Hall Of All n°2 - 2023

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--Musique--

Stevie Wonder, une carrière bien remplie avant même ses 18

ans…

Avec la Motown, on ne perd pas de temps Rien que pour l’année 1962, Little Stevie Wonder enregistre deux albums Avec Tribute to Uncle Ray, projet majoritairement composé de reprises de Ray Charles, la maison de disques place le petit prodige dans la lignée du Genius, lui aussi aveugle et afro-américain

Mais Stevie Wonder n’est pas du tout là pour copier et reproduire Ray Charles Dans The Jazz Soul Of Little Stevie, le jeune artiste est déjà crédité sur l’écriture de deux titres Si on ne l’entend pas chanter dans cet opus, la Motown s’attache à bien montrer ses divers talents, en lui faisant jouer de l’harmonica, du bongo, de l’orgue, du piano ou encore de la batterie En 1963, l’enregistrement live d’un des titres de cet album, ‘‘Fingertips’’ , permet à Stevie Wonder de devenir le premier artiste de l’histoire à atteindre la première place du Billboard Hot 100 et du R&B Singles Chart Dans les versions studio et live et de ce succès, Stevie Wonder joue de l’harmonica et du bongo, et c’est un certain Marvin Gaye, encore méconnu du grand public, qui s’occupe de la batterie

Mais l’effervescence redescend très vite et les albums suivants de Stevie Wonder se vendent assez mal En parallèle, le chanteur s’essaye au cinéma en jouant dans deux films pour adolescents, mais ne marque pas les spectateurs Ainsi, le chanteur manque de peu de voir son contrat rompu au milieu des années 1960

“Ils ont juste senti que je ne faisais pas vraiment d’argent pour la compagnie Ma voix devenait plus grave [hanging] ils ne savaient pas quoi faire”

Stevie Wonder (Tenley Williams, Stevie Wonder, 2002)

Mais grâce à l’intervention de Sylvia Moy, le label offre une dernière chance au jeune chanteur L’auteure-compositrice écrit une chanson en se basant sur un riff musical que Stevie Wonder avait joué devant elle et des paroles que ce dernier avait chantées devant Clarence Paul L’association de ces idées donne le single “Uptight (Everything’s Alright)” (1965) L’accueil dépasse les attentes, et Stevie Wonder perce même au Royaume-Uni L’engouement est si important que la Motown décide alors de travailler sur un nouvel album avec l’artiste : Up-Tight Dans ce projet, Stevie Wonder gagne une certaine importance dans l’écriture des titres, se voyant crédité sur 5 titres, alors même qu’une partie des morceaux sont des reprises

En 1959, le producteur Berry Gordy crée Tamla Records, qui prend ensuite le nom de ‘‘Motown’’ en 1960 Cette maison de disques se démarque assez rapidement en signant essentiellement des artistes afro-américains Le label connaît ainsi de grands succès dès ses débuts, avec des titres comme ‘‘Money (That’s What I Want)’’ de Barrett Strong (1959) et “Shop Around” des Miracles (1960), deux tubes qui seront classés dans le Top 500 des plus grandes chansons de l’histoire du Rolling Stone Magazine en 2004

C’est ainsi tout naturellement que la Motown signe en 1961 un prodige afro-américain qui fête alors ses 11 ans : Little Stevie Wonder

Le nom du chanteur en dit long sur son potentiel Loin d’être le fruit du hasard, il aurait été choisi peu de temps avant la signature du contrat par Clarence Paul, son mentor, à moins que ce ne soit par Berry Gordy lui-même

Enchaînant dès lors les hits et regagnant une place de choix au sein de la maison de disques, Stevie Wonder se met alors à composer pour d’autres artistes Il participe notamment à l’écriture du morceau “The Tears Of A Clown” (1967), l’un des plus grands succès des Miracles, en compagnie de Hank Cosby, qui a beaucoup écrit pour lui depuis le début de sa carrière, et de Smokey Robinson, le chanteur vedette du groupe En 1967 justement, il ne coécrit le tube “I Was Made To Love Her” qu’avec des gens qui ont contribué à sa montée en puissance : Hank Cosby, Sylvia Moy mais également Lula Mae Hardaway, sa propre mère Ce titre sera classé n°14 du Billboard Year-End Hot 100 singles de l’année 1967 L’année suivante (1968), il connaîtra un énième succès avec “For Once In My Life”, qui est pour sa part une reprise Tout cela avant de souffler les 18 bougies

Stevie Wonder au début des années 1960 (© CSU Archv/Everett / Rex Features)

Hornets Sabotage : lasaison2000-2001 de Watford FC

deux hommes étaient arrivés pour la première fois au club, ce dernier s’enlisait en D4 Six saisons plus tard, en 1983, Watford FC était vice-champion de D1 Et en 1984, il atteignait la finale de la FA Cup Ainsi, lorsque le duo reprend le club en main, alors que celui-ci est englué en D3, bis repetita, ou presque 1er de D3 à l’issue de la saison 1997-1998, Watford est promu en Premier League dès la saison suivante après avoir battu Bolton Wanderers en finale des play-offs Mais l’effectif est alors trop frêle et inexpérimenté pour parvenir à garder sa place dans l’élite Ainsi, le club repart en D2 avec la majorité de ses cadres, parmi lesquels Allan Smart, n, Rob Page et le buteur Tommy Mooney

que ce n’est que partie remise, et le début 000-2001 confirme cette idée En effet, le ue réussir son début de saison Il réalise en e presque parfaite, si bien qu’au matin de la atford FC n’a toujours pas connu la défaite ment avec 15 victoires et 3 matchs nuls, il à devancer Fulham FC, futur champion de e que les Cottagers avaient remporté leurs urnées

Si les supporters de Watford FC sont habitués aux montagnes russes depuis les années 1980, c’est dans une véritable tour de chute qu’ils ont pris bord lors de la saison 2000-2001 En effet, après une longue élévation qui a permis au club de contempler des horizons inespérés, la nacelle a subitement lâché, engendrant un brutal retour à la réalité

Ce qui est sûr, c’est que la saison précédente fut bien moins mouvementée Alors en Premier League, le club a très rapidement sombré dans les méandres du championnat Relégable à partir de la 12e journée, Watford FC n’a jamais vraiment cru au maintien et a terminé bon dernier avec 24 points, soit 7 de moins que le 19e, Sheffield Wednesday, et 12 de moins que le 17e, Bradford City, qui n’a pas proposé une saison extraordinaire non plus Pire attaque, pire défense, pire nombre de victoires : le club a accepté son sort sans broncher Mais cette descente n’a alors rien de dramatique Les fans relativisent en effet en se disant que le club est toujours mieux lôti qu’en 1997, lorsqu’il végétait encore en D3 De plus, on se dit que Watford FC est peut-être monté trop rapidement, tout simplement 1997 est en fait une véritable année charnière : elle marque en effet le retour de deux légendes du club dans le staff de Watford FC : Elton John en qualité de président et Graham Taylor en tant qu’entraîneur Dans les années 1980, ce duo avait symbolisé l’âge d’or des Hornets En 1977, lorsque les

p, comme une crampe juste devant la ligne s que le club dominait les débats avec 39 journées, les Hornets entament une gringolade à partir de la 16e journée La e du club de la saison, 1-3 face à Sheffield équipe également reléguée l’année se la première brique d’une dramatique série sans victoire, si bien qu’à l’aube de de la atford FC est 8e du championnat, avec 40 rachever cette cascade de la plus belle des am FC, maintenant 1er avec 16 points ie le club 5 à 0 le soir du Boxing Day Redescendu sur terre, le club se refait ensuite une santé avec trois victoires d’affilée de la 24e à la 26e journée et termine sa saison en dents de scie avec un peu moins d’une victoire tous les trois matchs

A l’issue de la saison, Watford FC finit ainsi avec un bilan honorable mais extrêmement frustrant de 69 points :

● Honorable car cela permet au club de terminer 9e sur 24 équipes, avec 21 points d’avance sur le premier relégué : Huddersfield Town AFC

● Extrêmement frustrant car si les Hornets avaient continué sur leur lancée, ils auraient transpercé la barre des 100 points bien avant la fin du championnat, à l’instar de Fulham FC (100 points au bout de 44 journées) Au lieu de cela, le club a inscrit moins de points sur les 33 dernières journées (34) que sur les 13 premières (35) A partir de la 16e journée, Watford FC a remporté 7 points de moins qu’Huddersfield Town Ainsi, le bilan est d’autant plus frustrant quand on sait que le club a raté les play-offs pour 5 petits points West Bromwich Albion, 6e et donc dernier qualifié pour les play-offs, comptait quand même 12 points de retard au bout de 15 journées

A l’issue de cette saison, Graham Taylor tirera ainsi sa révérence L’année suivante, ce sera au tour d’Elton John

--Sport--

--Musique-Kenny Gamble et Leon Hu, les producteurs aux 175 singles disque d’or

guitare et des chœurs Comme en témoignent bien “Love Train” et “Time To Get Down” des O’Jays (1972), deux morceaux qui marient guitare, violons et chœurs, le son de Gamble & Huff respire l’été Sur certains morceaux écrits par le tandem, tel que “The Love I Lost” (1973) de Harold Melvin & The Blue Notes, la rapidité du jeu de batterie préfigure même la période disco La “Philadelphia Soul” est ainsi considérée comme l’un des grands précurseurs de ce genre musical qui émergera à Philadelphie et New York au milieu des années 1970

La carrière de ce révolutionnaire tandem, prolifique durant la décennie 1970, a été couronnée de succès Au total, plus de 175 singles composés ou écrits par les deux hommes ont dépassé le million de ventes Mais en réalité, les deux hommes ont connu leurs premiers succès dès la fin des années 1960, en écrivant notamment “Expressway to Your Heart” des Soul Survivors, titre qui atteindra la 4e place du Billboard Hot 100 et même la 18e du Billboard Year-End Hot 100 Singles de 1967

Dans le Billboard Hot 100 de la semaine du 20 avril 1974, “Bennie and the Jets” d’Elton John et “Hooked on a Feeling” de Blue Swede se voient devancés par le nouvel hymne de toute une ville : “T S O P (The Sound of Philadelphia)” de MFSB ft The Three Degrees

Si le titre est essentiellement instrumental, cela s’explique par le fait que le groupe MFSB est un orchestre De 1971 à 1981, cette troupe de session a travaillé au service de deux auteurs-compositeurs-producteurs très prolifiques, Kenny Gamble (né en 1943) et Leon Huff (né en 1942), au sein du label Philadelphia International Records Comme les Funk Brothers à la Motown, MFSB est composé de plusieurs pianistes, saxophonistes, trompettistes, percussionnistes Cette variété de profils et le nombre de musiciens au sein du groupe (une trentaine) ont ainsi permis de mettre au jour les riches et complexes compositions du tandem Gamble & Huff, et de créer un son unique Le duo est effectivement indissociable de la “Philadelphia Soul” Cette musique, facilement reconnaissable, est marquée par la richesse des arrangements et des instruments, la grande place offerte aux violons et aux cuivres mais aussi par une certaine chaleur émanant de la

Parmi leurs plus grands faits d’armes, le duo est derrière les chansons les plus célèbres de Billy Paul, regroupées dans l’album 360 Degrees of Billy Paul (1972) Alors que le morceau “Am I Black Enough For You ?” témoigne de l’activisme politique du label, “Your Song” transforme une ballade d’Elton John en un tube disco avant l’heure Mais le plus grand succès de Billy Paul est certainement “Me and Mrs Jones”, n°1 du Billboard Hot 100 pendant trois semaines en décembre 1972 Les paroles de ce hit ont été écrites par Cary Gilbert, lui qui a également travaillé avec Gamble & Huff sur le texte de “Don’t Leave Me This Way” de Harold Melvin & The Blue Notes Ce dernier titre deviendra un tube planétaire quand il sera repris en 1977 par Thelma Houston puis en 1986 par The Communards Mais si Harold Melvin est par définition le leader de ces fameux Blue Notes, le membre le plus célèbre du groupe est en fait Teddy Pendergrass Si celui-ci quitte le groupe en 1976 pour entamer une carrière solo, il continue d’être suivi par Gamble & Huff Le tandem produit et compose ainsi la majorité des titres de son album Life is a Song Worth Singing (1978), dont les tubes “Only You” et “Close the Door” qui deviendra n°1 du Hot R&B Songs

Mais plus fort encore, Kenny Gamble et Leon Huff ont produit, avec Bunny Sigler, Back Stabbers des O’Jays (1972), classé 318e plus grand album de tous les temps par le Rolling Stone en 2012 Ils ont notamment composé l’hymne “Love Train” Et pour ce qui est du titre “Back Stabbers”, il a été écrit par Leon Huff avec McFadden & Whitehead, autre tandem de producteurs notable du label Les O’Jays apparaissent eux aussi comme des protégés du duo, qui produira leurs albums suivants Dans le projet Ship Ahoy (1973), Gamble & Huff composent notamment “For the Love Of Money” et “Now That We Found Love”

Toutefois, le tandem a beau être une machine à tubes, il n’a jamais écrit pour des superstars En 1976, il produit quand même, avec McFadden & Whitehead, l’album The Jacksons du groupe éponyme, renommé ainsi après son départ de la Motown Alors que le duo écrit les hits “Enjoy Yourself” et “Show You the Way to Go”, il permet aussi à Michael Jackson, encore ado, d’écrire ses premières chansons

Une vitrine effectivement bien remplie (© The Hollywood 360)

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The Birth of a Nation, le chef d’oeuvre qui relança le Ku Klux Klan

Cette volte-face illustre un véritable problème qui tiraille les critiques de cinéma Chef-d'œuvre de technique et de narration, The Birth of a Nation est d’un côté un film pionnier dans l’histoire du cinéma De l’autre, la production est légitimement accusée d’avoir permis la renaissance Ku Klux Klan, mouvement alors mort depuis les années 1870

Mais en quoi s’agit-il d’un chef-d'œuvre ?

The Birth of a Nation est d’abord considéré par de nombreux critiques comme la première superproduction de l’histoire du cinéma en raison de sa durée (3h10), de la représentation spectaculaire de scènes de batailles, et du succès populaire phénoménal que le film a rencontré Mais The Birth of a Nation n’est pas seulement un blockbuster divertissant Le film est effectivement reconnu pour être truffé d’innovations techniques et narratives Selon Sergueï Eisenstein, D W Griffith a ainsi “tout créé, tout inventé Il n’y a pas un cinéaste au monde qui ne lui doive quelque chose” Sa manière d’alterner les plans et les séquences et sa façon de raconter une histoire ont notamment été particulièrement influentes

“Il faudra D W Griffith et [Birth of a Nation] pour découvrir la beauté intemporelle des plans rapprochées psychologiques ou des gros plans qui soulignent les réactions intimes d’un personnage par la magie de leurs cadrages serrés et dévoilent son âme avec ses multiples facettes”

Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, 2010, p 155

Mais comment le film a-t-il pu faire renaître le Ku Klux Klan ? Si Griffith sait bien raconter une histoire, on comprend qu’il est pour lui facile de diffuser un message avec son œuvre Or, The Birth of a Nation est loin d’être un film neutre L’idée du film est issue de l’initiative d’un sympathisant du Ku Klux Klan En 1913, Thomas F. Dixon Jr. cherche un réalisateur pour adapter son roman The Clansman : A Historical Romance of the Ku Klux Klan D W Griffith est intéressé et décide alors de réaliser le film qui relate ainsi une histoire romancée, orientée et raciste de la guerre de Sécession et de la période dite de Reconstruction

( y y g )

En 1998 et 2007, l’American Film Institute a publié deux éditions différentes du classement des 100 plus grands films états-uniens de l’histoire du cinéma Or, entre ces deux listes, on constate des changements notables Des productions très bien classées en 1998 n’apparaissent plus dans la liste de 2007, et à l’inverse, des productions absentes de la liste en 1998 se trouvent dans le top 50 en 2007

En haut de ce classement, on assiste notamment à un véritable turnover entre deux œuvres d’un même réalisateur, à savoir Birth of a Nation (1915) et Intolérance (1916) de D.W. Griffith 44e en 1998, le premier film disparaît de la liste en 2007, au profit du second qui surgit alors à la 49e position Mais le titre de ces deux œuvres est trop significatif pour ne pas y deviner une intention politique En effet, pourquoi une œuvre visiblement promotrice des notions de tolérance, d’unité et d’amour, remplace-t-elle dans la liste de l’AFI un film semblant retracer la création d’un sentiment de fraternité ?

La représentation des afro-américains est notamment très dégradante Ces derniers sont présentés comme des sauvages Dans une scène du film, une femme se suicide pour échapper à un personnage noir qui la harcèle

Le titre porte en lui-même une force idéologique édifiante Si le film devait se nommer “The Clansman” à la base, Dixon a expliqué à D W Griffith que “Birth of a Nation” était un titre plus approprié Le terme de “nation” renvoie en effet à l’idée d’un ensemble guidé par un but commun

“La <<Naissance d’une nation>>, dont le titre est un peu énigmatique, est en fait la renaissance d’une nation blanche et la naissance du Ku Klux Klan”

Anne Crémieux, France Culture, 2020

Le film, qui se présente comme une éloge d’un Ku Klux Klan héroïque, permet ainsi à W.J. Simmons de relancer l’organisation et de fonder le Second Klan fin-1915, alors que le KKK est interdit depuis 1877 La croix enflammée, tirée du film, devient dès lors un grand symbole du Klan En 1916, Griffith réalisera ainsi Intolérance pour répondre à ces accusations

--Cinéma

--Musique--

La très courte mais prolifique aventure de Creedence Clearwater Revival

500 des plus grands albums de l’histoire On y trouve alors trois œuvres de Creedence Clearwater Revival Le projet le mieux classé, Green River, atteint la 95e position

Au total, Creedence Clearwater Revival a publié sept albums différents dans son histoire, tous entre 1968 et 1972 S’ils se sont tous classés dans les 60 premières places du Billboard 200, deux n’ont pas intégré le top 10 Il s’agit du premier, Creedence Clearwater Revival (au mieux 52e) et du dernier du groupe, Mardi Gras (au mieux 12e) Avec des débuts “hésitants”, une apogée faisant presque l’unanimité et une fin précipitée par un certain déclin, Creedence Clearwater Revival semble ainsi partager la même histoire qu’une pléiade d’autres groupes de rock Le premier album est perçu par la critique comme prometteur

En deux ans, ils ont publié ce qui aurait pu leur assurer de tenir une décennie entière à la tête des charts De 1969 à 1970, le groupe Creedence Clearwater Revival a enregistré cinq albums se classant dans les sept premières places du Billboard 200 Mais loin d’être un phénomène de mode passager, un “buzz”, la bande est entrée dans la légende

Parmi leurs grands succès, quatre se trouvent en effet dans la liste des 500 plus grandes chansons de l’histoire établie par le Rolling Stone Magazine en 2004 Véritable hymne pacifiste, “Fortunate Son” (1969) se classe notamment à la 99e place Fait remarquable, les quatre titres sont issus de quatre albums différents, alors même que trois de ces morceaux sont sortis en 1969 Mais s’il a su faire des tubes devenus intemporels, le groupe a également conçu des albums très solides, qui n’ont pas eu besoin de ces singles pour bien se vendre Le fait de produire autant d’albums en si peu de temps n’était pas vraiment une stratégie économique En atteste la qualité des projets, le groupe n’avait en fait pas besoin de beaucoup de temps pour publier des albums aboutis En 2003, le Rolling Stone Magazine, toujours lui, publie son top

Ce leadership pose un vrai dilemme pour le groupe. D’un côté, le succès tient à la domination assumée de John Fogerty Mais d’un autre, on comprend bien que les autres membres en aient, à un moment donné, assez d’obéir aux indications du chanteur et de ne pas pouvoir réellement apporter leur pierre à l’édifice au niveau de l’écriture Après la sortie de Pendulum, John Fogerty est donc obligé de lâcher du lest pour que le groupe continue d’exister Le guitariste Tom Fogerty vient en effet de quitter le navire, exaspéré par les tensions qui se sont créées avec son frère Mardi Gras est alors novateur puisque le bassiste Stu Cook et le batteur Doug Clifford peuvent apporter leurs propres compositions et les chanter John Fogerty ne chante ainsi que sur quatre titres, qui constituent justement les plus grands succès de cet album Il apparaît alors comme le seul membre du groupe à avoir fait ses preuves au niveau de l’écriture et de la composition Mais les pleins-pouvoirs de John Fogerty n’ont pas non plus été une solution puisqu’ils ont en quelque sorte plombé l’aventure : une fois en solo, le chanteur n’est plus très inspiré Il connaît un succès modéré et ne publie que deux albums dans les années 1970, dont un de reprises Il faudra attendre 1985 et l’album Centerfield, pour que l’artiste retourne dans les petits papiers du public

John Fogerty en bon leader (© Rue des Archives / BCA)

Plume de moineau

“Dans son imperfection et sa quotidienneté, ce texte donne un visage et une voix aux morts Anne Frank est un peu le <<soldat inconnu>> du génocide juif : elle parle au nom des 5 999 999 autres assassinés ”

Frédéric Beigbeder, Dernier inventaire avant liquidation, 2001

Jeune adolescente allemande cachée à Amsterdam avant d’être déportée à Auschwitz, Anne Frank est sans-doute, dans l’inconscient collectif, le visage qui canalise la souffrance de plus de 6 millions de personnes Si son journal est purement intime à la base, la jeune adolescente décide à partir de 1944 de s’en servir pour témoigner et publier un livre après-guerre Son étonnante maturité et son sort funeste ont ainsi contribué à faire de son journal une is si Anne Frank partage bien ain nombre de Juifs cachés fre pas de témoignage direct e rapport entre Juifs et nazis ents ont retranscrit dans un nditions de vie qu’ils ont subi ps On pense ici à Yitzkhok ournal de 1941 à 1943 alors Vilnius, mais aussi à Abram hetto de Lodz

Si l’histoire se présente comme une discipline où il est primordial de tendre vers l’objectivité et la vérité, afin de raconter les faits tels qu’ils se sont déroulés, les témoignages permettent de multiplier les perspectives autour d’une même réalité Or, le problème du témoignage est qu’il est subjectif Il porte dès lors le risque d'être orienté ou tronqué Mais parmi les différentes formes de témoignage possibles, il en existe une particulièrement propice à la sincérité : le journal intime En effet, le diariste écrit pour lui-même et dévoile logiquement ce qu’il pense vraiment, bien que la mauvaise foi ou le fait de savoir qu’il sera peut-être lu un jour peuvent atténuer l’authenticité

Le journal personnel d’un enfant ou d’un adolescent se présente ainsi comme un témoignage très intéressant parce qu’il renseigne sur la façon de penser, la compréhension et la vision de ces adultes en devenir Quand il est écrit dans un contexte de crise majeure, le journal devient alors précieux puisqu’il offre un regard pur et différent sur les événements Quelques journaux intimes d’enfants juifs ont justement survécu au plus grand génocide de l’histoire de l’humanité : l’Holocauste Au coeur de l’action, ces récits permettent ainsi d’entretenir la mémoire des victimes et de rendre compte de l’horreur du génocide, par le biais du regard innocent de martyrs

nnées sont mortes pendant à Bergen-Belsen en 1945, massacre de Ponary en 1943 en 1944 On peut dès lors se naux ont été retrouvés ntervention d’un proche ou ermis à l'œuvre d’être publiée vu remettre le journal de sa à son retour à Amsterdam en aire publier dès 1947 ication arrive bien plus tard, sans-doute dans un souci de léguer le témoignage aux générations futures La sœur d’Abram Cytryn a ainsi gardé un certain moment les manuscrits de son frère, derniers morceaux qui la reliaient à sa famille, avant de décider de les publier en 1994 Consciente de la valeur du journal qu’elle a tenu de janvier à avril 1943 et qui est aujourd’hui considéré par certains comme plus mature et développé que celui d’Anne Frank, Rutka Laskier a montré à une amie où elle cachait son précieux témoignage écrit Cette dernière le retrouvera et le journal se verra publié en 2006 On pourrait enfin citer le journal de Rywka Lipszyc, morte après la Libération, qui a été retrouvé dans ce qu’il restait du crématorium d’Auschwitz, par une médecin soviétique qui l’a gardé pour elle En 2008, une des petites-filles de cette médecin rend l’ouvrage public

Mais il est également arrivé, plus rarement toutefois, que le diariste survive Mary Berg a ainsi écrit un journal à partir de 1939 dans le ghetto de Varsovie mais parvient en 1944 à gagner les Etats-Unis Publié d’abord dans des journaux en 1944 puis en intégralité en février 1945, il permet ainsi d’alerter l’opinion états-unienne Macha Rolnikaite a de son côté écrit dès 1941 et appris son journal par cœur pour ensuite le retranscrire et le faire publier en 1964 Enfin, Ann Novac a tenu un journal intime à Auschwitz, paru en France en 1968 sous le nom des Beaux Jours de ma jeunesse

--Histoire
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face à l’aigle nazi : le journal des enfants martyrs de la Shoah.

--Musique--

Si le rock fut longtemps présenté comme le genre contestataire par excellence, des artistes ont poussé le curseur un peu plus loin que d’autres Inscrit dans l’héritage de la sous-culture punk, le groupe XTC s’est amusé, avec ses mélodies très accrocheuses et travaillées, à provoquer tout le monde, de l’armée à l’Eglise, en passant par les différentes couches sociales Car si la bande d’Andy Partridge et Colin Moulding avait musicalement tout ce qu’il fallait pour coloniser la radio et les premières places des charts, un détail lui a fait défaut : ses membres ne savaient pas garder leur langue dans la bouche

Il suffit de piocher dans les grands succès du groupe pour saisir à quel point les lyricistes de XTC étaient impudents En 1979, “Making Plans for Nigel” atteint la 17e place du hit-parade britannique Alors que la même année, The Clash s’en prennent violemment à l’arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir dans “London Calling” (“the ice age is coming”), on préfère ironiser sur la situation du côté de XTC Le morceau critique ainsi des parents qui planifient la vie de leurs enfants à leur place Le groupe se moque par-là de cette lubie des aînés de croire que l’industrie de l’acier est toujours florissante (“he has his future in a British Steel”), ce qui n’est déjà plus du tout le cas en 1979 En effet, l’effectif des travailleurs de l’hégémonique entreprise British Steel a fondu en Angleterre entre 1967 et 1980 (268 500 contre 166 000)

En 1986, Andy Partridge reçoit plusieurs messages de haine après la publication du titre “Dear God” Dans ce morceau, le chanteur émet un questionnement relatif au problème du mal qui peut se traduire de la manière suivante : si l’on admet que le monde est bel et bien régi par un Dieu bon, omniprésent et omnipotent, pourquoi le mal existe-t-il alors ?

“Et tous ces gens que tu as fait à ton image, regarde les Se battre dans les rues Car ils ne se font pas la même opinion à propos de Dieu” XTC, “Dear God”, Skylarking, 1987

La conclusion que se fait Andy Partridge fait inévitablement controverse : “I can’t believe in you” Mais ce message ne fait pas seulement couler de l’encre, il est également à l’origine de quelques incidents relatés dans la presse, commis par des personnes pro mais aussi anti-religieuses En 1987, une station de radio floridienne a reçu une menace à la bombe qui serait exécutée si elle diffusait le titre alors qu’en 1989, à Binghamton, New York, un étudiant a forcé un employé de lycée à diffuser “Dear God” en le pointant avec un couteau

Ces incidents ne calment toutefois pas le groupe En 1992, XTC sort “The Ballad of Peter Pumpkinhead”, chanson qui raconte l’histoire d’un homme très populaire auprès de la population et bien moins auprès du monde politique, qui a fini exécuté en direct (“il mourut souriant à la télévision”) Alors que le texte fait référence à John Fitzgerald Kennedy, le clip parodie son assassinat Ainsi, le titre fait référence aux circonstances du décès de JFK, puisque sa tête a “éclaté comme une citrouille” alors qu’il était en cortège

Mais si les morceaux du groupe ayant reçu la meilleure approbation commerciale, sont, à l’exception de “Senses Working Overtime”, des titres très insolents, c’est que les albums de XTC sont également truffés de textes offensifs Sorti en 1980, Black Sea est un album à la musique particulièrement brutale et agressive Au niveau de l’écriture, les textes abordent des sujets très variés Dans le titre “Respectable Street” qui ouvre le projet, Partridge dénonce l’“hypocrisie de vivre dans un quartier soi-disant respectable” Dans “Paper and Iron (Notes and Coins)”, le groupe critique à la fois la religion et le travail : “Mais l’Eglise dit de tendre l’autre joue / L’autre joue / Le papier, le fer, n’offrent pas le paradis” Dans ce même album, on retrouve ainsi un enchaînement de titres particulièrement intéressant Si la piste 2, le tube “General and Majors”, se moque de l’ensemble des dirigeants de guerre (“Les généraux et capitaines à chaque fois / Semblent si malheureux jusqu’à ce qu’une nouvelle guerre éclate”), la piste suivante, “Living through another Cuba”, s’intéresse à une tension précise, la Guerre Froide, en mettant les deux protagonistes dans le même panier : “La Russie et l’Amérique se tiennent toutes les deux par le colbac [ ] / Nous sommes les bouledogues sur la clôture / Pendant que d’autres jouent au tennis au-dessus de nos têtes”

Moins connu, l’album Mummer (1983) comprend également des titres très incisifs à la manière de “Funk pop a roll” qui s’attaque à l’industrie du disque : “The music business is a hammer to keep / You pegs in your holes” On l’a dit, personne n’échappe à l’impudence made in XTC

XTC, le groupe pop qui tapait sur tout le monde.
“General and Majors”, un single plus qu’anti-militariste (© Virgin)

A quel point le Mario Cipollini de Saeco écoeurait-il ses émules sur le Giro ?

D’abord, Mario Cipollini apparaît à cette époque comme l’un des meilleurs sprinters au monde avec sa pointe de vitesse redoutable Lorsqu’il prend le départ du Giro 1996, il en est déjà à 12 victoires d’étapes en cinq participations Ensuite, le coureur se paye le luxe de révolutionner la mise en place des sprints massifs au milieu des années 1990 Avec l’équipe Saeco, pour laquelle il roule de 1996 à 2001, Mario Cipollini est en effet le précurseur d’une tactique aujourd’hui indissociable des arrivées massives : le train Calé au chaud dans les roues d’une file d’équipiers pédalant à bloc dans les derniers kilomètres, il est emmené dans un fauteuil jusqu’aux 200 derniers mètres De cette manière, il peut lancer son sprint tardivement tout en étant déjà dans les toutes premières positions Il n’y a donc plus besoin que de sa pointe de vitesse et de son explosivité our finir le travail Lors du Giro 1998, Re Leone est ainsi oté d’un train prestigieux composé de Gian Matteo agnini, Giuseppe Calcaterra ou encore de Mario Scirea nfin, ses performances ont bénéficié d’un coup de pouce lutôt déloyal Alors qu’il est cité parmi les cyclistes ayant té positifs à l’EPO lors du Tour de France 1998 selon un apport de la commission d’enquête sénatoriale sur le opage publié en 2013, il est aussi accusé d’avoir été en ontact avec Eufemiano Fuentes, docteur au centre de affaire de dopage Puerto, au début des années 2000

Lors de la 20e étape du Giro 2002, Mario Cipollini fait le chiffre 6, pour son nombre de victoires d’étape sur ce Tour (© Bike Race Info)

Coureur cycliste professionnel de 1989 à 2005, Mario Cipollini s’est présenté tout au long de sa carrière comme l’un des plus grands sprinteurs de son temps, voire de l’histoire On l’a ainsi vu s’illustrer sur Milan-San Remo en 2002, remporter Gand-Wevelgem à trois reprises (1992, 1993, 2002), rafler 13 étapes du Tour de France ou encore porter le maillot arc-en-ciel toute l’année 2003 Mais Mario Cipollini, c’est aussi et surtout 42 victoires d’étapes sur le Tour d’Italie en 14 participations, ce qui constitue un record, non seulement sur le Giro, mais également sur un Grand Tour Sur plus d’une décennie de temps, Mario Cipollini a donc remporté en moyenne 3 étapes par édition, ce qui est déjà saisissant Mais ce qui est d’autant plus impressionnant, ce sont les performances du cycliste lorsqu’il était au faîte de sa gloire En effet, entre 1996 et 2002, Re Leone a levé les bras à 28 reprises en 7 éditions différentes du Tour d’Italie, ce qui forme dès lors une moyenne de 4 victoires par Giro cette période-là

Mais cette période, qu’a-t-elle de spécial ? En fait, trois éléments précis permettent d’expliquer pourquoi le cycliste a tant dominé la concurrence dans cet intervalle de temps

ombinés, ces éléments ont ainsi fait de lui un sprinteur mprenable On peut même oser dire que ce bilan de 28 ictoires d’étapes en 7 éditions paraît mince En effet, à ien y regarder, le coureur est très loin d’avoir pris part à ous les sprints massifs possibles des différents Giros faut en fait savoir que Mario Cipollini passait plutôt mal es cols En huit Tours de France disputés, il n’est pas arrivé ne seule fois aux Champs-Elysées Et sur le Giro, il n’a erminé qu’une seule édition entre 1995 et 2000, jetant énéralement l’éponge entre la 13e et la 19e étapes Mais il faut en outre savoir que Mario Cipollini a raté beaucoup de sprints possibles alors qu’il était encore en lice Entre 1996 et 2002, il n’a en effet pu disputer que 40 arrivées massives sur une soixantaine d’étapes propices à une explication entre sprinteurs dont il a pris le départ Il faut ainsi prendre en compte les nombreuses victoires d’échappées, les bordures ou les fois où Cipollini n’a pas sprinté alors qu’il aurait très bien pu jouer la gagne On pense ici aux étapes 3, 6 et 7 du Giro 1999, où l’absence de Cipollini dans l’emballage final, alors qu’il était bien dans le peloton, a permis à des sprinteurs de renom, Jeroen Blijlevens (vainqueur de la 3e et de la 7e) et Romans Vainsteins, de gagner les seules étapes de Giro de leur vie

Mais quand il décidait de sprinter, Cipollini était presque intouchable Sur le Giro, seuls 4 des 40 arrivées massives auxquelles il a participé l’ont vu finir hors du podium Ses meilleurs Giros sont donc logiquement ceux qu’il a finis Il remporte en effet 5 étapes dont la 22e en 1997, 4 dont la 19e et la 21e en 2001, et 6 dont la 18e et la 20e en 2002 Et il a beau avoir changé d’équipe en 2002 pour rouler chez Acqua & Sapone-Cantina Tollo, le Giro de cette année-là est sans nul doute le Tour le plus complet de la carrière de Re Leone Toujours accompagné de Mario Scirea, le sprinteur de 35 ans est dans la forme de sa vie et parvient à participer à tous les sprints massifs possibles Il en remporte ainsi 6 sur 7, terminant 2e de la 4e étape

--Sport--

--Musique--

Les bluesmen, des artistes maudits ?

Certains artistes semblent en effet avoir subi une déviation extrême de leur âme, comme s’ils avaient été jetés sur la “voie large” contre leur gré, alors qu’ils semblaient bien avancés sur la “voie étroite” Pasteur dans sa jeunesse, Son House a tué un homme à la fin des années 1920 Il a toutefois plaidé la légitime défense, reconnue par le juge, et est sorti du pénitencier au bout d’un an ou deux La malédiction peut aussi prendre la forme d’un vécu difficile Alors qu’il est britannique et blanc, donc par nature plus éloigné de la culture blues, afro-américaine, Eric Clapton va connaître une enfance particulière, crédibilisant ainsi son inscription dans ce genre : il ne connaît pas son père et n’apprend qu’à neuf ans que la personne qu’on lui a jusqu’alors présenté comme sa soeur est en réalité sa mère (cf “Eric Clapton, un “dieu” maudit ?”, Hall Of All n°1) Enfin, parmi les premiers grands bluesmen, deux d’entre eux étaient aveugles : Blind Lemon Jefferson et Blind Blake et Or, la cécité n’apparaît pas du tout comme le seul point commun de ces deux hommes Décidément frappés par le sort, ces musiciens des années 1920 n’ont pas eu le temps de passer le cap de la quarantaine Blind Lemon Jefferson est en effet mort à 36 ans, en 1929 Et le “King of ragtime guitar”, de son côté, aurait péri d’une hémorragie pulmonaire en 1934, alors qu’il s’approchait des 40 ans

Alors que son nom est issu de l’expression “blue devils” (“idées noires”), le blues est présenté comme la forme d’expression de la douleur par excellence Certes, cela ne veut pas dire que toutes les compositions de blues sont tristes Mais, l’utilisation de la fameuse “note bleue”, léger abaissement d’une note devenu la marque de fabrique de ce genre musical, apporte une couleur lamentable, renforcée par des paroles faisant souvent écho à des conditions de vie difficiles et des désillusions Le blues est en effet une musique en partie issue des chants de travail afro-américains Ses premiers représentants, descendants d’esclaves, soumis aux lois ségrégationnistes Jim Crow (1877 - 1964), ont donc eu des conditions de vie difficiles

Le son et les paroles des morceaux de blues offrent donc souvent une ambiance morose En 1923, la première chanson enregistrée par Bessie Smith, l’“Impératrice du blues”, s’intitule “Downhearted Blues” Mais avec une symbolique et un héritage aussi forts, le blues se situe dans une position similaire à celle qu’aura le rap : si tout le monde peut jouer ce type de musique, le vécu contribue beaucoup à crédibiliser l’adhésion d’un artiste à la culture L’on retrouve donc de nombreux musiciens de blues ayant connu une existence particulièrement difficile, au point de parfois paraître frappés par le sort La présence du “diable”, dans l’expression “blue devils”, tend ainsi à faire passer le blues, dont les paroles ne sont pas toujours très chrétiennes (ivresse et femmes), pour la “musique de la bête”, offrant par-là l’image d’une musique maudite

En effet, ce qui rend l'œuvre d’un artiste d’autant plus tragique et poignante, c’est bel et bien son sort funeste Des bluesmen ayant un surnom faisant figure d’autorité, presque aucun n’est mort de cause naturelle Bessie Smith perd ainsi la vie des suites d’un accident de voiture en 1937, à 43 ans L’une de ses grandes sources d’inspiration, Ma Rainey, la “mère du blues”, meurt en 1939, à 53 ans, d’une crise cardiaque, comme Charles Patton, surnommé “père du delta blues”, parti à 43 ans environ, en 1934 D’autres bluesmen importants, bien que non caractérisés par un surnom très élogieux, sont également morts plutôt jeunes Barbecue Bob, grand bluesman de la région d’Atlanta, meurt de maladie à 29 ans, en 1931 Quatre ans plus tard, Leroy Carr, pianiste qui influencera Ray Charles a posteriori, est terrassé par le whisky à 30 ans A côté, d’autres morts tiennent plus du mystère, allant presque à légitimer l’expression de “musique du diable”

Les légendes de trois hommes, Tommy Johnson, Robert Johnson et Peetie Wheatstraw, sont assez similaires, à tel point que certains spécialistes pensent que l’histoire de Robert Johnson a été confondue avec celle de Tommy à cause de leur nom Les deux Johnson auraient tous les deux disparu des radars pendant quelques mois avant de revenir avec un niveau de guitare exceptionnel D’un côté, Tommy Johnson racontait qu’il avait vendu son âme au Diable pour maîtriser parfaitement l’instrument De l’autre côté, Robert Johnson entretenait la légende selon laquelle il aurait rencontré sur un carrefour une grande ombre avec un chapeau qui aurait joué des notes magnifiques avec sa guitare avant de la lui rendre Peetie Wheatstraw, pour sa part, se faisait surnommer “beau-fils du diable”

De ces trois hommes, deux sont morts plutôt jeunes : Peetie Wheatstraw, à 39 ans, en 1941, après avoir percuté un train de marchandises alors qu’il était en voiture, et Robert Johnson en 1938, dans des circonstances assez floues, ouvrant dès lors un fameux club qui donne des sueurs froides aux artistes soufflant leurs 27 bougies

Voyage au bout de l’enfer (53e, 1978) Seules dix personnalités ont joué dans un plus grand nombre de films présents dans la liste

Il

n’a joué que

dans des films nommés à l’Oscar du meilleur film : John Cazale.

Les deux autres films dans lesquels John Cazale a joué n’ont absolument pas à pâlir face à ces monstres sacrés En réalité, Conversation secrète (1974) et Un après-midi de chien (1976) sont eux aussi entrés dans la postérité

Ces cinq œuvres ayant rencontré un succès critique notable, leur grand point commun est d’avoir été chacune nommée à l’Oscar du meilleur film Si les trois productions présentes dans le classement de l’AFI ont remporté cette catégorie, Conversation secrète a obtenu la Palme d’Or lors du Festival de Cannes 1974 et Un après-midi de chien a permis à Cazale d’être nommé en 1976 pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle

En effet, John Cazale n’est pas seulement un acteur qui vise bien, c’est aussi et surtout un acteur qui joue bien Ses rôles ont toujours eu un intérêt capital dans l’intrigue des différents films dans lesquels il a joué Bien que toujours en retrait à l’écran, Cazale savait discrètement apporter sa patte

“Un peu dans l’ombre, mais à chaque fois bien présent, crucial, collant comme une moitié, une âme damnée, une éminence grêle”

Jacques Morice, Télérama, 2014

Acteur de théâtre reconnu, ayant rencontré un succès considérable avec L’Indien cherche dans le Bronx (1968), John Cazale n’a toutefois jamais été une grande star de cinéma Incarnant constamment des personnages fragiles et taciturnes, plongés dans l’ombre, le comédien n’a jamais pu se targuer d’avoir le rôle principal d’une production Or, cette discrétion n’était-elle pas justement une grande force, un atout ? En retrait, la précarité des personnages qu’il jouait amplifiait la tension, apportait un supplément d'âme à des œuvres déjà magistrales En effet, si John Cazale n’est apparu que dans cinq films dans sa courte carrière d’acteur (il meurt à 42 ans), il est très difficile de soutenir qu’une seule de ces productions n’est pas un classique

C’est le moins que l’on puisse dire : l’acteur a su choisir ses films, et bien s’entourer Dirigé par les grands cinéaste que sont, Francis Ford Coppola (sur ses 3 premiers films), Sidney Lumet et Michael Cimino, John Cazale a joué dans trois oeuvres classées en 2007 dans le top 100 des plus grands films états-uniens de l’histoire par l’American Film Institute : Le Parrain (2e, 1972), Le Parrain II (32e, 1974) et

Par exemple, dans la saga Le Parrain, John Cazale incarne Fredo, personnage présenté comme le plus fragile des trois fils de Vito Corleone Dans le premier opus, lorsque son père fait l’objet d’une tentative d’assassinat, Fredo se voit incapable de lui venir en aide et ne parvient pas à utiliser son pistolet Dans le deuxième opus, il se fait aisément manipuler et trahit son frère, Michael, joué par Al Pacino Cazale retrouve justement son ami de longue date dans Un après-midi de chien, film dans lequel les deux hommes incarne des braqueurs Le rôle de Cazale contraste encore une fois avec celui de Pacino Alors que le personnage joué par Pacino se révèle agité, affolé et survolté, le personnage de Cazale est inexpressif, comme mort à l’intérieur Ce jeu d’acteur, bien propre à John Cazale, a beau ne pas avoir vraiment marqué le grand public, il est mis sur un piédestal par ses collègues, Al Pacino le premier

“D’une manière générale, John Cazale était l’un des grands acteurs de notre époque - de cette époque et de n’importe quelle époque J’ai tant appris de lui [ ] Il était inspirant, tout simplement inspirant [ ] Il était particulièrement génial dans Le Parrain II et je n’ai pas l’impression qu’il a obtenu la reconnaissance qu’il méritait” Al Pacino, entretien accordé au New York Times, 2022

L’ultime rôle de l’acteur, dans Voyage au bout de l’enfer, s’inscrit d’autant plus dans la fatalité quand on sait que Cazale est alors atteint d’un cancer des os incurable Puisqu’il ne lui reste alors plus beaucoup de temps à vivre, il est décidé que toutes les scènes avec lui seront tournées en premier C’est alors un acteur très affaibli que l’on voit sur l’écran La scène dans laquelle il porte un cercueil devient d’autant plus touchante lorsque l’on sait que John Cazale est décédé le 13 mars 1978, alors que la première du film s’est tenue en décembre de la même année

--Cinéma--
Francis Ford Coppola, Al Pacino et John Cazale (© Paramount)

--Musique--

Comment le rock a-t-il participé à l é ?

Les deux morceaux rencontrent un certain succès commercial, celui de The Clash se hissant à la 34e place des charts britanniques, et celui de Blondie à la 1ère place du Billboard Hot 100, permettant donc au hip-hop d’obtenir une visibilité inédite auprès d’un public plus large Grandmaster Flash se fait notamment connaître du public blanc grâce à “Rapture” et explose deux ans plus tard avec l’hymne “The Message” (1982), qui devient une oeuvre pionnière dans l’histoire du hip-hop, apparaissant en 2010 comme la 51e plus grande chanson de tous les temps selon le Rolling Stone En 2016, le rappeur a ainsi déclaré au Daily Post que son “public à un moment était principalement noir et hispanique [ ] Et là, les Blancs et les autres ont commencé à se demander : qui est Flash ? [Debbie Harry] m’a donc vraiment ouvert une porte” The Clash devient pour sa part une grande source d’inspiration pour ce qui deviendra l’un des plus grands groupes de rap de l’histoire : Public Enemy Devenu fan du groupe grâce à “The Magnificent Seven”, Chuck D raconte à la BBC que “lorsque Public Enemy a démarré, Bill Stephney, qui faisait partie intégrante de notre signature avec Def Jam, s’est dit que Public Enemy pouvait être The Clash du hip-hop” Or, ce groupe incorporera beaucoup de sonorités rock dans sa discographie, au point d’être intronisé dans le Rock and Roll Hall of Fame en 2013, devenant ainsi le 4e groupe de rap à réussir cet exploit, après Grandmaster Flash & the Furious Five et deux autres pionniers du rap aux accents très rock : Run-D M C et les Beastie Boys

Si rock et hip-hop sont trop souvent présentés comme deux mondes distincts, voire antagonistes, l’émergence du rap dans les années 1970 - 1980 n’a pas été vraiment vue d’un mauvais œil par les rockeurs Mieux, le rock a beaucoup contribué à l’explosion commerciale du hip-hop

C’est à New York que le hip-hop est apparu dans les années 1970 Or, à cette époque, la Grosse Pomme héberge également d’importants artistes ou groupes de punk rock, comme Television, le Patti Smith Group, Blondie ou encore The Clash, groupe londonien de passage dans la ville à la fin des années 1970 De ces bandes, les deux dernières ont été des témoins privilégiés de l’éclosion du rap Grâce au graffeur Fab 5 Freddy, le groupe de Debbie Harry découvre les block parties et rencontre Grandmaster Flash vers 1978 - 1979 De son côté, Joe Strummer de The Clash raconte qu’“à Brooklyn, Mick [Jones] est tombé sur un disquaire qui avait la musique de Grand Master Flash and the Furious Five, the Sugar Hill Gang dans ses rayons Ces groupes étaient en train de transformer radicalement la musique, et ils ont tout changé pour nous” Mais Blondie et The Clash ne se sont pas cantonnés au rang de spectateurs A l’inverse, ce que les deux groupes ont vu les a inspiré, les poussant même à incorporer ces sonorités inédites dans certains de leurs titres En avril 1980, The Clash enregistre ainsi “The Magnificent Seven”, un titre très funky et politisé, avec des couplets rappés par Joe Strummer La même année, Blondie sort “Rapture”, avec une partie rappée par Debbie Harry dans laquelle elle mentionne Fab 5 Freddy et Grandmaster Flash

Fondé en 1983, le groupe Run-D M C propose dès 1984 un album éponyme contenant de gros riffs de guitare, comme en témoigne le tube “Rock Box” Et l'album suivant s’intitule tout simplement King Of Rock (1985) Raising Hell (1986), 120e plus grand album de tous les temps selon le Rolling Stone en 2004, pousse le curseur plus loin avec le légendaire “It’s Tricky” mais aussi et surtout avec leur collaboration avec Aerosmith sur “Walk This Way”, tube qui relance le groupe de Steven Tyler tout en devenant le plus grand succès de la carrière de RUN-D M C VH1 le classera en 2009 4e plus grand morceau de l’histoire du hip-hop Pour leur part formés en 1978 en tant que groupe de punk hardcore, les Beastie Boys se sont tournés dès 1983 vers le hip-hop En 1986, le groupe publie l’album Licensed to Ill, produit par Rick Rubin, qui a déjà produit “Walk this Way”, et qui incorpore énormément d’éléments de hard-rock, notamment dans les morceaux “(You Gotta) Fight for Your Right (To Party!)” et “No Sleep Till Brooklyn” aux boucles saturées Pour ce qui est des samples, on saisit dès la première plage de l’album l’importance des influences rock aux yeux du groupe En effet, “Rhymin & Stealin” combine tout au long du morceau le break de batterie de “When the Levee Breaks” (1971) de Led Zeppelin et le riff de guitare de “Sweet Leaf” (1971) de Black Sabbath

En fin de compte, le rock est à l’origine d’un grand nombre de premières fois de l’histoire du rap “Rapture” est le 1er morceau contenant du rap à se classer n°1 du Billboard Hot 100 et à être diffusé sur MTV C’est en outre le 1er succès de hip-hop sans sample selon Marc Myers du Wall Street Journal Run-D M C est pour sa part le 1er album de hip-hop certifié disque d’or et “Rock Box” le 1er titre de rap à passer sur MTV Enfin, Licensed to Ill est le 1er album de rap à avoir atteint la 1ère place du Billboard 200

Dans le football anglais du milieu des années 1980, il n’y a de suspense que dans la ville de Liverpool, représentée par deux clubs qui écœurent la concurrence et se répartissent les titres entre eux : Liverpool FC et Everton FC De la saison 1981-1982 à la saison 1987-1988, aucun autre club ne termine vainqueur du championnat anglais : Liverpool FC le remporte cinq fois, Everton FC deux Et pendant trois saisons d’affilée, à partir de l’édition 1984-1985, c’est l’une de ces deux équipes qui termine dauphine La proximité géographique et la concurrence sportive sont ainsi les facteurs naturels d’une rivalité entre les deux formations Mais en 1985, un facteur inédit transforme cet antagonisme en inimitié pour une partie des supporters

Pour Everton FC, la saison 1984-1985 est tout sauf une édition anodine Peut-être même s’agit-il de la plus belle saison de l’histoire du club ! Vainqueurs haut-la-main du championnat, avec 13 points de plus que leur dauphin, les Toffees remportent également le FA Community Shield ainsi que la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, en surclassant d’importantes écuries comme le Bayern Munich en demi-finale ou le Rapid Vienne en finale Qualifié pour la Coupe des clubs champions européens (aujourd’hui Ligue des Champions) pour la deuxième fois de son histoire, la première fois datant de la saison 1970-1971, Everton FC se présente ainsi comme l’un des favoris de l’édition 1985-1986, d’autant plus que son dauphin, qu’il a

battu à deux reprises en championnat et largué dans la course au titre, est quand même parvenu à se qualifier en finale de cette même compétition européenne en 1985

Le 29 mai 1985, Liverpool FC affronte ainsi la Juventus de Turin à l’occasion de la finale de l’édition 1984-1985 de la Coupe des clubs champions européens Mais avant le début de la rencontre, la tension monte progressivement dans un virage où les supporters des Reds et ceux de la Vieille Dame se font face, séparés les uns des autres par un simple grillage A un moment, les hooligans de Liverpool FC décident de charger en direction des supporters ablement pour effectuer une prise du existant seulement dans le football s, les Tifosis prennent peur et se re contre une extrémité de la tribune, s uns les autres Le résultat est de 39 Italiens et un seul britannique hooligans se voient condamnés à trois 18 mois ferme Le club de Liverpool FC, sont tenus comme partiellement oit interdit de compétitions européennes (six finalement) Mais puisque le vu comme un problème qui touche et pas seulement Liverpool FC, tous les e voient exclus des compétitions qu’en 1990 Les rêves européens pour les Toffees, ce qui provoque une hez eux el va ainsi être pointé du doigt comme les du déclin d’Everton à partir de la fin Le club devient effectivement moins eur Howard Kendall le quitte pour cette ès que le club a gagné le championnat dernière fois de son histoire

“L’exclusion a été comme un coup de marteau, et je ne peux pas prétendre que je n’ai pas été dégoûté car j’ai attendu tellement longtemps pour avoir une chance de jouer en Coupe d’Europe [ ] Ce n’était [toutefois] rien comparé à la douleur que ressentaient les familles des 39 victimes” Peter Reid, Cheer Up Peter Reid, 2017

Mais cette frustration laisse rapidement la place à la solidarité et à l’union En effet, le 15 avril 1989, alors que Liverpool FC affronte Nottingham Forest en demi-finale de FA Cup, au stade de Hillsborough à Sheffield (terrain neutre), le mauvais encadrement des supporters crée un mouvement de foule au sein d’une tribune et de nombreux fans y laissent la vie (97 en 2022)

Face à cette tragédie et aux nombreuses injustices qui en sont liées (premiers rapports en faveur des autorités, parti pris malhonnête du Sun qui accable les supporters), le club d’Everton FC a affiché un solide soutien à son rival De nombreux supporters et joueurs des Toffees ont ainsi, comme chez les Reds, partagé le message “Truth & Justice” et boycotté le Sun A l’occasion du mémorial des 25 ans de la tragédie, Roberto Martinez, alors coach d’Everton FC, a tenu un discours acclamé à Anfield, antre des Reds, pour montrer que le club d’Everton marchait main dans la main avec son rival dans ce combat De son côté, le président du club, Bill Kenwright, a inauguré en 2015 à Goodison Park un mémorial rendant hommage aux victimes

--Sport--
Liverpool - Everton, une rivalité changée par deux drames
p p g (97 en 2022) victimes de Hillsborough (© Darren Staples / Reuters)

--Musique--

Rod Stewart : une di hi l

Dans les cinq morceaux de ce top 10 qui sont des reprises, on pourrait presque, à l’inverse, se dire qu’il s’agit d'œuvres originales tant le rendu créé par Rod Stewart est différent On y retrouve notamment deux morceaux issus de l’album Atlantic Crossing (1975) : “I Don’t Want to Talk About It” et “Sailing” Le premier reprend un morceau du Crazy Horse (1971), et le second un titre des Sutherland Brothers (1972) Les deux mélodies n’ont pas de succès commercial avec leur interprète original, mais deviennent des hits avec Rod Stewart Il faut dire qu’avec le producteur Tom Dowd, l’artiste anglais a le flair et sait comment transformer ces ballades en slows accrochant davantage l’oreille “I Don’t Want to Talk About It” devient ainsi plus accessible et peut-être plus touchante, avec ses merveilleux arpèges et la voix rauque du chanteur Dans “Sailing”, la reprise est ici plus douce, propre, et se prête ainsi parfaitement à l’émotion véhiculée par la mélodie, avec encore ici une introduction à la guitare qui apporte un plus Citons enfin rapidement les trois autres reprises : “The First Cut Is The Deepest” (1976), que Stewart reprend à Cat Stevens, avec encore une fois une introduction particulièrement efficace, “Have I Told You Lately” (1991), qu’il reprend à Van Morrison et enfin “Have You Ever Seen the Rain?” (2006), originalement de Creedence Clearwater Revival Les deux dernières reprises n’arriveront toutefois pas à avoir plus de succès que les originaux En même temps, Stewart s’attaquait ici à des classiques

écrites Mais le rockeur anglais n’est pas seulement doté d’une voix d’or, il s’agit également d’un musicien et compositeur talentueux Ainsi, lorsque ces éléments sont combinés, du feu jaillit et le titre qu’il décide de reprendre a dès lors des chances de prendre une dimension inédite Cela peut donc expliquer pourquoi tant de ses tubes sont des reprises assez éloignées des versions originales

On pèse nos mots en affirmant que les reprises ont été une mine d’or inestimable venue enrichir une carrière déjà très complète En effet, quand on prend ses 10 titres les plus populaires sur Spotify à la date du 1er janvier 2023, on ne retrouve que quatre morceaux originaux Cinq autres sont des reprises et un dernier apparaît comme un cas à part Ce cas particulier, c’est “Da Ya Think I’m Sexy” (1978) : si ce tube ne peut pas être considéré comme une reprise, il ne peut pas non plus être présenté comme une création originale Alors qu’il admet avoir consciemment repris les violons de “(If You Want My Love) Put Something Down On It” (1975) de Bobby Womack pour créer le riff de synthétiseur, la justice a estimé que Rod Stewart avait plagié “Taj Mahal” (1969) de Jorge Ben Jor Le refrain et la ligne de guitare rythmique de “Da Ya Think I’m Sexy” présentent en effet de réelles similitudes avec le titre du chanteur brésilien, même si le rendu est assez différent

Mais pour montrer à quel point les reprises sont notables dans la discographie de Rod Stewart, on ne peut se contenter d’évoquer seulement ses plus grands succès En effet, il semble aussi important de mentionner le fait que les deux singles de son premier album, An Old Raincoat Won’t Ever Let You Down (1969), sont des reprises, et que sa version de “Downtown Train” (1989) s’est hissée à la 3e place du Billboard Hot 100 alors que le titre original de Tom Waits (1985) ne s’est classé nulle part Mais le plus grand fait d’armes de Rod Stewart, au niveau des reprises, réside sûrement au sein de l’album Every Picture Tells a Story (1971) On y retrouve “(I Know) I’m Losing You”, qui reprend un titre des Temptations (1966), avec une version typique du Rod Stewart de l’époque : énergique, euphorique, rauque’n’roll Le titre qui suit et ferme l’album, “(Find A) Reason to Believe”, adaptation d’un titre de Tim Hardin (1966), est aussi un exemple de transe stewardienne, plus retenue toutefois, avec une tension qui monte en puissance et transforme la ballade folk originale

Rod Stewart en est ainsi pleinement conscient : les reprises lui font globalement rencontrer davantage de succès que ses propres compositions Ainsi, en 2002, après deux albums originaux qui n’ont pas vraiment marqué le public, l’artiste publie un album de reprises de standards allant des 1920’s aux 1950’s : The Great American Songbook Le succès commercial est immédiat Stewart surfe dessus avec une série s’étalant jusqu’à The Great American Songbook V (2010), mais aussi avec la sortie d’un album de reprises de soul (Soulbook, 2009) et un album de standards de Noël (Merry Christmas, Baby, 2012) Alors qu’un seul de ses albums avait fait un top 10 au Billboard 200 depuis 1980, il rentre tous ses albums sortis entre 2002 et 2012 dans le top 5 Or, il n’a publié que des albums de reprises à cette période-là

0 Tour de France sans victoire d’étape française au XXIe siècle : un

miracle ?

Le Tour de France 2011 offre en cela une situation bien particulière Alors qu’aucun Français n’a remporté la Grande Boucle depuis 26 ans (1985), l’Hexagone vit à nouveau l’espoir fou de voir un gaulois arriver à Paris avec le maillot jaune sur les épaules Au matin de la 19e étape, la France n’a toujours pas ouvert son compteur mais le leader au classement général reste Thomas Voeckler Ce dernier porte le maillot jaune depuis la 9e étape, au terme de laquelle il a terminé 2e d’une échappée qui a mis près de 4 minutes à un peloton fragilisé par plusieurs chutes Cruciale pour le général, cette 19e étape est également celle de la dernière chance pour débloquer le compteur français En effet, les deux courses restantes n’offrent que très peu de chances de victoire française, avec Tony Martin qui est quasiment imprenable en contre-la-montre et Mark de jeu ourtant dans la chez et stige au oeckler z, cette Tour de avec la venu à ser iale qui tion du part de meilleur ys hôte nqueur al cru que ctoires Alors

Entre 1903 et 2022, le Tour de France a été disputé à 109 reprises Or, dans le lot, seules 2 éditions se distinguent par une absence totale de victoires d’étape françaises : 1926 et 1999 Ainsi, depuis 2000, l’hôte n’a pas connu une seule saison blanche Pourtant, les occasions de faire fanny n’ont pas manqué en ce début de XXIe siècle A plusieurs reprises en effet, les coureurs français ont cru se diriger vers un remake de 1999 Mais à chaque fois, comme dans un film hollywoodien, l’honneur tricolore fut sauvé in extremis, alors même que toutes les chances de victoire d’étape française semblaient s’être envolées

En 22 éditions différentes, la France a tout de même dû se contenter du strict minimum à six reprises En 2021, Julian Alaphilippe remporte la 1ère étape du Tour, et puis c’est tout Et en 2005, c’est de la plus belle des manières que David Moncoutié remporte, lors de la 12e étape, l’unique victoire française de la 92e édition de la Grande Boucle, 57 secondes devant le 2e, un autre Français : Sandy Casar

Mais parfois, il faut attendre bien plus longtemps, et sentir l’angoisse grimper au fil des étapes de montagne, pour enfin voir un cycliste français lever les bras

que le public s’est habitué lors trois éditions précédentes à assister à des victoires de Julian Alaphilippe dès les toutes premières étapes (3e étape en 2019, 2e en 2020, 1ère en 2021) ou des sprints dominés par Arnaud Démare, l’absence des deux cyclistes sur cette édition se fait sentir Pour les autres chances de victoire d’étape, les baroudeurs (Benjamin Thomas) et les grimpeurs (Warren Barguil, Thibaut Pinot), manquent de réussite Alors, lorsque la montagne est passée, la France n’a toujours rien gagné La situation est ainsi désespérée car les trois dernières étapes offrent peu de chances aux coureurs français En effet, la 19e et la 21e sont des étapes de plaine, et les meilleurs sprinteurs français roulent alors pour un coureur étranger (Christophe Laporte pour Wout Van Aert ; Florian Sénéchal pour Fabio Jakobsen) En ce qui concerne la 20e étape, la France ne dispose pas de grands spécialistes du contre-la-montre capables de rivaliser avec Van Aert Mais dans le final de la 19e étape, les planètes s’alignent Van Aert décide de ne pas faire le sprint, laissant carte blanche à Christophe Laporte Ce dernier, placé en 2e position du peloton dans l’avant-dernier kilomètre, constate l’organisation anarchique des équipiers de sprinteurs et se détache alors pour rejoindre l’échappée qui refuse de se rendre Il profite de l’effort de cette dernière pour lancer son sprint à 600m de l’arrivée et remporter l’étape solo

--Sport--
A la 19e étape du Tour de France 2022, Christophe Laporte sauve l’honneur au terme d’un dernier kilomètre fou (© Daniel Cole / AP)

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Distinguable parmi toutes ses collègues comme une chaîne de montagne, la silhouette urbaine d’une métropole au XXIe siècle est reconnaissable en un coup d'œil C’est un élément en particulier qui en est responsable : le gratte-ciel Ces tours de plus de 100m de haut, qui se sont dans un premier temps développées à New York et Chicago à la fin du XIXe siècle, ont depuis conquis tous les continents et pays Maintenant indissociables des grandes villes mondiales, les gratte-ciels sont vus comme une vitrine rêvée, un outil pour exhiber aux yeux des concurrents la prospérité économique du pays, de la ville et de l’entreprise Il s’agit également d’un excellent moyen de se mesurer à la nature, de la défier, et de montrer au monde tout ce dont on est capable techniquement Ainsi, l’histoire de l’architecture a toujours été marquée par une course vers le ciel, et le Burj Khalifa (828m) est loin d’être assuré de conserver encore longtemps le prestige d’être le toît du monde constructible Or, les gratte-ciels n’ont été que dernièrement intégrés à la course Et ils ont même déjà été dépassés En outre, les “skyscrapers” ne sont pas les seuls éléments qui permettent de reconnaître une métropole d’un coup d’oeil De 2010 à 2015, la plus grande tour de Chine est une tour de télévision (600m), symbole de la ville de Canton

Dans le cercle pourtant fermé des constructions ayant dépassé les 500m de hauteur dans l’histoire, on retrouve en fait une certaine diversité : il y a des gratte-ciels bien évidemment, mais également des tours autoportantes ou des tours de transmission prenant la forme de mâts D’un intérêt capital à chaque fois, ces structures répondent à des enjeux bien précis, les gratte-ciels remplissant souvent une fonction de vitrine économique, les mâts permettant de diffuser les ondes radio sur de longues distances Néanmoins, leur importance les expose d’autant plus aux risques inhérents à leur taille, en témoignent les attentats du 11 septembre 2001 Toujours est-il que la chute des tours jumelles n’a en fait jamais vraiment dissuadé des architectes et des investisseurs qui ont toujours cherché à repousser les limites du possible Ainsi, des projets dépassant les 1 000m de hauteur sont en cours dans les quatre coins du monde, et certains pourraient très bien pointer le bout de leur nez à l’horizon 2030 Ainsi, posons-nous une question simple : Quelles ont été et quelles sont aujourd’hui les plus grandes constructions du monde et à quels défis socio-politiques doivent-elles faire face ?

--Géographie--
Les plus hautes constructions de la planète : quand Dédale retrouve Icare
Plus haute structure humaine au monde en 2022, le Burj Khalifa domine une métropole envahie par les grues (© Dubai Tourism)

Un cercle fermé

L’article est si long que j’estime nécessaire de faire une annonce de plan pour chaque partie Sinon, on risque de ne pas s’y retrouver

Comme on va le voir dans un premier temps, les plus grandes structures du monde évoluent dans une ligue assez fermée depuis l’Antiquité Ainsi, peu de constructions ont pu se targuer d’être le toît du monde depuis l’édification de la Pyramide de Khéops De cette manière, peu de gratte-ciels sont apparus comme la plus grande construction au monde dans l’histoire

Comme cela sera montré dans un deuxième temps, la domination très nuancée et limitée des gratte-ciels dans le classement des plus hautes structures au monde s’explique par le fait qu’il ne s’agit que d’un type de construction de grande hauteur parmi d’autres Or, on n’édifie pas des bâtisses aussi hautes pour rien Ainsi, on reviendra dans un dernier temps sur la fonction stratégique et géopolitique de ces différentes structures.

Commençons donc par une petite question : quelles ont été dans l’histoire les structures qui ont pu se targuer d’être un temps la plus grande construction au monde ?

Quand on regarde bien, l’historique des structures les plus hautes du monde depuis l’Antiquité se caractérise par la succession de types particuliers d’édifice :

● Du IIIe millénaire av JC à 1310, ce sont des pyramides

● De 1310 à 1884, ce sont des cathédrales et des églises

● De 1884 à 1930, on voit deux exceptions se succéder : le Washington Monument et la Tour Eiffel

● De 1930 à 1954, les gratte-ciels font de New York le toît du monde

● De 1954 à 2008, nombre de tours de transmission se succèdent à la tête du classement

● Depuis 2008, le Burj Khalifa (828m) marque sa domination Mais pour combien de temps encore

Alors qu’elles font office de tombeaux pour les grands hommes de l’Egypte antique, les pyramides se présentent comme des escaliers vers le ciel Il s’agit justement des constructions les plus proches des cieux jusqu’au Moyen Âge tardif

Construite vraisemblablement dans les alentours de 2600 av JC, la Pyramide à degrés de Djéser est la plus ancienne pyramide d’Egypte connue Avec ses 62m de hauteur, il est ainsi probable qu’elle eût été la plus haute construction au monde Mais édifiée quelques années après, la Pyramide de Meïdoum la dépasse de plus de 30m En effet, la hauteur de l’édifice à sa construction est de 93,5m selon les égyptologues Miroslav Verner et Alberto Siliotti. Vers la fin des années 2600 et les années 2550 av JC, deux pyramides vont dépasser les 100m de haut : la Pyramide rouge (104m) et la Pyramide rhomboïdale (105m) Elles sont toutes deux édifiées à la demande du pharaon Snéfrou, lui qui avait déjà ordonné la construction de la Pyramide de Meïdoum

Contrairement aux apparences, la plus grande des pyramides de Gizeh est celle du fond : la pyramide de Khéops (© France 5)

Or, Snéfrou n’est nul autre que le père et prédécesseur d’un certain Khéops C’est pour cette raison qu’on est à peu près sûrs que les deux pyramides précédemment citées ont été construites avant celles de Gizeh Avec une hauteur initiale estimée à 146 - 147m, la Pyramide de Khéops met tout le monde d’accord quand sa construction est achevée En 1884, elle et la Pyramide de Khéphren (~143 - 144m) font encore partie des plus grands édifices au monde

En 1884, seuls quelques édifices dépassent les pyramides de Khéops et Khéphren en hauteur

Les 7 Merveilles du Monde, des ouvrages monumentaux Si seules les Pyramides de Gizeh sont encore debout en 2022, bien qu’elles aient perdu une dizaine de mètres de hauteur depuis leur construction, les six autres merveilles du monde ont semble-t-il été des constructions tout aussi remarquables Certes, trois des quatre constructions verticales n’étaient pas du tout dans la cour des pyramides de Gizeh En effet, le Mausolée d’Halicarnasse était haut d’environ 45m, le Colosse de Rhodes culminait peut-être à 30m de hauteur et la Statue chryséléphantine de Zeus, aussi impressionnante soit-elle, faisait moins de 20m Mais à en lire les travaux de Jean-Yves Empereur, le Phare d’Alexandrie, construit au IIIe siècle av JC, n’a pas été loin de dépasser la pyramide de Khéops Il est même possible qu’il fût la plus grande construction au monde puisque le chercheur parle d’une hauteur de ~135m Quoiqu’il en soit, le Phare d’Alexandrie était l’un des plus grands édifices de l’Antiquité

Il faudra sans doute attendre le XIVe siècle pour qu’une construction détrône enfin les pyramides de Gizeh Ce sont alors les églises qui remplacent les pyramides dans le classement des constructions se rapprochant le plus des cieux

Dans sa conception, l’église est symboliquement marquée par une interpénétration entre les cieux et la Terre Ainsi, le plan en croix fait entre autres référence à la crucifixion du Christ On comprend par-là que la hauteur du clocher, qui pointe vers le ciel, symbolise l’élévation spirituelle et la connexion entre le Christ et les fidèles Rien d’étonnant donc à ce que certaines églises aient atteint des hauteurs records

En 1311 est achevée la construction de la cathédrale de la Vierge Marie de Lincoln Si la hauteur de sa tour centrale, qui s’est effondrée en 1549, ne fait pas l’objet d’un consensus chez les historiens, la plupart estiment qu’elle atteignait les 160m Puisque cette flèche n’a pas été reconstruite, c’est l’église Sainte-Marie de Stralsund qui est devenue le plus grand édifice au monde en 1549, culminant à 151m grâce sa tour construite au XVe siècle

En 1569, avec sa flèche monumentale qui lui permet d’atteindre les 153m de hauteur, la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais dépasse l’église de Stralsund d’un cheveu Mais en 1573, le jour de l’Ascension, le clocher et la flèche de l’édifice s’effondrent En 2022, la cathédrale peut malgré tout se targuer de toujours posséder le chœur gothique le plus haut du monde (48,5m)

Avec une cathédrale de Beauvais qui perd pas loin de 100m de hauteur, l’église de Stralsund devient à nouveau le plus grand édifice au monde entre 1573 et 1647, année où sa flèche s’effondre, touchée par la foudre

La flèche, quand la montée vers le ciel rend vulnérable. Tendus vers le ciel, le clocher et la flèche, ou la combinaison des deux, peuvent illustrer l’autorité de l’église Mais ils sont d’autant plus exposés et vulnérables que le reste de l’édifice, qui est bien plus solide Ainsi, les cas d’effondrement de clocher sont loin d’être rares Entre 1549 et 1647, on voit ainsi trois églises perdre leur place de plus grand édifice du monde à la suite de l’effondrement de leur tour principale On peut comprendre par là que les maîtres d'œuvre ont vu les choses un peu trop en grand En ce qui concerne la cathédrale de Beauvais, on lui avait déjà retiré la croix de fer en 1572 après avoir remarqué que le clocher était sûrement trop lourd

Notre-Dame de Paris a, pour sa part, perdu deux flèches dans son histoire La première, construite au XIIIe siècle, est retirée au XVIIIe siècle, après avoir été minée par les caprices de la météo. La seconde, œuvre d’Eugène Viollet-le-Duc, est ravagée par l’incendie du 15 avril 2019

En 1647, c’est la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, construite au XVe siècle, qui devient le plus grand édifice au monde Avec ses 142m de hauteur, le “prodige du gigantesque et du délicat” (Victor Hugo, 1839) est 18m plus petit que ne l’a été la cathédrale de Lincoln en 1311 et surtout 4 à 5m plus petit que ne l’a sans-doute été la Pyramide de Khéops trois millénaires auparavant C’est en 1874 seulement qu’une structure dépasse enfin la cathédrale de Strasbourg Il s’agit de l’église Saint-Nicolas de Hambourg, qui égale la hauteur initiale de la Pyramide de Khéops (147m) Mais deux ans plus tard, la cathédrale Notre-Dame de Rouen lui vole déjà la vedette avec ses 151m de hauteur Le règne de la cathédrale de Rouen ne dure toutefois qu’un temps puisque la cathédrale de Cologne atteint les 157m en 1880

Avec sa tour-lanterne, la cathédrale de Beauvais fut pendant quatre ans le plus grand édifice au monde
n° Nom de l’édifice Pays Hauteur Date 1 Eglise principale d’Ulm 161,5m 1890 2 Basilique Notre-Damede-la-Paix 158m 1989 3 Cathédrale de Cologne 157m 1880 4 Cathédrale Notre-Dame de Rouen 151m 1876 5 Eglise Saint-Nicolas de Hambourg 147m 1874 6 Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg 142m 1439 7 Basilique Notre-Dame de Lichén 141,5m 2004 Le classement des 7 plus grandes églises au monde encore debout en 2022

1884 signe la fin de l’hégémonie des églises dans le classement des plus hautes structures Toutefois, on ne passe pas plus d’une domination à une autre puisque la structure qui dépasse la cathédrale de Cologne est un cas exceptionnel Obélisque à la mémoire du premier président de l’histoire des Etats-Unis, le Washington Monument devient non seulement la plus grande construction au monde mais aussi et surtout la plus grande de l’histoire avec ses 169m de haut

Construite à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889, qui célèbre le centenaire de la Révolution française, la Tour Eiffel prend dans un premier temps le nom significatif de “tour de 300 mètres”

Mais ce n’est que depuis 2000 que la Tour Eiffel fait 324m de hauteur (330m en 2022) Cela explique pourquoi le Chrysler Building est devenu la plus grande structure au monde en 1930 avec ses 319m Le mythique immeuble new-yorkais inaugure la domination des gratte-ciels dans le classement des plus grandes structures au monde Dès l’année suivante, il est détrôné par l’Empire State Building qui surplombe New York du haut de ses 381m de hauteur

On constate donc qu’en plus de trois millénaires, le record de la plus haute structure au monde n’a augmenté que d’une petite vingtaine de mètres Et d’un coup, en 1889, s’élève dans la Ville Lumière un édifice deux fois plus grand que la Pyramide de Khéops

La Tour Eiffel : un joyau qui ne fait pas de suite l’unanimité. Lorsque la construction de la “tour de 300 mètres” est annoncée, nombre de grands artistes français s’élèvent contre cet édifice qui transformera considérablement le paysage de la capitale Ainsi, Paul Verlaine parle d’un “squelette de beffroi” quand Guy de Maupassant y voit une “haute et maigre pyramide d’échelles de fer” En 1887, des personnalités comme Emile Zola ou Maupassant signent une virulente protestation dans les colonnes du Temps, dans laquelle on peut lire l’attaque suivante : “la Tour Eiffel, dont la commerciale Amérique elle-même n’en voudrait pas, c’est, n’en doutez point, le déshonneur de Paris”

Face à une fréquentation limitée (200 000 visiteurs en 1901), la Tour Eiffel a bien failli disparaître Gustave Eiffel était propriétaire de la Tour jusqu’en 1910, année à partir de laquelle la ville de Paris pouvait faire ce qu’elle voulait de la structure, la détruire par exemple Pour sauver son œuvre, l’ingénieur va montrer que la tour peut avoir une grande utilité scientifique, notamment en ce qui concerne la météorologie, l’observation et la communication Cela lui permet de rester propriétaire de la Tour 70 ans de plus

Les gratte-ciels deviennent ainsi les symboles les plus criants du prestige économique et de la domination architecturale d’un pays Pourtant, c’est bien des structures très pragmatiques et bien moins esthétiques, perdues dans la campagne profonde, qui leur grillent la politesse dans le classement des plus grandes structures au monde à partir de 1954 : les tours de transmissions Il faudra attendre le Burj Khalifa, en 2008, pour que les gratte-ciels reviennent sur le devant de la scène

En 1954, la Griffin Television Tower Oklahoma détrône ainsi l’Empire State Building en culminant à 480,5m Mais dès 1956, on trouve déjà plus grand avec la KOBR-TV Tower à Roswell (491m)

De 1959 à 1963, ce ne sont pas moins de 5 mâts différents, tous situés aux Etats-Unis, qui se succèdent à la tête des plus hautes structures au monde :

La WGME TV Tower (495m) en 1959.

● Le mât de KFVS TV (511m) en 1960

La Ray-com Media Tower Cusseta (533m) en 1962

La WIMZ-FM-Tower (534m) en 1963

● Le mât de KVLY-TV (628m) en 1963 toujours

En 1974, la tour de transmission de Radio Varsovie prend la tête du classement des plus hautes structures au monde avec ses 646m Toutefois, le mât s’effondre en 1991 et le mât de KVLY-TV reprend alors son titre

En 2008, les 828m du Burj Khalifa écrasent la concurrence

Avec son drapeau, la Tour Eiffel atteint 312m de hauteur en 1889 King Kong en 1933 au sommet de l’Empire State Building, avec le Chrysler Building bien reconnaissable à l’arrière-plan

Perdu dans le Dakota du Nord, le mât de KVLY-TV était encore la 4e plus haute structure au monde en 2015 (Reddit, © u/TheKid1995)

On comprend donc que les gratte-ciels ne sont pas du tout seuls dans le classement des plus hautes structures du monde Pour autant, à l’inverse des mâts qui, loin de se distinguer par leur esthétique, se ressemblent tous, les gratte-ciels vendent une marque, incarnent des valeurs particulières et se présentent comme de grands symboles de puissance Ainsi, arrêtons-nous quelques instants sur l’histoire de ces bâtiments hors du commun

Trois processus peuvent expliquer l’apparition des gratte-ciels aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle :

● Le développement et la complexification des grandes entreprises résultant de l’essor du capitalisme et de l’industrialisation Il devient nécessaire de trouver de grands espaces pour concentrer au même endroit tout ce qui concerne la gestion et l’administratif

● L’augmentation considérable de la population états-unienne, qui passe de 38,6 millions en 1870 à 49,3 millions en 1880 La concentration des nouveaux habitants dans les grandes villes va entre autres provoquer une raréfaction des terrains disponibles Or, la construction de tours d’habitations peut être une solution adéquate pour les loger sans saturer les villes

● Les progrès techniques, concernant notamment la construction, les ascenseurs, l’éclairage Ces avancées ouvrent de nouvelles possibilités architecturales

Puisque les terrains se font rares, leur prix augmente Mais le coût est rentabilisé par la verticalisation du bâtiment En effet, si la longueur et la largeur sont limitées, la surface potentielle devient considérable si l’on décide de construire

plusieurs étages Et cela devient réalisable avec les progrès techniques, qui touchent plusieurs domaines très différents :

● La construction, notamment au niveau des fondations et de la structure Cette dernière est grandement allégée

● Le système d’ascenseur Il est en effet difficile d’imaginer des cadres montant à pied une vingtaine d’étages pour travailler Si le procédé existe au moins depuis le Moyen Âge, l’ingénieur français Félix Léon Edoux est le premier à parler d’ascenseur en 1864 pour nommer sa création, un monte-charge hydraulique Dans la même période, Peter Ellis crée le paternoster, un fameux élévateur continu

● L’éclairage électrique, notamment grâce aux travaux de Thomas Edison dans les années 1880

● La ventilation Dans les années 1880, elle est permise par l’électricité plutôt que par le gaz, ce qui a pour résultat d’améliorer la qualité de l’air à l’intérieur

● Le chauffage

Nom du gratte-ciel Etage Taille Date

7 Empire State Building 102 381m 1931 11 Chrysler Building 77 319m 1930 17 70 Pine Street 67 290m 1932 19 40 Wall Street 71 282m 1930 26 Comcast Building 70 259m 1933 37 Woolworth Building 57 241m 1913 57 20 Exchange Place 57 226m 1931 67 Metropolitan Life Tower 50 213m 1909 68 500 Fifth Avenue 60 212m 1931 80 One Grand Central Place 53 205m 1930

Les tours datant des années 1900-1930 encore présents dans le top 80 des plus grands gratte-ciels de New York en 2021

Toutefois, il faut quand même construire bien haut pour rentabiliser l’investissement Avec l’augmentation des prix de l’immobilier dans les années 1920, le gratte-ciel doit s’élever de plus en plus pour devenir rentable Ainsi, une étude de 1939 montre qu’il faut construire un immeuble de 63 étages pour jouir du meilleur niveau de retour sur investissement Avec les grandes avancées et innovations techniques, on trouve tout de même les moyens de réduire drastiquement le temps de construction des gratte-ciels Il faudra ainsi un peu plus de 400 jours pour construire l’Empire State Building en 1929-1931 contre près de 2 ans pour le Flatiron Building en 1900-1902, alors que la tour de King Kong (381m) est 5 fois plus grande que celle du “Daily Bugle” (87m)

Le gratte-ciel apparaît surtout comme un moyen rêvé de rassembler tous les éléments administratifs et décisionnels d’entreprises qui se complexifient :

● La prolifération des cols blancs au début du XXe siècle amplifie la demande en bureaux

● Avec le progrès technologique, des métiers inédits voient le jour comme les dactylographes ou les demoiselles du téléphone Or, ces professions ont besoin de bureaux spécifiques

● L’espace nécessaire pour ranger tous les documents s’accroît, mine de rien

Par sa taille et le fait qu’il regroupe les professions essentielles au bon fonctionnement de l’entreprise, le gratte-ciel apparaît ainsi comme la “petite ville” de l’entreprise De nombreux services sont donc proposés aux occupants (magasins, restaurants, tabacs)

Ainsi, le gratte-ciel répond avant tout à des besoins pragmatiques Et cela se ressent dans l’architecture

“L’architecture américaine actuelle n’est pas une question d’art mais de business Un bâtiment doit être rentable ou aucun investisseur ne sera prêt à avancer l’argent pour compenser ses coûts”

Mouvement préconisant pour la première fois l’utilisation de l’acier dans la conception des immeubles, l’Ecole de Chicago s’attache à allier pragmatisme et esthétique Le rez-de-chaussée, symbole de prospérité, est davantage mis en valeur que les étages On fait sortir les lignes verticales pour accentuer l’aspect colossal de l'œuvre, mais l’on ne s’attarde pas sur les détails car cela n’intéresse pas les hommes d'affaires qui cherchent le profit avant la beauté

A partir de quelle hauteur peut-on parler de gratte-ciel ?

