyager plus facilement lui permet d'étendre sa popularité jusqu'aux États-Unis. ! Les deux auteurs soulignent l'importance pour le dandy de faire de sa vie une œuvre d'art. Dans son essai Du dandysme et de George Brummell, Barbey fait de Brummell un personnage presque fictif (« la plus follement amoureuse, en posant une fleur ou en essayant une parure, songeait bien plus au jugement de Brummell qu’au plaisir de son amant ») et exacerbe sa perfection (« il était grand artiste à sa manière ; seulement son art n’était pas spécial, ne s’exerçait pas dans un temps donné. C’était sa vie même »). Dans The Picture of Dorian Gray, le personnage principal non seulement


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envisage l'existence comme étant un art (« life itself was the first, the greatest of the arts, and for it all the other arts seemed to be but a preparation »), mais est authentiquement une œuvre d'art via son portrait qu'il considère comme une partie de lui-même. Barbey insiste sur le fait que l'ascension de Brummell vers la gloire fût accomplie sans compromis avec la société. Seules sa grâce et la mise en scène de son moi charismatique sont à l'origine de son éclat : « il restait seulement quelques minutes à l’entrée d’un bal, il le parcourait d’un regard, le jugeait d’un mot, et disparaissait […] Pour lui, l’effet n’était plus une question de temps »). Il fait de la théâtralité de Brummell, sa nonchalance, l'absence d'effort et son impassibilité, autant d'instruments de pouvoir, de moyens de dominer la société sans toutefois en faire partie, permettant à Brummell de dicter ses volontés à la foule subjuguée. Dans un premier temps, Dorian Gray est imprégné des caractéristiques du dandysme brummellien tel que le voit Barbey : His mode of dressing, and the particular styles that from time to time he affected, had their marked influence on the young exquisites of the Mayfair balls and Pall Mall club windows, who copied him in everything that he did, and tried to reproduce the accidental charm of his graceful, though to him half-serious, fopperies ! Dans un second temps, Wilde tire la vision aurevillienne du dandysme brummellien vers les extrêmes et en décrit la version décadente. Le but de Dorian Gray est d'être plus qu'un simple arbiter elegantiarum ; son comportement tapageur n'est qu'une étape vers l'obsession perverse de la beauté, «there were times when he looked on evil simply as a mode through which he could realize his own conception of the beautiful ». ! La mise en scène de soi dans l'œuvre de Barbey et Wilde va de pair avec l'importance de porter un masque. Dans Les Diaboliques, la plupart des personnages sont secrets et sans émotions : Robert de Tressignies, dans La Vengeance d'une femme, est décrit comme « horriblement blasé » et Alberte, dans Le Rideau cramoisi, possède « une espèce d’air impassible […] qui la séparait non pas seulement de ses parents, mais de tous les autres, dont elle semblait n’avoir ni les passions, ni les sentiments ». L'avantage de Dorian Gray sur les personnages de Barbey est son portrait : il lui permet de se cacher derrière son invariable jeunesse et ainsi de réaliser l'idéal brummellien d'immuabilité sans aucun effort. Chez Barbey, le masque crée une barrière entre l'intérieur et l'extérieur, il cache les souffrances du moi tout en tenant le monde à distance : « ces stoïciens de boudoir boivent dans leur masque leur sang qui coule, et restent masques. Paraître, c’est être pour les dandys ». Dans Intentions, Wilde montre également l'importance du masque et vante le


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mensonge qu'il rend possible : « a mask tells us more than a face » , dit-il dans Pen, Pencil and Poison, en parlant des pseudonymes utilisés par le dandy-criminel Wainewright. En plus du parallèle qu'il est possible de faire avec l'utilisation de pseudonymes par Wilde lui-même, cela révèle l'idée selon laquelle le masque fait partie intégrante de la personnalité du dandy. Dans The Critic as Artist, en effet, il dit : « Man is least himself when he talks in his own person. Give him a mask, and he will tell you the truth ». Les louanges de l'artificiel par rapport au naturel sont au cœur de cet essai et, plus généralement, l'un des thèmes récurrents de l’œuvre de Wilde. Alors que le masque de Barbey n'est que silence et mystère, celui de Wilde est fait de mensonges et d'artifice. Ce masque d'illusions, à la différence du masque d'isolement de Barbey, transcrit le profond désir de Wilde de ne pas se marginaliser, mais plutôt de transfigurer la société pour la fusionner avec sa propre philosophie. L'éthique du dandy : fausse morale et religion ! Bien-sûr, la superficialité dans la théâtralité n'empêche pas Wilde et Barbey de donner à leur dandysme une dimension religieuse et morale plus profonde. La domination du rationalisme et du réalisme sur la scène littéraire à l'ère victorienne encourage Wilde à prendre le contre-pied et d'imprégner son unique roman de religiosité. Le personnage de Basil Hallward se veut l'avocat des valeurs chrétiennes, l'amour, l'acceptation de la souffrance et la valeur de la repentance. Le catholicisme de Barbey est présent dans toute son œuvre. Son esthétisme, au contraire de Wilde, est basé sur une certaine forme de réalisme. Cette recherche de la vérité, indépendamment de la morale, est ce qui selon lui caractérise le roman catholique : dans la troisième préface d'Une vieille maîtresse, il explique que l'artiste doit « saisir la réalité humaine, crime ou vertu, […] le Catholicisme a même permis de peindre le vice et l’erreur dans leur faits et gestes et de les peindre ressemblants ». Dans The Soul of Man under Socialism, Wilde donne aux chrétiens la chance de faire partie de l'élite en créant un lien entre la religion et le dandysme. Jésus Christ sert d'exemple à la philosophie wildienne individualiste, non par son statut divin, mais parce qu'il représente l'idée que se fait Wilde d'une vie parfaite et accomplie. La suprématie de l'individu sur la société et la quête de la perfection individuelle sont des idées communes aussi bien au dandy qu'à Jésus Christ tel que le voit Wilde, et créent un lien entre une vision élitiste de la société et le catholicisme. De la même manière, Barbey établit un parallèle entre ces deux notions dans Le Bonheur dans le crime lorsqu'il dit qu'il y aura toujours « des accointances indestructibles entre la noblesse et le clergé ». Le génie ne s'acquiert pour lui que par la religion (« le sentiment religieux, dit-il, parachève le génie ») ; pour Wilde, le Christ


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adopte un message similaire en exaltant l'individualité : « the message of Christ to man was simply “Be thyself” ». ! Wilde met son propre message individualiste dans la bouche de Jésus Christ pour lui donner plus d'impact : « what Jesus meant was this. He said to man, ‘You have a wonderful personality. Develop it. Be yourself' ». Pour Wilde, la chrétienté et l'individualisme rendent le dandysme possible ; en adaptant la religion à sa vision dandy du monde, il transforme Jésus Christ en philosophe du dandysme, justifiant ce phénomène par la spiritualité catholique qui, selon lui, exalte l'individu et l'encourage à se libérer des passions aussi bien que des biens matériels, l'aidant ainsi à atteindre une certaine perfection morale et à se situer au-dessus du vulgaire, autant de privilèges jusque-là réservés à une élite de dandies. La représentation froide et réaliste du Mal chez Barbey et la justification de ce réalisme par la religion annonce la confusion décadente de Wilde entre l'éthique et l'esthétique. En permettant à un individu de suivre sa propre morale, ce dernier brouille les limites entre le Bien et le Mal. Edouard Roditi va jusqu'à suggérer qu'il est même incapable de justifier par l'éthique certaines de ses propres actions. De la même manière, dans Pen, Pencil and Poison, Wainewright justifie un meurtre par des considérations esthétiques, en disant qu'il a commis le crime à cause de la laideur des chevilles de la victime. Si Barbey ne se refuse pas à la représentation du Mal, il est en revanche contre une telle confusion morale : « il ne faut pas dire que le bien est le mal et de sophistiquer […] au profit de l’Erreur et du Vice ». ! Si Barbey, contrairement à Wilde, ne mélange pas le Bien et le Mal, il crée un lien, à l'instar de l'écrivain irlandais, entre l'éthique et l'esthétique. « La moralité de l'artiste, dit-il, est dans la force de sa peinture ». De la même manière, l'éthique de Wilde se situe dans le domaine de l'esthétique. Dans The Soul of Man, il lie le concept d'accomplissement de la personnalité avec la beauté ainsi qu'avec le concept baudelairien de la perfection spirituelle de l'enfant selon lequel « le génie n’est que l’enfance retrouvée à volonté » : « the personality of man will be very wonderful. It will be as wonderful as the personality of a child ». Barbey se sert de sa religiosité pour rejeter un siècle que Pierre Glaudes décrit comme « en proie à la déchristianisation où l’athéisme tranquille et son moralisme hypocrite ont conduit l’humanité aux renoncements les plus vulgaires ». Wilde, lui, négocie encore une fois avec la société et ajuste la chrétienté et son messie à son propre discours individualiste et dandy. La transgression du dandy


