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La consommation d’isomaltulose peut-elle avoir un effet bénéfique sur les performances sportives ?

1. Introduction

Les effets ergogéniques des glucides sont reconnus dans de nombreux sports et il est en général recommandé d’ingérer des mélanges de sucres à intervalles réguliers tout au long de la compétition Toutefois, certains sports ont la particularité de présenter des arrêts de jeu ou des durées variables ce qui peut engendrer des difficultés à s’approvisionner selon ces recommandations La rapide vitesse de digestion de la plupart des sucres ne facilite pas non plus cette problématique

L’isomaltulose (ISO) est un disaccharide appelé aussi PalatinoseTM trouvé naturellement dans le miel et la canne à sucre Il est composé de glucose et de fructose reliés entre eux par une liaison α-glycosidique (1 →6), dont la faible affinité avec les enzymes digestives entraîne une digestion particulièrement lente Avec sa structure chimique différente, il a intégré depuis quelques années le marché des suppléments alimentaires pour sportifs et il pourrait faciliter l’apport en glucides lorsque le suivi des recommandations est plus complexe

But : en comparaison aux glucides usuellement recommandés, l’isomaltulose pourrait-il avoir un effet particulièrement bénéfique sur les performances sportives ?

2. Méthodologie : Revue de litérature quasisystématique

Seuls les articles rédigés en anglais ou en français et portant sur la population de jeunes adultes en bonne santé, et physiquement actifs ont été sélectionnés Pour mesurer l’effet de l’isomaltulose, les outcomes étudiés sont : les concentrations plasmatiques en glucose et insuline, les oxydations de glucides et de lipides, la tolérance digestive et les performances sportives

La revue de littérature a permis de sélectionner 7 RCT dont 5 en double aveugle grâce au processus de sélection suivant :

Pubmed & Embase (N=66) doublons et par critères (N= 58) par analyse qualité (N=1)

3. Résultats

Les études sélectionnées ont peu de diversité sportive (cyclisme, course à pied, football), peu de sujets et uniquement de type masculin avec une VO2max comparativement similaire Les protocoles d’études sont différents (quantités et modes de consommation, tests de performance) et avec des CHO contrôles différents tableau 1 présente les effets de l’isomaltulose comparé aux CHO contrôles

Effet de lissage de la glycémie et de l’insulinémie avec l’ISO, tendance à observer des pics moins élevés comparé aux autres glucides

 Permet un apport en glucose et fructose plus stable et sur un laps de temps plus long

L’ISO est moins oxydé que le saccharose, ce qui semble aboutir à une oxydation plus importante du glycogène endogène (Achten et al , 2007)

 Epargne du glycogène pourrait être moins importante

Moins bonne tolérance digestive avec ISO qu’avec les autres glucides à partir d’une consommation d’environ 75 g cumulée (Amano, 2021)

 ISO semble à risque de provoquer des troubles gastrointestinaux

Résultats des performances sportives

 Comparé aux glucides (MDX, GLU, FRU, GLUFRU ou SUC): mesures dans des conditions variables, peu de résultats

 Comparé aux placebos non caloriques : l’ISO permet de meilleures performances sportives

5. Conclusion

Tableau 1 : différences recensées entre l isomaltulose et les glucides contrôles selon les diverses études analysées

* : p < 0,05 MDX : Maltodextrine GLUFRU : glucose-fructose

** : p < 0,01 GLU : Glucose SUC : sucrose

*** : p < 0,001 FRU : Fructose NS : non significatif ISO : Isomaltulose PLA : Placebo NM : non mesuré

1. Glycémie et insuline : atténuation des variations de glycémie avec l’utilisation de l’ISO par rapport aux glucides contrôles Glycémies et insulinémies plus basses que les glucides contrôles dans un premier temps, puis glycémies et insulinémies plus hautes avec ISO qu’avec les glucides contrôles

2. Tolérance digestive : l’ISO est plus à risque de causer des troubles digestifs lorsque les sujets consommaient de plus grandes doses cumulées (Amano, 2021 et Miyashita et al , 2019) Pas de différences dans la majorité des études

L’isomaltulose ne semble pas engendrer de différences sur les performances sportives malgré des effets métaboliques visibles (contrôle glycémique et oxydations) En comparaison au saccharose, l’isomaltulose semble moins bien épargner le glycogène musculaire L’ISO s’avère être plus à risque de troubles gastro-intestinaux à partir d’une consommation d’environ 75g cumulés Il est important d’également retenir qu’une consommation d’ISO est bénéfique pour la performance sportive comparé à la consommation d’eau ou d’autres substances non caloriques

Contacts : michaelmarquis19@outlook.com juliana.moll@hotmail.com

6. Limites & perspectives

3. Oxydations de substrats : oxydation glucidique de l’ISO plus faible que celle des glucides contrôles dans un premier temps, et oxydation lipidique supérieure Dans un deuxième temps, l’inverse se produit : oxydation glucidique supérieure et oxydation lipidique inférieure avec ISO A l’aide de traceurs isotopiques, l’étude de Achten et al , 2007 démontre que l’ISO a été significativement moins oxydé que les glucides contrôle, aboutissant à une oxydation de glycogène plus importante

4. Performance sportive : résultats divergents La plupart des études ne montrent pas de différences

• Études uniquement composées d’hommes sportifs en bonne santé avec un nombre total d’études et de sujets au sein des études limité La population étudiée est restreinte

 Des études sur les autres genres et les personnes atteintes de maladies comme le diabète seront nécessaires dans le futur

• Les protocoles d’études testent uniquement des produits constitués à 100% d’ISO

 Des combinaisons pourraient être intéressantes, par exemple : ISOSUC

• Les protocoles sont différents au niveau des quantités et modes de consommation et des tests de performance

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