La définition commune du gratte-ciel est assez vague Larousse parle ainsi d’un “bâtiment d’habitation ou de bureaux à grand nombre d’étages et à faible emprise au sol par rapport à sa hauteur” alors que le CNTRL se concentre sur l’idée d’un “immeuble très élevé, comportant de nombreux étages” Mais avec ces définitions, on se sent bien empêtrés dans un paradoxe sorite Comme on peut se demander à partir de combien de grains on passe à un tas, on peut se demander à partir de combien de mètres on passe à un gratte-ciel Dans un cas comme l’autre, on est bloqué par un certain flou sémantique

La définition commune baigne quelque peu dans le relativisme En effet, un immeuble de 50m pouvant donner l’impression de gratter le ciel au XIXe siècle peut paraître ridicule à côté des immenses constructions du XXIe siècle

La société Emporis, qui dispose d’une grande base de données et d’images d’immeubles, a donc tranché en précisant qu’un bâtiment doit répondre à deux conditions pour être considéré comme un gratte-ciel : compter plusieurs étages et dépasser les 100m de hauteur Et pour Skyscrapercity, grand forum internet dédié à l’architecture et aux gratte-ciels, on peut parler de supertall à partir de 300m de hauteur et de megatall à partir de 600m Mais ces définitions peuvent elles-mêmes être amenées à changer si les projets de construction continuent d’aller toujours plus haut dans les prochaines décennies, sait-on jamais Toujours est-il que les historiens sont loin de s’accorder sur la désignation du premier gratte-ciel de l’histoire Selon une grande partie, il s’agit du Home Insurance Building (1885) qui s’élevait à 55m à Chicago Pour d’autres spécialistes, il s’agit du New York Tribune Building (1875), construit à New York et haut de 79m jusqu’aux années 1900 Et si l’on s’en remet à la définition d’Emporis, le premier gratte-ciel de l’histoire est le Manhattan LIfe Insurance Building, construit à New York en 1894, et qui atteignait alors les 106m

Rectangulaires et imposants, les gratte-ciels de l’Ecole de Chicago sont facilement reconnaissables Leur façade tripartite (base, section centrale, toit) fait référence aux colonnes classiques tout en symbolisant les différentes parties et fonctions de l’édifice

Le Home Insurance Building, immeuble typique de l’Ecole de Chicago, est vu par certains historiens comme le premier gratte-ciel au monde (©wikiarquitectura)

Si Chicago et New York se disputent l’appropriation du plus vieux gratte-ciel de l’histoire, c’est bien parce que les deux villes sont restées quelques années les seules au monde à produire des immeubles de la sorte Dans Form Follows Finance : Skyscrapers and Skylines in New York and Chicago (1995), Carol Willis explique qu’en 1893, on

Le Flatiron Building dans The Amazing Spiderman (© Columbia Pictures / Sony Pictures / Marvel Entertainment)

retrouvait déjà 12 immeubles de plus de 16 étages dans le quartier d’affaires de Chicago A New York, le quartier de Park Row se voyait surnommé ainsi “Newspaper Row” au début des années 1900 car la plupart des grands journaux de la ville y possédaient des gratte-ciels notables Mais dès 1892, la ville de Chicago interdit la construction d’immeubles dépassant les 46m de hauteur Or, cette décision ne sera revue que dans les années 1920 Pendant trente ans, New York est ainsi presque la seule ville dans laquelle de vrais gratte-ciels se dressent Dans Rise of the New York Skyscraper, 1865 - 1913 (1996), Sarah Bedford Landau et Carl W Condit présentent la période 1900 - 1919 comme le “premier âge d’or” de l’édification de gratte-ciels Dans ce laps de temps, la “Grosse Pomme” voit apparaître :

● Le Flatiron Building (92m, 1902) Le bâtiment se trouve au croisement entre la 5e Avenue et Broadway, seule avenue de la ville ne respectant pas le plan d’alignement avec intersection à angle droit Ainsi, c’est dans un espace étriqué que l’immeuble a été édifié, ce qui explique sa forme en “fer à repasser” et donc son nom

● Le Singer Building (186,57m, 1906)

● Le Metropolitan Life Tower (213,4m, 1909) Son architecture s’inspire du campanile de la place Saint-Marc de Venise

● Le Manhattan Municipal Building (177m, 1912)

● Le Woolworth Building (214m, 1913) Il restera le gratte-ciel le plus haut du monde jusqu’en 1930

● L’Equitable Building (164m, 1915)

Des gratte-ciels juste en Amérique avant les années 1950 ? Hors du Nouveau Continent, les gratte-ciels restent rares dans un premier temps Ailleurs qu’aux Etats-Unis, aucun immeuble ne dépasse les 140m jusqu’aux années 1950 Le premier immeuble européen à dépasser les 100m de hauteur est la Torre Littoria (109m, 1933) à Turin Il s’agit jusqu’en 1952 du plus haut gratte-ciel européen En Russie, l’érection du palais des Soviets démarre en 1937 mais se voit interrompue par la guerre Alors que le bâtiment aurait dû dépasser les 400m de hauteur, sa construction n’a jamais repris

Dans les années 1920, une nouvelle loi à Chicago permet aux immeubles d’atteindre les 79m de hauteur, avec une flèche pouvant toucher les 122m A partir de 1923, le bâtiment principal peut aller jusqu’à 80m de hauteur, et on peut construire une tour de plus de 20 étages au maximum sur ¼ de la parcelle Ainsi, de vrais gratte-ciels fleurissent enfin à Chicago dans les années 1920 - 1930 :

● La Tribune Tower (141m, 1925)

● Le Pittsfield Building (168m, 1927).

● Le Wrigley Building (130m, 1929)

● Le Lasalle-Wacker Building (156m, 1930)

Mais dès les années 1910, New York et Chicago ne sont plus les seules métropoles états-uniennes à disposer de vrais gratte-ciels En effet, on retrouve aussi les villes de :

● Seattle, avec la Smith Tower (159m, 1914) Il s’agit de la plus grande tour de la côte ouest des Etats-Unis jusqu’à la construction de la Space Needle (184m) en 1962

● Détroit, avec le Fisher Building (135m, 1928)

● Los Angeles, avec son hôtel de ville (138m, 1928)

● Cincinnati, avec la Carew Tower (175m, 1930)

● Cleveland, avec la Terminal Tower (216m, 1930)

Il s’agit du plus grand immeuble du monde hors New York jusqu’en 1953

Les grandes constructions du “premier âge d’or” des gratte-ciels, au sud de Manhattan (© Hall Of All, Wikimedia Commons) La Tribune Tower et le Wrigley Building (© Wikimedia Commons, Antoine Taveneaux + J Crocker)

Les grands gratte-ciels états-uniens des années 1920-1930, hors New York et Chicago (© Hall Of All, Wikimedia Commons)

Si le gratte-ciel exhibe bien l’ingéniosité et la puissance états-unienne aux yeux du monde, il est toutefois très loin de faire l’unanimité sur le sol américain car il transforme en profondeur les métropoles et apporte un certain nombre d’inconvénients Dans les années 1900, l’écrivain Henry James qualifie ces immeubles de “monstres mercenaires” Dans les années 1930, le peintre Stefan Hirsch parle pour sa part de “pansements couvrant le ciel, étouffant notre disparition”

Mais si les gratte-ciels sont vivement dénoncés pour leur aspect esthétique désagréable, cela n’apparaît pas comme un argument suffisant aux yeux de la Constitution des Etats-Unis Par contre, pointer du doigt les conséquences sur la santé et la sécurité publique peut être suffisant pour attaquer les constructeurs

On va craindre les gratte-ciels car ils favoriseraient la propagation des incendies En 1904, Baltimore est meurtrie par un grand incendie Si la ville ne disposait d’aucun gratte-ciel, on avance que le feu s’était propagé à cause des grands immeubles Dès lors, la ville adopte une loi pour interdire les bâtiments de plus de 21m

Chicago : quand l’incendie permet aux gratte-ciels d’éclore Certes, le gratte-ciel porte avec lui le risque d’intensifier un incendie Mais c’est justement parce que Chicago a été ravagée par le feu en 1871 que la ville est devenue l’une des deux premières villes à voir des gratte-ciels s’élever Avant l’incendie, l’organisation spatiale de la ville était assez anarchique en raison de son importante croissance démographique Le rural était mêlé à l’urbain Après l’incendie, l’organisation est repensée et modernisée La ville devient un grand terrain de jeu pour l'École de Chicago qui peut alors tester ses découvertes technologiques en matière de construction 14 ans après l’incendie, est ainsi édifié le Home Insurance Building Dans les années 1890, suivent des bâtiments notables, comme le Temple maçonnique de Chicago (92m, 1892), qui permettent à Chicago d’être l’une des deux capitales des gratte-ciels

S’ils peuvent plus facilement allumer la ville avec le feu, ils peuvent à l’inverse plonger les rues et bâtiments voisins dans la pénombre C’est ainsi que l’Equitable Building (164m, 1915) a été très critiqué lors de sa construction En 1916, est ainsi adoptée à New York une résolution sur le zonage qui stipule qu’un immeuble ne peut s’élever sur le trottoir de plus de 30m, et doit obligatoirement présenter un retrait au-dessus des 30m de hauteur pour que la lumière du soleil parvienne à la rue

Le mouvement City Beautiful, inspiré par l’exposition universelle de Chicago de 1893, met ainsi l’accent sur l’harmonie et la beauté et laisse peu de place aux gratte-ciels, que le critique Montgomery Schuyler qualifie de “sierra horriblement déchiquetée”

L’un des chefs de file du mouvement, Daniel Burnham, a pourtant dessiné les plans du Flatiron Building Mais en 1909, quand il propose un nouveau plan de la ville de Chicago avec Edward H. Bennett, la hauteur des bâtiments reste modeste

La photographe Berenice Abbott s’est attachée à montrer dans les années 1930 comment New York était devenue une ville si verticale Entre l’Equitable Building et l’immeuble voisin, la lumière passe par un trou de souris (© Google Maps)

Pendant les années 1930 (à cause du Krach Boursier) et les années 1940 (avec la Seconde Guerre mondiale), la construction de gratte-ciels est quasiment à l’arrêt et de nombreux projets, à la manière du prometteur Palais des Soviets, sont abandonnés

Au sortir de la guerre, la construction de gratte-ciels reprend de plus belle, et ne concerne plus seulement le territoire états-unien On assiste dès lors à une véritable internationalisation du gratte-ciel :

● Dès les années 1950 et surtout pendant les années 1970, des tours de plus de 100m s’érigent en Russie ou en France, telle la Tour Perret (104m, 1954) à Amiens Et il faudra attendre les années 1990 pour que les gratte-ciels colonisent, envahissent même l’Asie

● De nouveaux styles apparaissent Les bâtiments de style international sont reconnaissables par leurs surfaces extérieures lisses, dépourvues d’ornementation Le United Nations Secretariat Building (154m, 1954) et le Seagram Building (157m, 1958) en sont des exemples probants

Les avancées technologiques se poursuivent dans la seconde partie du XXe siècle Dans les années 1960, Fazlur Rahman Khan introduit le système du tube, nouvelle manière de faire tenir un immeuble, et l’applique à Chicago sur le John Hancock Center (457m, 1969) et la Willis Tower (527m, 1973)

Les supertalls, une pandémie à la trajectoire exponentielle Depuis les années 1990, les supertalls se multiplient d’une manière que l’on pourrait presque qualifier d’exponentielle Ainsi, si l’on prend seulement la hauteur structurelle (sans les antennes), seuls 2 des 80 plus grands gratte-ciels au monde en 2022 ont été construits avant les années 1990 : l’Empire State Building et la Willis Tower Dans ce même classement, on compte trois fois plus de gratte-ciels construits dans les années 2020 (une vingtaine) que dans les années 1990 (7)

Ouvrages monumentaux, les gratte-ciels sont donc sûrement les constructions de grande hauteur les plus impressionnantes de toutes Mais quand on regarde le classement des plus grandes structures au monde, on est très loin d’assister à une suprématie de ces édifices Ainsi, quelles sont aujourd’hui les plus hautes structures du monde ?

Après s’être longuement attardés sur l’histoire des gratte-ciels, penchons-nous maintenant sur le classement des plus hautes structures du monde en 2022 élaboré par Wikipedia, histoire de bien décentrer notre regard Préciser qu’il s’agit d’une liste datant de 2022 est nécessaire car elle sera très différente d’ici 2025 déjà

Le Palais des Soviets aurait dû avoir cette allure (© Russia Beyond) Le Seagram Building et l’United Nations Secretariat (© Flickr, Stevecadman + © UN Photo / Yutaka Nagata) La Willis Tower est en 2022 le sommet de Chicago (© Wikimedia Commons, Soakologist)

Nom

1 Burj Khalifa

Pays Ville

Dubaï

Hauteur Date Type

828m 2010 Gratte-ciel

2 Merdeka 118 Kuala Lumpur 679m 2023 Gratte-ciel

3 Tour de transmission de Radio Varsovie

Konstantynow 646m 1974 - 1991 Emetteur

4 Tokyo Skytree Tokyo 634m 2012 Tour autoportante

5 Shanghai Tower Shanghai 632m 2015 Gratte-ciel

6 Mât de KVLY-TV

7 Mât de KRDK-TV

Blanchard, Dakota du Nord 629m 1963 - 2019 (606m en 2022) Emetteur

Traill County, Dakota du Nord 628m 1998 Emetteur

8 KXTV/KOVR Tower Walnut Grove, Californie 625m 2000 Emetteur

Les 8 structures ayant dépassé les 2000 ft dans l’histoire

On retrouve ainsi 3 gratte-ciels parmi les 5 plus grandes structures au monde, voire 4 sur 5 si l’on compte seulement les structures encore debout en 2022 Sur le podium, les gratte-ciels sont encore mieux représentés, puisque les deux premières places sont occupées par des megatalls, avec un Burj Khalifa qui dépasse le Merdeka 118 de plus de 140m, et un Merdeka 118 qui reste bien loin devant la Shanghai Tower

La poussée des gratte-ciels dans les métropoles chinoises Si les gratte-ciels se multiplient depuis peu en Chine, ils ne se cantonnent toutefois pas à deux ou trois grands centres comme ça peut être le cas aux Emirats Arabes Unis, avec Abu Dhabi et Dubaï En réalité, ils sont présents dans une grande partie des métropoles du pays

Ce phénomène de verticalisation des villes chinoises est relativement récent car les premiers supertalls du pays ont été construits dans les années 1990 Et depuis les années 2010, le processus tend à s’accélérer Entre 2018 et 2022, des immeubles de plus de 350m ont été construits dans plus de 13 villes chinoises différentes L’irruption des tours chinoises a ainsi changé la liste des plus hauts gratte-ciels au monde Parmi les 12 dépassant les 500m en 2022, on retrouve 5 gratte-ciels chinois, bâtis dans 5 villes différentes (Pékin, Shenzhen, Guangzhou, Tianjin, Shanghai) A 1cm près, le Ping An Finance Centre (599m, 2017) de Shenzhen aurait pû être un megatall

Ces 3 gratte-ciels sont asiatiques Ils témoignent en cela de l’internationalisation des gratte-ciels Mais on serait même tentés de parler d’orientalisation En effet, pullulant au Proche-Orient comme en Extrême-Orient, ces structures sont désormais bien plus nombreuses en Asie qu’ailleurs dans le monde

Ces statistiques édifiantes démontrent bien la domination asiatique en terme de gratte-ciels :

● Sur les 42 gratte-ciels dépassant les 400m en 2022, 34 se trouvent en Asie, contre 7 en Amérique

● Dans la liste des 10 plus grands gratte-ciels au monde en 2022 toujours, on ne retrouve qu’une seule tour non asiatique, le One World Trade Center (541m, 2013), classé à la 7e place

● Dans les 19 villes comptant plus de 4 supertalls selon Skyscraper Center, seules 3 ne sont pas asiatiques : New York, Moscou et Chicago

Le Merdeka 118 et la Shanghai Tower (© Wikimedia Commons, Super idol is everywhere + © Wikimedia Commons, Stefan Fussan)

Shenzhen et le Ping An Finance Centre (© Kohn Pedersen Fox Associates)

Mais alors, qu’est-ce qui peut expliquer qu’il y ait tant de gratte-ciels qui s’élèvent en Asie depuis les années 1990 ?

“Les grandes villes d’Asie semblent disposer de la plupart des ingrédients nécessaires pour soutenir une croissance verticale vertigineuse”

“Les Tours s’élèvent à l’est - L’Asie, au sommet de la construction de tours géantes”, Urban Hub, 2019

Parmi ces ingrédients, on retrouve notamment :

● Une population élevée L’Asie comptait en effet 4,6 milliards d’habitants en 2019, soit près de 60% de la population mondiale Parmi les 10 villes les plus peuplées au monde en 2018, seules 3 ne sont pas asiatiques

● Une urbanisation rapide Selon la Banque Mondiale, seulement 25% des habitants d’Asie de l’Est et du Pacifique vivaient en espace urbain en 1970 contre 60,7% en 2020 En Asie du Sud, on est passé pour la même période de 18,6% à 34,9% A titre de comparaison, la population urbaine française était déjà de 71% en 1970 et n’a gagné que 9% en 50 ans

● Une croissance économique massive et une grande accumulation de richesses Selon le CEPII, l’Asie a vu son poids dans le PIB mondial passer de ~12% en 1960 à 25% en 2007 En 2020, le World Economic Forum prévoyait même que l’Asie deviendrait le continent avec le PIB le plus important au cours de cette année-là Au sein des BRICS (superpuissances émergentes qui se réunissent en sommets annuels depuis 2011), on retrouve la Russie qui apparaît comme le pays qui construit les plus hauts gratte-ciels d’Europe, mais également la Chine, qui dispose du plus grand nombre de supertalls dans le monde en 2022 et l’Inde, avec Mumbai qui est de loin la ville pourvu du plus grand nombre d’immeubles de plus de 150m en construction dans le monde en 2022

● Des contraintes spatiales qui empêchent de s'étendre Hong Kong est un territoire enserré par la mer et la montagne alors que Singapour est un État insulaire

Les villes chinoises qui comptent plus de deux supertalls en 2021, hors Hong Kong et Macao (© Hall Of All, Atlas-monde net pour le fond de carte)

A Mumbai, la crue des grues.

A l’inverse de sa voisine, l’Inde est loin de posséder une abondance de supertalls dans ses métropoles Si Mumbai est en 2022 la 5e ville au monde pour le nombre d’immeubles de plus de 150m de hauteur (208), elle ne compte toutefois qu’un supertall : le Palais Royale (320m, 2022)

En réalité, Mumbai est une ville en pleine métamorphose, et sa skyline risque de grandement changer d’ici 2030 Il n’y a qu’à consulter le classement des gratte-ciels de plus de 150m en cours de construction en 2021 proposé par le Skyscraper Center pour s’en rendre compte Mumbai était en effet seule en tête, avec 295 gratte-ciels, contre 88 à Shenzhen, pourtant 2e ville du classement

Les autres grandes villes du pays suivent un processus comparable mais moins intense En 2022, le plus vieux des 5 plus grands gratte-ciels de New Delhi n’a que 3 ans d’existence Toutefois, seule la Supernova Spira (300m) dépasse alors les 200m de hauteur A Kolkata, le projet Urbana a fait sortir de terre 7 gratte-ciels différents de 152 à 167m entre 2013 et 2015 Le plus haut bâtiment de la ville est The 42 (260m, 2019)

Le Proche et l’Extrême Orient ont donc permis à l’Asie de surpasser les Etats-Unis dans l’édification de gratte-ciels Mais attention, cela ne veut pas dire qu’on a arrêté de bâtir d’immenses tours chez l’Oncle Sam Entre 2007 et 2022, pas moins de 22 supertalls sont en effet sortis de terre dans le pays Deux d’entre eux ont

même dépassé la Willis Tower à la tête des plus grands gratte-ciels du pays : le One World Trade Center (546m, 2014) et le Central Park Tower (472m, 2020)

En 2022, les villes états-uniennes sont relativement jeunes puisqu’elles n’ont été créées qu’à partir du XVIe siècle par les colons européens New York a ainsi été fondée par des Hollandais en 1624 Leur patrimoine et leur centre historique sont ainsi limités, voire inexistants, quand on les compare aux villes de l’Ancien Monde

L’âge des villes européennes, qui sont des hauts-lieux politiques et économiques depuis le Moyen Âge, voire l’Antiquité, explique en partie pourquoi il y a si peu de

Le One World Trade Center et le Central Park Tower, deux nouveaux sommets à New York (© Wikimedia Commons, Matthew Bellemare + © Wikimedia Commons, Sean Shang)

Véritables symboles de la puissance états-unienne depuis les années 1970 au moins, les gratte-ciels configurent le paysage des métropoles du pays Ainsi, 15 villes états-uniennes possèdent au moins un immeuble dépassant les 800 ft (244m) en janvier 2022

gratte-ciels dans le continent En effet, les grands immeubles modernes vont difficilement de pair avec l’architecture classique

Un article du site The Curiosity, écrit par Evan Clavel en 2019, et intitulé “Pourquoi n’y a-t-il pas de gratte-ciels en Europe ?”, montre bien l’opposition qu’il y a eu entre les Etats-Unis et l’Europe à la fin du XIXe siècle D’un côté, l’Amérique a cherché à devenir un modèle de société inédit et alternatif D’un autre côté, l’Europe a préféré conserver son vieux et précieux patrimoine

Les villes états-uniennes qui possèdent au moins 1 supertall en 2021 (© Atlas-Monde net pour le fond de carte)

L’influence états-unienne a quand même traversé l’Atlantique dès le début du XXe siècle, en inspirant de célèbres architectes et urbanistes tels Auguste Perret ou Le Corbusier qui vont imposer le béton dans leurs constructions

Quand Le Corbusier voulait changer Paris en profondeur.

Alors que la sortie de la Seconde Guerre mondiale signe l’entrée en jeu du style international, dont Le Corbusier est un précurseur, l’Europe occidentale continue de tourner le dos aux gratte-ciels Cela s’explique entre autres par la faible demande en loyer et la volonté de plutôt reconstruire fidèlement les villes meurtries C’est ainsi en Europe de l’Est que l’on voit pointer les premiers gratte-ciels du continent Entre 1952 et 1955, 5 immeubles dépassant les 160m sont construits à Moscou Dans un style lui aussi stalinien, le Palais de la Culture et de la Science (231m) est construit en 1955 à Varsovie

Dans les années 1920, Le Corbusier est encore un jeune architecte sans grande expérience lorsqu’il propose le titanesque Plan Voisin, financé par Gabriel Voisin, célèbre fabricant d’automobiles et pionnier de l’aéronautique Mais l’idée était sûrement bien trop ambitieuse et révolutionnaire pour espérer voir le jour dans la capitale

Le projet consistait notamment en la construction de 18 gratte-ciels de 60 étages ( 150m) traversant Paris de la rue Rivoli à la place de la République, dans l’optique d’y regrouper un peu plus d’un demi-million d’habitants La mise en œuvre du plan aurait entraîné la destruction d’une large portion de la rive droite de Paris, et notamment du Marais, qui était alors un quartier assez mal entretenu et en partie touché par l’insalubrité

Mais le projet aurait surtout métamorphosé le paysage parisien Il se voulait surtout pratique et pragmatique, ce qui dénote beaucoup avec le raffinement et la délicatesse des bâtiments haussmanniens. Le Plan Voisin proposait en effet des immeubles identiques, symétriques, autoritaires, bruts La construction de deux larges autoroutes, diminuant drastiquement le temps de trajet des habitants et des travailleurs, aurait permis de mieux connecter Paris à sa banlieue et aux autres métropoles européennes, au mépris des critères esthétiques

Alors que Le Corbusier est accusé d’avoir eu quelques sympathies pour les régimes fascistes de la première moitié du XXe siècle, le Plan Voisin a été beaucoup critiqué pour son architecture totalitaire et le fait qu’il détruise une grande partie du centre historique de la capitale Le projet est ainsi vu pour certains détracteurs comme une unité propice au contrôle étroit de la population

Avec la mondialisation, notamment, les gratte-ciels ont fini par s’immiscer dans les métropoles d’Europe occidentale, mais avec des hauteurs bien moins impressionnantes qu’en Amérique du Nord ou en Asie En outre, ils ne se situent pas forcément dans le centre-ville puisqu’ils sont pour une partie situés en périphérie La Défense constitue l’un des plus grands quartiers d’affaires d’Europe et possède une cinquantaine d’immeubles qui dépassent les 100m de hauteur en 2022 Or, le quartier est situé à cheval entre les villes de Puteaux, Courbevoie, Nanterre et La Garenne-Colombes, mais pas Paris Ainsi, La Défense transforme peu la skyline parisienne à l’inverse du Front de Seine dans le XVe arrondissement, dont les immeubles ne dépassent pas les 100m

La Défense, un quartier bien en dehors de Paris (© Wikimedia Commons, Eric Gaba + Xfigpower)

Ces tours auraient pu figurer dans la skyline parisienne (© Wikimedia Commons, SiefkinDR) Le Palais de la Culture et de la Science de Varsovie et le bâtiment principal de l’Université Lomonossov de Moscou (© Wikimedia Commons, Marcin Bialek + © Wikimedia Commons, I s kopytov)

Pays

Russie

Drapeau Tour

Hauteur Date Ville

Lakhta Center 462m 2018 Saint-Pétersbourg

Pologne Varso Tower 310m 2022 Varsovie

Royaume-Uni

The Shard 309m 2012 Londres

Turquie Sapphire of Istanbul 261m 1997 Istanbul

Allemagne

Commerzbank Tower 259m 1997 Francfort Italie Torre Allianz 259m 2015 Milan

Espagne

Torre Foster 250m 2007 Madrid France Tour First 231m 2010 Courbevoie

Autriche DC Tower 1 220m 2013 Vienne Pays-Bas De Zalmhaven 215m 2022 Rotterdam

Suisse Roche Tower 2 205m 2022 Bâle

Suède Turning Torso 190m 2005 Malmö Ukraine Klovski Descent 7A 167m 2012 Kiev Belgique Tour du Midi 165m 1967 Bruxelles

Les plus hauts gratte-ciels des grands pays européens

En 2022, 14 des 16 plus hauts immeubles du continent se situent en Russie S’ils sont pour l’essentiel à Moscou, le plus grand gratte-ciel d’Europe se situe à Saint-Pétersbourg Il s’agit du Lakhta Center (462m, 2018)

En Pologne, le Varso Tower (310m, 2022) est le plus grand gratte-ciel de l’Union Européenne Dans l’ensemble, on est donc très loin des supertalls et megattals orientaux et états-uniens

Mais que dire alors des gratte-ciels latino-américains et africains, absents des grands classements ?

En Amérique du Sud, les gratte-ciels excèdent très rarement les 150m de hauteur Ainsi, un seul gratte-ciel du continent peut être qualifié de supertall : le Gran Torre Santiago (300m, 2004) au Chili Si le Brésil est en 2022 le 7e pays le plus peuplé au monde, ses deux plus hauts gratte-ciels, les tours 1 et 2 du Yachthouse Residence Club (2021), ne culminent qu’à 281m de hauteur

En Amérique centrale, le tableau est singulier Un seul pays peut se vanter d’être pourvu de véritables gratte-ciels : le Panama S’il ne compte aucun supertall, le pays possède en revanche plus de 200 gratte-ciels en 2022, dont 21 qui

dépassent les 203m Cela s’explique par le développement rapide du pays, 83e PIB mondial en 2020 et 57e IDH mondial en 2019 En 2022, la plus haute tour du pays est le JW Marriott Panama (293m, 2009) Le Mexique possède également quelques gratte-ciels, mais seuls 3 d’entre eux dépassaient les 200m en 2015

En Afrique, les gratte-ciels sont assez rares Dans tout le continent, seuls 3 immeubles font plus de 200m en 2022

Le plus grand est alors The Leonardo (227m, 2019), situé à Johannesburg

Les gratte-ciels fleurissent à Panama (© Future Travel)

Avec cette variété d’exemples de gratte-ciels présentés sur une dizaine de pages, on comprend facilement qu’il existe un bon nombre de styles différents Au début du XXe siècle, quatre styles ont été particulièrement utilisés :

● Avec une ornementation très travaillée, le style beaux-arts a inspiré la construction de nombreux gratte-ciels new-yorkais et plus généralement états-uniens Parmi eux, on peut citer le Flatiron Building, le Singer Building ou la Terminal Tower

● Le style néoclassique reprend des éléments caractéristiques de l’architecture gréco-romaine, dont les colonnes, les portiques et les frontons La Smith Tower s’inscrit dans ce courant

● Le style néogothique, qui consiste en la renaissance des formes médiévales, a inspiré la construction du Woolworth Building et de la Tribune Tower

● Caractérisé par la rigueur, la géométrie et le plein de couleurs, le style art-déco est un véritable symbole des années 1920 L’ornementation que l’on retrouve sur le toît du Chrysler Building représente très bien ce courant

Au sortir de la guerre, le style stalinien, que l’on retrouve essentiellement en Russie avec sa rigoureuse symétrie et ses grandes flèches, contraste avec le style international qui embrasse alors tous les continents. L’architecture prônée par le style international est simple : on met l’accent sur les lignes droites et on utilise beaucoup le verre La Willis Tower et le World Trade Center en sont de bons exemples Si la Willis Tower consiste en l’assemblage de plusieurs parallélépipèdes rectangles de taille et de volume différents, le World Trade Center consistait en la construction de deux énormes parallélépipèdes rectangles identiques

Dans les années 1960-1970 apparaît le style high-tech, aux formes complexes et aux éléments structuraux apparents Il inspire notamment la construction de la Tour de la Bank Of China à Hong Kong (367m, 1990)

Au début du XXIe siècle, le style le plus important est sûrement le postmodernisme Mettant moins l’accent sur la verticalité, il prône une plus grande liberté de création Ce style a donné naissance à la Shanghai Tower, au Ping An Finance Center ou encore aux Tours Petronas (452m, 1998) de Kuala Lumpur

Également en réaction face au style international, le style déconstructiviste se joue des formes, ose en créer des nouvelles, en témoigne la Al Hamra Tower (412m, 2011) à Koweït City ou le siège de la télévision centrale de Chine (234m, 2011)

A la manière des Etats-Unis avec le style néogothique, certains gratte-ciels asiatiques vont reprendre des formes traditionnelles Taipei 101 (508m, 2004), la Jin Mao Tower (421m, 1999) à Shanghai et la Zengzhou Greenland Plaza (280m, 2014) reprennent ainsi le style des pagodes

Cette présentation des différents styles de gratte-ciels est toutefois loin d’être exhaustive On n’a par exemple pas mentionné le Burj Khalifa qui se range dans le mouvement moderne

Toujours est-il que les gratte-ciels sont des immeubles très différents, d’autant plus impressionnants par leur volume et par leur forme Mais si ces immeubles dominent le top 5 des plus grandes structures au monde, ils ne forment en réalité qu’une petite partie du top 100 5e gratte-ciel le plus haut du monde en 2022, l’Abraj Al Bait Towers (601m, 2012) ne pointe qu’à la 58e place du classement des plus grandes structures de l’histoire la même année

Le siège de la télévision centrale de Chine (© OMA) Construite en 1990, la Tour de la Banque de Chine est l’un des premiers gratte-ciels asiatiques à sortir de terre (© Johannes Kaira) Le Taipei 101, une pagode et le Jin Mao Tower (© Wikimedia Commons, AngMoKio + Pearson Scott Foresman + Moldak)

Mais quelles sont alors ces mystérieuses tours qui parasitent le classement des plus hautes structures au monde ?

Dans l’histoire, plus d’une soixantaine de tours de transmissions ont dépassé les 600m de hauteur Il en existe deux types :

● Les mâts, de fines constructions verticales haubanées afin de tenir debout Par leur forme et leur coût limité, les mâts peuvent se permettre de culminer bien haut En effet, puisqu’ils sont construits en périphérie, ils représentent peu de danger en cas d’effondrement Et puisqu’ils sont élancés et ne cherchent pas à être esthétiques, ils coûtent peu cher

● Les tours autoportantes qui, par définition, se soutiennent toutes seules A l’inverse des mâts que l’on retrouve surtout en espace rural, nombre de tours autoportantes apparaissent comme le landmark de certaines métropoles Si l’érection du mât de KVLY-TV a coûté 500 000 dollars en 1963, la Tokyo Skytree (634m, 2012) a environ coûté 550 millions d’euros

la nécessité de dépasser tous les gratte-ciels de la ville pour éviter que les ondes soient perturbées La Tokyo Skytree est ainsi venue suppléer une Tour de Tokyo (333m, 1958) devenue trop petite pour bien transmettre les ondes Concernant les mâts, on va souvent privilégier les espaces ruraux dégagés ou en hauteur afin de maximiser la transmission En France, l’émetteur du Mont des Cats (200m) offre la télévision à une bonne partie des Hauts de France avec son sommet perché à 364m d’altitude

La Tour Eiffel, un émetteur stratégique entre 1914 et 1945 Point le plus haut de l’Île-de-France, l’émetteur de la Tour Eiffel a eu un grand rôle à plusieurs reprises dans l’histoire Lors de la Première Guerre mondiale, la Tour Eiffel a intercepté des messages allemands d’importance capitale, dont un qui, déchiffré par le capitaine Georges Painvin en 1918, a permis à Ferdinand Foch d’apprendre à l’avance que les Allemands étaient en train de préparer une attaque sur Compiègne Ce texte sera surnommée “radiogramme de la victoire”

La Tour Eiffel va également jouer un rôle dans les premiers balbutiements de la radio La première station de radio du pays s'appelle ainsi Radio Tour Eiffel (1921 - 1940) Son siège social se trouve alors au Pilier Nord En 1943, les Allemands se servent de la Tour pour diffuser des émissions radios

Ce sont dans les métropoles que l’on va trouver les plus grandes tours autoportantes de transmission Plusieurs grandes villes sont ainsi surplombées par une tour de communication, parmi lesquelles :

● Tokyo avec la Tokyo Skytree (634m, 2012)

● Canton avec la Tour de télévision et de tourisme de Canton (600m, 2009)

● Toronto avec la CN Tower (553m, 1976)

● Moscou avec la Tour Ostankino (540m, 1967)

Ces constructions sont apparues avec l’arrivée de la radio puis de la télévision Si elles vont si haut, c’est pour élargir le plus possible leur rayon de transmission Atteignant les 646m avant son effondrement survenu en 1991, la Tour de transmission de Radio Varsovie diffusait ainsi un signal qui parvenait à l’Europe entière et même à l’Amérique du Nord Dans les métropoles, la hauteur se justifie notamment par

Et si elles ne dominent plus leur ville, la Perle de l’Orient (468m, 1995) de Shanghai et la Menara Kuala Lumpur (421m, 1996) n’en restent pas moins de réels symboles

A l’inverse des tours autoportantes, les très hauts mâts sont absents des grandes villes et se concentrent surtout dans un seul pays : les Etats-Unis En 2022, ils sont près de 20 dans le pays à atteindre les 2000 ft (609,6m) Il faut donc aller dans le rural profond pour espérer trouver un mât

La Tokyo Skytree est devenue un symbole de la capitale japonaise (© Theerapat Sumranmak / 123RF) La CN Tower et la Tour de télévision et de tourisme de Canton (© Wikimedia Commons, Wladyslaw & Naibot + Colin Zhua)

n° Nom

1 KRDK-TV Tower

Hauteur Commune

Nombre d’habitants (2010)

628m Galesburg, Dakota du Nord 108

2 KXTV/KOVR Tower 625m Walnut Grove, Californie 1 542

3 KCAU TV Tower 610m Sioux City, Iowa 82 684

- WOI Tower 610m Alleman, Iowa 432

- Des Moines Hearst-Argyle Television Tower Alleman 610m Alleman, Iowa 432

- Diversified Communications Tower

610m Floyd Dale, Caroline du Sud 355

- AFLAC Tower 610m Rowley, Iowa 264

26 KLDE Tower 609m Angleton, Texas 18 862

Le classement des plus hautes structures des Etats-Unis en 2022 si l’on en croit Wikipedia

La Dame de Fer aurait même pû être éjectée du Top 10 par l’Hermitage Plaza, un projet de deux tours jumelles qui auraient été construites dans le quartier de La Défense dans les années 2020 Or, le projet a été annulé et il était de toute manière convenu que les tours ne dépassent pas la Tour Eiffel Le fait que la Dame de Fer reste le toît de la capitale a en effet une importance symbolique indéniable puisqu’elle porte haut le prestige et la puissance française

Le mât de KCAU TV en 1966 et le KXTV/KOVR Tower (© Barrie Spencer + Wikimedia Commons, Daniel Schwen)

Or, si les mâts les plus hauts se trouvent essentiellement aux Etats-Unis, cela ne veut pas dire que les mâts des autres continents sont ridicules La Tour Eiffel n’est ainsi que la 10e structure la plus haute de France, devancée par 8 émetteurs ainsi qu’un pilier du viaduc de Millau.

Braver le monopole d’Etat par les tours de transmissions De la sortie de la Seconde Guerre mondiale à 1981, l’Etat français était l’unique organisme à pouvoir créer et gérer des stations de radio et des chaînes de télévision Ainsi, ne pouvaient passer sur les ondes françaises que les radios sur lesquelles l’Etat avait la main Or, les ondes ne s’arrêtent pas à la frontière, et certains l’ont très bien compris Des stations de radio dites périphériques vont donc émettre leurs ondes à la frontière à l’aide de grands mâts afin de couvrir une grande partie de l’Hexagone A partir de 1933, Radio Luxembourg (RTL depuis 1966) diffuse ses ondes depuis le site d’émission de Junglinster (217m) dans le but d’esquiver les réglementations françaises Créé en 1955, Europe 1 a été diffusé grâce à l’émetteur de Felsberg-Berus (280 et 282m), dans la Sarre, Land allemand voisin de la Moselle Louis Merlin, journaliste ayant participé au lancement d’Europe 1, explique bien dans ses Mémoires que l’emplacement des émetteurs n’a pas été choisi pour rien : “Il était d’après les études des techniciens du IIIe Reich effectuées sur l’ordre de Hitler, le point le plus favorable pour ‘‘arroser’’ toute la France”

Mais c’est justement parce qu’ils étaient motivés par les idées de prestige et de puissance que certains architectes et gouvernements se sont insatiablement battus pour édifier la structure la plus haute du monde Si on est toujours allé plus haut depuis le Moyen Âge, c’est évidemment parce qu’on a toujours cherché à repousser les limites humaines et impressionner nos semblables On s’en doute bien : le prestige d’avoir construit la plus haute structure de tous les temps est inestimable, mais toujours éphémère, surtout depuis la fin du XIXe siècle Ainsi, depuis la construction de la Tour Eiffel, les architectes n’ont cessé de rivaliser pour goûter à ce prestige, même pour un temps très court

La Tour Eiffel s’inscrit ainsi dans le contexte d’une course à la tour de 300m A l’occasion de l’exposition universelle de

Voilà à quoi auraient ressemblé l’Hermitage Plaza (© Epadesa / Hermitage)

Philadelphie de 1876, avait été présenté le projet de la “Centennial Tower” par David Clarke et T C Reeves Or, le financement, évalué à 1 millions de dollars, n’est jamais arrivé, notamment en raison de la panique du 18 septembre 1873 qui a entraîné la faillite d’une cinquantaine de sociétés financières états-uniennes Si cet ambitieux projet est abandonné en Amérique, l’idée traverse toutefois l’Atlantique L’architecte Jules Bourdais se met ainsi à travailler sur une tour de plus de 300m de hauteur et propose au début des années 1880 un “projet de phare monumental pour Paris” Son idée ne peut toutefois pas aboutir en raison du poids de l’édifice et de son coût de construction

pouvoir se targuer que de détenir le record dans une spécificité A Chicago, le Masonic Temple Building (92m, 1892) est pendant un temps proclamé “plus haut bâtiment commercial au monde”

C’est ainsi en 1930 seulement que la Tour Eiffel se voit dépassée par le Chrysler Building (319m), au terme d’une véritable compétition entre deux architectes rivaux

Si William Van Alen et H Craig Severance dessinaient ensemble les plans de nombreux bâtiments depuis les années 1910, une brouille a mis fin à leur collaboration et les a rendus rivaux en 1925 Avec deux projets concurrents, les deux hommes se lancent à la fin des années 1920 dans la course à celui qui construira le plus haut immeuble au monde En 1930, Severance semble l’avoir remportée d’un cheveu avec le Bank Of Manhattan Trust Building (283m) Mais si le toît du Chrysler Building de Van Alen atteint les 282m, l’architecte a dissimulé une flèche à l’intérieur de la tour et ne la sort qu’au dernier moment Avec cette ruse, le bâtiment ne devient pas seulement l’immeuble le plus haut, mais aussi et surtout la construction la plus haute du monde H Craig Severance protestera en clamant que son immeuble disposait de la plus haute surface utilisable Mais dès 1931, l’Empire State Building met tout le monde d’accord A la base, le projet devait être juste assez grand (320m) pour ravir le titre au Chrysler Building Mais avec modification des plans, il est passé à 381m puis à 443m de hauteur grâce à l’ajout de la flèche

Concernant finalement le Burj Khalifa, l’objectif initial était seulement de dépasser Taipei 101 Les plans ont ensuite été revus pour exploser tous les records

“C’est à qui formulera le projet le plus grandiose ou le plus <<épatant>>. M. Eiffel, le grand constructeur de ponts en fer, a imaginé quelque chose <<d’épatant>>, c’est la pyramide de 300 mètres échafaudée tout en fer [ ] On peut dire de ce projet, s’il se réalisait, qu’il réaliserait l’apothéose de la serrurerie M Bourdais, qui construisit en 1878 le palais du Trocadéro, vient de mettre au jour un autre projet qui mérite, lui, l’épithète du grandiose” Pierre Giffard, “Le rétablissement des Tours de Babel”, Le Figaro, 1885

En 1884, deux ingénieurs d’Eiffel & Cie, Emile Nouguier et Maurice Koechlin, conçoivent un projet de “pylône de 300m de hauteur”. Stephen Sauvestre en redessine les plans et obtient l’approbation de Gustave Eiffel Ce dernier oeuvre à faire accepter la construction de l’édifice auprès du gouvernement En 1889, est inaugurée “la tour de 300m” à l’occasion de l’exposition universelle de Paris

La construction de la Tour Eiffel anéantit ainsi l’espoir pour les gratte-ciels de devenir les plus hautes structures du monde jusqu’en 1930 Ainsi, plusieurs immeubles ne vont

L’Hôtel Ryugyong et la concurrence entre les deux Corées. En 1986, le Westin Stamford Hotel (226m) de Singapour est devenu l’hôtel le plus haut du monde Or, l’édifice a été construit par la société sud-coréenne SsangYong Group Dans un esprit de concurrence avec sa sœur, la Corée du Nord décide ainsi d’entreprendre la construction d’un hôtel bien plus grand l’année suivante : l’Hôtel Ryugyong Il ne s’agit pas du seul objectif : la Corée du Nord compte également attirer les investisseurs occidentaux Mais entre 1992 et 2008, le chantier est arrêté Une grue rouillée demeure ainsi sur le chantier pendant tout ce temps Les travaux se termineront en 2012, à l’occasion du centenaire de Kim II-sung

La hauteur de plusieurs tours a donc été motivée par le désir de battre tous les records Mais si le record n’est pas ce qui est cherché ou s’il est tout simplement inaccessible, le gratte-ciel peut tout simplement apparaître comme une vitrine parfaite pour exhiber la prospérité d’une entreprise, d’une ville ou d’un pays Cela explique pourquoi les premiers gratte-ciels étaient avant tout décorés au rez-de-chaussée Mais si seul le hall donne envie, l’émerveillement devient dès lors très limité

“Si vous ajoutez [aux ingrédients listés p11] le désir bien humain d’afficher son propre succès ainsi qu’un peu de vision et d’ambition architecturales, tout cela fait de l’Asie le terreau idéal et le leader de la construction de tours” Urban Hub, “Les Tours s’élèvent à l’est - L’Asie, au sommet de la construction de tours géantes”, 2019.

La Centennial Tower et le projet de phare monumental pour Paris

Les régimes totalitaires ont ainsi proposé des édifices monumentaux qui ont servi à asseoir leur autorité et leur prestige

Après l’abandon de la construction du Palais des Soviets, Josef Staline lance dans les années 1950 un nouveau projet monumental pour célébrer les 800 ans de la capitale

Les bâtiments édifiés à l’occasion seront surnommés les “Sept Soeurs de Moscou”

Nom Hauteur Date

Immeuble d’habitation sur la berge Kotelnitcheskaïa 176m 1952

Bâtiment principal de l’université Lomonossov 240m 1953

Ministère des Affaires étrangères 172m 1953

Hôtel Leningrad 136m 1953

Tour du ministère soviétique de l’industrie lourde 133m 1953

Immeuble d’habitation sur la place Koudrinskaïa 160m 1954

Hôtel Ukraine 198m 1957

Les “Sept Soeurs” de Moscou, le grand projet stalinien des années 1950

Et par le biais de leur nom, certains gratte-ciels vont se targuer d’être des pôles importants, des centres d’intérêt mondial Le World Trade Center est ainsi devenu le symbole le plus éclatant de l’hégémonie états-unienne dans la seconde partie du XXe siècle Au XXIe siècle, des noms semblables vont apparaître en Extrême-Orient, témoignant par-là du recentrement du monde vers cette région Shanghai héberge ainsi la Shanghai World Financial Tower (494m) en 2008 pendant que Hong Kong accueille l’International Commerce Center (484m) en 2010 Avec des ambitions moins grandes, certains gratte-ciels dominant la skyline d’une métropole vont emprunter le nom de cette dernière, comme le Shanghai Tower ou Taipei 101. Mais s’il s’agit de l’initiative d’une société, l’entreprise a davantage intérêt à mettre son propre nom en avant, comme cela a été fait avec les Tours Petronas et le Ping An Finance Centre, qui symbolisent davantage la réussite économique de l’entreprise concernée que celle de la ville

“Ce sera un bâtiment impressionnant dans lequel la Chine verra le futur de la métropole en mouvement et toujours changeante [qu'est Shanghai], mais aussi le futur du dynamique esprit chinois Il n'y aura pas d'autre tour si unique et si bien conçue dans le monde”

Marshall Strabala, à propos de la Shanghai Tower

Les plus hautes structures du monde se voient donc toujours conférer un rôle stratégique capital Cela est assez logique, car il n’y a aucun intérêt à construire une structure de 500m de haut si l’on n’a rien derrière la tête Or, leur statut et leur hauteur les rendent en réalité d’autant plus ébranlables Alors que les attentats du 11 septembre 2001 ont transformé le regard porté sur les gratte-ciels, un mât

peut s’effondrer par la simple intervention du vent Mais en elles-mêmes, les structures sont des lieux propices aux accidents, en témoignent les multiples chutes de chantier et les suicides à répétition

Dangereuses et vulnérables

Les hautes structures posent trois problèmes principaux que l’on va traiter cas par cas :

● Elles sont régulièrement l’objet de controverses à propos des conditions de construction mais également au regard des conditions de vie aux alentours

● Elles nécessitent une sécurité accrue en raison du risque d’effondrement mais aussi de tentatives de suicides

● Elles requièrent un entretien particulier qui n’est pas sans danger

La mystérieuse photographie "Lunch atop a Skyscraper”.

“Lunch atop a Skyscraper” : sans sécurité, des ouvriers sereins à 240m du sol (© Bettman Archive)

S’il s’agit du cliché le plus réclamé des archives de la Corbis Corporation, “Lunch atop a Skyscraper” (1932) est pendant longtemps restée une image dont on ignorait l’identité de l’auteur comme celle de tous les ouvriers En effet, l’identité du photographe, Charles C Ebbets n’a été reconnue qu’en 2003. En ce qui concerne les ouvriers, le film documentaire Men At Lunch retrace en 2012 une enquête visant à retrouver leurs traces Or, il ne permet d’identifier que deux ouvriers seulement Des recherches parallèles ont permis de retrouver le nom de deux nouveaux travailleurs Ainsi, en 2022, on ignore encore l’identité des 7 autres protagonistes de la photographie Il a toutefois bien été établi que le cliché a été pris lors de la construction du RCA Building (259m, 1933), au 69e des 70 étages du gratte-ciel, et non de l’Empire State Building

Pour édifier un projet aussi monumental qu’un gratte-ciel, il est préférable de convoquer des travailleurs spécialisés Il peut en effet paraître périlleux pour un ouvrier ordinaire de travailler 200m au-dessus du vide sans les qualifications nécessaires à ce type d’exercice

On va donc faire appel aux monteurs d’acier, appelés ironworkers en anglais Cette profession difficile consiste

en la formation du squelette, de l’armature d’un bâtiment par l’assemblage des poutres Si leur salaire est différent en fonction des pays, les monteurs d’acier états-uniens gagnent en 2022 25 $ par heure selon Indeed A titre de comparaison, le salaire minimum dans ce pays est de 7,25 $ par heure depuis 2009

Ces hommes ont été fondamentaux pour construire les métropoles états-uniennes A la fin des années 1950, 15% d’entre eux étaient des Mohawks, c’est-à-dire des hommes issus de l’une des six nations iroquoises En 2012, ils représentaient encore 10% des ironworkers du pays Cette part est considérable au regard de l’importance de la population mohawk en Amérique du Nord En effet, ils étaient 29 000 en Amérique du Nord en 1995, représentant ainsi 0,01% seulement des habitants du sous-continent Ces “cow-boys du ciel”, longtemps présentés comme des hommes ne connaissant pas le vertige, prenaient de grands risques en travaillant au-dessus du vide en étant dépourvu de protection Ils ont participé à la construction de l’Empire State Building ou du Rockefeller Center où l’on retrouve le RCA Building Auteur de Skywalkers : A History of Indian Ironworkers, Richard Hill explique ainsi en 2002, au journal québécois Le Devoir, que “les Mohawks d’aujourd’hui [ ] bâtissent le monde moderne” Conscient du rôle considérable que ces hommes ont joué dans le façonnage de la skyline new-yorkaise, Michael Bloomberg, maire de la “Big Apple” de 2002 à 2013, a ainsi instauré le Mohawk Ironworker’s Day en 2002 Cette fête est célébrée le 25 avril

sur sept était tué en travaillant” En revanche, il semble qu’aucun ironworker ne soit décédé lors de la construction de l’Empire State Building

S’“il reste que le travail est beaucoup plus sûr aujourd’hui que jadis”, comme le dit aussi Marion Piekarec, le danger demeure patent sur les chantiers, et les ironworkers ne constituent pas les seuls travailleurs vulnérables Les exemples d’accidents mortels sont nombreux en Asie :

● En 2002, deux grues du 56e étage de Taipei 101 sont tombées à cause d’un séisme Cela a coûté la vie à deux grutiers ainsi qu’à trois ouvriers

● Plusieurs ouvriers sont décédés pendant la construction du Burj Khalifa

● A Séoul, trois ouvriers sont décédés entre 2013 et 2014 lors de la construction de la Lotte World Tower (556m, 2017)

En 2018, une vidéo montrant des ouvriers travaillant sans sécurité sur un gratte-ciel de Kuala Lumpur est devenue virale Le titre est lourd de sens : “Pour gagner sa vie”

Quatre exemples, quatre pays asiatiques cités Mais cela n’a en réalité rien d’étonnant En effet, les pays qui font le plus construire de gratte-ciels au XXIe siècle sont sans surprise des pays émergents Or, ce type de pays se caractérise par une forte croissance mais également par un PIB par habitant moins important que celui des pays développés Ainsi, les inégalités entre riches et pauvres sont considérables Or, ceux qui financent la construction des gratte-ciels sont des hommes riches, et ceux qui les construisent des hommes pauvres

Ainsi, en prenant le rapport entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres de chaque pays établi en 2009 par l’ONU, on atteint 9,1 en France contre 22,1 en Malaisie

Ces professionnels ont donc alimenté l’imaginaire d’une Amérique qui se construit La célèbre photographie “Lunch Atop A Skyscraper” les présente ainsi comme des hommes intrépides, tout simplement hors du commun Surplombant Manhattan, au-dessus du vide, et sans aucune sécurité, ces travailleurs nous décontenancent par leur air décontracté Pour autant, la mort était bien présente sur les chantiers Dans l’article “Métier : acrobate du ciel”, écrit pour Le Devoir, Marion Piekarec explique qu’en “1907, un homme

Les Emirats Arabes Unis, le pays des immigrés Fondés en 1971, les Émirats Arabes Unis sont un pays relativement jeune lorsque l’on en parle en 2023 Pour se construire et se développer, l’Etat a donc beaucoup fait appel à des investisseurs et une main-d'œuvre étrangers Ainsi, 90% des habitants du pays sont immigrés en 2020 Toutefois, les ouvriers immigrés reçoivent rarement la nationalité émirienne La plupart du temps, leur permis de séjour est conditionné par la durée du contrat de travail Selon le Human Rights Watch, ils représentaient 95% de la force de travail du pays en 2006 Cela explique pourquoi leurs grèves sont souvent entendues

New York, le terrain de jeu des ironworkers (© NYC Ironworkers)

Les conditions de vie et de travail des ouvriers sont donc souvent mauvaises En 2007, Annick Cojean a écrit pour Le Monde un article au nom assez évocateur : “Dubaï, l’eldorado rêvé devenu le <<bagne>> des ouvriers des chantiers de construction” La journaliste y évoque une grande grève qui a éclaté dans les Emirats Arabes Unis en 2007 Plusieurs milliers d’ouvriers de la construction avaient alors décidé d’arrêter de travailler pour réclamer des conditions plus décentes Au vu de la part de cette population immigrée dans le pays, l’Etat a ainsi cherché à améliorer leur situation

“Il faut se rendre sur les chantiers pour avoir une idée du désarroi de ces ouvriers immigrés qui ont rêvé de Dubaï comme d'un eldorado, se sont lourdement endettés pour payer visas, voyage, service de recrutement à des agences souvent illégales, et déchantent aujourd'hui dans ce coin de désert devenu, selon qu'on est touriste ou maçon, Las Vegas ou le bagne Rajee, 24 ans, est venu de la province indienne du Kerala il y a dix-huit mois Dubaï c'était son rêve absolu Dans son village, toutes les familles avaient au moins un parent à tenter l'aventure et trois de ses cousins avaient ouvert le chemin Deux sont revenus dans des cercueils L 'un a été écrasé sous la dalle de béton d'une tour en construction L'autre s'est pendu au ventilateur de son dortoir”

Annick Cojean, Le Monde, 2007

En 2013, on va jusqu’à parler d’”Esclavage moderne aux Emirats” dans les colonnes de L’Humanité Cet article parle de salaires très bas et de papiers confisqués aux ouvriers par l’employeur On y apprend notamment que le Burj Khalifa a nécessité l’emploi de près de 10 000 travailleurs, travaillant sans sécurité pour 2,85 € par jour

En Malaisie, une partie des ouvriers n’ont pas de poids et n’ont par conséquent aucun droit S’ils se plaignent, ces hommes prennent ainsi le risque de perdre leur travail

Mais il est évident que les inégalités liées à l’édification des gratte-ciels ne concernent pas seulement les travailleurs

Les Etats qui en érigent le plus au XXIe siècle sont pour la plupart des pays émergents qui connaissent d’importantes inégalités en leur sein Ainsi, des immeubles somptueux et époustouflants jouxtent une misère criante Au nom d’une vitrine économique, les marginaux se sentent alors d’autant plus délaissés

Avec le Merdeka 118, la Malaisie semble se créer une belle vitrine en cachant la pauvreté qui sévit dans le pays (© Twitter, SyedAkramin)

L’onéreuse construction de gigantesques gratte-ciels peut donc irriter une population qui peine à comprendre pourquoi l’argent est envoyé là-dedans et pas là où c’est vraiment nécessaire

A Kuala Lumpur, la construction de l’Exchange 106 (445m, 2019) et celle du Merdeka 118 (679m, 2022) ont été grandement critiquées par la population Les protestations visent particulièrement Najib Razak Premier ministre de la Malaisie de 2009 à 2018, il est l’homme qui a financé la construction de ces deux gratte-ciels Or, l’homme d’Etat est accusé d’avoir détourné plus de 560 millions d’euros d’une société gérée par le gouvernement afin de les placer sur des comptes bancaires personnels En décembre 2021, Heather Chen a ainsi écrit pour Vice un article intitulé “This Country is Building the World’s Second-Tallest Skyscraper But Citizens aren’t Thrilled” Alors que la construction du Merdeka 118 a coûté un peu plus de 1 milliard d’euros, les habitants exposent l’insuffisance des efforts fournis pour financer les infrastructures publiques Ainsi, la Malaisie se créerait une séduisante vitrine dissimulant une profonde pauvreté Najib Razak s’est défendu en prétendant que ces grands projets offriront des “opportunités économiques”

Mais comme on l’a bien vu précédemment, les gratte-ciels peuvent aussi poser problème dans les pays développés, les habitants considérant que le patrimoine historique et architectural de leur ville devient corrompu et dénaturé par ces gigantesques tours Depuis la création des premiers gratte-ciels aux Etats-Unis, la hauteur et le style de ces bâtiments ont ainsi suscité des critiques considérables Deux problèmes semblent se distinguer :

● L’ombre créée sur les autres bâtiments

● Le sentiment d’une relégation, voire d’une disparition du patrimoine historique

A Mumbai, les nouveaux gratte-ciels et les bidonvilles se font face (© Alicja Dobrucka)

Rafael Viñoly et ses gratte-ciels aux rayons de la mort. Architecte uruguayen notamment connu pour avoir dessiné les plans du 432 Park Avenue (426m, 2015) de New York, Rafael Viñoly aime beaucoup construire des gratte-ciels qui sortent de l’ordinaire Toutefois, deux bâtiments qu’il a construits, le Vdara Hotel (169m, 2009) à Las Vegas et le 20 Fenchurch Street (160m, 2014) à Londres, ont posé des problèmes tout aussi singuliers

Les deux gratte-ciels ont une façade concave et en verre Or, il s’agit d’une forme et d’un matériel adéquats pour bien faire converger les rayons du soleil Quand le soleil pointe le bout de son nez, la réflexion de ses rayons a ainsi pour effet d’augmenter considérablement la température sur une surface précise en contrebas Or, cette surface, bien que mouvante, touchait particulièrement la piscine dans le cas du Vdara Hotel Quelques jours après l’ouverture de l’hôtel, de nombreux visiteurs se sont ainsi plaints de brûlures Le bâtiment est devenu indissociable de ses “ rayons de la mort” A Londres, la lumière que le 20 Fenchurch Street réfléchit a fait fondre le rétroviseur et la carrosserie d’une Jaguar mais également la selle d’un vélo Dans une vidéo tournée pour Sky News dans une rue exposée, le physicien Simon Foster présente amusé un thermomètre indiquant la température au sol (92 6°C) pendant qu’un journaliste parvient plus ou moins à cuire un œuf

Pour pallier ces problèmes, des écrans de protection ont ainsi été installés sur la façade des deux gratte-ciels

L’apparition d’un gratte-ciel crée en effet une ombre conséquente qui va détériorer la vue dont les bâtiments voisins bénéficient mais également limiter l’exposition en contrebas

Julie Gimbal du site Lumières de la Ville choisit de parler de “tours-aiguilles” alors que la chaîne YouTube Looking 4 évoque pour sa part des “gratte-ciels allumettes” Avec une hauteur 24 fois plus importante que sa largeur, la Tour Steinway (435m, 2019) est ainsi le gratte-ciel le plus fin au monde en 2022 Large de 18m, le bâtiment est aussi fin qu’un terrain de tennis (~17m x 35m) Il a même pendant un temps été le gratte-ciel résidentiel le plus haut du monde avant d’être détrôné par le Central Park Tower (472m, 2020), une autre “tour-aiguille”

Ces immeubles sont destinés à de très riches acquéreurs en raison de la vue imprenable et unique qu'ils offrent sur Central Park Dans un article écrit pour Capital en 2021, Frédéric Sergeur présente ainsi le 423 Park Avenue (435,5m, 2015) comme “le gratte-ciel des milliardaires”

Au milieu des années 2010, le paysage de Central Park a été changé par l’irruption de gratte-ciels particulièrement fins Afin de mettre un nom sur ce phénomène atypique,

Face aux secousses, le mal de l’air S’il s’agit assurément d’une véritable prouesse d’ingénierie et d’architecture, le 432 Park Avenue rencontre toutefois de sérieux problèmes en son sein Les habitants se plaignent en effet de pannes d’ascenseurs, de fuites d’eau, de bruits insupportables dûs au vent Celui-ci ferait même vaciller le sommet du gratte-ciel En 2021, Yohan Demeure intitule ainsi l’un de ses articles pour Sciencepost “Habiter dans ce gratte-ciel new-yorkais est un véritable enfer !”

Ce “gratte-ciel des milliardaires” exaspère ainsi de riches acquéreurs qui, pour une partie d’entre eux, ont décidé de quitter les lieux, à la manière de Jennifer Lopez

“[Les gratte-ciels allumettes] sont souvent décriés pour trancher radicalement avec les formes et le style art-déco des gratte-ciels du Midtown”

Looking 4, “CENTRAL PARK : Pourquoi ces nouveaux gratte-ciel allumettes fleurissent à New York”, 2021

Ces gratte-ciels sont vivement critiqués en raison du fait qu’ils entrent en discordance avec les autres bâtiments de la métropole, gâchant par-là le paysage La Municipal Art Society of New York parle ainsi de “skyline accidentelle” et pointe du doigt les sérieux problèmes d’exposition que la construction de ces gratte-ciels crée sur les environs Ces tours projettent en effet de grandes ombres sur Central

La Tour Steinway face à Central Park (©Thedronalist) Surplombant les autres immeubles, le “gratte-ciel des milliardaires” (© DBOX for CIM Group/Macklowe Properties)

Park et mettent à mal l’attractivité des terrains de sports, du zoo et du manège du site

“L’accès public à l’air, la lumière et aux espaces verts ne peuvent être sacrifiés”

Carol Willis, AFP, 2015

New York est toutefois loin d’être la seule ville au monde à se voir pointée du doigt en raison d’une “dénaturation” de son paysage

Afin de construire l’Abraj Al Bait Towers (601m, 2012), 4e plus haut gratte-ciel du monde en 2022, le gouvernement saoudien a détruit la forteresse d’Ajyad, citadelle édifiée à la fin du XVIIIe siècle par l’Empire Ottoman pour protéger la Kaaba des ennemis Cette démolition a causé nombre de vitupérations, notamment en provenance de la Turquie Le député Ertugrul Kumcuoglu en est venu à proposer au président du Parlement turc de boycotter les voyages en direction de l’Arabie Saoudite L’Abraj Al Bait Towers ne fait lui-même pas l’unanimité Nombreuses sont en effet les personnes à déplorer la discordance entre le patrimoine historique et religieux de La Mecque et le caractère luxueux du complexe

“On ne peut s’empêcher d’être attristé par la vue d’une Kaaba si petite au milieu de ces géants de verre et d’acier” Raja Alem (source : Le Monde)

Du fait de leur taille et des dégâts qu’ils causeraient en cas de destruction, les hautes structures apparaissent ainsi comme des bâtiments qui feraient mieux de ne pas s’effondrer

Villes verticales qu’ils sont, les gratte-ciels peuvent être des foyers importants de population Or, ils apparaissent en parallèle comme des emblèmes de réussite et de puissance économique Les terroristes l’ont très bien compris et ont ainsi visé à plusieurs reprises un complexe d’immeubles au nom particulièrement symbolique : le World Trade Center

Alors qu’Al Qaïda est fondé en 1987, les djihadistes comprennent rapidement le potentiel dévastateur que représenterait l’effondrement d’un gratte-ciel En 1993, c’est ainsi dans le parking souterrain de l’une des deux tours jumelles qu’est perpétré le premier attentat djihadiste visant un pays occidental dans l’histoire Pas loin de 680 kg d’explosifs avaient été placés dans une voiture piégée L’explosion était censée faire dévier la Tour Nord de manière à ce qu’elle percute la Tour Sud Si cette attaque se révèle être un échec pour Al Qaïda, avec 6 civils tués “seulement”, un autre attentat par véhicule piégé survenu deux ans plus tard démontre bien le potentiel destructeur dont la bombe dispose Le 19 avril 1995, deux vétérans de l’armée états-unienne présentant une haine profonde contre le gouvernement des Etats-Unis décident de détruire le bâtiment fédéral Alfred P Murrah à Oklahoma City S’il ne s’agit pas d’un gratte-ciel, le bâtiment comporte tout de même 9 étages Pour le détruire, les deux terroristes font exploser un fourgon rempli d’explosifs Le bâtiment est partiellement détruit et 168 personnes y laissent la vie Le bilan aurait pu être pire ailleurs, puisque l’un des deux terroristes a admis par écrit avoir songé à détruire un immeuble gouvernemental de 40 étages à Little Rock, Arkansas mais s’être ravisé en raison du fait qu’un fleuriste tenait boutique au rez-de-chaussée En effet, l’homme souhaitait éviter de tuer des gens n’ayant pas de rapport avec le gouvernement

Ces bâtiments prodigieux et monumentaux que sont les structures les plus hautes du monde ne sont ainsi pas sans transformer l’aspect d’une ville Mais plus qu’apporter des inconvénients, ces édifices peuvent constituer de vrais dangers Si la menace terroriste terrifie l’ensemble des métropoles du monde depuis 2001, elle ne constitue en réalité qu’une menace parmi d’autres

même année, en janvier 1995 plus précisément, la police de Manille a réussi à mettre la main sur l’opération Bojinka, un plan qui prévoyait le détournement d’avions qui auraient notamment fini dans les Tours Jumelles

L’Abraj Al Bait Towers surplombant la Kaaba (© Saudi Bin Laden Group / CTBUH) Un bâtiment fédéral défiguré après l’explosion (© NASA) Cette

En raison de ces nombreuses attaques ratées perpétrées sur le territoire états-unien, le président George W Bush a ainsi reçu le 6 août 2001, en guise de President’s Daily Brief (document top-secret posé sur le bureau du président tous les matins), un mémo intitulé “Bin Ladin Determined To Strike in US”

Or, l’utilisation d’un avion pour percuter une construction hautement symbolique avait déjà été anticipée par certains experts bien avant 2001 En 1933, Jean Royer avait écrit pour Urbanisme un article intitulé “L’habitation en hauteur et le danger aérien” Lorsque des terroristes du Groupe Islamique armé ont pris en otage le vol Air France 8969 à Alger en 1994, on a ainsi émis l’hypothèse que les pirates chercheraient à s’écraser sur la Tour Eiffel ou la Tour Montparnasse (209m, 1973) Par chance, l’avion ne disposait pas d’assez de carburant pour atteindre la capitale française Les terroristes ont ainsi été contraints de faire une escale à Marseille C’est ainsi que le GIGN a pu les abattre

Quand l’Empire State Building est percuté par un avion Le matin du 28 juillet 1945, un bombardier B-25 Mitchell de l’armée des Etats-Unis est désorienté par l’épais brouillard qui couvre New York alors qu’il survole la ville Se trompant de direction après avoir dépassé le Chrysler Building, il termine sa course entre les 78e et 80e étages de l’Empire State Building Malgré l’impact et le grand incendie qui suit, le toît de New York tient debout L’accident coûte toutefois la vie aux 3 membres d’équipage ainsi qu’à 11 personnes qui étaient présentes dans le gratte-ciel Mais le bilan aurait pû être un peu plus lourd si Betty Lou Oliver n’avait pas survécu à sa chute de 75 étages Cette opératrice d’ascenseur est dans un premier temps blessée par l’impact Les secours la placent alors dans une autre cabine pour la faire descendre jusqu’au rez-de-chaussée Or, les câbles de l’ascenseur, endommagés par l’accident, rompent pendant la descente et Betty Lou Oliver fait alors une chute libre jusqu’au sous-sol Survivant avec plusieurs fractures, la femme est plus tard entrée dans le Livre Guinness des records En effet, personne au monde n’a survécu à une chute d’ascenseur aussi haute En 1946, c’est au tour du 40 Wall Street (283m) de se voir accidentellement percuté par un avion Mais ici, seuls les 5 membres d’équipage ont perdu la vie dans l’impact

Ainsi, quand Al Qaïda prépare une série d’attentat de grande envergure en 2001, les terroristes de l’organisation misent tout sur les avions

Ce ne sont pas seulement des gratte-ciels qui sont visés, mais avant tout les bâtiments qui symbolisent le mieux l’hégémonie politique, financière et culturelle de la première puissance mondiale Le 11 septembre 2001, les pirates de l’air parviennent à détourner 4 avions et se répartissent chacun une cible différente :

● Le Capitole ou la Maison-Blanche pour le vol United Airlines 93 On ne sait pas vraiment quelle était la destination exacte car l’avion s’est crashé dans un champ en Pennsylvanie à la suite d’une révolte des passagers

● Le Pentagone pour le vol American Airlines 77

● Le World Trade Center pour les vols American Airlines 11 et United Airlines 175

Si les Tours Jumelles sont la cible principale, c’est surtout parce que les dégâts et les pertes humaines potentiels sont plus que considérables On pourrait ajouter le fait qu’il semble bien moins compliqué de finir sa course dans un gratte-ciel que contre un bâtiment de 10m de haut Avec deux tours dépassant les 415m, le World Trade Center constitue en 2001 un vivier humain non-négligeable En effet, le complexe emploie 50 000 salariés et reçoit près de 140 000 visiteurs par jour Plus de 17 400 personnes s’y trouvaient ainsi le 11 septembre 2001

Pour que l’attaque soit la plus dévastatrice possible, les terroristes choisissent de prendre d’assaut des vols long-courrier (Boston - Los Angeles), c’est-à-dire pleins de carburant Ainsi, ces avions apparaissent vraiment comme des bombes potentielles

Boston est plus proche de l’Islande que de Los Angeles (© Google Maps)

En deux heures de temps, les Twin Towers sont détruites, notamment à cause des incendies Ce ne sont toutefois pas les seuls gratte-ciels à être emportés par l’attaque Endommagé par de violents incendies causés par la chute de nombreux débris des Tours Jumelles, le 7 World Trade Center (190m) s’effondre quelques heures plus tard après avoir été entièrement évacué

Le bilan officiel de l’attaque du World Trade Center est de 2 753 personnes tuées si l’on compte les passagers, les officiers de police et les sapeurs-pompiers Il s’agit ainsi de l’attentat le plus meurtrier de l’histoire

La menace terroriste pousse alors les autorités à surveiller étroitement et fermer temporairement de nombreux sites stratégiques de la métropole et du pays Le jour de sa réouverture, l’Empire State Building est aussitôt refermé en raison d’une alerte à la bombe

“Il y avait une sorte de malaise physique devant ce symbole de tours qui s’effondrent : quel sens à montrer sa puissance ? Quel sens à construire plus haut ? On prenait des risques inutiles”

2011

Alors que les concepteurs des Twin Towers avaient anticipé l’impact d’un avion et estimaient que la structure résisterait à cela, et alors que les rapports officiels de l’Agence fédérale des situations d’urgence et du National Institute Of Standards and Technology n’avaient pas remis en cause la conception des deux tours, des doutes ont naturellement concerné l’avenir des gratte-ciels Dans un article publié en 2002 pour Societal, Thierry Paquot pose ainsi une question cruciale : “Le gratte-ciel est-il condamné ?”

Mais comme le montre bien Flora Genoux dans un article publié en 2011 pour Le Monde, et intitulé “Plus loin, plus haut : l’architecture après le 11-Septembre”, les craintes ont vite été remplacées par le choix d’une sécurisation plus

prononcée des gratte-ciels Le nouveau 7 World Trade Center (229m, 2006) et le One World Trade Center (546m, 2014) sont ainsi construits avec une prise en compte des erreurs du passé :

● Nombre d’architectes ont pointé du doigt le problème que constitue l’utilisation de l’acier dans la construction S’il s’agit d’un matériau traditionnel pour les gratte-ciels états-uniens, il s’agit également d’un matériau facilement inflammable Il est désormais accompagné ou remplacé par le béton qui est plus résistant face aux incendies

● Les murs sont plus épais

● Le système d’extinction d’incendies est renforcé

● Le système d’évacuation est amélioré Les escaliers sont ainsi plus larges Des montées d’escalier sont même dédiées aux pompiers Au One World Trade Center, les escaliers de secours sont placés au centre, ce qui limite le risque d’endommagement

● Sur la façade, le verre, dangereux lorsqu’il se brise, est remplacé par d’autres matériaux plus solides

● On solidifie la construction des étages du bas La façade du bâtiment est ainsi censée résister à un camion piégé

Renouvelé tous les trois ans, l’International Building Code est un ensemble de normes de construction qu’il convient de respecter afin de garantir la sécurité et la santé au sein d’un immeuble tout en limitant les coûts de construction Depuis la chute des Twin Towers, de nouvelles mesures sont prévues par le Code, notamment en ce qui concerne la taille des escaliers et les dispositifs d’alerte Ces nouvelles mesures accroissent quelque peu le coût des gratte-ciels Il a notamment augmenté de 3% avec les mesures proposées dans l’édition 2009 Ces évolutions ont ainsi eu comme objectif de donner à nouveau confiance à un Oncle Sam traumatisé Les gratte-ciels continuent alors de fleurir notamment en raison du fait qu’ils se présentent comme la réponse la plus adéquate à la surdensification des espaces urbains

“La fin du gratte-ciel Ce 11 septembre 2001, après avoir regardé, fascinés, comme des millions de téléspectateurs, les images des Twin Towers réduites à un tas de gravats, les architectes savent ce qu'ils doivent faire : ranger leurs croquis Trop hautes, trop vulnérables, aux Etats-Unis et à l'étranger les constructions de tours sont suspendues Mais la crainte n'a duré qu'un temps Dix ans plus tard, les gratte-ciel foisonnent aux Etats-Unis comme dans le reste du monde Pour les architectes américains, l'impact du 11-Septembre se mesure surtout par des normes de construction plus axées sur la sécurité”

Flora Genoux, Le Monde, 2011

Transformant le regard que l’on porte sur les gratte-ciels, l’effondrement des Twin Towers apparaît à la fois comme un profond traumatisme mais aussi comme une source d’inspiration pour des terroristes isolés Dans les années 2000, il est ainsi arrivé que des avions percutent un grand bâtiment, parfois accidentellement, parfois non Si cela ne

donne lieu à aucun effondrement de gratte-ciel, le souvenir du 11 septembre 2001 revient toujours à la surface

Rien qu’en 2002, deux immeubles de plus de 100m se sont vus percutés par un avion :

● La Pirelli Tower (127m, 1960) à Milan, en Italie

● La Bank Of America Plaza (176m, 1986) à Tampa, en Floride

Si une seule personne y laisse la vie (Charlie J Bishop, le pilote), le crash d’un Cessna 117 contre la Bank Of America Plaza s’apparente bien à un attentat

“J’ai préparé cette note par rapport aux actes que je suis sur le point de commettre Pour commencer, Oussama Ben Laden est absolument légitimé dans la terreur qu’il a provoquée le 11 septembre”

Note de suicide de Charlie J Bishop, 2002

Pour leur part, les raisons de l’incident de la Pirelli Tower, tuant le pilote ainsi que deux personnes présentes dans le bâtiment, demeurent bien plus floues La piste de l’attentat a été écartée par les investigateurs, et la thèse du suicide est plus que plausible Victime d’une escroquerie, le pilote était en effet ruiné

La crainte de revivre un attentat semblable à celui du 11 septembre 2001 a brusquement fait chuter les marchés boursiers états-uniens et européens L’effet que l’accident a eu sur les bourses est toutefois resté mineur

“S’il s’agit d’un accident, il ne devrait pas y avoir d’effets durables sur le marché S’il ne s’agit pas d’un accident, c’est une autre histoire”

Un analyste d’une banque italienne, pour la BBC, 2002

L’accident de Tampa n’a fait qu’un mort, le pilote (© Associated Press)

En 2006, on redoute encore un attentat lorsqu’un petit avion s’écrase contre un immeuble de 156m de haut à New York La piste terroriste est toutefois rapidement écartée L’accident est en fait dû à une erreur de pilotage Seuls le pilote, qui n’est nul autre que le joueur de baseball Cory Lidle, et son instructeur Tyler Stanger, sont morts dans le crash

Entre 2001 et 2023, les Twin Towers constituent donc les seules structures de grande taille à avoir été détruites par un attentat Mais une construction peut aussi très bien s’effondrer accidentellement En 2005, la Tour Windsor (106m, 1979) à Madrid est ravagée en pleine nuit par un incendie Aucune victime n’est ainsi à déplorer Mais puisqu’il ne reste plus que la carcasse du bâtiment lorsque le feu est enfin éteint, la décision est prise de le détruire

Par rapport aux gratte-ciels, les mâts sont particulièrement vulnérables Maintenues par des haubans, ces fines tours ne tiennent effectivement pas toutes seules Nombre de tours de transmissions dépassant les 500m se sont ainsi effondrées dans l’histoire Ces structures se brisent essentiellement en raison du vent et du froid mais il arrive qu’elles s’effondrent à cause d’une erreur de maintenance

Les débris de la Tour de transmission de Radio Varsovie

De 1974 à 1991, la Tour de transmission de Radio Varsovie est la plus haute structure du monde avec ses 646m Mais en 1991, les haubans de son sommet sont mal remplacés, et la tour s’effondre alors L’accident n’a pas fait de victime, à l’inverse de plusieurs autres problèmes de maintenance qui ont de suite été fatals :

● En 1973, l’effondrement de la tour de KCRG-TV (610m) tue 5 travailleurs

● En 1982, la Senior Road Tower se brise en pleine construction 5 hommes perdent alors la vie

● En 1988, la chute de la tour de KTVO-TV (610m) tue 3 travailleurs

● En 2002, 2 hommes meurent lors de la chute du mât de KDUH-TV (599m)

Mais comme pour les gratte-ciels, les collisions avec les aéronefs sont redoutées, même si les mâts clignotent pour signaler leur présence Rien que pour l’année 1968, on a rencontré trois accidents de ce type :

● La WAEO Tower et le mât de KELO-TV se sont effondrés après avoir été tapés par deux avions différents

● 4 passagers d’un hélicoptère décèdent après avoir percuté le mât de KXJB-TV

Et quand l’homme n’a rien à se reprocher, c’est que la météo a décidé de filer un mauvais tour aux mâts En 1975, la KELO-TV Tower s’effondre à nouveau, cette fois-ci à cause d’un blizzard En 1992, la WCIX Tower est détruite par l’ouragan Andrew

Les gratte-ciels et les mâts apparaissent ainsi comme des bâtiments effrayants car les accidents qui s’y produisent peuvent facilement prendre des proportions dramatiques En effet, il est difficile de fuir quand on est à 300m de hauteur On peut s’évader en sautant dans le vide, mais les chances de survie sont assez limitées

Bien endommagée, la Pirelli Tower est toutefois restée debout (© CBS News) La dépouille de la Tour Windsor, 9e gratte-ciel le plus haut de Madrid avant sa destruction (© La Rioja)

Les personnes désespérées ont très bien compris cela Les cas de suicide en haut d’une tour se comptent ainsi par milliers Certains même ont été commis par des célébrités :

● En 2003, le chanteur et acteur Leslie Cheung saute du 24e étage du Mandarin Oriental Hong Kong (91m, 1963)

● En janvier 2022, Cheslie Kryst, miss USA 2019, se donne la mort en sautant du 29e étage du gratte-ciel Orion (184m) à New York

“Le plus beau des suicides” depuis l’Empire State Building. En 1947, Evelyn Francis McHale se jette du 86e étage de l’Empire State Building et atterrit sur une limousine La posture de son corps, encastré dans la voiture mais resté intact, est immortalisée par une photographie prise par l’étudiant Robert Wiles

Ainsi, la mort d’Evelyn McHale est rapidement devenue “le plus beau des suicides” Cette scène a fait l’objet d’une sérigraphie de la part d’Andy Warhol et a été reproduite par David Bowie

En 2007, l’Académie de médecine de New York a ainsi parlé de syndrome du “suicide touristique” En 2012, Le Nouvel Obs établit le “Top 10 des hauts-lieux de suicides dans le monde” Dans cette liste, on retrouve ainsi l’Empire State Building mais aussi la Tour Eiffel La Dame de Fer a effectivement connu 366 morts entre 1887 et 2006 selon Le Quid

Des mesures de sécurité ont donc été prises pour éviter d’octroyer une trop mauvaise publicité à ces structures touristiques Des filets ont notamment été mis en place sur la Tour Eiffel

Reichelt a par exemple tenté de sauter du premier étage de la Tour Eiffel avec un costume-parachute qu’il avait inventé En 2005, c’est en sautant de la Dame de Fer en parachute qu’un Norvégien a trouvé la mort

On l’a donc compris, une construction de grande hauteur est une structure qui comporte quelques dangers Mais justement, si l’on veut éviter que le bâtiment ne devienne dangereux, il faut prendre des risques L’entretien requis est effectivement particulier

Les professions d’entretien qui touchent aux gratte-ciels peuvent être très bien payées Selon un article du Parisien publié en 2018, la société française Sky-Scrapper paie ses nettoyeurs entre 2 000 et 2 700€ net par mois au bout de 2 ans d’ancienneté seulement

Le travail de laveur de carreaux est en effet un métier à risques En 1932 à New York, 1 laveur de carreaux sur 200 perdait la vie au travail chaque année En 2004, la Churchill Insurance a publié un rapport classant les professions les plus dangereuses en Grande-Bretagne Si le monteur d’échafaudages prend la 8e place, le laveur de vitres monte pour sa part sur la plus haute marche du podium

"Les nettoyeurs de vitres ont été mis à la première place car ils travaillent en hauteur, sur des échelles, avec un ou plusieurs outils, et ont besoin d'un équilibre et d'une concentration incroyables Ils pourraient être comparés à des artistes de cirque sans le filet de sécurité" Greg Dawson, porte-parole de Churchill, 2014

Quand c’est un gratte-ciel classique qu’il faut entretenir, le concours de laveurs de carreaux non expérimentés peut faire l’affaire Mais quand il s’agit d’entretenir des structures avec une forme originale et un accès compliqué, il s’avère nécessaire d’engager un personnel spécialisé

Mais comme le montre aussi le Quid, les morts advenant sur ou depuis les grandes constructions ne sont pas seulement dûs aux suicides. Si les accidents de travail constituent une part importante de ces décès, on retrouve également des grimpeurs de l’extrême ou des hommes qui ont tenté des expériences particulières En 1912, Franz

La société Wiss, Janney, Elstner Associates Inc. regroupe des architectes, ingénieurs et scientifiques qui ont pour tâche de définir les causes de certains problèmes touchant

Photomontage de la “tragique expérience” de Franz Reichelt (© Le Petit Parisien) Le Gateway Arch (© Wikimedia Commons, Daniel Schwen)

des constructions précises et d’intervenir dans les cas extrêmes En 2011, ils sont notamment intervenus lorsque le Washington Monument a vu son toît écorché des suites d’un tremblement de terre Et en 2015, ils ont analysé l’éventuelle détérioration du Gateway Arch (192m, 1968) de St-Louis, car celui-ci semblait perdre sa couleur Dans les deux cas, une équipe spécialisée a escaladé ces bâtiments à la forme atypique afin d’investiguer et de nettoyer

Comme pour leur construction, l’entretien des très hautes structures comporte certains dangers Il se voit ainsi valorisé par de très bons salaires Toutefois, il est parfois nécessaire de faire appel à des scientifiques et des intervenants spécialisés pour résoudre certains problèmes Ces professionnels auront une importance d’autant plus grande dans les années à venir, si les projets de construction astronomiques continuent à fleurir autant En effet, il faut bien un entretien très spécifique et particulier pour s’occuper d’un édifice qui dépasse les 1 000m de hauteur

Sky is the Limit…

Puisque la hauteur est un objet particulier de fantasmes, on n’a pas fini de voir apparaître des projets plus fous et plus hauts les uns que les autres Alors qu’on assistait au XIXe siècle à une course à la “tour de 300m”, on assiste au XXIe siècle à une course à la “tour de 1 000m”

Cette nouvelle course aurait pû être réglée depuis le XXe siècle déjà si tant de projets faramineux n’avaient pas été avortés

Présenté comme le plus grand architecte états-unien de l’histoire par l’Institut des architectes américains en 1991, Frank Lloyd Wright a proposé, en 1956, une tour de 1 730m qui n’a toutefois jamais vu le jour : The Illinois Ces plans peuvent tout de même se targuer d’avoir inspiré la construction du Burj Khalifa

Alors que la Tour Eiffel a été construite à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris de 1889, les organisateurs de l’Exposition Internationale des Arts et Techniques dans la Vie Moderne de 1937 ont vu bien plus haut En effet, la pièce maîtresse de l’exposition devait être le Phare du Monde, une structure de 700m de hauteur Cette tour aurait été ceinturée par une route spiraloïde qui aurait permis aux automobiles d’atteindre le sommet de la tour, où se serait trouvé un garage pouvant accueillir plus de 500 voitures Trop onéreux et compliqué à mettre en oeuvre, le projet ne verra toutefois jamais le jour

Comme on le devine avec son nom, The Illinois aurait été construit à Chicago Mais ce berceau des gratte-ciels n’est pas la seule ville états-unienne qui aurait pû abriter une structure de plus de 1 000m au XXe siècle En effet, a été proposée dans les années 1970 la construction de la Houston Tower, un gratte-ciel de 500 étages qui se serait hissé à 2 092m de hauteur. Dans le but d’éviter de faire une liste trop exhaustive, nous évoquerons enfin l’Aeropolis 2001, un projet dépassant les 2 000m, que l’on aurait retrouvé dans la baie de Tokyo

Si tous ces projets ont été abandonnés, ou du moins mis à l’arrêt, nombre d’autres idées de gratte-ciels dépassant les 1 000m sont encore sur la table à l’heure où l’on écrit ces lignes Certains sont déjà en cours de construction en 2023

Les plus extraordinaires formeraient carrément une porte d’entrée dans l’espace Hallucinants, aberrants, ces projets n’en restent pas moins très sérieux

Frank Lloyd Wright et les plans de l’Illinois (© Alamy Photos) Le Phare du Monde, un projet de 700m au cœur de Paris. Le Phare du Monde, le projet insolite d’Eugène Freyssinet

Par exemple, l’ascenseur spatial a pour objectif le transport spatial entre la surface terrestre et l’orbite Le câble tiendrait à la force centrifuge Pour ce faire, il est donc nécessaire d’atteindre l’orbite géostationnaire Dès lors, le câble doit faire plus de 36 000 km de hauteur pour éviter d’être soumis à la force de gravitation et de retomber à la surface Le projet est particulièrement intéressant puisqu’il permettrait d’économiser le coût d’une mise en orbite en comparaison avec le lanceur spatial L’idée a été évoquée dès 1895 par Constantin Tsiolkovski, le “père de l'astronautique moderne”, dans Spéculations au sujet de la Terre et du Ciel Tsiolkovski va jusqu’à parler de tour, alors que l’on ne parle aujourd’hui que d’un câble En 1952, la découverte des nanotubes de carbone, forme allotropique du carbone offrant une certaine résistance, a permis de crédibiliser et de potentiellement rendre le projet réalisable Si l’idée demeure utopique, la NASA travaille sérieusement dessus En 2019, l’un des articles de Hugo Leroux de Sciences&Vie s’intitule ainsi “Ascenseur spatial : ce n’est plus de la science-fiction” Le journaliste y explique qu’une cabine “s’élevant le long d’un câble est en train d’être testée dans l’espace Et [que] deux projets d’ascenseur spatial sont [actuellement] à l’étude”

L’ascenseur spatial contient toutefois des limites notables En effet, le risque de collision avec des débris spatiaux est inévitable Or, certains d’entre eux pourraient sectionner le ou les câbles

La boucle de lancement (© Keith Lofstrom)

Redescendons maintenant sur terre avec des projets qui semblent d’un coup minuscules Pas encore mis sur pied, ils n’en restent pas moins impressionnants

Rien qu’à Tokyo, trois projets lointains pourraient dépasser les 2 000 m :

● La Tokyo Tower Of Babel, proposée en 1992 Elle dépasserait le Mont Everest (8 849m) car on parle d’une hauteur s’approchant des 10 000m

● Le X-Seed 4000 dépasserait le Mont Fuji de plus de 200m Le point culminant du Japon atteint en effet les 3 776m Imaginée dans les années 1990 dans le contexte de la croissance démographique notable du pays à cette époque-là, la structure pourrait accueillir 1,6 millions d’habitants Or, depuis 2005, le pays est plutôt en décroissance démographique Ainsi, les enjeux auxquels le X-Seed 4000 pourrait répondre ne sont plus du tout d’actualité au Japon

● La Mega-City Pyramid (2 004m) pourrait accueillir plus d’1 million de personnes

Comme autre projet visant à nous connecter à l’espace, on retrouve l’anneau orbital Ancré au sol, il ferait le tour de la Terre et deviendrait un système de lancement ou une station spatiale à part entière Grâce à ce dispositif, la mise en orbite serait bien plus rentable qu’en lançant depuis le sol Dès les années 1870, cette idée a été proposée par

Terminons cette conquête de l’espace par la boucle de lancement Cette structure permettrait de lancer des objets en orbite. En 2002, Keith Lofstrom expliquait dans une conférence que sa création ferait 2 000 km de long pour une altitude minimale de 80 km Grâce à l’énergie cinétique, la boucle de lancement tiendrait toute seule Il conviendrait toutefois de la placer au-dessus de la mer pour éviter de mettre les habitations en danger En effet, l’énergie libérée à cause d’une défaillance majeure serait conséquente

Les grands projets d’Eugene Tssui Quand il s’agit d’imaginer des structures pouvant accueillir un grand nombre de personnes, Eugene Tssui sait voir les choses en grand Ainsi, l’ingénieur états-unien a proposé nombre de projets qui deviendraient révolutionnaires s’ils étaient mis sur pied Tssui est ainsi à l’origine du projet Ultima Tower Cette tour de 3 218m de hauteur pourrait accueillir environ 1 million de personnes à San Francisco Un autre projet, la Eye-in-the-Sky Lookout Tower, culminerait à 710m de hauteur L’architecte a enfin proposé la construction d’un pont suspendu passant au-dessus du détroit de Gibraltar

Mais la course à la plus haute construction du monde ne concerne pas seulement Tokyo, loin de là. En fait, elle met les grandes métropoles mondiales en concurrence :

● Pour Dubaï, a été imaginée la Dubai City Tower (2 400m)

● Pour New York, on peut évoquer le Times Squared 3015 (1 733m)

● La Bionic Tower (1 228m) pourrait être édifiée à Hong Kong ou Shanghai

● Pour les années 2030, est annoncée la construction de l’Azerbaidjan Tower (1 050m) près de Bakou, la capitale du pays

L’ascenseur spatial, un projet fou qui devient progressivement réalité (© Mondolithic Studios / Novapix) Nikola Tesla

Ces nombreux projets, quelque peu utopiques, sont pour la plupart conçus pour un horizon assez lointain S’ils répondent pratiquement tous à des problématiques démographiques et écologiques, il n’en reste pas moins qu’ils ne sont pas prêts de sortir de terre

Or, la course à la tour de 1 000m a bel et bien commencé, avec des projets en cours de construction depuis les années 2010

En Arabie Saoudite, la construction de la Djeddah Tower a commencé en 2013 L’homme qui en a dessiné les plans n’est nul autre qu’Adrian Smith, l’architecte qui a conçu ceux du Burj Khalifa Si le gratte-ciel devait initialement faire 1 600m de hauteur, les plans ont été redessinés pour qu’il atteigne les 1 001m Le chantier est toutefois à l’arrêt depuis mars 2019

La Djeddah Tower est en concurrence avec la Dubai Creek Tower, tour d’observation construite à partir de 2016 mais dont la hauteur finale n’a pas encore été divulguée Or, il est rapporté que cette structure pourrait elle aussi dépasser la barre symbolique des 1 000m Le suspense est donc plus qu’à son comble entre ces deux Etats voisins de la Péninsule arabique

Dans une autre cour, le Goldin Finance 117 devrait atteindre les 597m de hauteur à Tianjin Mais ici encore, la construction a pris du retard Et à l’heure où l’on écrit ces lignes, au moins 7 autres villes chinoises sont en train de construire un immeuble dépassant les 450m de hauteur

Résolvant et créant de nombreux enjeux, les plus hautes constructions du monde se présentent ainsi comme des structures spectaculaires et uniques Toujours plus hauts, toujours plus impressionnants, les gratte-ciels d’aujourd’hui et de demain poursuivent une course à la hauteur révolutionnaire qui prend ses racines dans l’Antiquité

Les plus grands projets de construction dans le monde (© MetaBallStudios, Alvaro Gracia Montaya) La Djeddah Tower ressemblerait à cela (© Adrian Smith + Gordon Gill Architecture)

Insouciantetinnocent, lephénomèneyéyéamarquélesannées1960enFrance Sastratégie:adapter deschansonsanglo-saxonnes. Peut-êtreest-cepourcelaquelemouvements’estsiviteessoué…

“Put your glad rags on, join me, hon’ / We’ll have some fun when the clock strikes one” ! A partir des années 1930-1940, les grandes avancées et innovations techniques permettent à la musique populaire de devenir toujours plus accessible aux Etats-Unis : les postes de radio envahissent les foyers, les jukeboxs pullulent dans les bars et cafés, et l’apparition des hits-parades en 1935 renforce le succès des chansons les plus populaires du moment Certes, ce sont d’abord le jazz, la musique country et la variété qui profitent de ces évolutions Mais grâce à cette démocratisation fulgurante de la musique populaire, c’est dans les meilleures conditions possibles que survient en 1954 l’un des plus grands tremblements de terre de l’histoire de la musique En effet, comme Dietmar Hüser, historien de nationalité allemande spécialisé dans l’histoire contemporaine, l’explique bien en 2008, “Rock around the clock de Bill Haley and the Comets constitua, plus que toute autre chanson, le premier point d’orgue de la musique Rock’n’Roll américaine Avec elle, débuta tout autour du globe une marche triomphale”

Et après Bill Haley suivront Elvis Presley, Carl Perkins, Chuck Berry ou encore Little Richard Grâce à cette mine d’or inestimable qu’est le rock et aux avancées techniques considérables dont elle dispose, l’industrie de la musique états-unienne est donc bien en avance sur celle des autres pays Dans les années 1950, alors que l’Europe découvre en retard le disque vinyle et le concept de hit-parade, se pose ainsi la question du danger que le rock pourrait représenter pour la tradition musicale française Si jamais l’Oncle Sam marquait son hégémonie dans les charts de l’Hexagone, les producteurs, compositeurs et chanteurs français risqueraient alors de se voir sérieusement relégués par une musique exotique Mais en même temps, le rock est si prometteur et révolutionnaire qu’il serait dommage de le considérer comme un ennemi à abattre Une solution de compromis est donc trouvée dans les années 1950 : demander à des interprètes français de reprendre des chansons étrangères dans la langue de Molière Cette stratégie a-t-elle fonctionné ? Quelle forme a-t-elle prise ? Combien de temps a-t-elle duré ?