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! La transgression est une caractéristique essentielle du dandysme chez ces deux auteurs. Le dandysme brummellien tel que le voit Barbey dans Du dandysme se caractérise par une simple transgression maîtrisée qui s'apparente plus à de l'insolence : « le dandysme […] se joue de la règle et pourtant la respecte encore ». Dans ses pièces, Wilde explore ce besoin brummellien de comprendre les codes sociaux pour mieux les enfreindre sans jamais toutefois s'exclure de la société. Dans The Importance of Being Earnest, Lady Bracknell donne à Algernon ce conseil fondamentalement dandy : « never speak disrespectfully of Society, Algernon. Only people who can’t get in do that ». D'un statut de simple rebelles outsiders, Jack et Algernon deviennent à la fin de la pièce, absolument dandies en cela qu'ils critiquent la société au sein de la société. C'est l'acceptation des codes, puis leur irrespectueuse réinterprétation qui caractérisent le Brummell aurevillien et les personnages de Wilde. Pourtant, c'est bel et bien la vraie transgression, la version extrême de la simple effronterie brummellienne, qui singularise la branche décadente du dandysme. Barbey et Wilde ont tous les deux eu à subir de longs procès, et leurs œuvres représentent à loisir divers crimes et péchés. Les Diaboliques sont parsemées de meurtres, vengeances, mensonges et autres crimes, parfois réalisés sans raison (Mme de Stasseville, dans Le Dessous de cartes d'une partie de Whist, se révèle particulièrement wildienne lorsque Barbey dit qu'elle aime « le mensonge pour le mensonge, comme on aime l’art pour l’art »), et souvent pour le plaisir, comme dans Le Bonheur dans le crime. Encore une fois, la représentation du mal chez Barbey est une attaque contre un pan de la société. En décrivant la transgression, et en justifiant cette description par la religion elle-même, Barbey s'exclue de ses contemporains catholiques tièdes, incapables selon lui de comprendre la vérité spirituelle du catholicisme, manquant de flamboyance et de grandeur. Il explique par exemple que « tous les papes sans exception [...] ont manqué d’une intelligence à la hauteur de leurs devoirs ». Il se sépare aussi bien d'une société athée moralement désorientée que des catholiques puritains, endossant ainsi son rôle de dandy décadent pré-huysmansien et marginalisé. ! La représentation du péché dans Dorian Gray , quant à elle, suit deux approches différentes de la philosophie individualiste de The Soul of Man, chacune représentée par Lord Henry et Basil Hallward. Ce dernier représente, comme nous l'avons déjà vu, les valeurs du catholicisme. Richard Ellmann a montré que l'interprétation de la philosophie individualiste par Lord Henry est erronée sur le plan esthétique. Elle l'est également sur le plan éthique dans la mesure où, contrairement au Christ de Wilde, il refuse toute forme de souffrance (« I can sympathize with everything except suffering […] It is too ugly, too horrible, too distressing […] The less said


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about life’s sores, the better »). Il est, comme le souligne Guy Willoughby, un apôtre du faux individualisme. Dans Une vieille maîtresse, le dandy Ryno de Marigny est, comme Dorian Gray, partagé entre une figure pure (Hermangarde) et une figure démoniaque (Vellini). Le personnage virginal d'Hermangarde contraste sévèrement avec le Mal dont Vellini est imprégnée et dans les filets duquel elle tente de piéger Marigny. Dans l'un comme l'autre roman, la plus grande faute du personnage principal est d'abandonner la philosophie individualiste wildienne. Dans Une vieille maîtresse, Marigny est coupable de ne plus être un dandy. En plus de devenir la victime des commérages de l'élite parisienne, il se retrouve piégé entre deux notions antidandy par essence : la passion amoureuse et le mariage. Lorsqu'il se délivre enfin de son amour pour Vellini, c'est pour mieux succomber aux affres de l'ennui conjugal avec Hermangarde. Et lorsque son mariage éclate, il se laisse à nouveau emprisonner par la passion tentaculaire de son ancienne maîtresse. ! En se laissant influencer par Lord Henry, Dorian Gray commet l'erreur de confier son individualité à une tierce personne et de fragmenter son moi. Il choisit de suivre la philosophie pseudo-individualiste et aphoristique de son mentor, tout en négligeant la vision saine de Basil. La transgression du dandy Dorian Gray trouve son origine dans l'instabilité de son caractère (« he would sit in front of the picture, sometimes loathing it and himself, but filled, at other times, with that pride of individualism that is half the fascination of sin », et dans la manipulation de Lord Henry qui le considère comme un sujet d'expérimentation (« talking to [Dorian Gray] was like playing upon an exquisite violin. He answered to every touch and thrill of the bow », « he would seek to dominate him – had already, indeed, done so. He would make that wonderful spirit his own »). Dorian Gray ne fait pas de sa vie une œuvre d'art, c'est Lord Henry qui fait de la vie de Dorian Gray une œuvre d'art, illustrant la version pervertie de l'idéal brummellien, et accentuant la présence flagrante de Dorian Gray hors de la sphère de l'individualisme. Beaucoup de critiques, parmi lesquels Satzinger et Calloway, ont reconnu le fameux livre jaune de Dorian Gray comme étant À rebours, de Huysmans. Barbey dit de Des Esseintes : « le névropathe de M. Huysmans est une âme malade d’infini dans une société qui ne croît plus qu’aux choses finies ». En effet, la révolte métaphysique de Dorian Gray caractérise la décadence : elle agit non pas contre la société, mais contre sa propre âme qu'il finit par détruire avec le portrait. Indépendamment du fait que la marginalisation de Barbey contraste avec la négociation de Wilde avec la société, tous les deux considèrent l'abandon de l'unicité d'un individu comme le crime principal qu'un dandy puisse commettre : un crime contre lui-même. La déréliction du dandysme aurevillien ou la négligence de l'individualisme wildien sont en réalité les plus


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terribles formes de transgression pour ces deux auteurs dans la mesure où elles représentent l'abandon du moi et, par conséquent, la soumission à la société. La politique et l'attitude du dandy envers la société ! Le dandy se définit inévitablement en rapport avec la société, et son positionnement diffère selon les classes sociales avec lesquelles il interagit. Barbey, déchiré entre son idéologie et sa situation sociale, restera toujours nostalgique de l'aristocratie à laquelle appartenait jadis sa famille avant la révolution de 1789, et méprisera la bourgeoisie dont ses parents font désormais partie. Cette séparation d'avec les classes moyennes se retrouve dans Une vieille maîtresse, où seules l'élite parisienne et les basses-classes normandes sont représentées. Son rejet de la société est total. Le système de pensée de Wilde s'ancre également dans un relatif rejet de l'ordre social établi. Comme Barbey, il se positionne contre les classes moyennes – les journalistes, par exemple – qui ne se reconnaissent pas dans Dorian Gray duquel elles sont, comme dans Une vieille maîtresse, absentes (seuls l'élite et les bas-fonds londoniens sont décrits dans le roman). Dans The Soul of Man, il exprime sa haine de l'autorité sous toutes ses formes, son nouvel hellénisme constitue moins un désir de retour aux standards antiques qu'une attaque contre les idéaux occidentaux. La société contemporaine, comme il le dit dans The Critic as Artist, est contre les valeurs les plus estimées de Wilde : la beauté, la contemplation, l'oisiveté et l'art, « society often forgives the criminal; it never forgives the dreamer ». ! La marginalisation aurevillienne fait se croiser deux formes de dandysme : elle réunit le désir brummellien de se sentir supérieur à une civilisation décadente, et au désir décadent d'insociabilité. Le dandysme de Barbey se déchire entre celui de la régence anglaise et le dandysme fin-desiècle. L'auteur français déplore dans Le Rideau cramoisi « un temps où la force, sous toutes ses formes, s’en va en diminuant ». Comme LouisNapoléon (qu'il soutient et avec qui il partage nombre d'opinions politicoreligieuses), il critique l'individualisme et le considère comme un danger pour la société du Second Empire. A son rejet de la société s'ajoute donc le rejet des individus qui la compose, soulignant ainsi sa marginalisation idéologique et l'ipséité du dandy décadent. L'idéologie wildienne n'est pas un rejet aurevillien de la société, elle se définit plutôt par cet aphorisme : « the one duty we owe to history is to rewrite it ». Wilde se sert d'éléments culturels, scientifiques ou idéologiques pré-existants et les adapte à sa vision dandy du monde. Comme il le prêche dans The Soul of Man, l'individu doit se constituer une autorité qui lui est propre, il se doit donc de créer son propre


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monde, avec des règles morales et esthétiques qu'il a lui-même choisies. Dans The Critic as Artist, le mélange de multiples références à des auteurs antiques et contemporains, anglais ou étrangers, de Platon et Homère jusqu'à Shakespeare, Balzac ou Goethe, en passant par Flaubert, Eschyle ou Chuang Tsu, lui permettent d'inventer un monde littéraire et de se déclarer le créateur de ce monde, l'initiateur de ce système de pensées. ! Cet amalgame de références culturelles se veut une tentative de réconciliation de deux conceptions apparemment antagonistes du monde : l’hellénisme et l’hébraïsme. Tout chez Wilde participe à cette réunion, de la querelle entre Basil, le chrétien, et l'hédoniste Lord Henry, jusqu'à l'ajustement de l'image du Christ comme étant le chantre de l'individualisme. Le nouvel hellénisme de Wilde est le désir de combiner les plaisirs de la philosophie grecque avec la moralité des sociétés judéo-chrétiennes. Comme Barbey, Wilde utilise la religion pour exprimer sa vision de la société ; pourtant, contrairement à l'auteur français, la religion n'est pas pour Wilde un moyen de rejeter l'ordre social, mais un intermédiaire nécessaire à l'union de mondes opposés. En assimilant le dandysme et la religion au sein de ce qu'il appelle le nouvel hédonisme, il imagine une société au sein de laquelle chacun ferait partie de l'élite : une société de dandies. Il sait la relation entre la civilisation et les individus (« the development of the race depends on the development of the individual »). Par conséquent, une société entièrement composée de dandies individualistes serait pour lui aussi parfaite que ses citoyens. Le rejet aurevillien initial de la société que l'on trouve chez Wilde ne fait en réalité que jeter les bases d'une nouvelle conception de cette société, ancrée dans des principes qu'il a imaginés et basée sur ses propres règles esthétiques. Au lieu de nier une société qui le rend insatisfait, Wilde décide de négocier avec elle et d'imaginer une civilisation basée sur sa propre idéologie, sa propre conception de la beauté, de la culture et de l'art. Malgré leurs différentes représentations du dandy, Wilde et Barbey placent les racines de leur dandysme chez Brummell. Au final cependant, c'est leur éloignement de la conception brummellienne des relations humaines qui illustre la divergence des deux auteurs ainsi que le rôle social du dandy dans les sociétés françaises et anglaises : un outsider aurevillien ou un négociateur wildien. Nicolas Estournel


