Manuel d'auto-déconstruction

MANUEL D’AUTO-DÉCONSTRUCTION Comment déconstruire plutôt que démolir

Contact Hannah Höfte, diplômée d’état en architecture ENSAPM, 2019 hoftehannah@gmail.com instagram : deconstruisons

Ce manuel est à destination de toute personne souhaitant récupérer des éléments constructifs pour leur réemploi. Il donne des éléments de méthode de dépose minutieuse que chacun pourra mettre en oeuvre sans compétence particulière.

Ces conseils résultent de l’expérience de déconstruction d’un pavillon des Yvelines des années 1960. Ils correspondent à ce type de construction et ne sont donc pas exhaustifs quant à la diversité des assemblages et modes constructifs qui pourront être rencontrés en déconstruisant.

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MatĂŠriel

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En amont

Avant de démarrer toute opération de démontage, il est important de réaliser, même succintement, un inventaire ressource afin de quantifier et caractériser les éléments constructifs intéressants à récuperer, selon la qualité des matériaux, leur état, leurs dimensions, leur valeur économique et surtout leur potentiel de réemploi.

S’assurer, dans la mesure du possible, que la construction ne présente pas de risque d’exposition à l’amiante ou au plomb.

La logistique est un élément conséquent d’un chantier de déconstruction, elle doit être programmée en amont, notamment le stockage sur le chantier, le conditionnement et le transport.

Installer une zone de stockage sur le chantier comportant des palettes qui pourront directement recevoir les matériaux récupérés, en veillant à ne pas trop les surcharger afin de pouvoir les transporter facilement ensuite.

Prévoir du matériel pour le conditionnement des éléments récupérés : scotch, papier cellophane, sangles, cartons.

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Les portes

Les portes sont les éléments les plus faciles et rapides à récupérer. Effectuer cette opération en premier lieu pour faciliter la circulation sur le chantier.

1. Dévisser les poignées de portes et bien les scotcher ensemble.

2. Dégonder la porte à l’aide d’un pied-de-biche et d’un peu de dégrippant si nécessaire.

3. Les cadres de portes sont plus compliqués à récupérer. A l’aide d’un burin et d’un marteau, briser le placo tout autour afin de le déloger. Selon le type de construction, ils peuvent être plus ou moins accessibles. Cela peut valoir le coup de les récupérer dans le cas de portes particulièrement qualitative.

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Les châssis et cadres

C’est une opération assez physique mais simple techniquement.

1. Dégonder les ouvrants à l’aide de dégrippant si nécessaire 2. Retirer la couche de placo plâtre et d’isolant à l’aide d’un marteau et d’un burin sur environ 15-20 cm de part et d’autre du cadre.

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3. Faire apparaître ainsi les platines qui fixe le cadre à la maçonnerie. Si elles sont recouvertes d’une couche de ciment, dégager les à l’aide d’un burin et d’un marteau.

4. Dévisser les platines. Une fois toutes les platines dévissées, le cadre peut être retiré de son champ à l’aide d’un pied-de-biche, en veillant à faire levier simultanément de chaque côté pour le dégager petit à petit.

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Le parquet massif

C’est une opération assez physique mais simple techniquement.

1. Le long d’un mur, retirer une latte qui sera sacrifiée, à l’aide d’un pied de biche. Observer le sens de pose du parquet (par l’orientation des clous par exemple) de façon à le déposer dans le sens contraire de la pose et éviter d’abimer les lattes.

2. Déloger les premières lattes en les déclouant une à une à l’aide d’un burin et d’un pied de biche

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3. Une fois quelques rangées de lattes retirées, passer le pied de biche sous le parquet et faire levier pour déclouer une série de planches et les déclipser les unes des autres. Le démarrage est laborieux, mais après quelques rangées décollées, le tout se démonte assez facilement.

4. Faire attention aux clous dans chaque latte. L’idéal est de les faire sortir à l’aide d’un marteau arracheclou, ce qui ajoute un peu de temps à l’opération. Si le temps manque, il est possible de les couper plus rapidement à la tenaille ou à la disqueuse.

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Le parquet stratifié

Le parquet stratifié est très facilement récupérable.

Cependant, selon sa qualité, la languette peut être fragile et se casser au moment de la dépose.

1. En commençant le long d’un mur, déloger une première latte en faisant levier à l’aide d’un tournevis plat.

2. Déclipser les planches les unes des autres.

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Les pavés de verre

Ce joli matériau est assez facilement récupérable, avec un peu de patience et de précaution.

Protéger le sol d’une couverture ou d’un matelas 1. Les briques de verre sont entourées de ciment, qu’il s’agit dans un premier temps de casser. À l’aide d’un burin et d’un marteau, éventuellement d’une meuleuse avec un disque diamant, deux premières entailles dans le coin supérieur permettent de décrocher un premier bloc de ciment.