--Musique--
Adapter des succès étrangers en français, la marque de fabrique des yéyés
Françoise Hardy, Bob Dylan, Johnny Hallyday et Hugues Aufray en 1966 (© France 3)

Le rock’n’roll a quelque peu chamboulé le monde de la musique Alors que ce nouveau son contient tous les ingrédients pour plaire à une génération d’adolescents français n’ayant pas connu la guerre, il inquiète une industrie de la musique qui craint de se voir aliénée et submergée sur son propre territoire par la musique anglo-saxonne Mais à bien y réfléchir, le rock est si prometteur qu’une francisation pourrait rapporter beaucoup aux producteurs, paroliers et chanteurs

Quand le rock apparaît à la tête des charts états-uniens, il porte en lui le risque de transformer en profondeur la musique française C’est du jamais vu, donc ça fait peur Jusque-là, la musique étrangère s'immisçait peu en France Mais le rock a beau tirer son origine de plusieurs styles que les Français connaissent bien, l’impact qu’il a sur le public états-unien n’a rien à voir avec celui que les genres préexistants ont pu avoir En effet, en un temps record, la musique anglo-saxonne se voit ébranlée Alors qu’Elvis fait l’objet d’un culte, Jerry Lee Lewis fait hurler les foules Si les adolescents états-uniens sont si fascinés par ce genre de chanteurs, imprévisibles et comme possédés sur scène, pourquoi ne serait-ce pas le cas de la jeunesse française, surtout au vu de ses caractéristiques et propriétés ?

Eddie Barclay, empereur du microsillon.

Au début des années 1950, le disque microsillon (vinyle) s’implante très timidement en France Or, Eddie Barclay comprend très bien que ce nouveau support a tout pour révolutionner l’industrie de la musique française Il part alors aux Etats-Unis pour se procurer la recette de fabrication de cette innovation Il rapporte ainsi plus de 3 000 tourne-disques de son voyage Largement en avance sur son temps, Barclay popularise cette invention en France et fonde en 1954 les Disques Barclay Forte d’un succès conséquent, la maison de disques signe une bonne partie des grands interprètes français des années 1960 : Frank Adamo, Hugues Aufray, Charles Aznavour, Dalida, Léo Ferré ou encore Eddy Mitchell qui avait appelé le premier nom qu’il avait trouvé dans l’annuaire C’est notamment grâce à Eddie Barclay que Nicoletta a vu sa carrière décoller Mais cette maison ne signera pas seulement des Français En effet, elle ira également frapper à la porte de grands noms de la musique anglo-saxonne, tels que Fela Kuti ou The Cranberries

En effet, si la musique états-unienne est aussi peu diffusée en France, c’est notamment parce qu’elle n’est pas tout simplement disponible sur le territoire français Les disquaires disposent de peu de disques anglo-saxons A partir de là, il est assez chimérique pour un artiste états-unien d’espérer faire son trou en France

Mais il y a quand même quelques percées, rendues possibles par des hommes comme Eddie Barclay, qui reviennent d’Amérique avec des disques pleins les poches C’est ainsi parce qu’ils ont pu écouter les disques de rock états-unien avant tout le monde que les premiers grands rockeurs français paraissent tant en avance sur leur temps Le plus célèbre, Johnny Hallyday, se faisait envoyer des disques tout droit sortis des Etats-Unis par Lee Hallyday, le mari de sa cousine et accessoirement son “père de coeur”

Dans les années 1940 - 1950, la musique que les Français écoutent se chante essentiellement dans la langue de Molière, en témoignent les meilleures ventes de l’époque Mais le problème en Hexagone, c’est que le concept de hit-parade n’apparaît qu’à partir de 1968 Ainsi, c’est en regroupant les ventes de disques et les passages à la radio que Daniel Lesueur et Dominique Durand du site Infodisc ont créé un hit-parade commençant en 1955. Si les classements qu’ils ont élaborés ne sont pas officiels, ils renseignent toutefois sur ce que les Français écoutaient dans les années 1950 - 1960

Entre 1955 et 1959, dix-sept titres interprétés en français ont été n°1 de ce hit-parade, contre deux chantés en anglais : “Only You (And You Alone)” des Platters (1955) et “When” des Kalin Twins (1958) Or, le succès du tube des Platters s’explique par le rôle déterminant d’Eddie Barclay Signant un contrat aux Etats-Unis avec plusieurs groupes, dont celui-ci, le producteur français avait permis à la chanson d’être possiblement commercialisée en Gaule Il était ainsi revenu en France les mains pleines de disques de musique états-unienne, dont celui d’“Only You”

“Johnny avait beaucoup de disques américains qu’on ne pouvait pas acheter en Europe, ce qui me permettait d’écouter tout ce que je ne pouvais pas écouter autrement, si bien qu’on passait souvent des après-midi et des soirées à écouter Presley, Bill Haley et des tas d’autres trucs qui n’étaient pas encore disponibles chez nous” Eddie Mitchell, pour François Jouffa, Johnny Story, 1975

Et le truc, avec le rock, c’est qu’il change totalement la donne Dérivé du rhythm & blues mais aussi de la country, ce nouveau genre explose avec Bill Haley, qui en signe en

“Vous n’êtes pas prêts pour ça mais vos enfants vont adorer”
Personne n’avait envie d’être à la place du piano quand Jerry Lee Lewis, dit “The Killer”, se produisait (© The Steve Allen Show) Les Platters doivent leur succès en France à Eddie Barclay, qui les a signés aux Etats-Unis (© LA Times / Gilles Petard / Redferns)

1954 le premier grand succès Très accessible et entêtant, ”(We’re Gonna) Rock Around The Clock” passe huit semaines à la première place du Billboard Hot 100 et révolutionne le cours de la musique En parallèle, le jeune Elvis Presley connaît le succès dès ses 19 ans avec “That’s All Right (Mama)” (1954), titre qui apparaît comme l’un des morceaux fondateurs du rockabilly Il poursuit ensuite son ascension en reprenant “Blue Suede Shoes” de Carl Perkins en 1956 Et cette même année, Gene Vincent explose avec “Be-Bop-A-Lula” C’est bon, la fièvre rock’n’roll est lancée !

Artiste Titre Année

Elvis Presley That’s All Right 1954

Bill Haley and His Comets (We’re Gonna)

Rock Around the Clock

1954

Chuck Berry Maybellene 1955

Little Richard Tutti Frutti 1955

Elvis Presley Mystery Train 1955

Ces 5 morceaux, parmi les tout premiers tubes de l’histoire du rock’n’roll, sont classés dans le Top 500 du Rolling Stones en 2003

Véritable phénomène, le classique de Bill Haley se voit classé 2e enregistrement le plus populaire de l’année 1955 par Billboard Mais il s’agit alors du seul morceau de rock classé dans le top 30 cette année-là L’année suivante, on est à des années-lumières du bis repetita En 1956, en effet, on retrouve déjà “Be-Bop-A-Lula” de Gene Vincent à la 27e place et “Blue Suede Shoes” de Carl Perkins à la 18e Et au sommet du classement, le King marque sa suprématie avec 5 morceaux dans le top 15 dont le n°1 et le n°2, “Heartbreak Hotel” et “Don’t Be Cruel”

La jeunesse rebelle dans le cinéma des années 1950 Dans les années 1950, le cinéma explore la complexité d’une jeunesse états-unienne en quête de repères, perdue entre le monde des enfants et celui des adultes Des acteurs jouant les rebelles sont érigés au rang d’idoles, à la manière de Marlon Brando ou de James Dean

Les réalisateurs s’évertuent à montrer que les adolescents ne sont pas entièrement responsables de leur crise : Graine de Violence (1955) de Richard Brooks remet en cause le système éducatif quand Rebel Without A Cause (1955) de Nicholas Ray présente des parents ne remplissant qu’à moitié leur rôle

Mais en même temps, les réalisateurs montrent bien que la rébellion, gratuite, ne répond à aucune nécessité, et n’a aucune visée particulière Dans L’Equipée sauvage (1953) de Laszlo Benedek, quand une fille demande au héros, joué par Brando, contre quoi il se rebelle, il répond ainsi : “Qu’est-ce que tu proposes ?” On comprend donc pourquoi Nicholas Ray a nommé son film “Rebel Without A Cause”. Le rock’n’roll arrive alors au bon moment dans la société états-unienne On peut même dire que c’est le cinéma qui lui permet de décoller, puisque c’est dans Graine de Violence qu’on entend pour la première fois “(We’re Gonna) Rock Around the Clock” de Bill Haley and his Comets

Aux Etats-Unis, le rock est donc devenu en un éclair la grande musique prisée par la jeunesse Et pour cause ! Les adolescents des années 1950 apparaissent comme un public rêvé pour ce genre de musique Mais pourquoi ? Qu’ont-ils de particulier, ces jeunes-là ?

La seconde partie des années 1950 voit des personnes n’ayant pas connu la guerre atteindre l’âge adolescent Ces jeunes n’ont pas du tout la même expérience de la vie et les mêmes idéaux que les générations précédentes, qui ont au moins vécu l’une des deux guerres mondiales Cet écart des générations est sans surprise plus important dans une Europe qui a été le théâtre majeur des opérations en 19141918 et en 1939 - 1945

Selon Dietmar Hüser, cette période est donc marquée par un “profond fossé générationnel, résultat de différentes expériences et de différentes visions du monde” Rajoutons le fait que dans les années 1960, la part des adolescents dans la population est de plus en plus importante, en conséquence du baby-boom qui a débuté une quinzaine d’années plus tôt Les baby-boomers sont donc un marché potentiel extrêmement important L’enjeu du contrôle de la musique rock devient par là essentiel

“Les années 1950 aboutirent [ ] de manière irrévocable à <<une seconde révolution française>> [ ] Une formation sociale, dont les systèmes normatifs de valeur et les pratiques culturelles se différenciaient considérablement des modèles prégnants d’orientation et de comportement de la première moitié du siècle, se dégagea”

Avec son déhanché très provocateur, Elvis Presley était un temps surnommé “Elvis the Pelvis”

Le baby-boom, en rouge, marque une remontée soudaine de la natalité à la fin et aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale (Source : INSEE © besight co)

Mais le contexte économique et politique est également essentiel pour comprendre cette période Notamment caractérisées par une croissance économique notable et une certaine hausse du niveau de vie en Occident, les “Trente Glorieuses” (1945 - 1975) marquent l’entrée de la France dans la société de consommation Durant cette ère, la force de la publicité se voit décuplée A côté, l’industrie du divertissement se développe Cette dernière se range habilement dans le camp des adolescents en luttant contre les restrictions parentales, moyen d’avoir le jeune consommateur dans la poche

“Ce nouveau type social témoignait d’une volonté d’autonomisation vis-à-vis des normes parentales dominantes et s’érigeait comme symbole en faveur de tout ce qui représentait le changement, la nouveauté et le départ dans une nouvelle ère”

Dietmar Hüser, 2008

Dietmar Hüser constate une évolution culturelle importante chez les jeunes de la fin des années 1950 Ces derniers se seraient de plus en plus perçus “ comme des groupes sociaux dotés d’une dénomination culturelle comme <<culture jeune>>” Dans une proportion inédite, la jeunesse se serait ainsi créée des comportements et des modèles de valeur lui étant propres, “et au premier rang, sa propre musique” Le rock a évidemment participé à l’édification de cette logique qui suivra dans les décennies suivantes avec les cultures hippie, punk, grunge ou encore hip hop

“La musique, qui permet de voir se refléter ses propres situations de vie, génère un sentiment émotionnel de communauté, une forme symbolique du vivre ensemble, qui vient au devant des conduites des jeunes, de leurs rêves, et de leurs métamorphoses Elle leur offre en même temps un espace pour satisfaire le besoin d’autonomie vis-à-vis du monde des adultes, le besoin de manières de vivre et de valeurs conformes à leur âge”

Le rock a ainsi beaucoup de chances de connaître un certain succès en France C’est justement pour cela qu’il inquiète beaucoup Sur leurs propres terres, les artistes français craignent sérieusement de se voir relégués ou obligés de partager le gâteau avec les nouvelles stars anglo-saxonnes La tradition musicale française, elle, pourrait se voir aliénée

Les adaptations françaises de chansons étrangères, ça existait déjà avant l’arrivée du rock en France ! Dès le milieu des années 1950, on voit quelquefois des artistes français prestigieux reprendre des chansons anglaises En 1955, Line Renaud reprend par exemple le “Mambo Italiano” de Rosemary Clooney et “Tweedlee Dee” de LaVern Baker Et en 1956, “L’Homme à la moto” d’Edith Piaf reprend un morceau de Jerry Leiber et Mike Stoller Mais en fait, ces adaptations donnent un avant-goût de ce à quoi ressemblera le rock quelques années plus tard En effet, LaVern Baker est considérée comme une précurseure du genre, alors que Jerry Leiber et Mike Stoller ont tout simplement écrit en 1952 le titre “Hound Dog”, qui sera interprété dans un premier temps par Big Mama Thornton avant de devenir un hit en 1956 avec Elvis

“«Rock’n’Roll Mops» d'Henry Cording and his Original Rock’n’Roll Boys, premier morceau de rock’n’roll enregistré en français, témoigne de cette défiance La chanson était une parodie concoctée par Cording (alias Henri Salvador) et Boris Vian pour surfer sur la vague du rock’n’roll qui s'emparait alors du monde ”

Jonathyne Briggs, 2014

En France, l’une des techniques pour désamorcer l’emprise du rock est ainsi de tourner cette musique en dérision, d’éviter de la prendre trop au sérieux Ainsi, nombre des premiers titres de rock français sont en fait des parodies En réduisant “manifestement l’influence américaine à une série de traits grotesques ou drolatiques” comme le dit Philippe Birgy en 2012 pour Contre-cultures !, on résiste ainsi à la domination états-unienne

“Un coup d'œil rapide, et qui serait à approfondir, sur les débuts des scènes Rock [française et ouest-allemande] semble montrer qu’on accorde en France un plus grand poids, une plus haute authenticité et une présence plus durable aux artistes autochtones qu’aux artistes transatlantiques originaux”

Dietmar Hüser, 2008

Mais pourquoi vouloir tant limiter l’influence états-unienne ? S’agit-il juste d’un souci économique ? En réalité, entre en ligne de compte une certaine concurrence, teintée d’antiaméricanisme et de chauvinisme, entre Marianne et Columbia

La France dispose en effet d’une tradition musicale particulière très différente de celle des Etats-Unis Déjà, l’Hexagone est représenté par un music-hall prestigieux dont l’influence dépasse le pays Alors qu’Edith Piaf et Gilbert Bécaud connaissent un succès retentissant aux Etats-Unis, Yves Montand fréquente la crème de la crème d’Hollywood, de Lauren Bacall à Marilyn Monroe Cette chanson française, exaltant une poésie propre à la langue de Molière, est truffée d’“hymnes à l’amour” et à la beauté Mais à l’intérieur du pays, on retrouve également des auteurs-compositeurs-interprètes de renom, aux textes poétiques, populaires et politiques, du nom de George Brassens, Jacques Brel ou Léo Ferré

La musique française se porte donc très bien lorsque le rock fait son apparition L’arrivée d’une musique étrangère, loin de correspondre à la tradition française, révulse naturellement une bonne partie de la population française.

“Une concurrence entre deux pionniers de la démocratie moderne, ayant chacun une prétention à l’universalité, et qui bien entendu entreprenaient une mission civilisatrice Ces deux républiques-sœurs, malgré leurs origines révolutionnaires communes, étaient restées de leur propre chef éternellement étrangères”

2008

Mais quand les producteurs français constatent le succès fulgurant du rock aux Etats-Unis, ils comprennent très bien que cette musique triomphera tôt ou tard en France Alors autant contrôler cette invasion en la francisant Cette solution d’adapter les succès anglo-saxons permet de limiter un impact culturel états-unien inévitable tout en se faisant beaucoup d’argent Et le succès de cette formule dépasse rapidement les attentes

“Le gisement commercial que représentait l’adaptation de morceaux déjà existants permit de gonfler l’industrie du disque française et fit émerger une nouvelle constellation de jeunes stars de la pop”

Toutefois, le danger états-unien demeure latent C’est pourquoi on garde un œil très éveillé et attentif sur ce qui se passe outre-atlantique, tout en contrôlant étroitement les adaptations françaises A première vue, la recette semble très simple : en reprenant des chansons acclamées par la jeunesse états-unienne, on ne prend pas beaucoup de risques

Les étapes de composition et d’écriture des paroles sont mâchées : le plus souvent, il s’agit seulement pour les producteurs d’arranger un peu la musique et pour les paroliers de retranscrire les lyrics en français Pour faire un tube, il suffit donc de trouver l’interprète adéquat

L’un des objectifs principaux est de faire de l’argent Ainsi, on fait en sorte que les reprises soient lisses et apolitiques afin qu’elles passent sans souci à la radio Conscientes de la mine d’or que cette stratégie représente, la radio et la

publicité tournent justement autour de ce phénomène de mode En 1959, Frank Ténot et Daniel Filipacchi créent l’émission de radio Salut les Copains En 1962, le magazine homonyme est créé Sur les ondes, tournent de nouveaux artistes qui deviennent vite des idoles, de Johnny Hallyday à Eddy Mitchell en passant par Richard Anthony et Sheila

“A partir de là, l’industrie de la musique, les médias de masse et la branche du divertissement se concentrèrent de manière définitive sur un marché culturel spécifique pour des adolescents dotés d’un fort pouvoir d’achat” Dietmar Hüser, 2008 (sur l’impact du rock aux Etats-Unis)

Plus proches du public français que les stars états-uniennes (certes inspirantes mais si lointaines et étrangères), ces nouvelles “idoles des jeunes” déchaînent ainsi les foules

Le 22 juin 1963, une bonne centaine de milliers de personnes se ruent Place de la Nation pour fêter le premier anniversaire du magazine Salut les Copains et voir Johnny, Sylvie Vartan ou encore Richard Anthony se produire Quelques jours plus tard, Edgar Morin donne un nom à ce phénomène dans une chronique du Monde : les Yéyés !

Les stars des Yéyés, des idoles très jeunes Puisque la recette des adaptations n’est pas très compliquée, il n’est pas nécessaire de signer des auteurs-compositeurs-interprètes originaux et excellents pour faire vendre Ce dont les producteurs ont besoin, ce sont des artistes auxquels les adolescents pourront se reconnaître, des bêtes de scène qui sauront insuffler une vie et une énergie inédites aux morceaux adaptés Ainsi, les artistes lancés sont très jeunes Quand il perce en 1959 avec “Nouvelle Vague”, reprise de “Three Cool Cats” des Coasters, Richard Anthony a 20 ans Mais cela fait presque vieux par rapport aux autres stars des Yéyés En effet, Johnny enregistre “Souvenirs, Souvenirs” (1960) à 17 ans, Sheila perce à 17 ans avec “L’école est finie” (1963), Eddy Mitchell à 18 ans avec les Chaussettes Noires Encore plus jeune, Dick Rivers a 16 ans Les Chats Sauvages rencontrent un grand succès lors de l’été 1961

Jacques Brel, Léo Ferré et George Brassens, les 3 grands auteurs-compositeurs-interprètes engagés des années 1950 - 1960 (© Jean-Pierre Leloir)

“Les chansons rencontrent un public séduit par l’attrait de l’américanité mais elles recueillent aussi les suffrages d’un auditoire hostile à l’américanisation de la culture”

Philippe Birgy, 2012

Avec le succès de cette stratégie, l’industrie de la musique française peut souffler Les disques qui se vendent le mieux et ceux qui font le plus parler d’eux en France sont en effet rarement étrangers Sur 8 artistes ayant signé au moins un morceau ayant atteint la première place des charts en 1962 selon InfoDisc, un seul est anglo-saxon C’est Little Eva, avec “The Loco-Motion” En 1964 et 1965, on ne retrouve même aucun artiste anglo-saxon n°1 Et en 1966, la Beatlemania fait office d’exception

Ainsi, le “Rêve Américain“ ne pose pas vraiment de problème Au contraire, il fait vendre C’est pour cela qu’on ne peut pas vraiment dire que tous les chanteurs yéyés sont des stars préfabriquées A la fin des années 1950, les rockeurs français de la première heure (Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Jacques Dutronc) se font rapidement repérer, notamment grâce à leurs concerts au Golf-Drouot, une discothèque parisienne surnommée “Temple du Rock”

Ces artistes proposent des interprétations sincères Il ne s’agit pas de simples interprètes, mais de passionnés qui insufflent une nouvelle énergie aux morceaux repris Ils désirent ardemment faire découvrir une musique qui les touche particulièrement et qu’ils ont découverte avant tout le monde En effet, Eddy Mitchell a vu Bill Haley en concert quand il était adolescent Pour sa part, Johnny Hallyday est tombé amoureux du rock après avoir vu Elvis Presley dans le film Amour Frénétique (1957)

“Toute la musique que j'aime Elle vient de là, elle vient du Blues Les mots ne sont jamais les mêmes Pour exprimer ce qu'est le Blues”

Johnny Hallyday, “La Musique que j’aime”, 1973

Pour jouer sur la proximité entre leur musique et le rock’n’roll états-unien, nombre des premiers rockeurs français prennent un nom à consonance anglo-saxonne Ainsi, Jean-Philippe Smet se transforme en Johnny Hallyday en référence à Lee Hallyday et Claude Moine devient Eddy Mitchell Mais on pourrait également citer le cas de Frankie Jordan, Dany Logan, Vic Laurens ou encore Dick Rivers

“La plupart des succès de jeunesse de Johnny Hallyday se basaient sur la confiance en sa capacité à transmettre l'énergie et le style des chansons américaines en français, communicant ainsi leur signification à un nouveau public Et de fait les critiques pensaient alors qu'Hallyday était la combinaison vivante des identités française et américaine”.

Jonathyne Briggs, 2014

Les adaptations produisent inévitablement un certain attrait pour la culture et la mode états-unienne En 1961, Johnny Hallyday fait ainsi découvrir le twist à la France entière avec “Viens danser le twist”, reprise de “Let’s Twist Again” de Chubby Checker Et à la même période, Les Chaussettes Noires sortent “Le Twist”

Johnny Hallyday, l’idole des jeunes (© André Nisak / Fastimage) Dick Rivers en 1973 (© Universal Photo / Sipa / Sipa) Eddy Mitchell et Les Chaussettes Noires (© José Schoovaerts) Le légendaire Fats Domino et Frankie Jordan (© Decca Records)

“A partir de 1964, des morceaux en anglais firent de plus en plus leur apparition dans les ventes françaises mais ceux-ci restaient fréquemment escortés d’une version en français qui s’en sortait mieux commercialement”

Jonathyne Briggs, 2014

Une bonne partie des titres incontournables de l’époque sont donc des adaptations Mais quels sont ces morceaux ? En outre, quels sont les artistes repris et les artistes repreneurs qui se distinguent ?

“Viens danser le twist”

La recette est toute trouvée, et on sait qu’elle fonctionne très bien Or, pour bien vendre, il est nécessaire de choisir les bons morceaux à adapter : c’est presque le gros du travail Comme le rock est loin d’être l’unique genre qui a la côte aux Etats-Unis, on va élargir les horizons Ce sont donc les plus grands succès de rock, mais également de soul et de variété qui sont adaptés en France Mais pour que le morceau connaisse le succès, il faut insuffler une énergie inédite et particulière à la chanson reprise Les différentes reprises d’un même morceau peuvent donc ne pas avoir grand-chose en commun, hormis leur structure et la mélodie de base Or, le problème avec le rock, c’est qu’il s’agit d’une musique très contestataire et controversée Ainsi, pour espérer toucher un public le plus large possible, la solution peut être de lisser et dépolitiser les paroles d’une chanson Et dans tout ce beau monde, on trouve un grand nombre de classiques de la chanson française

Les chanteurs repris sont nécessairement des artistes qui ont connu un certain succès dans leur pays En effet, s’ils s’en vont chiner un artiste inconnu au bataillon, les producteurs prennent un risque financier inutile

Hugues Aufray, l’un des premiers fans de Bob Dylan… En 1961, Hugues Aufray rejoint le célèbre chanteur Maurice Chevalier aux Etats-Unis C’est là qu’il découvre un jeune chanteur de 19 ans, un certain Bob Dylan Ce dernier était “totalement inconnu, même ses parents ne savaient pas qu’il s’appelait Bob Dylan !” (interview pour France Info, 2020) Assez rapidement, l’interprète de “Santiano” a donc l’idée de faire connaître Dylan en France en reprenant ses compositions : “Tout me fascine : le son de sa voix, la façon de chanter, de jouer de la guitare, l’organisation harmonique de ses chansons Problème, je ne comprends pas un mot de ce qu’il raconte Il va me falloir traduire”, confie-t-il à La Dépêche en 2016 Hugues Aufray se met alors au travail avec le célèbre parolier Pierre Delanoë De leur collaboration naît en 1965 l’album Aufray chante Dylan Cet album est loin d’être le seul projet de reprise qu’Aufray a enregistré En effet, il a publié Aufray Trans Dylan en 1995 Et en 2009, à 80 ans, il a interprété plusieurs adaptations de Dylan en s’accompagnant d’autres noms de la chanson française (Bernard Lavilliers, Jane Birkin, Laurent Voulzy, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell etc ) pour l’album New Yorker Sur la pochette dudit projet, on voit Hugues Aufray sculpter un buste du chanteur états-unien Mais la relation entre les deux artistes ne se cantonne pas aux reprises. Les deux hommes ont en effet entretenu une certaine amitié En 1984, Dylan a par exemple invité Aufray sur scène pour chanter “The Times They Are A-Changin’”

Tous les pionniers du rock ont ainsi vu certaines de leurs chansons reprises en français

Si Elvis Presley voit ses chansons adaptées en France dès 1957 avec “Sois pas cruelle” de Georges Ulmer, il est repris en abondance dans la première partie des années 1960 En 1961, “Jailhouse Rock” devient “Le Rock du Bagne” avec Les Champions L’année suivante, Sylvie Vartan propose sa version de “Don’t Be Cruel” mais au masculin En février 1962, Elvis sort “Good Luck Charm”, titre qui se voit repris au bout de quelques mois par Annie Bouquet mais aussi par Les Vautours de Vic Laurens, sous le titre “Le Coup du Charme” En 1964 enfin, Johnny Hallyday enregistre “Tu n’as rien de tout ça”, reprise de “(You’re the) Devil in Disguise” (1963)

Mais il n’y a pas qu’Elvis dans la vie Chuck Berry, Little Richard et Eddie Cochran ont tous trois été repris, à un moment ou un autre, par Johnny Hallyday et Eddy Mitchell

Et comme on l’a dit juste avant, personne ne peut échapper à la Beatlemania, même en France A partir de 1963, les quatre garçons dans le vent engendrent ainsi un nombre impressionnant d’adaptations Tous les chanteurs des yéyés y passent, de Johnny Hallyday à Richard Anthony, en passant par Hugues Aufray et Sheila

Le rock n’est toutefois pas le seul genre de musique qui se voit repris en masse Le jazz est également bien représenté dans les adaptations Entre 1964 et 1965, Eddy Mitchell reprend par exemple quatre chansons de Ray Charles, dont “What I’d Say”, il est accompagné à la guitare par un dénommé Jimmy Page

En parallèle, on va reprendre un grand nombre d’artistes de soul, issus notamment de la Motown, fameuse maison de disque créée en 1959 “Dancing in the Street” de Martha & the Vandellas (1964) devient par exemple “Dans tous les pays” avec Richard Anthony (1965) “Tell It Like It Is” d’Aaron Neville (1966) est transformé en “A Quoi Bon Pleurer” chez Les Gendarmes en 1967 Et niveau pop enfin, Lesley Gore enregistre une version française de son “You Don’t Own Me” en 1963

En fait, quasiment tous les grands succès anglo-saxons sont repris et adaptés en français Pour nous en rendre compte, penchons-nous sur l’édition 2021 du Top 500 des plus grandes chansons de l’histoire selon le Rolling Stone Sur les 8 morceaux du classement qui sont sortis en 1963, seuls 3 n’ont pas fait l’objet d’une adaptation française notable à l’époque : “(Love is Like A) Heat Wave” de Martha & The Vandellas, “Louie Louie” des Kingsmen et “Ring Of Fire” de Johnny Cash

Au lieu de reprendre plusieurs artistes différents, certains artistes vont s’attacher à adapter un chanteur en particulier, dans le but de faire connaître celui-ci en France C’est la stratégie qu’Hugues Aufray opère avec Bob Dylan Et à l’inverse, plutôt que de se spécialiser dans un type de reprises en particulier, plusieurs interprètes français vont surfer sur les tendances anglo-saxonnes et adapter les morceaux qui fonctionnent le mieux outre-atlantique et outre-manche

C’est ainsi que certaines chansons anglo-saxonnes vont être reprises par plusieurs interprètes différents, mais avec des paroles et un rendu particulièrement différents d’une reprise à l’autre

Le 17 janvier 1964, les Beatles ont fait la première partie de Sylvie Vartan à Paris (© AFP)

22e plus grande chanson de l’histoire selon le Rolling Stone, “Be My Baby” (1963) des Ronettes est adaptée en par Georges Aber sous le nom de “Reviens Vite et Oublie” Cette version est interprétée par Frank Alamo, Les Surfs et Sophie Hecquet Mais il existe également une adaptation différente du titre : “Reviens, je t’en prie”, chantée par Les Excentriques en 1966

Et comme on l’a dit, les Beatles vont voir certaines de leurs chansons reprises en abondance Plusieurs artistes différents, à l’image de Nancy Holloway, des Chats Sauvages ou encore de Jacky Moulière, chantent ainsi “Elle t’aime”, adaptation de “She Loves You” (1963), qui est justement l’hymne des yéyés avec son fameux refrain (“yeah ! yeah ! yeah !”)

Pour autant, il ne faut pas voir la prolifération de reprises d’un même morceau comme le signe d’un manque d’originalité L’exemple des trois versions d’”Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polka Dot Bikini” de Brian Hyland par Johnny Hallyday, Richard Anthony et Dalida montre que le rendu peut être extrêmement différent d’un artiste à l’autre En 1960, trois versions différentes du titre “Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polkadot Bikini” de Brian Hyland sont donc apparues dans les charts français Or, dans l’article “Si cette histoire vous amuse, on peut la recommencer”, publié dans la revue Volume ! en 2012, Philippe Birgy met en évidence les différences entre ces trois adaptations Si Johnny Hallyday et Richard Anthony gardent la voix off, Dalida s’occupe de tout Mais entre les deux chanteurs, cette même voix off diffère Chez Johnny Hallyday, elle est masculine et endormie Chez Richard Anthony, elle est plutôt féminine et plus proche de la version de Brian Hyland En outre, le tempérament des artistes offre un rendu très différent Par exemple, l’”Idole des jeunes” propose une interprétation déchaînée et se permet quelques ajouts quand le “père tranquille du rock français” reste dans la mesure et la retenue

“Les modulations exagérées de la voix, l’ajout de motif et d’exclamations hors texte ramènent l’attention de l’auditeur sur la performance expressive du chanteur qui dès lors,

prend le pas sur les potentialités musicales du texte chanté, ses assonances et ses effets de métrique”

Philippe Birgy, 2012

Ainsi, l’interprète peut très bien transformer la chanson originale pour offrir un rendu inédit, parfois même meilleur A propos de Claude François, le philosophe Philippe Chevallier remarque que l’artiste savait “repérer les forces et les faiblesses d’une chanson” qu’il comptait adapter pour la rendre meilleure “Je vais à Rio” (1977), adaptation de “I Go to Rio” de Peter Allen, est selon lui un bon exemple

“Souvent, les adaptations sont meilleures que l'original Là où [Claude François] se retrouve coincé, c'est avec les reprises de la Motown, il ne peut pas faire mieux, alors c'est juste pour le plaisir de la reprise”

Interview de Philippe Chevalier, Libération, 2017

Pour que la chanson passe à la radio et soit bien reçue par le jeune public, il est également nécessaire de la retravailler en lui ôtant tout contenu politique, contestataire, provocateur Un morceau est en effet toujours écrit dans un contexte particulier, d’autant plus quand il s’agit d’une chanson de rock, genre qui s’est servi de la provocation pour exploser On construit ainsi “à partir de celui-ci un genre absolument personnel, à la française, une <<synthèse>> locale” (Dietmar Hüser, 2008)

Ce n’est pas pour rien que les années 1962 - 1963 ont marqué l’apogée des yéyés, mouvement qui se caractérise par l’insouciance et l’innocence ! Cette époque était en effet particulièrement propice à la diffusion d’une musique commerciale et apolitique

“La génération qui se reconnaît dans cette musique s’inscrit dans un temps faible de la contestation de la société française : entre la fin de la guerre d’Algérie et les mouvements de 1968”

Didier Francfort, Les Cahiers Sirice, 2020

Quand Vline Buggy et Claude François reprennent “The Hammer Song” (1950) des Weavers, ils retirent par exemple toute la dimension contestataire et politique du morceau, lié au Parti progressiste états-unien Dans le refrain, le sens de “ my brothers and sisters”, qu’il faut entendre par “camarades”, est dénaturé avec “ mes frères et mes soeurs” “All over this land” disparaît pour sa part au profit de “j’y mettrais tout mon coeur”

Quand les artistes anglo-saxons s’adaptent eux-mêmes en français

La stratégie d’adapter des chansons étrangères en français n’a pas été exclusivement utilisée par les producteurs français De leur plein gré, certains artistes anglo-saxons se sont ainsi auto-adaptés

On pense d’abord à Lesley Gore, qui transforme en 1963 son propre tube “You Don’t Own Me” en “Je ne Sais Plus” En 1987, Michael Jackson va faire de même en chantant “Je ne veux pas la Fin de Nous”, adaptation de “I Just Can’t Stop Loving You”, un morceau que l’on retrouve dans l’album Bad Pour sa part, Phil Collins a poussé le bouchon un peu plus loin en enregistrant plusieurs chansons du film Frère des Ours (2003) en anglais et en français “On My Way” devient ainsi “En Chemin”

Mais la recette a beau paraître simple, c’est en fait tout un art d’adapter un texte Pour ne pas être hors-temps, il faut respecter la prosodie, ce qui corse la tâche puisque l’on doit parfois donner une traduction peu fidèle afin de coller au rythme

Et c’est encore plus difficile quand on décide de reprendre certains artistes aux textes extrêmement travaillés et porteurs de sens En 2012, Hugues Aufray déclare ainsi pour L’Express que “traduire Dylan, c’est impossible Parce qu’on ne peut pas traduire un poète, on peut le transmettre” Il explique ensuite combien la phrase “How does it feel”, dans “Like A Rolling Stone”, s’est révélée particulièrement difficile à traduire La traduction littérale, “Qu’est-ce que tu éprouves ?”, ne sonne pas très bien En outre, elle ne colle pas à la prosodie C’est seulement en voyant une file de personnes attendant devant l’ANPE qu’Aufray trouve la traduction adéquate et la rime qui colle : “où vont ces files ?” Bob Dylan se dira satisfait de cette traduction

Puisque ces lyrics sont écrits de sorte de n’irriter personne, leur adhésion est facilitée Nombre de titres connaissent ainsi un succès durable, et deviennent au fil du temps de véritables classiques de la chanson française Selon Jonathyne Briggs, le plus grand succès de 1962 est “J’entends siffler le train”, un morceau de Richard Anthony qui adapte “500 miles”, une chanson folk d’Hedy West Et en 1968, “Cours plus vite Charlie”, reprise d’une chanson d’Eddie Cochran interprétée par Johnny Hallyday, parvient à priver “Hey Jude” des Beatles de la première place des charts

Interprète Adaptation Année

Dalida

Johnny Hallyday

Hugues Aufray

Claude

Claude François, l'adaptateur adapté.

Le rapport entre Claude François et la reprise est un cas unique et exceptionnel Certes, Cloclo est peut-être l’artiste français qui a le plus repris de chansons anglo-saxonnes Florent Barraco et Thomas Mahler, qui ont établi pour Le Point un classement des 277 morceaux qu’il a enregistrés dans sa carrière, estiment ainsi que 70 % de ses chansons sont des adaptations Mais à côté, Claude François a également écrit quelques chansons dont les adaptations chantées dans la langue de Shakespeare ont connu un grand succès outre-atlantique Par exemple, le morceau “Parce que je t’aime mon enfant” (1970) a été transformé en “My Boy” par Bill Martin et Phil Coulter Elvis en enregistrera une version en 1974 Mais c’est surtout “Comme d’Habitude” (1967) qui a marqué le monde anglo-saxon Paul Anka change le sens de la chanson et transforme son titre en “My Way” La version de Frank Sinatra, enregistrée en 1969, devient l’un des plus grands succès de la carrière du crooner A son tour, “My Way” connaîtra un nombre incalculable de reprises, parmi lesquelles la fameuse de Sid Vicious Selon le magazine Rolling Stone, ce n’est pas “Comme d’Habitude” mais “My Way” qui est en 2020 la 3e chanson la plus reprise de l’histoire, derrière “Yesterday” des Beatles et “Georgia on My Mind” de Hoagy Carmichael

En fait, la liste des adaptations françaises qui sont devenues des classiques dans les années 1950 - 1960 est si longue qu’il est nécessaire d’en dresser un tableau non exhaustif pour bien s’y retrouver

Interprète original Chanson adaptée Pays Année

“Bambino” 1956 Aurelio Fierro “Guaglione” 1956

“Souvenirs, Souvenirs” 1960 Barbara Evans “Souvenirs” 1959

“Santiano” 1961 “Santianna” XIXe siècle

“Belles

Nicoletta “La Musique” 1967 Barry Mann “Angelica” 1966

François ! Belles ! Belles !” 1962 The Everly Brothers “Made To Love” 1960 Sheila “Vous les copains, je ne vous oublierai jamais” 1964 The Exciters “Do Wah Diddy Diddy” 1963 Graeme Allwright “Suzanne” 1968 Leonard Cohen “Suzanne” 1966 Françoise Hardy “Comment te dire Adieu” 1968 Margaret Whiting “It Hurts To Say Goodbye” 1966 Joe Dassin “Siffler sur la Colline” 1968 Riccardo Del Turco “Uno Tranquillo” 1967 Julien Clerc “Laissons entrer le soleil” 1970 Hair (comédie musicale) “Aquarius / Let The Sunshine In” 1968

On comprend donc que la stratégie des yéyés a connu un énorme succès dans les années 1960 Mais ce phénomène n’a pas duré éternellement Ainsi, face à la pénétration de plus en plus importante de la culture anglo-saxonne dans l’Hexagone à la fin des années 1960, comment la stratégie d’adaptations de chansons étrangères a-t-elle évolué ? S’est-elle maintenue ou a-t-elle disparu ?

L’Amérique, L’Amérique…

Si elle marque la chute de l’utopie hippie, la fin des années 1960 signe en même temps la fin du phénomène yéyé Alors que les stars juvéniles se rapprochent irrémédiablement de la trentaine, les chansons originales anglo-saxonnes prennent de plus en plus de place dans les charts français Les décennies suivantes continuent toutefois de voir des artistes rencontrer un succès notable dans le pays avec des reprises de chansons étrangères

A la fin des années 1960, la musique anglo-saxonne est enfin parvenue à faire son trou en France L’accès aux disques étrangers est beaucoup plus simple qu’une décennie plus tôt et le public français est maintenant accoutumé aux genres de musique anglo-saxons Alors qu’entre 1957 et 1967, seuls 11 morceaux anglo-saxons ont atteint la 1ère place des charts français selon Infodisc, ils sont 30 entre 1968 et 1979 L’apogée du phénomène yéyé appartient donc au passé Auteur de l’article “Chansons et transferts culturels entre les Etats-Unis et l’Europe occidentale (1945 - 1991) publié dans Les Cahiers Sirice (2020/1, n°24), Didier Francfort, estime en effet que cet âge d’or se dessine entre 1955 et 1966

“C’est peut-être là que résiderait, paradoxalement, le meilleur signe d’une américanisation achevée, d’un soft power efficace Il n’est même plus nécessaire de traduire ou d’adapter pour que le succès se diffuse”

L’”américanisation achevée” n’est toutefois pas la seule explication Pour Didier Francfort, il faut également prendre en compte le fait que “la culture populaire rejoint une évolution sensible dans les cultures d’élite” et que “la mondialisation du marché de la musique n’implique plus une phase de nationalisation du produit culturel importé” Les élites, comme le marché, s’ouvrent davantage à la musique populaire, et notamment à celle produite à l’étranger

En parallèle, les stars yéyé prennent de l’âge, à l’image de leur public qui s’éloigne considérablement du passage adolescent et se voit attiré par des aspirations très différentes de celles prônées par les yéyés

En 1970, Dalida a 37 ans, Richard Anthony a également déjà dépassé la trentaine, Eddy Mitchell va sur les 28 ans, Johnny Hallyday sur les 27 C’est tout simplement la fin d’une époque En 1969, l’émission Salut les Copains est déprogrammée

“[L’émission Salut les Copains] est devenue complètement ringarde Même les enfants ne sont pas assez débiles pour l’apprécier désormais”

Johnny Hallyday, L’Express, 1969

“Rockollection” et le changement des mentalités dans les années 1970…

En 1977, Laurent Voulzy connaît pour la première fois le succès avec le morceau “Rockollection” Chanson ayant la particularité d’être composée de couplets originaux écrits en français et de refrains différents reprenant des succès anglo-saxons des années 1960, ce tube montre bien combien les goûts musicaux et les mentalités ont changé dans la société française depuis cette décennie que le chanteur chérit tant Comme l’explique bien Jonathyne Briggs, “Rockollection” s’inscrit dans la tradition musicale des années 1970, où les chansons françaises et anglo-saxonnes se côtoient dans les hit-parades français La mention des versions originales, plutôt que celle des adaptations, offre selon lui une vision faussée du véritable impact que ces chansons ont eu sur le public français : “ « Rockollection » reflète donc les considérations culturelles de la fin des années 1970 plutôt que celles des années 1960”

“Les réminiscences des refrains de morceaux de Van Morisson, de Little Eva et de Bob Dylan sont constitutives de la mémoire des années 1960 que partage Laurent Voulzy, fasciné par la musique étrangère Voulzy compose par ses paroles un récit qui rassemble souvenirs personnels et mémoire collective de ces morceaux, et le succès commercial rencontré par « Rockollection » semble d'ailleurs suggérer que le public français a adopté sa vision des années 1960 ”

Mais dans les années 1970, on retrouve malgré tout un certain nombre d’adaptations de chansons étrangères qui sont devenues des classiques de la chanson française

Jonathyne Briggs. Le chanteur brésilien Chico Buarque a été particulièrement adapté en France dans les années 1970 (© Flickr)

Reprises et mises en abyme. Dans des cas extrêmes, les adaptations peuvent former de belles mises en abyme si elles reprennent des chansons qui sont déjà elles-mêmes des reprises Dans la chanson française, on retrouve notamment deux exemples célèbres En 1970, Barry Manilow emprunte le “prélude en do mineur op 28 n°20” de Frédéric Chopin pour écrire “Could It Be Magic” En 1975, la chanson est adaptée par Jean-Michel Rivat pour Alain Chamfort Succès modéré à sa sortie, “Le Temps qui Court” devient un classique au fil des années En 1997, le boys band Alliage atteint la 13e place des charts français en reprenant l’adaptation française En 2006 enfin, Les Enfoirés se hissent à la 4e place des charts avec leur propre version

Quoi de mieux pour une chanson nostalgique des années 1960 que d’adapter un titre anglo-saxon ? En 1975, Les Four Seasons sortent “December, 1963 (Oh, What A Night)” Une année plus tard, Claude François reprend le morceau mais préfère se concentrer sur l’année 1962 pour les paroles de “Cette année-là” En 2000, “Cette année-là” est-elle même adaptée en “Ces Soirées-là” par le rappeur Yannick, qui change les lyrics pour en faire un hymne de boîte de nuit Digressons quelques secondes en mentionnant le fait que les Four Seasons sont habitués aux reprises en tout genre Le groupe de Frankie Valli a en effet interprété la version originale de “Beggin’”, chanson reprise bien plus tard par Madcon (2007) et Måneskin (2017), mais également celle de “Can’t Take My Eyes Off You”, titre repris par Claude François en 1969, le funky Boys Town Gang en 1982 (4e des charts états-uniens) et Surf Mesa en 2020

Parmi ces célèbres adaptations, on peut notamment citer “Les Rois Mages” de Sheila, qui reprend “Tweedle Dee, Tweedle Dum” de Middle Of The Road en 1971, ou bien “Gabrielle” de Johnny Hallyday qui adapte “The King is Dead” de Tony Cole en 1976

La meilleure vente de l’année 1970, c’est “L’Amérique” de Joe Dassin, une reprise de “Yellow River” de Christie Mais quand on pense à Joe Dassin, on pense également à "L'Été indien” (1975), que le chanteur reprend à Toto Cutugno Dalida ira aussi piocher dans le répertoire de Toto Cutugno pour “Laissez-moi danser (Monday, Tuesday)” (1979)

Si les deux titres de Toto Cutugno citées étaient écrits en anglais à la base, l’artiste lui-même est italien et nombre des chansons qu’il a écrites dans sa langue natale ont été adaptées en français, souvent par lui-même Il compose notamment “En chantant” pour Michel Sardou En parlant du bel paese, Michel Jourdan est allé piocher dans le répertoire du groupe Ricchi e Poveri pour écrire “Qui saura” (1972), qui constitue l’un des plus grands succès de la courte carrière de Mike Brant Quitte à délaisser un instant l’hégémonie anglo-saxonne, aventurons-nous au Brésil, dans le répertoire d’un artiste en particulier : Chico Buarque Le grand succès “Tu Verras” (1978) de Claude Nougaro est une reprise de la chanson “O Que Sera?” (1976) Et “Qui c’est celui-là ?” (1973) de Pierre Vassiliu est une reprise fort intéressante de “Partido Alto” (1972) Écrite par Marie Vassiliu, la femme du chanteur, la chanson au ton humoristique colle très bien à la version originale Le “ô nega?” à la rime est par exemple remplacé par “les gars” De même, on garde l’idée de commencer le refrain alors que le couplet n’est pas encore terminé

Et qu’en est-il des décennies suivantes ? A partir des années 1980, la mode des adaptations s’estompe bien comme il faut L’une des raisons est que la musique en général est devenue extrêmement accessible grâce à la commercialisation du CD dès 1983 en France Ainsi, écouter et produire de la musique coûte bien moins cher Les exceptions relèvent alors de choix précis qui s’éloignent un peu plus du profit que recherchaient les producteurs français des années 1950 - 1960

On va notamment adapter des titres étrangers pour créer des chansons humoristiques ou parodiques C’est le cas du Bonheur des Dames qui reprend “Wooly Bully” (1964) de Sam The Sham & the Pharaohs pour créer “Roulez Bourrés” (1988).

Plus sérieux, certains artistes vont également voir en une mélodie particulière et peu connue le moyen de créer une chanson qui connaîtra le succès en France Ainsi, Etienne Daho travaille avec Sarah Cracknell, chanteuse du groupe anglais Saint Etienne, pour adapter son titre “Ready Or Not” (1997) De la collaboration naîtra “Le Premier jour” (1998) En outre, on va continuer de trouver des hommages aux pionniers du rock de la part des anciens yéyés, comme Sylvie Vartan, Dick Rivers ou Johnny Hallyday

Avec l’apparition des télé-crochets dans les années 2000, la stratégie revient, avec une importance bien moindre toutefois par rapport aux années 1960 Vainqueure de la première édition de la Star Academy en 2002, Jenifer connaît un succès notable en 2004 avec “Ma Révolution”, adaptation de “Black Coffee and a Stranger” des I’Dees (2002) Vainqueur de la Nouvelle Star en 2006, Christophe Willem propose trois reprises de chansons anglaises dans son deuxième album Caféine (2009) “Entre nous et le sol” reprend par exemple “State of Grace” de Britney Spears (2007)

L’un des points communs entre Jenifer et Willem, outre le fait qu’ils aient tous les deux remporté un télé-crochet, est qu’ils font partie du collectif des Enfoirés Or, il est coutume depuis 1992 que les Enfoirés proposent un hymne chaque année Dans ces hymnes, on retrouvait des reprises jusqu’au début des années 2010 Au total, quatre hymnes ont été des adaptations de chansons anglo-saxonnes Pour en citer deux, “In the Army Now” (1981) de Status Quo devient “Ici les Enfoirés” en 2009 et “I Was Made For Lovin’ You” (1979) de Kiss se voit transformé en “Si l’on aimait, si” en 2010

Frankie Valli & The Four Seasons, un groupe qui a l’habitude de se voir repris (© Hulton Archive)

Coincéeentrelapeurdufauxprophèteetlaconvictiondel’existencedelaViergeMarie, l'Égliseprend avecdespincetteslesapparitionsprétendues, àpartirdesquellespeuventnaîtredegrandssanctuaires.

“Moïse étendit sa main sur la mer Et l’Eternel refoula la mer par un vent d’orient, qui souffla avec impétuosité toute la nuit ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent”

Exode 14 : 21

Dans la Bible, qui solidarise les textes considérés comme sacrés par la religion juive puis par la religion chrétienne, les enseignements de Dieu parviennent indirectement aux hommes par l’intermédiaire d’une poignée d’interprètes qu’il a choisis : les prophètes Avec le pouvoir et le rôle qu’ils endossent, ces élus de Dieu peuvent devenir des martyrs incompris comme Jérémie mais aussi de grands guides galvanisant les foules, à la manière de Moïse, qui a séparé la mer Rouge en deux pour faire passer le peuple d’Israël, ou de Jésus-Christ qui est parvenu, par sa seule intervention, à fonder une nouvelle religion Or, la Bible est un ouvrage qui s’est clos entre la fin du Ier siècle ap JC et le IIe siècle ap JC Depuis, les apparitions sont toujours considérées comme possibles pour l’Eglise, mais elles prennent alors la forme de révélations privées et ne peuvent être en mesure de changer le contenu des textes sacrés, car, comme il a été exprimé dans le synode des évêques sur la Parole de Dieu, en 2008, le Christ constitue la “Parole unique et définitive donnée à l’humanité” Le fidèle a ainsi le choix de croire ou non en la véracité des apparitions

Mais si l’on laisse cette liberté au croyant, c’est notamment parce qu’il est très difficile pour l'Église elle-même d’être parfaitement sûre qu’une apparition privée rapportée a bien eu lieu Si Le Nouveau Testament relate de nombreuses apparitions du Christ aux fidèles et aux apôtres, ce sont les visions de la Vierge Marie qui sont le plus fréquemment rapportées dans les révélations privées Comme il est établi pour l‘Eglise que la “mère de Dieu” a bel et bien existé, rien d’étonnant donc à ce qu’elle intervienne par moments sur Terre pour transmettre certains messages Or, il est également bien établi que des gens aux intentions discutables peuvent feindre d’avoir eu des visions afin d’endoctriner les fidèles ou les écarter du droit chemin, ce que de nombreux épisodes de la Bible rappellent bien Alors, quand on se rend compte de la manne financière et de l’importance spatiale que constituent certains lieux où la Vierge Marie serait apparue, à l’instar de Lourdes ou de Fatima, la prudence est plus que de mise Particulièrement scrupuleux, le Saint-Siège n’a ainsi reconnu qu’une petite dizaine d’apparitions mariales dans son histoire Mais si la suspicion est déjà importante au sein de l’Eglise, que dire du regard que les autorités laïques ou anticléricales peuvent porter sur ces cas ! Ainsi, en quoi les apparitions mariales rapportées constituent-elles une aporie considérable pour l’Eglise ?

--Histoire--
Les apparitions mariales : un sérieux casse-tête pour l’Eglise catholique
En 2019, Lourdes était la troisième ville la plus touristique de France (© P Vincent 13)

Se faire comme Saint Thomas

“Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, non je ne croirai point ” Thomas, Evangile selon Jean, 20 : 25 (Bible Segond, 1910)

plus là pour faire figure d’autorité Prudence est alors de mise pour l’Eglise qui peut difficilement prouver qu’une apparition rapportée a bel et bien eu lieu La dévotion n’est ainsi pas du tout obligatoire pour les fidèles

“Les fidèles sont autorisés à [ ] adhérer de manière prudente [à la révélation privée approuvée par l’Eglise] [ ] C’est une aide, qui nous est offerte, mais il n’est pas obligatoire de s’en servir”

Benoît XVI, Verbum Domini, 2010, Paragraphe 14

Mais si l’incrédulité et le doute sont si fondamentaux pour l’Eglise, c’est bel et bien parce que le contenu de la Bible et l’expérience ont prouvé, par l’intermédiaire de plusieurs épisodes mythiques ou historiques, qu’il fallait plus que se méfier des hommes qui se déclarent prophètes ou voyants, au vu du danger que ces derniers peuvent représenter

“Le risque de faire crédit au mensonge, le danger de se perdre en suivant les paroles d’un homme qui trompe, déterminent en réalité une méfiance générale à l’égard des prophètes”

Pietro Bovati, “Alla ricerca del profeta II Criteri per discernere i veri profeti”, Rivista del Clero 67, 1986, p 179

Aux yeux du christinanisme, seuls les phénomènes surnaturels relatés dans le livre sacré, la Bible, peuvent réellement être tenus “ comme parole d’évangile” Ainsi, l’Eglise tient pour vraie l’existence d’Adam et Eve

“L’Eglise, en interprétant de manière authentique le symbolisme du langage biblique à la lumière du Nouveau Testament et de la Tradition, enseigne que nos premiers parents Adam et Eve ont été constitués dans un état <<sainteté et de justice originelle>>”

Catéchisme de l’Eglise catholique, Paragraphe 375, 1994

La croyance essentielle, celle qui structure le christianisme, est justement une position qui relève du surnaturel : la résurrection du Christ trois jours après sa mort sur la croix

“Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine” Paul, 1 Corinthiens, 15 : 14 (Bible Segond, 1910)

Or, selon plusieurs exégètes tels que Jacques Schlosser, la rédaction du Nouveau Testament s’est achevée vers 130 ap JC avec le Deuxième épître de Pierre Depuis cette ultime rédaction, envoyée par “Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ” (1:1), il est établi pour l’Eglise que les hommes peuvent toujours recevoir des messages de Dieu, du Christ ou encore de la Vierge Marie Toutefois, ces apparitions ne peuvent plus transformer les principes et les enseignements bibliques, puisque Jésus Christ, point de départ et clé de voûte de la religion chrétienne, est présenté dans le livre sacré comme la “Parole définitive de Dieu” (Benoît XVI, 2010), “le Premier et le Dernier” (Apocalypse, 1 : 17) A partir du moment où le message des envoyés, à savoir les apôtres, a été délivré, il n’y a plus rien à ajouter Les révélations postérieures à la rédaction du Nouveau Testament sont ainsi privées, par opposition au caractère public de la parole du Christ relatée dans le Nouveau Testament Mais avec les apparitions privées, la Bible n’est

La figure du faux-prophète est effectivement très présente dans la Bible Dans l’Ancien Testament, partie du livre sacré antérieure à Jésus-Christ, le Livre de Jérémie relate par exemple une altercation entre le prophète Jérémie et l’imposteur Hanania

“Et Jérémie le prophète, dit à Hanania, le prophète : Ecoute, Hanania ! L’Eternel ne t’a point envoyé, et tu inspires à ce peuple une fausse confiance C’est pourquoi ainsi parle l’Eternel : Voici, je te chasse de la terre ; tu mourras cette année ; car tes paroles sont une révolte contre l’Eternel Et

En voyant les plaies du Christ de ses yeux, Thomas cessa enfin d’être incrédule (© Le Caravage, L’incrédulité de Saint Thomas, ~1603) Horace Vernet, Jérémy sur les ruines de Jérusalem, 1844

Hanania, le prophète, mourut cette année-là, dans le septième mois”

Livre de Jérémie, 28 : 15 - 17 (Bible Segond, 1910)

En annonçant la funeste destinée d’Hanania, Jérémie démontre qu’il est le vrai prophète Ainsi, face aux nombreux imposteurs, la preuve est essentielle, comme rappelée dans le Premier épître de Jean, dans le Nouveau Testament

“Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde”

Premier épître de Jean, 4 : 1 (Bible Segond, 1910)

La Bible recommande ainsi aux fidèles de faire preuve de discernement et de minutie Or, depuis que le dernier apôtre est décédé, aucune apparition divine n’a pu être prouvée Aucune donc n’a pu susciter un consensus au sein de l’Eglise On comprend ainsi pourquoi les révélations privées, bien moins évidentes que les révélations publiques qui ont même convaincu Thomas l’incrédule, ne peuvent faire l’objet d’une dévotion obligatoire chez les croyants Hors des canons bibliques, les apparitions font donc toujours l’objet de doutes

Ainsi, au IIe siècle ap JC, les personnes se déclarant prophètes ou voyantes ne sont pas forcément très bien vues

Un courant chrétien hétérodoxe, annonciateur d’une fin du monde imminente, parvient toutefois à cette époque-là à obtenir une certaine popularité, au point d’inquiéter la toute jeune Église chrétienne Fondé par Montanus de Phrygie, le “christianisme phrygien”, également appelé “montanisme”, se distingue par la place accordée à l’ascèse Afin de bien se préparer pour la fin des temps, Montanus établit plusieurs prescriptions rigoureuses :

● Il recommande l’abstinence sexuelle

● Il refuse que l’Eglise pardonne les péchés graves

● D’après certaines sources, les fidèles seraient même invités à faire à trois reprises un jeûne de quarante jours chaque année, l’équivalent donc de trois carêmes On parle également de jeûne jusqu’au soir à un rythme de deux fois chaque semaine, et ce pendant toute l’année

Afin d’asseoir son autorité et justifier son influence, Montanus prétend être l’organe du Paraclet, se présentant ainsi comme un instrument grâce auquel l’Esprit divin peut communiquer avec les hommes

Paraclet : Du grec παράκλητος (“celui qu’on appelle à son secours”), le paraclet est le nom donné au Saint-Esprit, l’une des trois figures formant la Trinité avec le Père (Dieu) et le Fils (Jésus-Christ) Il prend le sens de “consolateur”

“Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir”.

Jésus-Christ, Évangile selon Jean, 16 : 13 (Bible Segond, 1910)

“C’est moi, le Seigneur - tout puissant - qui réside en l’homme C’est moi, le Seigneur Dieu - le Père qui suis venu Je suis le Père, le Fils et le Paraclet [ ] Je ne suis ni un ange, ni un messager, je suis venu comme le Seigneur” Montanus, selon Epiphane (source : Bibliorama)

Gagnant du terrain d’années en années, le christianisme phrygien apparaît dès lors comme une menace potentielle pour l’Eglise chrétienne L’autorité du mouvement se base en effet sur les prophéties de Montanus et de ses disciples ainsi que sur une annonce dont les effets peuvent être particulièrement dommageables : l’imminence supposée de la fin du monde

Et puisque les croyances et pratiques divergent entre montanistes et chrétiens, la confrontation entre ces deux croyances a de grandes chances de déboucher sur des tensions Le christianisme phrygien est ainsi rapidement considéré comme hérétique par l’Eglise, ce qui avorte son expansion C’est ainsi au nom de la prudence qu’est prise la décision d’éliminer ce nouveau mouvement s’appuyant sur des révélations

Cette première grande affaire concernant une révélation pousse l’Eglise à établir des critères de discernement Au fil des siècles, alors que le doute persiste, on va ainsi essayer de théoriser les apparitions Avec le Concile de Trente (1545 - 1563), il est décidé que la vision relatée doit être nécessairement approuvée par l’évêque du lieu On cherche alors “ un point d’équilibre entre la liberté de manifestation de l’Esprit-Saint, source de tout charisme, et la crainte des <<faux prophètes>> et <<faux docteurs>>”, comme l’expliquent bien Joachim Bouflet et Philippe Boutry dans Un signe dans le ciel, les apparitions de la Vierge Marie (1997)

Hantée par un risque omniprésent de “fausse-prophétie”, l’Eglise met donc en place des enquêtes très scrupuleuses et minutieuses qui suivent les progrès et les évolutions philosophiques et scientifiques Dans le cadre de l’étude des apparitions, la science devient ainsi une grande alliée de la religion

“L’Église manifeste toujours une grande prudence car ces phénomènes sont incontrôlables scientifiquement, et peuvent être le fait d’une exaltation, de maladies psychiques ou donner lieu à des dérives sectaires”

Joachim Bouflet pour Croire la Croix, 2017

Avec le rationalisme, doctrine qui prévaut aux XVIIe et XVIIIe siècles dans le monde scientifique et philosophique, il faut qu’il y ait eu un miracle pour que l’on reconnaisse qu’une apparition a bel et bien eu lieu, puisque le miracle est par définition dépourvu d’explication rationnelle et scientifique

Rationalisme : Doctrine selon laquelle on ne peut expliquer la réalité qu’en vertu “d’une causalité compréhensible et de lois stables” (Larousse)

“Le rationalisme ne doit pas être une philosophie ; c’est une méthode de travail. Il emprunte à la science son prestige et n’existe pas sans elle”

Pierre Lecomte de Noüy, L’Homme et sa destinée, 1947

Depuis le XXe siècle, avec la spécialisation et le perfectionnement de nombreux domaines scientifiques, l’Eglise est obligée de “systématiquement [faire] appel à la compétence des sociologues, historiens, médecins et psychologues” (Bouflet & Boutry, 1997) Le “traitement de l’apparition” n’est donc plus le seul fait de l’Eglise, il “est désormais réalisé par des équipes pluridisciplinaires où théologiens et hommes de science travaillent de concert”

Des critères de discernement bien précis.

En 1978, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a publié les Normes procédurales pour le discernement des apparitions ou révélations présumées Ces critères permettent de distinguer les apparitions véridiques de celles qui sont prétendues

La mentalité du voyant est notamment scrutée On va regarder s’il fait preuve d’honnêteté, de sincérité ou encore de bienveillance Il est également exigé de vérifier si le témoignage ne comporte aucune erreur par rapport à la “doctrine théologique et spirituelle” Si le sujet se présente comme immoral ou mal-intentionné, si son récit comporte des erreurs, il y a de grandes chances que la révélation ne soit pas reconnue Dans un entretien accordé à Croire la Croix en 2004, le Père Emile Charton explique ainsi qu’il existe quatre critères permettant d’approuver une apparition : la conformité du message avec la Bible, la communion avec l’Eglise, la cohérence entre les messagers et le message transmis, et les fruits spirituels de la conversion

Ainsi, lorsque les critères ne sont pas remplis, l’apparition peut se voir non seulement rejetée, mais elle peut aussi se voir condamnée En effet, une contradiction dans les propos du voyant peut insinuer la présence d’une supercherie ou la volonté d’écarter les fidèles du droit chemin. Par exemple, les apparitions de Manduria ont été vivement condamnées en 1997 par l’évêque du lieu en raison de la présence d’idées hérétiques dans les messages prétendument partagées par la Vierge Marie Tout pèlerinage autour de cette apparition fait ainsi l’objet de sanctions ecclésiastiques

Mais une fois qu’elle a reconnu une apparition comme authentique, l’Eglise continue néanmoins de prendre de grandes pincettes et de se montrer prudente Dans son Exhortation Apostolique de 2010, Benoît XVI précise ainsi que nul “n’est obligé d’honorer une révélation privée”

Très peu d’apparitions ont donc été reconnues par l’Eglise catholique Mais à chaque fois, Dieu serait apparu à travers la figure de la Vierge Marie, mère du Christ C’est pour cela que l’on parle d’apparitions mariales

En 2008, Salvator M Perrella explique pour la Catholic News Agency que l’Eglise “ a approuvé un total de [12] apparitions sur 295 étudiées” Depuis cette déclaration, deux nouvelles apparitions ont été reconnues, et une autre retirée, ce qui montre à quel point le doute reste présent même quand le phénomène a été reconnu Ainsi, seules 13 apparitions sont considérées par l’Eglise comme véritables en 2022

Fort prudente, l’Eglise peut donc prendre beaucoup de temps pour authentifier une apparition On a par exemple dû attendre 2010 pour que les apparitions de Green Bay,

survenues en 1859, soient reconnues, après l’ouverture d’une étude canonique par l’évêque de la ville, Mgr David L Ricken

“Je déclare avec une certitude morale et conformément aux normes de l’Eglise que le contenu des faits, des apparitions et des propos reçus par Adèle Brise en octobre 1859 sont de nature surnaturelle, et par la présente, approuve ces apparitions comme dignes de foi - bien que non obligatoires - pour les fidèles chrétiens”

Mgr David L Ricken, 2010 (source : La Croix)

De ces rares apparitions officiellement reconnues, nombre ont quand même présenté ce qui pourrait s’apparenter à des preuves, des miracles

Le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes est notamment réputé pour ses “guérisons miraculeuses” Entre 1858 et 2020, 70 ont été reconnues par l’Eglise catholique sur plus de 7 200 guérisons répertoriées

A Fatima, au Portugal, en 1917, trois enfants bergers ont déclaré être entrés en contact à plusieurs reprises avec la Vierge Marie L’un d’entre eux, Lucie dos Santos, a raconté après une troisième apparition que la Vierge Marie lui a promis un miracle pour le 13 octobre 1917, à midi À cette date-là, entre 40 000 et 70 000 personnes se sont réunies pour assister au miracle annoncé Alors que le ciel était couvert jusque-là, le soleil aurait d’un coup dissipé les nuages et se serait mis à danser dans le ciel.

“Je pus voir le soleil apparaître comme un disque au bord net, à l’arête vive, qui luisait sans blesser la vue [ ] Il conservait sa lumière et sa chaleur, et se dessinait nettement dans le ciel, avec ses arêtes vives, comme une large table de jeu Le plus étonnant est d’avoir pu fixer aussi longtemps le disque solaire étincelant de lumière et de chaleur, sans avoir mal aux yeux et sans abîmer leur rétine On entendit une clameur, le grand cri d’angoisse de la foule En effet, le soleil, conservant son mouvement rapide de rotation, sembla pouvoir se détacher du firmament, et, rouge sang, avancer sur la Terre, menaçant de nous détruire sous son poids énorme”

On pourrait enfin évoquer, afin d’éviter de plonger dans l’exhaustivité, les 101 lacrimations d’Akita survenues au Japon de 1975 à 1981, et qui ont été reconnues comme authentiques en 1988 par le cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.

La grotte de Massabielle, lieu où Bernadette Soubirous serait entrée en contact avec la Vierge Marie (© Archives Sud Ouest)

A Zeitoun, une apparition présumée photographiée.

de malhonnêteté ou de messages hérétiques Mais parfois, l’Eglise tolère, voire encourage, une dévotion particulière, sans toutefois la reconnaître officiellement

Avec ses 20 millions de visiteurs chaque année, le sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe apparaît comme le 2e espace de dévotion catholique le plus fréquenté au monde derrière le Vatican Si les apparitions de la Vierge Marie devant Juan Diego, prétendument survenues en 1531, n’ont jamais été officiellement reconnues par l’Eglise, cette dernière a bel et bien reconnu l’image acheiropoïète qui serait miraculeusement apparue sur la tilma de l’homme amérindien Mieux, Juan Diego a été canonisé en 2002 En outre, le pape Jean XXIII lui-même déclarait en 1961 que Notre-Dame de Guadalupe était la “mère des Amériques” Ainsi, l’Eglise reconnaît indirectement les apparitions de Guadalupe

Image acheiropoïète : Du grec αχειροποίητα, qui signifie littéralement “ ce qui n’a pas été fait par une main d’homme”, il s’agit d’une image, le plus souvent une icône, dont on ne sait expliquer l’origine, et qui se voit dès lors considéré par les fidèles comme miraculeuse Alors que les apparitions physiques relatées dans l’histoire sont presque essentiellement le fruit de la Vierge Marie, les images dites acheiropoïètes représentent souvent le Christ, à l’image du Mandylion, du voile de Manoppello ou encore du Suaire de Turin

Photographiées et observées par des dizaines de milliers de personnes, les apparitions mariales de Notre-Dame de Zeitoun font vraisemblablement partie des phénomènes de ce genre les plus crédibles Alors qu’elles sont survenues entre avril 1968 et 1971, l’Eglise copte orthodoxe les a reconnues dès mai 1968

Le 2 avril 1968, des hommes travaillant en face de l’église Sainte-Marie de Zeitoun en Egypte remarquent une silhouette sur le toit de l’édifice Pensant à une tentative de suicide, ils appellent la police Lorsque les forces de l’ordre interviennent sur place, elles expliquent qu’il s’agit juste d’un effet d’optique Mais des personnes font rapidement le lien entre cette silhouette et la médaille miraculeuse, qui aurait été créée à la demande de la Vierge Marie lors des apparitions mariales de la rue du Bac (1830)

Deux légendes liées au site vont renforcer la plausibilité de ces apparitions aux yeux des fidèles Il est en effet raconté que l’église a été construite sur un site où la Sainte Famille se serait arrêtée lors de la fuite en Egypte, épisode relaté dans l'Évangile selon Matthieu Il est également raconté que la Vierge Marie aurait demandé directement à Khalil Ibrahim, l’homme qui a fait construire le bâtiment, de construire une église alors que ce dernier souhaitait à la base ériger un immeuble

On comprend donc facilement qu’un témoignage solide et ce qui ressemble à des preuves sont plus que nécessaires pour que l’Eglise reconnaisse l’apparition mariale comme véritable

Mais quand il n’y a pas reconnaissance, cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a rejet Certes, certaines dévotions sont condamnées en raison de contradictions évidentes,

En raison de la menace patente du faux-prophète et du souci d’être dans le vrai, l’Eglise se révèle ainsi extrêmement suspicieuse quand il s’agit d’analyser une apparition mariale rapportée Mais si elle prête autant d’attention au comportement des voyants, c’est notamment parce qu’une apparition prétendue renferme en elle un business potentiel particulièrement juteux Des sanctuaires considérables sont effectivement souvent construits quand une apparition est déclarée ou authentifiée Mais si c’est un enjeu économique, il s’agit également d’un enjeu politique puisque l’apparition peut en certains lieux et certaines époques s’attirer les foudres d’autorités anticléricales ou anti-chrétiennes, mais aussi servir d’outil de fédération pour les chrétiens

De la grotte de Massabielle à la caverne d’Ali Baba

Phénomène rare et fort, l’apparition s’accompagne souvent de pèlerinages Les fidèles peuvent alors venir en nombre se recueillir sur le site où l’apparition est censée avoir eu lieu Pour accueillir toutes ces personnes, qui peuvent venir des quatre coins du monde, engendrant donc hébergement et consommation, le financement de grands projets de construction et la création de commerces est nécessaire Or, s’ils créent de l’emploi et font entrer de l’argent dans les caisses, ces financements peuvent rapidement devenir de véritables mannes financières pour l’économie locale ainsi que pour les investisseurs

Si l’apparition prend une grande ampleur, la ville où elle est survenue peut voir son organisation spatiale transformée en profondeur C’est le cas de la ville de Lourdes, qui était encore un bourg classique en 1858.