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Bibliographie Sources primaires : Barbey d’Aurevilly, Jules. 1861. Les Historiens politiques et littéraires (Paris: Amyot) ——— 1902. ‘J.-K. Huysmans’, in Le Roman contemporain (Paris: Lemerre) ——— 1905. De l’Histoire (Paris: Lemerre) ——— 1927. Lettres à Trébutien vol 4. (Paris: Bernouard) ——— 1979. Une vieille maîtresse (Gallimard - Folio Classique) ——— 1997. Du dandysme et de George Brummell (Rivages Poche / Petite Bibliothèque) ——— 1999. Les Diaboliques (Le Livre de Poche) Baudelaire, Charles. 2010. « L’artiste, homme du monde, homme des foules et enfant », in Le Peintre de la vie moderne (Ed. Mille et une nuits) Buet, Charles. 1891. J. Barbey d’Aurevilly. Impressions et Souvenirs (Paris: Savine) Carlyle, Thomas. 1840. « The Dandiacal Body », in Sartor Resartus (Boston: James Munroe and Company. Philadelphia: James Kay, Jun. & Brother) Gide, André. 1963. « Oscar Wilde », in Prétextes (Paris: Mercure de France) Huysmans, Joris-Karl. 1977. À rebours (Gallimard - Folio Classique) Jesse, Captain. 1844. The Life of George Brummell (London: Saunders and Otley) Wilde, Oscar. 1979. Oscar Wilde: Interviews and Recollections, ed. E. H. Mikhail, vol. II (London: Macmillan) ——— 1997. The Collected Works of Oscar Wilde (Ware: Wordsworth Editions) ——— 2000. The Picture of Dorian Gray, ed. Robert Mighall (London: Penguin Classics) Sources secondaires : Best, Geoffrey. 1971. Mid-Victorian Britain 1851-1875 (London: Fontana Press) Boroughs, Rod. 1995. « Oscar Wilde’s Translation of Petronius: The Story of a Literary Hoax. » English Language in Transition 1880-1920 38, pp. 9-49 Bricault, Céline. 2009. La Poétique du seuil dans l’œuvre romanesque de Jules Barbey d’Aurevilly (Paris: Honoré Champion Editeur) Calloway, Stephen. 1997. « Wilde and the Dandyism of the Senses », in The Cambridge Companion to Oscar Wilde, ed. Peter Raby (Cambridge: Cambridge University Press), pp. 34-54


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Canu, Jean. 1945. Barbey d’Aurevilly (Paris: Robert Laffont) Carassus, Emilien. 1971. Le Mythe du Dandy (Paris: Librairie Armand Colin) Celdran Johannessen, Hélène. 2008. Prophètes, sorciers, rumeurs. La violence dans trois romans de Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889) (Amsterdam, New York: Rodopi) Cohen, Philip Kent. 1978. The Moral Vision of Oscar Wilde (London: Associated University Press) Colla, Pierre. 1965. L’Univers tragique de Barbey d’Aurevilly (Bruxelles: La Renaissance du Livre) Creed, Elizabeth. 1938. Le Dandysme de Jules Barbey d’Aurevilly (Paris: Droz) Danson, Lawrence. 1997. Wilde’s Intentions. The Artist in his Criticism (Oxford: Clarendon Press) De Pontmartin, Armand. 1972. « Dossier of Une Histoire sans nom », ed. Jacques Petit (Gallimard - Folio Classique), pp. 245-55 Ellmann, Richard. 1969. ‘ »Overtures to Salome », in Oscar Wilde: A Collection of Critical Essays, ed. Richard Ellmann (Englewood Cliffs, N. J.: Prentice Hall), pp. 73-91 ——— 1987. Oscar Wilde (London: Hamish Hamilton) Eltis, Sos. 1996. Revising Wilde: Society and Subversion in the Plays of Oscar Wilde (Oxford: Clarendon Press) Gagnier, Regenia. 1986. Idylls of the Marketplace: Oscar Wilde and the Victorian Public (Stanford: Stanford University Press) Gillespie, Michael Patrick. 1995. The Picture of Dorian Gray. A Reader’s Companion. “What the world thinks me” (New York: Twayne Publishers) ——— 1996. Oscar Wilde and the Poetics of Ambiguity (Orlando: University Press of Florida) Glaudes, Pierre. 1999. « Dossier des Diaboliques », in Les Diaboliques (Le Livre de Poche) Jackson, Russel. 1997. « The Importance of Being Earnest », in The Cambridge Companion to Oscar Wilde, ed. Peter Raby (Cambridge: Cambridge University Press), pp. 161-177 Kohl, Norbert. 1989. Oscar Wilde. The Works of a Conformist Rebel (Cambridge: Cambridge University Press) Lécureur, Michel. 2008. Jules Barbey d’Aurevilly : le sagittaire (Fayard) Lemaire, Michel. 1978. Le Dandysme de Baudelaire à Mallarmé (Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal) Moers, Ellen. 1960. The Dandy. Brummell to Beerbohm (Lincoln, London: University of Nebraska Press) Nassaar, Christopher S. 1974. Into the Demon Universe. A Literary Exploration of Oscar Wilde (New Haven, London: Yale University Press) Natta, Marie-Christine. 1989. « Introduction of Du dandysme et de George


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Brummell’ » (Paris: Plein Chant) Petit, Jacques. 1974. Essais de lectures des Diaboliques de Barbey d’Aurevilly (Paris: Lettres Modernes Minard) Philippot, Didier. 2010. « Les Diaboliques, ou les histoires tragiques de notre temps », in Barbey d’Aurevilly et la modernité. Colloque du Bicentenaire (1808-2008) (Paris: Honoré Champion) Powell, Kerry. 1990. Oscar Wilde and the Theatre of the 1890s (Cambridge: Cambridge University Press) Roditi, Edouard. 1947. Oscar Wilde (Norfolk, Connecticut: New Directions Books) Rogers, B. G. 1967. The Novels and Stories of Barbey d’Aurevilly (Genève: Librairie Droz) Rudwin, Maximilien. 1927. « Oscar Wilde et Barbey d’Aurevilly », in Revue anglo-américaine 6 (august 1927) Satzinger, Christa. 1994. The French Influences on Oscar Wilde’s The Picture of Dorian Gray and Salome (Lewinston, New York: The Edwin Mellen Press) Schmid, Susanne. 2002. « Byron and Wilde: The Dandy and the Public Sphere », in The Importance of Reinventing Oscar (New York: Rodopi), pp. 81-90 Shewan, Ridney. 1977. Oscar Wilde, Art and Egotism (London: Macmillan) Willoughby, Guy. 1993. Art and Christhood. The Aesthetics of Oscar Wilde (London, Toronto: Associated University Press) Woodcock, George. 1949. The Paradox of Oscar Wilde (London: T. V. Boardman) Yarrow, Philip John. 1961. La Pensée politique et religieuse de Barbey d’Aurevilly (Paris: Minard)

Nicolas Estournel a d’abord opté pour une formation d’ingénieur, mais il a dévié de sa voie originelle pour étudier la littérature. Passionné de littérature anglaise et française du XIXe siècle, il s’intéresse plus particulièrement au dandysme dans la vie et l’œuvre de Wilde et de Barbey d’Aurevilly, thème qui a constitué le sujet du Master en littérature comparée qu’il a réussi avec Distinction à l’University College de Londres.


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§8. MAD, SCARLET MUSIC Par Tine Englebert DAS SALOME-PRINZIP (KAMMEROPER NACH OSCAR WILDE) D’ENJOTT SCHNEIDER ! En 1902 Richard Strauss avait vu Salomé dans la production de Max Reinhardt à Berlin, avec Gertrud Eysoldt dans le rôle-titre. Salome, dans une traduction de Hedwig Lachmann, a été mise en scène le 15 Novembre 1902 dans le Kleines Theater à Berlin au cours d’une matinée privée, en doublé avec Bunbury (The Importance of Being Earnest. A Trivial Comedy for Serious People dans une traduction de Felix Paul Greve), une production par Friedrich Kayssler et Hans Oberländer sous la direction de Max Reinhardt. Trois ans plus tard, le 9 décembre 1905, l’opéra Salomé de Richard Strauss a été créé au Hofoper de Dresde sous la direction d'orchestre d'Ernst von Schuch. ! Cent ans après que Strauss ait découvert la production de Reinhardt, une nouvelle adaptation musicale allemande de Salomé a été créée. Écrit en 1982/1983, Das Salome-Prinzip, un opéra de chambre du compositeur allemand Enjott Schneider, a été monté avec succès à Gelsenkirchen en 2002. Il semble présomptueux pour un compositeur de vouloir rivaliser avec le génie de Strauss, en présentant une nouvelle adaptation de Salomé, quatre-vingt ans plus tard. Enjott Schneider l’a osé. La pièce est une véritable alternative à la version de Strauss. ! Das Salome-Prinzip est une réinterprétation du drame d’Oscar Wilde qui a été déjà présenté par d’autres compositeurs comme Antoine Mariotte ou Richard Strauss sur la scène musicale. La création de Schneider se distingue de ces opéras à la fois dans les dimensions extérieures comme opéra de chambre que dans ses accents contenus. Le compositeur lui-même racontait : Heute - fast zwanzig Jahre nach der Komposition der Oper - scheint mir die Richtung meiner Leseart des Textes von Oscar Wilde aktueller denn je. Das 'Salome-Prinzip' beschreibt den Mechanismus, wie in einer narzistischen


