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Laurent Barau

Tous les ans, ce sont 100 000 pieds de cannes qui seront plantés, pour qu’au bout de quinze ans une nouvelle variété naisse. Au sein d’Ercane qui fête ses 91 ans cette année, Laurent Barau, directeur adjoint, cherche les variétés de La Réunion de demain.

La canne, c’est presque une histoire de famille pour Laurent Barau, directeur adjoint d’Ercane, organisme de recherche qui fête cette année ses 90 ans et dont la mission est d’accompagner à l’amélioration de la canne. Issu d’une famille de planteurs de l’Est, Laurent Barau est devenu ingénieur agricole à Toulouse avant de s’envoler vers le Congo pour travailler sur une plantation de canne. Il y a quinze ans, il a rejoint le centre d’essai recherche et formation, devenu Ercane en 2009 pour devenir sélectionneur.

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‘‘ Le sélectionneur, explique-t-il, c’est celui qui effectue la création variétale. Nous possédons ici près de mille variétés différentes, 60 % sont réunionnaises et 40 % sont étrangères ’’. Les planteurs, aujourd’hui, utilisent onze variétés, mais le but d’Ercane est de leur proposer de nouveaux plans plus adaptés aux cultures. Tous les ans, l’équipe de Laurent Barau effectue 2 500 croisements afin d’obtenir 100 000 plants. Durant quinze ans, ces plants seront sélectionnés, réduisant le nombre afin de trouver le Graal. À la fin, comme dans Highlander, il n’en restera qu’un, parfois deux. Il peut aussi ne rien rester. ‘‘ Nous libérons une nouvelle variété tous les deux ans, explique Laurent Barau. Nous avons deux grands objectifs : augmenter le rendement et aider à la lutte contre les maladies, par exemple la rouille brune contre laquelle nous avons sélectionné des plants résistants ’’.

Au début de l’histoire d’Ercane, il y a les cannes nobles venues de Papouasie Nouvelle-Guinée. Celles-ci étaient très adaptées à leur milieu d’origine, mais plus fragiles sur le sol réunionnais. Les sucreries de La Réunion forment un premier groupe d’étude. C’est le début d’une aventure faite d’amélioration végétale, mais également de recherche sur les cultures. Sur le plan technique, les croisements se font de manière naturelle aux mois de mai et juin, lorsque la canne fleurit.

‘‘ La canne est un végétal très complexe sur le plan génétique. Elle possède entre 100 et 120 chromosomes, précise Laurent Barau. Avec l’aide du Cirad, nous avons bon espoir d’avoir des outils pour repérer certains phénotypes et nous aider dans la sélection des plants. Quand on connaît par exemple un gène ayant une action positive, par exemple protégeant la plante de la rouille, on peut le marquer et éliminer les plans qui ne le possèdent pas. Le souci, c’est que très souvent, ce n’est pas un seul gène qui intervient dans le codage, mais plusieurs ’’.

Autre défi à relever pour les sélectionneurs d’Ercane, celui d’Ecophyto qui impose aux agriculteurs de diviser par deux l’emploi de pesticides dans leurs cultures. Dans le cas de la canne, le défi est de taille, car la culture requiert déjà peu d’intrants et les marges de manœuvres sont difficiles. Pour Laurent et ses collaborateurs, le temps des semis ont débuté. Rendez-vous dans quinze ans pour peut-être voir ces plants dans les champs.

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