2. Une fois libérées du ciment qui les entoure, les briques de verre, qui sont simplement posées, peuvent être récupérées facilement à la main. Une certaine minutie est nécessaire afin d’éviter d’abîmer les pavés, qui peuvent être très coupants si écorchés.

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Les dalles de terre cuite

Ce matériau de terrasse extérieur est très simple à récupérer, qui ne présente pas de difficulté technique mais de la logistique.

1.Déloger les dalles de terre cuite une à une de leur mortier. Selon sa dureté, utiliser un marteau et un burin.

2. A l’aide d’une brosse métallique, retirer le gros du mortier au dos de chaque dalle. Leur surface devra faire l’objet d’un nettoyage plus en profondeur.

3. Organiser les dalles directement sur une palette de stockage. Attention au poids de la palette pour qu’elle reste transportable, les dalles pouvant étant assez lourdes.

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Le carrelage mural

Selon la taille et la qualité des carreaux, cela peut être plus ou moins aisé d’en récupérer sans les casser.

L’intérêt de récupérer ce matériau par rapport au temps et à l’énergie dépensée est relative moindre, à part pour des éléments très spécifiques.

1. Décoller le joint entre les carreaux à l’aide d’un tournevis plat ou d’un petit burin, puis faire levier par le haut pour décrocher le premier carreau et ainsi de suite, de haut en bas.

2. Gratter les carreaux de la colle qui reste sur leur dos, à l’aide d’un burin ou d’un tournevis plat. Cette opération est longue et laborieuse.

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Les radiateurs

Les radiateurs, selon leur typologie, peuvent être intéressants à récupérer. Les radiateurs à eau sont robustes et peuvent avoir une valeur patrimoniale comme ceux en fonte. Ils sont par ailleurs très faciles à démonter. Attention, le fonctionement peut varier d’un radiateur à l’autre.

1. Couper l’arrivée d’eau de l’habitat 2. Ouvrir complètement la vanne du thermostat 3. A l’aide d’une clé à molette, dévisser le purgeur

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4. A l’aide d’une clé à molette, dévisser l’écrou solidarisant le radiateur des tuyaux d’arrivée et de sortie d’eau.

5. Placer un seau sous le radiateur afin de récolter l’eau qui s’échappera au moment du démontage.

6. A l’aide d’une scie à métaux (ou d’un coupe tuyau de plombier), scier les deux tuyaux en cuivre émergeant du mur, en laissant une marge suffisante afin qu’ils puissent être re-soudé par la suite. De l’eau peut sortir à ce moment là.

7. Vider le radiateur de l’intégralité de son eau via le purgeur, l’eau peut être noire, attention aux tâches!

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Conditionnement et transport

Il est important de mettre au point dès le début du chantier des solutions pratiques de transport et de stockage des matériaux.

Prévoir des palettes pour stocker les matériaux pendant le chantier et pour les transporter ensuite, à l’aide d’un transpalette, également très utile.

Par exemple, scotcher les planches de parquets en «ballots » de 5 saisissable à une main, ou entourer les palettes de cellophane ou de sangles afin d’éviter que les éléments ne glissent ou soient abîmés.

Le chargement du camion à la fin du chantier est un élément à ne pas sous-estimer ; prendre le temps de soigner un chargement organisé des matériaux et garantissant leur protection. Des couvertures ou des cartons peuvent être utilisés pour protéger les éléments, notamment les vitrages. Prévoir éventuellement des petites cales en plastique ou en bois pour les éléments empilés et fragiles.

Si les matériaux doivent être stockés avant leur réemploi, prévoir un lieu de stockage à l’abri de la pluie ou bien bâché pour éviter que les matériaux soient abimés. Veiller à un accès aisé du stockage pour le transfert ensuite par camion.

Enfin, un camion avec hayon est toujours préférable !

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10 Le manuel ne demande qu’à être enrichi au fur et à mesure des expériences et des modes constructifs rencontrés.

Si vous souhaitez contribuer, n’hésitez pas à me contacter !

Temps passé : Niveau de difficulté :

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Ce manuel est à destination de toute personne souhaitant récupérer des éléments constructifs de son habitat pour leur réemploi. Il donne des éléments de méthode de dépose minutieuse que chacun pourra mettre en oeuvre sans compétence particulière.

Ces conseils résultent de l’expérience de déconstruction d’un pavillon des Yvelines des années 1960. Ils correspondent à ce type de construction et ne sont donc pas exhaustifs quant à la diversité des assemblages et modes constructifs qui pourront être rencontrés en déconstruisant.

Ce manuel constitue cependant une base facilitant l’organisation d’un chantier de déconstruction, qui ne demande qu’à être enrichi des expériences de chacun.

Alors, dé-construisons !

Manuel réalisé par Hannah Höfte à la suite du chantier «déconstruisons» (octobre 2018) et dans le cadre de son Projet de Fin d’Etudes d’architecture à l’ENSAPM (2019), «Matière, mémoire, ressource».