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Gesellschaft (mit Party-Dekadenz, Materialismus, dem Aneinander-vorbeiReden von nahezu autistischen Individuen) auch die kleinsten Ansätze von Ehrlichkeit und Idealismus pervertiert werden: Salome, die in der ersten Hälfte der Oper in Jochanaan eine positive Bezugsperson (mitten im Karussel der Eitelkeit und Dummheit) gefunden hat, wird in der zweiten Hälfte durch das System des Nichtkommunizierens selbst zum Monster. „Hättest du mich angesehen, du hättest mich geliebt.“ (Enjott Schneider) ! Aujourd'hui - près de vingt ans après la composition de l'opéra - il me semble que le sens de ma lecture du texte d'Oscar Wilde est plus pertinente que jamais. Le Principe de «Salomé» démonte le mécanisme d’une société narcissique (avec la décadence des fêtes, le matérialisme, les dialogues de sourds de personnes presque autistes), où même les plus petites amorces d’honnêteté et d’idéalisme sont faussées: Salomé, qui, dans le première moitié de l'opéra, a trouvé dans Iokanaan un soignant positif (dans le carrousel de la vanité et de la bêtise), se transforme en monstre dans la seconde moitié par l’impossibilité de communiquer : « Si tu m'avais regardée tu m'aurais aimée.“ (Enjott Schneider)

! Rupert Everett (Oscar Wilde) et Freddie Fox (Bosie)


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! L'esprit du texte de Wilde et la musique postmoderne de Schneider se combinent pour former une unité très dialectique de ton et de parole, où Schneider donne la priorité absolue au texte adapté. Le libretto allemand est traduit de la version originale française d'Oscar Wilde par Enjott Schneider lui-même. ! Contrairement à la pièce d’Oscar Wilde, le prophète ne vient pas en personne sur scène. Le malheureux se trouve enfermé dans le donjon. Iochanaan se présente comme une voix enregistrée. Sur scène on entend ses messages venus de haut-parleurs qui disent : « Einer wird nach mir kommen, der ist mächtiger als ich …“ Chaque fois qu'il se fait entendre suivant une bonne idée du réalisateur - un haut-parleur surdimensionné tourne sur son propre axe. Et Salomé, elle, danse au rythme de la grosse caisse. Quand sa danse termine, elle exige la tête d’Iokanaan sur un plateau d'argent. Malgré sa terreur, Hérode doit bien céder. Salomé en proie à une folie croissante, redit sa passion, son désir à la tête qu'on lui a remise. Quand Salomé conclut triomphante qu’elle a baisé la bouche d’Iokanaan, Hérode ordonne aux soldats : « Man töte dieses Weib!“. Enjott Schneider voit ces événements comme un ‘principe’ où l’innocence pure doit toujours périr dans une société de spectacle et de matérialisme. Chaque individu sur scène souligne le concept d'une société fort meurtrière déformée par le matérialisme et par la fête.

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! Terminé en 1983, l’opéra ne suscita d’abord l’intérêt d’aucun administrateur d’opéra. Schneider a écrit son œuvre pour 6 chanteurs et 11 instruments (flûte, hautbois, clarinette, cor, 2 percussionnistes et instruments à cordes). La partition pour onze instruments semble délicate et calme, mais possède une indéniable énergie. Les personnages de l'opéra sont : Salomé, fille d'Hérodias (mezzo-soprano), Hérodias, femme d’Hérode (soprano), Hérode, Tétrarque de Judée (baryton), le jeune Syrien, capitaine (alto), le page d'Hérodias (ténor), le soldat (basse) et Iochanaan, le prophète (voix haut-parleur). Les chanteurs restent en chant toujours très compréhensible. Les instrumentalistes s’intègrent partiellement aux rôles parlants dans l'intrigue, et peuvent s'asseoir sur la scène. Il n’y a pas de séparation entre l'orchestre et les protagonistes. Chaque instrumentaliste contribue à la représentation scénique de la pièce. ! Cet opéra de chambre a une durée de 95 minutes. Il peut être joué avec un grand ensemble de cordes, aussi dans de grandes maisons. Das Salome-Prinzipe (du style « L’opéra reflète l'opéra ») a été bien accueillie à sa première le 3 mars 2002 au Musiktheater im Revier in Gelsenkirchen en raison de son intensité dramatique. Le spectacle était une co-production du Théâtre National du Luxembourg et du Musiktheater im Revier, Gelsenkirchen. Direction: Carolyn Sittig Décors et costumes: Jean Flammang Dramaturgie: Jean Casimir Eule, Regine Hermann Directeur musical: Kai Tietje Salomé : Regine Hermann Hérodias: Richetta Manager Hérode: Erin Caves Le jeune Syrien: Anna Agathono Le page: Mark Adler


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Le soldat: Joachim Gabriel Maaß Voix de Jochanaan: Roland Renner Après la première luxembourgeoise le 10 avril 2002, au Théâtre National du Luxembourg, la presse écrivait dans Luxemburger Tagblatt (12.4.2002): „GEGLÜCKTES EXPERIMENT ... können jedoch angesichts solcher ‚neuen‘ Musik nur lobende Worte finden: es gibt sie noch, die zeitgenössischen Komponisten, die nicht nur höchst interessante, sondern sogar recht ansprechende Töne zusammenfügen. Erstaunlich genug.“ (Expérience réussie ... une telle nouvelle musique ne peut donner lieu qu’à des éloges car ils existent encore, les compositeurs contemporains qui allient non seulement des tons très intéressants, mais aussi très attrayants. Étonnamment.) Das Salome-Prinzip a reçu le prix Ruhr-Theaterpreis Gelsenkirchen. L‘œuvre a été proposée comme meilleure production de l'année par la revue 'Opernwelt' et été désignée par les spectateurs de Musiktheaters im Revier comme la meilleure production de la saison 2001/2002.

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On peut trouver des clips de l’opéra à l’adresse suivante: http://www.enjott.com/werke/?tx_enjottfe_works%5Bwork%5D=205 Deux fragments sont disponibles sur youtube : http://www.youtube.com/watch?v=Ipmj11U2ySY http://www.youtube.com/watch?v=AHiUUpKogDc ! Un DVD-production privée est disponible chez le compositeur ou Janotta artsmanagement et montre la mise en scène géniale de Caroly Sittig. ! Enjott Schneider (* 25.05.1950 à Weil am Rhein, en Allemagne, jusqu’en 1998, Norbert Jürgen Schneider) est un musicologue allemand, professeur, compositeur et compositeur de musiques de films contemporains. Dans sa jeunesse, Schneider a appris à jouer nombreux instruments, comme violon, piano, accordéon, trompette et orgue. À l’âge de 19 ans il était organiste à Huningue en Allemagne. Il a également joué du keyboard dans le groupe de rock Kaktus. A partir de 1975 il a travaillé comme musicien d’église à Hinterzarten (Forêt-Noire). En 1969, il a commencé à étudier la théorie musicale, l’éducation musicale, l’orgue et la trompette à l’Ecole supérieure de musique de Fribourg. En même temps il étudiait à l’université la musicologie, l’allemand et la linguistique. En 1988, il a créé le studio Augenklang, qui a été remplacé en 1997 par le studio Greenhouse. Il vit et travaille à Munich, où il est depuis 1979 – après avoir obtenu un doctorat en musicologie à Fribourg en 1977 – professeur à l’Ecole supérieure de musique. Il était d’abord professeur de théorie de la musique, mais depuis 1996 il occupe le poste du premier professeur de musiques de films en Allemagne. Les étudiants d’Enjott Schneider sont formés en composition pour le cinéma et la télévision.


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Enjott Schneider

! Enjott Schneider est doué de talents multiples. Outre la composition de musiques de films, il se consacre intensivement à la “musique savante“ sous toutes ses formes – de la musique de chambre aux symphonies et opéras, sans négliger les oeuvres pour orgue et pour choeur. La “linguistique“ est le fil conducteur des compositions de Schneider. Il maitrise l’équilibre délicat entre sérieux et facilité de compréhension, de sorte qu’un accès émotionnel à ce qui est entendu soit toujours possible pour l’auditeur. Le contenu sémantique marquant de sa musique et les renvois à l’histoire de la musique expliquent aussi l’énorme succès des nombreuses interprétations de ses œuvres. La plupart d’entre elles sont parues chez Schott Music. ! Enjott Schneider a reçu plusieurs prix: Emmy Award (New York) pour le meilleur documentaire Drama von Dresden (broadview-TV Köln) en 2005, Bayerischer Filmpreis en 1990 pour la musique de Rama Dama (1990, J. Vilsmaier), Bundesfilmband in Gold pour la musique de Leise Schatten (1992, Sherry Horman) et Wildfeuer (1991, Jo Baier), Fipa d'or (Biarritz) 2001 Meilleure musique du film éuropéen pour séries et feuiletons - pour Jahrestage (2000, Margarethe von Trotta), Deutscher Fernsehpreis 2007 „Beste Filmmusik“ pour Nicht alle waren Mörder (2006, Jo Baier) et Die Flucht (2008, Kai Wessel). On retrouve le catalogue des œuvres, le calendrier, la discographie et la bibliographie d’Enjott Schneider sur www.enjott.com.