Photographie infrarouge de Sainte-Marie de Zeitoun, en 1968

Or, en 1858, Bernadette Soubirous déclare être entrée en contact à plusieurs reprises avec l’Immaculée Conception Le maire Anselme Lacadé réalise alors rapidement le potentiel économique du site

Dès les années 1860, de grandes constructions sont donc entreprises Selon Bernadette Soubirous, la Vierge Marie lui avait demandé d’aller “dire aux prêtres de faire bâtir là une chapelle”, mais l’architecte Hippolyte Durand voit plutôt les choses en grand En 1862, démarre ainsi, juste au-dessus de la grotte de Massabielle, la construction de la basilique de l’Immaculée-Conception Impressionnant édifice tendu vers le ciel, l’église fait ainsi 70m de hauteur et surplombe de 93m le gave de Pau

Devant cette basilique est construite à partir de 1883 une autre basilique, Notre-Dame du Rosaire En 1958 enfin, à l’occasion du centenaire des apparitions, le pape Pie X décide d’agrandir encore le complexe religieux avec la construction de la basilique Saint-Pie-X, un lieu de culte souterrain

Depuis les apparitions relatées par Bernadette Soubirous, l’activité de la ville de Lourdes s’est spécialisée dans le tourisme religieux, ce qui l’a rendue dépendante de cette ressource Près de 3 500 emplois sont en effet liés au tourisme dans une ville ne comptant que 13 000 habitants en 2019

Les habitants de la ville sont inévitablement une minorité face aux touristes En effet, en 2012, 6 millions de visites ont été effectuées dans le sanctuaire On comprend donc que la pression hôtelière est particulièrement importante En 2015, Lourdes était carrément la 2e ville française comptant le plus grand nombre d’hôtels En 2018, ces derniers ont enregistré 2,2 millions de nuitées La crise du covid-19 a ainsi mis la commune à mal à partir de 2020

Avec ce seul exemple de la métamorphose de Lourdes, un bourg modeste qui est devenu en quelques années l’un des centres touristiques les plus importants de l’Hexagone, on comprend à quel point n’importe quel site peut devenir une attraction économique considérable à partir de seulement quelques visions rapportées

Sanctuaire Pays Affluence

Lourdes 6 millions (2012) Guadalupe ~ 20 millions (années 2010)

Fatima 6,3 millions (2019) Gietrzwald ~ 1 million (années 2000)

Kibeho ~ 500 000 - 600 000 (2020)

L’affluence de quelques sanctuaires mariaux mondiaux

Les grands travaux vont également concerner la voirie et l’organisation spatiale, dans l’optique de faciliter l’accueil et l’acheminement des pèlerins venant en nombre De 1879 à 1881 est ainsi construit le boulevard de la Grotte, qui consiste en un élargissement de la rue qui mène au sanctuaire Et en 1899, le tramway de Lourdes est mis en place notamment pour faciliter les déplacements entre la grotte et la gare de la ville Au même moment sont érigés les premiers complexes hôteliers

Or, la quête du gain n’apparaît absolument pas comme une vertu chrétienne De nombreuses critiques ont ainsi été émises face à l’édification de grands complexes autour des lieux de pèlerinage

“Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu” Jésus-Christ, Evangile selon Luc, 12 : 21 (Bible Segond, 1910)

La grotte de Massabielle en 1858 (© Collection privée Pascal Peyrot) et la même grotte en 2022 (© L’Oeil d’Edouard - Photographie -) La basilique Saint-Pie-X, la plus récente du complexe de Lourdes (© Lourdes-Infotourisme, M Pujol)

Apparitions mariales prétendues et dérives sectaires. L’apparition mariale prétendue peut être le seul moyen pour certaines personnes de diffuser des idées religieuses ou politiques particulières En prétendant que c’est la Vierge Marie qui est à l’origine du message que l’on partage, on peut effectivement se crédibiliser auprès d’une poignée de fidèles Cela explique pourquoi l’Eglise rejette et condamne les apparitions qui vont en contradiction avec les préceptes chrétiens et avec le contenu de la Bible Cela n’empêche toutefois pas des voyants chrétiens de délivrer un message s’écartant considérablement du canon biblique

Joachim Bouflet relate notamment une déviation sectaire survenue à partir de 1934 au Portugal Une voyante avait alors partagé des messages eschatologiques et tenté de transformer le culte paroissial jugé trop conventionnel pour y ajouter un peu de folklore Un oratoire et une croix ont alors rapidement été construits Mais un éloignement avec l’Eglise s’est fait par la même occasion L’évêque de Porto a publié un mandement ordonnant la destruction de la croix et de l’oratoire La secte a alors construit une chapelle sur un terrain privé Et le 25 juillet 1971, plus de 2 500 fidèles se sont rendus sur cet espace, tenant dès lors tête aux prescriptions de l’Eglise

Les visions de l’états-unienne Veronica Lueken, à partir de 1968, vont elles aussi se voir fortement réprouvées par l'Église, mais ici en raison de leur contenu propagandiste

La femme avait notamment déclaré pendant des années que le pape Paul VI avait été remplacé par un imposteur

Les apparitions sont ainsi une aubaine pour les escrocs Certains vont ainsi feindre d’avoir eu des visions En 1978, à Saint-Maurice-de-Satonnay, en Saône-et-Loire, un faux prêtre a prétendu avoir eu des visions de “Notre-Dame des Pauvres” afin d’établir une congrégation religieuse A partir de là, l’homme a escroqué ses fidèles Il aurait notamment recueilli 169 000 euros entre 2000 et 2003 Dans les années 2010, deux hommes vont encore plus loin et se servent de la puissance attractive de Lourdes pour escroquer des malades Tour à tour à la tête de l’Unione Nazionale Italiana Trasporto Ammalati a Lourdes e Santuari Internazionali, les deux escrocs ont détourné près de 1,8 millions d’euros de chèques envoyés par des malades Avec l’argent, ils se sont payé une villa, une femme de ménage ainsi qu’une assurance-vie

Avec Internet, plus besoin de Vatican Au XXIe siècle, comme le constate André Wénin en 2004 dans l’article “Méfiez-vous des faux prophètes” écrit pour la revue catholique Etudes, la crainte du faux-prophète est d’autant plus importante face au torrent d’informations et à l’hypermédiatisation propres à ce début de siècle Avec Internet et la mondialisation, comme l’a montré pour sa part Paolo Apolito en 2003 dans l’article “Visions mariales sur Internet à la fin du XXe siècle”, écrit pour la revue Ethnologie française, les prétendus voyants voyagent et s’entraident, s’émancipant ainsi de l’autorité de l’Eglise Le phénomène concerne essentiellement les Etats-Unis qui, selon Apolito, concentrent 50% des grands cas de visionnarisme catholique en 2003 contre 14% dans les années 1970 Sur Internet, les voyants prétendus se sont donc multipliés Certains font même le tour du monde et écrivent des ouvrages, à la manière de Vassula Ryden, qui prétend que Dieu aurait écrit des messages avec sa main

Gisier économique puissant portant en lui le risque de métamorphoser n’importe quelle ville, l’apparition mariale n’est donc pas seulement un enjeu économique Il s’agit également d’un véritable problème d’ordre socio-politique aux yeux des autorités, qu’elles soient pro ou anti-cléricales Dès 1858, face à l’afflux de personnes venant se servir dans la source sacrée de Lourdes, Anselme Lacadé a été contraint d’interdire l’accès de cette dernière Mais l’épouse de Napoléon III, Eugénie, s’en est mêlée et a obtenu l’abrogation de l’interdiction dès octobre 1858

S’il est donc déjà difficile d’encadrer le pèlerinage lorsqu’il n’y a pas d’hostilité particulière à l’égard des chrétiens, on comprend facilement à quel point cela peut devenir tendu lorsque les autorités ne voient pas le christianisme d’un bon œil

Lorsque les apparitions de Fatima surviennent en 1917, la question religieuse fait depuis quelques années l’objet de tensions notables En 1911, l’encyclique Iamdudum in Lusitania voit le pape Pie X s’en prendre à la proclamation de la république portugaise qui, survenue en 1910, rompt avec une monarchie très catholique en prônant la laïcité Galvanisant des foules considérables, les voyants, qui sont des enfants, se voient de l’autre côté séquestrés quelques jours par les autorités Le jour du miracle du soleil, des rumeurs évoquent des menaces d’attentat à la bombe

“Les réactions maladroites des autorités civiles donnent à penser que ces manifestations surnaturelles présentent pour elles un danger”

Philippe Boutry (source : Fatima - Dossier pédagogique)

A Gietrzwald, en Pologne, les apparitions surviennent en 1877 dans le contexte de la “Kulturkampf” (1871 - 1878), une politique religieuse marquée par le désir de la part du chancelier allemand Otto von Bismarck de contrôler l’Eglise catholique du pays, cette dernière étant vue comme un frein à l’unité de la toute jeune Allemagne Ainsi, lorsque les catholiques commencent à se rassembler en nombre dans un village où de jeunes filles disent être entrées en contact avec la Vierge Marie, cela ne plaît pas beaucoup aux autorités Si les filles sont éloignées du village pendant un temps selon Yves Chiron, c’est ici le curé qui aurait été coffré pendant quelques jours

Quand le régime est totalitaire, on comprend encore plus combien une apparition mariale peut poser problème Si la population demeure en majorité protestante ou catholique au sein de l’Allemagne nazie, la politique totalitaire d’Adolf Hitler veut que le gouvernement gère toutes les couches de la société et obtienne la subordination de l’Eglise au régime Tout grand mouvement clérical échappant aux autorités ne peut être ainsi toléré En 1937, lorsque quatre enfants du village allemand de Heede déclarent avoir vu la Vierge, ce qui provoque un afflux considérable de fidèles, le président du Reichstag Hermann Göring prend rapidement les choses en main L’état d’urgence est mis en place et les voyantes sont placées en détention pendant plusieurs semaines

Si les autorités ne voient pas le christianisme d’un très bon œil, il n’est pas dur de comprendre que les apparitions font l’objet d’une certaine ostracisation Mais ces dernières ont

Symbole de la christianisation des Amériques, la Vierge de Guadalupe a également contribué à fédérer le Mexique

Lors de la guerre d’indépendance du Mexique (18101821), le curé Miguel Hidalgo, le “père de l’indépendance mexicaine”, aurait exhorté la population à combattre le gouvernement espagnol tenu par Joseph Bonaparte dans un appel à la sédition connu sous le nom de “Grito de Dolores” Si le contenu de ce cri de guerre diffère selon les sources, il est communément établi que l’homme d'Église a crié “Vive Notre-Dame de Guadalupe !”

Cette guerre n’est pas la seule dans laquelle le symbole de la Vierge de Guadalupe est brandi Il l’est également lors de

la guerre des Cristeros (1926 - 1929), un soulèvement opposant le gouvernement mexicain à une population principalement catholique et rurale

Les apparitions de Fatima vont aussi être abondamment instrumentalisées Salazar, qui est le Premier ministre du Portugal de 1932 à 1968, va notamment apporter une certaine aide financière et politique aux promoteurs de la dévotion à Notre-Dame de Fatima Mais c’est surtout le 3e secret de Fatima, divulgué en 2000 seulement, alors que les deux premiers l’ont été en 1941, qui va faire couler de l’encre et nourrir des interprétations très orientées tout au long du XXe siècle Des gens vont notamment affirmer que le secret critiquerait l’avortement ou encore l’homosexualité En 1963, le Neues Europa, un journal allemand, publie un texte apocryphe clairement anti-communiste présenté comme la véritable prophétie de Fatima Mais le contenu du secret dévoilé en 2000 n’est pas non plus sans nourrir les interprétations

politiques

“La troisième partie du secret se réfère aux paroles de Notre-Dame : <<Sinon la Russie répandra ses erreurs à travers le monde, favorisant guerres et persécutions envers l'Église Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites”

Lucie dos Santos, Lettre au Pape Jean-Paul II, 12 mai 1982

Elle est un outil politique permettant de galvaniser les foules mais aussi un gisement économique notable qui devient un prétexte tout trouvé pour les profiteurs Le problème est qu’il est particulièrement difficile de prouver qu’elle est bel et bien survenue L’apparition mariale est ainsi un grand problème pour une Eglise catholique partagée entre la certitude de l’existence de la Vierge Marie et la crainte de se voir trompée

aussi le pouvoir de rassembler les fidèles, de les unir face à un ennemi commun Miguel Hidalgo brandissant l’image de Notre-Dame de Guadalupe ( © El Siglo de Torreon)

“Dans le football, tout est possible” Dans l’histoire des conférences de presse, cette phrase, qui peut être prononcée par un favori prudent comme par un outsider guidé par l’espoir, semble signifier que le football est une science imprévisible et imprédictible N’est-ce pas ce qui contribue grandement à son charme ? Or, cette expression indique également que tout club, quel que soit son gabarit, peut légitimement craindre la relégation lorsque les compteurs sont remis à zéro En effet, personne ne peut légitimement s’estimer à l’abri dès le mois de septembre, car la descente peut toucher n’importe quelle équipe Tous les clubs de Premier League n’ont-ils pas connu l’odeur de la D2 dans leur existence, ne serait-ce que le temps d’une saison ? Cette crainte, qui touche tous les entraîneurs sans exception, mais à des degrés divers bien sûr, se transforme ainsi en questionnement existentiel à chaque début de saison, quand l’instinct de survie prend le dessus sur les grandes ambitions A ce moment-là revient inlassablement ce problème aux allures de paradoxe, qui structure une saison et pose un palier à partir duquel on peut souffler et voir plus loin : combien de points faut-il pour se maintenir ?

Si l’instinct de survie pousse inévitablement les coachs à trouver une réponse précise à laquelle s’attacher, nombre d’entre eux considèrent les 40 ou 42 points comme une barre symbolique qu’il faut à tout prix avoir dépassée pour laisser les angoisses derrière soi et voir ce qui s’offre dès lors à l’équipe Les 40 ou 42 points seraient ainsi un cap à partir duquel l’instinct de survie passerait le flambeau au désir de gloire Néanmoins, cette solution semble contenir des failles notables Il arrive en effet que la ligne d’arrivée se trouve quelques points plus loin que les 40 ou 42 visés Les probabilités et l’empirisme semblent ainsi être des sciences plus prudentes et rationnelles, bien qu’elles ne donnent pas de réponse exacte Mais si l’on parle des 40 points dans un pays et de 42 dans un autre, c’est que l’on retrouve des disparités entre les différents championnats Or, ces disparités ne sont pas seulement le fait d’aléas Elles s’expliquent en partie, et renseignent sur les inégalités de niveau au sein des pays Existe-t-il donc une barre universelle, précise ou approximative, permettant à un entraîneur de savoir à partir de combien de points son équipe est sauvée ?

--Sport--
Combien de points faut-il avoir pour se maintenir ?
39 , 40 , 42 , 45?Silefootballestbienunsportquisejoueaveclespieds, diciledesavoirquelles pointuresviserpourêtreassurédesemaintenir.
Avec 44 points lors de la saison 2010-2011, l’AS Monaco est pourtant descendu en Ligue 2 (© Icon Sport / Maxifoot com)

La course pour le maintien : un marathon

Puisqu’il s’agit d’une épopée particulièrement éprouvante et haletante pour le staff, les joueurs et les fans, la course pour le maintien peut être perçue comme un véritable marathon dans lequel la ligne d’arrivée se situe au niveau des 42 points en France, et à celui des 40 en Angleterre

“Quand on était gamins il y avait toujours Guy Roux qui disait qu’il attendait 42 points pour se sauver” Julien Brun, 2022 (source : Girondins4Ever)

En France, la fameuse barre des 42 points trouve sansdoute son origine dans la bouche du légendaire coach de l’AJ Auxerre, Guy Roux Ce dernier n’a cessé de marteler, depuis la saison 1994-1995 et l’instauration de la victoire à trois points, que son équipe n’était pas sauvée tant qu’elle n’avait pas atteint les 42 points L’expression “raisonner à la Guy Roux” signifie donc que l’on vise cette barre précise pour se maintenir

Le 1er décembre 2015, alors que le Paris-Saint-Germain avait atteint les 42 points en championnat au bout de 16 journées seulement, l’entraîneur Laurent Blanc, plaisantait ainsi en déclarant : “Si j’étais Guy Roux, je serais très content J’offrirais du Chablis à tout le monde”

Une fois cette barre des 42 points dépassée, les équipes pourraient dès lors se projeter enfin dans l’avenir

“43 points, j’ose dire que le maintien est acté 43 points cela me paraît une barre positive pour acter le maintien”

Nicolas Usaï, coach du Nîmes Olympique, 19 avril 2022

“Arriver aux 42 points pour être tranquille et pour pouvoir passer à autre chose avant la finale [de la Coupe de la Ligue], ça serait parfait”

René Girard, coach du MHSC, mars 2011

En Premier League, on retrouve également une barre symbolique, mais celle-ci est rabaissée à 40 points Ainsi, à l’aube du Boxing Day de la saison 2015-2016, année du sacre pour Leicester City, l’entraîneur du club, Claudio Ranieri, déclarait que son principal objectif demeurait l’obtention des 40 points La saison suivante, le coach a continué de viser avant tout cette barre symbolique, alors même que le club jouait en parallèle la Ligue des Champions Le sauvetage avant la quête de gloire, on vous a dit !

“J’espère qu’avec 40 [points] nous serons sauvés Je suis fier de mes joueurs et des supporters Les fans sont en train de rêver et je ne veux pas les réveiller Nous avons réalisé de bonnes choses mais rien n’est encore terminé”

Claudio Ranieri, coach de Leicester City, décembre 2015

Si ces nombres (40 et 42) sont aussi repris par les entraîneurs, cela vient surtout “de la nécessité de se fixer un objectif comptable et concret, même approximatif, dans le but de pouvoir calculer le nombre de points à choper avant de se sentir en vacances, ou de viser plus haut”, comme le souligne Julien Mahieu, auteur de l’article “Le Nombre 42” pour SoFoot (9 avril 2011)

Mais Julien Mahieu explique également que “la réalité et les chiffres sont très loin d’appuyer cette théorie”

West

2002-2003, le meilleur effectif jamais relégué ?

A l’aube de la saison 2002-2003, West Ham United apparaissait comme une formation particulièrement séduisante, et faisait alors figure d’outsider crédible. La saison précédente, le club avait fini 7e de Premier League avec 53 points Il était alors porté par un certain nombre d’internationaux anglais, tels que le portier David James, les milieux de terrain Joe Cole et Michael Carrick ou le buteur Jermain Defoe On y retrouvait également des stars internationales à l’instar de l’attaquant italien Paolo Di Canio Or, West Ham United n’a laissé partir aucun de ses cadres pour la saison 2002-2003 Ainsi, “cette équipe aurait facilement pu concourir pour le top 6 ou le top 7” selon le milieu offensif Don Hutchison

Cette formation devait en effet être une équipe de choc, et c’est pour cette raison qu’elle fut considérée comme “too good to go down” Et pourtant, West Ham United descendit bel et bien en Championship en 2003, la faute notamment à un début de saison raté Mais le club est également descendu à cause d’une distribution anormale des points à l’issue de la saison En effet, les Hammers ont été relégués avec 42 points, soit 2 de moins que Bolton Wanderers (44 points), 17e à l’issue de la saison En 24 journées, West Ham United n’avait ainsi remporté que trois journées A l’inverse, la fin de saison du club fut remarquable, avec une seule défaite sur les onze dernières journées Le problème est que cette débâcle isolée est très mal tombée, puisqu’elle survint contre le concurrent direct pour le maintien, Bolton Wanderers, lors de la 34e journée La remontada de West Ham United aurait quand même pu être parfaite, avec trois victoires d’affilée lors des 35e, 36e et 37e journées, dont une de prestige contre Chelsea FC Néanmoins, le club fut tenu en échec face à Birmingham City lors de la dernière journée, alors que Bolton, également auteur d’une superbe fin de saison avec 18 points pris lors des 9 dernières journées, remporta son dernier match face à Middlesbrough

C’est ainsi un sprint final inédit et imprévu, entre deux équipes qui étaient alors bien loin de la barre des 40 points dix journées avant la fin (en 28 journées, 26 points pour Bolton et 23 points pour West Ham United), qui a fait de West Ham United une équipe reléguée avec 42 points

Ham Frederic Kanoute et Trevor Sinclair, lorsque West Ham fut officiellement relégué (© Getty Images / AFP)

S’ils sont exceptionnels, quelques exemples prouvent en effet que la barre symbolique des 40 ou 42 points, suivant le pays, n’est pas gage de maintien assuré Après la 27e journée de la saison 2010-2011, le coach du Toulouse FC, Alain Casanova, déclare que l’”on n’a pas le droit de faire les malins tant qu’on n’a pas les 42 points” A l’issue de cette même saison, l’AS Monaco se voit reléguée avec 44 points

En fait, les saisons passent et ne se ressemblent pas vraiment D’une année à l’autre, les 40 ou 42 points peuvent ainsi être synonyme de ventre mou du classement comme synonyme de risque réel de relégation

Si les 40 et 42 points peuvent être un but raisonnable en début de saison, cet objectif précis peut rapidement ne plus avoir beaucoup de sens Lors de la saison 2020-2021 de Premier League, Burnley FC a beau avoir fini avec 39 points, le club a tout de même terminé avec 11 unités de plus que le 18e, Fulham FC La saison suivante, Everton FC a également terminé sa saison avec 39 points, mais n’a arraché son maintien qu’au prix d’une remontée historique, survenue lors de la 37e journée, face à Crystal Palace (0 - 2 à la mi-temps, 3-2 score final)

Ainsi, face à une barre des 40 ou 42 points qui est tout sauf gage de vérité, il est peut-être plutôt nécessaire de miser sur les probabilités et l’expérience pour voir quelles sont les chances de se maintenir avec un tel nombre de points On parle bien de chances, car il faut viser un nombre de points bien plus élevé que les 42 ou les 40 lorsque la saison démarre pour être assuré d’être maintenu à tous les coups

In Mathematics We Trust

Si elles disent la vérité, les mathématiques sont en fait en même temps très éloignées et très proches de la réalité

Elles sont d’abord très éloignées de la réalité Selon la logique mathématique, une équipe peut en effet être reléguée avec un nombre de points que seules les formations du haut de tableau atteignent d’habitude à la fin de la saison : 68 points Cela nécessite toutefois une configuration bien particulière : toutes les équipes doivent perdre et gagner une fois contre chaque équipe, sauf face au 19e et au 20e

A l’inverse, on peut mathématiquement se maintenir avec 6 points seulement Il faut pour cela que quatre équipes différentes perdent tous leurs matchs à l’exception des confrontations directes les opposant entre elles, qui déboucheraient alors chacune sur un match nul Or, ces configurations extrêmes sont tout-à-fait improbables

Les probabilités sont ainsi plus proches de la réalité dans le sens où elles permettent d’évaluer les chances de maintien en fonction du nombre de points accumulés, notamment grâce à l’expérience

Pour ce faire, on peut simuler un très grand nombre de fois les scores des 380 matchs d’un championnat fictif pour arriver à un résultat approximatif mais statistiquement évocateur C’est justement ce qu’ont fait deux chercheurs du CNRS, Raphaël Chétrite et Sylvain Le Corff En 5 000 simulations, ils ont constaté que le 17e avait fini à près de 1 200 reprises avec 37 points et à 2 000 reprises avec soit 36, soit 38 points

Certes, les saisons ne se ressemblent pas vraiment, et les championnats encore moins Toutefois, une étendue assez étroite se dessine si l’on prend les huit dernières saisons (de 2014-2015 à 2021-2022) des quatre grands championnats européens comportant 20 équipes Le nombre de points du 18e se situe alors dans une fourchette allant de 28 à 40 points La moyenne, pour sa part, se rapproche plus ou moins des calculs de Chétrite et Le Corff selon les championnats

Ligue Moyenne Médiane Nb de pts le moins imp

Nb de pts le plus imp

Ligue 1 36,42 37 32 40

Liga 34,75 35,5 29 38

Serie A 34,37 34,5 30 38

PL 33,75 34 28 37

Les moyennes, médianes, et l’étendue des points amassés par le 18e de chaque ligue majeure européenne, de 2014-2015 à 2021-2022

19
2022, Everton FC arrachait son maintien à la 37e journée
une victoire historique En
n° Equipe Pts Equipe Pts 14 Stade de Reims 42 Angers SCO 41 15 RC Strasbourg 42 ESTAC 38 16 FC Lorient 42 FC Lorient 36 17 Stade Brestois 41 Clermont Foot 63 36 18 FC Nantes 40 ASSE 32 19 Nîmes Olympique 35 FC Metz 31 20 Dijon FCO 21 Girondins de Bordeaux 31 Le bas de tableau de la saison 2021-2022 de Ligue 1 comparé à celui de la saison 2020-2021
Le
mai
grâce à
Ligue 1, si l’AS Monaco est déjà descendue avec 44 points, le club s’est également maintenu avec 36 points, lors de la saison 2018-2019 Lors de la saison 2020-2021, le FC Nantes, 18e, a dû passer par les barrages pour se maintenir alors qu’il avait amassé 40 points La saison suivante, il suffira de 38 points à l’ESTAC pour finir 15e

Une fois les 40 points passés, les chances de se maintenir sont donc bel et bien considérables En effet, en 31 saisons différentes dans quatre championnats distincts, le 18e n’a atteint qu’une seule fois le seuil des 40 points, ce qui constitue une part de 3% Si l’on remonte un peu plus loin dans le temps, le constat est d’autant plus frappant Depuis 2002, seuls six clubs de Ligue 1 sont descendus avec 42 points ou plus Et depuis la saison 1994-1995, seuls trois clubs de Premier League sont descendus alors qu’ils avaient 40 points ou plus

L’expérience et les statistiques permettent ainsi de comprendre que le cap des 40 ou 42 points rend grandement probable le maintien d’une équipe, sans toutefois sceller celui-ci Mais l’expérience exhibe aussi de grandes différences entre les championnats On aurait en effet besoin de bien moins de points pour se maintenir en Premier League par rapport à la Ligue 1 Mais pourquoi y a-t-il des disparités aussi importantes entre les différents championnats ?

Grand écart à la Van Damme

La conjoncture et les coups de dés ne peuvent pas expliquer un écart aussi saisissant entre la Premier League et la Ligue 1 En sept saisons de moins, la 1ère division française a compté six fois plus d’équipes ayant été reléguées avec 42 points ou plus

Cette différence peut s’expliquer par le fait que la Premier League, comme la Serie A, est un championnat bien plus inégalitaire en son sein que la Ligue 1 Dans une extrémité, il y a les riches écuries qui visent chaque année la victoire en Ligue des Champions Et dans une autre, on retrouve des équipes bien plus modestes qui sont continuellement en mode survie

La répartition des points y est ainsi très inégalitaire Lors de la saison 2018-2019, Liverpool FC n’a perdu qu’un seul match de Premier League, survenu contre le champion Manchester City La même année outre-manche le dauphin du Paris-Saint-Germain, Lille OSC, s’est incliné contre le SCO Angers (13e), les Girondins de Bordeaux (14e), Toulouse FC (16e) et l’AS Monaco (17e) On pourrait trouver des contre-exemples, mais en Premier League comme en Serie A, les points sont évidemment beaucoup plus difficiles à prendre lorsque l’on affronte les cadors du championnat, plus nombreux qu’en Ligue 1 Ainsi, les écarts de points sont généralement bien plus considérables entre le 5e et le 17e de Premier League (27 points lors de la saison 2020-2021) qu’entre le 5e et le 17e de Ligue 1 (20 points lors de la saison 2020-2021) On dit bien généralement, car la saison 2021-2022 de Ligue 1 fut exceptionnellement inégalitaire, avec un top 5 qui s’est joué à 66 points et des barrages qui ont été obtenus avec 32 points

Ces inégalités pourraient notamment s’expliquer par un gouffre budgétaire entre les différents clubs, mais pas totalement

En effet, si l’écart entre le 5e club le plus riche et le 5e le moins riche de Premier League était de +300 % lors de la saison 2019-2020, il était de +334 % en Ligue 1 lors de la saison 2021-2022 Pourtant, on a bien vu que les inégalités

de niveau entre le 5e et le 16e de Ligue 1 sont bien moins conséquentes

Un maintien plus difficile en D2 ?

Les deuxièmes divisions apparaissent en général comme des championnats plus disputés, notamment en raison d’inégalités budgétaires moins criantes qu’en première division Lors de la saison 2021-2022, le club le plus riche de Ligue 2, Toulouse FC, disposait ainsi de 20 millions d’euros de budget, soit seulement quatre fois plus que le club le moins fortuné de la division La même année en Ligue 1, on retrouvait un écart similaire entre le 5e et le 17e club le plus riche du championnat

Ainsi, entre la saison 1999-2000 et la saison 2017-2018, la moyenne de points du 17e de Ligue 2 était de 42,4 points, contre 39,75 pour le 18e, selon les chiffres de Julien Coutenceau, auteur en juillet 2019 de l’article “Ligue 2 : 42 points riment souvent avec maintien” pour Le Maine Libre Le journaliste a ainsi évalué à 40 % les chances de finir avec 42 points pour le 17e Dans ce laps de temps, 12 équipes ont terminé relégables avec plus de 40 points, à la manière du Vannes Olympique Club, relégué en 2010-2011 malgré un total de 44 points

En Serie B, championnat à la répartition des points beaucoup plus inégale d’une saison à l’autre, et au fonctionnement différent puisque ce sont quatre équipes qui descendent chaque saison, la saison 2019-2020 a été particulièrement disputée en bas de tableau Le 16e, Pérouse, est relégué à l’issue des barrages alors qu’il avait amassé 45 points Le 19e, la Juve Stabia, était parvenu à récolter 41 points, et avait pourtant terminé trois points derrière le 18e, le FC Trapani 1905

En Premier League, comme en Serie A, on retrouve une véritable hiérarchie au sein du championnat, qui est alors beaucoup moins instable que la Ligue 1, au sein de laquelle les saisons ne se ressemblent pas du tout Lorsqu’un cadre du championnat anglais est menacé par la relégation, c’est un véritable tremblement de terre, comme en atteste la saison ratée d’Everton FC en 2021-2022, alors qu’en France, ce sont deux clubs historiques qui ont quitté la Ligue 1 la même saison (l’ASSE et les Girondins de Bordeaux) Car en Ligue 1, ça va vite, très vite

En Ligue 1, il y a ainsi de grandes différences entre le classement final de la saison 2020-2021 et celui de la saison 2021-2022

En 2022, l’AS Nancy Lorraine a été reléguée en National pour la première fois de son histoire (© L’Est Républicain / Lionel Vadam)

Equipe Pts (20-21) Equipe Pts (21-22) Pts perdus/gagnés Places perdues/gagnées 1 Lille OSC 83 Paris SG 86 +4 +1 2 Paris SG 82 Olympique de Marseille 71 +11 +3 3 AS Monaco 78 AS Monaco 69 +9 0 4 Olympique Lyonnais 76 Stade Rennais 66 +8 +2 5 Olympique de Marseille 60 OGC Nice 66 +14 +4 6 Stade Rennais 58 RC Strasbourg 63 +21 +9 7 RC Lens 57 RC Lens 62 +5 0 8 MHSC 54 Olympique Lyonnais 61 -15 -4 9 OGC Nice 52 FC Nantes 55 +15 +9 10 FC Metz 47 Lille OSC 55 -28 -9 11 ASSE 46 Stade Brestois 48 +7 +6 12 Girondins de Bordeaux 45 Stade de Reims 46 +4 +2 13 Angers SCO 44 MHSC 43 -11 -5 14 Stade de Reims 42 Angers SCO 41 -3 -1 15 RC Strasbourg 42 ESTAC 38 Promu Promu 16 FC Lorient 42 FC Lorient 36 -6 0 17 Stade Brestois 41 Clermont Foot 36 Promu Promu 18 FC Nantes 40 ASSE 32 -14 -7 19 Nîmes Olympique 35 FC Metz 31 -16 -9 20 Dijon FCO 21 Girondins de Bordeaux 31 -14 -8 Comparatif entre la saison 2020-2021 et la saison 2021-2022 de Ligue 1

On retrouve entre les deux saisons des évolutions assez saisissantes Par exemple, Lille OSC finit en 2021-2022 dans le ventre mou, 8 points derrière une équipe qui jouait le maintien lorsque les Dogues fêtait son titre Mais ce qui est vraiment remarquable, c’est de voir que ce sont des équipes ayant terminé 10e, 11e et 12e en 2020-2021 qui se sont retrouvées reléguées la saison suivante Ainsi, ces trois clubs ont une moyenne de 14,66 points perdus entre la saison 2020-2021 et la saison 2021-2022 D’un côté, on remarque que ces trois clubs se sont cassé la figure à une vitesse fulgurante D’un autre, on comprend que les promus sont parvenus à surclasser ces formations pourtant assez bien placées en 2020-2021

Ainsi, le nombre de points à atteindre pour se maintenir dépend en partie de l’écart de niveau qu’il y a avec la division inférieure, écart observable grâce aux promus

Plus le nombre de points nécessaires pour se maintenir est haut, plus cela signifie qu’un promu au moins a réussi à légitimer sa présence dans le championnat, jouer des coudes avec plusieurs équipes et engranger un certain nombre de victoires

En 2019-2020 et 2021-2022, Norwich City FC a fini dernier de Premier League après avoir été promu (© Reuters)

La Premier League et la Serie A apparaissent justement comme des championnats où il est particulièrement difficile de se faire une place lorsque l’on vient de D2 On retrouve alors des équipes-yoyos, trop fortes pour la D2 mais pas assez équipées pour jouer des coudes en D1

En Premier League, Fulham FC et Norwich City FC sont apparus au tournant des années 2020 comme deux équipes-ascenseurs par excellence, survolant la D2 et se noyant en D1 Toujours au-dessus des 80 points en Championship en 46 journées, les deux formations ne sont jamais parvenues à passer au-dessus des 30 points en Premier League lors de leurs deux dernières ascensions

Saison Fulham FC Norwich City FC

2018-2019 D1 19e (26 pts) D2 1er (94 pts)

2019-2020 D2 4e (81 pts) D1 20e (21 pts)

2020-2021 D1 18e (28 pts) D2 1er (97 pts)

2021-2022 D2 1er (90 pts) D1 20e (22 pts)

Depuis la saison 2018-2019, Fulham FC et Norwich City FC ne se sont jamais affrontés en championnat

En Italie, Benevento Calcio est devenue une équipe-yoyo à partir de la première montée en Serie A de son histoire, à l’issue de la saison 2016-2017, une année seulement après avoir été promue en Serie B L’équipe faisait ainsi figure de véritable petit poucet lors de la saison 2017-2018, et cela s’est confirmé avec 14 défaites d’affilée pour ses débuts Le club a toutefois sauvé l’honneur en terminant avec 21 points La saison suivante, Benevento fait plus que le poids en Serie B en finissant 3e Il faudra néanmoins attendre la saison 2019-2020 pour voir le club remonter, après avoir été sacré champion de Serie B Mais lors de la saison 2020-2021, Benevento se voit déjà relégué, en terminant 18e avec 33 pts Le club n’est ainsi jamais resté deux saisons d’affilée en D1

Ainsi, on a d’un côté une Ligue 1 où l’on retrouve de grands turnovers, avec la descente de trois clubs historiques la même saison, et d’un autre côté une Premier League et une Serie A qui semblent bouchées Et cela se ressent dans la longévité des clubs en 1ère division nationale Encore ici, on retrouve une certaine différence entre la Premier League et la Serie A, d’un côté, et la Ligue 1 et la Liga, d’un autre Lors de la saison 2022-2023, on retrouve douze clubs de Serie A et onze de Premier League qui n’ont pas bougé du championnat depuis la saison 2014-2015 En Ligue 1 et en Liga, on n’en retrouve que neuf

Or, si ce sont toujours les mêmes formations qui se maintiennent, cela signifie qu’il y a beaucoup moins de place laissée aux équipes se battant pour le maintien, et qu’il y a donc généralement moins de points pour elles, en raison d’une hiérarchie historiquement ancrée

1919 à 2024 au moins, Arsenal FC n’a pas bougé de la 1ère division anglaise, un record (© Colorsport/Shutterstock)

L’estimation du nombre de points pour se maintenir ne peut ainsi pas être exacte Les probabilités et l’expérience permettent toutefois de dessiner un horizon à viser et de comprendre qu’il faut vraiment être malchanceux pour finir 18e avec plus de 44 points en 38 journées Mais l’expérience permet aussi et surtout de comprendre que s’il est changeant en fonction des saisons, le nombre de points à obtenir pour se maintenir dépend également du degré des inégalités sportives et financières au sein du championnat et entre les divisions, avec une redistribution des points qui se révèle particulièrement inégalitaire dans les compétitions fermées comme la Premier League

De

S’ilestdéjàdouloureuxdetomberd’unétage, unechutedeplusieursniveauxs’avèreévidemment désastreuse. Pénibleettragique, ladégringoladeesttoutefoisloind’êtreirréversible.

Dans la mythologie grecque, la fidélité est loin de figurer parmi les attributs de Zeus, au grand dam de son épouse, Héra Certains mythes relatent ainsi des cas de tromperie de sa part, donnant naissance à de nombreux héros, à l’instar de Héraclès Celui-ci prend en pleine face le courroux d’Héra : la déesse, humiliée, le manipule afin que, dans un accès de colère terrible, il tue ses enfants et même, selon certaines sources, sa femme Accablé, le héros s’engage alors dans un extraordinaire parcours du combattant pour expier sa faute De ses Douze Travaux, Héraclès termine ainsi le tout dernier en remontant des Enfers avec Cerbère enchaîné Toutes proportions gardées, le fils de Zeus ressemble en cela aux clubs de football ayant connu une rétrogradation administrative : au fond du trou, soudain dépouillés d’une partie de ce qui faisait leur force et leur âme, ils passent plusieurs années dans l’oubli à tenter de remonter la pente et de se reconstruire La rétrogradation administrative est en effet plus tragique que la relégation sportive dans le sens où elle signifie que le club est financièrement devenu une écurie d’Augias au bord de l’abîme Un club est une entreprise, et s’il n’a pas assez d’argent pour survivre dans une division, il peut se voir contraint de descendre d’un ou plusieurs rangs

Chaque décennie, chaque ligue a son lot de rétrogradations administratives, plus ou moins nombreuses et plus ou moins dramatiques Des fois, des clubs disparaissent des écrans radars, à l’image d’Evian Thonon Gaillard, un club qui a perdu son statut professionnel en 2016 D’autres fois, des formations reviennent plus fortes que jamais après avoir goûté à l’ambiance des divisions inférieures On pense ici au RC Strasbourg, club rétrogradé en CFA 2 en 2011 et vainqueur de la Coupe de la Ligue huit ans plus tard Malgré la relégation, l’espoir reste ainsi de mise Toutefois, pour que celui-ci soit alimenté, il faut passer par des épreuves très compliquées Il faut en effet trouver la force, alors que l’on vient de dégringoler une piste noire verglacée en rouler-bouler, de grimper l’Alpe-d’Huez avec un pneu crevé Or, la montée de l’Alpe-d’Huez ne se fait jamais sans un torrent d’encouragements A l’inverse des joueurs qui ne sont pas très nombreux à accepter d’évoluer, ne serait-ce qu’une saison, dans un échelon inférieur, les supporters disparaissent rarement du jour au lendemain, et le club peut toujours bénéficier d’un soutien sans faille lors de ces moments difficiles Ainsi, à quelle fréquence les relégations administratives interviennent-elles et quelles en sont les conséquences ?

--Sport--
La rétrogradation administrative : une descente aux enfers inéluctable ?
L’histoire d’Evian Thonon Gaillard, tragique étape de montagne : après avoir gravi des cols, la descente fut mal négociée (© Jean-Pierre Clatot / AFP)

Recurrent things

Aussi tragique soit-elle, la rétrogradation administrative est loin d’être une pratique rare et isolée En réalité, elle fait même partie du paysage sportif et n’échappe à aucun pays

Pour rendre compte de la récurrence de ces relégations, les chercheurs Luc Arrondel et Richard Duhautois ont compilé les chiffres des grands championnats européens proposés par d’autres chercheurs :

● Selon Stefan Szymanski, 67 clubs des 2e, 3e et 4e divisions anglais ont fait faillite entre 1982 et 2010.

● Selon Stefan Szymanski et Daniel Weimar, 30 clubs des trois premières divisions allemandes ont fait faillite entre 1992 et 2014

● Selon Nicolas Scelles, Stefan Szymanski et Nadine Dermit-Richard, 89 clubs des trois premières divisions françaises ont fait faillite entre 1970 et 2020 La moitié (45) ont alors perdu leur statut professionnel

Certes, les rétrogradations administratives sont vieilles comme le monde En effet, selon Stefan Szymanski et Simon Kuper, 22 clubs anglais ont fait faillite entre 1893 et 1935 Pour autant, leur récurrence s’est grandement accrue dans certains championnats suivant la mise en place de commissions et de règles particulièrement strictes

En France, entre 1975 et 1984, seuls quatre clubs des trois premières divisions ont subi une faillite conduisant à la perte de leur statut professionnel Entre 1984 et 1991, on en retrouve dix, soit 2,5 fois plus pour le même laps de temps Si 1984 apparaît ici comme une année-charnière, c’est justement parce qu’elle ouvre un nouveau paradigme dans le football français, avec la création de la direction nationale de contrôle de gestion (DNCG), une commission redoutée qui va rapidement se voir présentée comme le “gendarme financier du football français”

DNCG : commission indépendante, la direction nationale de contrôle de gestion inspecte et surveille de près les finances des équipes disposant du statut professionnel en France Hébergée par la LFP, elle dispose de pouvoirs non-négligeables Elle peut interdire à un club de recruter, limiter le nombre de joueurs pouvant évoluer en équipe première et même, dans les cas les plus graves, exclure la formation de certaines compétitions, l’interdire de monter, voire de la rétrograder

Cette commission a été créée en 1984, dans la lignée de la loi n°84-610 du 16 juillet 1984 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives

“Chaque fédération disposant d’une ligue professionnelle crée un organisme assurant le contrôle juridique et financier des associations et sociétés [ ] Cet organisme est notamment chargé de contrôler que les associations et les sociétés qu’elles ont constituées répondent aux conditions fixées pour prendre part aux compétitions qu’elle organise”

Loi n°84-610 du 16 juillet 1984

La période allant de 1984 à 1999 a ainsi été particulièrement sanglante pour les clubs professionnels français Dans ce laps de temps, pas moins de 24 équipes des trois premières divisions ont perdu leur statut professionnel, à l’image du SC Abbeville Côte Picarde en 1987, du FC Sète en 1989, ou encore de Saint-Brieuc-Côtes-d’Armor en 1997, qui évoluaient alors tous les trois en D2

Et à bien y regarder, une année en particulier a été frappée par une hécatombe sans précédent : 1991 Trois clubs de D2, pourtant pas si mal classés à l’issue de la saison 1990-1991, ont alors perdu leur statut professionnel : l’Olympique avignonnais et l’ECAC Chaumont, qui avaient respectivement terminé 7e et 15e du groupe A, ainsi que le Stade de Reims, qui avait fini 6e du groupe B Un 4e club, le Chamois Niortais (15e du groupe B) s’est également vu rétrogradé, mais a toutefois gardé son statut professionnel La D1 ne s’est pas non plus vue épargnée, avec la relégation de trois clubs qui avaient pourtant terminé dans le ventre mou du championnat : les Girondins de Bordeaux (10e), le Brest Armorique FC (11e) et l’OGC Nice (14e) Si le club aquitain et les Aiglons repartent en D2 et gardent leur statut professionnel, Brest repart en D3 pour la saison 1991-1992 avec un nouveau nom : “Stade Brestois 29”

Depuis les années 2000, les relégations administratives sont tout de même moins conséquentes Entre 2000 et 2020, on ne compte ainsi plus que 13 clubs ayant perdu leur statut professionnel alors qu’ils évoluaient dans les trois premières divisions Il reste toutefois que la rétrogradation administrative n’a pas disparu Elle continue même de frapper des clubs bien connus des amateurs de Ligue 1 Des vingt équipes évoluant en Ligue 1 lors de la saison 2009-2010, deux ont en effet subi une rétrogradation administrative depuis : Grenoble 38 en 2011 et Le Mans FC en 2013 En 2022, les Girondins de Bordeaux ont bien failli agrandir la liste

Champions de France en 2009, les Girondins de Bordeaux ont manqué d’être relégués administrativement en D3 en 2022 (© N Luttiau / L’Equipe)

Mamma Mia, here I go again…

Si ce phénomène est tout sauf rare, la rétrogradation administrative demeure toutefois bien plus régulière dans les divisions inférieures En cela, elle reste exceptionnelle et moins désastreuse lorsqu’elle touche directement un club alors maintenu sportivement en D1

En France, sur les 45 clubs qui ont connu une faillite ayant entraîné une perte de leur statut professionnel entre 1975 et 2019, on ne retrouve que deux formations qui évoluaient alors en D1, dont le SC Bastia qui était quoiqu’il arrive relégué sportivement à l’issue de la saison 2016-2017, contre 23 équipes de D2 et 20 de D3

Si, comme l’ont bien montré Luc Arrondel et Richard Duhautois, tous les grands pays de football sont touchés par des liquidations financières et des rétrogradations administratives assez récurrentes au sein de leurs principales divisions, l’Italie se présente comme un pays bien plus frappé que les autres Au moins depuis les années 1990, le football professionnel italien, dans son ensemble, s’est effectivement enlisé dans de graves difficultés financières Alors qu’aucun club du pays n’a soulevé la coupe aux grandes oreilles depuis 2010, la gestion générale des clubs italiens est pointée du doigt La Juventus de Turin, à deux reprises finaliste de la Ligue des Champions dans les années 2010 (2015 et 2017), fait alors figure d’exception

“La Juventus a été capable de révolutionner son propre mode de faire, de penser le football [ ] Dans les autres clubs il y a encore une façon d’agir archaïque, il y a un entrepreneur qui investit de l’argent pour en retour obtenir quelque chose”

Matteo Falcone, pour Le Monde, 2018

Parmi les problèmes rencontrés, on retrouve bien sûr les résultats, mais également des affluences limitées dans les stades ainsi que l’absence des sponsors sur les maillots et équipementiers alors qu’ils constituent normalement une partie notable du revenu des clubs

“Sachant que les clubs italiens ont la très mauvaise tendance à tout miser ou presque sur le pactole des droits tv, ils ont tout à y gagner à essayer d’exploiter le maximum via leurs tuniques”

Valentin Pauluzzi, Calciomio, 2013

De nombreux clubs italiens ont ainsi leurs finances dans le rouge et le nombre de rétrogradations administratives survenues dans le pays est saisissant Entre 2000 et 2022, il ne s’est pas déroulé une seule année sans un dépôt de bilan au sein des quatre premières divisions nationales Selon Truenumb3rs, 13 équipes ont fait faillite en 2005 et même 21 en 2010 S’il y a eu autant de rétrogradations administratives en 2010, cela s’explique pour Luc Arrondel et Richard Duhautois par la mise en place cette année-là, par la fédération italienne de football, d’une règle visant à sanctionner les formations qui passent outre leurs obligations financières Selon les deux chercheurs, pas moins de 18 formations ont subi une liquidation financière à cause de cette mesure

Au total, seuls 4 clubs de D1 alors maintenus sportivement ont écopé d’une rétrogradation administrative en France Dans le lot, on retrouve les trois martyrs de la saison 1990-1991, mais aussi l’Olympique de Marseille, relégué en 1994 par le conseil fédéral de la LFP des suites de l’affaire de corruption OM-VA qui lui coûte également le titre de champion de France 1992-1993

Affaire OM-VA : En mai 1993, trois joueurs de l’US Valenciennes-Anzin se voient promettre une certaine somme d’argent par des membres de l’Olympique de Marseille à condition qu’ils lèvent le pied lors du match entre les deux clubs, qui se tient une semaine avant la finale de la Ligue des Champions Cette stratégie permet à l’OM de remporter le championnat français tout en s’économisant pour la finale L’affaire est révélée par Jacques Glassmann, l’un des trois joueurs valenciennois

“Nous étions à une semaine de la finale contre le Milan AC Il fallait être certain d’avoir tous nos titulaires intacts” Bernard Tapie, 1997

En Italie, le constat est d’autant plus frappant Entre 1986 et 2017, selon TrueNumb3rs, un seul club de Serie A s’est vu rétrogradé administrativement Il s’agit de la Juventus de Turin, victime collatérale d’un autre scandale, l’Affaire Calciopoli En 1980 déjà, le Milan AC et la Lazio avaient été rétrogradés à la suite d’un scandale de matchs truqués impliquant au moins sept formations : le Totonero

Affaire Calciopoli : scandale sportif impliquant de nombreux clubs, instances et arbitres du football italien, l’affaire Calciopoli éclate lorsque paraissent dans la presse italienne des comptes rendus d’écoutes téléphoniques soulignant une certaine complicité entre des dirigeants du football, en premier plan le directeur général de la Juventus de Turin Luciano Moggi, et des hommes chargés de choisir les arbitres des différentes rencontres, notamment Pierluigi Pairetto

S’il n’y a aucune preuve de matchs truqués ou de corruption, les sanctions sont sévères La Juventus de Turin perd ses deux titres de champion de Serie A gagnés en 2004-2005 et 2005-2006, et se voit dans un premier temps rétrogradée en Serie B, avec 30 points de pénalité pour la saison 2006-2007, en compagnie de la Fiorentina et de la Lazio, qui écopent respectivement de 12 et 7 points de pénalité Les clubs font appel et le verdict final voit notamment la Juventus être reléguée avec 9 points de pénalité, la Fiorentina commencer la saison 2006-2007 de Serie A avec 15 points en moins et l’AC Milan avec 8 points en moins

Le stade Renzo Barbera, antre du Palerme SC, rétrogradé en Serie D en 2019 alors qu’il évoluait en Serie B (© Twitter, @Foot Stadiums)

Le nombre de clubs relégués administrativement chaque année dans les 4 premières divisions italiennes, la Lega Pro englobant la D3 et la D4 (© True Numb3rs)

S’il faut un scandale pour qu’un club de Serie A soit relégué autrement que sportivement, on est très loin d’en avoir besoin dans les divisions inférieures du championnat, comme en attestent les chiffres saisissants proposés par TrueNumb3rs

Mais s’il y a autant de rétrogradations administratives pour les clubs des divisions inférieures en comparaison avec les formations de l’élite nationale, il doit bien y avoir des raisons ! En réalité, ce grand-écart peut s’expliquer par plusieurs facteurs Sans faire de liste exhaustive, présentons-en tout de même quelques-uns :

● Les revenus générés par les droits TV Puisque les matchs de D1 proposent un niveau plus élevé et s’accaparent les grandes stars qui font lever les foules, ils sont généralement davantage regardés que les rencontres des divisions inférieures Ainsi, les droits TV sont plus importants En 2022, les 13 équipes de Ligue 1 qui ont touché la plus petite part des revenus inégalement versés par CVC Capital Partners ont tout de même perçu 33 millions d’euros de droits TV A titre de comparaison, le 2e club de Ligue 2 ayant le plus touché d’argent issu des droits TV en 2022, Amiens SC, a empoché un chèque quatre fois moins important (7,77 millions d’euros) Or, ces revenus ont un rôle capital dans le financement des clubs Par exemple, l’argent que le Stade Brestois a reçu en droits TV en 2022 équivaut à son budget pour la saison 2021-2022 (33 millions selon Les Echos) Et en 2020, les droits TV représentaient 70% du budget du club breton selon Léo Rozé de France Bleu

On comprend ainsi pourquoi la défection fin-2020 de Mediapro, alors principal diffuseur de la Ligue 1, a installé un climat de peur dans un championnat déjà bien ébranlé par la crise du covid-19

“Le football français traverse aujourd’hui une période financièrement délicate : aux conséquences de la pandémie s’est ajoutée la défection de son principal diffuseur, Mediapro Certains observateurs prédisent la faillite pour de nombreux clubs”

Luc Arrondel & Richard Duhautois, “Un club de football ne meurt jamais !”, Risques n°125, mars 2021

● L’attractivité du club aux yeux des potentiels investisseurs Puisque investir dans une équipe est rarement rentable pour l’entrepreneur, dans le sens où ce ne sont pas les résultats de l’équipe qui vont lui permettre directement de s’enrichir, ce dernier injecte avant tout de l’argent pour obtenir de beaux résultats et des titres, ce qui lui permettra à titre personnel de faire parler de sa marque et de le couvrir de gloire Il a donc tout intérêt à maintenir son club dans l’élite, quitte à y perdre des millions Ainsi, si les investisseurs qui s’attaquent aux clubs de D2 (City Football Group avec l’ESTAC en 2020) ne manquent pas à l’appel, l’objectif principal est toujours le même : atteindre rapidement l’élite pour s’y faire une place C’est évidemment surtout en D1 que les clubs intéressent les investisseurs, avec des résultats qui peuvent de suite se faire sentir (Public Investment Fund avec Newcastle United fin-2021) Ainsi, la première division se présente

comme un championnat composé d’une majorité d’équipes riches dont les arrières sont assurés par les larges moyens financiers d’investisseurs multi-millionnaires voire milliardaires

● L’histoire et la renommée du club Plus le club a une histoire et une place (géographiquement comme sportivement) importantes, plus il compte dans le paysage et les mémoires, et plus il se voit suivi et supporté Par conséquent, plus les gros moyens seront mis par des organismes extérieurs, notamment pour faire persévérer les emplois Lorsque les Girondins de Bordeaux, dont le stade a enregistré la 8e meilleure affluence de Ligue 1 en 2021-2022, ont été rétrogradés administrativement en National à l’issue de cette même saison, la décision de la DNCG est apparue comme une catastrophe économique et sportive pour le champion de France 2008-2009 ainsi que pour la 6e unité urbaine de France La métropole de Bordeaux a ainsi voté à la quasi unanimité (101 voix pour, 3 voix contre) pour que soit étalée jusqu’à fin-2026 “la dette due et [les] loyers redevables pour l’occupation du stade Matmut Atlantique” (L'Équipe, 7 juillet 2022)

“[Le maintien de Bordeaux dans le football professionnel] est une décision qui a un enjeu politique et territorial très important, qui nécessite la mobilisation de tous et de toutes [ ] Ce n’est pas un club de foot, c’est notre patrimoine historique”

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, 2022

Le landau du Cuirassé Potemkine

Comme Luc Arrondel et Richard Duhautois le montrent bien, la relégation sportive d’une équipe de l’élite entraîne un choc de demande avec :

● Des revenus générés par les droits TV bien moins importants A l’issue de la saison 2009-2010 de Ligue 1, Grenoble 38 a touché 13,6 millions d’euros de droits TV La saison suivante, celle à l’issue de laquelle le club a perdu son statut professionnel, il n’a plus reçu que 4,7 millions d’euros de droits TV

● Une baisse d’affluence au sein des stades Les affiches sont inévitablement moins alléchantes en D2 et les stades sont par conséquent moins remplis Lors de la saison 2006-2007 de Ligue 1, le stade Louis-Dugauguez, antre du CS Sedan, a enregistré une affluence moyenne de 14 130 spectateurs Les six saisons suivantes, le club a joué en Ligue 2 et le stade a dès lors vu son affluence moyenne ne dépasser qu’une seule année les 9 000 spectateurs, lors de la saison suivant la relégation du club ardennais ● L’importance moindre des parrainages publicitaires En effet, si moins de monde voit les matchs, le sponsor est moins mis en avant Une publicité est avant tout faite pour être vue

En quatrième point, on pourrait ajouter ce que l’on peut considérer comme une “fuite des cerveaux” En effet, lorsqu’un club descend en Ligue 2, les joueurs les plus forts ou les plus prometteurs sont pour beaucoup enclins à partir du club pour éviter de gâcher leur carrière ou de retarder leur envolée Si l’équipe reçoit bien sûr de l’argent puisqu’elle n’a plus à rémunérer le joueur ou parce qu’elle l’a vendu, elle se trouve néanmoins nettement affaiblie Lors de l’été 2015, Evian Thonon Gaillard, qui vient d’être relégué en Ligue 2, se voit dépouillé de plusieurs joueurs importants dans son effectif : Adrien Thomasson qui est alors un jeune joueur (21 ans) avec un certain potentiel, Daniel Wass, un redoutable tireur de coup-franc et milieu offensif qui a inscrit 8 buts lors de la saison 2014-2015, ou encore l’attaquant Gilles Sunu qui avait inscrit 3 buts en 10 rencontres Si le club a vendu ces éléments pour pallier les soucis financiers qu’il connaissait déjà avec la descente, les joueurs sont toutefois partis à un prix dérisoire Thomasson est en effet parti pour 800 000 € au FC Nantes alors que Daniel Wass a été acheté 3 millions par le Celta Vigo Ces transferts n’ont ainsi pas du tout permis au club de rééquilibrer ses finances Par contre, elles ont contribué à l’enfoncer dans une crise sportive puisqu’il a fini 18e de Ligue 2 à l’issue de la saison 2015-2016 avec 39 points

Or, si l’écart économique est si considérable entre la D1 et la D2, on retrouve également une conséquence pernicieuse qui peut provoquer une rétrogradation en cascade des clubs relégués sportivement En effet, lorsqu’une équipe descend, elle se prend le gouffre économique en pleine face et peut dès lors courir le risque de s’effondrer. Toutefois, ce risque est connu, et des mesures existent donc pour adoucir la chute en division inférieure

Selon les études de Szymanski, Weimar et Scelles, c’est ainsi avant tout une accumulation des chocs de demande liés à une relégation sportive qui explique une faillite, plus que les mauvais calculs effectués par les dirigeants et propriétaires Ceci est constatable empiriquement En effet, sur les 9 équipes françaises ayant déposé le bilan avec perte de leur statut professionnel dans les années 2010, 7 ont été rétrogradées moins de six saisons après leur dernière année en Ligue 1

Le 9 juillet, aux côtés de Rio Mavuba, le maire Pierre Hurmic mène un cortège pour sauver les Girondins de Bordeaux (© AFP)

Club Année de descente en D2 Année du dépôt de bilan

Grenoble 38 2010 2011

RC Strasbourg 2008 2011

Le Mans FC 2010 2013

SC Sedan 2007 2013

Athletic Club Arles-Avignon 2011 2015

Evian Thonon Gaillard 2015 2016

SC Bastia 2017 2017

Liste des clubs ayant à la fois joué en Ligue 1 et perdu leur statut professionnel entre 2007 et 2017

La relégation apparaît donc régulièrement comme un tremblement de terre, un danger économique considérable pour certains clubs Les ligues professionnelles en sont tout de même conscientes, et des mesures sont ainsi mises en place pour amortir la chute des clubs relégués sportivement Depuis la saison 2016-2017, bien qu’une couverture ait déjà été introduite une décennie plus tôt, les clubs anglais qui descendent en Championship se voient verser une certaine somme d’argent répartie sur plusieurs années de manière décroissante : les parachute payments Conséquente, la somme donnée aide les clubs relégués à tenir debout financièrement A l’issue de la saison 2019-2020, 250 millions de livres ont par exemple été distribués aux clubs relégués selon Luc Arrondel et Richard Duhautois Les clubs qui venaient d’être relégués à l’issue de la saison 2018-2019 ont même tous les trois reçu une somme de 42,6 millions de livres

“Leur calcul est basé sur la part fixe des droits TV distribués aux clubs [ ] Au cours de la première année de relégation, le paiement correspond à 55 % de la part fixe que chaque club de Premier League reçoit [ ] Le pourcentage est réduit à 45 % la deuxième année [ ] et à 20% la troisième année”

Luc Arrondel & Richard Duhautois, “Un club de football ne meurt jamais !”, Risques n°125, mars 2021

En cela, les parachute payments sont plus qu’un matelas qui amortit la chute du relégué, puisqu’ils lui permettent même d’avoir un matelas d’avance sur ses adversaires de Championship Lors de la saison 2018-2019, un club qui bénéficiait des parachute payments avait un budget moyen de 53 millions de livres, contre 23 millions pour les autres clubs de D2 anglaise Cet écart peut alors expliquer pourquoi les formations de Norwich City et Fulham FC remontent aussi facilement en Premier League au tournant des années 2020 alors qu’elles se noient littéralement quand elles évoluent dans l’élite du football anglais Cela peut aussi et surtout expliquer pourquoi les cas de faillite de clubs anglais récemment relégués sont bien moins réguliers et puissants qu’en France depuis les années 2010

Dans l’Hexagone, on retrouve également un système de caisse d’aide pour prêter assistance aux clubs relégués, mais celui-ci est beaucoup moins conséquent Luc Arrondel et Richard Duhautois parlent pour 2019 de 3 millions d’euros répartis sur deux saisons Et à l’issue de la saison 2021-2022, les clubs relégués en Ligue 2 auraient touché 8,25 millions d’euros selon L’Equipe

La relégation sportive apparaît ainsi comme la cause principale des rétrogradations administratives, ce qui explique pourquoi des mesures sont mises en place dans différents championnats Mais si ces dernières ne suffisent pas toujours, la rétrogradation administrative ne doit toutefois pas être vue comme une fatalité En effet, le dépôt de bilan n’indique pas forcément que le club a signé son arrêt de mort Son âme et le soutien des supporters et des joueurs ne disparaissent pas du jour au lendemain Si la force insufflée est suffisamment puissante, une équipe reléguée administrativement peut apparaître comme un véritable OVNI dans la division inférieure où elle débarque

Like a Phoenix

Après avoir dépeint un tableau apocalyptique des rétrogradations administratives, il convient de dédramatiser Il est en effet rare de voir un club ayant fait faillite disparaître totalement S’il dépose le bilan, il repart de zéro quelques divisions plus bas et peut revenir dans l’élite en moins d’un lustre N’a-t-on pas vu, lors de la même décennie, le RC Strasbourg jouer en CFA 2 (2011-2012) et remporter la Coupe de la Ligue (2018-2019) ?

On peut même aller plus loin en expliquant qu’il y a de bonnes chances qu’un club rétrogradé administrativement, même s’il a perdu pendant un temps son statut professionnel, retrouve un jour son niveau d’antan En effet, sur les 25 clubs français ayant perdu leur statut professionnel alors qu’ils évoluaient en Ligue 1 ou Ligue 2, 13 sont au moins parvenus à retrouver la Ligue 2

Une renaissance digne d’un scénario hollywoodien pour le RC Strasbourg (© L’Alsace / Jean-Marc Loos)

Grenoble 38 2011

Ligue 2 (mais déjà relégué sportivement en D3) D5 Ligue 2

RC Strasbourg 2011 D3 D5 Ligue 1

Le Mans FC 2013 Ligue 2 D6 Ligue 2

SC Sedan 2013 Ligue 2 D5 D3

Athletic

Evian

2015 Ligue 2 D7 D6

2016 Ligue 2 D7 D4

SC Bastia 2017 Ligue 1 (mais déjà relégué sportivement en D2) D5 Ligue 2

Si cela semble aussi peu compliqué de remonter la pente pour un club reparti de zéro financièrement, il faut bien comprendre qu’un “club de football n’est pas une entreprise comme une autre” (Arrondel & Duhautois, 2021)

En effet, malgré leur renommée et leur importance culturelle, les écuries de football ne jouent pas du tout dans la même cour que les grandes entreprises mondiales

En 2019, le chiffre d’affaires cumulé des 98 équipes des cinq grands championnats européens atteignait les 17 milliards d’euros Le club le plus riche, Manchester City, avait alors un chiffre d’affaires de 645 millions d’euros selon Forbes, alors qu’un club de la trempe d’Angers SCO, 13e de Ligue 1 en 2018-2019, pesait environ 24 millions d’euros A titre de comparaison, le chiffre d’affaires du groupe L’Oréal était de 32,3 milliards d’euros en 2021 Or, cette année-là, la société française était seulement la 395e firme disposant du plus gros chiffre d’affaires au monde selon le classement Fortune 500 du magazine Fortune Volkswagen, 10e entreprise de ce classement en 2021, pesait alors environ 250 milliards de dollars Le chiffre d’affaires de Manchester City est ainsi 400 fois moins important que celui du constructeur automobile allemand Cela signifie ainsi que l’on a besoin de beaucoup moins de moyens pour monter une formation compétitive

“Les clubs de football sont <<trop petits pour faire faillite>>”

Luc Arrondel & Richard Duhautois, “Un club de football ne meurt jamais !”, Risques n°125, mars 2021

En plus de cela, il faut prendre en compte le fait que l’identité du club ne peut disparaître d’un claquement de doigt Il y aura toujours du monde pour la faire perdurer

“La mémoire sportive est autrement plus tenace que celle d’autres industries”

Luc Arrondel & Richard Duhautois, “Un club de football ne meurt jamais !”, Risques n°125, mars 2021

Dans les cas les plus extrêmes, on assiste ainsi à une fusion avec un autre club ou à un changement de nom Avant 1991, le club de la “cité du Ponant” s’appelait “Brest Armorique FC”

Lorsque la situation est très préoccupante, les hommes qui ont toujours su faire vivre le club (supporters et joueurs, actuels comme anciens) sont ainsi prêts à mettre les mains dans le cambouis Grâce à cela, un club historique qui se voit rétrogradé administrativement est très loin de tout redémarrer à zéro

A l’issue de la saison 2011-2012 de Scottish Premiership, alors qu’ils avaient fini dauphin du Celtic Football Club, les Glasgow Rangers se sont vu rétrogradés en 4e division à cause d’une dette de près de 160 millions d’euros Les fans du club n’ont pas déserté Ibrox Park pour autant et le stade a alors enregistré une affluence moyenne de 45 700 supporters par match lors de la saison 2012-2013 En guise de comparaison, la capacité du stade de Peterhead FC , 2e de D4 derrière les Rangers cette saison-là, était de seulement 3 150 places

Club Année du dépôt Division au moment du dépôt Division dans laquelle le club a été rétrogradé Division la plus haute retrouvée Club Arles-Avignon Thonon Gaillard Meilleure division retrouvée par certains clubs ayant perdu leur statut professionnel dans les années 2010 (chiffres pour la saison 2022-2023) Le stade de Peterhead FC / Ibrox Park lors de la 1ère journée de D4 des Rangers, en 2012 (© SNS Group + © Youtube, 614560w)

Mais plus que donner de la voix, les supporters peuvent également prendre les choses en main Dans le cas de l’AS Fasano, relégué en 9e division italienne après une faillite en 2012, les ultras se sont mis à financer le club pour le faire survivre L’initiative a été couronnée de succès puisque le club a remonté la pente et a retrouvé la Serie D en 2022-2023

“Nous nous sommes retrouvés à devoir être la seule alternative, car aussi bien l’administration communale que les entrepreneurs locaux ont tourné le dos au club Nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain à payer les bus des déplacements, les restaurants, les fournisseurs Les amoureux des bleus et blancs nous ont suivi et en peu de temps nous avons constitué une association et nous sommes devenus les <<patrons>> de notre club”

Totò pour Sébastien Louis, “En Italie, un football dont les comptes ne tournent pas rond”, Le Monde, 2018

Dans la famille des amoureux inconditionnels d’un club, on retrouve également les joueurs et anciens joueurs Or, ceux-ci peuvent également être capables de sauver un club rétrogradé administrativement

Lors de la saison 2012-2013, le RC Strasbourg est promu en CFA après une belle saison 2011-2012 qui a vu le club finir 1er de son groupe avec 21 victoires en 30 matchs et où les supporters battre le record d’affluence en CFA 2 dès le premier match de la saison, avec 9 400 spectateurs à la Meinau Toutefois, les comptes sont toujours au rouge C’est alors que le club se voit racheté par un groupe d’investisseurs mené par une légende du Racing : Marc Keller (182 matchs pour 44 buts entre 1991 et 1996) Ce dernier devient le président du club en juin 2012

On comprend ainsi, à travers les exemples des Glasgow Rangers et du RC Strasbourg, que lorsqu’une équipe populaire se voit rétrogradée administrativement dans les divisions inférieures, les supporters et le niveau de l’équipe surclassent les adversaires Or, quelques pages plus tôt, nous avons évoqué les relégations de l’Olympique de Marseille et de la Juventus de Turin Ces rétrogradations, surréalistes, apparaissent ainsi comme de véritables ovnis

“Il y avait des effectifs sur ce championnat qui étaient très costauds Mais on sentait vraiment que ce club-là n’avait rien à faire en Ligue 2 [ ] Le souvenir que j’ai, c’est une équipe de Ligue 1 qui joue en Ligue 2 [ ] Quand on se déplaçait, c’est vrai que les stades étaient souvent bien remplis”

Ronan Salaün, entretien pour Girondins4ever

Lorsque les Girondins de Bordeaux sont rétrogradés administrativement en 1991, le club au scapulaire sort pourtant d’une saison correcte, terminant 10e de D1 avec 37 points obtenus grâce à 11 victoires et 15 matchs nuls Or, plusieurs joueurs importants de l’équipe décident de rester malgré la descente, à l’image de Jean-Luc Dogon, Stéphane Plancque ou de Didier Sénac Avec un niveau significativement supérieur à celui des autres clubs de D2, Bordeaux termine ainsi 1er de sa promotion avec 22 victoires, 8 matchs nuls et 4 défaites Dès la saison suivante, bien aidé par l’éclosion d’un jeune prodige surnommé “Zizou”, le club termine 4e du championnat de

France, 5 points derrière l’Olympique de Marseille, qui sera relégué administrativement en D2 deux saisons plus tard

On peut effectivement jouer la victoire au championnat et se voir tout de même rétrogradé Ce genre de situation est survenu à deux reprises dans l’histoire :

● En 1994 avec l’Olympique de Marseille

● En 2005 avec la Juventus de Turin

Les sanctions à l’encontre des deux clubs, relégués à cause d’une affaire de corruption, sont sévères :

● L’Olympique de Marseille se voit interdit d’acheter des joueurs

● La Juventus de Turin commence sa saison de Série B avec 9 points en moins

Lorsqu’ils se voient relégués, les deux clubs apparaissent pourtant parmi les meilleures équipes d’Europe :

● Le club phocéen a remporté la Ligue des Champions 1993 après avoir été finaliste de l’édition 1991. L’équipe restait sur cinq titres de champion de France d’affilée avant de finir 2e à l’issue de la saison 1993-1994

● La Juventus de Turin vient de finir 1er de la saison 2004-2005 de Serie A avec 91 points, bien que son titre soit annulé dans le cadre du Calciopoli Le club s’est même hissé la même année en quarts de finale de la Ligue des Champions

Evidemment, les deux clubs se voient dépouillés d’une partie de leurs grands joueurs :

● Notamment en raison des problèmes budgétaires que le club connaît avec la crise VA-OM, l’Olympique de Marseille se prive de plusieurs de ses champions d’Europe : Basile Boli, Didier Deschamps, Eric di Meco ou encore Rudi Völler

● La Juventus de Turin perd pour sa part Fabio Cannavaro, Zlatan Ibrahimovic, Adrian Mutu, Lilian Thuram, Patrick Vieira ou encore Gianluca Zambrotta

Mais en même temps, certains joueurs décident de faire honneur à leur maillot et de rester :

● Bernard Tapie parvient à garder une équipe très compétitive dans ses rangs, notamment en raison du fait que, malgré la rétrogradation du club, l’Olympique de Marseille se voit autorisé à participer à la Coupe UEFA Aux cages, on retrouve alors le jeune Fabien Barthez En défense, le capitaine Bernard Casoni et Hamada Jambay sont toujours là Et au milieu de terrain, Jean-Philippe Durand, qui se rapproche de la retraite, décide de terminer sa carrière dans le club phocéen

● Malgré les nombreux départs, on retrouve toujours un effectif cinq étoiles au sein de la

Juventus de Turin De nombreux champions du monde ont fait le choix de rester, à l’image de Gianluigi Buffon, Mauro Camoranesi et Alessandro Del Piero Mais parmi les hommes qui restent, on trouve également le tout jeune Giorgio Chiellini, l’iconique meneur de jeu Pavel Nedved, David Trezeguet, bourreau de la Squadra Azzura en 2000 qui ratera son tir au but au Mondial 2006, ou encore Jonathan Zebina

En plus de cela, les deux clubs réussissent à signer des recrues intéressantes :

● Alors libre, l’attaquant Tony Cascarino intègre l’effectif marseillais en 1994

● Finaliste de la Coupe du monde 2006 lui aussi, Jean-Alain Boumsong rejoint la Vieille Dame le même été

“[La relégation de la Juventus de Turin] a donné un engouement incroyable à la Serie B Chaque match était un match de coupe, les stades étaient pleins et les journaux écrivaient presque autant de pages sur le Juve que sur la Serie A C’était la curiosité”

Sébastien Piocelle pour 20 Minutes, 2017

Avec de pareils effectifs, l’Olympique de Marseille et la Juventus de Turin ont ainsi surclassé leurs adversaires :

● En 1994-1995, l’Olympique de Marseille remporte le championnat de D2 avec 84 points, devançant le 4e de sept points Toutefois, le club est trop endetté et la DNCG annule alors sa montée La saison suivante est la bonne avec une 2e place synonyme de montée Le club termine alors avec 80 points, soit un de moins que le champion, le SM Caen, mais avec huit d’avance sur le 4e, le Stade lavallois

● La Juventus de Turin accomplit un véritable exploit lors de la saison 2006-2007 Partant pourtant avec 9 points en moins, la Vieille Dame remporte le championnat de Serie B avec 85 points, soit six de plus que son dauphin, le SSC Naples

De même, les deux clubs ont presque tout de suite retrouvé les premières places du classement lorsqu’ils sont retournés dans l’élite :

● L’Olympique de Marseille termine 11e du championnat de D1 à l’issue de la saison 1996-1997 et finit 2e dès la saison 1998-1999

Attaquant irlandais ayant déjà joué en première division anglaise avec Aston Villa (1990 - 1991) et Chelsea FC (1993 - 1994), Tony Cascarino est devenu une légende atypique de l’Olympique de Marseille au cours des trois saisons qu’il a disputées avec le club phocéen

En effet, malgré le fait qu’il n’ait jamais marqué un seul but pour le club en D1 française, Tony Cascarino demeure en 2022 le 19e meilleur buteur de l’histoire de l’Olympique de Marseille avec 70 réalisations en 105 apparitions Cela s’explique en réalité par le fait que l’attaquant n’a joué qu’une moitié de saison en D1 avec le club Le gros de son aventure avec le club phocéen s’est en effet déroulé en D2 Tony Cascarino fut justement un attaquant très prolifique lorsqu’il jouait sur les pelouses de D2 Gagnant assez rapidement le cœur des supporters marseillais, l’attaquant a ainsi marqué 31 buts en championnat lors de la saison 1994-1995 et 30 la saison suivante Avec de pareilles statistiques, le buteur irlandais a terminé deux fois d’affilée meilleur buteur de D2, avec à chaque fois six réalisations de plus que le 2e En inscrivant près du tiers des buts de l’Olympique de Marseille sur les deux saisons que le club a connues en D2, Tony Cascarino a ainsi été l’un des protagonistes de sa remontée dans l’élite Mais du haut de ses 34 ans, l’attaquant n’arrive plus à être décisif lorsque le club retrouve les pelouses de D1 Dès l’hiver, il part donc à l’AS Nancy-Lorraine, club avec lequel il retrouve le chemin des buts, avec 33 buts en 74 matchs de D1 Lors de son ultime saison en D1 (1999-2000), à 37 ans, il plante 15 buts et termine 6e meilleur buteur

● La Juventus de Turin termine 3e de Serie A à l’issue de la saison 2007-2008 et 2e à l’issue de la saison 2008-2009

L’Olympique de Marseille et la Juventus de Turin semblaient ainsi trop grands pour sombrer Appuyés par un effectif toujours costaud rendu possible par la fidélité de certains joueurs, ils sont remontés le plus vite possible, malgré les gros bâtons qui ont été mis dans leurs roues

Un effectif 5 étoiles en Serie B (© AFP)

“Ca ressemblait plutôt à une tournée des Harlem Globe Trotters [ ] C’était pas une année sabbatique, mais bon ”

Jonathan Zebina pour 20 Minutes, 2017

Ce buteur mythique qui ne marqua jamais pour l’OM en D1. Tony Cascarino, buteur face au SM Caen lors de la 28e journée de la saison 1995-1996 (© Om4ever)

Récurrente et douloureuse, la rétrogradation administrative est surtout l’apanage des divisions inférieures, en définitive Si les chances de sombrer sont évidemment présentes, de nombreux clubs sont parvenus à remonter la pente grâce au soutien, voire plus, de ses supporters et de ses stars

Alors, lorsqu’un club historique est rétrogradé, à cause d’une dette trop importante ou d’une affaire de corruption, il apparaît comme un Ovni le temps d’une ou plusieurs saisons, avant de retrouver assez vite les premières places de la 1ère division

Le 1er mai 2022, au matin de la 33e journée de Premier League, les Toffees d’Everton FC sont tétanisés par une crise existentielle à laquelle ils sont peu accoutumés : et si ce club historique se voyait relégué en Championship à l’issue de la saison ? Avec deux journées de retard mais cinq points de moins que le 16e et le 17e du classement, le club liverpuldien s’apprête à recevoir Chelsea FC, qui est alors sur le podium La messe semble ainsi être dite par avance Mais par miracle, Everton FC remporte ce match, et à l’issue d’une fin de saison haletante, arrache son maintien avec 4 points de plus que le 18e, Burnley FC. Or, des histoires de maintien inespéré, on en a droit tous les ans Alors, en quoi le cas d’Everton FC fut-il si dramatique et médiatisé ? La réponse est simple : le club n’a pas connu de relégation depuis la saison 1954-1955 Une descente aurait ainsi brisé une série qui fait d’Everton FC le 2e club avec la plus longue longévité en D1 anglaise, derrière Arsenal FC qui a joué sa dernière saison en D2 en 1914-1915 Cette statistique peut interpeller Elle sous-entend en effet que certains clubs que l’on croit ancrés dans le haut de tableau depuis la nuit des temps (Chelsea FC, Liverpool FC ou encore Manchester United) ont connu la D2 entre 1954 et aujourd’hui

L’exemple anglais nous offre ainsi un goût fataliste : un club de Premier League a beau dominer le championnat à un moment précis, il demeure qu’il a lui aussi déjà éprouvé la douleur ou la crainte d’une relégation dans son histoire, et qu’il la connaîtra sans-doute à nouveau un jour ou l’autre Toutefois, il ne faut pas voir le cas de la D1 anglaise comme une généralité En 2023, la D1 espagnole se présente par exemple comme le championnat européen majeur contenant le plus d’équipes n’ayant jamais connu la relégation de leur histoire, avec trois clubs qui ne sont toujours pas descendus en D2 depuis la création de la Primera Division en 1929 Mais cela reste un chiffre dérisoire, surtout qu’en y regardant de plus près, ces trois formations en question (FC Barcelone, Real Madrid, Athletic Bilbao) ont, à plusieurs reprises dans leur histoire, échappé de peu à la correctionnelle Ainsi, memento mori : le supporter d’un club historique effrayé par la relégation serait comme le fidèle chrétien effrayé par la mort : il a peur d’une chose qui arrivera inéluctablement un jour et qui sera probablement suivie d’une résurrection Alors, à quel point la crainte ou l’expérience de la relégation est-elle ancrée dans la mémoire des clubs majeurs ?

--Sport--
La relégation : une tragédie qui n'a échappé qu'à une poignée d’équipes dans l'histoire
Sil’hymnedelaLiguedesChampionsestlamusiquepréféréedesclubsquiselancentchaqueannée danslaguerredesétoiles, ilestunerengainemoinsglorieuseàlaquellepeuontéchappé:l’airdeD2 .
Jusqu’en 2018, le Hambourg SV demeurait le seul club d’Allemagne à n’avoir jamais été relégué de Bundesliga depuis 1963 (© Reuters)

Squad Game

Si chaque saison ne voit, en fonction du championnat, que deux ou trois formations descendre, peu d’équipes peuvent en réalité se targuer de faire partie des murs Si l’on se concentre sur la constitution des cinq grands championnats européens lors de la saison 2022-2023, on remarque effectivement un conglomérat notable de clubs présents depuis moins d’une décennie

Nb de clubs présents depuis le XXIe siècle

Nb de clubs dont la dernière montée date au minimum de 2012

Bundesliga 4 10

Liga 4 13

Ligue 1 5 13

Premier League 6 13

Serie A 5 11

Ainsi, sur les 98 équipes évoluant dans l’un des cinq championnats européens majeurs, on en retrouve 60, soit les ⅗, qui ont joué en D2 dans les dix dernières années, et seulement 24, soit près d’¼, qui n’ont encore jamais été relégué de l’élite au XXIe siècle

On comprend donc facilement que le nombre de clubs n’ayant jamais connu la relégation, non sur 22 ans, mais de toute leur existence, est d’autant plus insignifiant En fait, on n’en retrouve que 6 : le Bayern Munich en Bundesliga, l'Athletic Bilbao, le FC Barcelone et le Real Madrid en Liga, le PSG en Ligue 1 et enfin l’Inter Milan en Serie A Et encore, ni le Bayern Munich ni le PSG n’ont pris part aux premiers balbutiements de leur championnat respectif En effet, le club bavarois est arrivé en D1 allemande en 1965, alors que la Bundesliga existe depuis 1963 Pour sa part, le club de la Ville Lumière a été créé en 1970, alors que le championnat de France de football existe depuis 1932

La quasi-majorité des grands clubs européens, aujourd’hui milliardaires, dotés d’immenses stades et suivis par de fidèles fanbases venant des quatre coins du globe, ont bel et bien vécu des années entières dans l’ombre de l’élite Des quatre équipes ayant participé aux Quarts de Finale de la Ligue des Champions 2021-2022, une seule n’avait encore jamais été reléguée dans son histoire : le Real Madrid A côté, on retrouvait Liverpool FC, dont la dernière montée remonte à 1962, et deux clubs ayant connu au moins une saison en D2 au XXIe siècle : Manchester City (2001-2002) et Villarreal CF (2012-2013)

Mais si l’on retrouve, au sein de ces cinq championnats majeurs, autant d’équipes ayant déjà connu la relégation, c’est peut-être justement parce que ces ligues sont très disputées, bien qu’elles pâtissent évidemment d’inégalités flagrantes

Or, au sein de ces compétitions, on est capable chaque saison de citer cinq ou six clubs ayant les armes pour jouer

la gagne, ce qui ne semble plus être le cas lorsque l’on s’aventure dans les ligues nationales moins prestigieuses Dans ces championnats règne en effet l’impression qu’une même poignée d’équipes se dispute la victoire finale, sans partage, depuis des siècles et des siècles Alors que ces mêmes formations, bien plus riches que leurs adversaires, semblent écraser la concurrence à chaque saison, on peine à les imaginer jouer un jour le maintien, et encore moins descendre en division inférieure

Ces dominations ancestrales, on les retrouve au sein de plusieurs championnats européens renommés sans pour autant faire partie du Big 5 :

● En Primeira Liga, le FC Porto, le Benfica Lisbonne et le Sporting Portugal font partie des murs depuis 1934 A part ces trois géants, seuls deux clubs sont parvenus à remporter le championnat en près de 90 ans : le C F Os Belenenses en 1946 et le Boavista FC en 2001

● En Eredivisie, quatre formations n’ont jamais connu la relégation depuis 1956 : l’Ajax Amsterdam, le Feyenoord Rotterdam, le PSV Eindhoven et le FC Utrecht Seuls six championnats des Pays-Bas ont été remportés par un autre club que les trois premiers cités

● En Scottish Premiership, seuls le Celtic Glasgow et Aberdeen FC ignorent toujours la sensation de la descente Et encore, le club d’Alex Ferguson n’est arrivé en D1 écossaise “qu’en” 1905, alors que le championnat a été fondé en 1890 Jusqu’en 2012, les Rangers faisaient partie de ce cercle fermé, avant de se voir rétrogradés administrativement Or, les deux rivaux de Glasgow mènent depuis plus d’un siècle une véritable suprématie sur le championnat En effet, 107 des 126 saisons de D1 écossaise disputées entre 1890 et 2022 se sont terminées par la victoire finale de l’un des deux clubs Aberdeen FC en a gagné 4 pour sa part, dont 3 sous la houlette d’Alex Ferguson

● En Süper Lig, il n’y a que les trois clubs stambouliotes que sont le Besiktas JK, le Galatasaray SK et le Fenerbahçe SK qui n’ont jamais été relégués depuis 1959 Et à part le Trabzonspor Kulübü, toutes les formations présentes dans le championnat pour la saison 2022-2023 ont connu au moins une saison en D2 depuis 2012 Ces quatre clubs cités concentrent justement la quasi-totalité des titres de l’histoire de la Süper Lig En effet, en dehors de ces géants, seuls Bursaspor en 2010 et l’Istanbul Basaksehir en 2020 sont parvenus à remporter le championnat turc de football

● En Alpha Ethniki, l’Olympiakos, le Panathinaïkos et le PAOK Salonique sont les seuls clubs à ne pas savoir à quoi ressemble la relégation A part ces équipes, mais surtout à part l’Olympiakos et le Panathinaïkos, car le PAOK Salonique n’a gagné le championnat national qu’à trois reprises dans son histoire, seul l’AEK Athènes a été sacré champion de Grèce (2018) depuis la saison 1994-1995

Puisque l’Angleterre est le berceau du ballon rond, il n’est pas surprenant d’y trouver le championnat ayant la longévité la plus importante dans l’histoire du football Le tout premier coup d’envoi de la Football League First Division remonte ainsi au 8 septembre 1888 Or, dès 1937, aucun de ses 12 clubs fondateurs ne pouvait encore se targuer de ne jamais avoir connu la descente Mais à ce rendu fataliste, opposons le cas particulier du deuxième championnat le plus ancien de l’histoire, la Northern Ireland Football League Cette compétition a beau avoir été créée en 1890, trois de ses clubs fondateurs (Cliftonville FC, Glentoran FC, Linfield FC) n’ont jamais goûté, ne serait-ce qu’une saison, à la D2 Et pourtant, l’histoire de ces monuments du football nord-irlandais est loin d’être linéaire et tranquille Il faut d’abord savoir que cette compétition n’a pas toujours été restreinte aux seuls clubs de ce pays constitutif En effet, jusqu’en 1921, l’Irlande est une île rattachée dans son ensemble au Royaume-Uni Il n’y a donc alors pas d’Irlande du Nord à proprement parler Ainsi, de 1890 à 1920, les clubs qui deviendront nord-irlandais ne s’affrontent pas seulement entre eux, mais participent à une compétition qui concerne l’île entière : l’Irish Football League Toutefois, à l’issue de la guerre d’indépendance irlandaise (19191921), c’est l’Irlande qui quitte la Couronne britannique, et ce sont donc les équipes des provinces ayant pris leur indépendance qui quittent le championnat, et non les clubs devenus nord-irlandais En réalité, cette sécession n’a pas vraiment produit de transformations notables au sein du championnat En effet, lors de la saison 1919-1920, seuls le Shelbourne FC et le Bohemian FC, qui était quoi qu’il arrive bon dernier, étaient des clubs non nord-irlandais Mais même avec une compétition dès lors restreinte, les clubs ont subi des bouleversements dramatiques Les saisons 1993-1994 et 1994-1995 ont été particulièrement anxiogènes pour les clubs de l’élite nord-irlandaise car il a été décidé, en prenant les points cumulés de ces deux éditions, de reléguer la moitié des seize équipes du championnat Cette décimation a coûté la tête de Lisburn Distillery FC, qui n’avait encore jamais connu la D2 Mais les autres clubs fondateurs du championnat nord-irlandais se sont également fait peur Si le premier relégué, Coleraine FC, descend avec 86 points cumulés, Cliftonville se sauve avec 90 points et Glentoran 87 Or, même lors de saisons a priori normales, ces monuments sont déjà passés à quelques cheveux de la casse Par exemple, Cliftonville a dû passer par les barrages pour sauver sa peau lors de la saison 2003-2004

Ainsi, le nombre de clubs n’étant jamais descendus en division inférieure est relativement faible, à hauteur de trois ou quatre maximum dans chaque compétition nationale Ces formations sont, évidemment, presque toutes des géants intouchables, bien plus riches et puissants que leurs adversaires Pour autant, la vie n’est un long fleuve tranquille pour personne, et l’argent ne fait pas toujours tout Ainsi, aucune équipe n’est à l’abri L’histoire montre même que l’écrasante majorité des équipes n’ayant jamais été reléguées se sont fait au moins une fois de belles frayeurs De même, réguliers sont les cas de clubs voyant leur longévité extraordinaire, parfois même centenaire, se briser avec une descente malheureuse

La vie ≠ un long fleuve tranquille

Si un club n’a jamais été relégué de son histoire, cela ne veut absolument pas dire qu’il a toujours été à l’abri Ce qui rend la longévité de certaines équipes d’autant plus remarquable, c’est le fait qu’elles soient humaines : elles aussi ont déjà connu le fait d’être vulnérable, elles aussi ont déjà été placées dans une situation particulièrement délicate, et auraient pu, à une action de jeu près, voir leur belle série s’effondrer Mais corrigeons-nous, ce cas ne touche pas certaines équipes macrobiennes, il en touche la quasi-intégralité Par exemple, dans les championnats européens déjà cités, seuls le Bayern Munich, le Benfica Lisbonne, le Sporting Portugal, le PSV Eindhoven et l’Olympiakos peuvent être présentés comme des formations n’ayant jamais vraiment tremblé de leur histoire, et encore

Ainsi, le championnat espagnol est loin d’avoir toujours été dominé par les Meringues et les Blaugranas, qui ont plus d’une fois manqué de disparaître des écrans radars Le Real Madrid s’est notamment fait de belles frayeurs Terminant à l’issue de la saison 1942-1943 avec un seul point de plus que le premier barragiste, le club est passé à deux points près, en 1947-1948, de descendre Relégable à l’issue de la 20e journée (sur 26), le club avait alors terminé la saison à la 11e place avec 21 points, alors que le premier relégué, la Real Sociedad, en avait 19 Au Stade des Corts, les frissons furent sans-doute encore plus intenses Barragiste au terme de la saison 1941-1942, le FC Barcelone a remporté son match de la mort contre le Real Murcie avec le score de 5 à 1 Deux ans plus tôt, les Blaugranas avaient échappé à cette terrible épreuve en terminant avec autant de points et même avec un goal average moins bon que le premier barragiste, le Celta Vigo Si le club avait malgré tout terminé devant cet adversaire, c’est parce qu’il l’avait battu lors des deux matchs qui les avaient opposés au cours de la saison Mais le vrai miraculé, dans le lot, c’est bel et bien l’Athletic Bilbao, qui a terminé quatre saisons différentes (1944, 1963, 1992, 2007) avec moins de 2 points de plus que le premier barragiste ou premier relégué Lors de la saison 2006-2007, le club a terminé 17e avec 40 points Le Celta Vigo, alors 18e et premier relégué, avait pour sa part terminé avec 39 points

En Serie A, l’Inter Milan a beau ne pas être descendu depuis la création du championnat en 1905, il n’empêche que le club a également déjà fait de beaux cauchemars, et

En Irlande du Nord, un maintien aussi ancien que le sport. Depuis cette photographie, datant pourtant de 1891, le club de Linfield FC n’a jamais été relégué de la D1 nord-irlandaise

ce plus d’une fois A l’issue des saisons 1941-1942 et 1947-1948, les Nerazzurri ont terminé avec seulement trois points de plus que le premier relégué Poussant le curseur un peu plus loin, la saison 1993-1994 a été plus que particulière pour le club Alors qu’il a éliminé des formations de la trempe du Borussia Dortmund ou de Cagliari pour remporter la finale de la Coupe de l’UEFA face au Casino Salzbourg, l’Inter n’a alors gagné que 2 des 14 dernières rencontres du championnat italien et terminé 13e avec 31 points en 34 rencontres, avec 1 petit point de plus que Piacenza Calcio 1919, 15e et premier relégué

Le début des années 1980 en Turquie : Midnight Exstress.

