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Développer une agriculture locale forte, diversifiée, dynamique ”
Pour le président du conseil départemental, Cyrille Melchior, la crise Covid vient renforcer la volonté de la collectivité de développer une agriculture locale forte, diversifiée, dynamique et résiliente.
L’ agriculture est au cœur des préoccupations du Département, à travers son plan Agripéi. Pour le président du conseil départemental, Cyrille Melchior, la crise Covid ne fait que renforcer une conviction : il faut continuer de développer une agriculture forte, diversifiée, dynamique et résiliente.
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• Suite à la crise Covid, comment voyez-vous le développement de l’agriculture à La Réunion ?
Cyrille Melchior : Le développement de l’agriculture à La Réunion est un sujet qui nous mobilise depuis plusieurs mois déjà. Il se traduit dans le plan Agripéi 2030.
Les orientations du Plan Agri Péi 2030 visent à développer la meilleure agriculture pour notre territoire, source de revenus pour nos exploitants, porteuse d’emplois, d’innovation et respectueuse de notre environnement. La crise sanitaire que nous traversons n’a fait que renforcer notre volonté de développer une agriculture locale forte, diversifiée, dynamique et résiliente. Cette démarche ne remet pas en cause le modèle agricole familial réunionnais. Nous souhaitons fournir de l’emploi au plus grand nombre tout en garantissant la viabilité du revenu agricole. Ce dernier peut être soutenu par des revenus connexes (énergie, tourisme, pluriactivité) permettant ainsi d’assurer un revenu suffisant.
• Cette agriculture doit-elle rester celle de l’après-guerre ?
C.M. : Aujourd’hui, les agriculteurs paient les impacts de la révolution verte et des modes de cultures plébiscités après-guerre. Il est fondamental de remettre en exergue les spécifi- cités et qualités des produits réunionnais et remettre l’agroécologie au centre des modes de production.
Par ailleurs, la crise sanitaire a rappelé la nécessité pour notre agriculture locale de répondre davantage aux besoins alimentaires de notre population. Nous devons donc être plus ambitieux et viser une plus grande autonomie alimentaire. Aussi, les productions locales qui permettent à ce jour de couvrir un peu plus de la moitié des besoins locaux (frais, congelés et transformés) et même entre 70 % et 100 % pour certains produits frais carnés (100 % par exemple avec le porc) doivent être en mesure de prendre des parts de marché sur les importations qui ne cessent malheureusement de progresser.
Nous devons consolider l’offre de produits congelés et transformés localement tout en consolidant nos filières dites “ traditionnelles ”. Il faut également explorer et renforcer d’autres cibles potentiellement à forte valeur ajoutée, par exemple les plantes aromatiques et médicinales, les productions fourragères, voire le cacao, et bien évidemment le bio qui correspond à une demande forte des consommateurs.
• Pourquoi miser sur l’agrotourisme ?
C.M. : Plutôt que de parler d’agrotourisme, je préfère utiliser le terme de “ tourisme rural ” qui correspond mieux et davantage à notre ambition en termes de développement touristique des Hauts.
Il s’agit de valoriser le travail des agriculteurs, mais aussi tous les acteurs qui évoluent autour de ce secteur, les artisans, les restaurateurs, les guides touristiques pour proposer aux touristes de l’hébergement et de la restauration de qualité dans les Hauts. Cette stratégie de développement du tourisme rural s’appuie sur plusieurs axes : soutenir des projets de transformation des produits de la ferme, renforcer le développement des circuits courts, notamment en soutenant les initiatives visant à dématérialiser ce type de commercialisation, en faire des vitrines des productions agricoles. Il y a un travail de rénovation des hébergements et un travail de formation des opérateurs ruraux.
Nous réfléchissons également au développement d’une marque, d’un label ou d’autre forme d’organisation visant à mieux identifier les produits agricoles transformés locaux et plus généralement la destination agricole Réunion.
• Est-ce que l’agrotourisme est aujourd’hui réparti sur l’ensemble du territoire ?
C.M. : La majorité des structures agrotouristiques se trouvent dans les Hauts de l’île. Pour 2/3 dans le Grand Sud. Les communes de Saint-Paul et celle du Tampon sont fortement représentées avec près de 40 % du total.
L’agrotourisme et plus largement le tourisme rural comptent pour 30 % des fréquentations.
C’est un lien entre les tourismes balnéaires et de pleine nature et un outil de démarcation pour La Réunion.
• Quelles mesures avez-vous prises pour accompagner les professionnels du monde agricole à La Réunion ?
C.M. : Nous avons élaboré un plan de relance afin de renforcer la sécurité alimentaire du territoire et valoriser la qualité de la production locale pour un montant de 32,5 millions d’euros pour la période 2020-2025. Ce plan poursuit plusieurs objectifs : l’aménagement des terrains productifs (rénovation de chemins agricoles et travaux légers d’aména- gement foncier) ; l’augmentation de la production végétale et animale et le développement de l’emploi agricole (création de banques de fourrage, expérimentation du R+ agricole) ; le développement d’investissements en matière de logistique, de transformation et de valorisation en aval (unités de stockage et de séchage, magasins de producteurs, création d’une marque territoriale, etc.) ; le développement d’actions plus spécifiques dans le domaine de la transition agroécologique (création de fermes de semences locales, plan bio).
• Quel rôle entend jouer le Département pour développer l’utilisation des produits locaux dans les cantines ?
C.M. : Le Département a en charge la restauration des collégiens (35 000 repas servis quotidiennement). En 2019, nous avons effectué 52 % des dépenses en faveur des produits issus de la production locale : 55 % pour les viandes, 66 % pour les légumes ou encore 73 % pour la catégorie épicerie fraîche, surgelée, et traiteur. Plusieurs projets sont mis en place afin d’augmenter cette part, de façon significative, dans les prochaines années. Nous menons des actions partenariales avec les filières de production locale. Je peux notamment citer l’action réalisée avec la filière volaille, au travers de la “ convention Volay Péi ”.
Depuis 2016, nous avons augmenté la consommation de volay péi de plus de 17 tonnes pour atteindre 103 tonnes aujourd’hui pour l’ensemble de nos unités de production. L’objectif est d’atteindre 63 % de produits péi, en dépenses, à moyen terme. Il ne sera malheureusement pas possible d’atteindre les 100 % car, par exemple, le volume de riz représente une part très importante des commandes effectuées au regard des habitudes alimentaires locales.