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§9. OSCAR WILDE ET SES CONTEMPORAINS Léon Daudet

! Fils aîné d’Alphonse Daudet et frère de Lucien Daudet, époux de Jeanne Hugo, de qui il divorce assez vite, Léon Daudet épouse d’abord la tradition républicaine chère à sa famille avant de se montrer sensible aux sirènes de l’antisémitisme prôné par Édouard Drumont dans son livre « La France Juive ». Il se livre alors sans retenue au combat antidreyfusard et nationaliste. En 1908, il sera le fondateur, avec Charles Maurras, du quotidien « L’Action Française ». Journaliste, écrivain, figure de la vie politique et culturelle, Léon Daudet est un colosse qui défraye la chronique, autant par ses écrits que par ses nombreux duels. Ami de Marcel Schwob qu’il a rencontré au Lycée Louis-Le-Grand, où l’un et l’autre font leurs études, c’est par son intermédiaire qu’il fera la connaissance d’Oscar Wilde, dont il laisse un portrait assez peu attirant dans ses Souvenirs littéraires, où il décrit un Wilde à deux visages.

« Je rencontrais parfois chez lui [Schwob], à son deuxième et demi du 2 de la rue de l’Université, qui était une espèce de capharnaüm rempli de livres et de pipes, le poète dramaturge et dandy, Oscar Wilde. Voilà une physionomie singulière, un mélange de bon et de mauvais, de grossier et de raffiné, de vicieux et de spiritualisé, de sincérité et de pose, comme en ont rarement produit une littérature et un pays. Cet homme tant adulé, tant admiré, tant encensé, puis tant décrié et honni, avait en lui et sur son masque quelque chose de noble, combattu par quelque chose d’ignoble. Il attirait et il repoussait. Il contait délicieusement bien, et sa conversation fatiguait vite. Il émanait de lui un malaise que je n’hésitai pas du tout à lui avouer, quand il me demanda, à notre troisième rencontre, de son ton confidentiel : « Que pensez-vous de moâ, monsieur Léon Daudet ?

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Il ne me répondit rien ; mais, le lendemain, je reçus une longue lettre tortillarde, au bas de laquelle était sa signature gladiolée, et où il m’affirmait que je le jugeais mal, qu’il était une personne des plus simples, des plus candides, « pareil à un tout petit enfant ». En même temps, il m’adressait un exemplaire de cette Salomé, pastichée de Flaubert et de Maeterlinck, que le Boche Strauss a mise en musique. Je dois avoir encore dans mes archives cette explication de caractère, que je ne sollicitais pas, mais où les stigmates psychopathiques étaient nombreux et manifestes. Wilde appartenait à cette catégorie d’êtres pour la fréquentation desquels il faudrait deux existences : l’une normale, l’autre qu’on leur consacrerait exclusivement. Dans l’espace de six ans, il s’était brouillé, puis raccommodé une douzaine de fois avec Schwob. […]». Le lien intellectuel entre Schwob et Wilde était leur commune admiration pour Villon, sur lequel Schwob a écrit mainte page remarquable, leur commun attrait pour les classes dangereuses, le pittoresque des malfaiteurs, pirates, coupeurs de bourses, et pour leur argot. L’un et l’autre connaissaient à fond le slang, qui est le « jars » londonien, et l’ «entravaient » avec une égale facilité. Mais Schwob avait une âme distinguée, exempte de toute tare secrète, et une sentimentalité judaïquement morale, au lieu qu’une source invisible distillait en Wilde des gouttelettes de poison, mêlées au flot de sa fantaisie. Il rappelait étrangement ce personnage double de Stevenson, tantôt excellent et bienfaisant sous les traits du Dr Jekyll, tantôt implacable et bestial sous le masque de master Hyde. C’était, en somme, un hérédo type, chargé d’un poids ancestral trop lourd pour un moignon de volonté. Physiquement, il était à la fois lourd et flasque, hideux par le bas du visage et presque majestueux par le front, l’enchâssement de l’œil et les temporaux. Quelqu’un l’avait assez exactement défini : un mélange d’Apollon et d’Albert Wolff. Il faut avoir connu l’épouvantable Wolff, cauchemar ambulant, pour comprendre la vérité de cette comparaison. Bavard et cancanier comme tous les infortunés de son tiroir antiphysique, Wilde ne cessait de dénigrer l’un et l’autre, ou de prétendre qu’il avait été calomnié, et de colporter sa propre justification, mêlée à des calomnies nouvelles. De sorte que je priai Schwob de ne plus me faire rencontrer avec un aussi fatigant coco. En lisant, quelques années plus tard, les sordides circonstances de son procès et de son malheur, je pus constater l’exactitude de mon diagnostic. À ces lignes implacables, s’ajoute un autre paragraphe, à peu près de la même eau (saumâtre !) : «Peu de temps après, éclata le scandale attendu du malheureux Oscar Wilde. Je dis attendu, car sa folie morale était notoire, et il est notoire aussi


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que l’Angleterre ne badine pas avec ce genre de débauche. Comme quoi on peut avoir des parties de grand artiste et, faute de caractère, finir en « observation » dans un recueil de psychopathie. Schwob et Sherard, qui admiraient Wilde et qui avaient de la sympathie pour sa personne, firent mille démarches, d’abord pour le tirer d’affaire, ensuite pour obtenir une atténuation de sa peine. Ils se brisèrent contre l’indignation de la société londonienne, irritée surtout d’avoir mis au pinacle un gentleman aussi « bad form ». Il n’est pas douteux que le persiflage qui lui était naturel aggrava le cas de Wilde et indisposa ses juges à l’extrême. Alas, alas, poor Oscar ! Lui aussi était de souffle court. Lui aussi avait une grosse figure bouffie. Lui aussi traînait un mauvais rêve. Mais sa fin, tout aussi tragique, fut beaucoup plus morne que celle de son confrère en hérédité chargée. Il était fait, non pour le château, plutôt pour le sanatorium d’Elseneur. [Daudet vient de parler d’Edmond de Goncourt et d’une visite faite à Elseneur…]».


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§10. DES CONFÉRENCES NORMS AND TRANSGRESSIONS IN VICTORIAN AND EDWARDIAN TIMES Conference convenors : Xavier Giudicelli & Catherine Heyrendt Université de Reims Champagne-Ardenne UFR Lettres et Sciences Humaines Bâtiment recherché 18 et 19 janvier 2013

Vendredi 18 janvier 9h00 – Opening of the conference Opening words - Thomas NICKLAS (director of CIRLEP), Jean-François BOULANGER (Dean of the Arts Faculty). 9h30 - PANEL 1 – Norms, Transgressions and Literature (1): Women Novelists. Leila AOUADI (Université de Tunis) - Norms and Transgressions in George Eliot’s Fiction: Deviation in Daniel Deronda. Arhundati SANYAL (Seton Hall University) - George Eliot: A Voice Created in Opposition. Marianne CAMUS (Université de Dijon) - Ruth (Elizabeth Gaskell), le roman de toutes les transgressions ? Leslie DE BONT (Université de Nantes), « I was the only one of the family, don't you know, who wasn't quite sane »: être femme, épouse, mère et artiste dans The Creators (1910) de May Sinclair. 11h30 – coffee break. 12h – KEYNOTE ADDRESS (1): Sara THORNTON (Université Paris 7 -Denis Diderot) 13h – Buffet lunch, on site. 14h15 - PANEL 2: Norms, Transgressions and Literature (2): Thematic and and Generic Transgressions in Fiction and Poetry.


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Françoise DUPEYRON-LAFAY (Université Paris Est Créteil, UPEC, ex Paris 12, EA 3958 IMAGER) - Transgressions, hybridité et grotesque dans les scientific romances de H. G. Wells : The Island of Dr Moreau (1896) et The Invisible Man (1897). Nathalie BANTZ (Université de Nancy II) - Hardy, Galileo and the Art of Transgression. Marina POISSON (Université de Paris 7 – Denis Diderot) - Transgression et "mauvais genre" dans l'œuvre romanesque de George Meredith (1828-1909). Bea Sanford RUSSELL (Princeton University) - 'A Land Where All Things Always Seemed the Same': Tennyson's Transgression of Narrative Difference. 16h15 – Coffee break. 16h30- PANEL 3: History, Culture and Society (1). Christian AUER (Université de Strasbourg) - La transgression du dogme du laissez-faire économique : l’intervention gouvernementale dans les Hautes Terres d’Ecosse, 1846-1847. Adrian C. PARK (Université de Reims). Titre à définir. Hortense GENINET (Université de Reims) - Henry Sidgwick : la transgression dans la norme. Dr. Richard D. BEARDS (Temple University, Philadelphia) - Poacher and Squire: Natural Rights vs. Social Class. 18h30 – Champagne reception (on site). 20h – Conference dinner (in town). Samedi 19 janvier 9h00 - PANEL 4 : Norms, Transgressions and Literature (3): From Pater to Forster. Lene ØSTERMARK-JOHANSEN (Department of English, Germanic and Romance Studies, University of Copenhagen) - Walter Pater’s Denys: Mythic, Medieval and Modern Transgressor. Bénédicte COSTE (Université de Bourgogne) - Wilde vs Regina? Literature against Politics in late nineteenth-century Britain. Virginie THOMAS (Université de Savoie) - « The Fleshly School of Poetry » : à l’assaut des modèles idéels victoriens dans « The Defence of Guinevere » de William Morris. François VERGNE (Université de Paris-Sorbonne Nouvelle) - Norme érotique et amours hors-norme : Frederick W. Rolfe et les Venice Letters.