En France maintenant, deux paramètres conduisent à nuancer l’exploit du PSG, qui est la seule équipe de Ligue 1 à ne jamais avoir failli :

● D’une part, comme on l’a déjà précisé, le club de la capitale a été officiellement fondé en 1970 Il est donc bien moins ancien qu’une équipe comme l’Olympique de Marseille, fondé en 1899, ou comme l’OGC Nice, fondé en 1908 Or, un club créé ne démarre pas de suite dans une élite déjà installée Ainsi, le PSG a dû passer par les divisions inférieures avant d’arriver en D1 en 1974.

● D’autre part, le club s’est souvent fait peur Lors de la saison 1987-1988, le PSG a terminé 15e d’un championnat de 20 équipes, avec juste 2 points de plus que le 18e, barragiste, et le 19e, relégué Et à l’issue de la saison 2008-2009, soit trois ans avant l’arrivée providentielle de Qatar Sport Investments, le PSG a terminé 16e avec 43 points, soit 3 de plus que le 18e du classement et premier relégué, le RC Lens

Mais preuve que cette crainte touche la quasi-intégralité des D1 nationales, nombre des clubs historiques des championnats moins prestigieux ont eux aussi déjà manqué de sombrer, alors que la concurrence y est a priori moins importante que dans les championnats européens majeurs

Pour preuve, l’Ajax a fini 13e sur 16 équipes lors de la saison 1964-1965, avec seulement 3 points de plus que le 15e, premier relégué Le FC Utrecht, pour sa part, est un miraculé Ayant déjà été maintenu par deux fois pour deux petits points en 1957 et 1975, le club s’est sauvé en 1994 et 1996 avec un point de plus que le premier barragiste

Même écart entre le 1er et le 2e qu’entre le 2 et le 14e (© Wikipedia)

Si chaque fin de saison offre son lot de suspens et de drames, les éditions 1979-1980 et 1980-1981 du championnat turc battent sans-doute les records En effet, par deux fois, le classement général final s’en est retrouvé à peine moins compact que celui des premières journées Ainsi, alors que l’on rentrait dans le money-time, près d’une dizaine d’équipes se trouvaient encore sérieusement menacées par une descente qui ne s’abatterait pourtant que sur trois d’entre elles seulement A l’issue de l’édition 1979-1980, le 8e n’a ainsi fini qu’avec deux points de plus que le 14e du classement, premier relégué Mais la saison suivante s’est révélée encore plus serrée En effet, à l’issue de l’édition 1980-1981, quatre clubs se sont maintenus avec autant de points que le premier relégué, et le 5e ne comptait alors que deux points de plus que ce malheureux élu Pourtant, huit formations se trouvaient entre ces deux équipes au classement Même le dauphin s’est trouvé menacé jusqu’au bout, ne terminant en effet qu’avec cinq points de plus que le 14e A l’issue de ces deux saisons-là, c’est le même club qui a remporté le championnat : Trabzonspor On comprend dès lors que le Besiktas, le Galatasaray et le Fenerbahçe ont tous trois avancé sur un pont de liane pendant tout ce temps Si la saison 1979-1980 a été la moins effrayante des deux, le Galatasaray et le Besiktas se sont alors déjà fait peur en terminant respectivement à la 9e et 11e place, mais tous les deux avec 29 points, soit deux de plus à seulement que le premier relégué Dauphin avec 35 points, le Fenerbahçe a essuyé moins de sueur L’année suivante a toutefois constitué une autre paire de manches pour le club En effet, l’année 1981 a semblé être, toutes proportions gardées, une reconstitution footballistique de la chute de Constantinople (1453) En effet, une bonne partie de la saison a vu les trois grands clubs stambouliotes suer à grosses gouttes Or, lors de la chute de Constantinople, ce n’est pas une ville seulement qui s’est vue chahutée, c’est en réalité tout un pays qui a tremblé La fin de la saison a ainsi vu le dauphin ne devancer le premier relégué que de cinq petits points Le Fenerbahçe était alors le gros club le plus ébranlé : 10e du classement final, il a toutefois fini avec autant de points que le 14e Son maintien s’est ainsi joué à 11 buts près Le Besiktas et le Galatasaray, tous deux bien placés dans le classement (5e et 3e), n’ont pas fanfaronné pour autant En effet, le Besiktas n’était qu’à une victoire (2 pts) près de se retrouver dans la même situation que le Fenerbahçe Le Galatasaray, pour sa part, n’avait que cinq points d’avance sur son grand rival

En 1994, Wim Jonk et Dennis Bergkamp sacrés en Coupe UEFA après la bataille du maintien (© Shaun Botterill / Getty Images)

En Grèce, si l’Olympiakos ne s’est jamais vraiment fait peur, le PAOK Salonique a fini la saison 1995-1996 à la 14e place, avec 4 points de plus que le 16e, relégué Le Panathinaïkos, pour sa part, a fini 8e sur 16 équipes en 2019, mais avec seulement 4 points de plus que le 13e, barragiste Le club, qui avait écopé de 11 pts de pénalité au démarrage de la saison, a eu le temps d’imaginer les pires scénarios possibles avant de retrouver le rivage

Pour sa part, le cas écossais est plus que particulier Fondé en 1890, ce championnat n’a vu qu’une seule formation disputer l’intégralité de ses saisons : le Celtic FC Mais comme on l’a évoqué, il existe une autre équipe qui n’a jamais été reléguée de ce championnat : Aberdeen FC, promue en 1905 Or, ce club est un miraculé :

● A l’issue de la saison 1916-1917, Aberdeen FC a terminé 20e et bon dernier du championnat Mais si la D1 écossaise a continué de se dérouler malgré la Première Guerre mondiale, la D2 a pour sa part été suspendue entre 1916 et 1921 Ainsi, aucun club de D1 n’a été relégué durant cette période Pour cause de problèmes de déplacements, le club n’a pas pu participer aux saisons 1917-1918 et 1918-1919 Mais par définition, il n’a pas été relégué

● A l’issue de la saison 1999-2000, le club a fini 10e et à nouveau dernier Or, à partir de la saison 2000-2001, la D1 écossaise se jouait avec 12 équipes Aberdeen n’a donc pas été relégué, mais a tout de même dû passer par la case barrages Dans ces play-offs, on retrouve 3 clubs, et c’est celui qui finit dernier qui retourne en D2 Or, Aberdeen n’a alors même pas eu le temps de voir la pression monter puisque le Falkirk FC a vu son stade non homologué et a dès lors dû rester en D2, terminant alors d’office dernier de ces barrages

Ainsi, de nombreuses grandes écuries ont vécu des saisons particulièrement anxiogènes A quelques faits de jeu près, leur histoire aurait pû prendre un tournant tout-à-fait différent Mais la vie est loin d’être un film romantique à l’issue toujours positive Si des équipes ont été sauvées in extremis, d’autres sont tombées pieds et mains liés dans le précipice

J’ai glissé, chef !

Remettons les pieds sur terre et quittons les scénarios hollywoodiens, si vous le voulez bien Toute bonne chose, aussi longue soit-elle, a une fin Et cette fin, de nombreux clubs l’ont connue alors qu’ils tenaient une série notable de saisons sans relégation

Pour certaines équipes, cette rupture a pû apparaître tout-à-fait cruelle et imméritée En effet, des formations ont vu leur longévité centenaire se briser à cause de problèmes non sportifs, mais financiers

Ainsi, alors qu’elles avaient pourtant obtenu tranquillement leur maintien sur le terrain, certaines équipes se sont vues reléguées pour des raisons n’ayant pas vraiment de rapport avec leurs performances sportives

Alors qu’elle était censée avoir remporté le championnat de Série A à l’issue de la saison 2005-2006, la Juventus de Turin a été contrainte de faire une année sabbatique en Série B à cause du fameux scandale du Calciopoli

En 2012, c’est non pas à cause d’un scandale mais d’une dette trop importante que les Glasgow Rangers sont passés de la 2e place en D1 lors de la saison 2011-2012 à un départ en D4 à la rentrée

Mais après être revenus en D1, ces deux clubs ont de suite retrouvé les premières places et n’ont depuis jamais été inquiétés par la rétrogradation Si leur longévité a été brisée par un petit entracte, ils peuvent ainsi toujours se targuer de ne jamais avoir été relégués sur le terrain

En Allemagne par contre, deux clubs ont bel et bien été relégués à la loyale ces trente dernières années, après être restés dans l’élite pendant près d’un siècle En 1996, c’est un véritable effondrement que les fans de l’Eintracht Francfort ont subi S’ils sont plusieurs fois passés près de la casse dans les années 1980, en se sauvant lors des barrages en 1984 et 1989, le club a rapidement retrouvé de belles couleurs et enchaîné les places d’honneur au début des années 1990 3e en 1990, 1992 et 1993, 4e en 1991 et 5e en 1994, Francfort termine tranquillement sa saison 1994-1995 à la 9e place, et se qualifie ainsi en Coupe Intertoto pour la saison 1995-1996

Le début de cette saison n’a rien présagé de vraiment dramatique En 14 journées, le club comptait en effet 24 points en 19 journées et se trouvait alors à la 10e position du classement Mais ensuite, ce fut la catastrophe Le club n’a gagné qu’un seul de ses quinze matchs suivants, enregistrant ainsi une moyenne de 0,53 point par rencontre Relégable à partir de la 25e journée, l’Eintracht ne sortira plus la tête de l’eau et terminera 17e, avec six points de retard sur le premier non-relégable Pour ce qui est du Hambourg SV, qui était entre 1996 et 2018 le seul club à avoir participé à l’intégralité des saisons de Bundesliga, l’effondrement s’est fait sentir venir Si le club est passé par les barrages à l’issue des saisons 2013-2014 et 2014-2015, avec un maigre point d’avance sur le premier relégué, sa longévité aurait normalement dû prendre fin dès 2014 En effet, Hambourg s’en était sorti avec seulement 27 points en 34 journées Il a alors fallu attendre 2018 pour que le glas sonne Relégable dès la 17e journée, le club, qui était jusqu’alors surnommé “Dino”, a terminé la saison avec un point de moins que le barragiste, malgré quatre victoires dans les six dernières journées

Le 12 mai 2018, l’apocalypse à Hambourg (© dpa/AFP/Axel Heimken)

Mais si ces exemples sont fameux par leur envergure, le nouveau millénaire s’est, en réalité, révélé fatal à bien d’autres équipes légendaires du football européen :

● Fondé en 1888, le Sparta Rotterdam est le plus ancien des clubs néerlandais Maintenu en D1 depuis 1893, l’équipe a totalement craqué lors de la saison 2001-2002 et a terminé 17e sur 18 équipes avec 24 points seulement Reversé en barrages, le club a alors fini à la 4e et dernière place de son groupe de play-offs

● Après quatre-vingt-ans de bons et loyaux services en D1 russe, le premier vainqueur de l’histoire de ce championnat, le Dynamo Moscou, a été relégué à l’issue de la saison 2015-2016 La descente fut brusque pour les supporters car cela faisait huit ans que le club était toujours classé dans le top 8 du championnat Cette crise a toutefois été éphémère, car le club a survolé la D2 nationale lors de la saison 2016-2017 et a de suite retrouvé l’élite Seule la longévité a été rompue

● En Irlande, le Shamrock Rovers FC est le club le plus titré (19 fois) de l’histoire d’un championnat créé en 1922 Mais enchaînant les saisons moyennes à partir de 2003, l’équipe a été punie en 2005 et s’est vue contrainte de passer, pour la première fois de son histoire, une pige en D2

● En 2017, le KF Tirana a disparu, le temps d’une année, de la D1 albanaise, alors qu’il n’en avait encore jamais été délogé depuis la création de la Kategoria Superiore en 1930

En Hongrie, ce n’est pas un seul séisme qui s’est abattu sur le championnat dans les années 2000, mais deux :

● Le Budapest Honvéd, club historique de Ferenc Puskas et détenteur de 14 championnats, s’est vu relégué en 2003

● Trois ans après le Budapest Honvéd, c’est un club encore plus mythique qui est descendu, pour des raisons financières cependant : le Ferencvarosi TC, qui était là depuis 1901

Mais, naturellement, ce phénomène ne concerne pas le continent européen seulement :

● Au Brésil, si les grandes pointures du Brasileirão ont, pour une majorité, déjà connu la relégation, ils l’ont en réalité connue assez récemment En effet, Fluminense est tombé en 1997, Botafogo et Palmeiras en 2002, l’Atlético Mineiro en 2005, les Corinthians en 2007, Vasco de Gama en 2008 et enfin Cruzeiro en 2019

● En Argentine, le Boca Juniors est en 2023 le seul club à n’avoir jamais connu une quelconque descente depuis 1913 Mais jusqu’en 2011, deux autres clubs perpétuaient une longévité encore plus longue : River Plate, qui n’a pas quitté l’élite entre 1909 et 2011, et le Club Atlético Independiente, qui a participé à toutes les saisons de D1 possible entre 1912 et 2013

Ainsi, pour répondre à la question d’introduction, la relégation fait partie intégrante de l’écrasante majorité des clubs majeurs du football européen et mondial Et même au sein de la minorité de formations n’ayant encore jamais connu la D2, on retrouve encore une majorité de clubs qui sont passés très près de la correctionnelle

Mudhoney Every Good Boy Deserves Fudge 1991

99. The

Damned Damned Damned Damned

1977

Provenant comme Nirvana de Seattle, Mudhoney est aussi un groupe pionnier du grunge, genre musical caractérisé par un son crade, une saturation des guitares et des bien sinistres Rien d’étonnant donc à trouver dans Every Good Boy Deserves Fudge un son sombre et nihiliste Il faut dire que le morceau d’ouverture, “Generation Genocide”, nous met immédiatement dans le bain Cette intéressante entrée en matière, que l’on croirait tout droit sortie d’un film de vampires, nous donne à entendre le batteur Dan Peters martyriser ses tomes, et les guitaristes se complaire dans la saturation L’ensemble de l’album suivra cette logique : la batterie n’aura de cesse d’être maltraitée et les riffs de guitare, saturés mais très cools, n’auront de cesse de se répondre et se compléter Pour sa part, le chant élégiaque de Mark Arm ne semblera jamais trouver la paix Mais si cette formule fonctionne bien pour les titres “Broken Hands” et “Don’t Fade IV”, elle peut donner l’impression d’un album bourrin, répétitif et prévisible Patience, ce sentiment passager se dissipe au niveau des derniers morceaux La fin de l’album offre en effet deux excellents titres dont les passages à l’harmonica sont aussi inattendus que mémorables : “Move Out” et “Pokin’ Around” Si la mélodie et les progressions d’accords de “Move Out” sont peu originales, l’interprétation à l’harmonica, combinée à la fougue du batteur et au travail sur les guitares, leur fait prendre une autre dimension Plus long, riche et complexe, le passage à l’harmonica de “Pokin’ Around” exacerbe à merveille la détresse véhiculée par le chant et l’accompagnement musical, qui semble reprendre “Dancing With Myself” de Billy Idol sans pour autant plagier En bref, voilà un titre cathartique qui rapproche du nirvana

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Move Out” ; “Pokin’ Around”

Désinvolte, agressif, sale, dissonant et nihiliste, le punk rock a tout sauf la vocation d’atteindre la richesse et la pureté de l’œuvre d’un Richard Strauss Alors que le compositeur allemand nous rapproche des cieux avec l’opéra Daphne (1938), le punk-rock nous fait emprunter le chemin inverse avec The Damned Et pourtant, malgré un son crade et peu conventionnel, la musique du groupe britannique parvient parfois à être séduisante et jouissive Certes, les progressions d’accords sont simples et courtes, mais certaines d’entre elles sont si efficaces et bien mises en avant par l’infernal tempo et le chant insolent du chanteur Dave Vanian que certains titres en deviennent très intéressants En cela, lancer Damned Damned Damned, le premier album du groupe, revient à aller à la fête foraine : les attractions sont simples, courtes et fulgurantes, mais fort agréables Toutefois, comme pour Eric Cartman à Cartmanland, il y a un temps où l’on est las Il faut dire que les premiers manèges sont vraiment impressionnants Dès les premières secondes de “Neat Neat Neat”, les freins sont rompus La basse nous prévient que ça va fuser, et on est alors lâché dans une furie très bien maîtrisée qui ne nous laisse que peu de répit, avec cette furieuse guitare, le phrasé des refrains et la basse en guise de moteur Le morceau suivant, “Fan Club”, nous surprend pour sa part avec son riff génial Le guitariste Brian James nous propose alors une partition très solide, avec des couplets et des ponts très bien construits Néanmoins, la suite de l’album ne parvient pas à garder ce niveau et devient un peu répétitif On y trouve quand même des titres intéressants, tels “Born to Kill” ou “New Rose”

Spotify Wrapped 2022 : “Neat Neat Neat” (43e) ; “Fan Club” (91e)

100.
(© Peter “Kodick” Gravelle / Stiff Records)

AlunaGeorge I Remember 2016

Lorsqu’il a sorti son album sophomore I Remember, le duo AlunaGeorge n’avait alors plus grand chose à prouver Le projet précédent, Body Music (2013) avait été une franche réussite, et il fallait être vraiment optimiste pour espérer trouver à nouveau des perles du niveau de “You Know You Like It” ou de “Your Drums, Your Love” Pour autant, il s’agit tout de même d’un bon projet nous offrant des tubesques dansants qui peuvent faire le plaisir des DJs ainsi que des ballades posées qui peuvent faire celui des propriétaires de bars lounges En cela, il serait cruel de jeter I Remember dans les oubliettes

En effet, on retrouve tout de même dans cet album deux titres qui ne sont pas loin du niveau des deux classiques cités précédemment Avec “Mean What I Mean”, qui est certainement le morceau le plus dansant de l’album, on peut considérer que AlunaGeorge a réalisé un exploit En effet, la surprenante et éclatante boucle du refrain est si agréable et entraînante qu’on en arrive à supporter des couplets qui, disons-le, sont assez médiocres Plus loin dans l’album, et dans un registre assez différent, “Mediator” se présente pour sa part comme un morceau très doux et sensuel Alors que la voix posée d’Aluna Francis crée en elle-même une ambiance intéressante, l’atmosphère est enrichie par des petits accords de guitare glissés par-ci par-là, la discrète mais indispensable présence de la basse et du piano rhodes, et enfin par les douces percussions. Dans son ensemble, l’album forme un tout cohérent et agréable, quoique parfois répétitif et peu original Une mention spéciale s’impose pour l’ambiance créée par “My Blood”, “Not About Love” et “Wanderlust”

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Mean What I Mean” ; “Mediator”

97. Calvin Harris Funk Wav

Bounces Vol. 2 2022

(© Columbia Records)

Cinq ans après le succès retentissant de Funk Wav Bounces Vol 1, on prend les mêmes et on recommence Avec Funk Wav Bounces Vol 2, Calvin Harris propose toujours d’agréables collaborations qui sentent bon les vacances Si cet album funky est plutôt intéressant et cool, on ne prend toutefois pas des claques du niveau de “Slide” ou de “Rollin” Attention toutefois, cela ne veut pas du tout dire que Funk Wave Bounces Vol 2 est un projet médiocre La recette des deux albums est la même : les accords de piano, les petits riffs de guitare et les lignes de basse sont très satisfaisants et nous placent dans une ambiance estivale bien agréable Couplée à des refrains policés et doux, l’ambiance ainsi générée nous offre de bons tubes, à l’image de “Potion” (ft Dua Lipa et Young Thug) ou de “New To You” (ft Normani, Tinashe et Offset) Mais cette formule nous offre aussi plus que de simples tubes Le phrasé de Halsey, bien accompagné par la basse, offre par exemple un cachet très intéressant au festif “Stay With Me” Pour sa part, le titre “Obsessed” (ft Charlie Puth et Shenseea) nous marque par ses progressions d’accords simples mais particulièrement efficaces en guise d’ostinato, et par le très bon refrain chanté par Charlie Puth Plus loin dans l’album, on tombe à nouveau sur un excellent refrain avec “Lean On Me” (ft. Swae Lee), un titre psychédélique bien construit et doté d’un bon solo de guitare Mais à côté, domine l’impression d’avaler un plat quelque peu insipide Prenant peu de risques, Calvin Harris semble aussi ne pas s’être vraiment foulé Si les morceaux sont cools dans l’ensemble, la mayonnaise ne prend pas avec certains titres On a notamment en tête “Ready Or Not” (ft Busta Rhymes) et “Live My Best Life” (ft Snoop Dogg)

98.
(© Arran Gregory / Island Records) Titres ajoutés à l’Intégrale : “Obsessed” ; “Lean On Me”

96. Average White Band Feel no Fret 1979

95. Stereophonics

Just Enough Education to Perform 2001 (© V2)

Avec Average White Band, on s’attend toujours à un album funky doté d’un bon groove, à écouter de préférence lorsque le soleil fond sur les flots En effet, le groupe a déjà prouvé, à travers des titres comme “Pick Up the Pieces” (1974) ou “A Love of Your Own” (1976), qu’il est tout-à-fait capable de proposer des morceaux qui mettent dans une ambiance caliente, qu’ils soient festifs ou calmes Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Feel No Fret répond favorablement à ces expectatives Dans ce bon album de blue eyed-soul, ils nous est en effet donné d’entendre, aux côtés d’instruments qui font monter la température à l’image des synthétiseurs, du saxophone ou de la précieuse basse, des voix chaleureuses et avenantes se répondre et se mélanger Avec cette recette, “Please Don’t Fall in Love”, au doux refrain, et “Atlantic Avenue”, aux couplets fort intéressants, en deviennent des titres très agréables à écouter, mais qui ne mettent toutefois pas une claque monumentale à l’auditeur S’il n’y avait en effet que des morceaux de ce calibre dans l’album, Feel No Fret apparaîtrait comme un projet sympathique mais très facilement oubliable

Heureusement, le groupe écossais nous propose deux excellentes plages à écouter idéalement sur la Promenade des Anglais Ouvrant et refermant l’album, “When Will You Be Mine” et “Fire Burning” partagent, avec un rendu assez différent, un point commun leur offrant un grand charme : un entremêlement rapide et jazzy d’une douzaine de notes, à la basse ou à la guitare, en guise d’ostinato Avec un groove et un phrasé parfaits, ces deux morceaux donnent l’impression d’une course effrénée mais toujours festive

Spotify

Titre ajouté à l’Intégrale : “Fire Burning”

Just Enough Education to Perform est assurément un album à écouter dans une prairie un jour de printemps ensoleillé Mais si le projet est sympathique et intéressant de bout en bout, on distingue néanmoins deux parties bien distinctes Si la première (plages 1 à 7) est vraiment solide et séduisante, la seconde (plages 8 à 12) demeure agréable mais quelque peu redondante, voire inutile Retenons le positif dans un premier temps En effet, les premiers titres de l’album sont tout-à-fait remarquables Dès qu’on lance le disque, on est happé par le bon gros riff de guitare de “Vegas Two Times”, une belle entrée en matière toutefois trompeuse On ne retrouvera en effet aucun riff aussi rock'n'roll dans les onze prochains morceaux Au lieu de cela, on aura le droit à de douces et satisfaisantes progressions d'accords à l’image de celles de “Lying in The Sun” ou de “Nice To Be Out” Le tube de l’album, “Have A Nice Day”, sera lui-même un titre très calme, avec une progression harmonique et un accompagnement musical accrochant bien l’oreille mais au refrain quelque peu agaçant, comme calibré pour la radio Dans le lot, deux morceaux se distinguent : "Mr Writer" et "Handbags and Gladrags" Sur le premier, les effets sur la guitare sont savoureux, les couplets sont très efficaces et le refrain est plus qu’à la hauteur, notamment grâce aux chœurs Sur le second, qui est une reprise d'un titre écrit par Mike D'Abo en 1967, et dont l'accompagnement est un peu semblable à la version de Rod Stewart, l’interprétation de Kelly Jones et le mixage apportent un plus indéniable Par la suite, les morceaux restent qualitatifs, mais assez redondants On fait durer le plaisir, jusqu’à la lassitude

(22e)

(© Dragan S Stefanovich / RCA Records / Atlantic Records) Wrapped 2022 : “When Will You Be Mine” Titres ajoutés à l’Intégrale : “Mr Writer” ; “Handbags and Gladrags”

Phoenix Wolfgang Amadeus Phoenix 2009

93. Parcels Day/Night

2021

Au XVIIIe siècle, Versailles pouvait se targuer d’avoir le Roi Soleil et Jean-Philippe Rameau Au XXIe siècle, la ville peut désormais se vanter d’être représentée par Thomas Mars et Wolfgang Amadeus Phoenix

Parfaitement porté par le chant aigu et plaisant de Thomas Mars, cet album iconique, aux morceaux pétillants, aux productions d’une propreté éclatante et aux beaux motifs bien martelés, vogue parfaitement entre la synth-pop et l’indie-pop

Il faut dire que le timbre de l’interprète se révèle toujours avenant et se marie bien avec une production musicale qui se révèle intéressante et prenante dans l’intégralité des dix morceaux composant le disque Si cette musique qui fait la particularité de Phoenix est déjà plaisante en elle-même, il faut dire qu’elle est parfaitement enrichie par d’excellentes mélodies et des motifs particulièrement accrocheurs Dans “Lisztomania”, qui est sûrement le meilleur morceau de l’album, les couplets sont garnis d’un prenant ostinato joué au piano et de guitares au rendez-vous, alors que le refrain nous happe par son efficacité, avec un superbe riff et un Thomas Mars très impliqué A côté de ce grand tube, nombre d’autres morceaux se distinguent par quelques motifs ravageurs, à l’image du riff de guitare de “1901”, des petites notes de synthétiseur et du groove notable de “Fences”, de ces grattes géniales dans le refrain de “Lasso” ou encore de la basse parfaite d’”Armistice” Mais si Wolfgang Amadeus Phoenix est dans l’ensemble un album très costaud, il faut en revanche reconnaître que le groupe dérive par moments dans une certaine redondance, ce qui fait par exemple de “Countdown” et de “Girlfriend” des titres assez peu intéressants

Titre ajouté à l’Intégrale : “Lisztomania”

Trois ans après la sortie de l’excellent Parcels (2018), le groupe éponyme a surpris son monde avec Day/Night Si le groove est toujours bien présent, le mixage aux petits oignons permet d’accorder des harmonies vocales très travaillées avec la multitude d’instruments joués On a ainsi comme rendu une véritable orchestration dans laquelle les claviers acquièrent une importance inédite et cruciale C’est en effet la place accordée au piano qui catalyse l’euphorie dégagée par le génial “Comingback” Alors que l'instrument introduit la mélodie centrale du titre, c’est aussi lui qui déclenche le drop et opère la calme transition avec le morceau suivant Mais il faut dire que dans ce travail, l’instrument est très bien épaulé par les harmonies vocales enjouées, mais aussi soutenu par la guitare rythmique, la basse et de formidables percussions

En cela, “Comingback” peut être perçu comme le point d’orgue d’un album assez hétéroclite, comme en attestent ses titres phares Moins transcendantes mais agréables à écouter, les ballades “Free” et “Somethinggreater” ont ainsi de bonnes chances de devenir des classiques des boutiques et des bars lounges tandis que dans la seconde partie du double-album, le titre “Famous” offre un exemple de funk dansant et communicatif, bien groovy, mais assez peu original Citons enfin l’excellentissime “LordHenry”, qui mélange les genres et nous surprend par ses magnifiques harmonies vocales, mais aussi “Reflex”, qui parvient à parfaitement illustrer les grandes qualités de composition du quintuor

En définitive, bien loin de se limiter au groove qui fait la singularité du groupe, Parcels est parvenu à proposer un album riche et travaillé qui adoucit les mœurs

94.
(© Laurent Brancowitz / V2 Records / Glassnote Records) (© Jean F R Raclet / Mia Nishi Rankin / Because Music) Spotify Wrapped 2022 : “Comingback” (8e)

The Beat I Just Can’t Stop It 1980

91. Wet Leg Wet

Leg 2022

Avec ses douces mélodies, très gaies et entraînantes, I Just Can’t Stop It est clairement le genre d’album qui fait aimer le ska Avec un pied au Royaume-Uni et l’autre aux Caraïbes, The Beat propose ici un projet dépaysant qui réchauffe le cœur et fait bouger le bassin Ce qui est notamment remarquable dans cet album, c’est la qualité du rythme, de la cadence, du phrasé Propre au ska, le tempo syncopé offre déjà une ambiance particulière, mais le phrasé ainsi que les intonations du chanteur Dave Wakeling et des chœurs génèrent une expérience vraiment prenante Les mélodies n’ont ainsi pas besoin d’être très complexes pour nous offrir d’excellents morceaux Ce constat, on le fait avec les deux premiers morceaux de l’album, qui sont de vraies réussites : “Mirror in the Bathroom” et “Hands Off She’s Mine” Dans ces deux titres, la mélodie est effectivement très simple, les progressions d’accords peu originales, mais le rythme et le phrasé sont tellement entraînants et intéressants qu’on se laisse aisément séduire C’est justement ce rythme qui permet au groupe de transformer “Can’t Get Used To Losing You”, un classique du crooner Andy Williams, en génial tube ska Mais attention, les membres de The Beat savent également écrire des morceaux assez complexes, en témoigne l’infernal “Best Friend”, un titre doté d’un superbe riff joué par la guitare électrique et les cuivres, et encore une fois de délicieuses intonations.

Moins marquantes, les huit autres plages de l’album demeurent très agréables à écouter, avec des refrains plutôt sympathiques et quelques traits de génie par-ci par-là

Spotify Wrapped 2022 : “Best Friend”

(93e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Can’t Get Used To Losing You”

Avec Wet Leg, le groupe éponyme de l’île de Wright nous propose un premier album très abouti et plaisant, fun et décalé, aux paroles cyniques et amusantes, et aux riffs simples mais entêtants

Si cette recette sert de fil conducteur à l’ensemble de l’album, elle se retrouve exacerbée dans les tubesques que sont “Wet Dream” et “Chaise Longue” Dans ces deux morceaux, les paroles absurdes recèlent de sentences iconiques qui, portées par un chant doux, nonchalant mais rythmé, et des lignes de basses entraînantes, conduisent à des refrains cathartiques aux riffs courts, simples, mais tellement enivrants

A côté de ces deux cartons, qui sont sans surprises devenus viraux sur Tiktok et Youtube Shorts, les autres titres de l’album sont toutefois loin de faire pâle figure On retrouve en effet plusieurs morceaux dont la structure est similaire à “Chaise Longue” mais qui demeurent différents dans le fond En d’autres termes, on retrouve des morceaux avec des couplets plutôt calmes portés par la voix des chanteuses et une bonne basse, et des refrains dans lesquels on lâche les chevaux, mais où l’on trouve des constructions et des mélodies plutôt variées C’est le cas de “Being in Love” qui ouvre l’album, et de “Ur Mum”, plage n°8 qui casse avec le rythme beaucoup plus posé instauré par les plages 6 et 7, deux ballades qui se révèlent un peu moins intéressantes mais qui passent quand même bien On pourrait enfin citer, en mention spéciale, le riff, très atmosphérique, de “Too Late Now”, qui donne l’impression de sortir tout droit de Disintegration (1989) de The Cure, et celui, plus discret, que l’on retrouve dans les couplets de “I Don’t Wanna Go Out”

ajouté à l’Intégrale : “Wet Dream”

92.
(© Hunt Emerson / Go-Feet Records / Sire Records) (© Julian Hanson / Domino Recording Company) Titre

Anderson .Paak Malibu 2016

89. The Brothers Johnson Look Out For #1 1976

S’il avait été un Irlandais dressé par la pluie, il aurait peut-être pris le nom d’Anderson O’Paak Mais ce lumineux artiste est Californien, et ça se sent Ainsi, comme le suggère sa pochette, Malibu d’Anderson Paak est vraiment un album à écouter lorsque les vagues avalent l’astre aveuglant Les flots, justement, illustrent bien le projet : on les retrouve sous forme d’ostinatos, tous bien groovies et doux, mais d’une force inégale Avec cet album très cool, Anderson Paak relève ainsi le défi de mêler des influences funk, jazz, hip-hop, RnB, soul sans créer un tout fouilli : si le jeu à la batterie, simple mais soigné, nous met à l’aise, la basse remplit un travail formidable, alors que le piano et les trompettes s’illustrent par leur rareté, en exacerbant de belles mélodies par de petites incursions faisant toujours sensation S’il y a donc bien des vagues de partout, on ne boit jamais la tasse

On peut ainsi citer, parmi les morceaux sympathiques de l’album, “Heart Don’t Stand A Chance” au surprenant refrain, “Put Me Thru” dont la contribution du piano et de la guitare électrique est vraiment intéressante, “Room in Here” et son piano quelque peu old-school et lofi, “Celebrate” à la basse envoûtante, et enfin “The Dreamer” au phrasé remarquable Mais citons aussi et surtout trois morceaux sortant du lot : “Parking Lot” et “Lite Weight”, merveilles psychédéliques avec une guitare savoureuse en arrière-plan pour le premier titre et un complexe mais génial ostinato pour le second, et enfin “Am I Wrong”, un titre très bien construit, avec ce bon groove des premières minutes qui laisse place au superbe passage de Schoolboy Q, lequel prépare lui-même un tranquille bouquet final porté par les trompettes

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Parking Lot” ; “Lite Weight” Titre déjà dans l’Intégrale : “Am I Wrong”

Produit par le légendaire Quincy Jones, le premier album des Brothers Johnson, Look Out for #1, oscille, toujours dans une tranquillité et une sérénité évidentes, entre des morceaux funk bien entêtants, de doux morceaux R&B et des ballades instrumentales franchement intéressantes Il fait chaud, et ça groove bien comme il faut Si certains titres sont évidemment plus oubliables que d’autres, rien n’est vraiment à jeter sur les neuf plages composant l’album : la basse est toujours efficace, la voix des chanteurs constamment suave et les qualités de production de Quincy Jones bien au rendez-vous De cette trinité naissent ainsi des morceaux plaisants et doux comme “I’ll Be Good To You” ou “Free and Single” Et quand l’un des éléments, en l’occurrence le chant, manque à l’appel, le résultat demeure tout-à-fait satisfaisant Sur les deux morceaux instrumentaux de l’album, la patte du producteur se ressent fort, à notre plus grand plaisir La mélodie de “Tomorrow”, qui semble sortir tout droit de l’imagination d’Ennio Morricone, est tellement séduisante que Quincy Jones la réutilisera en 1989 pour créer le tube “Tomorrow (A Better You, Better Me)” chanté par Tevin Campbell Mais au sein de l’album, on retrouve en fait deux morceaux encore plus intéressants : le groovy “Get The Funk Out Ma Face” et le doux “Land Of Ladies” Sur le premier titre, le refrain est tellement bon et entraînant qu’on en arrive à être indulgent face à des couplets qui se révèlent assez peu intéressants Et sur le second, on a affaire à une merveilleuse ballade dotée d’un refrain tout simplement impeccable

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Get The Funk Out Ma Face” ; “Land Of Ladies”

90.
(© Erik Han / Dewey Saunders / ArtClub / Empire / OPE / Steel Wool) (© Elliot Gilbert / A&M Records)

Rufus featuring Chaka Khan Ask Rufus 1977

87. Cut Copy Zonoscope 2011

Si l’on veut vraiment se sentir en été, lancer Ask Rufus peut apparaître comme une décision pertinente Toujours dans une ambiance enjouée mais paisible, cet album nous fait passer un excellent moment Il faut dire qu’avec son groove, Rufus fait monter la température Alors que l’alchimie entre les lignes de basse et la batterie crée en elle-même une ambiance remarquable dans des titres comme “At Midnight (My Love Will Lift You Up)”, “Close the Door” ou “Everlasting Love”, l’intervention momentanée des cuivres, du piano ou de la guitare électrique, qui se permet quelques belles envolées, offre un rendu particulièrement satisfaisant, parfois même enivrant Si les couplets sont déjà remarquablement orchestrés, on a également le droit à de belles et douces mélodies en guise de refrain, en attestent les sympathiques tubes que sont “Everlasting Love” et “Hollywood” Mais les climax de l’album, on les retrouve en fait dans les moments de célébrations qui clôturent certaines plages et qui se voient marqués par un entonnement incessant du titre de la chanson correspondante Certes, cette formule ne fonctionne pas à chaque fois, en témoigne la fin de “Close the Door” qui est plaisante, certes, mais pas très convaincante Mais à côté, la recette est jouissive sur “At Midnight (My Love Will Lift You Up)”, avec ses trompettes et sa superbe batterie, et “Better Days”, au groove impeccable En définitive, Ask Rufus est un album vraiment solide, qui jouit d’un groove omniprésent Si certains titres sont moins aboutis que d’autres, ils s’intègrent très bien dans la paisible ambiance générale, qui sent bon les soirées d’été

Spotify Wrapped 2022 : “At Midnight (My Love Will Lift You Up)” (37e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Better Days”

Riche et entraînant, l’album Zonoscope de Cut Copy est indéniablement un projet à écouter tard le soir, sous la lumière des stroboscopes Avec sa techno spatiale et raffinée, voire progressive, le groupe australien nous propose une synth-pop bien dansante aux refrains riches et marquants, comme en témoignent le très pop “Take Me Over” et le doux “Blink And You’ll Miss A Revolution” L’album contient en effet des titres d’une efficacité remarquable dotés d’excellentes mélodies qui prennent une force notable grâce à la complexité musicale et l’ambiance générale La guitare et la basse viennent par-ci par-là apporter des lignes très cools, comme en témoigne le riff qui structure les couplets de “Hanging Onto Every Heartbeat” Les percussions et synthétiseurs viennent pour leur part agrémenter les mélodies d’un tonus appréciable C’est simple, Zonoscope donne envie de célébrer Dans le lot, deux morceaux se révèlent particulièrement jouissifs : “Where I’m Going” et Pharaohs & Pyramids” Avec le premier titre, on a littéralement l’impression de traverser les nuages à pleine vitesse, avec ce refrain riche et génial bien amené par le rythme soutenu et les effets sonores Dans la foulée, mais dans un registre assez différent, plus techno, on se prend une nouvelle claque avec “Pharaohs & Pyramids” Impeccable, la mélodie du refrain se suffit à elle-même mais se voit tout de même parfaitement amenée par l’ambiance générale et très bien accompagnée par le rythme et le chant Exaltante, la fin du morceau nous laisse entendre un bouquet final bien entraînant et techno, avec la formidable incursion d’une basse bien neworderienne

88.
(© Dan Whitford / Alter / Tsunehisa Kimura / Modular Recordings) Titres ajoutés à l’Intégrale : “Where I’m Going” ; “Pharaohs & Pyramids”

Ray Charles The Genius of Ray Charles 1959

85. Labi Sire Crying Laughing Loving Lying 1972

Comment contredire le titre de cet album ? Doté d’une voix enchanteresse et de doigts de fée, Ray Charles est évidemment un joyau en lui-même Il suffit alors de lui mettre une douzaine de standards de swing, de musique traditionnelle ou de jazz sur un plateau pour être assuré d’obtenir un agréable album. Mais le Genius et ses producteurs, Nesuhi Ertegün et Jerry Wexler, ont souhaité aller plus loin Loin de reprendre simplement des classiques de la musique états-unienne, ces hommes les ont profondément réarrangées pour en décupler la beauté Surgissent ainsi, dans The Genius Of Ray Charles, des instants magiques, comme en témoigne l’introduction de “It Had To Be You”, deuxième plage de l’album Mais de ce double-album, dont les six premiers morceaux nous donnent à entendre un véritable big band, et dont les six derniers offrent la part belle aux violons et aux chœurs, c’est bien la seconde partie qui nous offre le plus de moments magiques Attention, les prestations du big band sont très loin d’être à jeter Mais la seconde partie est tellement magique, avec ses violons et ses chœurs qui nous transportent dans un univers merveilleux On y retrouve ainsi des ballades tout-à-fait agréables, à l’image de “You Won’t Let Me Go” ou de “Come Rain or Come Shine”, mais aussi et surtout deux véritables chefs-d’oeuvre d’une beauté aberrante : “Don’t Let the Sun Catch You Cryin’” et “Am I Blue?” Dans ces deux morceaux, on retrouve cette formule particulièrement efficace, avec les violons et les chœurs qui nous placent comme dans un rêve, et la voix suave du Genius qui nous prend aux tripes Les refrains, d’une douceur surnaturelle, procurent des frissons

Avec une guitare à la main, et c’est presque tout, Labi Siffre n’a pas besoin de grand-chose pour nous bouleverser, c’est indéniable Avec son timbre calme et serein, le musicien britannique nous partage et procure de profondes émotions dans Crying Laughing Loving Lying, un album qui se révèle particulièrement touchant Disons-le toutefois de suite, certaines chansons sont de trop En effet, on peut avoir du mal à comprendre l’intérêt de la plage n°1 “Saved”, et celui des titres situés entre les plages n°5 et n°9, qui sont agréables sans être frappants Mais une fois qu’on a écarté ces six morceaux, l’album est encore constitué de six ballades Et quelles ballades ! Si “Fool Me a Good Night” au riff berçant et “Come on Michael” au rythme entraînant sont déjà très sympathiques, ce n’est rien face à la beauté et la profondeur offertes dans les morceaux que l’on n’a toujours pas évoqués Dans “It Must Be Love”, Labi Siffre nous propose ainsi un superbe ostinato à la guitare ainsi qu’une construction bien huilée avec un couplet, un pont et un refrain qui offrent chacun une ambiance particulière tout en étant habilement connectés les uns aux autres Et ça, les membres de Madness l’ont très bien compris Avec “My Song”, l’artiste nous envoûte cette fois-ci grâce à de merveilleux accords de piano et un chant très émouvant, tant dans les couplets que dans le refrain. Et ça, Kanye West l’a très bien compris. L’album est enfin garni de deux véritables prouesses très touchantes : “Cannock Chase” qui apparaît comme un morceau bien entraînant avec ses rapides arpèges à la guitare combinés à l’attendrissante voix de Labi Siffre, et “‘Till Forever”, court morceau qui se présente comme une superbe ode, avec une guitare tout simplement magique

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Cannock Chase” ; “‘Till Forever”

86.
(© Marvin Israel / Lee Friedlander / Atlantic Records) Titres ajoutés à l’Intégrale : “It Had to Be You” ; “Don’t Let the Sun Catch You Cryin’“ ; “Am I Blue?” (© Pye Records / EMI Records)

The Cars Heartbeat City 1984

83. Badfinger Straight Up 1971

Avec ses sonorités très pop, ses mélodies accrocheuses et ses indispensables chœurs, Heartbeat City possède tous les ingrédients qui font la marque de fabrique des Cars Mais ce qui offre une force et un charme originaux à cet album, c’est cette agréable ambiance vaporeuse, qui sent bon les années 1980 tout en se révélant unique en son genre En cela, Heartbeat City est clairement un projet qu’il faut écouter en voiture, un soir brumeux En effet, nombreuses sont les ballades qui nous placent dans une dimension alternative, comme si l’on roulait hors du temps et du monde, perdus entre Twin Peaks et X-Files On pense à l’excellent “Drive”, qui mérite totalement son statut de tube mythique des années 1980 tant l’ambiance générée dans le morceau se révèle hypnotisante Mais on peut également citer “It’s Not the Night”, “Why Can’t I Have You” ou encore l’envoûtant “Heartbeat City”, avec ses impeccables notes de synthétiseur en guise d’ostinato et cette ambiance géniale qui nous transporte littéralement sur une route de Wicked City (1987) ou dans la peau d’un Ryan Gosling arpentant les rues de Los Angeles dans Drive (2011)

Mais nombreux sont également les morceaux dansants qui nous proposent des mélodies et des refrains simples mais vraiment catchy, à l’image de “Hello Again” ou de “Looking for Love” Ainsi, le riff de guitare de “Magic” nous propose peut-être des progressions d’accords qu’on croit avoir entendu des milliers de fois, mais le titre devient superbe grâce à l’effet staccato, à l’accompagnement musical et rythmique, aux ponts et à cet exultant refrain

Spotify Wrapped 2022 : “Magic” (70e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Heartbeat City”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Drive”

Bien influencé par la musique des Beatles tout en se frayant son propre chemin, cet opus produit par George Harrison et Todd Rundgren apparaît sans aucun doute comme un disque fondateur de la power pop Lent, mélancolique et toujours beau, Straight Up nous frappe en effet par ses délicieuses mélodies et ses douces harmonies vocales, notamment lorsque ces dernières se voient menées par le timbre chaleureux de Pete Ham Dans cet album, les membres de Badfinger nous frappent notamment par leur propension à créer des morceaux à la langueur touchante mais en même temps apaisante Le disque s’ouvre ainsi sur le sympathique “Take It All”, un titre bien mené par l’orgue Mais si ce morceau est déjà prenant, il ne contient pas l’élément qui permet à plusieurs plages de l’album d’être tout simplement imparables : de belles progressions d’accords jouées à la guitare Ce sont en effet les petits accords joués à la gratte qui rendent en grande partie les morceaux “Baby Blue” et “I’d Die Babe” si attirants, et les morceaux “Sweet Tuesday Morning” et “Perfection” si touchants

Tout en restant des morceaux particulièrement doux, ces deux dernières chansons possèdent également un élément d’une force inestimable : un rythme vraiment prenant qui se marie parfaitement avec la petite guitare acoustique Si les belles ballades ne manquent pas dans cet album, “Sweet Tuesday Morning” et “Perfection” se distinguent en effet par un phrasé et un petit rythme délicieux On ne peut qu’être bouleversé par la qualité du phrasé de Joey Molland dans “Sweet Tuesday Morning” et de Pete Ham dans les couplets du second titre

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Sweet Tuesday Morning” ; “Perfection”

84.
(© Peter Philips / David Robinson / Elektra Records) (© Richard DiLello / Apple Records)

The Ronettes Presenting the Fabulous Ronettes 1964

81. Lamont Dozier Out Here On My Own 1973

Avec le mixage, le procédé du mur de son que le producteur Phil Spector met au point afin d’obtenir une impressionnante profondeur sonore, ainsi que le travail sur les chœurs et les percussions (idiophoniques notamment), l’album Presenting the Fabulous Ronettes nous offre une ambiance magique, surnaturelle Si les paroles, tournant toujours autour de l’amour, sont simples et parfois même niaises, elles deviennent touchantes et profondes grâce à l’interprétation, à l’accompagnement musical et, plus généralement, à l’atmosphère générale

Ce constat, on le fait avec “So Young”, dont les paroles évoquent la dévotion de deux jeunes amants se sentant déjà prêts à vivre ensemble toute leur vie : “So young / Can’t marry no one” Seuls, ces lyrics ingénus sont peu originaux et marquants Mais les chœurs et les percussions leur donnent une force inestimable, une beauté mystique Plus loin dans l’album, on retrouve le célèbre “Be My Baby”, un morceau pop, d’une richesse et d’une profondeur aberrantes, contenant plusieurs éléments qui deviendront cultes, à l’image du mur de son ou des placements de Hal Baine sur les percussions, notamment dans l’introduction Et parmi les autres morceaux de l’album, on trouve encore de sacrés perles, avec “Walking in the Rain” qui nous met de suite dans l’ambiance, “Do I Love You” aux choeurs et à la guitare mémorables, ou “(The Best Part Of) Breakin’ Up” au superbe phrasé et aux choeurs encore une fois géniaux Mais si ces cinq titres offrent une copie presque parfaite, le reste de l’album est moins envoûtant et plutôt répétitif : alors que “What I’d Say” n’apporte rien, “Baby I Love You” apparaît comme une version alternative de “Be My Baby”

Ajouté à l’Intégrale : “So Young”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Be My Baby”

Aux côtés de Brian et Eddie Holland, il a écrit et composé quelques-unes des plus grandes chansons des années 1960 pour la Motown Si Lamont Dozier était ainsi doté d'impressionnantes qualités d’écriture, qu’est-ce qui l’empêchait de tenter une carrière solo ? Il faudra en fait attendre 1973 et l’album Out Here On My Own pour que le musicien parvienne à franchir le pas, à notre plus grand bonheur

Si le projet a connu un succès commercial modeste, il est certain qu’il aurait mérité un bien meilleur sort En effet, Out Here On My Own recèle de mélodies et d’arrangements de qualité qui rappellent bien la musique de la Motown tout en s’engageant dans une voie quelque peu funky

Ce mariage, on le ressent dès les premières secondes du premier morceau de l’album, “Breaking Out All Over”, avec son étourdissant ostinato au piano et ses trompettes qui nous invitent immédiatement à célébrer Plus loin dans l’opus, on est happé par un autre morceau lui aussi à la croisée des chemins entre soul et rythmes funky : “Fish Ain’t Bitin’“, titre au refrain génial et aux petits accords de guitare très bien placés On pourra en outre remercier l’orchestre qui apporte à ce morceau une tension tout-à-fait remarquable Cette tension-là sera exacerbée dans la foulée avec “Trying To Hold On To My Woman”, un magnifique slow qui nous ferait presque verser une petite larme

Le reste de l’album reste bon, avec des morceaux assez sympathiques qui nous rappellent les belles heures de la Motown, mais qui se révèlent bien moins originaux et touchants

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Breaking Out All Over” ; “Fish Ain’t Bitin’” ; “Trying To Hold On My Woman”

82.
(© Philles Records) (© ABC)

Harry Styles Harry’s House 2022

79.

Autant One Direction était un groupe médiocre et très commercial Autant la carrière solo de certains anciens membres de ce boys band est très intéressante Il faut dire que Zayn Malik a enregistré quelques titres assez cools et que l’album Faith in the Future (2022) de Louis Tomlinson est plutôt bon Mais la trajectoire la plus notable est bien celle de Harry Styles Fine Line (2019) était déjà excellent, mais Harry’s House est encore plus riche et complet En effet, s’il ne comporte pas de fulgurances de la trempe de “Golden” ou de “Lights Up”, cet album a le mérite de comporter un nombre assez notable de morceaux très intéressants, mais aussi de se présenter comme un ensemble agréable de bout en bout Si les trois, quatre derniers titres de l’album ne sont pas vraiment nécessaires, le voyage jusqu’à la plage 9 nous marque en effet par sa beauté et sa fluidité, ainsi que par une certaine diversité Toujours propre et soigné, mêlant funk, pop et synth-pop, l’album nous surprend par des mélodies, boucles et effets sonores très attrayants On pense en effet au génial motif qui fait la grande force d’”As It Was”, au petit effet que l’on retrouve dans les ponts de “Late Night Talking”, au bel emballage cathartique de “Daylight” ou encore au sympathique riff acoustique de “Matilda”

Mais à côté de ces petites prouesses, il faut tout de même saluer cet accompagnement musical toujours bien calibré En dehors de son motif devenu iconique, “As It Was” se voit par exemple sublimé par le rythme, la présence de la basse et de la guitare en soutien sur les couplets, et des mélodies vocales tout-à-fait fluides et agréables Et sur “Late Night Talking”, on peut noter le travail remarquable à la basse

Titres ajoutés à l’Intégrale : “As It Was” ; “Late Night Talking” ; “Daylight”

Bualo

Springfield Bualo Springfield Again 1967

Préfigurant un peu le son du fameux supergroupe Crosby, Stills, Nash & Young, Buffalo Springfield Again est comme une aube qui nous éblouit de sa beauté tranquille Avec la voix rauque et soignée de Neil Young et Stephen Stills, ses mélodies riches et variées, ou encore ses indispensables riffs de guitare, qu’ils soient mesurés ou endiablés, cet album de Buffalo Springfield nous entraîne dans une expérience dépurative Il s’agit ainsi, tout bien considéré, d’un projet à écouter dans une prairie ou un parc, au petit matin, en regardant le soleil poindre d’entre les arbres Ce qui est vraiment admirable dans cet album, c’est qu’il forme un tout cohérent et fluide tout en puisant dans des genres très différents : rock psychédélique, country, folk, rock’n’roll, jazz fusion “Mr Soul” est ainsi un bon classique de rock’n’roll porté par la voix bien rauque de Neil Young et un riff basé sur “(I Can’t Get No) Satisfaction” des Rolling Stones A l’inverse, “Everydays” offre une expérience plus posée, jazzy et sensuelle, à écouter dans un bar lounge Enfin, le psychédélique “Expecting Fly” catalyse une tension remarquable et contient un très beau refrain Mais les titres les plus intéressants de cet album sont sans-doute “Rock & Roll Woman” et “Broken Arrow” Le premier titre cité propose un merveilleux ostinato porté par la guitare acoustique et les chaleureux chœurs A noter également la voix chaude et calibrée de Stephen Stills et les superbes ponts à la guitare bien accompagnés par la batterie Pour ce qui est du second titre cité, on se trouve face à une prouesse construite de manière originale par Neil Young, douée de géniaux ponts qui nous offrent, sur un plateau d’argent, d’excellents refrains

Spotify Wrapped 2022 : “Rock & Roll Woman” (90e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Broken Arrow”

80.
(© Eve Babitz / ATCO Records)

78. Steve Miller Band Book Of Dreams 1977

77. Love Da Capo 1966

Certes, le Steve Miller Band est un groupe célèbre pour ses ballades rock’n’roll créées pour être écoutées sur la route des vacances Mais avec Book Of Dreams, la bande se paye carrément le luxe d’offrir une variété de titres fluides et plaisants propices à différents moments de la journée Album se révélant par moments très atmosphérique, avec nombre d’effets sonores créant une ambiance plutôt spatiale, Book Of Dreams propose notamment d’excellents morceaux à lancer de préférence la nuit venue On pense au mélancolique et doux “Winter Time”, qui nous transporte avec ses délicieux arpèges en guise d’ostinato, sa basse et sa batterie qui appuient tranquillement ce motif et cette guitare électrique qui vient fermer le morceau avec encore une fois une maîtrise et une douceur remarquables Mais on pense également à “Sacrifice”, qui se présente comme une ballade planante s’éloignant quelque peu de la planète Terre, avec un petit motif fort sympathique à la guitare, un accompagnement méticuleux ainsi que des effets sonores et des solos de guitare qui catalysent cette atmosphère particulière Citons enfin rapidement “My Own Space”, titre dans lequel Steve Miller s’illustre par ses intonations Rassurons-nous tout de même : Book Of Dreams est aussi garni de morceaux à écouter en plein jour, quand la voiture roule bien vite et le soleil tape bien fort, à l’image des indispensables “Jet Airliner” et “Jungle Love”, deux titres particulièrement rythmés et énergiques, avec de très bons riffs et un phrasé parfaitement calibré En fait, il y a toujours un groove agréable dans cet album complet, bien que certains titres soient un peu fades

Spotify Wrapped 2022 : “Jungle Love” (19e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Sacrifice”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Jet Airliner”

Lorsque l’on écoute Love, il fait tout de suite chaud, c’en est presque magique Grâce à ses guitares aux sonorités latines, à la précieuse intervention de la flûte et au chant envoûtant d’Arthur Lee, le groupe californien nous propose avec Da Capo un album qui s’impose lorsque le mercure dépasse les 30°C En effet, c’est sans-doute allongé dans un transat, accablé par une chaleur extrême, que l’on se trouve dans les meilleures conditions pour savourer les compositions psychédéliques et la pop baroque de Love Certes, cette musique peut s’avérer être déconcertante par moments On peut effectivement se voir dérouté par l’intervention du clavecin et par la rage théâtrale d’Arthur Lee dans le morceau d’ouverture (“Stephanie Knows Who”) mais aussi par l’interminable et impressionnante jam de “Revelation” (longue de 19 minutes !) qui referme le projet Mais à force d’écouter ces morceaux, l’admiration prend le pas sur la décontenance Sous leur apparente anarchie, les passages théâtraux ou instrumentaux de Da Capo sont en effet d’une richesse et d’une justesse tout simplement saisissantes

Alors, si les morceaux les moins accessibles se révèlent déjà marquants, que dire du reste de l’album ! Une chaleur extraordinaire émane de certains morceaux, à l’image de ”Orange Skies”, un superbe titre dans lequel dominent l’amour, la douceur et la beauté, avec cette flûte enchantée et la voix d’Arthur Lee qui se révèle très touchante Pour sa part, “¡Que Vida!” nous propose un riff de guitare parfait, et, une nouvelle fois, une flûte envoûtante On pourrait encore citer “Castle” aux belles progressions d’accords ou “She Comes in Colors” et son superbe motif joué à la flûte (encore !)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Orange Skies” ; “¡Que Vida!”

(© Kelly / Mouse / Capitol Records) (© William S Harvey / Elektra Records)

Budgie Budgie 1971

Avec son heavy metal bien affirmé et bien raffiné, Budgie propose dans son album éponyme une merveilleuse expérience rock’n’roll Avec ses compositions complexes et sophistiquées, qui vont d’un point A à un point B en se voyant ponctuées non de refrain mais plutôt d’entêtants leitmotivs, le groupe gallois semble nous raconter une belle épopée bien mouvementée Dans ces aventures, on retrouve des moments très calmes et mélodiques Comme en témoignent les titres “Everything in My Heart” et “You and I” ainsi que les premières minutes de “The Author”, Budgie sait offrir de courtes mais belles ballades portées par la douce voix cassée de Burke Shelley et par les agréables arpèges émanant des guitares Ces passages paisibles, qui nous donnent presque l’impression d’avancer dans un lieu désert sous un soleil de plomb, font office de ponts entre plusieurs épisodes mouvementés En effet, Budgie est avant tout un groupe de heavy metal Ainsi, la plupart des morceaux de l’album nous offrent des riffs bien lourds, comme celui de “Guts” qui nous met de suite dans le bain ou celui qui ouvre et referme “Nude Disintegrating Parachute Woman” Mais dans ces mêmes morceaux, on a également le droit à des motifs et des solos qui partent avec brio dans les aigus, à l’image du solo de guitare de “Rape Of The Locks” qui se fait presque voler la vedette par la basse ou de celui qui amène au merveilleux riff de “Nude Disintegrating Parachute Woman”

Ce qui est ainsi remarquable dans ces véhémentes aventures, c’est qu’on n’y trouve en fait aucun faux-pas Si certains le sont évidemment moins que d’autres, tous les morceaux sont très bien construits et agréables à écouter

75.

Tom

Petty

and the Heartbreakers Damn the Torpedoes 1979

Aux côtés de Bruce Springsteen et de Bob Seger, Tom Petty se présente comme une figure tutélaire du heartland rock, et l’on peut affirmer, sans s’y tromper, que Damn the Torpedoes a grandement contribué à asseoir ce statut

On retrouve en effet dans l’album un piano qui vogue entre rhythm & blues et rockabilly, de gros riffs de guitare qui se répondent bien, et une batterie fort puissante Afin que ce cocktail soit parfait, il ne manque donc plus qu’à ajouter la voix perçante et rageuse de Tom Petty qui vient porter et embellir le tout Damn the Torpedoes est ainsi un album marqué par une vitesse édifiante, des refrains accrocheurs et déchirants, mais aussi et surtout par le sentiment patent d’écouter une véritable œuvre de pur rock’n’roll

On retrouve ainsi des titres très prenants et entraînants, à l’image de “Even de Loosers”, qui se présente comme un morceau génial à jouer en live, ou de “Refugee”, qui nous laisse entendre un riff iconique et un excellent refrain dans lequel le mariage entre Tom Petty et le choeur se révèle vraiment ingénieux Mais le morceau le plus marquant de l’album est sans-doute “Don’t Do Me Like That”, avec sa fluidité parfaite, son refrain très accrocheur et son entrée en matière tout simplement exceptionnelle (un jeu soutenu au piano, de très bons accords de guitare en staccato suivis à la trace par les roulements de batterie et, pour couronner le tout, des notes magiques au synthétiseur)

Cette vitesse et cette énergie marchent tellement qu’on les retrouve même dans les ballades proposées dans l’album

On peut avoir cette impression avec “Here Comes My Girl” qui est une ballade assez soutenue avec le chant emporté de Tom Petty et le jeu au piano et à la batterie

Spotify Wrapped 2022 : “Don’t Do Me Like That” (45e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Here Comes My Girl”

76.
Titres ajoutés à l’Intégrale : “Nude Disintegrating Parachute Woman” ; “Rape Of The Locks” (© Glen Christensen / Elektra Records)

The Stooges Raw Power 1973

Quel choc ce dût être de tomber sur Raw Power en 1973 ! Si leurs mentors de MC5 avaient déjà mis la barre haute à la fin des années 1960, The Stooges ont encore poussé d’un cran la saturation, la lourdeur et la sauvagerie avec cet album pour créer, avec beaucoup d’avance, un son à cheval entre le garage rock et ce qui deviendra le punk rock Avec Raw Power, le groupe d’Iggy Pop pose effectivement un bon pied dans un genre musical qui n’existe pas encore en tant que tel Il faut dire qu’avec ses guitares bien crades, et parfois bien dissonantes, ses progressions d’accords assez simples et son chanteur que l’on croirait tout droit sorti de l’asile, la bande se sert déjà de codes qui feront les belles heures du punk rock dans la seconde partie des années 1970 Mais peut-être peut-on considérer que les Stooges prennent également quelques travers de ce futur genre En effet, la dissonance des grattes et les intonations d’Iggy Pop peuvent parfois se révéler agaçantes et inutiles Mais attention, l’autre pied reste bien cramponné dans le monde du raffinement, avec des motifs bien trouvés et bien marquants, à l’image de la délicieuse boucle de celesta de “Penetration”, des riffs bien aigus et accrocheurs de “Search and Destroy” et de “Your Pretty Face Is Going to Hell”, mais aussi et surtout des merveilleuses boucles en arpèges de “Gimme Danger” et “I Need Somebody”

Toutefois, il faut dire que ces motifs et envolées de haute volée n’auraient pas du tout la même force s’ils n’étaient pas soutenus par une section rythmique bien lourde et chaotique En effet, ce mélange entre les guitares et basses lourdes et les riffs aigus crée un rendu très plaisant, un équilibre parfait entre bestialité et raffinement

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Gimme Danger” ; “I Need Somebody”

73. The Breeders Last Splash 1993

Kim Deal est une ex-Pixies, et cela se ressent La musique proposée par les Breeders peut en effet être rangée dans la catégorie noise pop Si le son est très brut, avec des guitares saturées et martelantes, il contraste avec le timbre timide et distant de la leader du groupe, et voit au-dessus de lui se déposer de belles petites mélodies On pense ainsi aux slides exotiques de “Cannonball”, au petit refrain d’“Invisible Man”, mais aussi et surtout au riff exceptionnel de “Divine Hammer”, magistralement doublé par la voix fondante de Kim Deal et de ses chœurs Mais ce qui est également vraiment remarquable dans le dernier morceau cité, ce sont les lignes de basse Toujours bien maîtrisé et jamais dans la démonstration, l’instrument joue un rôle formidable tout au long de l’album, avec des lignes particulièrement appréciables dans “S O S ” ou “Saints” Il participe en outre à l’entraînant effet locomotive créé par la superposition des guitares saturées et par la célérité du batteur

Dans la quasi-intégralité de l’album, les Breeders nous habituent ainsi à une efficace recette alliant lourdeur, rapidité et légèreté Mais à notre grande surprise, le dernier morceau ne met à contribution qu’un seul de ces ingrédients, afin de créer une tranchante mais paisible ballade : “Drivin’ on 9” Alors qu’on était jusque-là dans des sous-sols, on se retrouve soudainement projeté sur une verdoyante route de campagne Tout en retenue, la basse est à nouveau géniale Sa communion avec la batterie, pour une fois en retenue elle aussi, nous offre un petit rythme prenant Et si les guitares sont presque absentes, les mandolines et les violons apportent un plus indéniable

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Divine Hammer” ; “Drivin’ on 9”

74.
(© Michael David Rock / Columbia Records) (© Vaughan Oliver / 4AD / Elektra Records)

Kiss Dynasty 1979

A la fin des années 1970, Kiss apparaissait comme l’un des groupes de heavy metal les plus influents et respectés de la planète Jouissant d’un considérable succès populaire et critique grâce à ces œuvres mythiques que sont Destroyer (1976) et Love Gun (1977), la bande new-yorkaise a quelque peu surpris son monde et grandement déçu ses fans avec Dynasty, un disque opérant un brusque virage commercial et disco scellant un divorce irrémédiable entre les hommes maquillés et la critique Mais si Dynasty, souvent présenté comme un album aseptisé et médiocre, ne répond bien sûr pas aux attentes de l’historique public heavy metal du groupe, le disque est pour autant très agréable à écouter, et recèle même un panel d’idées intéressantes

Il faut d’abord reconnaître que Dynasty se présente comme une œuvre vraiment efficace, avec des lignes de basse et des riffs assez simples mais très entraînants et des refrains particulièrement accrocheurs On a bien sûr en tête “I Was Made For Lovin’ You”, un tube mêlant habilement une bonne basse motorisée, un riff accrocheur et un fredonnement iconique, et qui se voit en outre ponctué par un solo de guitare très intéressant Mais on peut également évoquer l’excellente basse de “Sure Know Something”, le touchant refrain de “Dirty Livin’” ou encore le phrasé très prenant de “Save Your Love” On peut enfin mentionner le fait que “Magic Touch” et “X-Ray Eyes” s’avèrent être des tubesques très efficaces

Evidemment, certains morceaux sont insipides, à l’image des douteux “Charisma” et “Hard Times” Mais si on met ces titres de côté, Dynasty est très loin d’être un mauvais album

Spotify Wrapped 2022 : “Sure Know Something” (49e) ; “Save Your Love” (82e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Dirty Livin’”

71. Foals

Life Is Yours 2022

Réputé pour ses complexes et entraînantes compositions à cheval entre indie-pop et math-rock, le groupe Foals a surpris son public avec Life is Yours, un album voguant plutôt entre electro, pop-rock et disco tout en gardant des percussions bien appuyées et un chant souvent scandé Mais si l’on peut comprendre la déception de certains fans du groupe, Life is Yours se présente en réalité comme un album vraiment complet et festif En tout cas, les morceaux de la première moitié du projet sont particulièrement convaincants Bien rythmés, bien percutants et bien dansants, ces tubesques nous offrent effectivement une excellente impression Les petits motifs accrocheurs s’y trouvent surélevés par un appui rythmique bien appuyé et bien huilé Alors que “Life Is Yours” nous transporte d’emblée avec son imparable ostinato joué au synthétiseur, “Wake Me Up” et “2am” nous marquent dans la foulée par leurs bonnes lignes de basse Ce dernier titre a justement de commun avec la plage n°4, “2001”, de posséder un riff de guitare d’une efficacité remarquable Et même lorsque l’on arrive aux plages 6 et 7, on reste sur un quasi sans-faute En effet, “Flutter” nous scotche par son petit riff acoustique bien rejoint dans les refrains par un riff électronique encore une fois très efficace Et par la suite, le benoît “Looking High”, qui aurait bien fonctionné dans la soundtrack de Fifa 23, se révèle particulièrement agréable à écouter

En ce qui concerne les derniers morceaux de l’album, les petits motifs accrocheurs demeurent au rendez-vous dans chacun de ces titres, continuant ainsi de nous faire passer un bon moment, mais ils se révèlent tout simplement moins marquants

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Life Is Yours” ; “2am”

72.
(© Francesca Scavullo / Casablanca Records) (© Warner Records Inc / Transgressive Records / ADA)

Ty Segall Freedom’s Goblin 2018

69. Creedence Clearwater Revival Green River 1969

Il y a de la dissonance, du bruit, de la rage, de la douceur, de la beauté, du raffinement, des innovations et surtout de la liberté Avec cet album-fleuve long de 19 plages, au nom allusif, Ty Segall nous propose une aventure hétéroclite, expérimentale et libre Explorateur tenace et imprévisible, le musicien californien puise ses idées dans des genres assez différents les uns des autres, de la funk au grunge, du noise rock à la ballade folk Ainsi, le disque multiplie les péripéties et il s’avère dès lors impossible de pressentir la couleur du titre que l’on lance Il faut dire que l’album est marqué par un désordre notable, tant dans la disposition des plages que dans leur contenu On retrouve ainsi un certain nombre de morceaux bruitistes à l’image de “She”, “Talkin 3” ou de “Meaning” Ce dernier titre cité est intéressant par sa situation dans l’album Il est effectivement intercalé entre deux morceaux beaucoup plus doux et mélodiques : “Alta” et “Cry Cry Cry” Et encore, ces ballades se révèlent elles-mêmes surprenantes En effet, “Alta” commence tranquillement, avec de belles notes jouées au wurlitzer, avant d’exploser sans prévenir Par endroits, les détonations orchestrales sont ainsi tout simplement excellentes, comme en atteste “Fanny Dog” qui qui nous marque par la superbe complémentarité entre les guitares et les trompettes Mais en réalité, ce sont surtout les rares ballades qui constituent les plus beaux moments de l’album, comme le montre très bien “My Lady’s On Fire”, merveilleux “Wild Horses” à la sauce Ty Segall De “Fanny Dog” à l’époustouflante jam de “And, Goodnight”, Freedom’s Goblin s’avère en fait être un excellent voyage, déstabilisant mais très intelligent Libre, mais pas gratuit

Spotify Wrapped 2022 : “My Lady’s On Fire” (54e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Fanny Dog” ; “Alta”

Creedence Clearwater Revival est sans aucun doute l’un des groupes de rock retranscrivant le mieux l’ambiance du sud états-unien Il faut dire que le swamp rock des hommes de John Fogerty sait bien nous téléporter dans le bayou 3e album du groupe, Green River est sans-doute le disque qui catalyse le plus cette atmosphère Proposant une musique aux sonorités très blues, folk et roots rock, cet opus apparaît comme une œuvre très avenante, avec le timbre très chaud de John Fogerty, des guitares piquant habilement dans les aigus et un rythme saccadé très prenant Intéressant de bout en bout, l’album est toutefois scindé en deux parties inégales : une première qui s’avère excellente, et une seconde qui se veut un peu moins marquante On ne peut en effet nier le fait que l’opus parte sur les chapeaux de roue, avec des morceaux particulièrement entraînants, aux riffs très efficaces et à la base rythmique remarquable, à l’image de “Green River” qui nous propose des riffs très bien venus et un rythme délicieux, “Tombstone Shadow” qui contient une guitare partant parfaitement dans les aigus, et “Bad Moon Rising” qui est porté par les géniales intonations du chanteur Dans une moindre mesure, on pourrait aussi mentionner “Commotion” qui apparaît comme une agréable locomotive, ainsi que “Wrote A Song For Everyone” et “Lodi”, deux sympathiques ballades encore ici bien rythmées Néanmoins, les trois derniers titres cités sont assez peu transcendants, à l’image de la majorité des plages qui constituent la seconde partie de l’album Les cinq derniers morceaux de Green River demeurent en effet plaisants, mais s’avèrent aussi être fatigants et peu marquants

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Green River” ; “Tombstone Shadow”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Bad Moon Rising”

70.
(© Ty Segall / Drag City) (© Basul Parik / Fantasy Records)

Glass Animals How to be a Human Being 2016

67. Gang Of Four Entertainment! 1979

Avec ce son à la fois doux et prenant, semblant de chill-out en même temps propre et énergique, l’album How to be a Human Being des Glass Animals apparaît comme un opus fort agréable qui nous repose tout en nous stimulant Dans ce disque, le quatuor britannique a créé un concept original en consacrant chacun des onze titres à l’un des onze personnages figurant sur la pochette Ainsi, toutes les plages proposent un univers propre à elles tout en étant engluées dans une certaine uniformité En effet, si les personnages représentés sur la pochette se révèlent assez différents, ces derniers partagent en fait un cachet et un teint semblable Il en est ainsi de même pour les morceaux, dans lesquels on retrouve à chaque fois le chant tranquille, nonchalant et mélodique de Dave Bayley ainsi que des productions électroniques d’une propreté tout simplement remarquable Si tout n’est pas parfait, si certains morceaux apparaissent un peu trop insipides et commerciaux, on ne sort toutefois pas indifférent de l’écoute de cet album Il faut dire que les Glass Animals forment un groupe vraiment doué et créatif L’album est ainsi truffé de refrains et de motifs vraiment accrocheurs et intéressants, à l’image de l’efficace refrain de “Life Itself”, de l’excellente flûte de “Mama’s Gun”, de l’ostinato entêtant de “Cane Shuga”, ou encore de l’haletante progression mélodique de “The Other Side of Paradise” Mais le morceau le plus marquant de l’album est sans aucun doute “Youth”, un titre dont la merveilleuse mélancolie ne peut que rendre nostalgiques les joueurs de Fifa

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Live Itself” ; “Mama’s Gun” ; The Other Side Of Paradise”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Youth”

Premier fait-d’armes d’une formation bercée par Television, Entertainment! apparaît comme une excellente expérience punk, tant les membres du Gang Of Four manient bien les codes et éléments propres à ce genre Mais en témoignent la qualité de la production, le raffinement au niveau de l’écriture et la lenteur inhérente à la majorité des plages, ce disque est sans-doute davantage à prendre comme une œuvre aboutie de post-punk, voire d’art-punk En bon disque de punk rock qui se respecte, Entertainment! entretient un minimalisme notable Comme l’indique son nom, la bande est constituée de quatre personnes : un chanteur qui joue parfois du mélodica, un guitariste, un bassiste et un batteur Pas un seul intervenant, pas un seul instrument de plus, juste ces quatre hommes et ces quatre instruments, si on ose inclure le mélodica dont la présence est assez anecdotique Naturellement, ces instruments acquièrent une place de choix et nous offrent des sonorités très punk, bien que la production soit à l’antithèse du chaos De la guitare, bien distordue, et de la basse, bien protagoniste, émanent ainsi des riffs crades et des progressions d’accords assez simples mais foncièrement accrocheuses, en témoignent “Damaged Goods” et “Return Of The Gift” Mais si ces deux titres sont si marquants, c’est également grâce au phrasé et aux intonations remarquables du chanteur Jon King, très complice avec le guitariste Andy Gill, qui s’occupe pour sa part des chœurs et de certains passages chantés Bien nonchalant, haché et cahoté, le phrasé de King fonctionne du feu de dieu dans “I Found That Essence Rare”

Spotify Wrapped : “Damaged Goods” (10e) ; “I Found That Essence Rare” (48e) Titre ajouté à l’Intégrale : “Return Of The Gift”

68.
(© Mat Cook / Neil Krug / Wolf Tone / Caroline International) (© Jon King / Andy Gill / EMI Records / Warner Bros Inc )

Idles Joy as an Act of Resistance 2018

65. Wire Chairs Missing 1978

Si les Idles refusent d’être présentés comme un groupe de punk ou de post-punk, peut-on alors les considérer comme un groupe de post-punk réinventé ? En effet, on retrouve dans Joy as an Act of Resistance des sonorités sombres et tendues ainsi qu’une motorisation de la basse propres au post-punk, mais avec une touche personnelle qui permet au groupe de s’éloigner de se créer son propre genre La tension est effectivement mise à contribution pour des fins bien différentes Avec des riffs de guitare allongés et saturés, une basse en course perpétuelle, un jeu à la batterie qui se veut diversifié tout en étant toujours martelant, et un chanteur qui semble constamment sur les nerfs, la tension se met au service de potentiels refrains explosifs Idles se présente en effet comme un groupe qui peut partir au quart de tour, en attestent bien la fin de “Colossus” et le superbe refrain de “Never Fight A Man With A Perm” qui jaillissent d’une accalmie glaciale N’étant pas systématiques, ces surprises en sont d’autant plus frappantes : “June” offre en effet une délicieuse tension sans jamais décoller Mais dans l’ensemble, on a affaire à un album de furieux qui donne envie de lancer des farandoles grâce à des titres très prenant à l’image de “I’m Scum” et de son excellent riff, ou de “Danny Nedelko” au refrain très bien construit Justement, si “Danny Nedelko” et “Never Fight A Man With A Perm” sont aussi bons, ce n’est pas seulement grâce à cet apport instrumental et mélodique, mais aussi en raison du phrasé et des intonations contagieuses de Joe Talbot En plus de son génial riff de guitare et de son superbe rythme, le deuxième titre jouit d’un phrasé qui donne juste envie de crier, encore et encore, “On a bag of Mi-chael Kea-ton” !

Avec Pink Flag, Wire avait mis la barre très haut Mais au lieu de tenter la même recette avec leur album sophomore, les membres du groupe ont plutôt choisi d’expérimenter de nouvelles choses sans pervertir toutefois l’essence de leur musique Ainsi, Chairs Missing contient des guitares qui sonnent tellement bien, de géniales lignes de basses et de superbes riffs de guitare, comme l’atteste bien “From the Nursury”, ainsi que des mélodies vraiment accrocheuses Seulement, Wire nous garde plus longtemps au bout du fil avec cet album Si certains titres sont toujours très courts et rapides, en attestent les explosifs “Another the Letter” et “Men 2nd”, on respire beaucoup plus On retrouve ainsi des titres calmes, à l’image de “Heartbeat” que l’on pourrait presque présenter comme une version post-punk réussie de “Heroin” du Velvet Underground On trouve même des passages instrumentaux que le groupe n’aurait jamais mis dans Pink Flag, opus marqué par un minimalisme extrême La voilà, la force de Chairs Missing : on ressent très bien la patte Wire mais avec un renouvellement notable Ainsi, les deux meilleurs morceaux se placent parfaitement dans la lignée de Pink Flag tout en offrant quelque chose de tout-à-fait inédit Dans “Outdoor Miner”, on retrouve encore la belle nonchalance de Colin Newman, de superbes chœurs, des lignes de basse simples mais très efficaces, et un jeu de batterie très entraînant Mais en même temps, la voix du chanteur est plus posée, le rythme plus lent Et dans “I Am the Fly”, on retrouve un couplet très riche et complet, rythmé mais calme, mais aussi et surtout un interminable mais génial refrain, avec son rythme militaire assez lent mais tellement satisfaisant

66.
(© Partisan Records) Spotify Wrapped 2022 : “Never Fight A Man With a Perm” (16e) ; “Danny Nedelko” (67e) (© Annette Green / Brian Palmer / Harvest Records) Spotify Wrapped 2022 : “I Am the Fly” (13e) ; “Outdoor Miner” (99e)

6LACK FREE 6LACK 2016

Une ambiance sombre, planante, mélancolique au possible, qui ne nous quitte jamais Un flow calme et mélodique, nonchalant et résigné, posé sur des instrumentales atmosphériques saisissantes de par leur originalité et leur force Avec FREE 6LACK, le rappeur d’Atlanta transfère notre esprit dans la peau d’un Ryan Gosling perdu entre Drive et Blade Runner 2049 L’album apparaît ainsi comme une véritable claque assénée tout en douceur Cette claque, on la prend dès les premières secondes de la piste n°1, “Never Know” Une instrumentale sombre et profonde s’installe petit à petit, comme un pré-générique de film survolant un downtown de nuit Puis le rideau se lève pour dévoiler un timbre désenchanté, soutenu par de solides basses et un beat imposant Afin de catalyser, voire d’exacerber cette atmosphère, viennent ensuite “PRBLMS” et sa géniale instrumentale en va-et-vient qui pousse d’un cran la mélancolie et la noirceur, puis “Free”, un titre encore une fois doté d’une instrumentale assez surprenante et inquiétante Vers la fin de l’album enfin, “Ex Calling” nous touche grâce à ses accords de piano, très simples mais également très efficaces, un flow vraiment intéressant et un refrain qui se révèle poignant dans sa retenue Mais à côté de ces quatre ovnis, les sept morceaux qui constituent le reste de l’album se révèlent bien moins originaux, touchants et intéressants Si on peut leur accorder le mérite d’entretenir l’ambiance particulière qui fait la force de Free 6lack, ces titres sont plutôt oubliables, à l’exception peut-être de “Rules”, de “Learn Ya” ou encore de “Alone / EA6”

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Never Know” ; “Free”

Titres déjà dans l’Intégrale : “PRBLMS” (52e du Spotify Wrapped 2017) ; “Ex Calling”

63. The Modern Lovers The Modern Lovers 1976

Avec un chant nonchalant et une musique minimaliste desquels émane un groove indéniable, The Modern Lovers ont posé certaines bases du punk rock en 1976 avec The Modern Lovers, leur unique album Mais si le son du groupe apparaît déjà comme novateur lors de la sortie du disque, on ne peut qu’être happé en apprenant que la majorité des titres de l’opus ont été enregistrés entre 1971 et 1972 !