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Thierry GOATER (Université de Rennes II) - La difficile sortie du placard ou les jeux de la norme et de la transgression dans Maurice 11h30 – Coffee break. 12h - KEYNOTE ADDRESS 2: Robert TOMBS (University of Cambridge). 13h - Buffet lunch, on site. 14h15 - PANEL 5: History, Culture and Society (2) David R. SORENSEN (St Joseph’s University) - “An Unnameable Object”: Carlyle, Frederick the Great, and the Love That Dared Not Speak its Name. Aurélie PETIOT (University of Cambridge) - From Comradeship to Homosociality: Sexuality in Robert Charles Ashbee’s Educational Method. Florence BINARD (Université Paris-Diderot) - Le débat sur l'homosexualité dans The Freewoman (1911-12). Claire WROBEL (Université de Lille II) - The Law and the Novelist: Wilkie Collins' ambiguous relation to penal reform in Armadale (1866). Jean-Michel YVARD (Université d’Angers) – Transgression et subversion : Charles Bradlaugh et l’athéisme militant à l’époque victorienne. 16h45 – Coffee break. 17h00 - PANEL 6: Norms, Transgressions and the Arts. Yvonne IVORY (University of South Carolina) - Undraped Models and Unruly Daughters: A Minor Portrait Photography Scandal in Late Victorian London. Clémence FOLLÉA (Université Paris 7 - Denis Diderot) - De Londres à Cape Town en passant par Toronto : les milieux urbains excentriques dans Oliver Twist, Twist (2003) et Boy Called Twist (2004). Isabelle CASES (Université de Perpignan) - Topsy Turvy de Mike Leigh : L’envers du décor ou la norme mise à mal. 18h30- END OF CONFERENCE.

The William Andrews Clark Memorial Library - Lecture on Oscar Wilde Oscar Wilde in the Market Place" A lecture at the William Andrews Clark Memorial Library —given by Dr. Rick Gekoski, Rare-book dealer and Fritter


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! From the very start of his career, Oscar Wilde wanted to be noticed. He was the leading literary celebrity of his day, honed his epigrams, and ensured that his books were issued in beautiful limited editions, which would be attractive to collectors. Following his death an enormous market in Wilde books, manuscripts, letters and memorabilia developed, and a number of unscrupulous forgers took advantage of the burgeoning market for Wilde items. In the 1920s and 1930s a number of major collections were formed, of which William A. Clark's holdings were the most significant. Oscar is still avidly sought after, and, as a rare book dealer, Dr. Gekoski has been able to help several collectors put together noteworthy collections. ! Dr. Rick Gekoski is one of the world’s leading bookmen: a writer, rarebook dealer, broadcaster and teacher. He is the author of three books which trace his major enthusiasms, Staying Up: A Fan’s View of a Season in the Premiership, Tolkien's Gown and Other Stories of Great Authors and Rare Books and Outside of a Dog: A Bibliomemoir, as well as a critical study of Joseph Conrad and a bibliography of William Golding. An American who left for England in 1966, he was for some years a member of the English Department at the University of Warwick, and chair of their Faculty of Arts. He has established two private presses, The Sixth Chamber Press and The Bridgewater Press, which issue finely printed editions of leading writers, novelists and poets. As a broadcaster, he has written and delivered two series for BBC Radio 4: Rare Books, Rare People and Lost, Stolen, or Shredded: The History of Some Missing Works of Art. Jeudi 31 décembre, à 14H00 William Andrews Clark Memorial Library Los Angeles


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§11. TÉMOIGNAGES D’ÉPOQUE Le cahier d’Oscar Wilde Par Henry D. Davray Né en 1872, Henry Davray est un éminent vulgarisateur de la littérature d’outre-Manche qui traduisit et fit découvrir les œuvres d’Oscar Wilde, Rudyard Kipling, Frank Harris, H. G. Wells, Joseph Conrad ou George Meredith. Il a notamment traduit le célèbre roman de H. G. Wells La Guerre des mondes. Premier à avoir traduit La Ballade de le Geôle de Reading en français, parue au Mercure de France en 1898. Henry-D Davray a consacré à Wide un ouvrage intitulé : Oscar Wilde, La Tragédie Finale Le 22 octobre 1927, il publie dans le supplément littéraire du Figaro, un article dont voici un large extrait, où il nous révèle l’existence d’un cahier appartenant à Oscar Wilde, dans lequel celui-ci prenait quotidiennement des notes, et qui, passé aux mains d’un libraire au moment de la vente des biens de Tite Street, aurait été dessossé et éparpillé.

! Dans, la littérature et l'art anglais de la fin du XIXe siècle, Dieppe et ses environs ont joué un rôle qu'on ne soupçonne guère. Les revues somptueuses et peu lues,, dans lesquelles cette jeunesse réprouvée publiait ses élucubrations, scandaleuses aux yeux des « philistins » du temps, The Yellow Book et The Savoy, contiennent maintenant la preuve de l'influence dieppoise, de l'effet produit par une atmosphère de gaieté et de liberté sur les timides révoltés d'outre-Manche. Et c'est à Dieppe qu'Oscar Wilde fut amené tout droit par ses amis le jour même où il sortit libre de la geôle de Reading. Toute cette génération subissait profondément l'influence française. Etait-ce une réaction contre le germanisme de 'Carlyle,' et de la génération précédente, une protestation contre la germanisation subreptice de l'Angleterre, favorisée par l'influence inaperçue de la reine Victoria, restée Allemande dans ses goûts et ses sympathies ? C'est possible. En tout cas, il est curieux de s'imaginer ce qu'auraient pu être les conséquences de cette 'influence française si Edouard VII avait succédé à sa «mère éternelle » douze ou quinze ans plus tôt. Il est vraisemblable que, par


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snobisme, l'aristocratie, les classes moyennes et le populaire- auraient adopté ses antipathies pour tout ce qui était allemand, comme on connaissait et approuvait dès lors sa détestation pour son neveu Guillaume. Sa préférence pour les choses françaises eût été en harmonie avec les prédilections de cette génération d'artistes et d'écrivains qui eurent, pour la plupart, une destinée malheureuse ou tragique, et dont l'effort pour libérer la pensée et le goût anglais se brisa si cruellement contre les préjugés d'une époque attardée dans une inertie impotente. ! Oscar Wilde fut un des écrivains d'alors qui rechercha le plus cette influence française. Il s'était certainement imprégné de Montaigne et de Pascal; il avait adopté leur manière de raisonner. Il emprunta à ces moralistes beaucoup de leurs pensées qu'il exprima sous une forme plus ou moins modifiée, en leur donnant un tour humoristique, une amusante causticité. Nul doute non plus qu'il ne fût familier avec La Rochefoucauld et Vauvenargues et qu'il ne se soit inspiré de plus d'une de leurs réflexions et maximes pour formuler un lien nombre des aphorismes ingénieux qu'on trouve dans ses essais, et plus d'une des éblouissantes répliques qu'il place dans la bouche des personnages de ses comédies. ! Mais il puisait à des sources plus directes. Chaque soir, sur un épais cahier de grand format, de son écriture hiéroglyphique, il notait les fragments de conversations, des mots et des traits d'esprit, des remarques et des opinions glanés au cours la journée. Lorsqu’après le procès de l’auteur, son mobilier fut vendu, ce cahier passa aux mains d'un libraire qui en détacha les pages pour les insérer dans des exemplaires en première édition des ouvrages de Wilde, dont il voulait augmenter la valeur. Il est regrettable qu'on ne possède plus ce recueil dans son entier; il permettrait de se rendre mieux compte des méthodes de travail de l'auteur de De Profundis. Peut-être y verrait-on que le caractère de spontanéité et d'aisance primesautière de son théâtre, de ses contes et de ses essais provient d'une élaboration réfléchie de la pensée. ! De nombreuses pages de ce cahier étaient rédigées en français. Oscar Wilde faisait à Paris de fréquents séjours. Des fenêtres de l'hôtel où il descendait, il apercevait, entre les feuillages des grands arbres, la masse des Tuileries et du Louvre, sur l'autre rive de la Seine. C'est là qu'il composa quelques-uns de ses plus beaux poèmes et qu'il écrivit quelques-uns de ses contes. On l'y venait voir. Sa renommée lui valait des invitations à des réceptions et a des dîners où il rencontrait les célébrités du jour. […]


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! L'existence de ce cahier semble mettre en contradiction la pratique de Wilde et sa doctrine. Il dit quelque part que « la bonne école pour apprendre l'art n'est pas dans la vie, mais dans l'art », théorie qu'il répète sous toutes les formes et qu'il développe en tous sens. Cependant, une bonne partie de son carnet de notes est faite d'emprunts à la vie, de détails pris sur le vif, Mais il a répondu d'avance à cette objection « On devrait absorber la couleur de .la vie, mais ne jamais s'en rappeler les détails, Les détails sont toujours vulgaires. » De même que le sculpteur «pense en bronze », l'écrivain emprunte les apparences de la vie pour en faire la réalité artistique. « Si, dit-il encore, l'on ne parle pas d'une chose, c'est comme si elle n'est jamais arrivée. C'est seulement l'expression qui donne la réalité aux choses. » Le rôle de l'artiste, selon Wilde, est donc de donner aux choses leur expression intellectuelle la plus parfaite qui sera, par conséquent, la plus belle. Vers la fin de De Profundis, on peut lire à ce sujet quelques pages admirables. En les écrivant, Wilde n'avait d'autre carnet que sa mémoire pour l'aider et les douloureuses expériences de son tragique destin. Henry D. Davray Le Figaro – Supplément littéraire – N° 446 – 22 octobre 1927


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§12. LA BIBLIOGRAPHIE DU MOIS Speranza et la famille Wilde

! Speranza, Lady Wilde, jeune femme Titre

Auteur

Edition

Date

Oscar Wilde and his mother. A memoir.

Anna de Brémont

Everett and Co, London

1911

Speranza, a biography of Lady Wilde

Horace Wyndham

T. V. Boardman, London, New York

1951

The Wildes of Merrion Square – The family of Oscar Wilde

Patrick Byrne

Staples

1953

The Parents of Oscar Wilde : Sir William and Lady Wilde

Terence de Vere White

Hodder & Stoughton, London

1967

Mad with much heart, a life of the parents of Oscar Wilde

Eric Lambert

Frederic Muller, London

1967

Ancient Legends, Mystic Charms, and Superstitions of Ireland. With sketches of the Irish past. To which is appended a chapter on "The Ancient Race of Ireland" by the late Sir William Wilde.

Lady Wilde

Galway: O'Gorman

1971

Ancient Legends, Mystic Charms and Superstitions of Ireland

Lady Wilde

O'Gorman Ltd

1975


RUE DES BEAUX ARTS Numéro 42 : JANVIER/FÉVRIER/MARS 2013 Mother of Oscar, The life of Jane Francesca Wilde

Joy Melville

John Murray, London

1994

Réédité en 1998 par Allison & Busby.

Lady Wilde “Speranza”: A Woman of Great Importance’

Maria Pilar Pulido

Colin Smythe

1994

Extrait de George Sandules cu, Rediscove ring Oscar Wilde

Tears and Blood: Lady Wilde and the Emergence of Irish Cultural Nationalism

Marjorie Howes

Four Courts Press, Dublin

1998

Extrait de Ideology and Ireland in the Nineteent h Century

A critical biography of Lady Jane Wilde, Irish revolutionist, humanist, scholar, and poet

Karen Sasha Anthony Tipper

Edwin Mellen Press, Lewiston, N.Y

2001

Legends, Charms and Superstitions of Ireland

Lady Wilde

Ancient Legends, Mystic Charms, and Superstitions of Ireland

Lady Francesca Speranza Wilde

Lulu.com

2008

Lady Jane Wilde's Letters to Froken Lotten Von Kraemaer, 1857-1885

Karen Sasha Anthony Tipper

Edwin Mellen Press, Lewiston, N.Y

2009

Lady Jane Wilde’s letters to Mr. John Hilson, 1847-1876, a critical edition

Karen Sasha Anthony Tipper

Edwin Mellen Press, Lewiston, N.Y

2010

Fiabe e leggende d'Irlanda.

Jane Wilde

Nuovi Equilibri Italie

2010

Lady Jane Wilde’s letters to Oscar Wilde, 1875-1895, a critical edition

Karen Sasha Anthony Tipper

Edwin Mellen Press, Lewiston, N.Y

2011

More lives than one,

Gerard Hanberry

Collins, Cork.

2011

2006

Introducti on de Karen Sasha Anthony Tipper; Préface de Mary A. Trottier

Fate, folletti e incantesimi raccontati da Lady Speranza madre di Oscar Wilde

The remarkable Wilde family through the generations

Préface de Bruce Bashford


RUE DES BEAUX ARTS Numéro 42 : JANVIER/FÉVRIER/MARS 2013 Essays and Stories, by Lady Wilde (Speranza)

Nabu Press

2011

Poems by Speranza

Jane Francesca Wilde

Rarebooks club.com – EtatsUnis

2012

Poems by Speranza

Jane Francesca Wilde

Nabu Press

2012

Œuvres de Lady Wilde Sidonia the Sorceress, traduit de l’allemand (Wilhelm Meinhold) The First Temptation, traduit de l’allemand (M. Schwab) Poems by Speranza (Dublin: James Duffy 1864) The Flag of Old England (London: H. D’Alcorn, [1878] Pictures of the First French Revolution, Episodes from the History of the Girondists, traduit du français (Lamartine) The Glacier Land [Impressions de voyage en Suisse], traduit du français (Alexandre Dumas) [trans. as Lady Jane Wilde,] The Future Life, d’ Emanuel Swedenborg Memoir of Gabriel Béranger (Dublin: Gill & Macmillan 1880) Driftwood from Scandinavia (London: Richard Bentley & Son 1884) Ancient Legends, Mystic Charms and Superstitions of Ireland ... (London: Ward & Downey 1887, 1888) Ancient Cures, Charms and Usages of Ireland: Charms and Usages of Ireland: Contributions to Irish Lore (London: Ward & Downey 1890) Notes on Men, Women, and Books (London: Ward & Downey 1891); Social Studies (London: Ward & Downey 1893).

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§13. WILDE, PERSONNAGE LITTÉRAIRE Singularités Par Gilles Bizien

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! Dans une mégalopole futuriste, le pouvoir est tenu par Hellsia Horn, un être démoniaque à la tête de l’organisation Werewolfv. Mais le pouvoir de ce tyran est contré par des êtres singuliers, des réfractaires. Et de ces singularités naîtra la sédition. Qui de Grégory Back le psychopathe, d'Avela Abibon la jeune politicienne, du nécromancien ou d’Oscar Wilde, réussira à faire fléchir ce royaume de ténèbres ? Réussiront-ils seuls ou devront-ils assembler leurs forces ? Éditions Kirographaires Si vous aimez les histoires …singulières !


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§14. HANDBAG

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La renaissance du Café Royal ! En 1890, le Café Royal était l’endroit à la mode où il fallait être vu. Oscar y venait souvent avec Bosie, et c’est là que le Marquis de Queensberry les surprit à déjeuner ensemble un jour de l’automne 1892, qu’il s’assit à leur table et se laissa un instant séduire par le charme de la conversation de Wilde. C’est là aussi qu’un autre jour, Oscar, qui était gris, s’imagina, en se voyant entouré de chaises rouges, qu’il se trouvait au milieu d’un champ de tulipes.


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! William Orpen – Le Café Royal, London (Musée d’Orsay).

Il est aujourd’hui transformé en hôtel cinq étoiles, pourvu de 160 chambres de grand luxe. Les salles réservées au public ainsi que le grill room ont été néanmoins préservés.


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Le nouveau Café Royal

! Max Beerbohm: Caricature of Oscar Wilde and Lord Alfred Douglas, 1914.


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§15. CINÉMA, TELEVISION, RADIO, CD, DVD

Peu d’actualité cinématographique en ce début d’année 2013. On attend toujours la sortie du Wilde Salomé mis en scène par Al Pacino. Le verrons-nous un jour ? Nous l’espérons tous. Deux films sont en préproduction: The Selfish Giant, de Clio Barnard, dont nous avons déjà parlé dans notre dernier numéro de 2012, et The Canterville Ghost, une version animée de la nouvelle d’Oscar Wilde, avec les voix de Stephen Fry et Hugh Laurie, et qui devrait sortir à Noël 2013.

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Le projet de film de Rupert Everett intitulé Le Prince Heureux, qui doit traiter des dernières années d’Oscar Wilde, devrait commencer à se concrétiser cet été avec les débuts du tournage. Cependant, la télévision a honoré Wilde le samedi 19 janvier 2013 en diffusant deux films d’Oscar le même soir : « Un mari Idéal » d’Oliver Parker (1999) à 20H45 sur Ciné + Emotion, et « Le Fantôme de Canterville » de Jules Dassin (1944) sur OCS Géants. Cette version du Fantôme de Canterville reste certainement la plus fameuse, bien que l’action ait été déplacée pendant la seconde guerre mondiale, et que !toute l’atmosphère victorienne soit perdue.


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Mais il en existe bien d’autres. En 1975, un movie TV avec David Niven (direction Robin Miller)

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En 1985, William F. Claxton dirigeait Richard Kiley dans une version télévisée du « Fantôme »

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En 1986, un film pour la télévision, tourné par Paul Bogart, mettait en scène Sir John Guielgud dans le rôle de Sir Simon Centre-ville

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En 1996, une nouvelle version est mise en scène par Syd Macartney, avec Patrick Stewart dans le rôle principal.

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En 1988, c’est Ian Richardson qui tient la vedette d’une nouvelle production

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En 2005, Un amour de fantôme (Das Gespenst von Canterville), un TV Movie tourné par Isabel Kleefeld. Il existe aussi une version indienne du Fantôme de Canterville, une Bollywood Ghost comedy, dirigée par Vivek Sharma, avec Amitabh Bachchan dans le rôle du spectre, ici appelé Kailash Nath (Bhoothnath). Ce film date de 2008 et il est sorti sous le titre de Bhoothnath. !

Signalons aussi les versions animées, comme celle de 2002 ou celle de 2007.

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§16. POÈMES OSCAR WILDE De Brendan Behan After all the wit In a sudden fit Of fear, he skipped it. That body once lively Dumb in the darkness. In a cold empty room Quiet, but for candles Blazing beside him, His elegant form And firm gaze exhausted. With a spiteful concierge Impatient at waiting For a foreign waster Who left without paying The ten per cent service. Exiled now from Flore To sanctity's desert The young prince of Sin Broken and weathered Lust left behind him Gem without lustre No Pernod for stiffner But cold holy water The young king of Beauty Narcissus broken. But the pure star of Mary As a gleam on the ocean. ENVOI Sweet is the way of the sinner, Sad, death without God's praise.


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My life on you, Oscar boy, Yourself had it both ways.

Quartier Latin – Mai 1949 (Traduit de l’Irlandais par Ulick O'Connor) Ce poème a déjà été diffusé en ligne dans « The Oscholars », avec la permission d’Ulick O’Connor.

Brendan Francis Behan (9 février 1923 - 20 mars 1964) était un écrivain irlandais, auteur de poèmes, de romans et de pièces de théâtre. Républicain engagé, il a été membre de l'IRA. Behan est l'un des dramaturges irlandais les plus connus du XXe siècle.


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§17. LA BOUTIQUE D’OSCAR Merrion Square miniature

! La compagnie Timothy Richards, située dans la ville de Bath, en Angleterre, confectionne des sculptures architecturales en plâtre représentant divers monuments, dont plusieurs sont les maisons d’écrivains célèbres, comme Jane Austen ou Dickens ou celles de personnages littéraires, comme Sherlock Holmes, au 221 Baker Street, à Londres. ! Parmi ces maisons restées fameuses, on trouve la maison natale d’Oscar Wilde à Merrion Square – Dublin. Oscar y demeura avec ses parents pendant les vingt-trois premières années de sa vie, avant de quitter l’Irlande pour s’installer à Londres. La maison, construite en 1762 par Thomas Keating, est un excellent exemple de maison de style géorgien. !