Ce qui marque premièrement dans ce bijou d’art-rock, c’est cet accompagnement musical répétitif et soutenu, avec ces entraînantes boucles jouées à la guitare et à la batterie qui donnent l’impression de prendre place dans un train Plus libres mais bien intégrées à la structure rythmique, les claviers (piano et orgue) offrent pour leur part des lignes vraiment agréables Et en qualité de conducteur, Jonathan Richman excelle dans la nonchalance et l’instabilité Bien punk avant l’heure, son phrasé et son attitude atteignent l’apothéose dans le titre “I’m Straight”

Toutefois, les incursions des claviers et les intonations du chanteur n’apparaissent pas comme les seules variations visibles dans l’album On en retrouve également sur les cordes et la batterie, au niveau des progressions d’accords et de la rythmique Légères et fluides, ces variations sont toutefois intéressantes, avec les agréables refrains de “She’s Cracked” et de “Dignified and Old” ou les entêtants leitmotivs du culte “Roadrunner” et du génial “I’m Straight”

Et dans les ballades, telles “Hospital” ou “Girlfriend”, deux morceaux parfaitement élevés par les orgues et une petite guitare, on est frappé par une sensibilité, une authenticité et une fragilité très touchantes The Modern Lovers savent proposer de belles déclarations d’amour à la sauce punk

Spotify Wrapped 2022 : “I’m Straight” (58e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Hospital”

64.
(© Matilda Finn / XO / Republic Records)

Elvis Costello My Aim Is True 1977

61. Eric Clapton August 1986

En mêlant habilement rockabilly et punk rock, Elvis Costello est incontestablement devenu une grande figure du pub rock avec l’album My Aim Is True Dans ce fameux disque, on retrouve ainsi un chanteur désinvolte aux surprenantes intonations Pour autant, on retrouve aussi un raffinement et une justesse notables dans la musique proposée par l’artiste londonien, avec des refrains accrocheurs très bien construits et un jeu à la guitare plutôt séduisant L’album est court et rapide : en 36 minutes s’écoulent treize morceaux Véritables décharges très rythmées offrant une place notable aux percussions, la plupart des titres nous donnent l’impression de nous trouver davantage dans un dinner états-unien que dans un pub britannique On trouve ainsi d’excellents riffs catchy à l’image de ceux de “Miracle Man”, “Less Than Zero” ou de “I’m Not Angry”, mais aussi des refrains vraiment efficaces et entêtants, portés par les simples intonations d’Elvis Costello, comme en attestent les titres “Welcome To The Working Week” et “Waiting For The End Of The World” Toutefois, cette ambiance rockabilly aux accents punk rock devient par moments ennuyante L’enchaînement “No Dancing” / “Blame It On Cain” n’est en effet pas le moment le plus enthousiasmant d’une vie Or, comme pour casser la monotonie, Elvis Costello a ponctué son opus de deux bijoux très différents des autres titres : “Alison” et sa géniale guitare qui signe à elle seule l’une des plus belles oeuvres de l’histoire du soft-rock, et “Watching the Detectives”, un morceau reggae-rock contenant une basse très prenante

Spotify Wrapped 2022 : “Less Than Zero” (71e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Miracle Man” Titres déjà dans l’Intégrale : “Alison” (26e du Spotify Wrapped 2020) ; “Watching the Detectives”

Un album d’Eric Clapton dans lequel la guitare a une place secondaire, c’est déjà étonnant Mais ça l’est d’autant plus quand le résultat se révèle très satisfaisant Dans August, l’absence de langoureux et délicieux solos n’est pas du tout dommageable puisque si la gratte se met quelque peu en retrait, c’est pour laisser les synthétiseurs et les cuivres produire une plaisante ambiance pop-rock, aux influences R&B, bien ancrée dans les années 1980

Attention, il ne faut pas croire pour autant que la guitare a disparu des radars sur cet album. Les doigts de Slowhand nous offrent encore ici d’intéressants passages, comme en attestent le solo de “It’s in the Way That You Use It” ou la fin de “Walk Away” Dans le morceau “Behind the Mask”, sa présence est même centrale Mais si l’on compare August aux autres opus de Clapton, la gratte y occupe évidemment une place assez anecdotique

A la place, on va retrouver des synthétiseurs protagonistes, qui nous offrent des motifs très accrocheurs, en attestent l’ouverture de “Bad Influence” et l’excellent ostinato qui fait la force de “Behind the Mask” Accompagnés des cuivres, de la basse et de la batterie à la caisse et aux toms bien martelés, les claviers d’August créent une ambiance chaude qui sent bon les années 1980 Cette atmosphère, on la doit beaucoup au producteur du disque, Phil Collins Ce dernier est parvenu à imprégner les compositions de l’album de son style particulièrement attrayant et efficace

En résulte un très bon opus, toujours agréable à écouter, mais quelque peu inégal et un peu trop long Le disque, qui dure presque une heure, aurait en effet peut-être gagné à être raccourci de deux ou trois titres

Titres ajoutés à l’Intégrale : “It’s In The Way That You Use It” ; “Run” ; “Behind the Mask”

62.
(© Wendy Sherman / Stiff Records) (© Terry O’Neill / Warner Records Inc )

Daryl Hall & John Oates H2O 1982

59. The Replacements Please to Meet Me 1987

S’il propose une musique proche des albums précédents du duo, l’album H2O de Daryl Hall & John Oates séduit par ses mélodies, assez surprenantes mais d’une efficacité remarquable En cela, le disque se présente comme un très bon projet pop-rock qui sent bon les années 1980 L’album s’ouvre justement avec l’un des grands tubes de la décennie : “Maneater”. Et comment peut-on imaginer un sort différent pour ce titre, à la ligne de basse accrocheuse, aux progressions d’accords bien placées, à la rythmique reggae enivrante et au superbe solo de saxophone, le tout supplémenté de quelques touches de synthétiseur par-ci et par-là et porté par la chaleureuse voix de Daryl Hall

Plus loin dans l’album, un autre morceau aurait mérité, non pas une ovation semblable, mais quand même une certaine reconnaissance Alors continuons d’espérer un succès tardif pour “Delayed Reaction” qui ne cumule que 560 000 streams sur Spotify en janvier 2023 Si le premier couplet de ce titre ne paye pas de mine, le refrain est une véritable claque Ce trait de génie est d’autant plus surprenant que le morceau est perdu à la fin de l’album Or, la seconde partie de H2O est bien moins aboutie et convaincante que la première

Les premiers morceaux de l’album sont en effet des titres accrocheurs et plaisants qui créent une ambiance 1980’s fort agréable, en témoignent la ballade “One On One” et l’énergique “Family Man” Mais on retrouve ensuite des titres bien moins marquants, quoique plaisants Le très bon “Go Solo” ferme finalement H2O sur une note très positive

Spotify Wrapped 2022 : “Delayed Reaction” (40e)

Ajouté à l’Intégrale : “Go Solo”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Maneater” (5e du Spotify Wrapped 2019)

En bonne bande de power-pop refusant de renier ses racines punk-rock, The Replacements apparaissent comme des maîtres dans l’art de mêler mélodies accrocheuses et frénésies chaotiques Comme on l’avait mentionné en 2021 à propos des véritables claques que sont Let It Be (1984) et Tim (1985), le groupe de Paul Westerberg sait très bien “alterne[r] [entre] rock bien énervé et ballades” Peut-être moins accompli que ces deux chefs-d'œuvre - la barre était très haute en même temps, l’album Please to Meet Me (1987) se présente lui aussi comme une mine d’or restant dans la veine des deux disques précédents En effet, le punk-rock bien crade se fait toujours sentir, en témoignent “I O U ” et “I Don’t Know”, deux titres rageurs qui ne manquent toutefois pas de proposer un rythme prenant, des refrains accrocheurs et des progressions d’accords fort intéressantes Et à l’inverse, les ballades rêveuses sont aussi au rendez-vous, en atteste le jazzy “Nightclub Jitters” Dans un entre-deux parfait, on trouve à nouveau des titres imparables Vibrant hommage à une légende de la power pop, “Alex Chilton” offre par exemple des couplets très prenants et agréables ainsi qu’un refrain vraiment efficace et des solos bien venus Dans la même trempe, “Never Mind” propose un superbe refrain avec la voix de Paul Westerberg qui se casse parfaitement Enfin, le disque se referme sur “Can’t Hardly Wait”, un morceau génial doté d’un riff très accrocheur en guise d’ostinato, d’un rythme assez saisissant et de trompettes fort intéressantes Ce titre, zénith de l’album, ne propose pas de refrain, mais on s’en rend à peine compte tant c’est fluide et bien construit

Titre ajouté à l’Intégrale : “Alex Chilton” ; “Never Mind” Titre déjà dans l’Intégrale : “Can’t Hardly Wait” (45e du Spotify Wrapped 2021)

60.
(© Mick Haggerty / Geoffrey Kent / Hiro / RCA Records) (© Daniel Corrigan / Sire Records)

Big Thief

Dragon New Warm Mountain I Believe In You 2022

57. Bobby Womack The Poet 1981

Comme un lent voyage au cœur des Rocheuses Disque à la douceur exquise, constitué de vingt petites ballades aux couleurs folk, voire country, portées par l’angélique voix éraillée d’Adriana Lenker, Dragon New Warm Mountain I Believe In You est un album qu’il faut absolument lancer un samedi matin pour savourer l’entrée dans le week-end tout en décompressant tranquillement

La grande force de cet album réside sans-doute dans sa fluidité Long de 80 minutes (presque un film), et offrant toujours un son qui sent bon la campagne états-unienne, le disque se lit en effet comme un tout vraiment bien uni mais qui évite habilement le piège de la redondance Toujours beau, toujours fondant, tout en proposant constamment de nouvelles idées, l’album réussit à ne comporter que très peu de moments de creux : on voit bien des montagnes, mais la route reste bien droite, et les pistes bien vertes L’album est en fait partout paré de morceaux intéressants, de la douce plage d’ouverture qu’est “Change” à l’excellent “Simulation Swarm”, au phrasé génial, en passant par le gai “Spud Infinity”, le tubesque “Certainty” ou encore par la magnifique paire formée par l’entraînant “Little Things” et l’étonnant “Heavy Bend”, un titre aux arpèges magiques Mais de cette douceur notable émanent aussi une rêverie, une nostalgie et une mélancolie palpables, ce qui apporte une certaine vulnérabilité aux belles mélodies de cet album tout en rapprochant Big Thief de la dream pop des années 1990 Ce vague à l’âme enchanteur, on le sent notamment dans une certaine section de l’album, entre “Little Things” à “Blurred View”, mais aussi dans des morceaux comme “No Reason” ou “12,000 Lines”

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Little Things” ; “Heavy Bend” ; “Simulation Swarm”

Quand on pense à Bobby Womack, on pense naturellement à une voix en or, à un timbre frappant capable de passer en une seconde d’un ton rauque à des notes perchées Mais Bobby Womack, c’est également un auteur-compositeur de génie, qui sait très bien comment mettre sa sensuelle voix à profit En cela, le musicien sait parfaitement écrire des slows à écouter de préférence sous des lumières tamisées, dans un bar ou une chambre à coucher The Poet regorge justement de doux morceaux soul et R&B écrits pour ces occasions On y trouve notamment le beau “Just My Imagination”, qui offre une superbe tension et un refrain vraiment sympathique, mais également “Where Do We Go From Here”, un excellent morceau empli d’émotions, avec sa basse et son piano parfaitement positionnés, et son refrain qui tape droit dans le coeur Mais The Poet nous offre aussi et surtout ce qui est peut-être, en ballotage avec “Across 110th Street” (1973), la plus grande prouesse de la discographie de Bobby Womack : “If You Think You’re Lonely Now” Avec son exceptionnel riff de guitare, la voix du chanteur qui l’embrasse parfaitement, et ses montées en tension remarquables, ce titre fait l’effet d’une claque L’ambiance générée y est tout simplement merveilleuse Mais parmi les ingrédients qui font de ces morceaux cités de véritables chefs-d'œuvre particulièrement touchants, il est indispensable de mentionner la présence des chœurs qui complètent, catalysent et libèrent parfaitement l’énergie de Bobby Womack Dans “Secrets”, qui n’est pas un slow, leur présence est particulièrement plaisante

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Just My Imagination” ; “Where Do We Go From Here”

Titré déjà dans l’Intégrale : “If You Think You’re Lonely Now” (32e du Spotify Wrapped 2019)

58.
(© Norman Seeff / Beverly Glen Music)

Parcels Parcels 2018

55. Elton John

Captain

1975

C’est planant et ça sent bon l’été Disque electropop, voire chillwave, semblant donner vie aux œuvres d’Hiroshi Nagai, Parcels se présente comme un projet qu’il faut absolument écouter sur le bord d’une piscine lorsque le soleil culmine au zénith Toujours entraînantes sans jamais devenir trop remuantes, les compositions de Parcels apparaissent en effet comme un compromis parfait entre l’enjouement et la sérénité Très fluide et uni, le disque entier est ainsi marqué par un groove fort efficace et tranquille, illustré notamment par des lignes de basses bien senties, à l’image de celles de “Lightenup” et “IknowhowIfeel”, qui offrent une couleur très funky à l’album, mais également par des claviers vraiment ambiançants, en attestent l’excellent pont de “Face” et l’atmosphérique morceau instrumental qu’est “Everyroad” En bon album de pop qui se respecte, Parcels contient en outre des refrains entêtants, comme en témoignent les tubesques que constituent le planant “Withorwithout” et l’imparable “Tieduprightnow” Bien plus festif que les autres, ce dernier morceau nous donne à entendre, à côté du refrain chanté qui est d’une efficacité remarquable, une connexion parfaite entre une ligne de basse vraiment accrocheuse et des notes de clavier particulièrement entêtantes

Mais si les titres sont tous très agréables, entraînants et entêtants, on peut toutefois regretter le fait qu’une partie non-négligeable des chansons de cet album soient un peu insipides On pense ici à “Yourfault”, “Exotica” ou encore à “Bemyself” Et encore, on retrouve dans chacun de ces morceaux des idées très intéressantes

Si les années 1970 ont à nous proposer une pléiade de titres pour réaliser un bon road-trip, Elton John a apporté une superbe pièce à l’édifice avec Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy De bout en bout, le projet est en effet idéal pour une virée à la Thelma et Louise (1991)

Face à cette combinaison entre fluidité, harmonie, gaieté, douceur et rythme, on fond littéralement Le jeu à la batterie, toujours serein et maîtrisé, les lignes de basse, superbes et indispensables, et la guitare électrique, qui vient magnifier certaines mesures par-ci par-là, offrent un groove vraiment saisissant, bien agrémenté par les synthétiseurs et le piano Mais la musique d’Elton John est aussi et surtout marquée par une voix irrésistible Grâce au chant de Rocket Man, les refrains deviennent vraiment accrocheurs et touchants Avec cette formule, les six premiers morceaux de l’album forment un ensemble complet, satisfaisant et franchement beau Si “Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy” et “Tell Me When the Whistle Blows” sont des chansons parfaites pour plier bagages, le touchant slow “Someone Saved My Life Tonight” nous marque par sa justesse, et les énergiques “Bitter Fingers” et “(Gotta Get A) Meal Ticket” nous font littéralement entrer en extase Il faut dire que la plage 3 de l’album est parfaitement amenée par le piano et la basse afin d’accoucher d’un refrain au phrasé, au tempo et à la mélodie renversantes Il faut en outre saluer le riff et le superbe refrain de la plage 6

Pour autant, la seconde partie du projet n’est pas à jeter Certes moins frappante, elle nous fait passer un très bon moment et finit sur une excellente note avec “One Day At A Time” et “Philadelphia Freedom", un titre aux violons parfaits

Spotify Wrapped 2022 : “Bitter Fingers” (69e) Ajouté à l’Intégrale : “(Gotta Get A) Meal Ticket”

56.
(© Because Music / Kitsuné Music) Titres ajoutés à l’Intégrale : “Withorwithout” ; “Face” ; Tieduprightnow” Fantastic and the Brown Dirt Cowboy (© Alan Aldridge / MCA Records / DJM Records)

The Weeknd Dawn FM 2022

53. Blur Parklife 1994

The Weeknd a toujours pris un certain plaisir à agrémenter sa discographie de titres aux sonorités rétro-futuristes, synthwave, inspirés de la musique électronique des années 1980 On a ainsi pu le voir collaborer avec Kavinsky sur le titre “Odd Look” (2013) ou avec les Daft Punk sur l’album Starboy (2016) Prenant de plus en plus de place au fil des projets, ces sonorités sont même devenues centrales dans l’album After Hours (2020) Mais avec l’album-concept Dawn FM, l’artiste canadien nous propose carrément une véritable expérience rétro-futuriste, avec une fausse station de radio dotée d’un speaker (Jim Carrey) et même de fausses publicités

Si le rétro-futurisme se révèle omniprésent dans cet album, celui-ci prend toutefois différentes formes Certes, le disque est porté par des tubes pop très dansants qui donnent l’impression de faire la fête dans la “Cantina” de Star Wars, en témoigne l’excellente trilogie formée par les plages 3, 4 et 5 : “How Do I Make You Love Me?”, “Take My Breath” et “Sacrifice” Mais The Weeknd propose aussi de très bonnes ballades mélancoliques qui nous font ressentir une solitude cosmique vertigineuse, à l’image de “Here We Go Again” et de “Is There Somebody Else There?” A cheval entre ces deux univers, on retrouve également des titres à la fois funky et sombres, tels que le doux et spatial “Less Than Zero” ou “Out Of Time”, un morceau doté d’un sublime groove qui rappelle les belles heures de Michael Jackson Et si certains titres se révèlent assez peu intéressants, il reste que Dawn Fm se présente comme une expérience psychédélique fort plaisante, un beau voyage interstellaire à écouter seul, de préférence la nuit tombée

Titres ajoutés à l’Intégrale : “How Do I Make You Love Me?” ; “Out Of Time”

Lorsqu’il sort l’album Parklife, Blur se présente comme un jeune groupe de britpop animé par la fougue et des idées très originales Dans ce projet, 3e de la discographie de la bande, nombre de risques sont pris : on tente beaucoup Mais ce pari se révèle réussi, car près de la moitié des morceaux de Parklife sont d'excellentes compositions Évidemment, on retrouve des titres peu intéressants ou imparfaits, tels que “Bank Holiday” qui est un peu agaçant, l’instrumental “Far Out”, “The Debt Collector” et “Jubilee” Mais si l’on met de côté ces oubliables exceptions, force est de constater que Parklife est un album particulièrement réussi et surprenant Avec le tube “Parklife”, on se prend dans la face le phrasé d’extra-terrestre de Phil Daniels, bien mis en valeur par une imparable boucle de guitare, un bon jeu à la batterie, et un chœur entêtant (“Parklife !”) Dans “Badhead” ensuite, c’est la trompette, en introduction et dans les refrains, qui est jouissive Citons enfin la très agréable mélodie de “Lot 105” qui referme l’album Mais nous n’avons toujours pas parlé du tiercé gagnant de l’album Il faut déjà dire que Parklife s’ouvre avec “Girls and Boys”, un énorme classique bien dansant et communicatif, avec ses synthétiseurs, sa basse discrète mais superbe, sa guitare qui revient et son refrain saccadé Plus loin dans l’album, on retrouve enfin deux perles bien moins connues, mais tout aussi intéressantes : “Trouble in the Message Centre” dont le synthétiseur bien aigu offre aux couplets une force surnaturelle et, dans la foulée, “Clover over Dover”, dont le jouissif ostinato joué au clavecin se voit parfaitement servi par la guitare

Spotify Wrapped 2022 : “Clover Over Dover” (95e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Trouble in the Message Centre” Titre déjà dans l’Intégrale : “Girls and Boys”

54.
(© Matilda Finn / Domino Records) (© Food Records + Parlophone)

Thompson Twins Into The Gap 1984

51. Madonna Madonna 1983

Plaisante odyssée synth-pop aux accents psychédéliques et exotiques, dans laquelle se niche un florilège de succès et de tubesques offrant la part belles aux synthétiseurs et autres claviers, Into the Gap se présente comme une aubaine pour les amoureux de la musique des années 1980, en particulier pour les amateurs de new-wave Il est en effet important de noter que les synthétiseurs et autres claviers créent dans cet album une très plaisante ambiance vaporeuse, offrant par leur simple présence une force notable à certains titres comme “Doctor! Doctor!”, “No Peace for the Wicked” ou “Sister of Mercy” Il n’y a alors plus qu’à ajouter un refrain bien accrocheur pour rendre ces différents morceaux irrésistibles Justement, les Thompson Twins sont des maîtres pour ce qui est de créer des motifs entêtants Des neuf morceaux composant l’album, on en compte ainsi trois ou quatre qui auraient pu connaître le même succès commercial que “Hold Me Now”, le seul vrai tube du projet Mais attention à ne pas se méprendre : les refrains de Into the Gap ne sont pas juste des gimmicks entêtants Couplés à l’ambiance générale, ils portent en fait des émotions et une chaleur non-négligeables qui les rendent inévitablement touchants, comme en témoignent les chansons d’amour que sont “Doctor! Doctor!” et “Hold Me Now” Parmi les tubesques particulièrement bien écrits, on pourrait également évoquer “Sister of Mercy” et “Who Can Stop The Rain”

Il faut en revanche noter que parmi les titres que l’on n’a pas cités, une partie non-négligeable s’avère être quelque peu insipide

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Doctor! Doctor!” ; “Sister Of Mercy” ; “Who Can Stop The Rain”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Hold Me Now”

Fun fact : un DJ qui doit vite créer une bonne playlist pour une soirée dansante gagne 40 minutes s’il y glisse les huit titres qui forment Madonna, le premier album d’une artiste qui deviendra l’un des plus grands mythes des années 1980 Séduisant disque de post-disco mariant habilement musique électronique et groove hypnotique, cet album se présente comme un ensemble complet et dansant de bout en bout Combinés, les synthétiseurs, les lignes de basse et la voix déjà très sensuelle de Madonna font en effet monter la chaleur d’un cran sur le dancefloor Et si le son proposé par la future “Queen of Pop” apparaît parfois simpliste et kitsch, l’ambiance générée est en fait enivrante et efficace, avec des refrains bien accrocheurs De Madonna émanent ainsi une certaine liberté, une douce légèreté et une sensualité parfaitement employées dans deux morceaux assez similaires : “Burning Up” et “Physical Attraction” Très suaves et chauds, ces deux titres se voient portés par une bonne moog bass et combinent bien dans les refrains le timbre lascif de la chanteuse et de petites notes de synthétiseur qui font leur effet Mais ils ont peutêtre de différent l’intensité de la volupté offerte Si “Burning Up” est plus tourné vers la fête et la célébration, “Physical Attraction” se veut sans-doute davantage tactil Néanmoins, le zénith de l’album ne réside pas dans ces tubesques Il faut en fait savoir que le disque contient l’un des plus grands tubes de la carrière de Madonna, à savoir “Holiday” Avec ce titre au groove imparable et aux lignes géniales issues des synthétiseurs et des cordes, le ton est donné : Madonna est l’album qu’il faut écouter en congé

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Burning Up” ; “Physical Attraction”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Holiday”

52.
(© Satari Graphic / Paul Cox / Arista Records) (© Gary Heery / Carin Goldberg / Sire / Warner Bros Records)

Thin Lizzy Bad Reputation 1977

49. The Doobie Brothers Minute by

Minute 1978

Thin Lizzy est surtout connu pour être un grand groupe de hard-rock Avec des guitares électriques distordues offrant de bons gros riffs ainsi qu’une basse et une batterie bien présentes, l’album Bad Reputation peut difficilement dédire cette notoriété Le disque est effectivement garni de titres aux sonorités graves et lourdes, comme en témoignent “Bad Reputation” et “Opium Trail”

Ce ne sont pourtant pas les grondements diaboliques qui dominent dans cet album, mais plutôt de douces et belles complaintes, portées par la merveilleuse et mélancolique voix de Phil Lynott Ainsi, la plupart des gros riffs que l’on trouve dans le projet abritent en eux une fragilité et une vulnérabilité notables Par moments, les guitares semblent même pleurer, communiant alors avec le suave timbre du chanteur irlandais C’est en tout cas l’impression que nous donnent les excellents “Soldier of Fortune” et “Southbound”, mais aussi l’intéressant “This Woman’s Gonna Break Your Heart” Tout en gardant des sonorités hard-rock, ces trois titres tendent de manière significative vers le blues-rock Mais parfaitement conscient du potentiel émotionnel offert par son timbre, Phil Lynott s’aventure également dans des sentiers assez éloignés du hard-rock Bad Reputation est ainsi garni de belles ballades tournées vers Dieu, à l’image de “Downtown Sundown” ou de “Dear Lord” Et plus remuant tout en restant tranquille, “Dancing in the Moonlight” se présente pour sa part comme un morceau particulièrement chaleureux et irrésistible Avec un travail formidable offert par les cordes, un saxophone bienvenu dans les refrains et un Phil Lynott magnifique, ce titre est tout simplement l’une des plus belles prouesses de Thin Lizzy

Yacht-rock : on ne pouvait trouver meilleur nom que celui-ci pour désigner le genre musical qui caractérise si bien la musique des Doobie Brothers Propre, apaisant et entraînant, le son proposé par le groupe californien dans l’album Minute by Minute crée en nous le besoin de siroter un bon cocktail, bien allongé sur un transat, perdu quelque part en Méditerranée Imaginez seulement ce disque en bande-son d’un “Circuit/Paquebot Daisy” sur Mario Kart !

Il faut dire qu’on ne peut que fondre face aux chaleureuses intonations de Michael MacDonald, aux claires et torrides notes de piano, au groove suave imposé par la basse et les percussions, ou encore face aux tendres motifs et solos joués à la trompette, au saxophone mais également à la guitare électrique De l’association de ces éléments naissent ainsi des titres d’ambiance qui passent parfaitement dans un bar lounge, à l’image des chaleureux “Here to Love You”, “Minute by Minute” ou “Open Your Eyes”, mais aussi des compositions tout simplement hypnotisantes Le grand tube de l’album est évidemment “What a Fool Believes”, un morceau qui nous cloue par la chaleur extrême véhiculée dans les refrains ainsi que par ces merveilleux claviers superposés aux géniales modulations Mais à côté de ce chef-d'œuvre, on peut également citer “Dependin’ On You”, avec son excellent refrain porté par une trompette impeccable, et “Don’t Stop to Watch the Wheels”, un titre porté par un riff très entraînant et surprenant, façon locomotive

Spotify Wrapped 2022 : “Dependin’ On You” (87e)

Titresajoutés àl’Intégrale:“Don’tStoptoWatchThe Wheels”

Titres déjà dans l’Intégrale : “What A Fool Believes” (6e du Spotify Wrapped 2019)

50.
(© Sutton/Cooper / Vertigo Records) Titresajoutés àl’Intégrale:“Dancing in the Moonlight” ; “Soldier of Fortune” ; “Southbound” (© David Alexander / Warner Bros Records)

Declan McKenna

What Do You Think About The Car? 2017

47. Pulp Dierent Class 1995

Il n’avait que 16 ans lorsqu’il a sorti “Brazil” (2015) ! Jeune prodige britannique, Declan McKenna nous propose, avec son premier album What Do You Think About the Car?, une œuvre indie-pop très intéressante, mature et entraînante garnie de morceaux fort entraînants et chaleureux Ce qui est notamment remarquable dans ce disque, c’est la propension de l’artiste à trouver des mélodies et des motifs particulièrement accrocheurs Le projet est ainsi parsemé de leitmotivs électroniques assez surprenants et bien placés, à l’image de l’excellent ostinato d’”Isombard” ou du petit motif glissé dans le refrain de “Paracetamol” Mais le disque est également pourvu de refrains bien accrocheurs, comme en attestent les titres “The Kids Don’t Wanna Come Home” et “Mind”

Toutefois, What Do You Think About the Car? ne peut se résumer à quelques prouesses disséminées ainsi qu’à des refrains efficaces Au premier abord, le musicien semble proposer une musique pop qui passe bien à la radio, mais une partie des titres de l’album peuvent en fait être classés dans la case “ pop progressive” On pense au bel emballage qui nous est offert dans les deux dernières minutes de "Humongous", mais aussi à la façon dont l'artiste construit le génial “Brazil”, en introduisant les instruments au fur et à mesure dans les premières secondes et en proposant un superbe pont entre les refrains vers la fin

Si la fin de l’album est peut-être un peu moins intéressante que son excellent début, il demeure toutefois que What Do You Think About the Car? apparaît en définitive comme un album très satisfaisant et vraiment complet Il faut dire que l’on ne s’ennuie jamais vraiment en écoutant ce disque

Les membres de Pulp ne semblent pas avoir beaucoup expérimenté le syndrôme de la page blanche lorsqu’ils ont travaillé sur l’album Different Class, c’est le moins que l’on puisse dire Cet album est en effet truffé de trouvailles et de petits motifs poignants

Ce constat, on se le fait dès les premières secondes du morceau d’introduction : “Mis-Shapes” Avec une montée en puissance bien rythmée qui nous prend immédiatement la main, on est de suite baigné dans l’univers du groupe, avec ce son particulier, proche du britpop tout en étant unique en son genre, ses changements de rythmes qui parviennent à associer surprise et fluidité, mais aussi la voix excentrique et désespérée du chanteur Jarvis Cocker L’album est en fait un voyage très cool, voire ludique C’est en effet un vrai plaisir de parcourir le projet en sachant pertinemment que presque chaque titre nous réservera son lot d’agréables surprises, avec de beaux motifs glissés par-ci par-là On pense ainsi au petit riff que l’on retrouve au milieu et à la toute fin du titre “Pencil Skirt”, mais aussi au refrain suspendu de “Sorted for E’s & Wizz”

Et par moments, le voyage est même renversant Si les tubes du projet sont bien les iconiques “Common People” et “Disco 2000”, les titres les plus marquants sont peut-être “Something Changed” et “FE E L I N G C A L L E D L O VE ”

Avec le premier morceau, on est heurté par la beauté des violons et par le superbe solo de guitare qui prépare une bouleversante crise finale Et dans le second, on fait littéralement du fractionné : les longs et lents couplets atmosphériques s’opposent à des refrains cathartiques offrant de géniales progressions d’accords au synthétiseur

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Something Changed” ; “FE E L I N G C A L L E D L O VE ”

48.
(© Columbia Records) Spotify Wrapped 2022 : “Brazil” (4e) Titresajoutés àl’Intégrale:“Humongous” ; “Isombard” (© Blue Source / Island Records)

10cc Deceptive Bends 1977

45. ZZ Top Tres Hombres 1973

Un enchaînement de titres expérimentaux dynamiques et de ballades soft-rock progressives Voilà comment on peut résumer l’album Deceptive Bends de 10cc en deux lignes Explorant des genres assez différents, les plages les plus énergiques et expérimentales de cet album proposent des idées très intéressantes On pense notamment à l’iconique riff de “Good Morning Judge” ou au phrasé irrésistible d’Eric Stewart dans “Honeymoon With B Troop” et “Hot To Trot” Mais à part ça, les quelques plages énergiques de l’opus se révèlent quelque peu ennuyantes En revanche, 10cc excelle quand il s’agit de mêler soft-rock et rock progressif En réalité, ce sont les ballades qui font l’essentiel de la force de l’album Il faut déjà savoir que Deceptive Bends comporte l’un des plus grands tubes du groupe, à savoir “The Things We Do For Love”, un doux et beau morceau qui met en avant le timbre fondant d’Eric Stewart, parfaitement suivi par le piano, la guitare et les chœurs Tout de suite après ce morceau, on tombe encore sur une belle ballade progressive : “Marriage Bureau Rendezvous” Extrêmement doux et parfaitement rythmé, nous happant notamment par un délicieux solo qui aurait mérité de durer plus longtemps, ce morceau ne demande qu’à être lancé lors d’un coucher du soleil Mais si ces deux titres nous mettent déjà les étoiles dans les yeux, sachez qu’on n’a toujours pas évoqué le plus beau fait d’armes de l’album : “Feel the Benefit”, onze minutes de pur bonheur ponctuées par un merveilleux solo de guitare Ce chef-d’oeuvre faisant honneur au rock progressif est sûrement le meilleur titre de la discographie de 10cc

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Marriage Bureau Rendezvous” ; “Feel the Benefit” ; “Hot to Trot”

Titres déjà dans l’Intégrale : “The Things We Do For Love”

Avec ces sonorités southern rock notables, on comprend assez facilement que ces hommes viennent du sud des Etats-Unis Mais avec la rythmique, le son des guitares et les inflexions des chanteurs, on sent également qu’il s’agit de bluesmen à part entière Dignes représentants du texas blues, les trois hommes qui forment ZZ Top nous offrent avec Tres Hombres un album au groove tout simplement saisissant, porté par de lourdes et chaudes boucles de guitare en guise d’ostinato, soutenu par une solide basse et mis en relief par une inlassable batterie Il faut dire que la verdeur du groupe texan nous conquiert dès les premières secondes de la plage n°1, “Waitin’ for the Bus”, et ne nous quitte presque plus après Mais si la vigueur instrumentale suffit à créer un son bien catchy, la voix de Billy Gibbons et Dusty Hill est nécessaire pour rendre certains morceaux d’autant plus marquants Fort intéressantes et parfois surprenantes, les intonations des deux hommes participent notamment au groove exceptionnel du classique “La Grange”, du moins connu “Move Me On Down the Line” mais aussi et surtout du génial “Beer Drinkers and Hell Raisers”, train infernal d’une justesse hallucinante Dans ce dernier morceau cité, tout est parfaitement huilé : le phrasé, les inflexions, les riffs, les progressions d’accords, le rythme, les arrêts et les solos se mariant parfaitement avec la batterie Mais si cette recette, qui fait le cachet de ZZ Top, s’avère quelque peu multiforme, il est des moments où elle nous fait quand même frôler l’overdose, notamment vers la fin de l’album Il faut dire que seule la ballade “Hot, Blue and Righteous” se veut construite à l’aide d’une autre recette

Wrapped 2022 : “Beer Drinkers and Hell Raisers” (3e) ; “Move Me On Down The Line” (26e)

46.
(© Hipgnosis / Mercury Records) (© Bill Narum / Galen Scott / London Records) Spotify

David Bowie “Heroes” 1977

Comment rendre le chaos attrayant ? Heroes a beau être un album très sombre et inquiétant, peu accessible à certains abords, il reste que l’on se trouve happé de bout en bout par une beauté surréelle et aberrante Avec ce deuxième opus de la “Trilogie Berlinoise”, David Bowie, Brian Eno et Tony Visconti ont réussi à créer un space opera expérimental dans lequel règnent la dissonance et une certaine idée de l’apocalypse Mais le but n’est pas de nous rebuter : David Bowie ne veut pas marcher dans les pas du Metal Machine Music (1975) de Lou Reed pour illustrer le chaos A l’inverse, il cherche à extraire un certain charme du désordre Quelques titres oscillent ainsi entre noise rock et disco, avec des sonorités cacophoniques, fouillies, criardes mais aussi entraînantes et dansantes “Blackout” apparaît ainsi comme un morceau désespéré et tendu, mais également très prenant avec cet ostinato électronique dissonant, cette merveilleuse ligne de basse et cette connexion enivrante entre le clavier et la batterie “The Secret Life Of Arabia”, qui est sans-doute le morceau le plus accessible de l’album, se voit pour sa part bien mené par une basse solide et une ambiance chaude, puis par des claviers enivrants Toutefois, le titre qui allie le mieux l’entrain et les expérimentations électroniques est sans-doute “Heroes”, une prouesse mythique, avec ces sonorités irréelles desquelles émane une surnaturelle beauté Un instant de bonheur au milieu d’un effondrement Mais si l’on évoque autant le chaos, il faut aussi évoquer ce qui le suit : le silence morbide Une partie de l’album est ainsi constituée de titres ambient, inquiétants et tendus

Spotify Wrapped 2022 : “Blackout” (24e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “The Secret Life Of Arabia”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Heroes”

43. Cheap Trick In Color 1977

Avec sa musique bien rock mais également bien dansante et mélodieuse, Cheap Trick nous offre, au travers d’un chic trip nommé In Color, un superbe exemple de power pop dans la veine d’Alex Chilton et de Big Star

Les couplets sont déjà très solides et entraînants grâce à un trio gagnant constitué d’une batterie bien énergique mais aussi d’une guitare et d’une basse qui balancent des progressions d’accords bien lourdes sans en faire trop Les couplets de “Downed” sont ainsi très simples, avec des progressions d’accords qui ne sont pas des plus originales, mais le mélange avec le chant très inspiré et accrocheur de Robin Zander se révèle vraiment remarquable

Les ponts, pour leur part, mettent en exergue les qualités de composition du groupe Présentant en eux-mêmes de superbes mélodies, comme on peut s’en rendre compte dans “I Want You to Want Me”, ces derniers permettent ainsi de connecter parfaitement le couplet et le refrain, qui apparaît comme une pièce-maîtresse de la majorité des titres de l’album

En fait, c’est simple : on ressort d’In Color avec cinq ou six mélodies bien accrochées au cerveau Mais si les refrains de “Southern Girls” et de “Come On, Come On”, d’une finesse irréprochable, présentent déjà un cachet qui nous donne l’impression de fêter la fin des cours dans un lycée états-unien, l'œuvre la plus marquante d’In Color est sans-doute “Oh Caroline” La connexion entre Robin Zander et les chœurs, bien soutenue par d’imposants riffs de guitare, s’y révèle déjà parfaite dans les refrains, mais la fin nous fait carrément assister à un emballage d’anthologie, ponctué par les envolées géniales de Robin Zander

Spotify Wrapped 2022 : “Oh Caroline” (5e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Downed”

44.
(© Masayoshi Sukita / RCA Records) (© Benno Friedman / Jim Charne / Paul Scher / Domino Records)

Robert Plant The Principle of Moments 1983

41. The B-52’s B-52’s 1979

Avec The Principle Of Moments, Robert Plant nous propose des sonorités chaudes et soyeuses qui semblent avoir été créées juste pour être écoutées en voiture au crépuscule, en traversant le désert des Mojaves Ce n’est pas par hasard que le tube “Big Log” s’est retrouvé inclus dans la fameuse station “Los Santos Rock Radio” de GTA V Avec ces synthétiseurs qui forment une ambiance hypnotique et surréelle, cette gratte si satisfaisante et chaude, et cette batterie bien solide, on se retrouve effectivement face à un mélange synth pop, power pop particulièrement avenant et apaisant Si l’album se distingue par sa fluidité et cette ambiance qui n’épargne aucune plage, les morceaux de The Principle of Moments sont plutôt différents les uns des autres Certes, on va retrouver des titres assez énergiques, avec un Phil Collins impeccable aux percussions, de beaux riffs bien marquants et de belles performances vocales proposées par l’ex-chanteur de Led Zeppelin, en attestent le morceau d’ouverture, “Other Arms”, mais aussi et surtout le superbe “Horizontal Departure”, un titre pourvu d’un excellent refrain et d’un solo très intéressant Mais les titres les plus marquants de l’album sont sûrement les ballades psychédéliques Plage dans laquelle on entend assez peu la gratte, sauf pour un délicieux solo, “Thru’ With The Two Steps” nous place en effet dans une très agréable atmosphère vaporeuse et sensuelle Et pour refermer cet album, “Big Log” nous berce avec des accords de guitare particulièrement doux, bien enveloppés par de timides synthétiseurs qui catalysent une merveilleuse ambiance

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Thru’ With The Two Steps” ; “Horizontal Departure”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Big Log”

Comme un chien se roulant dans la boue, les B-52’s se sont jetés à corps perdu dans le mauvais goût pour construire leur premier album, The B-52’s En découle ainsi un disque loufoque, dans lequel les membres n’ont pas hésité à jouer du kinderklavier, à utiliser des talkie-walkies et à baigner dans une ambiance kitsch parfaitement maîtrisée Malgré, ou précisément grâce à tous ces choix artistiques, B-52’s s’est imposé comme l’un des meilleurs disques de cette riche année 1979, et sans-doute même comme l’un des plus grands albums de la décennie 1970

De cette grande party dans laquelle personne ne se prend vraiment au sérieux, on ne peut qu’être frappé par la fluidité et la complémentarité, parfaitement illustrées dans “Dance This Mess Around”, entre les intonations aiguës et parfois imprévisibles de Cindy Wilson, la belle voix de Kate Pierson qui se casse parfaitement, et le savoureux sprechgesang de Fred Schneider, qui se répondent, se grillent la politesse ou s’embrassent Pour accompagner ou même emmener ces superbes échanges, on retrouve en outre une guitare, jouée par Ricky Nelson, qui sent bon le surf rock et qui nous sort d’excellentes prestations dans les morceaux “Rock Lobster”, “6060-842 (6060 842)” et “Downtown”, une keyboard bass qui se révèle tout simplement savoureuse dans “52 Girls” et “Dance This Mess Around”, et pour finir une batterie au jeu toujours très entraînant Continuellement garni de progressions d’accords et de riffs savoureux, B-52’s est en définitive un disque qui se révèle enivrant et dansant de bout en bout, si l’on est bien entendu prêt à assumer la part de kitsch qui sommeille en chacun de nous

Spotify Wrapped 2022 : “Dance This Mess Around” (15e) ; “52 Girls” (23e)

42.
(© Tony Wright / Warner Records Inc )

Roxy Music For Your Pleasure 1973

39. Joe Jackson Look Sharp! 1979

Figures emblématiques du glam rock, les hommes de Roxy Music sont des maîtres pour ce qu’il s’agit d’allier élégance et lâcher-prise, en témoigne bien For Your Pleasure Avec cet opus, le groupe prouve qu’il est capable de créer de merveilleuses déclarations d’amour portées par la voix de crooner de Bryan Ferry Le chanteur réalise en effet une prestation remarquable dans “Beauty Queen” en se voyant parfaitement supporté par des synthétiseurs hypnotisants, une douce basse et une timide batterie A côté, le groupe sait également se servir du génie de Ferry et de Brian Eno et manier les instruments ensemble pour créer de superbes moments d’euphorie “Editions Of You” nous marque par exemple avec son superbe ostinato joué au clavier et son génial solo de saxophone Mais la plupart du temps, les explosions surgissent sans prévenir Les trois premières minutes de “In Every Dream Home A Heartache” sont ainsi plutôt calmes et tendues, avec des synthétiseurs inquiétants et une gratte terrée dans l’ombre qui catalysent admirablement la frustration exprimée par le chanteur Et d’un coup, un excellent solo de guitare offre une nouvelle dimension au morceau Or, si on arrive à tenir ces trois minutes de tension avant l’explosion, c’est certes grâce à une instrumentation tout simplement remarquable, mais aussi et surtout grâce à la prestance de Bryan Ferry Il est en effet difficile d’imaginer cet album chanté par un autre homme que lui, tant sa voix apporte un charme considérable aux compositions du groupe Ses intonations sont tellement bien maîtrisées qu’elles deviennent magiques quand elles sont imparfaites

Spotify Wrapped 2022 : “Editions Of You” (62e)

Titres ajoutés à l’Intégrale: “Beauty Queen” ; “In Every Dream A Heartache”

La précipitation et la simplicité du punk rock combinées à un raffinement notable et une curiosité insatiable Puisant dans une multitude d’influences différentes, du R&B avec “Sunday Papers” au ska avec “Fools In Love”, Joe Jackson est parvenu à inclure un nombre considérable de morceaux accrocheurs dans son premier album, Look Sharp!

Dans cet album explosif qui n’offre presque jamais de répit à l’auditoire, la basse et la guitare se voient constamment mises à contribution, nous offrant ainsi des lignes et riffs particulièrement virevoltants et entraînants, en témoignent l’excellent “One More Time” qui ouvre l’album en trombe et les délicieuses piles électriques que sont “Throw It Away” et “Baby Stick Around” Mais ces morceaux mettent aussi en avant les qualités d’interprète de Joe Jackson Toujours affairé, le chanteur nous offre en effet un phrasé et des intonations remarquables, notamment dans le titre “Look Sharp!” qui apparaît comme une véritable démonstration Mais Joe Jackson n’est pas un rappeur De cette élocution parfaite émanent surtout de belles mélodies Ce qui nous frappe peut-être le plus dans ce disque, c’est ainsi la propension qu’a cet artiste à créer des refrains simples mais très entêtants On pense notamment à “One More Time” mais aussi et surtout à “Is She Really Going Out With Him?”, qui combine toutes les grandes forces de cet artiste anglais en alliant habilement efficacité et raffinement Si toutes les plages de Look Sharp! contiennent des motifs et des passages très prenants, les cinq dernières s’avèrent toutefois lassantes, bien qu’elles n’échappent pas à la règle

Spotify Wrapped : “One More Time” (65e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Look Sharp!” ; “Fools In Love” Titres déjà dans l’Intégrale : “Is She Really Going Out With Him?”

40.
(© Bryan Ferry / Karl Stoecker / Anthony Price / Warner Records Inc ) (© Brian Griffin / A&M Records)

38.

George Harrison All Things Must Pass 1970

37. Lynyrd Skynyrd Pronounced'

Lĕh-'Nérd 'Skin-'Nérd

1973

A propos de ce disque, John Harris de Mojo a déclaré en 2001 qu’il s’agissait du “meilleur album solo sorti par un ex-Beatles ” et d’un projet “exhibant en même temps la joie démesurée de l’émancipation créative ainsi que la sensation d’un homme qui donne tout ce qu’il a” En effet, alors que les “quatre garçons dans le vent” venaient de se séparer, George Harrison n’a pas perdu une seconde pour mettre à profit la liberté créative dont il pouvait désormais jouir Particulièrement inspiré et complet, All Things Must Pass apparaît ainsi comme un prodigieux album se plaçant dans la lignée des Beatles tout en se frayant un chemin inédit S’il était déjà très bien accompagné quand il travaillait aux côtés du tandem Lennon/McCartney, Harrison est quand même parvenu à s’entourer d’autres grands artistes tout en demeurant le maître d’équipage Il s’est ainsi associé au producteur Phil Spector pour incorporer le Wall of Sound dans ses propres compositions En parallèle, il a fait appel au doigté de son ami Eric Clapton dont les solos subliment “I’d Had You Anytime” et “Wah-Wah” On peut en outre citer la participation de Bob Dylan dans l’écriture de la plage n°1 Certes, l’ambiance diffère quelque peu d’un titre à l’autre Le disque oscille en effet entre de belles et mélancoliques ballades folk de la trempe de “I’d Have You Anytime” ou de “If Not For You”, de poignantes oeuvres progressives telles que l’angélique “My Sweet Lord” et “Isn’t It a Pity”, ou encore de titres énergiques à l’image du cathartique “Wah-Wah” et de l’iconique “What Is Life” Toutefois, certains éléments reviennent souvent, à l’image des progressions d’accords imparables, du monumental orchestre ou de la slide-guitar

Titres ajoutés à l’Intégrale : “I’d Have You Anytime” ; “Wah-Wah”

Titres déjà dans l’Intégrale : “What is Life”

Dans un même bar sudiste : deux salles, deux ambiances Avec son premier album, Pronounced’ Lĕh-’Nérd ‘Skin-’Nérd, Lynyrd Skynyrd a réussi, avec efficience, à lier hédonisme convivial et tourments existentiels tout en gardant le southern rock comme fil conducteur D’un côté, on retrouve ainsi une musique de club très chaude et hospitalière, marquée par des incursions qui rappellent le vieux blues, de gros riffs bien efficaces, des cordes assez lourdes ainsi qu’une rythmique bien appuyée et entraînante, comme en témoignent “I Ain’t The One”, titre dans lequel on est frappé par les surprenantes intonations de Ronnie Van Zant, le tube “Gimme Three Steps” et son fameux riff, ou encore “Poison Whiskey” et son bon refrain Mais si ces titres-là suivent toujours un rythme soutenu et sont loin de s’éterniser (3 - 4 minutes), ils contrastent avec les trois belles et longues ballades qui propulsent l’album dans une autre dimension : “Tuesday’s Gone”, “Simple Man” et “Free Bird” Tous trois très touchants, ces titres nous offrent de superbes prouesses : on pense au motif joué au mellotron dans “Tuesday’s Gone”, aux arpèges de “Simple Man” ou à la belle boucle jouée à la guitare électrique dans les premières minutes de “Free Bird” Mais ces morceaux nous proposent également, et c’est peut-être là le plus important, des solos instrumentaux tout simplement majestueux Si les envolées de “Tuesday’s Gone” et de “Simple Man” sont déjà très fortes, que dire de l’haletant et envirant solo de “Free Bird”, course folle longue de quatre minutes, tellement bien amenée mais aussi tellement bien suivie L’un des plus grands solos de l’histoire, à coup sûr !

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Tuesday’s Gone” ; “Simple Man”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Free Bird”

(© Barry Feinstein / Apple Records) (© Thomas Hill / Michael Diehl / MCA Records)

The Byrds Fifth Dimension 1966

35. Blood, Sweat & Tears Blood, Sweat & Tears 1969

En février 1966, le songwriter attitré des Byrds, Gene Clark, quitte le groupe pour se lancer en solo Pour autant, ce départ est loin d’être désastreux pour la bande qui continue alors de faire ce qu’elle sait faire de mieux Sorti en juillet 1966, Fifth Dimension est ainsi marqué par une légèreté, une douceur et une finesse remarquables que l’on doit en grande partie au mariage idyllique entre le chant calme, profond de David Crosby et sa propre guitare rythmique, de laquelle sortent de simples mais élégantes progressions d’accords On est ainsi frappé par le petit rythme et la mélodie fondante de “Mr Spaceman” et de “Why”, par la touchante mélancolie de “What’s Happening”, ou encore par la qualité du chant de Crosby dans “Hey Joe” Mais ce qui nous happe le plus dans cet opus, ce ne sont pas ses savoureuses lignes mélodiques interprétées à la perfection, mais plutôt son atmosphère expérimentale et psychédélique Gene Clark est loin d’être étranger à cela, lui qui a eu le temps de jouer un rôle notable dans l’écriture de “Eight Miles High” et de “Why” avant de quitter le groupe Toutefois, ces deux titres sont loin d’être les seuls à être contaminés par cette ambiance rêveuse Ce n’est pas pour rien que le disque est intitulé “Fifth Dimension” Afin de créer cette atmosphère, on va notamment compter sur le jeu de Jim McGuinn, qui nous offre, avec sa guitare à douze cordes Rickenbacker, des sonorités raga-rock mêlées à des envolées et une virtuosité qui rappellent bien le jeu de John Coltrane au saxophone Si cette recette fonctionne très bien sur “Mr Spaceman” ou “What’s Happening”, c’est bien sûr le morceau “Eight Miles High” qui lui donne ses lettres de noblesse avec son riff délicieusement décousu

Spotify Wrapped 2022 : “Mr Spaceman” (51e) ; “Why” (98e) Titre ajouté à l’Intégrale : “What’s Happening?”

Avec Blood, Sweat & Tears, le jazz et le rock se tiennent la main pour créer un son très libre, explosif et expressif En 1968 et 1969, ce mariage a engendré deux opus vraiment communicatifs et prenants : Child Is Father to the Man puis Blood, Sweat & Tears Ici, c’est le second album qui va nous intéresser Entretenant dans ce disque un groove quasiment constant, la formation new-yorkaise se présente comme un véritable orchestre dont les différents instruments, aussi nombreux soient-ils, offrent chacun des instants de haute-voltige On pense notamment à la flûte protagoniste dans le tendre “Sometimes in Winter”, la basse qui rend le génial “More and More” d’autant plus attrayant, l’harmonica qui se révèle à la fois funeste et enjoué dans “And When I DIe”, ou encore le clavier qui se permet un solo très entraînant dans ce même morceau Si la liste ne peut être exhaustive, il convient tout de même de mentionner les trompettes, enivrantes dans “More and More” et brillantes dans “You’ve Made Me So Very Happy” Mêlés aux percussions, ces instruments créent un bon rythme qui se révèle imparable quand il est suspendu, en attestent “And When I Die” et “Spinning Wheel” Mais aussi grand et bon soit cet orchestre, on ne peut nier l’importance cruciale du timbre des interprètes En tout cas, la voix grave et chaleureuse de David Clayton-Thomas fait plus que l’affaire dans les morceaux enjoués, et celle, plus calme et douce, de Steve Katz fonctionne très bien sur “Sometimes In Winter” Et quand personne ne chante, on a le droit à de véritables jams dans lesquelles les instruments s’embrassent les uns les autres

Spotify Wrapped 2022 : “More and More” (56e) ; “And When I Die” (84e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Sometimes in Winter”

36.
Steve Horn / Norm Griner / Columbia Records) (© Timothy Quay / Bob Cato / Columbia Records)

R.E.M. Automatic for the People 1992

33. Prince Prince 1979

Selon Bono, il s’agit du “meilleur album de country jamais fait” Avec ses cordes qui sentent bon la poussière et les virevoltants de l’Ouest états-unien, et la voix de Michael Stipe qui se révèle désenchantée mais sage, tranquillement tiraillée par de profonds doutes existentiels, Automatic for the People apparaît comme un magnifique disque aux tonalités tristes, sombres et touchantes Pour faire simple, l’album donne à entendre un orchestre qui accompagne un chanteur torturé flânant dans le désert Ce disque est donc garni de chaudes mais mélancoliques ballades illustrant très bien les méditations contemplatives et universelles des membres de R.E.M “Drive”, le morceau d’ouverture, se présente ainsi comme un road-trip fataliste et poussiéreux doté de beaux arpèges Quarante minutes plus tard, l’ultime plage de l’album, “Find The River”, nous marque également par sa très belle guitare, mais aussi par l’usage parfait du mélodica et les intonations touchantes du chanteur Entre ces deux extrémités, on a le droit à l’un des plus grands tubes du groupe, le cultissime “Everybody Hurts” Pourvu d’un chant plus aigu, plus expressif, ce titre apparaît comme une douce ballade mortuaire atteignant progressivement la catharsis Mais si la mélancolie ne se détache jamais vraiment de cet album, Automatic for the People contient tout de même des titres pourvus d’un bel entrain morbide, tels “The Sidewinder Sleeps Tonite” et “Man On The Moon”, deux morceaux peu gais mais dotés d’un refrain particulièrement prenant et accrocheur

Titres ajoutés à l’Intégrale : “The Sidewinder Sleeps Tonite” ; “Find The River”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Everybody Hurts" ; “Man On The Moon”

Quand l’opus est sorti, quelques critiques, Robert Christgau en tête, l’ont bien senti : ce jeune artiste de 21 ans, tout droit sorti de Minneapolis, sera l’une des grandes stars des années 1980 Avec ce sens remarquable du groove, cette irrésistible sensualité candide, cette précocité et cette polyvalence extraordinaires (car il faut savoir que l’artiste, qui joue tous les instruments par lui-même, ne se cantonne absolument pas au statut de chanteur de funk), il ne peut en être autrement Si Prince, qui est déjà son album sophomore, s’avère être par endroits hésitant et perfectible, avec une sensualité forcée qui rend les ballades “When We’re Dancing Close and Slow” et “With You” quelque peu insipides, il reste que ce disque est une véritable réussite Si les deux morceaux que l’on vient de citer sont oubliables, on ne peut pas en dire autant pour les deux autres ballades que l’on retrouve dans l’album “Still Waiting” marche ainsi très bien avec ses doux claviers exotiques, et “It’s Gonna Be Lonely” nous marque avec son refrain au motif imparable Mais là où Prince nous frappe le plus, c’est avec les titres enlevés Maniant avec brio la gratte, la basse et les claviers, l’artiste nous offre bien sûr des titres au groove exquis, à l’image du tube “I Wanna Be Your Lover”, de l’excellent “Why You Wanna Treat Me so Bad?” ou encore, dans une moindre mesure, de “I Feel For You” Mais si Prince est devenu le “Prince of Pop” dans les années 1980, il s’est aussi illustré en tant que rockstar Le flamboyant “Bambi”, un titre aux couleurs hard rock et au superbe riff, est là pour le présager

Spotify Wrapped 2022 : “Why You Wanna Treat Me so Bad?” (92e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Bambi” ; “It’s Gonna Be Lonely”

Titres déjà dans l’Intégrale : “I Wanna Be Your Lover”

34.
(© Michael Stipe / Warner Bros Inc ) (© Jurgen Reisch / Warner Records Inc )

New Radicals

Maybe You’ve Been Brainwashed Too 1998

31.

The Smiths The Queen Is Dead 1986

Comme un vent d’air frais qui emplit le cœur d’une douce félicité Avec le seul album qu’ils ont publié, Maybe You’ve Been Brainwashed Too, les New Radicals nous ont offert l’une des productions les plus séduisantes et apaisantes des années 1990 Grâce à la voix colorée et chaleureuse de Gregg Alexander, à ce piano et ces guitares plongés dans une béatitude stupéfiante, on se retrouve la tête dans les nuages, comme transportés sur la colline verdoyante de Windows XP… Il suffit de quelques notes de piano et d’un tranquille riff de guitare, dès les premières secondes de la première plage de l’opus, “Mother, We Just Can’t Get Enough”, pour atteindre une ataraxie qui se transforme au fil des minutes en une véritable euphorie habilement entretenue dans le titre suivant, “You Get What You Give”, qui apparaît pour sa part comme un remonte-moral particulièrement efficace Un peu plus loin dans l’album, on se voit également marqué par le doux “Someday We’ll Know” et le génial “Maybe You’ve Been Brainwashed Too”, dont le riff qui semble mal accordé offre un rendu tout-à-fait séduisant On peut en outre faire une mention spéciale aux titres “I Don’t Wanna Die Anymore” et “In Need Of A Miracle” qui entretiennent vraiment bien cette douce ambiance, avec leur refrain à la fois doux et enlevé En ce qui concerne les morceaux qui n’ont pas été cités, et qui forment quand même l’autre moitié de l’album, le rendu est assez peu marquant, mais toujours doux et plaisant Après tout, ils font durer le plaisir

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Mother We Just Can’t Get Enough” ; “Someday We’ll Know” ; “Maybe You’ve Been Brainwashed Too Titres déjà dans l’Intégrale : “You Get What You Give” (7e du Spotify Wrapped 2019)

The Smiths, le groupe qui fait valser les cœurs brisés Avec un son post-punk distingué et mélancolique, The Queen is Dead se présente de bout en bout comme un disque très solide, à la fois touchant et entraînant Il faut dire qu’il ne s’agit pas du genre d’album qu’on écoute à la plage Porté par des sonorités cafardeuses et les intonations geignardes de Morrissey, The Queen Is Dead apparaît en fait comme un disque sentant l’automne à plein nez, avec des titres qu’il convient d’écouter un soir pluvieux de novembre, à l’image de ce funeste slow qu’est “I Know It’s Over” ou de cet excellent morceau qu’est “There Is A Light That Never Goes Out” Mais attention, on ne se trouve pas du tout face à un album amorphe : le spleen devient très séduisant grâce au rythme et à la musicalité du groupe Si elles catalysent très bien cette mélancolie, la guitare de Johnny Marr, toujours fluide et entraînante, et la basse d’Andy Rourke, toujours simple et mélodique, nous marquent par leur propension à former ensemble des airs prenants et imparables Leur connexion s’avère notamment très réussie dans “Frankly, Mr Shankly” et “Bigmouth Strikes Again” En outre, il apparaît important d’évoquer la rageuse et fataliste batterie de Mike Joyce, les rares mais décisives incursions des synthétiseurs, parfaits dans “There Is A Light That Never Goes Out”, ainsi que tous ces effets qui renforcent l’ambiance sombre de l’album et offrent par endroits de véritables coups de génie On pense notamment au petit chœur qui rend le refrain de “Bigmouth Strikes Again” d’autant plus accrocheur

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Frankly, Mr Shankly” ; “The Boy With the Thorn In His Side”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Bigmouth Strikes Again” ; “There Is A Light That Never Goes Out”

32.
(© Jill Greenberg / MCA Records) (© Morrissey / Rough Trade Records)

Faces

A Nod Is As Good As a Wink to a Blind Horse 1971

29. Jethro Tull Aqualung 1971

Si ces hommes formaient déjà sur le papier un beau Cinq majeur, c’est une véritable Dream Team qu’ils ont constituée lorsqu’ils ont enregistré leur chef-d'œuvre A Nod Is As Good As a Wink to a Blind Horse Formation vraiment redoutable lorsqu’il s’agit de pratiquer un jeu offensif, les Faces proposent principalement dans cet album un boogie rock très libre, puissant, expressif et enivrant Dans la veine du superbe “(I Know) I’m Losing You” (1971), publié sur l’album Every Picture Tells A Story de Rod Stewart six mois avant la sortie de cet opus, certains titres de l’album se présentent ainsi comme de véritables poster dunks assénés en pleine face, à l’image de “Stay With Me”, un merveilleux cri de détresse clamé par un Rod Stewart au sommet de sa forme et sublimé par de grasses grattes qui partent dans tous les sens, un batteur tout simplement fou et un wurlitzer magistral Mais on pourrait tout aussi bien mentionner ces très bons morceaux que sont les moins connus “Miss Judy’s Farm” et “That’s All You Need” Toutefois, les Faces ne forment pas seulement une équipe agressive et spectaculaire Il s’agit également d’un groupe très complet Ainsi, A Nod Is As Good As a Wink to a Blind Horse comporte deux plages particulièrement douces contrastant avec l’énergie folle du reste de l’album : “Love Lives Here” et “Debris”. Si le premier morceau nous marque par une superbe combinaison entre la guitare et le piano ainsi que par le chant ici très vulnérable de Rod Stewart, le second se présente comme une magnifique ballade qu’il convient d’écouter lorsque le soleil s’efface, avec ces belles guitares tranquilles et la douce voix de Ronnie Lane

Spotify Wrapped 2022 : “Stay With Me” (34e)

Titres déjà dans l’Intégrale : “Loves Lives Here” ; “Debris”

Entre le jour et la nuit, entre le bien et le mal, Jethro Tull nous propose avec Aqualung un disque tiraillé entre la ballade folk-rock champêtre, exhibant le chant angélique de Ian Anderson accompagné de doux arpèges, et le déchaînement hard-rock, qui libère une bête menaçante Mais on assiste en fait à une véritable communion entre Dr Jekyll et Mr Hyde, ce qui permet de former un superbe album qui fait honneur au rock progressif Certains morceaux ne nous font voir qu’une seule de ces deux personnalités On retrouve ainsi des morceaux courts, doux et sereins, tels que “Cheap Day Return” et “Slipstream”, deux titres qui donnent envie de gambader avec l’être aimé dans la forêt de Sherwood Mais on retrouve également de menaçants bijoux de hard-rock à l’image de “My God”, “Hymn 43” ou encore de l’exceptionnel “Locomotive Breath”, un titre pourvu d’un merveilleux solo de flûte Dans une logique progressive toutefois, le groupe s’amuse à connecter ces antagonistes par des transitions géniales La 1ère plage, “Aqualung”, offre dans un premier temps une ambiance pesante, avec un riff bien lourd et un chanteur qui semble peu recommandable, avant de laisser place à une douce et mélancolique ballade qui monte en tension afin d’offrir une musique de plus en plus entraînante, avec une batterie tout simplement exceptionnelle, et de dérouler le tapis pour l’un des plus grands solos de guitare de l’histoire, un solo pourvu d’une force, d’une beauté et d’une fièvre extraordinaires Pour conclure ce morceau-fleuve, le riff fait ensuite son retour, comme pour signer la victoire de Mr Hyde Dans la foulée, “Cross-Eyed Mary” offre aussi une superbe montée en puissance, en partant d’une envoûtante flûte pour finir sur un riff bien lourd et tendu

Titre ajouté à l’Intégrale : “Aqualung” ; “Locomotive Breath”

30.
(© Tom Wright / Ron Wood / Warner Records Inc ) Ian McLagan, Kenney Jones, Rod Stewart, Ronnie Lane et Ronnie Wood (© Burton Silverman / Reprise / Chrysalis Records / Island Records)

Aretha Franklin Lady Soul 1968

27. Billy Paul 360 Degrees Of Billy Paul 1972

Prenez l’un des plus grands producteurs de l’histoire (Jerry Wexler), des musiciens qui n’ont plus rien à prouver (Bobby Womack, Eric Clapton, King Curtis) et l’un des plus beaux timbres de l’histoire (Aretha Franklin) Maintenant, mariez le cocktail à divers registres liés à la soul Voilà, vous n’avez plus qu’à savourer l’un des plus grands disques de l’histoire de ce genre : Lady Soul Avec cet album, la Queen of Soul et les musiciens à son service parviennent facilement à nous faire swinguer grâce à des morceaux au groove prononcé, à l’image de “Chain of Fools” aux enivrantes lignes de basse ou de “Money Won’t Change You” aux trompettes exceptionnelles Mais dans ce registre, c’est surtout avec la 6e plage, “(Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone”, que l’on prend une claque Si les cordes et les trompettes y sont simplement magistrales, il nous est impossible de passer à côté de la communion parfaite entre Aretha Franklin et ses chœurs Mais en bon artiste de soul, Aretha Franklin est également là pour nous fendre le cœur et nous rendre vulnérables On ne peut ainsi qu’être frappé par le superbe piano et la belle montée en puissance qui mènent au poignant refrain de “(You Make Me Feel Like) A Natural Woman” Encore plus touchant, “Ain’t No Way” referme l’opus de la plus belle des manières avec son piano mélancolique, ses doux cuivres et ses chœurs angéliques Certes, on n’a pas mentionné la prestation d’Aretha Franklin sur ces deux morceaux Mais dire qu’elle est fabuleuse dessus, c’est un peu enfoncer une porte ouverte, tant ses intonations se révèlent poignantes et renversantes tout au long de l’album

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Chains of Fools” ; “(You Make Me Feel Like) A Natural Woman” ; “(Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone” ; “Ain’t No Way”

Une ambiance feutrée, une voix chaleureuse, une production bien huilée Un tout empreint d’une douce mélancolie mais également pourvu d’envolées cathartiques jouissives S’ils s’étaient déjà fait un nom depuis quelques années, les producteurs Kenny Gamble et Leon Huff ont soigné leur CV en 1972 avec 360 Degrees Of Billy Paul, un disque mettant en exergue leurs qualités de composition et d’innovation Ce qui marque sans-doute le plus dans cet excellent album de soul, c’est la façon dont les deux hommes parviennent à créer une ambiance à la fois chaleureuse et langoureuse Entremêlant habilement les violons, les cuivres et le piano, Gamble & Huff ont trouvé un timbre plus qu’adéquat pour intensifier la tension formée par cet orchestre : Billy Paul Sa voix chaude, suave mais fragile permet ainsi de rendre d’autant plus touchantes les compositions du duo De ce mariage naissent de beaux enregistrements, à l’image de “Brown Baby” et “I’m Just a Prisoner”, mais aussi et surtout un véritable chef-d’oeuvre : “Me and Mrs Jones”

Toutefois, ces instruments et ces intonations ne sont pas seulement mis au service du pathos Gamble & Huff vont aussi s’en servir pour créer des chansons plus cathartiques et entraînantes, à l’image de “Am I Black Enough For You?”, à la trompette géniale, et de “Your Song” qui apparaît comme un long moment d’exaltation faisant aussi bien honneur à Elton John qu’à la Philadelphia Sound Mais si cette reprise de Rocketman est réussie, les deux autres reprises de l’album n’apportent pas grand-chose Voilà l’une des rares failles de ce superbe disque

Spotify Wrapped 2022 : “Am I Black Enough For Ya ?” (66e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Brown Baby”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Your Song” (12e du Spotify Wrapped 2019) ; “Me and Mrs Jones”

28.
(© Vincent Nanfra / Atlantic Recording Corporation) (© Ed Lee / Don Hunstein / Philadelphia International Records)

Arcade Fire Reflektor 2013

25.

Franz Ferdinand Franz Ferdinand 2004

Chef-d'œuvre prodigieusement produit par

Murphy, Reflektor apparaît comme une grande expérience musicale Si la majorité des titres de l’album se révèlent intéressants, tous contribuent à créer et catalyser une ambiance sombre et grandiose prenant la forme d’un space opera tiraillé entre deux univers opposés, celui de la vie et celui de la mort Le son de Reflektor garde un cachet propre aux précédents albums d’Arcade Fire On retrouve notamment une noirceur semblable à celle proposée dans Funeral (2004) et de bons riffs avenants à l’image de ceux que l’on trouve dans The Suburbs (2010) Toutefois, les sonorités sont ici bien plus électroniques, et les compositions beaucoup plus longues et progressives On peut aussi noter le fait que l’obscurité est poussée à un niveau considérable en comparaison avec les disques différents du groupe canadien Mais plus que l’obscurité, c’est surtout la tension contenue dans les différents morceaux qui nous marque La majorité des plages du projet, en proie à une tempête apocalyptique, nous apparaissent comme de véritables œuvres épiques On va par exemple trouver des morceaux ayant trait à des mythes, à l’image de “Joan Of Arc”, dont la batterie et la basse nous frappent comme des pas de géants, ou de “It’s Never Over (Hey Orpheus)” qui comporte également une bonne grosse basse Pour leur part, “Reflektor”, “We Exist” et le déchirant “Afterlife”, trois morceaux particulièrement bien écrits, catalysent une tension plus introspective mais pas moins explosive Mentionnons enfin “Normal Person”, un morceau bouillant au riff imparable

Spotify Wrapped 2022 : “It’s Never Over (Hey Orpheus)” (77e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Normal Person”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Afterlife”

Après avoir écouté ce disque, comment désirer autre chose que des places pour un concert de Franz Ferdinand Avec son premier album, Franz Ferdinand, le groupe écossais est parvenu à créer une œuvre post-punk accrocheuse, festive et dansante Si le son proposé par la formation s’avère brut et crade, avec ces grattes saturées et les effets posés sur la voix du chanteur, on retrouve tout de même une certaine propreté dans la production et des qualités de composition notables, avec d’excellentes mélodies disséminées dans la majorité des titres de l’album Ce qui est particulièrement admirable dans cet album, c’est en effet la propension des membres de Franz Ferdinand à créer des petits motifs très bien huilés et percutants On est surtout marqué par ces nombreux riffs saccadés, d’une efficacité remarquable, qui offrent une couleur unique à cet opus Grâce à eux, certains titres de l’album deviennent iconiques, à l’image du légendaire “Take Me Out”, du très bien écrit “The Dark Of The Matinée” et des explosifs “This Fire” et “Michael” Dans ces quatre plages, le rythme et le riff étourdissant nous mettent tout simplement en transe Mais naturellement, les morceaux ne sont pas seulement portés par ces boucles enivrantes Ces dernières sont en effet bien aidées par un chant mélodique et impliqué et par un phrasé parfois très prenant qui nous offrent des refrains toujours accrocheurs

S’il frôle par moments la redondance, Franz Ferdinand se présente en définitive comme un excellent disque ne comportant quasiment que des morceaux entraînants et enthousiasmants

Titres ajoutés à l’Intégrale : “The Dark Of The Matinée” ; “This Fire” ; “Michael”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Take Me Out”

26.
(© Caroline Robert / Sonovox Records / Merge Records) James (© Vivian Lewis / Domino Records)

XTC Black Sea 1980

A cheval entre avant-pop et punk rock, les hommes de XTC nous éberluent, d’opus en opus, par leur déconcertante facilité à remplir chacun de leurs disques d’une myriade de mélodies et de refrains savoureux 4e album du groupe, Black Sea ne déroge pas à la règle, loin de là Avec ses sonorités variées, innovantes et brillantes, mettant en valeur des lyrics qui puent le cynisme à plein nez, cet opus apparaît sans-doute comme le meilleur projet jamais sorti par le groupe originaire de Swindon Ce qui est vraiment remarquable dans cet album, c’est la qualité de ses mélodies Ne cherchant pas à être seulement accrocheuses, ces dernières s’avèrent être particulièrement bien construites et étonnantes, avec un sens du rythme saisissant, en attestent “Respectable Street” et l’excellent “Burning With Optimism’s Flames”, et avec une connexion remarquable avec des couplets et des ponts qui proposent eux-mêmes des idées fort intéressantes Indépendamment des couplets et du refrain qui fonctionnent vraiment bien, “General And Majors” contient par exemple un génial riff de guitare que l’on n’entend qu’au début et à la fin du titre Il faut dire que dans Black Sea, les riffs accrocheurs ne manquent pas à l’appel, comme le rappellent bien “Living Through Another Cuba” et “Love At First Sight” Parmi les motifs marquants, on pourrait enfin citer, tout en évitant l’exhaustivité, le chant de “Non Language In Our Lungs” et de “Sgt Rock (Is Going to Help Me)” ou encore le superbe harmonica de “Smokeless Zone”

Spotify Wrapped 2022 : “Burning With Optimism’s Flames” (57e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Respectable Street” ; “Living Through Another Cuba”

Titre déjà dans l’Intégrale : “General And Majors”

23. TOTO Toto IV 1982

Comme si leur vie en dépendait, les membres de TOTO ont créé avec Toto IV l’une des œuvres les plus magistrales, les plus touchantes et les plus marquantes des années 1980 : un opus mythique aux titres épiques et grandioses que l’on ne demande qu’à écouter en live Mais en lançant l’album, on ne peut en douter : le groupe savait pertinemment qu’il était en train d’accomplir quelque chose de grand, de très grand En effet, la quasi-intégralité des morceaux du disque sont joués de manière homérique Les guitares nous offrent donc des riffs et des solos emplis d’émotions, en témoigne le dramatique et fataliste solo de “I Won’t Hold You Back” En outre, le jeu à la batterie de Jeff Porcaro se révèle très frappant et plaisant, comme l’atteste “Rosanna”, morceau que le batteur ouvre vraiment bien Et en ce qui concerne les interprètes, Bobby Kimball et Steve Lukather nous marquent par leur implication, nous faisant danser sur “Rosanna” et pleurer sur “I Won’t Hold You Back” Mais ce qui est surtout remarquable, c’est cette magnifique communion entre claviers appuyés et cuivres survoltés qui donne une grandeur à “Make Believe” et “Good for You” Toutefois, il est important de noter que Toto IV est bien loin d’être une claque auditive continue S’il est agréable du début à la fin, l’opus est en fait assez inégal, et contient un creux notable en son centre En effet, si les quatre premiers morceaux de l’album sont tout simplement grandioses, les quatre titres suivants, qui se révèlent assez peu marquants, ne parviennent pas à pérenniser l’ambiance épique créée par ce quarté magique TOTO sortira quand même par la grande porte avec le beau yacht-rock de “Waiting for Your Love” et ce tube, que dire, ce superbe hymne qu’est “Africa”

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Make Believe” ; “I Won’t Hold You Back” ; “Good for You”

24.
(© Ralph Hall / Virgin Records) (© Joe Spencer / Columbia Records)

The Jimi Hendrix Experience Electric Ladyland 1968

21. Devo

Q: Are We Not Men ? A: We Are Devo! 1978

Cet album est considéré comme l’un des meilleurs de tous les temps, et comment pourrait-il en être autrement ? Avec des sonorités psychédéliques bien acides mêlant le blues à l’expérimentation, The Jimi Hendrix Experience nous offre 75 minutes de groove intense avec ce merveilleux trip qu’est Electric Ladyland Bien évidemment, cet opus est garni de riffs scotchants, de solos haletants et de longs instrumentaux enivrants Pour ce qui est des riffs, on est notamment frappé par ceux de “Gypsy Eyes” et de l’iconique “Voodoo Child (Slight Return)” Pour ce qui est des solos, comment passer à côté de celui d’“All Along the Watchtower” Et enfin, pour ce qui est des longs instrumentaux, les morceaux “Voodoo Chile” et “1983 (A Merman I Should Turn to Be)” ont beau durer une demi-heure à eux deux, ces 30 minutes passent comme du petit lait tant ces titres sont enivrants et bien construits En témoignent ces deux morceaux, la guitare est bien loin d’être le seul instrument s’illustrant dans l’album Il faut dire que la bonne basse de Noel Redding et la batterie toujours juste de Mitch Mitchell contribuent grandement à créer le groove acide inhérent au disque On peut en outre évoquer les géniaux motifs que le groupe est parvenu à créer à l’aide d’instruments peu communs, à l’image du kazoo imparable de “Crosstown Traffic” et du superbe clavecin psychédélique de “Burning of the Midnight Lamp”. En outre, il est important de mentionner le fait que Hendrix n’est pas seulement un guitariste hors-pair mais aussi un vocaliste génial dégageant une prestance iconique et offrant des intonations remarquables tout au long de l’opus

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Burning of the Midnight Lamp” ; “1983 (A Merman I Should Turn to Be”

Titres déjà dans l’Intégrale : “All Along the Watchtower”

Si elle a décimé des bataillons entiers d’artistes, la folie est aussi ce qui a permis à nombre de créateurs d’atteindre la virtuosité Ce fait semble bien s’appliquer en musique sur un groupe en particulier : Devo Déglingués et déjantés au possible, ces hommes vêtus de costumes de protection chimique n’en sont pas moins irrésistibles, en atteste leur premier album : Q: Are We Not Men? A: We Are Devo!

Il faut dire que l’on ne peut qu’être contaminés par l’énergie et la démence du groupe, traduites par les intonations et le phrasé ahurissants de Mark Mothersbaugh mais aussi par des sonorités new-wave/punk-rock qui frisent le kitsch tout en se révélant particulièrement entraînantes Avec les deux premiers titres de l’album, “Uncontrollable Urge” et “(I Can’t Get No) Satisfaction”, la mayonnaise prend immédiatement grâce aux folles intonations, au phrasé parfaitement calibré du chanteur, mais aussi grâce au rythme effréné créé par ces guitares aux petits riffs bien accrocheurs, cette basse au groove saisissant, et cette petite batterie très efficace Légèrement en dents de scie, la suite de l’album demeure toutefois très intéressante, avec une bonne pelletée de riffs et de mélodies frappants Si quelques morceaux mettent vraiment en exergue la folie de Devo à l’aide d’une musique assez minimaliste, aux allures punk, qui offre une place centrale aux intonations de Mark Mothersbaugh, comme en atteste l’iconique “Jocko Homo”, d’autres se présentent comme de véritables oeuvres new-wave très sophistiquées, à l’image de “Mongoloid” aux superbes synthétiseurs ou de “Gut Feeling” dont la progression d’accords jouée à la guitare et la longue montée en puissance s’avèrent être tout simplement délicieuses

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Uncontrollable Urge” ; “Mongoloid” ; “Gut Feeling ”

22.
(© Karl Ferris / Linda Eastman / David Sygall / Reprise Records) (© John Cabalka / Erik Munsön / Devo Inc /Warner Records Inc )

War Why Can’t We Be Friends ? 1975

19. Rod Stewart Atlantic Crossing 1975

S’il existe une myriade d’albums qu’il convient d’écouter en été, une poignée s'imposent comme des indispensables lorsque le mercure s’élève et que le soleil perdure, tant ils illustrent bien l’accablement que l’on ressent sous le joug de la canicule Dans ce lot, on retrouve Why Can’t We Be Friends de War, un probant exemple de latin rock, avec son rythme et ses percussions exotiques, ses chaudes cordes et l’ambiance vraiment conviviale qui émane des chants et des chœurs Plus qu’avenants, les membres de War semblent même cools C’est en tout cas l’impression que nous donne le festif “Low Rider”, avec ses cuivres efficaces et le phrasé atypique de Marcus Miller, mais que nous donne aussi le chaleureux “Why Can’t We Be Friends”, avec sa superbe batterie et cette bonne humeur qui jaillit de partout Mais à côté, une place notable est également laissée à la douceur et à la vulnérabilité Le disque est en effet garni de trois ballades particulièrement touchantes, comme le doux et langoureux “Lotus Blossom”, qui doit faire son effet lors d’un coucher de soleil, mais aussi les mélancoliques et déchirantes odes amoureuses que sont le tendre “Don’t Let No One Get You Down” et le triste “So” Vraiment bien construit et agréable, “Leroy’s Latin Lament : Lonnie Dreams/The Way We Feel/La Fiesta/Lament” alterne entre ces deux ambiances citées S’ouvrant avec une ballade bien accompagnée au piano, le titre se transforme au milieu en une fête aux accents très latins, et se termine en un merveilleux et mélancolique solo instrumental

Spotify Wrapped 2022 : “Don’t Let No One Get You Down” (44e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “So”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Why Can’t We Be Friends”

Avec Atlantic Crossing, Rod Stewart a trouvé un équilibre remarquable Apparaissant comme un colosse de “Rod” sur la pochette de l’album, le “Mod” est en effet parvenu à garder un bon pied dans le roots rock tout en en plantant un autre du côté des ballades langoureuses Le musicien se montrant bien ambidextre et solide, les titres se révèlent épatants d’un côté comme de l’autre A notre plus grand plaisir, on retrouve un peu du Rod Stewart des Faces et de Every Picture Tells a Story L’album voit ainsi l’artiste créer un groove décapant et une véritable extase dans près de la moitié des morceaux de l’album par l’intermédiaire de sa voix unique et de son chant survolté mais aussi grâce à un accompagnement musical de haute voltige Les grattes nous offrent ainsi des riffs et des lignes qui puent le bon vieux rock’n’roll, comme en témoigne “All in the Name of Rock’n’roll” A côté, la batterie se révèle bien concernée et calibrée alors que la basse s’illustre en créant un merveilleux groove qui nous scotche littéralement dans “Alright for an Hour” On est en outre frappé par des refrains chantés bien rythmés, comme en attestent bien le choeur satisfaisant de “Three Time Loser”, l’enivrant chant saccadé d’”Alright for an Hour” ou encore le mariage parfait entre Stewart et la guitare électrique dans “Stone Cold Sober”

Et de l’autre côté, on est face à un Rod Stewart sentimental qui excelle dans l’art de la reprise, sublimant notamment “I Don’t Want to Talk About It” et “Sailing”, deux adaptations dont les arpèges magiques, le chant brisé de l’interprète et les emballages finaux nous font verser une larme

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Alright for an Hour” ; “Drift Away” ; “Stone Cold Sober”

Titres déjà dans l’Intégrale : “I Don’t Want to Talk About It” (71e du Spotify Wrapped 2020)

20.
(© United Artists Records) (© John Kosh / Peter Lloyd / Riva Records / Warner Records Inc )

The Cure Disintegration 1989

Avec son atmosphère cryptique et la mélancolie qui en émane, Disintegration se présente comme une excellente illustration post-punk du spleen baudelairien, en particulier du poème “LXXVIII Spleen” Grand concert gothique que l’on dirait donné à Twin Peaks, ce disque très complet nous offre une ambiance fort rêveuse, psychédélique, surréelle et inquiétante, qu’il convient de savourer lors de pluvieuses soirées automnales, “quand le ciel bas et le lourd pèse comme un couvercle” Si le ton sage, résigné et nonchalant de Robert Smith crée en lui-même un climat particulier, l’ambiance dégagée dans l’album est surtout formée par une basse protagoniste, une batterie fataliste ainsi que par des guitares et des claviers égarés dans les abymes Sans exception, tous les titres de cet album se tiennent la main et gambillent lentement au cœur d’une douce et grandiose danse macabre Toutefois, il peut être intéressant de mettre en exergue les titres qui sortent du lot En pensant à Disintegration, il nous vient d’abord à l’esprit “Lovesong”, dont le superbe ostinato joué au synthétiseur est parfaitement soutenu par la basse et garni de merveilleuses envolées découlant des claviers et des guitares, mais on pense aussi à “Lullaby”, effrayant morceau s’illustrant encore une fois par ses superbes lignes de basse, puis par ses claviers et ses obscurs violons Si l’on poursuit le parallèle avec le poème “LXXVIII Spleen” de Baudelaire, on ne peut que rapprocher ce dernier titre des vers suivants : “Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées / Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux” Moins connus, “Disintegration” et “Homesick” frappent aussi par une belle complicité entre les cordes et les claviers

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Disintegration” ; “Homesick”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Lovesong” ; “Lullaby”

17. Fleetwood Mac Tusk 1979

Après Rumours, les membres de Fleetwood Mac savaient pertinemment qu’ils ne parviendraient jamais à enregistrer un aussi bon album Alors, maintenant qu’ils n’avaient plus rien à prouver, pourquoi ne pas se lâcher et expérimenter un peu sur l’album suivant ? Publié deux ans seulement après leur chef-d'œuvre ultime, Tusk se présente ainsi comme un long (20 plages) mais excellent album d’avant-pop montrant un quintuor qui ose s’aventurer loin des sentiers battus tout en assurant ses arrières Bien sûr, on retrouve toujours dans cet album une musique propre au Fleetwood Mac des deux opus précédents, avec de douces ballades mélancoliques chantées par Christine McVie et Stevie Nicks et tranquillement rythmées par la petite basse de John McVie et la plaisante batterie de Mick Fleetwood Certaines de ces ballades marchent très bien, à l’image de “Sara” au rythme parfait, “Sisters of the Moon” qui ferait son effet sur “Los Santos Rock Radio”, ou encore de “Beautiful Child” au beau refrain Toutefois, la recette se révèle par moments quelque peu caricaturale et assez peu intéressante En effet, s’ils sont loin d’être mauvais, “Angel” et “Never Make Me Cry” n’apportent pas grand-chose Par contre, on trouve également un certain nombre de morceaux audacieux laissant une place centrale à Lindsey Buckingham, et dont les plus frappants sont sans-doute ceux qui se voient pourvus d’une bonne grosse basse bien grasse et d’un rythme effréné, un peu saccadé, à l’image de “The Ledge” au phrasé délicieux, “I Know I’m Not Wrong” à l’harmonica génial, ou encore de “Tusk” dont la montée en tension est très plaisante

Titres ajoutés à l’Intégrale : “The Ledge” ; “Sisters of the Moon” ; “Tusk”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Sara”

18.
(© Parched Art / Fiction Records) (© Vigon Nahas Vigon / Warner Records Inc )

Bad Bunny Un Verano Sin Ti 2022

15. The The Soul Mining 1983

De très loin, Un Verano Sin Ti est l’album de l’été 2022 Porté par le chant nonchalant de Bad Bunny, qui se révèle à la fois agaçant et irrésistible, mais aussi et surtout par une armée de producteurs aussi talentueux qu’imprévisibles, le disque apparaît comme un long (23 titres), riche et plaisant périple perdu au cœur des Caraïbes Certes, l’artiste porto-ricain a cherché à assurer ses arrières avec quelques morceaux mainstream Efficaces, ces tubes reggaeton sont toutefois fades pour une partie En effet, ce n’est pas avec “Me Porto Bonito” et “La Corriente” que l’on prend la claque de notre vie Mais si l’on met de côté cette poignée de titres insipides, le disque est le plus clair de son temps imbibé d’une plénitude caribéenne qui prend diverses formes et qui se voit bien mise en exergue par des productions d’une inventivité et d’une qualité frappantes Sans exagérer, la moitié des instrus de l’album nous mettent une claque Bien sûr, on retrouve une majorité de morceaux doux et prélassants Mais dans ce lot, il existe encore une diversité notable Aux deux extrémités de l’album, on trouve deux titres à l’ostinato spectral et délicieux : “Moscow Mule” et “Callaita” Pile entre ces deux tubes, on est frappé par une multitude de titres au son indie très apaisant, tels “Otro Atardecer” et ”Andrea” Mais on se voit aussi marqué par des morceaux dansants, accrocheurs et intelligents, aux structures inhabituelles, au phrasé remarquable et aux percussions géniales, à l’image de “Tarot”, “Party”, “Enséñame a Bailar” ou d’“El Apagón”

Spotify Wrapped 2022 : “Andrea” (80e) ; “Otro Atardecer” (89e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Moscow Mule” ; “Enséñame a Bailar” ; “Ojitos Lindos”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Callaita”

Opus d’une fluidité exemplaire, dansant et pondéré de bout en bout, Soul Mining apparaît comme un véritable bijou de synth-pop mettant en exergue la capacité déconcertante de Matt Johnson à créer des mélodies bien accrocheuses Il est en effet impossible de citer un seul titre de l’album ne comportant aucun motif ou passage remarquable Même le morceau le moins marquant de l’album, “I’ve Been Waitin’ For Tomorrow (All My Life)”, offre un certain nombre d’éléments intéressants, à l’image de ces synthétiseurs et de cette basse qui se révèlent vraiment attirants Mais une fois que cette première plage est passée, on se jette pieds et mains liés dans une savoureuse escapade nocturne de 35 minutes

La grande force des morceaux de Soul Mining réside sûrement dans la propension de Matt Johnson à créer des émotions et une ambiance particulières à l’aide d’une petite suite de notes Effectivement, quand on parle de mélodies accrocheuses, on ne pense pas à des motifs complexes, mais plutôt à des ostinatos minimalistes Viennent à l’esprit les petites notes de synthétiseur de “The Sinking Feeling”, le fiddle et l’accordéon qui font toute la différence dans “This Is the Day”, le petit violon de “The Twilight Hour” ou encore la guitare de “Soul Mining”

Mais naturellement, le son de The The ne peut se résumer à ces quelques petits motifs Il faut également prendre en compte l’intelligente construction des titres, les nombreux effets bien venus, la présence décisive de la basse, très agréable dans “The Sinking Feeling”, ou encore la place du chant introspectif, inquiet mais tranquille de Matt Johnson

Titres ajoutés à l’Intégrale : “The Sinking Feeling” ; “The Twilight Hour” ; “Soul Mining”

Titres déjà dans l’Intégrale : “This Is the Day”

16.
(© Ugly Primo / Rimas) (© Andrew Johnson / Some Bizzare Records / Epic Records)

Pavement Crooked Rain, Crooked Rain 1994

13. Lou Reed Transformer 1972

Dans les années 1990, l’étiquette “rock alternatif” s’est vue accolée à la majeure partie des grands groupes de rock de l’époque Son sens s’est alors quelque peu atrophié Dès 1993, Jon Pareles note ainsi dans les colonnes du New York Times que le “rock alternatif n’a plus l’air si alternatif que ça” Pour autant, il faut avouer que cette désignation colle parfaitement à certains groupes de l’époque On pense notamment à Pavement, une formation californienne dont les sonorités lo-fi sentent bon les années 1990 tout en demeurant uniques en leur genre, comme en atteste leur album sophomore, Crooked Rain, Crooked Rain Ce qui nous frappe premièrement dans ce disque, c’est le son à la fois crade et affable proposé par le groupe, avec ces guitares bien saturées et cette basse qui s’entremêlent et se superposent habilement pour créer un avenant chaos Celui-ci fonctionne très bien dans les deux premiers titres de l’album : “Silence Kid” et “Elevate Me Later” Mais que serait le son de Pavement sans cette voix indolente et rêveuse, ces intonations et ces mélodies surprenantes et accrocheuses qui émanent de la bouche de son chanteur, et qui offrent à la quasi-intégralité des titres de l’album un cachet saisissant, comme peut le témoigner le génial “Gold Soundz”

Sans les trois derniers titres, qui sont concrètement de trop, Crooked Rain, Crooked Rain serait presque un sans-faute En effet, la grande majorité des morceaux de l’album sont particulièrement entraînants et entrent habilement dans la tête grâce à ces cordes crades portant en elles un panel notable d’émotions et ces superbes intonations proférées par Stephen Malkmus

Spotify Wrapped 2022 : “Gold Soundz” (12e) ; “Silence Kid” (46e) ; “Elevate Me Later” (74e)

Avec cette nonchalance couplée à une maturité et un recul remarquables, on a presque l’impression que sa prestance suffit à créer un bon album Alors, quand les intonations de Lou Reed sont confrontées à une basse, une guitare et un piano tranquilles aux mélodies simples mais efficaces, le rendu est saisissant Pour le dire simplement, ce mélange acoustique est un catalyseur de beauté Justement, l’opus Transformer fonctionne avec cette formule

Si les quatre derniers morceaux de cet album ne sont pas vraiment intéressants, les sept premiers suffisent à faire de Transformer l’un des plus beaux albums des années 1970 La première moitié de l’album est en effet renversante, à tel point que l’on peut légitimement se demander s’il ne s’agit pas d’un best-of Avec la première plage, “Vicious”, l’artiste réinvente avec brio une progression d’accords pourtant vue et revue, à savoir celle de “Louie Louie” (1957) de Richard Berry Dans la foulée, il signe avec “Andy’s Chest” un titre d’une douceur remarquable, à la basse merveilleuse et aux chœurs délicieux Ce morceau, qui se termine en une belle euphorie, laisse place à une ballade bien plus calme, d’une beauté surréelle : “Perfect Day” Si l’on repart sur un rythme plus enlevé et entraînant avec “Hangin’ ‘Round”, la douceur prend à nouveau le pas avec “Walk On the Wild Side”, un titre au phrasé parfait, à la basse merveilleuse, aux violons de velours et aux choeurs prenants Tout en entérinant cette douce ambiance veloutée, les plages 6 et 7, “Make Up” et “Satellite of Love”, se distinguent enfin par leurs sublimes couplets

Spotify Wrapped 2022 : “Andy’s Chest” (53e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Make Up” ; “Satellite of Love”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Walk On the Wild Side” (72e du Spotify Wrapped 2019) ; “Perfect Day”

14.
(© Mick Rock / RCA Records)

Alvvays Blue Rev 2022

Cela faisait cinq ans qu’Alvvays n’avait pas sorti d’album Mais comment leur en vouloir ? Disque à la fois moderne et bien influencé par la musique alternative des années 19801990, Blue Rev nous marque durablement par un charme, une solidité et une fluidité qui n’échappent à aucune de ses quatorze plages Si chacun a sa propre identité, il convient tout de même de reconnaître que la majorité des titres de l’album partagent une structure et des éléments comparables On pense entre autres au chant mélancolique de Molly Rankin qui nous offre constamment de remarquables mélodies, mais aussi à ce fond chaotique formé par des grattes distordues empilées Ensemble, ces deux éléments nous offrent des sonorités shoegaze notables Pour autant, on ne peut pas vraiment présenter Blue Rev comme un album de shoegaze En effet, le disque est également marqué par la présence d’une guitare au son très propre et aux arpèges apaisants ainsi que par des motifs électroniques bien venus qui lui donnent un ton doux et moderne Pour illustrer ces propos, quoi de mieux que de mentionner les morceaux les plus marquants de ce disque On pense à “Pomeranian Spinster”, un morceau entraînant de bout en bout, avec ce riff de guitare enivrant, mis en valeur par un chant et une batterie très bien calibrés Nous vient aussi en tête “After The Earthquake”, un titre très prenant dont les arpèges offrent une belle ambiance indie aux allures 90’s, et dont l’explosion finale nous laisse sans voix Citons enfin “Very Online Guy” et ses synthétiseurs exquis

Spotify Wrapped 2022 : “Pomeranian Spinster” (42e) Titres déjà dans l’Intégrale : “After the Earthquake” ; “Very Online Guy”

11. Free Fire And Water 1970

Album contaminé par une chaleur accablante et un groove aberrant, un chant profond et des solos vertigineux, Fire And Water apparaît comme une claque magistrale assénée par des musiciens qui étaient alors tout juste majeurs Grâce à un tempo et un débit assez lents, les membres de Free nous inculquent en effet une véritable leçon de rock’n’ roll en nous permettant de savourer tranquillement chaque élément, chaque détail : ce chant rauque, juste et touchant, cette grosse basse au groove génial, cette batterie sage et appliquée, ces guitares qui n’en font jamais trop avec leurs riffs simples mais efficaces Fire And Water est ainsi un opus d’une maturité exemplaire, marqué par une justesse et une sagesse frappantes Avec brio, le groupe atteint la beauté et la virtuosité sans jamais chercher à nous en mettre plein les yeux L’album est assez court, avec seulement sept titres, mais c’est en réalité pile ce qu’il faut En effet, on n’y trouve que des titres frisant ou touchant la perfection Quatre d’entre eux sont même de véritables chefs-d'œuvre Dotés d’une structure semblable, ces titres nous font voir un Paul Rodgers aux intonations mémorables ainsi qu’une communion entre les grattes et la basse qui fait grimper le mercure et accouche de superbes solos montant progressivement en puissance, en attestent “Fire And Water” mais aussi et surtout “Mr Big” Le niveau de ces deux titres, auxquels on pourrait ajouter l’accablant “Oh I Wept”, rend presque banale la présence de “All Right Now” dans l’album Pourtant, ce tube possède l’un des riffs les plus iconiques et efficaces de l’histoire du rock

Spotify Wrapped 2022 : “Mr Big” (30e) ; “Fire and Water” (38e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Oh I Wept”

Titres déjà dans l’Intégrale : “All Right Now”

12.
(© Scott Fitzpatrick / Molly Rankin / Alec O’Hanley / Janet Vanzutphen / Polyvinyl / Transgressive / Celsius Girls) (© Island Records)

Gil Scott-Heron & Brian Jackson Bridges 1977

9. Animal Collective Merriweather Post Pavilion 2009

Grâce au spoken word chaleureux de Gil Scott-Heron, aux ingénieux claviers électroniques de Brian Jackson, et à ce riche accompagnement musical très bien calibré, l’album Bridges est pourvu d’un groove tendre et doux Infesté par une ambiance très avenante, l’opus est un sans-faute avec neuf pistes qui se révèlent à chaque fois savoureuses et tranquilles Nous plaçant inévitablement dans une chaude béatitude, ce disque apparaît comme un incontournable lors des chaudes matinées estivales Portée par de mirifiques intonations qui restent mélodiques tout en présentant Gil Scott-Heron comme un précurseur du rap, mais aussi par un solide accompagnement musical incluant notamment des synthétiseurs très intéressants, la section rythmique rend l’album irrésistible En effet, des morceaux comme “Hello Sunday! Hello Road!” et “Racetrack in France” nous happent rien que par l’entrain que nous procure leur structure rythmique Mais bien sûr, Scott-Heron et Jackson se distinguent aussi par leur remarquable sens de la mélodie Si l’opus entier sonne si bien, c’est non seulement grâce à ce rythme contagieux, mais aussi et surtout grâce à l’union entre celui -ci et des sonorités très avenantes, des lignes mélodiques imparables Bridges est en fait truffé de motifs merveilleux, en témoigne bien “Song of the Wind” qui nous berce avec une superbe mélodie chantée par Gil Scott-Heron et nous terrasse en son milieu avec un superbe moment d’extase Plus loin, “We Almost Lost Detroit” nous touche avec son groove mélancolique et “Delta Man (Where I’m Comin’ From)” nous frappe avec son refrain irrésistible

Spotify Wrapped 2022 : “Song of the Wind” (73e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Hello Sunday! Hello Road!” ; “Racetrack to France” ; “We Almost Lost Detroit”

Il y a des moments où l’on lance un album et l’on comprend vite qu’on est tombé sur une œuvre révolutionnaire Cette impression, on l’éprouve avec Merriweather Post Pavilion d’Animal Collective Si elle est déstabilisante au premier abord, la musique expérimentale du groupe états-unien se révèle en fait bouleversante et merveilleuse Avec cette pop progressive, répétitive, psychédélique et hypnotisante, Animal Collective nous plonge dans un univers déroutant et complexe composé de surprenantes prouesses

En effet, si la longue entrée en matière, dans la première plage, “In the Flowers”, est déjà très agréable, que dire de la soudaine élévation qui la suit en unissant un chant pur et un séduisant chaos Pour leur part, “My Girls” et “Brother Sport”, deux titres aux influences house, nous offrent aussi une belle montée en puissance avec un superbe refrain martelé dans les deux dernières minutes Mais le titre le plus marquant de l’album est peut-être “Bluish”, une complexe composition réussissant l’exploit d’allier de manière cohérente trois mélodies magnifiques et touchantes (couplet, pont, mais aussi et surtout refrain)

Comme le montre cet excellent titre, Merriweather Post Pavilion apparaît en effet comme un album très touchant Il faut dire qu’une certaine émotion, mélancolie d’une journée d’automne ou nostalgie d’une période révolue, nous emplit le cœur lorsqu’il nous est donné d’entendre les harmonies vocales de “Guys Eyes” ou “No More Runnin”

En fait, de cet ensemble complexe mais bien huilé, chaque morceau offre son lot d’émotions et de beauté Si certains titres sont bien sûr moins marquants que d’autres, on réalise que presque aucun n’est à jeter

Titres ajoutés à l’Intégrale : “In the Flowers” ; “My Girls” ; “Bluish” ; “Guys Eyes” ; “Brother Sport”

10.
(© Stanislaw Zagorski / Arista Records) (© Akiyoshi Kitaoka / Robert Carmichael / Domino Records)

Led Zeppelin Houses of the Holy 1973

7. Bruce Springsteen Darkness On the Edge of Town 1979

Il y a des moments où l’on se surprend à penser que le hard rock n’a pas vraiment à rougir face à la musique classique Cette impression, on se la fait assez régulièrement lorsque l’on écoute la musique de Led Zeppelin, et en particulier lorsque l’on écoute Houses of the Holy D’une beauté et d’une vivacité surnaturelles, cet album est nettement capable de nous faire verser une larme, non pas parce qu’il est profondément mélancolique, mais tout simplement parce qu’il est beau, parce qu’il est bon, et parce que c’est pour cela que l’on chérit tant le rock S’il ne s’éloigne jamais vraiment du hard-rock, Houses of the Holy est toutefois un album particulièrement diversifié Bien sûr, on y retrouve des morceaux bien énergiques, bien frappants, dotés de riffs renversants On pense notamment au vif “The Song Remains the Same”, à l’euphorique “The Ocean” mais aussi et surtout à “Over the Hills and Far Away” et “No Quarter”, deux titres qui font parfaitement la part des choses entre le calme et la tempête A côté, on a également le droit à une merveilleuse ballade, “The Rain Song”, dont la beauté et la mélancolie ne peuvent nous laisser de marbre Enfin, on retrouve des titres un peu plus légers, à l’image de “D’yer Mak’er”, un morceau prenant aux sonorités reggae Si l’on écarte l’étrange “The Crunge”, tout n’est que haute voltige Alors que Jimmy Page nous berce et nous tabasse avec sa guitare, John Paul Jones accomplit un travail de l’ombre remarquable, John Bonham fait une démonstration de puissance tout en offrant un jeu surprenant et prenant, et Robert Plant nous éberlue avec sa voix criarde

Spotify Wrapped 2022 : “No Quarter” (9e) ; “Over the Hills and Far Away” (86e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “The Rain Song” ;

Titre déjà dans l’Intégrale : “D’yer Mak’er”

Les premiers albums de Bruce Springsteen, c’est la même rengaine : des œuvres faites avec le cœur qui trouvent un écho retentissant dans le nôtre Si The Wild, the Innocent & the E Street Shuffle (1973) est déjà une claque, Born to Run (1975) est devenu l’un des meilleurs albums de l’histoire du rock Sur ces deux opus, le Boss, qui porte bien son surnom, a donné sa vie pour s’approcher de la perfection On pense alors qu’il est presque impossible que son quatrième album atteigne le niveau des deux projets précédents Et pourtant, Darkness on the Edge of Town s’assied bel et bien à la table des grands, avec dix morceaux géniaux mettant en exergue les qualités de composition et le perfectionnisme du Boss ainsi que la prestance remarquable du E Street Band Comme d’habitude, le timbre rauque, puissant et tourmenté de Bruce Springsteen est bien présent pour nous arracher le coeur, comme en attestent son chant bouleversant dans “Streets of Fire”, “Prove It All Night” et “Darkness On the Edge of Town” ou ses hurlements poignants dans “Something in the Night” Mais avec le E Street Band, qui joue une musique plutôt langoureuse et lente dans cet album, le Boss nous achève tout simplement Joués par plusieurs instruments différents, les motifs de “Badlands”, “Something in the Night”, “Candy’s Room”, “Racing in the Street” et “Darkness On the Edge of Town” nous émeuvent autant qu’ils nous obsèdent En outre, il est utile de mentionner la qualité des solos de saxophone et de guitare qui illuminent “Badlands”, “The Promised Land” et “Prove It All Night”

Spotify Wrapped 2022 : “Darkness On the Edge of Town” (100e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Something in the Night” ; “Racing in the Street” ; “Prove It All Night”

Titre déjà dans l’Intégrale : “Badlands”

8.
(© Hipgnosis / Atlantic Records) (© Frank Stefanko / Columbia Records)

Deep Purple Machine Head 1972

Grandement influencé par le blues et la musique classique, notamment par l'œuvre de Jean-Sébastien Bach, Machine Head est l’un des disques qui ont posé les bases du heavy metal au tournant des années 1970 Depuis, presque aucun album s’inscrivant dans ce genre n’est parvenu à devenir aussi marquant et prenant que ce chef-d'œuvre Si Machine Head nous foudroie autant, c’est en partie grâce à l’enivrant rythme de locomotive qui caractérise la majorité des titres composant cet album Face à cette basse qui nous offre de merveilleuses lignes, cette guitare électrique instable aux riffs mémorables, cette orgue sombre et cette batterie bien soutenue, comment rester impassible Bien sûr, quand on pense aux riffs, on pense naturellement aux notes magiques de “Smoke On The Water” et à la boucle, bien plus complexe, de “Pictures Of Home” Mais ce n’est pas là que le guitariste Ritchie Blackmore s’illustre le plus En effet, la locomotive semble par moments emprunter des montagnes russes avec des solos renversants Si celui de “Highway Star”, magistralement suivi par la basse, est une claque magistrale, il convient également de louer les solos de “Pictures Of Home” et de “Lazy” Sur le second morceau cité, on a non seulement le droit à de superbes envolées à la guitare, mais également à un solo de folie de la part de l’organiste, Jon Lord, puis un autre de la part de Ian Gillan, qui fait office d’harmoniciste le temps d’un instant Enfin, si l’ultime plage de l’opus, “When A Blind Man Cries”, dénote par sa douceur et sa mélancolie, ce titre contient aussi un superbe solo de guitare qui illustre parfaitement son titre

Spotify Wrapped 2022 : “Highway Star” (6e) ; “Lazy” (27e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Pictures of Home” ; “When A Blind Man Cries”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Smoke on the Water”

5. Electric Light Orchestra A New World Record 1976

Lorsque l’on écoute A New World Record, on ne peut que se dire que la formation menée par Jeff Lynne porte très bien son nom Avec un rock symphonique tourné vers les étoiles, Electric Light Orchestra réalise dans cet album une œuvre d’une virtuosité décapante Toujours tendre et belle, même quand le rythme devient soutenu, la musique du groupe s’y trouve aussi entraînante que bouleversante Il faut dire que tout glisse parfaitement dans cet opus, entre le chant juste et chaleureux de Jeff Lynne, ces chœurs charmants, cette basse qui donne une couleur funky à certains passages, et ces violons qui offrent une tension remarquable Si l’on cherche à être ému en lançant cet album, on ne peut qu’être servi Il est en effet difficile de demeurer impassible face à la déchirante beauté de “Telephone Line” ou par la douce contemplation de “Mission (A World Record)” Et si ces deux morceaux n’ont pas réussi à nous faire verser une larme, le merveilleux ostinato qui referme la dernière plage, “Shangri-La”, se terre pour nous prendre par surprise par les tripes Mais attention, A New World Record est loin d’être un opus seulement guidé par la mélancolie et la douceur Il s’agit également d’un album particulièrement entraînant On est par exemple soufflé par le rythme soutenu de “Tightrope” et de “Rockaria!”, deux morceaux qui mêlent habilement rock énergique et éléments de musique classique En outre, on se trouve happé par le groove délicieux de la ballade “So Fine” et de l’imparable “Do Ya” Enfin, on ne peut pas passer à côté du chaleureux “Livin’ Thing” aux chœurs merveilleux

Spotify Wrapped 2022 : “Do Ya” (61e) ; “Rockaria!” (75e) ; “So Fine” (78e) ; “Tightrope” (96e) Titres déjà dans l’Intégrale : “Livin’ Thing” (94e du Spotify Wrapped 2019) ; “Telephone Line”

6.
(© Shephard Sherbell / Roger Glover / John Coletta / Purple Records) (© John Kosh / Jet Records / United Artists Records)

Thin Lizzy Jailbreak 1976

Phil Lynott possède l’une des plus belles voix de l’histoire du rock. Ce timbre, d’une chaleur et d'un charme ravageurs, est en tout cas particulièrement bien mis en action dans le sixième album de Thin Lizzy, Jailbreak Pur chef-d'œuvre, ce disque mêle à la perfection vulnérabilité sentimentale et hard-rock bien énervé Si tous les morceaux sont remarquablement bien rythmés, quelques-uns toutefois laissent place à une langueur bien illustrée par le chant velouté de Phil Lynott et par de beaux riffs qui visent le cœur Par exemple, la piste n°3, “Running Back”, apparaît aisément comme l’une des belles chansons de rupture de l’histoire avec ce merveilleux motif joué au clavier, le chant désespéré de Phil Lynott, ainsi que ces grattes et ce saxophone qui ne sont là que pour exacerber la complainte Dans la foulée, “Romeo And The Lonely Girl” entretient cette mélancolie avec ses guitares acoustique et électrique bien avenantes et ce refrain encore une fois déchirant Un peu plus loin, on se trouve à nouveau bercé par une belle petite ballade, “Fight or Fall” Mais on l’a dit, Jailbreak est également un excellent disque de hard-rock C’est ainsi avec “Jailbreak”, au riff bien gras et au refrain bien hargneux, que s’ouvre l’opus Dans la même trempe, “The Boys Are Back In Town” nous frappe avec un riff de guitare admirablement suivi par la basse et par une délicieuse communion entre le chant et les cordes Enfin, trouvant un équilibre idéal entre ballade mélancolique et hard rock prenant, “Cowboy Song” se dispute avec “Running Back” le titre du morceau le plus bouleversant de l’opus

Spotify Wrapped 2022 : “Jailbreak” (21e) ; “Cowboy Song” (25e) ; “Running Back” (31e)

Titre ajouté à l’Intégrale : “Romeo And The Lonely Girl”

Titres déjà dans l’Intégrale : “The Boys Are Back In Town”

3. Graham Parker Squeezing Out Sparks 1979

Avec Squeezing Out Sparks, n’avons-nous pas le meilleur disque de pub-rock de l’histoire ? En tout cas, rares sont les albums qui nous infligent autant de claques Toujours bien rythmé et entraînant, avec ce groove qui ne peut pas nous laisser de marbre, cet opus nous donne surtout à entendre des mélodies et motifs d’une efficacité tout simplement aberrante

Si les couplets sont déjà très prenants, avec les intonations nasales et le phrasé ravageur de Graham Parker, qui nous happent notamment dans “Don’t Get Excited”, ce rythme déjà bien prononcé et ces riffs très accrocheurs, qui nous bousculent dans les premières secondes de “Passion Is No Ordinary Word”, de “Nobody Hurts You” ou encore de “Don’t Get Excited”, que dire des refrains Pures montées d’adrénaline, libérations irrépressibles de dopamine, les chorus de Squeezing Out Sparks sont des prouesses pétillantes non seulement portées par un chant irrésistible qui répète avec entrain le titre de la chanson, mais aussi agrémentées par de superbes riffs qui nous collent tout de suite à la peau Si l’on déjà bien frappé par les refrains de “Discovering Japan” à la chaleureuse guitare, ceux de “Local Girls”, “Don’t Get Excited” et de “Passion Is No Ordinary Word” à la clameur communicative, ou encore par ceux de “Waiting For The UFO’s” à la tendresse notable, il faut dire que le chorus de “Nobody Hurts You” est sur une autre planète Nous plaçant dans une extase profonde, ce refrain combine parfaitement un entrain contagieux et un riff exceptionnel

Spotify Wrapped 2022 : “Nobody Hurts You” (18e) ; “Waiting For The UFO’s” (47e) ; “Discovering Japan” (76e) ; “Passion Is No Ordinary Word” (81e) Ajoutés à l’Intégrale : “Local Girls” ; “Don’t Get Excited”

4.
(© Jim Fitzpatrick / Vertigo Records) (© Chris Gabrinowski / Gerard Huerta / Arista / Vertigo Records)

Pixies Doolittle 1989

Le son est crade et sombre, mais tellement prenant Avec ces guitares qui se complaisent dans la saturation et la dissonance, cette basse aux lignes simples mais attirantes, ce tempérament impulsif et ces belles mélodies, les Pixies ont peut-être signé les lettres de noblesse de la noise-pop avec Doolittle En tout cas, il y a fort à parier que sans cet album, il n’y aurait pas eu de Nevermind En effet, c’est surtout par son explosivité que l’album nous frappe Imprévisibles, les Pixies se plaisent à alterner entre des couplets relativement calmes, qui mettent en avant une basse toujours délicieuse, et des refrains déchaînés Cette logique permet de créer des titres irrésistibles, tels “Tame” aux interjections prenantes, “Monkey Gone to Heaven” au chant et aux violons brutalement angéliques, “Dead” au couplet très dissonant et au riff envoûtant, “Mr Grieves” au rythme fou, “Hey” à la guitare aussi simple que renversante, ou encore “Gouge Away” qui referme l’opus avec brio Dans le lot, on pourrait également citer “Here Comes Your Man”, un titre qui rompt par sa légèreté tout en demeurant assez impulsif Ce qui nous frappe dans ce morceau, c’est le charme du riff joué à la guitare acoustique et la force de ses délicieuses envolées Mais bien sûr, c’est loin d’être la seule piste contenant des ponts et des emballages exquis A côté, d’autres titres se distinguent par leur explosivité constante, à l’image de “Debaser” dont le solo final apparaît comme la course folle d’un bolide sans pilote

Spotify Wrapped 2022 : “Mr Grieves” (11e) ; “Dead” (28e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Wave of Mutilation”

Titres déjà dans l’Intégrale : “Debaser” (2e du Spotify Wrapped 2021) ; “Here Comes Your Man” (20e du Spotify Wrapped 2020) ; “Monkey Gone to Heaven” (89e du Spotify Wrapped 2016) ; “Hey” (50e du Spotify Wrapped 2020)

1. The Cars The Cars 1978

Avec cette prouesse pop rock à cheval entre power pop et new wave, ce n’est pas une claque que l’on se prend, c’est une véritable déflagration Se révélant enivrant de bout en bout, le premier album des Cars nous stupéfie par son rythme fou et la construction parfaite de ses morceaux, dont les 2/3 nous terrassent dès la première seconde En effet, il ne suffit que d’un petit riff de guitare pour que l’on soit envoûté par le titre “My Best Friend’s Girl” Dans ce même morceau, on est encore plus frappé par la transition parfaite avec un pont dont le riff rockabilly et les chœurs nous terrassent littéralement, puis par ce refrain très simple mais également très efficace Le constat est similaire avec “Just What I Needed”, un titre qui s’ouvre par un riff motorisé mêlé à des guitares brutes et qui monte très bien en puissance, avec un superbe motif joué au synthétiseur, afin de nous offrir un refrain au riff poignant et aux choeurs encore une fois ravageurs Outre la qualité remarquable des couplets, qui se montrent déjà très avenants, en témoignent bien “Good Times Roll” et “Don’t Cha Stop”, ce sont bien évidemment les refrains qui se présentent comme l’apothéose de l’album Jamais sorciers, puisqu’ils se résument à la répétition chaleureuse du titre du morceau correspondant, ces derniers traduisent pour autant une intelligence écoeurante Pulsions féériques portées par un chœur profond et des riffs accrocheurs, les chorus sont à chaque fois brillants : on ne peut s’empêcher de répéter avec frénésie “Don’t Chat Stop” ou de hurler à corps perdu “You’re All I’ve Got Tonight” et “Bye Bye Love”

Spotify Wrapped 2022 : “My Best Friend’s Girl” (1er) ; “Just What I Needed (2e)

Titres ajoutés à l’Intégrale : “Good Times Roll” ; “Don’t Cha Stop” ; “You’re All I’ve Got Tonight” ; “Bye Bye Love”

2.
(© Vaughan Oliver / 4AD / Elektra Records) (© Ron Coro / Johnny Lee / Elliot Gilbert / Elektra Records)

--Historiographie--

Le 2 janvier, Richard Leakey (77 ans).

[Richard Leakey] était un visionnaire dont les grandes contributions aux origines humaines et à la conservation de la faune ne seront jamais oubliées”

Fondation Leakey, Twitter, 2022

Fils des paléoanthropologues Louis et Mary Douglas Leakey, Richard Leakey a suivi la même voie que ses parents Les travaux qu’il a menés avec ses différentes équipes au Kenya, dans les années 1970, ont permis à ces dernières d’être les premières de l’histoire à découvrir des spécimens d’homo ergaster (1971) ou d’homo rudolfensis (1972) En 1984, c’est toujours au sein de l’une des équipes de Leakey que Kamoya Kimeu a découvert le garçon du Turkana, qui constitue le squelette de genre homo le plus complet jamais trouvé de toute la période couvrant le Paléolithique inférieur et le Paléolithique moyen, qui s’achève vers 45 000 av JC On a en effet retrouvé 108 os sur ce squelette vieux d’environ 1,5 ou 1,6 million d’années En 1981, Richard Leakey apparaît ainsi comme une figure d’autorité lorsqu’il fait office de présentateur et de narrateur pour une série documentaire de sept épisodes de la BBC : The

Making of Mankind

Combattant en parallèle le braconnage sévissant au Kenya, Leakey a été mis à la tête en 1989 du Wildlife Conservation and Management Department (WCMD) par le président kenyan Daniel Arap Moi lui-même Il a quitté ce service en 1994

Au milieu des années 2010, Angelina Jolie souhaitait réaliser un film basé sur sa vie, Africa, et c’était Brad Pitt qui était censé incarner le paléoanthropologue Le biopic ne sera toutefois jamais réalisé

“Jonathan Edwards a marqué la discipline mais Saneiev, lui, l’a changée Quand il arrivait sur un concours, tout le monde savait qu’il allait gagner”

Bernard Lamitié, 2022 (source : L’Equipe)

En 2023, Viktor Saneiev demeure le seul athlète à avoir remporté à trois reprises l’épreuve du triple-saut aux Jeux Olympiques En 1968, 1972 et 1976, le sauteur a ainsi surclassé la concurrence Et en 1980, il a “seulement” obtenu la médaille d’argent Cela l’a empêché de devenir le 2e athlète de l’histoire à remporter la médaille d’or olympique sur une même épreuve individuelle lors de quatre éditions consécutives, après le discobole états-unien Al Oerter A côté de ces exploits, l’athlète soviétique a également été six fois champion d’Europe en salle et deux fois champion d’Europe en extérieur De ses trois victoires aux Jeux Olympiques, celle de 1968 est certainement la plus mémorable En finale, l’Italien Giuseppe Gentile, Saneiev lui-même, puis le Brésilien Nelson Prudencio ont tour à tour battu le record du monde, avant que le Soviétique n’empoche l’or grâce à un saut de 17,39m lors de son dernier essai Avant la finale, le record du monde était encore de 17,10m Mais ce jour-là, battre cette performance n’était même pas suffisant pour aller sur le podium Le 4e de l’épreuve, Art Walker, a effectivement lui-même battu ce record du monde en sautant à 17,12m En 1972, Saneiev a porté son record personnel à 17,44m A titre de comparaison, le record du monde est aujourd’hui détenu par le Britannique Jonathan Edwards depuis 1995 (18,29m)

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Sport--

Le 3 janvier, Viktor Saneiev (76 ans).

Richard Leakey (© Marion Kaplan / Alamy) Viktor Saneïev, pendant les JO de Moscou (© L'Équipe)

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Le 6 janvier, Sidney

(94 ans).

Poitier

“Il avait une précision vocale, une puissance physique et une élégance qui donnaient, par moments, l’impression d’être à la limite du surnaturel Ses films les plus célèbres sont ceux qui ont brisé les barrières raciales à Hollywood” Martin Scorsese, 2022 (source : USA Today Entertainment)

Nommé aux Oscars dès 1958 pour son rôle dans La Chaîne (1957), Sidney Poitier est devenu en 1964 le premier acteur noir à remporter l’Oscar du meilleur acteur grâce à son rôle dans Le Lys des Champs (1963) L’une des répliques de la Mère Maria, dans le film, préfigure le rôle politique et social qu’auront les personnages joué par Sidney Poitier les années suivantes : “Il n’a pas les mêmes convictions ou la même couleur de peau Mais c’est un grand homme” En 1967, l’acteur a été à l’affiche de trois films traitant du rapport entre les blancs et les noirs Dans Les Anges aux poings serrés, il joue un professeur à qui l’on confie une classe d’élèves révoltés Dans Dans la chaleur de la nuit, il joue un policier qui doit enquêter dans une ville du Mississippi aux habitants racistes Enfin, dans Devine qui vient dîner ?, il joue le futur-mari d’une femme blanche qui rencontre des parents rétiscents Ces deux derniers films ont été classés dans le Top 100 des plus grands films états-uniens de l’histoire par l’AFI en 1998 La réplique “They call me Mr. Tibbs !”, issue de Dans la chaleur de la nuit, a été classée “16e plus grande réplique de l’histoire du cinéma états-unien” par le même institut en 2005

Sidney Poitier a continué de jouer dans les années 1970, avec une cadence toutefois moins soutenue, et n’a presque plus joué dès les années 1980 Cela a toutefois suffi pour l’AFI qui l’a classé “22e plus grand acteur de légende” en 1999 De cette liste n’incluant que des acteurs états-uniens ayant commencé à jouer avant 1949, Poitier était le dernier survivant depuis le décès de Kirk Douglas en 2020

“C’était un grand et merveilleux artiste Je n’oublierai jamais la première de <<La Dernière Séance>> Je me souviens de la fin, le public s’est levé autour de moi pour applaudir pendant au moins 15 minutes”

Francis Ford Coppola, 2022 (traduction : Francetvinfo)

Figure incontournable et réputée du Nouvel Hollywood, mouvement porté par des hommes comme Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola, Peter Bogdanovich est entré dans la postérité en réalisant La Dernière Séance (1971), classé “95e plus grand film états-unien de l’histoire” par l’AFI en 2007 Révélant Jeff Bridges et Cybill Shepherd, sa compagne de l’époque, le film a permis à Ben Johnson et Cloris Leachman de remporter l’Oscar du meilleur acteur et de la meilleure actrice pour un second rôle Les années suivantes, Bogdanovich a à nouveau connu le succès avec What’s Up, Doc ? (1972) et La Barbe à Papa (1973), œuvre qui a permis à Tatum O’Neal de devenir la plus jeune personne à remporter un Oscar en se voyant décerner celui de la meilleure actrice dans un second rôle à 10 ans Par la suite, Bogdanovich a connu une carrière en dents de scie, avec des échecs mais également des succès comme Saint Jack (1979) ou Mask, film en lice pour la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1985 Dans les années 2000, Bogdanovich a enfin écrit plusieurs épisodes des Sopranos (1999 - 2007) et interprété un personnage secondaire de la série

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Cinéma
Sidney Poitier dans Le Lys des Champs (© Bettmann Archive)
--Cinéma-Le 6 janvier, Peter Bogdanovich (82 ans).
Peter Bogdanovich sur le tournage de Nickelodeon en 1976 (© Columbia/Kobal/Rex/Shutterstock)

--Musique--

Le 8 janvier, Marilyn Bergman (93 ans).

“Avec son époux Alan, ils ont écrit les plus belles paroles imaginables Parce qu’ils étaient profondément amoureux et se respectaient mutuellement, leurs chansons parvenaient remarquablement à exprimer les affaires de coeur” Barbra Streisand, Twitter, 14 janvier 2022

Formant un prolifique duo de paroliers avec son époux Alan Bergman à partir de 1958, Marilyn Bergman a écrit le texte de nombreuses chansons pour la télévision ou le cinéma Au total, le couple a remporté trois Oscars En 1969, Marilyn et Alan Bergman ont partagé avec Michel Legrand l’Oscar de la meilleure chanson originale avec “The Windmills of Your Mind” du film L’Affaire Thomas Crown Marilyn Bergman est alors devenue la 2e parolière récompensée dans l’histoire des Oscars après Dorothy Fields (1937) En 1974, le couple a à nouveau remporté un Oscar dans cette catégorie en signant les paroles de “The Way We Were”, chanson composée par Marvin Hamlisch et interprétée par Barbra Streisand, pour le film Nos plus belles années Avec cette même chanson, les Bergman ont également remporté le Golden Globe de la meilleure chanson originale et le Grammy Award de la chanson de l’année Mais entre ces deux victoires, le couple a constamment été nommé pour l’Oscar de la meilleure chanson originale Ils sont ainsi les 4e et 5e personnes les plus nommées dans l’histoire cette catégorie En 1983, Marilyn et Alan Bergman ont même été nommés pour trois chansons sur cinq en lice, et ce pour trois films différents Et en 1984, ils ont été nommés pour deux chansons issues du film Yentl de Barbra Streisand, mais ont perdu face à “Flashdance… What a Feeling” Ce n’a été que partie remise puisqu’ils ont remporté avec Michel Legrand l’Oscar de la meilleure partition de chansons et adaptation musicale pour ce même film En 1980 enfin, les époux Bergman ont été intégrés au Songwriters Hall Of Fame

Marilyn et Alan Bergman en 1969 (© ABC Photo Archives / Disney General Entertainment Content / Getty Images)

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Le 11 janvier, Christian Gasc (76 ans).

“J’ai adoré son regard qui vous voyait plus beau que vous êtes, et qui par un talent merveilleux vous embellissait encore”

Ludovic Tézier, Twitter, 2022

Costumier français ayant été appelé pour une soixantaine de films, collaborant avec des réalisateurs renommés tels que François Truffaut, Jean-Luc Godard ou encore Bertrand Blier, Christian Gasc a également travaillé pour une trentaine de pièces de théâtres et une vingtaine d’opéras

S’il a commencé sa carrière dans les années 1970 et s’est vu nommé aux Césars dès 1986 pour Rendez-Vous d’André Téchiné, l’apogée de la carrière de Christian Gasc se situe dans les années 1990 En effet, il a alors raflé trois césars des meilleurs costumes consécutifs entre 1996 et 1998 grâce à sa contribution pour les films Madame Butterfly (1995) de Frédéric Mitterrand, Ridicule (1996) de Patrice Leconte et Le Bossu (1997) de Philippe de Broca Avec Ridicule, il a même été nommé lors de la première édition des Satellite Awards en 1997 Grâce à un quatrième césar remporté en 2013 avec Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot, Christian Gasc reste en 2022 le seul homme avec Pierre-Jean Larroque à avoir remporté 4 statuettes dans la catégorie des meilleurs costumes aux Césars Le costumier n’a toutefois pas reçu de récompenses que dans le monde du cinéma En effet, il a remporté le Molière du créateur de costumes avec L'Éventail de Lady Windermere en 2003

Diane Warren, Instagram, 2022

Surnommée “bad girl of rock and roll”, Ronnie Spector est connue pour avoir été la leader des Ronettes, l’un des groupes de pop les plus fameux des années 1960 Produites par Phil Spector (1939 - 2021), époux de la chanteuse de 1968 à 1972, les Ronettes ont signé leurs principaux faits d’armes en 1963 - 1964 A l’occasion de l’album A Christmas Gift For You from Phil Spector (1963), le trio a effectivement enregistré des versions fameuses des classiques “Frosty the Snowman” et “Sleigh Ride” Mais c’est surtout l’album Presenting the Fabulous Ronettes featuring Veronica (1964) qui a permis au groupe d’entrer dans la postérité Si l’album a été classé 422e plus grand album de l’histoire par le Rolling Stone en 2003, le titre “Be my Baby s'est pour sa part hissé à la 22e place de la “liste des plus grandes chansons de tous les temps” établie par le même périodique en 2004 Brian Wilson des Beach Boys a même déclaré qu’il s’agissait de la “plus parfaite chanson pop jamais créée” Dans ce même classement, on retrouve un second titre issu de l’album : “Walking in the Rain” (266e en 2004) Toutefois, ce titre a disparu de la liste en 2021, alors que “Be my Baby” a gardé sa 22e place En 1967, le groupe s’est dissous et Ronnie Spector a alors entamé une carrière solo plus discrète En 1986 toutefois, la chanteuse a quelque peu renoué avec le succès en répondant à Eddie Money dans le refrain du tube “Take Me Home Tonight” : “Listen Honey, just like Ronnie sang, <<Be my little baby>>” En 2007, les Ronettes se sont vues intronisées au Rock and Roll Hall of Fame

Le 12 janvier, Ronnie Spector (78 ans).

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Cinéma
Christian Gasc en 2013, avec son 4e César (© EPA)
“La voix d’un million de rêves d’adolescents, parmi lesquels les miens”
--Musique--
Ronnie Spector (© Ronniespector com)

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Le 13 janvier,

Jean-Jacques

Beineix (75 ans).

“Il était le cinéaste de toute une génération et avait abdiqué devant le fossé qu’il considérait s’être creusé entre lui et le cinéma Nous lui devons pourtant de très grands films” Société des auteurs et compositeurs dramatiques, 2022

Si Jean-Jacques Beineix n’a réalisé que 6 films dans sa carrière, son œuvre a toujours fait parler par son originalité Commençant sa carrière en tant que réalisateur de spots publicitaires ou en tant qu’assistant réalisateur, notamment pour L’Aile ou la Cuisse (1976) de Claude Zidi, le cinéaste a rencontré le succès dès son premier long-métrage, Diva (1981) Le film a remporté 4 Césars en 1982, et Beineix a personnellement reçu celui de la meilleure première œuvre Avec une photographie particulièrement soignée et une place importante laissée aux couleurs vives, le style proposé par Beineix s’est alors rapproché d’un “esthétisme de pub” selon certains critiques Le film a ainsi divisé en France, mais a connu un certain succès aux Etats-Unis Ce même style a été une grande source d’inspiration pour de nombreux réalisateurs En 1989, le critique Raphaël Bassan estimait effectivement que Beineix avait ouvert un nouveau courant cinématographique, dans lequel on peut ranger Luc Besson et Leos Carax : le “cinéma du look”

Dans ce même style, La Lune dans le caniveau (1983), avec Gérard Depardieu, est apparu comme un échec critique et commercial, alors que 37°2 le matin (1986) a été un grand succès Fort de plus de 3,6 millions de spectateurs en France, le film a été nommé aux Oscars, aux BAFTA et aux Golden Globes 1987 dans la catégorie du “meilleur film étranger / en langue étrangère”

En 1992, IP5 est devenu le dernier film avec Yves Montand, ce dernier mourant avant la fin du tournage d’un infarctus, à l’instar de son personnage Si Beineix s’est alors vu accusé de ne pas avoir suffisamment préservé l’acteur, le film a toutefois remporté la catégorie du meilleur film lors de l’édition 1992 du festival international du film de Seattle

“Michel Subor montrait un bloc massif, imperméable et en même temps, il nous échappait, il rêvait Il glissait dans son propre film comme dans un univers parallèle Entre nous, on appelait ça <<suboriser>>”

Claire Denis, 2022 (source : Le Figaro)

Acteur français, Michel Subor a connu un certain succès dans les années 1960 En 1961, il a ainsi joué aux côtés de Brigitte Bardot dans La Bride sur le cou de Roger Vadim et prêté sa voix au narrateur de Jules et Jim de François Truffaut Ensuite, en 1963, l’acteur a incarné le personnage principal du Petit Soldat de Jean-Luc Godard, film tourné trois ans plus tôt mais censuré dans le contexte de la guerre d’Algérie En 1969, Subor a enfin joué dans l’un des derniers films d’Alfred Hitchcock : L’Etau (1969) Plus discret les décennies suivantes, il s’est toutefois fait remarquer en incarnant Vadier dans La Révolution française (1989) et en reprenant son rôle de “Petit Soldat” dans Beau Travail (1999) de Claire Denis Reconnu pour être un acteur franc et secret, Michel Subor avait, selon Didier Péron de Libération, “le charisme massif de ces grands acteurs américains qui créent du vide autour d’eux, Robert Mitchum ou Harvey Keitel”

En parallèle, Beineix a réalisé des films documentaires, dont le remarqué Les Gaulois au-delà du mythe en 2012

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Cinéma
--Cinéma-Le 17 janvier, Michel Subor (86 ans).
Michel Subor dans Le Petit Soldat (© Rialto Pictures / Studiocanal)

Sport--

Le 18 janvier, Francisco Gento (88 ans).

“Les Madridistes et tous les amants du football se souviendront de lui comme de l’un des grands mythes de notre sport”

Communiqué du Real Madrid, 2022

Sa paire avec Alfredo Di Stéfano terrorisant pendant près de dix ans les plus grandes défenses du monde, Francisco Gento était un ailier gauche caractérisé par sa rapidité, sa précision dans les passes et sa justesse technique En décembre 1999, les lecteurs du magazine World Soccer l’avaient classé 81e meilleur joueur du XXe siècle Évoluant au Real Madrid de 1953 à 1971, “Paco” Gento dispose de l’une des plus belles vitrines de l’histoire du football En 2022, il demeure en effet le seul footballeur de l’histoire à avoir remporté à six reprises la Ligue des Champions (1956, 1957, 1958, 1959, 1960, 1966) Marquant un but en finale en 1957, il a l’année suivante permis à son club d’arracher la victoire en prolongations contre l’AC Milan en inscrivant le but de la victoire En 2022, Gento est également le recordman du nombre de championnats d’Espagne remportés pour un seul joueur, en finissant à douze reprises premier de la Primera Division avec le Real S’il a moins marqué que son partenaire d’attaque Alfredo Di Stéfano, Gento demeure en 2022 le 40e joueur ayant le plus marqué de buts dans l’histoire de la D1 espagnole, avec 128 réalisations en 438 apparitions

Basketteuse états-unienne évoluant au poste de pivot, Lusia Harris est encore en 2022 la seule femme à avoir été officiellement sélectionnée lors d’une draft NBA, en 1977 Elle avait alors été choisie lors du 7e tour par le Jazz de La Nouvelle-Orléans Mais enceinte, la joueuse a décliné l’offre et n’a ainsi jamais foulé les parquets de la NBA Le choix du Jazz s’explique évidemment par l’excellent niveau de la basketteuse, au-dessus de la mêlée Comme la Women’s Professional Basketball League n’a été fondée qu’en 1978, Lusia Harris a passé la majeure partie de sa carrière au sein de l’Association for Intercollegiate Athletics for Women (AIAW), n’évoluant qu’une saison en professionnel avec les Houston Angels en 1979 - 1980 Évoluant au sein de l’équipe de Delta State de 1973 à 1977, elle a dominé l’AIAW Women’s Basketball Tournament en le remportant en 1975, 1976 et 1977 Ces trois éditions-là, la pivot a été désignée MVP de la compétition

C’est tout naturellement que Lusia Harris a été prise pour participer avec l’équipe des Etats-Unis à la première apparition du basketball féminin aux Jeux Olympiques, en 1976 Remportant une médaille d’argent, elle est la joueuse de l’équipe ayant réalisé le plus de rebonds et marqué le plus de points Ouvrant le score face au Japon lors de la première journée, Harris est notamment devenue la première basketteuse de l’histoire à marquer aux JO En 1992, Lusia Harris est devenue la première femme afro-amériaine à être introduite au Naismith Basketball Hall Of Fame En 2021 enfin, la basketteuse a fait l’objet d’un documentaire de 22 minutes réalisé par Ben Proudfoot, sobrement intitulé The Queen of Basketball Ce film a reçu en 2022 l’Oscar du meilleur court métrage documentaire

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Paco Gento et ses six ligues des champions (© IAS)
“[Lusia Harris est] la première joueuse réellement dominante du basketball moderne”
Pat Summitt, Sum It Up, 2013
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Le 18 janvier, Lusia Harris (66 ans).
Sport--
Lusia Harris et ses 1m91 (© “The Queen of Basketball” / Breakwater Studios / The New York Times)

Le 19 janvier, Hans-Jürgen Dörner (70 ans).

“Tu étais en avance sur ton temps [ ] Tu as été l’un des plus importants de tous les joueurs allemands” Matthias Sammer (source : So Foot)

Prolifique défenseur est-allemand, Hans-Jürgen Dörner était inévitablement présenté comme le “Beckenbauer de l’Est” La comparaison avec der Kaiser n’est effectivement pas malvenue tant les statistiques des deux libéros sont similaires En 400 matchs joués pour le Dynamo Dresde, Dörner a marqué 70 buts. Beckenbauer, lui, a marqué 72 buts en 567 rencontres avec le Bayern Munich Mais comme le résume bien un article de So Foot, écrit par Julien Duez, “Dixie” Dörner était bien plus qu’une copie est-allemande du Kaiser Hans-Jürgen Dörner n’a connu qu’un seul club, avec lequel il a joué dans le championnat est-allemand de 1967 à 1985 Avec Dresde, le libéro s’est façonné un palmarès très solide, en remportant à 5 reprises le championnat (1971, 1973, 1976, 1977, 1978) ainsi que la Coupe de RDA (1971, 1977, 1982, 1984, 1985) Ces succès ont notamment permis au joueur d’être élu meilleur joueur est-allemand de l’année en 1977, 1984 et 1985 Mais Hans-Jürgen Dörner s’est également révélé décisif avec son équipe nationale 2e joueur le plus capé de l’histoire de la sélection est-allemande avec 100 apparitions, “Dixie” a marqué quatre buts lors des Jeux Olympiques de 1976, dont deux pénalty en quarts de finale et un autre tir au but en demi-finale Avec son pays, il a finalement remporté la médaille d’or en battant la Pologne Prenant sa retraite en 1985, Dörner s’est ensuite reconverti en entraîneur, en coachant par exemple le Werder Brême lors de la saison 1996 - 1997 Le bref passage dans le club d’Al Ahly a été couronné de succès, l’équipe remportant en 2001 la Coupe d’Egypte et la Ligue des Champions de la CAF, qu’elle n’avait plus gagnée depuis 1987

“C’était l’un des rares comédiens allemands à avoir fait son trou à Hollywood [ ] Dès l’après-guerre, ce Berlinois avait débuté dans des films de divertissement Puis, travaillant son anglais, il était devenu une vedette internationale ” Ambassade d’Allemagne en France, Twitter, 2022

Comme ses parents étaient des fidèles du parti nationalsocialiste, Eberhard Krüger a entamé sa carrière d’acteur dès 1944, en jouant dans le film de propagande nazie Les Aiglons Incorporé dans une division SS en 1945, Krüger a déserté après avoir refusé d’exécuter des prisonniers étatsuniens Il a alors failli être lui-même condamné à mort pour “lâcheté” Poursuivant sa carrière sous le nom de “Hardy” Krüger, l’acteur est devenu célèbre en jouant le personnage principal de La Lune était bleue (1953) d’Otto Preminger Avec son visage germanique, Krüger a ensuité joué un nazi, ou du moins un allemand, dans plusieurs films En 1961, il a incarné le capitaine Ludwig von Stegel dans Un Taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière Dans Le Franciscain de Bourges (1968) de Claude Autant-Lara, il a joué un moine allemand aidant des résistants Et dans Un Pont trop loin (1976) de Richard Attenborough il a joué un Brigadeführer Sa carrière ne se résume toutefois pas à des rôles de nazi Hardy Krüger a joué un pilote de guerre français dans Les Dimanches de Ville-d’Avray de Serge Bourguignon, film qui a remporté l’Oscar du meilleur film international en 1963 Il a aussi joué dans Barry Lyndon (1976) de Stanley Kubrick

--Sport
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Dörner, footballeur est-allemand de l’année 1985 (© Picture-alliance / dpa)
--Cinéma-Le 19 janvier, Hardy Krüger (93 ans). L’Évadé du camp 1, un de ces films où Krüger joue au soldat nazi (© 1957 George Courtney Ward / British Film / Julian Wintle Productions / Rank Film Distributors)

Cinéma--

Le 19 janvier, Gaspard Ulliel (37 ans).

“Il savait enfiler tous les costumes, se faufiler dans tous les genres, au point qu’il était devenu ces dernières années l’une des incarnations du cinéma français aujourd’hui [ ] Cet acteur talentueux dont le regard bleu était une signature du cinéma français”

Communiqué de l’Elysée, 2022

Acteur connaissant le succès dès son entrée dans l’âge adulte, Gaspard Ulliel est d’abord apparu comme un grand espoir du cinéma français Ainsi, de 2003 à 2005, il a été nommé à trois reprises aux Césars dans la catégorie du “meilleur espoir masculin” pour ses rôles dans Embrassez qui vous voudrez (2002), Les Egarés (2003) et Un long dimanche de fiançailles (2004) C’est avec ce dernier film, dans lequel il partage l’affiche avec Audrey Tautou, qu’il a remporté son premier César Il a fallu attendre 2017 pour que Gaspard Ulliel décroche le second César de sa carrière Il a alors remporté la catégorie “meilleur acteur” grâce à son rôle dans le drame Juste la fin du monde de Xavier Dolan Deux ans plus tôt, il avait été nommé dans cette même catégorie pour son rôle dans le film Saint Laurent de Bertrand Bonello

La célébrité de l’acteur ne se cantonne toutefois pas à la France En 2007, Gaspard Ulliel a incarné Hannibal Lecter dans Hannibal Lecter : Les Origines du mal de Peter Webber Et peu avant sa mort, il a joué dans la série Moon Knight aux côtés d’Oscar Isaac et Ethan Hawke

Gaspard Ulliel est également connu pour avoir été une égérie, un ambassadeur de la maison Chanel Il a ainsi été le héros de spots publicitaires réalisés en 2010 par Martin Scorsese et en 2018 par Steve McQueen pour promouvoir à chaque fois le parfum Bleu de Chanel

“Meat Loaf était l’une des plus grandes voix du rock and roll. [ ] J’ai souvenir que lorsque l’on assistait à son spectacle, il traitait le public presque comme s’il était un prédicateur pentecôtiste, il était si puissant sur scène” Alice Cooper, Instagram, 2022

Chanteur de hard-rock et acteur états-unien, Meat Loaf a joué dans les comédies musicales Hair et The Rocky Horror Show avant de connaître un succès retentissant avec l’album Bat Ouf Of Hell (1977) Produit par Todd Rundgren, composé par Jim Steinman et porté par la voix de ténor de Meat Loaf, le projet “ne” s’est hissé qu’à la 14e place du Billboard 200 et à la 9e place des charts britanniques, mais n’a quitté ces derniers qu’au bout de 474 semaines Entré dans la postérité, le disque demeure en 2022 le 5e album le plus vendu de tous les temps avec 43 millions de copies écoulées Également reconnu pour être un ensemble de qualité, créant un mélange inédit entre Richard Wagner et Bruce Springsteen, Bat Out Of Hell a été classé “343e meilleur album de tous les temps” par le Rolling Stone en 2003 Ce n’est toutefois pas dans cet album que l’on retrouve le plus grand succès de la carrière de Meat Loaf Avec “I’d Do Anything for Love (But I Won’t Do That)” , morceau issu de l’album Bat Out of Hell II : Back Into Hell, le chanteur a remporté en 1994 le Grammy Award de la meilleure prestation vocale rock en solo Au cinéma, Meat Loaf s’est également fait remarquer en jouant en 1999 dans Fight Club de David Fincher et dans La Tête dans le carton à chapeaux d’Antonio Banderas

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Gaspard Ulliel (© Laurent VU)
Le 20
Meat
Meat Loaf, une bête de scène (© Getty Images / BBC)
--Musique--
janvier,
Loaf (74 ans).

Cinéma--

Le 21 janvier, Louie Anderson (68 ans).

“Pendant quatre merveilleuses saisons, Louie nous a honorés comme il a honoré les fans de Baskets avec une interprétation courageuse de Christine Baskets [ ] Il s’agissait d’un rôle risqué pour lui et il l’a endossé avec une bravoure et une joie qui ont prouvé qu’il était un artiste brillant”

Communiqué de la chaîne de télévision FX, 2022

Humoriste de stand-up reconnu depuis les années 1980, Louie Anderson a commencé sa carrière d’acteur en faisant une petite apparition dans La Folle Journée de Ferris Bueller (1986) de John Hughes ainsi qu’en incarnant un personnage secondaire dans A Toute Vitesse (1986) de Thomas Michel Donnely et Un prince à New York (1988) de John Landis

“On peut [ ] avancer que ce dessin appartient au domaine de l’évidence incontournable : cadrage précis, refus du détail inutile, dépouillement ornemental volontaire, tout concourt à en faire l’archétype du dessin simple, [ ] Et pourtant que de virtuosité technique dans ce graphisme épuré à mille lieues de toute naïveté”

Pierre Christin, Mézières et Christin, 1983

Dessinateur de bande dessinée français, Jean-Claude Mézières est connu pour avoir réalisé la série Valérian et Laureline (1970 - 2010) avec le scénariste Pierre Christin et la coloriste Évelyne Tranlé qui n’est nulle autre que sa sœur Selon Stan Barets, plus de 2,5 millions d’exemplaires de la série auraient été vendus Cette œuvre a eu une certaine influence sur le cinéma, à tel point que Pierre Godon de France Télévisions se demande dans un article de 2015 si “Star Wars [n’a pas] tout piqué à la BD française ?” Le doute est permis, en témoignent la ressemblance entre la tenue deux-pièces métallique de Laureline et celle de la princesse Leia ou la cryogénisation de Valérian, reprise avec Han Solo Selon Barets, Mézières aurait ainsi déclaré, après une projection de l’épisode IV, Un Nouvel Espoir (1981), que l’on “dirait une adaptation de Valérian au cinéma” Or, George Lucas n’a jamais déclaré s’être inspiré du travail de Jean-Claude Mézières

En revanche, le dessinateur a travaillé avec Luc Besson et un autre dessinateur, Jean Giraud, pour façonner l’univers visuel du Cinquième Élément (1997) Luc Besson est notamment allé piocher l’idée des taxis volants dans l’album Les Cercles du pouvoir (1994) En 2017, le même cinéaste a décidé d’adapter librement l’univers de Christin et Mézières pour faire Valérian et la Cité des mille planètes, film qui est alors devenu la production française la plus chère de l’histoire avec un coût de 197 millions d’euros

Dans les années 1990, Louie Anderson a créé un dessin animé basé sur sa propre vie : Life with Louie (19941998) Cette série lui a permis de remporter le Daytime Emmy Award du meilleur interprète dans un programme d’animation en 1997 et en 1998 Dans la foulée, de 1999 à 2002, l’acteur a présenté le jeu télévisé Family Feud De 2016 à 2019, Anderson a joué Christine Baskets, la mère du protagoniste joué par Zach Galifianakis, dans la série Baskets Ce rôle lui a permis de recevoir le Primetime Emmy Award du meilleur acteur dans un second rôle dans une série télévisée comique en 2016 En 2021 enfin, il a été à l’affiche d’Un Prince à New York 2

Le 23 janvier, Jean-Claude Mézières (83 ans).

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Louie
--Littérature--
Jean-Claude Mézières (© Wikimedia Commons, George Seguin)

“[Jean-Claude Corbeil] n’a cessé de dire que l’individu seul ne pouvait affronter le drame de l’anglicisation et que l’Etat à cet égard jouait un rôle fondamental”

Le 25 janvier, Jean-Claude Corbeil

(89 ans).

“[Jean-Pierre Grédy était] celui qui raffine, qui peaufine, qui pinaille Il tenait la plume, assis à la table de travail Pour ma part, j’arpentais la pièce en lançant des idées, trouvant parfois Jean-Pierre trop perfectionniste L’alchimie tenait certainement à cette complémentarité sans rivalité”

Pierre Barillet (source : La Voix du Nord)

Auteur présenté comme le “roi du théâtre de boulevard” par Le Parisien, Jean-Pierre Gredy a formé une prolifique paire avec Pierre Barillet Leur première pièce de théâtre, Le Don d’Adèle (1949), leur a valu de remporter le prix Tristan-Bernard en 1950 En 1951, la pièce a été adaptée au cinéma, comme nombre d’autres créations du tandem les années suivantes. Potiche (1980) a par exemple été adaptée par François Ozon en 2010 Fleur de Cactus (1964) constitue à cet égard l’un des, si ce n’est le plus grand succès du tandem Barillet-Gredy Traversant l’Atlantique, la pièce a été reprise à Broadway, avec Lauren Bacall dans le casting En 1969, Gene Saks l’a adaptée au cinéma, s’accompagnant de Walter Matthau et d’Ingrid Bergman Le film a alors permis à Goldie Hawn de remporter l’Oscar du meilleur second rôle féminin En France, le succès a également été au rendez-vous : la mise en scène de Michel Fau de 2015 a fait l’objet de plusieurs nominations aux Molières 2016 Catherine Frot a alors remporté le Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé

Au cinéma, Gredy a scénarisé Julie de Carneilhan (1950) de Jacques Manuel Il a également travaillé avec Barillet et René Clair sur le scénario du film Les Belles de nuit (1952), qui gagne le Prix FIPRESCI de la Mostra de Venise en 1952

Nadine Vincent, 2022 (source : Le Devoir)

Linguiste québécois, Jean-Claude Corbeil a eu un rôle prépondérant dans l’évolution de la langue française au Québec dans la seconde partie du XXe siècle, à tel point que la linguiste Nadine Vincent a déclaré qu’il avait “désanglicisé le Québec”

Se faisant connaître entre 1968 et 1971 en participant à l’émission de radio Langage de mon pays sur Radio Canada, Corbeil a été le directeur linguistique de l’Office québécois de la langue française de 1971 à 1977 Il a alors contribué au façonnement de la Loi sur la langue officielle du Québec (1974), loi qui a permis au français de devenir la langue officielle de la province Il a également participé à l’écriture de la Charte de la langue française en 1977

La décennie suivante, Jean-Claude Corbeil a travaillé sur l’élaboration d’un dictionnaire s’appuyant sur les images, Le Visuel, dont la première édition a été publiée en 1986 En 2003, le linguiste a remporté, pour Le Nouveau Dictionnaire visuel, co-écrit avec Ariane Archambault, le Prix Marcel-Couture, une récompense qui distingue chaque année un livre illustré se démarquant par son originalité En 2002, Jean-Claude Corbeil s’est vu décerner le Prix Georges-Emile-Lapalme qui récompense annuellement les hommes québécois ayant grandement contribué au rayonnement et au développement de la langue française dans cette province canadienne

--Théâtre--

Le 25 janvier, Jean-Pierre Gredy (101 ans).

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Sciences--
Jean-Claude Corbeil (© François Fortin) Jean-Pierre Gredy (© AGIP / Bridgeman Images)

Sport--

Le 25 janvier, Wim Jansen (75 ans).

“Il est l’un des plus grands footballeurs à avoir jamais joué pour Feyenoord Il a servi le club et faisait partie des équipes de Feyenoord les plus titrées de l’histoire” Communiqué du Feyenoord Rotterdam, 2022

Milieu défensif néerlandais reconnu pour être un véritable guerrier sur le terrain, Wim Jansen a joué de 1965 à 1980 pour le grand club de sa ville natale, le Feyenoord Rotterdam Avec cette équipe, il a participé à 422 matchs et remporté plusieurs trophées sur le plan national, à la manière de l’Eredivisie (1969, 1971, 1974) et de la Coupe des Pays-Bas (1969, 1980), mais également sur le plan international, avec la Coupe d’Europe des clubs champions et la Coupe intercontinentale en 1970 puis la Coupe de l’UEFA en 1974 Ajoutons un championnat des Pays-Bas remporté en 1982 avec l’Ajax Amsterdam, club dont Wim Jansen a porté les couleurs de 1980 à 1982 A l’inverse, le bilan de la légende du Feyenoord en équipe nationale se révèle assez frustrant Aux côtés de Johnny Rep, de Johan Cruijff ou de Johan Neeskens, Wim Jansen s’est présenté comme l’un des maillons forts et indéboulonnables de la génération dorée des années 1970 Avec ses 65 sélections, il figure encore en 2022 parmi les 40 joueurs les plus capés de la sélection néerlandaise Titulaire lors de deux finales de Coupe du Monde (1974 et 1978), il n’en a toutefois gagné aucune Pire, il a offert un pénalty qui a permis aux Allemands de l'Ouest d’égaliser lors de la finale 1974 (score final : 2 - 1) Et lors de l’Euro 1976, les Oranjes ont terminé à la 3e place Devenant entraîneur par la suite, Jansen s’est un peu plus imposé comme une légende du Feyenoord Rotterdam en remportant la Coupe des Pays-Bas en 1991 et 1992 ainsi que l’Eredivisie en 1993 Ne passant qu’une année sur le banc du Celtic FC, il a quand même trouvé le temps de remporter le championnat d’Ecosse en 1998

“Dans la plupart de ses rôles, Kuravlyov était presque un personnage folklorique - soit une version moderne d’Ivan l’Imbécile, que [les réalisateurs] Shukshin et Daneliya ont bien décelée en lui, soit Candide ou l’Optimiste”

Anton Dolin, Meduza

Acteur russe, Leonid Kuravliov a connu le succès dès les années 1960 en jouant dans Il était une fois un gars (1964) de Vassili Choukchine ou encore dans Le Veau d’Or (1968) de Mikhail Schweitzer En 1967, l’acteur a interprété l’un des personnages principaux de Vij, une production qui est considérée comme le premier film d’horreur soviétique de l’histoire

Particulièrement prolifique dans les années 1970 - 1980, l’acteur a été à l’affiche de plusieurs comédies connaissant un très grand succès dans les salles de l’URSS Parmi ces productions, quatre ont dépassé les 44 millions de spectateurs dans le pays Afonya (1975) de Georgiy Daneliya est notamment le 11e film soviétique ayant fait le plus d’entrées dans le pays, soit 62 millions Ivan Vasilievich change de profession (1973) de Leonid Gaidai est pour sa part le 17e, avec 60 millions de spectateurs En 1965, l’acteur s’est vu décerner le titre honorifique d’”artiste émérite” de la République socialiste fédérative soviétique de Russie En 1976, il a été cette fois-ci nommé “artiste du peuple”

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Wim Jansen et Diego Maradona en 1979 (© Getty Images)
--Cinéma-Le 30 janvier, Leonid Kuravlyov (85 ans).
Leonid Kuravlyov dans “Ivan Vassilievitch change de profession”, 1973 (© Mosfilm)

Le 30 janvier, Mike Nykoluk (87 ans).

“En tant que talentueux meneur de jeu, Mike Nykoluk s’est avéré être l’un des marqueurs les plus prolifiques de l’histoire de l’American Hockey League” American Hockey League Hall Of Fame, 2007

Joueur de hockey sur glace canadien ayant joué de 1958 à 1972 pour les Bears de Hershey en AHL, Mike Nykoluk a remporté la Coupe Calder (équivalent de la Coupe Stanley en NHL) avec son équipe en 1959 et en 1969 Auteur de 16 buts, 68 assists et donc de 84 points en 72 rencontres lors de la saison 1966 - 1967, il s’est alors vu décerner le Trophée Les Cunningham, qui récompense le joueur le plus utile de la saison S’il n’a pas réussi à s’imposer en NHL, ligue reconnue comme plus relevée que l’AHL, n’évoluant ainsi que 32 matchs avec les Toronto Maple Leafs en 1956 - 1957, Mike Nykoluk est néanmoins devenu une légende des Bears de Hershey et de l’AHL Si la franchise a retiré son numéro, le n°8, en guise d’hommage, la ligue a intronisé Nykoluk dans l’AHL Hall of Fame en 2007 En 2022, le hockeyeur reste le 3e meilleur passeur et le 6e meilleur marqueur de l’histoire de l’AHL Par la suite, Mike Nykoluk est devenu entraîneur en NHL, devenant le premier assistant à plein-temps de l’histoire de la compétition en 1972, en travaillant aux côtés du coach des Philadelphia Flyers, Fred Shero Cette collaboration s’est révélée fructueuse puisque la franchise a remporté la Coupe Stanley en 1974 et 1975 Ensuite, de 1981 à 1984, Nykoluk a été le coach des Toronto Maple Leafs, franchise qu’il a qualifiée une fois pour les séries éliminatoires, mais qu’il n’a jamais réussi à emmener plus loin

“Commençant comme demi-centre, il a ensuite surtout joué en défense, toujours au centre, dans la dernière partie de sa carrière Au milieu des années 1980, il était considéré comme l’un des meilleurs joueurs défensifs du monde” Olympedia, “Valdemaras Novickis”

Reconnu pour avoir été un défenseur hors-pair, le handballeur Voldemaras Novickis a été le capitaine de l’équipe nationale d’URSS de 1985 à 1988 C’est ainsi en tant que meneur d’hommes qu’il a remporté la médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1988 Mais avec l’URSS, Novickis a aussi remporté l’argent aux Jeux Olympiques de 1980 et l’or aux championnats du monde de 1982

En club, Novickis est une véritable légende du Granitas Kaunas, équipe lituanienne pour laquelle il a joué de 1974 à 1988 puis de 1990 à 1993 Avec lui, le club a remporté la Ligue européenne masculine de handball (C3) en 1987 et terminé finaliste de cette même compétition en 1988.

Le fait de devenir entraîneur de ce même club juste après sa retraite de joueur lui a permis de remporter cinq championnats de Lituanie d’affilée de 1991 à 2005 Après cette incroyable série, Novickis a remporté deux autres championnats en 2008 et en 2009 Si le niveau de cette ligue est moins relevé que celui de l’URSS, Novickis a toutefois terminé par deux fois 2e du championnat d’URSS, en 1981 et en 1985, avec cette même formation

Coach de l’équipe nationale de Lituanie de 1993 à 2000, Novickis est parvenu à qualifier son pays pour les Championnats du monde 1997, où elle a atteint les huitièmes de finale, et les championnats d’Europe 1998

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Sport--
Mike Nykoluk (© Twitter, Toronto Maple Leafs)
--Sport-Le 31 janvier, Valdemaras Novickis (65 ans).
Voldemaras Novickis (© Rankinis lt)

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Le 1er février, Maurizio Zamparini (80 ans).

“Une des premières personnes qui m’a fait confiance est partie MERCI pour tout Zamparini, au cours des deux années où j’ai vécu à Palerme, tu as été bien plus que mon président, tu m’as traité comme un fils”

Javier Pastore, 2022 (source : Sport365)

Homme d’affaires italien, Maurizio Zamparini a été le président de plusieurs clubs de son pays Acquérant le Calcio Venezia, une équipe de D4, en 1986, il l’a fusionnée avec l’AC Mestre, club de la même division, en 1987 Lors de la saison 1998 - 1999, l’AC Venezia a regagné une élite que le club avait quittée en 1967 Quittant en 2002 la cité des Doges, alors en Série B, Zamparini a pris la direction de l’US Palerme, en prenant le soin d’emporter avec lui une petite dizaine de joueurs ainsi que l’entraîneur de son ancien club. L’année suivante, avec un Luca Toni claquant 30 buts, la formation sicilienne a remporté le championnat de D2 et est montée en Serie A, 31 ans après l’avoir quittée C’est en 2017 seulement que Zamparini a quitté les Rosaneri, après être parvenu à cinq reprises à se qualifier pour la Coupe UEFA, compétition que le club n’avait encore jamais connue, et avoir disputé une finale de Coupe d’Italie en 2011 (défaite 1 - 3 contre l’Inter Milan) Il aura notamment amené au club, pour une somme dérisoire, des futures stars provenant d’Amérique du Sud telles qu’Edinson Cavani (5 millions d’euros en 2007) ou Paulo Dybala (3 millions d’euros en 2012)

Zamparini est connu pour avoir très régulièrement changé d’entraîneurs dans sa carrière, avec quarante coachs différents pour l’US Palerme en quinze ans Lors de la saison 2015 - 2016, qui a vu le club finir 16e, sept entraîneurs différents ont défilé sur les bancs des Rosaneri

“Bardot a eu Vadim pour la lancer Monica a eu Antonioni [ ] Elle est devenue star mondiale en restant elle-même, rieuse et simple”

Gilles Jacob, Twitter, 2022

Dans les années 1960, si le cinéma italien était garni d’actrices de renommée internationale telles que Sophia Loren ou Claudia Cardinale, c’est bien Monica Vitti qui a endossé le surnom honorifique de “reine du cinéma italien” Égérie du réalisateur Michelangelo Antonioni à partir de 1960, Monica Vitti a marqué le public par son élégance et son regard particulier, formant un “visage de l’angoisse”, comme le dit bien Antonioni lui-même L’actrice s’est ainsi illustrée en incarnant des femmes tourmentées, dans des films comme L’avventura (1960), La notte (1961), L'Éclipse (1962) ou encore Le Désert rouge (1964), tous réalisés par Antonioni Par la suite, Monica Vitti est partie de son côté et joue dans des comédies comme Les Poupées (1964) de Luciano Salce

A partir des années 1970, “la reine du cinéma italien” s’est faite plus rare mais a continué de jouir d’un grand succès Entre 1969 et 1979, elle a ainsi remporté à cinq reprises le David di Donatello de la meilleure actrice, grâce à ses rôles dans La Fille au pistolet (1968), Nini Tirebouchon (1970), Poussières d’étoiles (1973), Le Canard à l’orange (1975) et Amori miei (1978)

Arrêtant de jouer à partir de 1989, Monica Vitti a réalisé Scandale secret en 1990, avec lequel elle a été nommée au David di Donatello du meilleur réalisateur débutant

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Sport
Maurizio Zamparini (© Palermofficial)
--Cinéma-Le 2 février, Monica Vitti (90 ans).
Monica Vitti en 1965 (© Everett / Aurimages)

Le 2 février, Bill Fitch (89 ans).

“Une carrière exemplaire, permettant notamment aux Cavaliers de se faire un nom, ou à lancer la machine Celtics des années 80”

Remy Guerre Chaley, Trashtalk, 3 février 2022

Coach de basketball états-unien ayant entraîné cinq franchises différentes de NBA de 1970 à 1998, Bill Fitch s’est spécialisé dans la prise en main de franchises qui étaient alors en grande difficulté Par exemple, lorsqu’il est arrivé sur le banc des Celtics de Boston en 1979, l’équipe sortait d’une saison où elle avait fini 10e sur 11 dans sa conférence Et en 1983, lorsqu’il a débarqué au Texas, les Rockets de Houston venaient de terminer bon derniers de la Conférence Ouest avec 17% de victoires Puisqu’il a tout choisi sauf la facilité, Fitch est en 2022 le 2e coach de NBA ayant perdu le plus de matchs (1 106) dans l’histoire de la ligue En 1970, il a par exemple perdu ses 15 premières rencontres sur le banc des Cavaliers de Cleveland Et en 1983 - 1984, le coach n’a pu empêcher les Rockets de terminer encore derniers de leur conférence Si les travaux de Bill Fitch n’ont pas tout de suite été couronnés de succès, ils s’inscrivaient principalement sur le long terme et permettaient quasiment à chaque fois de placer la franchise coachée dans une nouvelle dimension En 1976, le coach a été élu entraîneur de l’année après être parvenu à hisser les Cavaliers en finale de conférence Est L’épopée de cette formation, qui a déjoué les pronostics, a pris le surnom de “miracle de Richfield” Mais la prise en main d’une franchise par Fitch pouvait également commencer sur les chapeaux de roue Lors de sa première année avec les Celtics, il a en effet réalisé ce qui constituait alors le plus grand turnover de l’époque puisque la franchise avait remporté 32 matchs de plus que la saison précédente, et atteint la finale de la Conférence Est Cela a alors valu à Fitch de remporter une seconde fois le titre de coach de l’année en 1980 L’année suivante (1981), les Celtics de Bill Fitch ont été champions NBA

“Dans l’histoire du sport dans notre pays, sa carrière est sans pareille [ ] On pourrait dire qu’il a eu un impact profond sur toutes les facettes du jeu qu’il a embrassées” Edmund van Esbeck, 2022 (source : Irish Rugby)

Arrière irlandais ayant évolué de 1958 à 1973 au sein de l’équipe du Munster Rugby, Tom Kiernan a joué 54 matchs avec l’équipe nationale d’Irlande entre 1960 et 1973 Or, à cette époque, les sélections nationales s’affrontaient bien moins souvent qu’en 2022 Dans les années 1960, l’Irlande jouait 4 à 6 matchs par saison, contre 9 en 2020 - 2021 Quand il a pris sa retraite, en 1973, Tom Kiernan était ainsi le joueur le plus capé, l’homme ayant le plus porté le brassard de capitaine (24) et le meilleur réalisateur de la sélection avec 158 points inscrits En 2022, il demeure le 10e plus grand réalisateur de l’histoire du XV du Trèfle Avec son pays, Kiernan a remporté le Tournoi des Cinq Nations 1973, mais a exaeco avec les quatre autres pays Après sa retraite, Tom Kiernan est devenu entraîneur Il était notamment à la tête du Munster en 1978 lorsque le club est devenu la seule équipe irlandaise à avoir battu la Nouvelle-Zélande (score 12 - 0) Sélectionneur de l’équipe nationale de 1980 à 1983, il a remporté en 1982 le Tournoi des Cinq Nations et la Triple Couronne

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Sport--
Bill Fitch avec les Celtics en 1981 (© Peter Morgan / Associated Press)
--Sport-Le 3 février, Tom Kiernan (83 ans).
Tom Kiernan en 1966 (© Universal/Corbis/VCG)

--Musique--

Le 6 février, Lata Mangeshkar (92 ans).

“Les générations futures se souviendront d’elle comme d’un pilier de la culture indienne, dont la voix mélodieuse avait une capacité inégalée à envoûter les gens” Narendra Modi (Premier ministre indien), février 2022

Chanteuse surnommée “rossignol indien” ou encore “reine de la mélodie”, Lata Mangeshkar était, depuis la fin des années 1940, l’une des voix les plus populaires du 2e pays le plus peuplé au monde Cette artiste, très prolifique, était si populaire qu’on lui a reproché de ne pas laisser assez de place pour les autres artistes Lata Mangeshkar a effectivement chanté pour près d’un millier de films de Bollywood, faisant office de chanteuse de playback pour de nombreuses actrices En 1974, le Guinness Book statuait déjà que la chanteuse était alors à 25 000 chansons interprétées, ce qui constituait un record mondial à ce moment-là En 1991, l’ouvrage parlait désormais de 30 000 chansons Les autres sources estiment que la chanteuse a enregistré entre 25 et 30 000 morceaux dans sa carrière Bien moins connue par-delà les frontières de son pays,, Lata Mangeshkar est tout de même apparue comme une grande source d’inspiration pour des artistes occidentaux Elle formait notamment l’une des premières inspirations musicales de Freddie Mercury En outre, quelques succès occidentaux samplent des chansons qu’elle a interprétées

On pense au tube “Toxic” (2004) de Britney Spears, produit par Bloodshy & Avant, qui sample “Tere Mere Beech Mein” (1981) ou à “Addictive” (2002) de Truth Hurts ft Rakim, produite par DJ Quik, qui reprend la voix de Lata Mangeshkar dans “Thoda Resham Lagta Hai” (1981), ce qui fait toute la force du beat

En 2001, Lata Mangeshkar a reçu la Bharat Ratna, la plus prestigieuse des décorations civiles du pays Jusqu’en 2022, 45 personnes seulement dans le pays ont reçu cette décoration dans l’histoire du pays

“Is it Because I’m Black [ ], illuminé par la chanson-titre extraordinaire qui s’étire sur sept minutes et où il dépeint avec une voix déchirante la condition des Noirs américains” Laurent Rigoulet, “La sélection vinyle de la semaine”, Télérama, 2022

Bluesman états-unien ayant notamment enregistré avec Howlin’ Wolf dans les années 1950, Syl Johnson a classé dix-neuf de ses morceaux dans le Hot R&B Singles du Billboard entre 1967 et 1982 De ces chansons, sept se sont également classées dans le Billboard Hot 100, comme le morceau contestataire “Is It Because I’m Black” (1969) qui s’est hissé à la 68e place du Hot 100 et à la 11e de l’US R&B, ou son plus grand tube, une reprise d’Al Green, “Take Me to the River” (1975), qui a été au mieux 48e du Hot 100 et 7e de l’US R&B Dans les années 1980 - 1990, Syl Johnson est devenu une grande source d’inspiration pour les producteurs de hip-hop Dans “Fight the Power” (1989) de Public Enemy, on entend notamment des échantillons instrumentaux et vocaux issus de “Different Strokes” (1967), titre dont un riff a aussi été samplé par le Wu Tang Clan pour le refrain de “Shame on a Nigga” (1993) En France, Imhotep du groupe Iam a repris une boucle de “I hate I walked away” (1973) pour créer “Elle donne son corps avant son nom” (1996)

Lata Mangeshkar, en 1959 (© Magnum Photos / Marilyn Silverstone)
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Musique-Le 6 février, Syl Johnson (85 ans).
Syl Johnson en 1997 (© Masahiro Sumori)

Cinéma--

Le 7 février, Douglas Trumbull (79 ans).