Poids: 1.2kg - Dimensions: 7.5"w x 4"h x 2.5"d £51.06 http://www.timothyrichards.co.uk/timothyrichards/ oscar_wilde_house_dublin_model.html


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Les Parfums d’Oscar Nous reproduisons ici l’article paru dans le numéro 41 et consacré aux parfums d’Oscar, leur conceptrice, Isabelle Martin, ayant manifesté le désir d’y apporter quelques corrections :

An Ideal Husband – An Ideal Wife - An Ideal Lover - A Perfect Woman – A perfect Man, des parfums Wildiens.

De nos jours, certains créateurs de parfums sont encore inspirés par Oscar Wilde. Il en est ainsi d’Isabel Martin, une de nos membres et amie de longue date, qui vient de lancer sous la marque « LISE LONDON », plusieurs parfums qui se veulent un hommage à Wilde. Une édition spéciale de ces parfums réservée aux membres des Sociétés Oscar Wilde est disponible depuis plusieurs mois sous la marque de sa créatrice Isabel Martin et désormais dans un autre flacon de 50 ml., sous la nouvelle marque LISE LONDON. !

An Ideal Husband est une eau de toilette pour les hommes d’esprit. Elle exhale des notes délicates d’agrumes siciliennes, s’élève vers un crescendo d’éléments aphrodisiaques épicés, pour atteindre un cœur floral exotique, mêlé de bois et d’ambre.


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Chaque flacon est fourni avec un manuel. An Ideal Husband, An Ideal Lover et A Perfect Man sont des eaux de Toilette de 50 ml. proposées au prix de 59€. An Ideal Wife et A Perfect Woman sont des eaux de Parfum de 50 ml. proposées au prix de 69€. Une remise de 10% est consentie sur chacun de ces flacons à tous les membres de la Société Oscar Wilde qui souhaitent les acheter. S’adresser à isabelmartinparfums@orange.fr

Isabel Martin est une autodidacte. Elle a collaboré pendant plusieurs années avec un parfumeur professionnel avant de suivre les cours de l’ISIPCA de Versailles, puis de se lancer dans un projet personnel en créant des parfums inspirés de la grande littérature, dont certains se veulent un reflet de l’immense admiration qu’elle porte à Oscar Wilde.


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§18. WWW.OSCHOLARS.COM ! www.oscholars.com abrite un groupe de journaux consacrés aux artistes et mouvements fin-de-siècle. Le rédacteur en chef en est David Charles Rose (Université d’Oxford).

Voir aussi le site allié www.thefindesiecle.com, rédactrice Tara Aveilhé (Université de Tulsa). THE OSCHOLARS est un journal international en ligne fin-de-siècle publié par D.C. Rose et son équipe de rédacteurs, consacré à Wilde et à ses cercles, il compte plusieurs mille lecteurs à travers le monde dont un grand nombre d’universitaires. On pourra y trouver les numéros de juin 2001 à mai 2002 (archives), et tous les numéros réalisées depuis février 2007. Les numéros de juin 2002 à octobre 2003, et d’octobre 2006 à décembre 2007 sont abrités par le site www.irishdiaspora.net. Vous y découvrirez une variété d’articles, de nouvelles et de critiques : bibliographies, chronologies, liens etc. L’appendice ‘LIBRARY’ contient des articles sur Wilde republiés des journaux. Le numéro 51 : Mars 2010 est en ligne ; mais on peut trouver sur le site plusieurs feuilletons mensuels. ! Désormais (automne 2012), THE OSCHOLARS apparaîtra chez http:// oscholars.wordpress.com/ THE EIGHTH LAMP : Ruskin studies to-day – rédactrices Anuradha Chatterjee (University of Tasmania) et Laurence Roussillon-Constanty (University of Toulouse). ! Désormais (janvier 2012), THE EIGHTH LAMP apparaîtra chez http:// issuu.com/theeighthlamp/docs/l87. THE LATCHKEY est consacré à ‘The New Woman’. Les rédactrices sont Petra Dierkes-Thrun (Stanford University), Sharon Bickle (University of Queensland) et Joellen Masters (Boston University). Le numéro le plus récent est en ligne mai 2012.


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MELMOTH était un bulletin consacré à la littérature victorienne gothique, décadente et sensationnelle. La rédactrice est Sondeep Kandola, Université de Liverpool John Moores. Le numéro 3 est en ligne, mais pour le moment autres éditions ne sont pas prévues. Moorings est consacré au monde de George Moore, écrivain irlandais, bien lié avec beaucoup de gens du fin de siècle, soit à Londres, soit à Paris. Le numéro 3, été 2008 est en ligne. Actuellement, on le recommence ici. RAVENNA fait une exploration des liens anglo-italiens au fin de siècle. Les rédacteurs sont Elisa Bizzotto (Université de Venise) et Luca Caddia (University of Rome ‘La Sapienza’). Le numéro 3 est en ligne fin mai 2010, mais pour le moment autres éditions ne sont pas prévues. Shavings est un bulletin consacré à George Bernard Shaw. Le numéro 28 (juin 2008) est en ligne ; désormais on le trouvera dans les pages de UpSTAGE. The Sibyl (commencé au printemps 2007) explore le monde de Vernon Lee, écrivaine anglaise, née le 14 octobre 1856 au Château St Léonard, à Boulogne sur Mer; décédée à Florence, le 13 février 1935. La rédactrice est Sophie Geoffroy (Université de La Réunion). Le numéro 4 (hiver 2008/ printemps 2009) est en ligne. Actuellement, on le recommence ici. UpSTAGE est consacré au théâtre du fin de siècle, rédactrices Helena Gurfinkel (University of Southern Iowa – Edwardsville), et Michelle Paull (St Mary’s University College, Twickenham). Issue no 5 est en ligne. VISIONS (deux ou trois fois par an) est consacré aux arts visuels du fin de siècle. Les rédactrices associées sont Anne Anderson (University of Exeter), Isa Bickmann, Tricia Cusack (University of Birmingham), Síghle BhreathnachLynch (anciennement National Gallery of Ireland), Charlotte Ribeyrol (Université de Paris–Sorbonne) et Sarah Turner (University of York). Le numéro 8 est en ligne, mais pour le moment autres éditions ne sont pas prévues. Toute la famille de journaux est servie par un groupe de discussion, annonces, messages et autre correspondance. Allez sur le lien suivant : http://groups.yahoo.com/group/oscholarship/


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www.oscholars.com est/était édité par Steven Halliwell, The Rivendale Press, spécialiste de la fin-de-siècle.


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§19. COSMOPOLITAN WILDE CALL FOR PAPERS

COSMOPOLITAN WILDE A CONFERENCE CELEBRATING 160 YEARS OF OSCAR

CENTRE CULTUREL IRLANDAIS, PARIS WEDNESDAY 10TH JUNE TO SATURDAY 13TH JUNE 2014 (Saturday will be reserved for papers in French)

Opening addresses: Declan Kiberd (Wednesday) ‘The Worlding of Oscar Wilde’ Pascal Aquien (Saturday) title t.b.a. We are calling for papers for what promises to be a major international gathering of Wilde scholars Possible topics, in no particular order, are but not confined to

(a)

WILDE IN HIS TIME

nWilde in France / Wilde and his French contemporaries nWilde as vagabond / expatriate

(a)

Moore, Shaw, Yeats, Somerville, Joyce &c

– WILDE’S LEGACY

nWilde’s European reputation nWilde and

nWilde and his Irish contemporaries:

21st

century theatre

nWilde beyond Europe nWilde and cinema

nWilde and the Visual Arts

nWilde and music

nWilde and the Internet

nTranslating Wilde

nCollecting Wilde

nWilde’s worldliness

nAdapting Wilde

nRe-writing Wilde

nWilde in fiction

nWilde and Postmodernism

nThe understudied Wilde

nWhere next in Wilde studies


RUE DES BEAUX ARTS Numéro 42 : JANVIER/FÉVRIER/MARS 2013 We now ask for abstracts of c.500 words (or even full papers) to be sent as attachments (Word) to melmoth.paris@gmail.com by 1st June 2013, where they will be distributed anonymously among the reading committee.

A 25 minute length is recommended.

Papers may be in either English or French and will be considered for publication by The Rivendale Press.

Scientific committee: ‘Tunde Awosanmi (Ibadan), Elisa Bizzotto (Venice), Colette Colligan (Simon Fraser), Michael Davis (Lemoyne), Petra DierkesThrun (Stanford), Kačāne (Daugavpils),

Emily Eells (Nanterre),

Irena Grubica (Rijeka), Ilze

Jarlath Killeen (Trinity College, Dublin), Pascale Mc

Garry (University College, Dublin), Sandra Mayer (Vienna), Sarah Maier (New Brunswick), Michèle Mendelssohn (Mansfield College, Oxford), Gilbert Pham-Than (Paris Nord), Ignacio Ramos Gay (València), Florina Tufescu (Romanian Wilde scholar based in Sweden), Emmanuel Vernadakis (Angers), Marie-Noëlle Zeender (Nice-Sophia Antipolis).


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§20. SIGNÉ...OSCAR WILDE

« Il n’y a pas de réparation possible, je suis déshonorée ; il ne l’est pas. C’est tout. C’est l’histoire banale de l’homme et de la femme, telle qu’elle se produit toujours. Et la fin de l’histoire est la fin habituelle. La femme souffre. L’homme s’en va libre. » (Mrs Arbuthnot – Une femme sans importance- Acte IV)

« There is no atonement possible. I’m disgraced; he is not. That is all. It is the usual history of a man and a woman as it usually happens, as it always happens. And the ending is the ordinary ending. The woman suffers. The man goes free.” (Mrs Arbuthnot – A woman of no importance – Fourth act)


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