“[Douglas Trumbull] est responsable de ce [que Rencontres du troisième type] contient de meilleur”

Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma, 1992

Réalisateur et scénariste états-unien reconnu pour avoir été un pionnier dans l’utilisation et la création d’effets spéciaux, Douglas Trumbull a été nommé à l’Oscar des meilleurs effets visuels pour sa participation prédominante et décisif dans la confection de 2001, L’Odyssée de l’Espace (1968), Rencontres du troisième type (1977), Star Trek, le film (1979) ou encore de Blade Runner (1982)

Dans 2001, L’Odyssée de l’Espace, on doit notamment à Douglas Trumbull le fameux slit-scan de la fin du film Grâce à son concours, Stanley Kubrick a remporté en 1969 l’unique Oscar de sa carrière, dans la catégorie des effets visuels, car l’académie des Oscars ne pouvait accepter que trois personnes nominées pour un même film Or, ils étaient quatre, avec Trumbull, à avoir travaillé ensemble sur la confection des effets visuels Pour n’en frustrer aucun, c’est ainsi Kubrick qui a été choisi

En 1972, Douglas Trumbull a repris des idées et techniques qu’il avait créées pour le film de Kubrick et dont il n’avait pas eu à se servir, afin de réaliser son premier film, Silent Running Cette production lui a permis d’être contacté par George Lucas pour travailler sur Star Wars, mais Trumbull a alors décliné l’offre C’est plutôt avec Steven Spielberg qu’il a coopéré en 1977, sur Rencontres du troisième type

Collaborant avec Ridley Scott en 1982 sur Blade Runner, Douglas Trumbull a élaboré les miniatures de plusieurs décors, dont la pyramide qui héberge la Tyrell Corporation

Ce travail avec Ridley Scott vaut aux deux hommes d’être vus comme des “devins” par Thomas Sotinel du Monde

En parallèle, Douglas Trumbull a connu un certain succès avec Brainstorm (1983) dans lequel il a convié Christopher Walken, Natalie Wood et Louise Fletcher

“Elle s’est sacrifiée pour ouvrir une nouvelle ère pour les femmes [ ] Nous ne sommes que des grains de sable dans sa Bettyness”

Erykah Badu, “Erykah Badu and Joi on the Legacy of Betty Davis”, Redbull, 2018

Auteure-compositrice-interprète états-unienne dont la courte mais intense carrière s’est étalée du milieu des années 1960 à la fin de la décennie 1970, Betty Davis fut en parallèle une mannequin à succès C’est justement en mettant en avant son corps et sa sexualité que l’artiste est devenue une “icône du funk salace”, comme le résume Louis-Julien Nicolaou pour Télérama L'œuvre de Betty Davis ne peut toutefois pas être résumée à son expression corporelle Plus qu’une personnalité outrancière, elle fut, selon Miles Davis, “ en avance sur son temps”

Si elle fut la femme du trompettiste de 1968 à 1969, Betty Davis ne s’est pas cantonnée à trouver le nom de l’album Bitches Brew (1970), à l’origine “Witches Brew” Elle s’est aussi payée le luxe d’influencer son travail Elle est ainsi présentée comme la personne qui a fait découvrir à Miles Davis la musique de Sly Stone et de Jimi Hendrix, dont l’influence se fera sentir dans Bitches Brew Dans sa propre carrière, Betty Davis a enregistré les cultissimes “If I’m in Luck I Might Get Picked Up”, “Anti-Love Song” (1973), “They Say I’m Different” ou “Shoo-B-Doop and Cop Him” (1974)

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On doit à Douglas Trumbull la pyramide de Blade Runner (Sunset Boulevard / Corbis via Getty Image)
--Musique-Le 9 février, Betty Davis (77 ans).
Betty Davis en 1969 (© Anthony Barboza / Getty Images)

--Musique--

Le 9 février, Ian McDonald (75 ans).

“En matière de musique pop, les musiciens pouvant se targuer d’être à l’origine d’un style sans que la moindre réserve puisse être émise [ ] sont rares Il se trouve que Ian McDonald [ ] était du nombre : le saxophone du 21st Century Schizoid Man ouvrant In the Court of Crimson King de 1969, kilomètre zéro du rock progressif dévalé dans un fracas de «bûchers funéraires de politiciens» et d’«innocents violés au napalm», c’était lui” Grégory Schneider, Libération, 11 février 2022

Musicien multi-instrumentiste britannique, Ian McDonald était ce genre d’artiste qui pouvait se vanter d’avoir été l’un des membres fondateurs de deux grands groupes de rock pourtant très différents : King Crimson en 1969 et Foreigner en 1976 S’il a quitté assez rapidement ces deux formations, partant de King Crimson l’année de sa création et de Foreigner en 1980, il n’en a pas moins été un pilier et un musicien indispensable ayant marqué de son empreinte le son de ces deux groupes majeurs

Au sein de King Crimson, groupe considéré comme un, si ce n’est le seul, grand pionnier du rock progressif, Ian McDonald s’est occupé du vibraphone, de la clarinette, de la flûte, des claviers ainsi que du mellotron, un instrument qu’il a introduit dans la bande Avec Foreigner, il était derrière la guitare rythmique, les claviers et les cuivres McDonald n’était toutefois pas seulement un musicien Il s’agissait également d’un cuisinier cinq étoiles Dans l’album mythique In the Court of King Crimson (1969), il a ainsi participé à la composition des cinq morceaux, et il en a même composé deux seul de son côté : “I Talk to the Wind” et “The Court of the Crimson King”

Fort de sa remarquable polyvalence et d’une belle réputation, McDonald a aussi été un musicien de session prisé On l’entend ainsi jouer le saxophone sur l’album Electric Warrior (1971) de T Rex, et donc sur “Get It On”

“André Wilms, immense acteur, voix unique, bête de scène, lecteur virtuose, voguait entre musique, théâtre, cinéma et la radio”

France Culture, 2022

Inoubliable père Le Quesnoy dans La Vie est un long fleuve tranquille (1988) d’Etienne Chatiliez, André Wilms a beaucoup joué pour ce dernier réalisateur en apparaissant dans Tatie Danielle (1990), Tanguy (2001), La Confiance règne (2004) ou encore Maigret (2022) L’acteur a aussi joué dans plusieurs films du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki, parmi lesquels La Vie de bohème (1992), Juha (1999), qui constitue le dernier film muet du XXe siècle, ou encore Le Havre (2011), une production qui a remporté le prix Louis-Delluc en 2011 Chatiliez et Kaurismäki ne sont toutefois pas les seuls réalisateurs pour qui André Wilms a joué La liste est en réalité très longue (Patrice Leconte, Claude Chabrol, François Ozon etc ) pour cet acteur qui a su être très prolifique à partir des années 1980 La carrière d’André Wilms a également été grandement tournée vers le théâtre, là où il fait ses premiers pas dans les années 1970, en jouant notamment dans la mise en scène proposée par André Engel de Baal de Bertolt Brecht en 1976 Metteur en scène à partir de la fin des années 1980, Wilms a même proposé en 2005 une mise en scène des Bacchantes d’Euripide avec la Comédie Française

Un saxophoniste, entre autres (© Ebet Roberts / Redferns)
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-Le 9
Cinéma
février, André Wilms (74 ans).
André Wilms, le père Le Quesnoy dans “La Vie est un long fleuve tranquille” (© Téléma / MK2 / France3Cinéma)

Cinéma--

Le 12 février, Ivan Reitman (75 ans).

“Ivan Reitman est une légende À Hollywood, il était plus grand que nature C’était un des rois de la comédie [ ] Il était intelligent comme l’enfer” Arnold Schwarzenegger, Twitter, février 2022

Cinéaste canadien spécialiste des comédies, Ivan Reitman est surtout connu pour avoir réalisé Sos Fantômes (1984) Véritable phénomène culturel porté par un casting XXL (Bill Murray, Sigourney Weaver etc ), le film s’est vu classé 28e plus grand film humoristique de l’histoire par l’American Film Institute en 2000 Le cinéaste a également réalisé la suite du film, SOS Fantômes 2 (1989) et produit les deux autres films de la franchise

Toutefois, sa carrière est loin de s’arrêter à la saga SOS Fantômes En effet, Ivan Reitman aussi connu un certain succès avec des films déjantés mettant en scène Arnold Schwarzenegger, à l’image d’Un flic à la maternelle (1990), mais aussi de Jumeaux (1988) et de Junior (1994), deux films dans lesquels Schwarzy partage l’affiche avec Danny De Vito

Sans les réaliser, Ivan Reitman a également participé à la production de nombreux films cultes, tels que Animal College (1978) de John Landis, Beethoven (1992) de Brian Levant ou Space Jam (1996) de Joe Pytka

Plus discret dans les années 2000 - 2010, le cinéaste a terminé sa carrière en dirigeant Ashton Kutcher et Natalie Portman dans Sex Friends (2011), puis Kevin Costner dans Le Pari (2014) Cette dernière production dénote dans la filmographie de Reitman dans le sens où il s’agit d’un film dramatique

“Attaquant particulièrement rapide avec une frappe puissante, il est l’un des plus grands buteurs de notre histoire”

Nacional Digital, Idolos, “Morales Julio César”

Attaquant uruguayen ayant joué 24 matchs et inscrit 11 buts pour la Celeste, Julio Morales a joué les trois derniers matchs de sa sélection lors du Mondial 1970, au cours duquel l’Uruguay a perdu en demi-finale face à la Seleçao de Pelé En 1981, il a remporté avec sa sélection le Mundialito, inscrivant notamment un pénalty en match de poule En club, Morales a joué de 1961 à 1972 puis de 1979 à 1982 dans le championnat uruguayen, d’abord au Racing Montevideo (1961-1965), et par la suite au Nacional Montevideo (1965-1972 puis 1979-1982) C’est dans ce dernier club que l’attaquant est devenu une légende Avec le Nacional, Morales a remporté à six reprises la Primera Division (1966, 1969, 1970, 1971, 1972, 1980) mais aussi et surtout à deux reprises la Copa Libertadores et la Coupe Intercontinentale (1971, 1980) Auteur de 179 buts en 459 matchs pour le club selon le site Atilio, Julio Morales a marqué 30 fois en Copa Libertadores, ce qui fait de lui le 5e meilleur buteur de l’histoire de la compétition en 2022 Et si Julio Morales n’a pas joué en Uruguay entre 1973 et 1979, c’est parce qu’il s’en est allé devenir la légende d’un autre club, dans le Vieux Continent : le FK Austria Wien Auteur de 72 réalisations en 215 apparitions pour ce club, l’international uruguayen a gagné deux fois le championnat (1976, 1978) et la Coupe d’Autriche (1974, 1977)

Reconverti entraîneur par la suite, Julio Morales a coaché le Racing Club de Montevideo de 1983 à 1987

Le 14 février, Julio Morales (76 ans).

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Ivan Reitman, entouré de Danny De Vito et Arnold Schwarzenegger (© Universal / Courtesy Everett Collection)
--Sport--
Julio Morales avec le maillot du Nacional Montevideo (© atiolio uy)

Littérature--

Le 16 février, Michel Deguy (91 ans).

“Michel Deguy aimait jouer de tous les miroitements de l’écriture, accordant une place privilégiée au poème, seul capable de se tenir au ras des choses, de capter le terrestre, d’éviter les risques de la théorie et de l’abstraction”

Elodie Maurot, “Mort de Michel Deguy, poète au ras des choses”, La Croix, 2022

Poète et philosophe français, Michel Deguy a travaillé pour la revue Les Temps modernes et a fondé la revue Po&sie en 1977 Président du Collège international de philosophie de 1989 à 1992, il a ensuite présidé la Maison des écrivains de 1992 à 1998

Auteur reconnu par la critique, Michel Deguy a remporté plusieurs prix, à l’image du Prix Max-Jacob en 1962 avec Poèmes de la presqu’île, du Grand prix de poésie de la SGDL en 2000 mais aussi du Grand prix de poésie de l’Académie française qui lui a été décerné en 2004 pour l’ensemble de son œuvre Selon Tiphaine Samoyault, dans un article que cette dernière a écrit en 2022 pour En attendant Nadeau, on peut retenir quatre phases dans l'œuvre de Deguy : une poésie décidée, “le temps de l’essai et de la prose pensive”, “les combats et les deuils” puis le temps de l’écologie A la fin de sa vie, la poésie de Michel Deguy s’est effectivement grandement tournée vers l’écologie, avec Desolatio (2007) ou Écologiques (2012) Mais on peut également retenir trois aspects saillants dans la “raison poétique” de Michel Deguy : le “comme”, le témoignage et la traduction

<<A Whiter Shade of Pale>> en 1967, est largement considéré comme l’un des éléments qui ont défini le <<Summer of Love>> Pourtant, il n’aurait pas pu être plus différent des disques caractéristiques de cette époque Il n’était pas non plus caractéristique de la propre écriture [du groupe] Au fil de ses 13 albums, Procol Harum n’a jamais cherché à le reproduire, préférant forger une voie résolument progressive, en s’engageant à regarder vers l’avenir et en faisant de chaque disque un divertissement unique”

Procol Harum, communiqué, 2022

Auteur-compositeur-interprète anglais, Gary Brooker a été le chanteur du groupe The Paramounts au début des années 1960 Avec cette bande, il a connu le succès dès 1964 avec “Poison Ivy”, une reprise qui s’est hissé à la 35e place des charts britanniques Mais c’est avec Procol Harum, à partir de 1967, que Gary Brooker a vraiment connu la renommée Leur premier single, “A Whiter Shade of Pale”, que le musicien a co-écrit avec Keith Reid et Matthew Fisher, a en effet connu un succès tonitruant 38e du Billboard Hot 100 de l’année 1967, le tube s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires, ce qui en fait l’un des singles les mieux écoulés de l’histoire En 2004, le titre a même été classé “57e plus grande chanson de tous les temps” par le Rolling Stone Procol Harum n’est toutefois pas un “one-hit wonder” Gary Brooker a ainsi continué d’écrire des chansons et des albums reconnus par la critique, tel A Salty Dog (1969), classé 1045e du Virgin All-Time Album Top 1000 List en 2000

De son côté, le musicien a participé en tant que claviériste à l’album All Things Must Past (1970) de George Harrison mais également à Another Ticket (1981) d’Eric Clapton, dont il a co-écrit le titre “Catch Me If You Can”

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Musique--

Le 19 février, Gary Brooker (76 ans).

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Michel Deguy (© Olivier Roller / Divergence) Gary Brooker en 2017 (© www 2eight de Stefan Brending)

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Le 24 février, Sally Kellerman (84 ans).

“Sa voix, son timing comique impeccable, sa capacité à basculer entre l’idiotie et le charme et à faire sa place dans des casernes remplies d’hommes de l’armée Elle était unique en son genre”

Gennefer Gross, Twitter, 2022

Actrice états-unienne, Sally Kellerman est principalement connue pour avoir tenu le rôle de “Lèvres de feu” dans la comédie M*A*S*H (1970) de Robert Altman Si le film en lui-même a remporté la Palme d’Or du Festival de Cannes 1970 et s’est vu classé 54e plus grand film états-unien de l’histoire par l’American Film Institute en 2007, l’actrice a pour sa part été nommée aux Oscars 1971 dans la catégorie “meilleure actrice dans un second rôle”

A côté de ce grand succès, l’actrice a joué dans Brewster McCloud (1970), toujours sous la direction de Robert Altman, mais également dans des films où elle a donné la réplique à Tony Curtis, à l’image de L'Étrangleur de Boston (1968) de Richard Fleischer ou de Deux Affreux sur le sable (1980) de Nicolas Gessner

On pourrait enfin citer, parmi les films dans lesquels Sally Kellerman a joué, Foxes (1980) d’Adrian Lyne, Follow That Bird (1985) de Ken Kwapis où l’actrice n’apparaît pas à l’écran mais donne sa voix à Miss Finch des Muppets, ou encore À fond la fac (1986) d’Alan Metter

“Il a allumé l’étincelle qui a conduit à la légendaire course au mile en quatre minutes entre 1952 et 1954, et est apparu comme l’un des grands protagonistes en la matière En fin de compte, Roger Bannister l’a réussi le premier, mais il est également le premier pour reconnaître que l’excellence de Landy l’a inspiré pour atteindre cette barre historique” Sebastian Coe, pour Len Johnson, World Athletics, 2022

Athlète australien spécialisé dans le 1500m et le Mile, John Landy a remporté la médaille de bronze sur le 1500m lors des Jeux Olympiques d’été de 1956 ainsi que la médaille d’argent sur le Mile lors des Jeux de l’Empire britannique et du Commonwealth de 1954 Mais c’est la seconde course, dans la logique la moins prestigieuse, qui est pourtant le mieux entrée dans la postérité Ayant le mérite d’exalter la rivalité historique entre John Landy et le Britannique Robert Bannister, ce Mile est souvent présenté comme “the Miracle Mile” ou “the Perfect Mile” Les rivaux ont effectivement réussi l’exploit insoupçonné de franchir tous les deux la fameuse barre des 4 minutes que l’on considérait, encore quelques mois avant, comme quasiment impossible à atteindre Toutefois, aucun record du monde n’a alors été établi La course au Mile en moins de 4 minutes s’est en réalité jouée plus tôt dans l’année En juin 1954, John Landy est devenu le 2e athlète de l’histoire à franchir cette barre, après Bannister Mais il a alors eu le privilège de battre le record de son rival, avec un temps de 3’58’00, et même de battre le record du monde du 1500m (3’41’08) alors qu’il courait un Mile Ce record du Mile n’a été battu qu’en 1957 Devenu une légende de l’épreuve en Australie comme dans le monde, John Landy a eu l’honneur de prononcer le serment olympique lors des Jeux Olympiques de 1964, tenus à Melbourne

Se réorientant dans la politique par la suite, John Landy est devenu le gouverneur de l’Etat de Victoria de 2001 à 2006

--Sport--

Le 24 février, John Landy (91 ans).

--Cinéma
Sally Kellerman (© 20thCentFox/Courtesy Everett Collection) John Landy devant Robert Bannister (© Associated Press)

Cinéma--

Le 25 février, Michel Le Royer (89 ans).

“Son parcours rend hommage au talent de nos grands écrivains, qu’il savait sublimer et faire sortir des cénacles consacrés”

Elysée, “Décès de Michel Le Royer”, 26 février 2022

Acteur français, Michel Le Royer a dans un premier temps joué au sein de la Comédie Française de 1957 à 1962 Mais c’est surtout à la télévision qu’il s’est fait connaître, en incarnant le personnage principal de plusieurs mini-séries telles que Le Chevalier de Maison-Rouge (1963), Corsaires et Flibustiers (1966) ou D’Artagnan, chevalier du roi (1966) A la même période, il a joué au cinéma dans La Fayette (1962) de Jean Dréville et Dernier Tiercé (1965) de Richard Pottier, deux films dans lesquels il a joué le protagoniste, mais aussi dans Château en Suède (1963) de Roger Vadim Michel Le Royer est aussi devenu un acteur de doublage réputé Il a notamment fait la voix française de Christopher Lee lorsque celui-ci interprétait Saroumane, ainsi que celle de Giuliano Gemma, David Warner ou Michael Caine dans trois films chacun

“C’était une des voix qu’on reconnaissait aisément parmi des centaines d’autres sans avoir jamais vu le visage de son auteur”

Edouard Pflimlin, Le Monde, 2 mars 2022

Comme le note son fils Loïc Paturel, Dominique Paturel “faisait partie de cette génération qui savait tout faire” Commençant sa carrière d’acteur au théâtre dans les années 1950, il a notamment joué dans L’Avare de Molière, mis en scène par Jean Vilar en 1956 ou encore dans Comme il vous plaira de William Shakespeare, mis en scène par Jean-Pierre Granval en 1964 C’est toutefois à la télévision que Dominique Paturel est devenu un visage connu du grand public Il a en effet joué dans plusieurs mini-séries des années 1960, parmi lesquelles Le Chevalier de Maison-Rouge (1963), Lagardère (1967) ou encore D’Artagnan (décembre 1969 - 1970), où il incarnait le célèbre mousquetaire Sur le grand écran, il a joué Francis Coplan dans Coplan prend des risques (1964) de Maurice Labro ou Pygmalion II dans Maître Pygmalion (1975) de Jacques Nahum et Hélène Durand Homme touche-à-tout, Dominique Paturel s’est imposé à partir des années 1960 comme l’un des grands acteurs de doublage français Il a fait la voix française des principaux personnages de plusieurs séries cultes, dont celle de David Vincent (Roy Thinnes) dans Les Envahisseurs (19671968), Steve Austin (Lee Majors) dans L’Homme qui valait trois milliards (1973 - 1978), J R Ewing (Larry Hagman) dans Dallas (1978 - 1991) ou encore celle de Hannibal (George Peppard)dans L’Agence Tous risques (1983 -1987) Son timbre a aussi bercé les enfants des années 1970, puisqu’il a fait la voix de Robin des Bois dans le film Disney de 1973 ainsi que celle du générique de Capitaine Flam (1978 - 1979)

Au cinéma enfin, Dominique Paturel est devenu le doubleur régulier de nombreux acteurs, tels que Michael Caine, Terence Hill, Robert Wagner ou encore Dean Jones Il a en outre doublé, dans trois films différents, Anthony Zerbe, Richard Chamberlain, Giuliano Gemma, Larry Hagman, George Segal et Robert Duvall En 1980, sur le 2e doublage de Casablanca (1942), il a doublé Paul Henreid (V Laszlo)

--Cinéma--

Le 28 février, Dominique Paturel (90 ans).

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Michel Le Royer dans “Corsaires et Flibustiers” (© Best Image) Dominique Paturel (© Unifrance)

Cinéma--

Le 2 mars, Alan Ladd Jr. (84 ans).

“[Alan Ladd Jr ] aimait le cinéma et croyait en les cinéastes

Il était l’un des rares cadres à miser sur la personne plutôt que sur le projet Sans Laddie, il n’y aurait pas de Star Wars

Il ne comprenait pas ce qu’était Star Wars, mais il croyait en moi et soutenait ma vision Il a tenu tête aux studios et a suivi son instinct Laddie a pris un grand risque personnel et professionnel pour Star Wars et moi ” George Lucas, The Hollywood Reporter, 2 mars 2022

Distributeur et producteur états-unien, Alan Ladd Jr. a fondé la société The Ladd Company en 1979 après avoir travaillé au sein de la 20th Century Fox Il a ainsi distribué Les Chariots de Feu (1981), un film qui a remporté l’Oscar du meilleur film en 1982, et produit de nombreuses oeuvres cultes, à l’image de Blade Runner (1982), de la série de films Police Academy (1984 - 1994) ou encore de Braveheart (1995), biopic avec lequel il a remporté l’Oscar du meilleur film en 1996 aux côtés de Mel Gibson et de Bruce Davey Plus récemment, Alan Ladd Jr a produit le premier film réalisé par Ben Affleck : Gone Baby Gone (2007)

Si George Lucas précise qu’il “n’a pas investi directement dans le film”, Alan Ladd Jr demeure toutefois le premier homme avoir financé le cinéaste et avoir en cru au projet Star Wars, ce dès 1973

“Pas un hameau de notre pays ne lui était inconnu Pas une tradition de nos terroirs ne lui était étrangère La France des territoires perd cette voix familière et ce visage rassurant qui parlait si bien d’elle et savait si bien lui parler” Jean Castex, Twitter, 2 mars 2022

Journaliste, présentateur et animateur de télévision français, Jean-Pierre Pernaut a présenté le 13h de TF1 de 1988 à 2020 En 2014, selon les chiffres de Toutelatele, ce rendez-vous quotidien était suivi par près de 6 millions de téléspectateurs, avec une part d’audience proche des 45 %, ce qui en faisait alors le 2e JT le plus regardé en Europe et le 5e au monde, toutes plages horaires confondues Le JT de Jean-Pierre Pernaut s’est démarqué grâce à une stratégie bien particulière La ligne éditoriale qu’il a mis en place était beaucoup plus centrée sur le national et le local par rapport aux autres JT Comme il le confiait lui-même au Pélerin Magazine en 2004, “ nous, nous visons les habitants des petites villes et des villages [ ] Notre ambition : la proximité” Pour ce faire, JPP a monté un réseau de correspondants présents dans toutes les régions du pays Journaliste engagé, fidèle à sa ligne éditoriale, le natif d’Amiens a créé la rubrique “Sos Villages” qui est en même temps devenue une “initiative au bénéfice des villages en difficulté” comme l’indique le site officiel du groupe TF1 Spontané et désinvolte, Jean-Pierre Pernaut se distinguait également par sa façon de présenter le JT En effet, JPP n’utilisait pas de téléprompteur et se permettait même de personnaliser l’information en donnant régulièrement son point de vue Après avoir quitté le 13h de TF1, JPP a lancé la chaîne Jean-Pierre Pernaut TV, diffusée sur Internet dès fin-2020 En dehors du JT, Jean-Pierre Pernaut a aussi fait office de présentateur de jeux télévisés Il a notamment animé l’émission Combien ça coûte de 1991 à 2010 En 1998, ce jeu télévisé a remporté le 7 d’or de la meilleure émission de société

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Journalisme--

Le 2 mars, Jean-Pierre Pernaut (71 ans).

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Alan Ladd Jr en 1975 (© David F Smith / Associated Press) Jean-Pierre Pernaut en 1988 (© AFP / Georges Bendrihem)

Cinéma--

Le 3 mars, Tim Considine (81 ans).

“Avant que je ne découvre James Dean, Tim Considine était l’incarnation du cool”

Robert B Englund, Twitter, 16 mars 2022

Adolescent-star de Disney dans les années 1950, Tim Considine a joué l’un des rôles principaux du film The Clown (1953) de Red Skelton mais aussi des séries The Adventures of Spin and Marty (1955), The Hardy Boys (1956 - 1957) ou Walt Disney Presents : Annette (1958) L’acteur s’est également fait remarquer au cinéma en jouant un rôle secondaire dans plusieurs films de cette période tels que La Tour des Ambitieux (1954) de Robert Wise, aux côtés de William Holden et Barbara Stanwyck, Les Fils de Mademoiselle (1954) de Robert Z Leonard, The Private War of Major Benson (1955) de Jerry Hopper avec Charlton Heston ou encore Quelle vie de chien ! (1959) de Charles Barton avec Fred MacMurray Il est même apparu dans Patton (1970) de Franklin J Schaffner

En 1960, Tom Considine est passé derrière la caméra en créant avec Gene Reynolds la série Mes trois fils (19601972), dans laquelle Fred MacMurray joue le protagoniste Journaliste et photographe par la suite, Tim Considine est notamment entré dans la postérité en étant l’auteur d’un cliché de l’artiste Joni Mitchell qui constituera en 1971 la pochette de son album Blue (3e meilleur album de tous les temps selon le Rolling Stone en 2020)

“Ailier droit de talent, il participa à la grande épopée du Mondial en 1958”

UNFP, Twitter, 4 mars 2022

Ailier adroit devant les cages, passeur d’une précision aberrante et dribbleur redoutable, Maryan Wisniewski s’est imposé dans les années 1950 - 1960 comme l’un des hommes forts des Sang et Or mais aussi des Bleus Au RC Lens, Wisniewski est devenu une véritable légende Entre 1953 et 1963, il a joué 317 matchs et inscrit 105 buts pour le club nordiste Il demeure ainsi, en 2022, le 10e joueur le plus capé et le 2e meilleur buteur de l’histoire des Sang et Or Vice-champion de France en 1956 et 1957, il a tout de même remporté la Coupe Gambardella avec les juniors du club, en 1958, trois ans après sa première titularisation avec l’Equipe de France senior Jeune prodige, Maryan Wisniewski a effectivement joué son premier match avec les Bleus en 1955, alors qu’il avait à peine 18 ans et deux mois, ce qui fait de lui en 2022 le 3e plus jeune joueur à avoir joué pour l’Equipe de France dans l’histoire, derrière Maurice Gastiger (en 1914) et Eduardo Camavinga (en 2020) Malgré son jeune âge, l’ailier s’est fait une place au sein des Bleus et a honoré au total 33 sélections, ce qui en fait le joueur ayant le plus joué en Equipe de France alors qu’il était au RC Lens Auteur de 12 buts au total pour son pays, il a participé à tous les matchs de la Coupe du Monde 1958 Il a alors marqué contre le Paraguay en poules et ouvert le score contre l’Irlande du Nord en quart de finale Lors de l’Euro 1960, il a inscrit un but en demi-finale mais n’a pu éviter l’élimination des Bleus A côté, la carrière en club de Maryan Wisniewski ne se résume pas au RC Lens L’ailier a aussi joué 51 matchs de 1964 à 1966 pour l’ASSE et 105 de 1966 à 1969 pour le FC Sochaux-Montbéliard, club avec lequel il a atteint la finale de la Coupe de France 1967

Sport--

Le 3 mars, Maryan Wisniewski (85 ans).

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Tim Considine (© Courtesy Everett Collection)
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Maryan Wisniewski, légende du RC Lens et de l’Equipe de France (© C Négrel / L'Équipe)

Sport--

Le 4 mars, Shane Warne (52 ans).

“En dehors des guichets qu'il a tapés et des victoires auxquelles il a grandement contribué, ce qu'il a réussi à faire, c’est d'attirer nombre de personnes vers ce sport Tant de gars de cette équipe [ ] continuent de le considérer comme un héros, comme leur joueur préféré dans l'histoire” Pat Cummins, Twitter, 4 mars 2022

Joueur de cricket australien, Shane Warne est considéré par le Wisden Cricketers’ Almanack de 2000 comme l’un des cinq meilleurs joueurs de cricket du XXe siècle Premier lanceur de l’histoire à avoir atteint les 600 puis les 700 guichets tapés en test-match, Shane Warne a terminé sa carrière internationale (1992 - 2007) avec 708 guichets tapés en 145 match-tests et 293 en 194 matchs de one-day international Avec la sélection australienne, il a remporté la Coupe du Monde de cricket en 1999 De cette compétition, il a notamment terminé meilleur tapeur de guichets (20), ex-aequo avec son compatriote Geoff Allott

En 2005, le lanceur est parvenu à inscrire 96 guichets en une seule année, ce qui constitue un record mondial toujours inégalé en 2022 Cet exploit a participé à le faire élire personnalité sportive internationale de l’année par la BBC cette même année

Réputé pour sa maîtrise exceptionnelle du leg spin, le joueur a réalisé en 1993, lors d’un match-test contre l’Angleterre, ce qui est maintenant considéré comme “the ball of the century”

En équipe domestique, Shane Warne a joué de 1990 à 2007 pour les Victorian Bushrangers en Australie et de 2000 à 2007 pour le Hampshire County Cricket Club en Angleterre

“Les anciens coéquipiers de Grabowski ont qualifié son éthique de travail et sa détermination de <<décisives>> dans la remontée au score des Allemands pour battre les Pays-Bas 2-1 en finale à Munich Il a joué un rôle déterminant dans le lancement de l’action qui a conduit au but victorieux de Gerd Müller”

UEFA, 14 mars 2022

Joueur offensif polyvalent, ayant joué aux postes de buteur, d’ailier ou encore de milieu offensif, Jürgen Grabowski est une véritable légende de l’Eintracht Francfort, club pour lequel il a joué de 1965 à 1980 Avec 526 matchs, il reste en 2022 le 2e joueur le plus capé de l’histoire du club Et avec 140 buts, il en demeure le 4e meilleur buteur Pilier de cette équipe évoluant en Bundesliga, il a, entre 1966-1967 et 1977-1978, figuré par huit fois dans l’équipe-type du championnat proposée à l’issue de chaque saison par le magazine Kicker S’il n’a jamais remporté la Bundesliga avec l’Eintracht, il a décroché la Coupe d’Allemagne à deux reprises, en 1974 et 1975, et la Coupe UEFA en 1980 Mais c’est surtout au sein de la Mannschaft que Jürgen Grabowski s’est constitué un prestigieux palmarès Notons déjà qu’il a participé à trois Coupes du Monde différentes Si l’Allemagne a atteint la finale en 1966, il n’a joué aucun match de la compétition En 1970 par contre, il a participé au “match du siècle” perdu contre l’Italie en demi En 1974 enfin, il a été l’un des hommes forts d’une finale remportée par la Mannschaft Deux ans plus tôt, il avait aussi fait partie de l’équipe vainqueure de l’Euro, mais son rôle avait alors été moins significatif Au total, Grabowski a joué 44 matchs et inscrit 5 buts pour son pays entre 1966 à 1974

--Sport--

Le 10 mars, Jürgen Grabowski (77 ans).

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Shane Warne en 2007 (© Gareth Copley) Jürgen Grabowski, champion du monde 1974 (© Twitter, DFB Team EN)

Cinéma--

Le 13 mars, William Hurt (70 ans).

William Hurt dans Copains d’abord (© D R ) “Bill était un professionnel accompli Toujours à la recherche d’une plus grande vérité et d’une compréhension humaine” Matthew Modine, Twitter, 13 mars 2022

Comédien états-unien ayant commencé sa carrière dans le théâtre dans les années 1970, William Hurt a démarré sa carrière d’acteur de cinéma dans les années 1980 Le succès sur le grand écran ne s’est pas fait pas attendre puisque les premiers films dans lesquels l’acteur a joué, à savoir Au-delà du réel (1980) de Ken Russell, L’Oeil du témoin (1981) de Peter Yates et La Fièvre au corps (1981) de Lawrence Kasdan, l’ont propulsé au rang de star Sans être particulièrement prolifique, l’acteur a su choisir les productions dans lesquelles il jouait, et s’est ainsi vu nommé pendant trois années consécutives à l’Oscar du meilleur acteur avec Le Baiser de la femme araignée (1985) de Héctor Babenco, Les Enfants du silence (1986) de Randa Haines et Broadcast News (1987) de James L Brooks Avec le premier film, il a non seulement remporté l’Oscar du meilleur acteur, mais il a aussi remporté le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes 1985 En 1985 toujours, il a été nommé aux Tony Awards dans la catégorie du “meilleur acteur de second rôle dans une pièce” pour le rôle d’Eddie dans Hurlyburly de David Rabe S’il n’a pas joué dans un nombre de films délirant dans les années 1980, on l’a quand même retrouvé à cette époque dans plusieurs productions de Lawrence Kasdan : Les Copains d’abord (1983), Voyageur malgré lui (1988) ou encore Je t’aime à te tuer (1990) S’il a ainsi joué dans tous types de films, William Hurt s’est fait remarquer en jouant dans quelques films de sciencefiction dans les années 1990 - 2000, dont Jusqu’au bout du monde (1991) de Wim Wenders, Dark City (1998) d’Alex Proyas, Perdus dans l’espace (1998) de Stephen Hopkins ou A I Intelligence artificielle (2001) de Steven Spielberg

La popularité de William Hurt semble ainsi ne jamais avoir connu de creux, et ce n’est pas le XXIe siècle qui nous contredira En effet, cette période a vu ses seconds rôles être remarqués, comme dans A History of Violence (2005) de David Cronenberg, film qui lui a valu d’être nommé pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, ou dans Into the Wild (2007) de Sean Penn A la fin de sa carrière, l’acteur a multiplié les apparitions dans des productions de l’univers Marvel en incarnant Thaddeus “Thunderbolt” Ross, un personnage apparu en 2008 dans L’Incroyable Hulk de Louis Leterrier mais que l’on retrouve également dans Avengers : Infinity War (2018) et Avengers : Endgame (2019) d’Anthony et Joe Russo, entre autres

“Il était l’un des meilleurs sprinters de sa génération”

Ouest-France, 16 mars 2022

Athlète états-unien, Charles Greene a gagné le bronze au 100m et l’or sur le relais 4 x 100m aux Jeux Olympiques de 1968 Ce relais a alors établi un nouveau record du monde du 4x100m, en 38s20, qui n’a ensuite été battu qu'en 1972 Toutefois il ne s’agit pas du seul record que Charles Greene a détenu Le 20 juin 1968, aux championnats des Etats-Unis d’athlétisme, il a égalisé (10s00) puis battu (09s90) le record du monde d’alors, en devenant au cours de cette soirée; surnommée “Night of Speed”, le 3e athlète de l’histoire à passer sous la barre des 10 secondes

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--Sport-Le 14 mars, Charles Greene (76 ans).
Charles Greene (© Bettmann / Corbis)

Cinéma--

Le 14 mars, Akira Takarada (87 ans).

“Il est l’un des OG, et son existence continue offrait un sentiment de connexion aux origines de la franchise Godzilla”

Up From the Depths, Twitter, 17 mars 2022

Acteur japonais, Akira Takarada est connu pour avoir joué le rôle de Hideto Ogata dans les premiers films de la franchise Godzilla : Godzilla (1954) et Godzilla, King of the Monsters! (1956) de Ishiro Honda Les années suivantes, on l’a encore trouvé au premier plan dans Mothra contre Godzilla (1964) de Honda, toujours, et Godzilla, Ebirah et Mothra : Duel dans les mers du sud (1966) de Jun Fukuda Dans ces deux films, Akira Takarada endossait un autre rôle que celui de Hideto Ogata

Resté proche de Ishiro Honda, Akira Takarada a continué de jouer dans des kaiju eiga (“cinéma de monstres”) sans rapport avec Godzilla On pense ainsi à Frankenstein vs. Baragon (1965) ou à La Revanche de King Kong (1967)

L’acteur ne s’est toutefois pas cantonné à ce genre de films On l’a également retrouvé dans plusieurs drames de Mikio Naruse, tels que Le Sifflement de Kotan (1959), Filles, épouses et une mère (1960), Chronique de mon vagabondage (1962) ou L’Histoire de la femme (1963)

“Nos fans n’ont pas oublié ce nom légendaire du football turc et de notre club, Fevzi Zemzem [ ] Nous sommes reconnaissants pour toutes les valeurs que vous avez offertes à notre club de Göztepe”

Göztepe Spor Kulübü, Twitter, 21 mars 2022

Attaquant turc, Fevzi Zemzem incarne à lui seul les beaux jours du Göztepe Spor Kulübü, club pour lequel il a joué 356 matchs entre 1960 et 1974 C’est notamment avec ce joueur en pointe que le club a décroché les seuls trophées majeurs de son histoire : la Coupe de Turquie en 1969 et 1970, mais aussi la Supercoupe du pays en 1970 Surnommé le “Bulldozer”, Fevzi Zemzem était l’attaquant star de l’équipe De la saison 1962-1963 à la saison 1969-1970, il a ainsi toujours fini meilleur buteur du club, terminant même meilleur buteur de la Süper Lig à l’issue de la saison 1967-1968, avec 19 réalisations en 30 matchs En 2022, il demeure ainsi le meilleur buteur de l’histoire du Göztepe SK avec un total de 144 réalisations

En parallèle, l’attaquant a joué 18 matchs et inscrit 6 buts pour l’équipe nationale de Turquie entre 1965 et 1969 Reconverti entraîneur par la suite, Fevzi Zemzem a coaché à plusieurs reprises son club de cœur, à chaque fois pour une année seulement, et à chaque fois lorsque l’équipe se trouvait en D2 Lors des saisons 1977-1978 et 1980-1981, il est notamment parvenu à remporter le championnat de D2 S’il a à nouveau pris les rênes du club en 1994-1995 et en 1997, il n’a jamais réussi à réitérer l’exploit Zemzem a aussi coaché d’autres clubs, à l’instar d’Orduspor qu’il a entraîné de 1978 à 1980, et avec qui il est parvenu à se qualifier en C3 à l’issue de la saison 1978-1979, mais aussi de Diyarbakirspor (1985 - 1987), club avec lequel il a réussi à monter en D1 à l’issue de la saison 1985-1986

Si Akira Takarada a presque arrêté de jouer à partir des années 1980, on l’a tout de même retrouvé dans certains films de la franchise Godzilla, à l’image de Godzilla vs Mothra (1992) de Takao Okawara ou de Godzilla : Final Wars (2004) de Ryuhei Kitamura

--Sport--

Le 21 mars, Fevzi Zemzem (80 ans).

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Akira Fevzi Zemzem, les bras en l’air, avec les couleurs du Göztepe FK (© Fotosport)

--Musique--

Le 22 mars, Pierre Papadiamandis (85 ans).

“Jamais osmose ne fut aussi complète, jamais complicité ne fut aussi prolifique Le duo magique Pierre-Eddy nous a fait cadeau de tant de ces petits bonheurs de 3 minutes appelés chansons! Les mélodies de Pierre ont inspiré les mots d’Eddy et cela donne un florilège inoubliable qui, loin du cimetière des éléphants, va rester vivant dans le cœur des gens”

Claude Lemesle, mars 2022 (source : Sacem)

Pianiste et compositeur français, Pierre Papadiamandis a composé plus de 200 chansons pour Eddy Mitchell à partir de “J’ai oublié de l’oublier” (1966) Dans la liste, on retrouve un nombre incalculable de tubes, dont les trois monuments que sont “La Dernière Séance” (1977), “Couleur menthe à l’eau” (1980) et “Le Cimetière des éléphants” (1982), mais aussi d’autres succès comme “La Fille du motel” (1976), “Ku Klux Klan” (1986), “Soixante, soixante-deux” (1987) ou “18 ans demain” (1993)

“Figure importante de la science-fiction française dont il avait exploré plusieurs sous-genres et surtout le post-apo, Joël Houssin [ ] était également connu pour ses romans policiers”

Actusf com, Décès de Joël Houssin, mars 2022

Auteur français de science-fiction présenté comme le “Stephen King français” par la presse états-unienne, Joël Houssin s’est d’abord fait remarquer avec le roman Locomotive Rictus en 1975 Il a ensuite écrit plusieurs ouvrages pour la collection “Anticipation” de la maison d’édition Fleuve Noir, parmi lesquels on peut citer Blue (1982), Game Over ou encore City (1983) Au sein de cette même maison d'édition, il a créé SCUM, une série de six romans publiés entre 1986 et 1988

Fort d’un succès notable dans le monde de la sciencefiction, Joël Houssin a remporté à deux reprises le Grand Prix de l’imaginaire, avec Les Vautours en 1986 et Le Temps du Twist en 1992 Il a également remporté le Prix Apollo en 1990 avec Argentine Ne se cantonnant pas à l'univers de la science-fiction, Joël Houssin s’est aussi fait un nom en tant qu’auteur de romans policiers Dans les années 1990, sa série Le Dobermann (1981 - 1984) a tapé à l'œil du cinéaste Jan Kounen qui a alors décidé de faire un film reprenant cet univers L’écrivain a alors écrit le scénario de cette œuvre qui est sortie en 1997 avec un casting notable (Vincent Cassel, Tchéky Karyo, Monica Bellucci) Toutefois, il ne s’agissait pas de la première contribution de Joël Houssin dans le monde du cinéma En 1991, il avait déjà co-écrit le scénario de Ma vie est un enfer de Josiane Balasko Mais c’est avant tout sur le petit écran, plus précisément dans l’univers des séries policières, que l’auteur a pu mettre en avant ses talents de scénariste Il a ainsi écrit quatre épisodes de Commissaire Moulin dans les années 1990, deux de Navarro en 1990 et 1991 ou encore l’un des six épisodes de François Kléber en 1995 Joël Houssin a aussi et surtout créé plusieurs séries télévisées, à l’image des Boeuf-carottes (1995 - 2001), de David Nolande (2006) ou encore d'Éternelle (2009)

En parallèle, Pierre Papadiamandis a composé “Que Marianne était jolie” (1972) pour Michel Delpech et le générique des saisons 1 et 2 de Téléchat (1983 - 1986)

--Littérature-Le 23 mars, Joël Houssin (68 ans).

Joël Houssin (© Aurélien Godet)

--Musique--

Le 25 mars, Taylor Hawkins (50 ans).

“Dans ma vie j’ai vu une bonne partie des plus grands batteurs au monde et j’ai eu la chance de travailler avec eux, mais Taylor était comme une sorte d’éclair J’ignore ce qu’il avait dans le corps mais c’était extraordinaire A chaque fois que je voyais les Foo Fighters en concert, je finissais par ne river les yeux que sur Taylor tant la façon dont il faisait bouger son corps, sa précision, sa vitesse et la passion qu’il y mettait étaient extraordinaires”

Brian May pour Planet Rock, avril 2022

Batteur de tournée pour Alanis Morissette au milieu des années 1990, Taylor Hawkins est surtout connu pour avoir été le batteur attitré des Foo Fighters de 1997 à sa mort Reconnu pour son énergie et sa prestance scénique, il s’est imposé comme un homme de premier plan dans le groupe mené par Dave Grohl, notamment en raison du fait qu’il ne s’est pas cantonné à son rôle de batteur Taylor Hawkins a en effet pris l’habitude de chanter des titres de Queen pendant les concerts de son groupe Il a également été le lead vocalist de quelques morceaux des Foo Fighters, à l’image de “Sunday Rain” (2017), issu de l’album Concrete and Gold. En outre, il a occupé le poste de chanteur dans un groupe qu’il a fondé en 2004 : Taylor Hawkins and the Coattail Riders Cette formation a publié, en 2006, 2010 et 2019, trois albums plutôt bien accueillis par la critique

“Aimé Mignot symbolisait une bonne partie de l’Histoire de l’OL, nos premiers trophées, une longévité rare au service de notre club, mais aussi une action formidable auprès des femmes pour le développement du football à la FFF [ ] Aimé était aussi un pionnier, un précurseur, qui a su travailler avec intelligence et avancer des solutions pour que les équipes féminines grandissent Il laisse une empreinte indélébile”

Jean-Michel Aulas, communiqué officiel, 28 mars 2022

Défenseur formé à l’AS Aix, club pour lequel il a tout de même joué 78 matchs entre 1953 et 1955, Aimé Mignot est surtout connu pour être une légende de l’Olympique Lyonnais En 2022, il demeure en effet le 5e joueur le plus capé de l’histoire des Gones avec 424 apparitions avec le club S’il n’a marqué qu’un seul but pour l’OL dans sa carrière, celui-ci a été d’une importance capitale, puisqu’il est survenu en quart de finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe 1964, et a ainsi contribué à qualifier le club en demi-finale Néanmoins, l’Olympique Lyonnais ne parviendra pas à atteindre la finale de la compétition

Aimé Mignot a toutefois pu se consoler la même année en remportant la Coupe de France 1964 Neuf ans plus tard, en 1973, il a une nouvelle fois remporté cette compétition avec l’OL, mais cette fois-ci en tant qu’entraîneur A la tête de l’Olympique Lyonnais de 1968 à 1976, Aimé Mignot a notamment lancé la carrière du buteur Bernard Lacombe Il est également parvenu à hisser le club à deux reprises sur le podium de la D1, à l’issue des saisons 1973-1974 et 1974-1975 En 2023, il s’agit toujours de l’entraîneur qui est le plus longtemps resté sur les bancs de l’OL

Mais Aimé Mignot détient aussi la plus longue longévité parmi les sélectionneurs de l’équipe de France féminine, équipe qu’il a coachée de 1987 à 1997

--Sport--

Le 26 mars, Aimé Mignot (89 ans).

Taylor Hawkins (© Getty Images via AFP) Aimé Mignot, capitaine de l’OL lorsque le club a remporté la première Coupe de France de son histoire (© Le Progrès)

Le 31 mars, Patrick Demarchelier (78 ans).

“Patrick Demarchelier était le maître absolu du portrait et a su capturer, dans la plus grande simplicité, l’essence des femmes”

Cristina Cordula, Twitter, 1er avril 2022

Photographe de mode français, Patrick Demarchelier a travaillé pour le magazine Vogue à partir des années 1970, avec une première couverture publiée en 1977 Sa carrière au sein du prestigieux magazine états-unien n’a toutefois pas été continue puisque le photographe est passé chez Harper’s Bazaar du début des années 1990 à 2004 avant d’offrir à nouveau ses services à Anna Wintour C’est par l’élégance, la sobriété et le naturel de ses portraits de stars et de mannequins (Kate Moss, Naomi Campbell, Gisele Bündchen pour ne citer qu’elles) que le photographe est devenu une figure particulièrement respectée dans le milieu très fermé de la mode “A chaque fois, les femmes sont immortalisées sans rides, minces et heureuses” comme le résume l’AFP Proche de Diana Spencer dont il a participé à façonner la légende, Patrick Demarchelier est notamment devenu dans les années 1990 le premier photographe officiel pour la famille royale à ne pas être de nationalité britannique

En parallèle, plusieurs de ses clichés ont servi de couverture d’album On pense ainsi à Janet (1993) de Janet Jackson, Bedtime Stories (1994) de Madonna ou encore à In the Zone (2003) de Britney Spears

En guise de reconnaissance pour sa riche carrière, le photographe a eu l’honneur de réaliser le prestigieux calendrier Pirelli en 2005 et s’est vu décerné le Lucie Awards de la photographie de mode en 2008

“C’était un excellent professionnel, un homme de handball particulièrement compétent Une personne tout-à-fait respectable”

Heiner Brand (source : eurosport de, 3 avril 2022)

Joueur évoluant au poste de demi-centre, Petre Ivanescu est une véritable légende du handball roumain Avec le Dinamo Bucarest, club pour lequel il a joué de 1956 à 1967, il a dominé le championnat national en le gagnant à sept reprises (1959, 1960, 1961, 1962, 1964, 1965, 1966) Mais il a surtout porté l’équipe sur le toît de l’Europe avec un sacre en Coupe des clubs champions (C1) en 1965 Avec l’équipe nationale, il est allé encore plus haut Auteur de 225 buts en 89 sélections, il a été sacré champion du monde en 1961 et 1964, terminant notamment co-meilleur buteur de l’édition 1961 avec 24 buts en 6 matchs Une fois devenu coach, Petre Ivanescu a continué de flirter avec le succès, surtout avec des clubs allemands Avec le VfL Gummersbach, il a remporté quelques titres européens (C2 en 1979, C3 en 1982, C1 en 1983) et nationaux (championnat et coupe nationale en 1982 et 1983). Avec le TUSEM Essen, il a également connu de beaux succès (championnat en 1986, coupe nationale en 1991 et 1992) Loin du gratin continental, l’entraîneur roumain s’est aussi spécialisé dans la reprise en main de formations de D2 allemande Par trois fois, il a remporté le championnat de D2 allemande avec un club dont il venait de prendre les rênes : en 1987 avec le TSV Bayer Dormagen, en 1989 avec le TV Niederwürzbach et en 1995 enfin avec l’OSC Rheinhausen

--Sport--

Le 1er avril, Petre Ivanescu (85 ans).

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Patrick Demarchelier et Anna Wintour (© Isopix) Petre Ivanescu (© SID / Eurosport)

Le 2 avril, Leonel Sanchez (85 ans).

“Il a tout de suite eu la générosité de tout donner sur le terrain, sans s’arrêter, sans faire attention aux blessures ou à l’inconfort”

Luis Alamos, “Luis Álamos : Un ganador de buena madera”, Faro Deportivo, 2020

Buteur et dribbleur hors-pair, Leonel Sanchez est connu pour être une véritable légende du football chilien Avec 24 buts en 85 sélections pour la Roja, l’attaquant demeure en 2022 le 7e meilleur buteur et le 10e joueur le plus capé de l’histoire de la sélection chilienne En 2014 encore, aucun autre joueur n’avait joué autant de matchs pour le pays, mais la génération des Alexis Sanchez, Claudio Bravo et Arturo Vidal est depuis passée par là Toutefois, les chiffres ne font pas tout Si Leonel Sanchez est un footballeur aussi respecté, c’est notamment en raison de l’importance qu’il a eu dans l’épopée chilienne lors de la Coupe du Monde 1962, édition dont le pays était l’hôte Auteur d’un doublé en phase de poule contre la Suisse, d’un superbe coup-franc laissant Lev Yachine impuissant en quart de finale face à l’URSS (victoire 2 - 1) et enfin d’un but sauvant l’honneur contre le Brésil en demi-finale (défaite 2 - 4), Leonel Sanchez a été l’un des grands artisans du meilleur Mondial de l’histoire de la sélection chilienne, qui a alors terminé 3e après avoir remporté la petite-finale contre la Yougoslavie A titre personnel, l’attaquant a partagé avec cinq autres joueurs le titre de meilleur buteur de cette édition 1962 grâce à ses quatre réalisations

Mais c’est aussi en club que Leonel Sanchez a marqué le football chilien Légende de l’Universidad de Chili, club pour lequel il a joué de 1953 à 1969, il reste en 2022, avec 167 buts en 411 matchs, le 2e meilleur buteur et le 8e joueur le plus capé de l’histoire de cette équipe Au sein de cette formation, il a remporté le championnat national en 1959, 1962, 1964, 1965, 1967 et 1969 Et lorsqu’il est parti faire une pige en 1970 au Colo-Colo (2 buts en 31 apparitions), il a encore une fois remporté le championnat

Cette riche carrière fait de Leonel Sanchez le 40e meilleur joueur sud-américain du XXe siècle selon l’IFFHS

“Gene a consacré sa vie au basketball et a laissé une marque indélébile en tant que joueur, coach et dirigeant” NBA, Twitter, 4 mars 2022

Basketteur états-unien évoluant au poste d’arrière ou de meneur, Gene Shue est apparu à la seconde partie des années 1950 et au début des années 1960 comme l’un des grands noms de la NBA Légende des Pistons de Détroit, pour lesquels il a joué de 1956 à 1962, il a terminé cinq saisons au-dessus des 15 points de moyenne et deux au-dessus des 20, avec 22,8 points de moyenne à l’issue de l’édition 1959-1960 Ses performances lui ont permis de participer à cinq All-Star Games d’affilée de 1958 à 1962 Atteignant les play-offs de manière régulière, il n’a néanmoins jamais réussi à passer le cap des finales NBA C’est en tant que coach qu’il y est parvenu, en 1971 avec les Bullets de Baltimore et en 1977 avec les 76ers de Philadelphie S’il n’a toutefois jamais été champion NBA, Gene Shue a en revanche été élu coach de l’année en 1969 avec les Bullets de Baltimore et en 1982 avec les Bullets de Washington

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Sport--
Leonel Sanchez avec le maillot de la sélection chilienne (© Mundo Deportivo)
--Sport-Le 3 avril, Gene Shue (90 ans).
Gene Shue en 1954 (© Associated Press)

--Politique--

Le 3 avril, Gerda Weissmann Klein (97 ans).

“Elle a partagé son histoire pour que l’on se rappelle du pouvoir que l’espoir peut avoir”

Barack Obama, Twitter, 9 avril

Survivante polonaise de la Shoah, notamment du camp de concentration de Gross-Rosen et des marches de la mort, Gerda Weissmann Klein a publié en 1957 l’autobiographie All But My Life Cet ouvrage a servi de base au film One Survivor Remembers de Kary Antholis, dans lequel on voit la femme raconter son histoire En 1995, la production a remporté l’Oscar du meilleur court métrage documentaire Gerda Weissmann Klein a aussi écrit d’autres ouvrages à propos de la Shoah, comme Promise of a New Spring : The Holocaust and Renewal (1981), qui s’adresse aux enfants Prologeant toute sa vie cette oeuvre de transmission, elle est a été 2006 la principale conférencière de la première Journée internationale annuelle de commémoration de l’Holocauste des Nations Unies En 2011, la femme s’est vue décernée la médaille présidentielle de la liberté Il s’agit de la plus haute distinction civile des Etats-Unis

“Pensées pour ce grand homme du basket-ball et l’un des plus illustres coachs adverses de l’histoire du club” Limoges CSP, Twitter, 5 avril 2022

Basketteur de nationalité yougoslave, puis croate à partir de l’indépendance du pays en 1991, Petar Skansi est une légende du KK Jugoplastika (KK Split en 2022), club pour lequel il a joué de 1964 à 1972 puis de 1973 à 1976 Avec cette équipe, il a remporté le championnat de Yougoslavie en 1971 et la Coupe nationale en 1972 et 1974 Pivot particulièrement décisif, il est passé très près d’offrir à son équipe le titre de champion d’EuroLeague en 1972 S’il a fini meilleur marqueur de la rencontre avec 26 points inscrits, le KK Jugoplastika a perdu 69 - 70 face à l’Ignis Varese En équipe nationale, il a aussi connu la frustration, avec une médaille d’argent lors de la Coupe du monde de la FIBA en 1967 ainsi qu’aux Jeux Olympiques de 1968, avant d’être sacré champion du monde en 1970 Fort d’un palmarès remarquable qu’il a obtenu en se montrant indispensable sur le parquet, Petar Skansi a ainsi été élu sportif croate de l’année en 1970 Et en 1991, il a figuré dans la liste des “50 meilleurs basketteurs de l’histoire de la FIBA” (liste l’intégrant pas les Etats-uniens ayant passé l’essentiel de leur carrière en NBA)

Mais s’il a été un excellent joueur, Petar Skansi est aussi devenu un entraîneur de prestige Dès 1976, alors qu’il était entraîneur-joueur, il a remporté une compétition européenne, la Coupe Korac L’année suivante, il a pris sa retraite sportive et a à nouveau remporté la compétition, ainsi que le championnat et la Coupe de Yougoslavie Mais s’il a quitté pour de bon son club de cœur en 1978, Petar Skansi a continué, tout au long de sa carrière de coach, d’étoffer sa vitrine En 1983, il a ainsi remporté une autre compétition européenne, la Coupe Saporta, avec l’équipe italienne de l’US Victoria Libertas Pesaro Une décennie plus tard, il a remporté, avec le Benetton Trévise, le championnat (1992) et la Coupe d’Italie (1993)

En parallèle, Petar Skansi a été par intermittence coach de l’équipe nationale de Yougoslavie, avec laquelle il a fini 3e de l’EuroBasket 1979, puis de l’équipe de Croatie avec laquelle il a pris l’argent aux Jeux Olympiques de 1992

--Sport--

Le 4 avril, Petar Skansi (78 ans).

Avec Barack Obama (© Marvin Joseph / The Washington Post) Petar Skansi (© Twitter, PAOKbasketball)

--Musique--

Le 8 avril, Chris Bailey (65 ans).

“The Saints était le meilleur groupe australien, et Chris Bailey mon chanteur préféré”

Nick Cave, The Red Hand Files, Issue #191, avril 2022

Musicien australien, Chris Bailey a été le cofondateur, leader et chanteur principal du groupe de punk rock The Saints Véritable précurseur et pionnier de ce genre, bien qu’il se distingue de la scène britannique par son idéologie moins nihiliste et sa musique rendant souvent hommage au rhythm’n’blues, le groupe a rencontré un grand succès critique en 1976 avec l’album (I’m) Stranded, alors que le mouvement punk en était encore à ses balbutiements La présence de Chris Bailey a été prépondérante dans la confection de ce projet puisqu’il en est la seule voix mais aussi parce qu’il a coécrit la moitié des morceaux de l’album avec le guitariste Ed Kuepper Le principal succès de l’album, “(I’m) Stranded”, que les deux hommes ont écrit, a été présenté lors de sa sortie comme le “single de la semaine mais aussi de toutes les autres” par le critique musical John Ingham

Si ce single figure parmi les “trente plus grandes chansons australiennes de l’histoire” selon un classement établi par l’Australasian Performing Right Association en 2001, l’album en lui-même s’est vu classé 20e du “Top 100 des meilleurs albums australiens de l’histoire” établi par Toby Creswell, Craig Mathieson et John O’Donnell en 2017 A la 45e place de cette dernière liste, on trouve un autre album du groupe, Prehistoric Sounds (1978) A l’échelle mondiale enfin, l’album (I’m) Stranded est, selon une liste établie par le magazine Fact en 2014, le 20e meilleur album des années 1970

“Michel, il dormait avec ses dossiers [ ] Il adorait ça De suite, Mitterrand m’a dit <<On va en faire un ministre>>”

Pierre Mauroy, Interview pour La Voix du Nord, 2012

Homme politique socialiste, Michel Delebarre a multiplié les postes importants au sein du gouvernement français sous la présidence de François Mitterrand, entre 1982 et 1993 Dans un premier temps directeur du cabinet du Premier Ministre Pierre Mauroy de 1982 à 1984, il a ensuite fait office de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle de 1984 à 1986, des Affaires sociales et de l’Emploi pendant un mois en 1988, des Transports et de la Mer de 1988 à 1990, de la Ville de 1990 à 1992, et enfin de la Fonction publique et des Réformes administratives de 1992 à 1993

Visage familier de Matignon, Michel Delebarre a aussi été un pensionnaire habituel du Parlement français En effet, il a été député de 1986 à 1988, de 1997 à 1998 puis de 2002 à 2011, et sénateur de 2011 à 2017 Représentant toujours le Nord dans ses mandats, le natif de Bailleul s’est grandement investi dans la politique régionale et locale Il est notamment reconnu pour avoir été le maire de la ville de Dunkerque de 1989 à 2014

Multipliant ainsi les casquettes, cet homme infatigable a été présenté en 2013 comme le “champion [national] du cumul de mandats” par L’Express en raison des 26 mandats et fonctions qu’il cumulait alors, parmi lesquels on peut citer la présidence de TV Côte d’Opale ou de la Mission opérationnelle transfrontalière Le 2e de la liste établie par le journal, Jean Germain, en cumulait la moitié

Admiré par Nick Cave ou Bruce Springsteen, Chris Bailey est une légende atypique du punk rock (© Don Arnold / WireImage)
--Politique-Le 9 avril, Michel Delebarre (75 ans). Lors de la Conférence des Villes 2013 (© Christophe Morin / IP3 Press / MAXPPP)

Littérature--

Le 9 avril, Henry Patterson (92 ans).

“Il s’agissait d’un auteur de romans policiers classique : instinctif, ferme, opiniâtre <<L’Aigle s’est envolé>>, ses autres livres avec [le personnage de] Liam Devlin, sa série avec [le personnage de] Sean Dillon un peu plus tard, et bien d’autres ouvrages encore étaient et demeurent captivants” Charlie Redmayne, président de HarperCollins, 2022 (source : The Guardian)

Auteur britannique ayant signé la plupart de ses ouvrages avec “Jack Higgins” en tant que nom de plume, Henry Patterson est célèbre pour avoir écrit un grand nombre de best-sellers dans sa carrière On parle en effet de près de 250 millions d’exemplaires vendus de son vivant Alors qu’il a principalement écrit des romans policiers et d’espionnage (l’espion Sean Dillon étant le protagoniste d’une quinzaine de romans entre 1992 et 2016) ou de guerre, Henry Patterson a rencontré un grand succès avec le genre de l’uchronie Dans L’Aigle s’est envolé (1975), le premier des quatre ouvrages mettant en scène le personnage de Liam Devlin, il a ainsi imaginé un Winston Churchill enlevé pendant la Seconde Guerre mondiale Et dans L’Oeil du typhon (1992), il a orchestré l’assassinat du Premier ministre britannique de l’époque, John Major Le premier ouvrage cité est le plus grand best-seller de la carrière de Henry Patterson Vendu à plus de 50 millions d’exemplaires selon John Crace du Guardian, le roman a été adapté au cinéma en 1976 par John Sturges, avec une belle affiche composée de Michael Caine, Robert Duvall ou encore de Donald Sutherland Toutefois, il ne s’agit pas du tout du seul livre de Patterson à avoir été transposé sur le grand-écran La Colère de Dieu (1972), a par exemple été adapté l’année de sa publication par Ralph Nelson avec les monuments Robert Mitchum et Rita Hayworth dans le casting Enfin, L’Irlandais (1973) a été adapté par Mike Hodges en 1987, avec Mickey Rourke en guise de vedette

“Dans les années 1960, Hans [ ] Junkermann était l’un

Cycliste allemand, Hans Junkermann s’est présenté dans les années 1960 comme un pistard complet Il a ainsi remporté la médaille d’or aux Championnats d’Europe sur l’américaine en 1965 et sur le demi-fond en 1969 Et dans son pays, il a dominé, avec des partenaires différents, la discipline de l’américaine en remportant les championnats nationaux en 1959, 1960, 1962, 1963, 1964 et 1965 Mais Hans Junkermann n’a pas excellé seulement sur la piste. Champion d’Allemagne sur route en 1959, 1960 et 1961, le cycliste s’est présenté un grimpeur accompli, ce qui lui a permis de jouer des coudes dans de nombreuses grandes courses par étapes Il a ainsi remporté le Tour de Suisse en 1959 et en 1962, avec deux étapes raflées en 1962 Mais il a aussi su jouer la gagne dans chacun des trois Grands Tours Terminant à quatre reprises dans les neuf premières places du général du Tour de France, il a fini 4e de l’édition 1960 Sur le Tour d’Italie, il a fini 6e en 1961 Et sur le Tour d’Espagne, il a fait 7e en 1965

On pourrait enfin ajouter qu’en 1962, Hans Junkermann a terminé 3e de la Flèche Wallonne et 2e du Critérium du Dauphiné libéré, avec une étape à la clé

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Henry Patterson, en 1985 (© Ian Bradshaw / Rex Shutte / SIPA / REX)
des meilleurs coureurs professionnels allemands” Marcel Segessemann, BDR, avril 2022
--Sport-Le 11 avril, Hans Junkermann (87 ans).
Hans Junkermann (© Siteducyclisme net, Hugo Tack)

Cinéma--

Le 12 avril, Gilbert Gottfried (67 ans).

“Il parvenait à nous faire rire à perdre haleine Il était hilarant, mais d’une façon indescriptible et inhabituelle”

Jon Stewart, Twitter, 12 avril 2022

Humoriste états-unien ayant multiplié les apparitions dans les grandes émissions de radio et de télévision du pays, du Saturday Night Live en 1980 au Hollywood Squares entre 1998 et 2004, Gilbert Gottfried s’est fait un nom grâce à son humour sans filtre et l’iconique accent criard qu’il prenait lors de ses interventions

En cela, il n’a pas été surprenant de voir ce comique embrasser une carrière de doubleur Il a ainsi fait la voix du perroquet Iago dans le film d'animation Disney Aladdin (1992) de John Musker et Ron Clements, mais aussi celle du personnage de Berkeley Beetle (Baltringue) dans Poucelina (1994) de Don Bluth et Gary Goldman

Toutefois, si son accent était si comique, c’était aussi grâce à une gestuelle particulière qui le mettait bien en avant Gilbert Gottfried a ainsi été un acteur prisé par les réalisateurs de comédies On donc pu le voir incarner le personnage de Sidney Bernstein dans Le Flic de Beverly Hills 2 (1987) de Tony Scott mais aussi celui de Mr. Peabody dans Junior le terrible (1990) de Dennis Dugan et sa suite, Junior le terrible 2 (1991) de Brian Levant

En 2017, l’humoriste a fait l’objet d’un film documentaire réalisé par Neil Berkeley, et sobrement intitulé Gilbert

--Cinéma--

“Il y a chez lui quelque chose qui est inatteignable C’est peut-être le seul acteur à avoir atteint la perfection derrière laquelle nous courons tous C’est un maître éternel”

Pierre Arditi, Franceinfo, avril 2022

Depuis les années 1940, sa carrière n’avait connu aucun répit, tant sur les planches que sur le grand écran Présenté peu avant sa mort comme “notre plus grand monstre de théâtre vivant” par Télérama, Michel Bouquet est devenu, dès ses débuts, un comédien réputé En 1945, il a joué Scipion dans Caligula d’Albert Camus La même décennie, il a également joué dans des pièces de Jean Anouilh mises en scène par André Barsacq, notamment dans Roméo et Jeannette (1946) En outre, il est apparu dans de nombreuses mises en scène de Jean Vilar jusqu’aux années 1960 Restant prolifique les décennies suivantes, il a régulièrement enfilé le rôle de Bérenger Ier dans Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco à partir de 1994, toujours dans des mises en scène de Georges Werler En ce qui concerne les salles obscures, Michel Bouquet y a collectionné les rôles sombres et ambigus Il a joué des seconds rôles pour François Truffaut, notamment dans La mariée était en noir (1968), ainsi que des protagonistes antihéros dans Un Condé (1970) d’Yves Boisset, Juste avant la nuit (1971) de Claude Chabrol ou Les Misérables (1982) de Robert Hossein dans lequel il a incarné Javert Adulée par la critique, sa carrière a été auréolée dans les années 1990-2000 par deux Molières du Comédien, reçus en 1998 pour son rôle dans Les Côtelettes de Bertrand Blier et en 2005 pour Le roi se meurt, mais aussi par deux Césars du meilleur acteur, reçus en 2002 pour son rôle dans Comment j’ai tué mon père d’Anne Fontaine et en 2006 pour avoir incarné François Mitterrand dans Le Promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian

Le 13 avril, Michel Bouquet (96 ans).

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Gilbert Gottfried (© Laura Cavanagh / Film Magic) Michel Bouquet dans “Juste avant la nuit” (© Les Films de la Boétie / Cinegai)

Le 13 avril, Freddy Rincon (55 ans).

“Aujourd’hui encore, il pourrait jouer [dans les top-clubs] car il était en avance athlétiquement, et le talent, lui, n’a pas de date de péremption”

Jorge Valdano, AS, 13 avril 2022

Milieu offensif vigoureux, technique et explosif, il formait un front d’attaque terrifiant avec Faustino Asprilla et Carlos Valderrama au sein de l’équipe nationale de Colombie Du haut de ses 84 sélections et 17 réalisations entre 1990 et 2001, Freddy Rincon fut l’un des plus grands footballeurs colombiens des années 1990 En réalité, il était encore plus que cela, puisqu’il est apparu à plusieurs reprises comme un homme providentiel aux yeux des Cafeteros Par exemple, lors de la Coupe du Monde 1990, il a qualifié son pays en huitièmes de finale en égalisant dans les dernières secondes du 3e match de poule face à l’Allemagne de l’Ouest, future championne du monde Et lors de la Copa América 1995, il a égalisé contre le Paraguay en quart de finale puis inscrit un but lors du match pour la 3e place, remporté 4 - 0 face aux Etats-Unis C’est également en club que Freddy Rincon s’est imposé comme une légende du football colombien Auteur de 29 buts en 127 matchs pour l’Independiente Santa Fe entre 1988 et 1990, il a remporté la Coupe de Colombie en 1989 En 1990 et 1992, il a cette fois-ci remporté le championnat national, mais avec l’América de Cali, club pour lequel il a joué 194 matchs et inscrit 53 buts entre 1990 et 1993 Et lorsqu’il est parti pour le Brésil, il a toujours été couronné de succès S’il a remporté le championnat national en 1994 pour sa première saison à la SE Palmeiras, il s’est surtout illustré au sein du SC Corinthians Avec ce club pour lequel il a marqué 9 buts en 151 matchs entre 1997 à 2000, il a remporté le championnat en 1998 et 1999 et, clou du spectacle, la Coupe du monde des clubs en 2000

La carrière de Freddy Rincon ne fut toutefois pas un conte de fée continuel Le milieu offensif n’a en effet pas beaucoup brillé en Europe Entre 1994 et 1996, il a joué une saison à la SSC Naples (7 buts en 38 matchs) puis au Real Madrid (0 but en 21 matchs)

“Mike Bossy, dont les prouesses de buteur [ ] se classent, à presque tous les égards, parmi les plus grandes de l’histoire de la NHL”

Bettman, Commissaire de la NHL, 2022

Hockeyeur canadien ayant évolué au poste d’attaquant chez les Islanders de New York de 1977 à 1987, Michael Bossy est un homme de records Unique joueur de NHL à avoir terminé neuf saisons consécutives avec plus de 50 buts inscrits, il est aussi le seul avec Wayne Gretzky à avoir totalisé cinq saisons au-dessus des 60 buts Avec 573 réalisations en 752 matchs disputés, il détient aussi et surtout la moyenne de buts (0,76) la plus élevée de l’histoire de la NHL si l’on ne compte que les hockeyeurs ayant joué plus de 150 matchs dans la Ligue Mais Michael Bossy est aussi un homme de trophées Il a ainsi gagné la Coupe Stanley en 1980, 1981, 1982 et 1983 Et figurant dans l’équipe d'étoiles de la NHL en 1978, 1980, 1981, 1983, 1985 et 1986, l’attaquant a sans surprise été intégré à la liste des 100 plus grands joueurs de l’histoire de la NHL établi en 2017 par cette même ligue

--Sport
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Le but qui envoya la Colombie en huitièmes de finale du Mondial 1990 (© Corbis/VCG via Getty Images / Jean-Yves Rusziewski)
--Sport-Le 15 avril, Michael Bossy (65 ans). Un homme à trophées (© Marty Lederhandler / AP)

Le 16 avril, Joachim Streich (71 ans).

“Joachim Streich était un homme très respecté par ses semblables, non seulement en raison de ses qualités footballistiques, mais aussi en raison de sa rectitude et de sa sincérité [ ] Ses records feront à jamais partie des livres d’histoire du football allemand”

Site officiel du FC Hansa, communiqué, 16 avril 2022

Si Hans-Jürgen Dörner était le “Franz Beckenbauer de l’Est”, lui était indéniablement le “Gerd Müller de l’Est” Prolifique avant-centre est-allemand, Joachim Streich a marqué l’histoire de son pays, tant en club qu’en sélection En club, l’attaquant a joué de 1969 à 1975 pour le Hansa Rostock (68 buts en 163 matchs) puis de 1975 à 1985 pour le FC Magdebourg (215 buts en 313 matchs) Si sa vitrine de trophées n’est pas très remplie, occupée seulement par trois Coupes de RDA remportées en 1978, 1979 et 1983, Joachim Streich s’est surtout illustré sur le plan individuel Désigné footballeur est-allemand de l’année en 1979 et 1983, l’avant-centre a terminé à quatre reprises meilleur buteur du championnat est-allemand entre 1977 et 1983, à chaque fois avec plus de 17 buts inscrits Mais Joachim Streich est aussi et surtout devenu le meilleur buteur de l’histoire du championnat national avec 229 réalisations en 378 matchs de DDR-Oberliga

En sélection, la formule est similaire : palmarès quasiment vierge mais records individuels impressionnants Pilier de l’équipe nationale est-allemande, Joachim Streich est non seulement le joueur le plus capé de son histoire, avec 98 sélections, mais il apparaît aussi et surtout comme son meilleur buteur, avec 53 réalisations, loin devant les 2e ex-aequo du classement, Eberhard Vogel et Hans-Jürgen Kreische, tous deux auteurs de 25 buts S’il a marqué 2 buts en 4 matchs lors du Mondial 1974, il a terminé 3e meilleur buteur des Jeux Olympiques de 1972, avec 6 réalisations, participant ainsi grandement à l’obtention de la médaille de bronze, partagée avec l’Union Soviétique

“Radu Lupu était seul au monde avec la musique [ ] Un jeu qui semblait défier les lois spatio-temporelles, léger et profond, homogène sur toute la tessiture, l’aspect digital disparaissant dans un legato comme niché dans la paume Nulle carrure ou barre de mesure pour interrompre la trajectoire vers l’absolu qui l’absorbait tout entier, aquarelliste à l’élégance impalpable, dont les accrocs au tissu musical rappelaient de temps à autre que le chamane était aussi un homme”

Marie-Aude Roux, Le Monde, 19 avril 2022

Considéré comme l’un des meilleurs pianistes classiques de sa génération et souvent présenté comme un “peintre au clavier”, Radu Lupu est reconnu pour son doigté millimétré A son sujet, les organisateurs du George Enescu Festival ont ainsi mis en avant “ sa manière extraordinaire de transformer la musique en magie” dans un hommage publié sur Facebook à la suite de sa mort Premier prix ex aequo du concours international George Enescu en 1967, le pianiste a aussi remporté en 1996 le Grammy Award de la meilleure performance instrumentale soliste avec son enregistrement des Sonates pour Piano en Si bémol majeur et La majeur de Franz Schubert, qui apparaît comme l’un de ses pianistes de prédilection avec Ludwig van Beethoven

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Joachim Streich en 1974 (© Spiegel)
--Musique-Le 17 avril, Radu Lupu (76 ans).
Radu Lupu, peintre au clavier (© Ellen Mathys - DR)

Cinéma--

“Quel talent, quelle carrière, quelle vie [ ] Travailler avec quelqu’un comme lui est le rêve de tous les artistes” Christina Hendricks, Instagram, avril 2022

Comédien états-unien, Robert Morse était une grande figure de Broadway, notamment grâce à son rôle dans How to Succeed in Business Without Really Trying, une comédie musicale grâce à laquelle il a reçu le Tony Award du meilleur acteur dans une comédie musicale en 1962 En parallèle, l’acteur s’est fait un nom sur le grand écran en jouant le personnage principal de films comme Le Cher Disparu (1965) de Tony Richardson ou Du Vent dans les Voiles (1970) de Norman Tokar, mais aussi sur le petit écran avec la série musicale That’s Life (1968 - 1969) A partir des années 1970, il n’a presque joué qu’au théâtre, en interprétant des rôles notables comme celui de Truman Capote dans Tru, ce qui lui a valu de gagner le Tony Award du meilleur acteur dans une pièce en 1990 A la fin des années 2000, il a fait un retour notable à la télévision avec le rôle de Bertram Cooper dans Mad Men (2007 - 2015)

Catherine Spaak en 1962 (© Wikimedia Commons) “Sa beauté juvénile et libre, sa modernité font son succès dans les années 60”

Pierre Lescure, Twitter, 18 avril 2022

Actrice franco-belge désertant les plateaux de l’Hexagone, Catherine Spaak est connue pour avoir été l’une des grandes stars du cinéma italien des années 1960 - 1970 Dès ses 15 ans, elle a tapé dans l'œil du public transalpin en jouant dans Les Adolescentes (1960) d’Alberto Lattuada Avec ce premier grand rôle, Catherine Spaak a incarné avec succès l’archétype de l’adolescente libre et rebelle, archétype qui deviendra sa marque de fabrique dans les films suivants, poussant Henry-Jean Servat à parler d’”éternelle adolescente du cinéma italien” Au début des années 1960, on l’a ainsi vue jouer l’un des rôles principaux de films au titre évocateur : Jeunes gens au soleil (1962) de Camillo Mastrocinque, le cultissime Le Fanfaron (1962) de Dino Risi, Elle est terrible (1962) de Luciano Salce, L’Ennui et sa diversion, l’érotisme (1963) de Damiano Damiani dans lequel elle a donné la réplique aux légendes Horst Buchholz et Bette Davis, ou encore La Vie ardente (1964) de Florestano Vancini Si elle n’a presque pas joué en France, on l’a tout de même alors vue dans Week-end à Zuydcoote (1964) de Henri Verneuil Un peu plus tard dans la même décennie, elle a joué dans des comédies de Pasquale Festa Campanile comme L’Amour à cheval (1968) En 1969, elle a partagé la vedette avec une autre sex-symbol italienne, Claudia Cardinale, dans Certain, probable et même possible (1969) de Marcello Fondato Dans les années 1970, Catherine Spaak est restée la tête d’affiche de nombreux films à succès, tels que le giallo Le Chat à neuf queues (1971) de Dario Argento, le drame Chers Parents (1973) d’Enrico Maria Salerno ou encore le western italo-états-unien La Chevauchée terrible (1975) d’Anthony M Dawson C’est à partir des années 1980 que l’actrice a disparu progressivement du grand-écran, se faisant toutefois remarquer dans la comédie Moi et Catherine (1980) d’Alberto Sordi ou dans le seul film que Monica Vitti a réalisé dans sa carrière, à savoir Scandale secret (1990)

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Le 17 avril, Catherine Spaak (77 ans).
--Cinéma-Le 20 avril, Robert Morse (90 ans). Il était Bert Cooper dans Mad Men (© Frank Ockenfels 3/ AMC)

Cinéma--

Le 21 avril, Robert Manthoulis (92 ans).

“Il est entré dans la carrière comme un jeune premier idéal, il en sort comme un commandant magnifique après avoir mené de hautes aventures et des courses lointaines sans jamais se départir de son charme limpide” Marie-Noëlle Tranchant, Le Figaro, 21 avril 2022

Pendant une soixantaine d’années, cet homme de cinéma est apparu comme un travailleur acharné s’illustrant dans divers domaines

Et il faut dire qu’il n’a pas perdu de temps Dès ses 20 ans, pour son premier rôle important au cinéma, Jacques Perrin a donné la réplique à Claudia Cardinale dans La Fille à la valise (1961) de Valerio Zurlini L’année suivante, il a joué le frère de Marcello Mastroianni dans Journal intime (1962) de Zurlini, toujours Et dans la deuxième partie de cette décennie, on l’a vu aux côtés de Yves Montand dans les drames Compartiment tueurs (1965) et Z (1969) de Costa-Gavras En parallèle, Jacques Perrin a joué un rôle important dans des films plus légers mais très cultes de Jacques Demy, aux côtés de Catherine Deneuve et d’une pléiade d’autres stars : Les Demoiselles de Rochefort (1967) dans lequel il incarne le marin Maxence et Peau d’Âne (1970) dans lequel il est le Prince Charmant Les années suivantes, il est devenu un fidèle compagnon de Pierre Schoendoerffer Si le réalisateur n’a tourné qu’une petite dizaine de films, Jacques Perrin apparaît dans le casting de quatre d’entre eux : le film de guerre La 317e Section (1965), le film de mer Crabe-Tambour (1977) mais aussi les drames L’Honneur d’un capitaine (1982) et Là-haut, un roi au-dessus des nuages (2004) Prolifique jusqu’à sa mort, l’acteur a joué dans Le Pacte des Loups (2001) de Christophe Gans et a incarné le personnage de Pierre Morhange adulte dans la scène d’ouverture des Choristes (2007) de Christophe Barratier, film qu’il a co-produit En effet, s’il était un acteur reconnu, Jacques Perrin était aussi un grand producteur Fondateur de Reggane Films, il a ainsi produit Z (1969), Etat de siège (1972), Section spéciale (1975) de Costa-Gavras ou encore La Victoire en chantant (1976) de Jean-Jacques Annaud, un film qui a remporté l’Oscar du meilleur film étranger Plus tard, il a produit les documentaires Microcosmos : Le Peuple de l’Herbe (1996) grâce auquel il a reçu le César du meilleur producteur, et Le Peuple migrateur (2001), qu’il a par ailleurs réalisé En 2009 enfin, il a réalisé Océans Également homme de télévision pour finir, Jacques Perrin a fondé et présenté La 25e Heure, une émission qui a été diffusée sur Antenne 2 de 1991 à 2000 et qui a remporté le 7 d’Or de la meilleure émission culturelle en 1997

“C’est une légende du cinéma grec qui vient de disparaître Considéré comme le père du documentaire dans son pays Robert Manthoulis s’aventura aussi régulièrement sur le terrain de la fiction”

CNC, 26 avril 2022

Cinéaste grec, Robert Manthoulis s’est fait remarquer en réalisant la comédie Face à Face (1966) mais aussi le documentaire Le Blues entre les dents (1973) Fabien Perrier de Marianne le présente comme un “maître grec du cinéma au XXe siècle” mais également comme un “cinéaste de la tragédie grecque au XXe siècle”

Perrin

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A droite, Robert Manthoulis (© D R )
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/ SIPA / SIPA)
Cinéma
Le 21 avril, Jacques
(80 ans). “La 317e Section”, 1965
Nana Productions

Le 22 avril, Guy Lafleur (70 ans).

“Guy Lafleur, le <<démon blond>>, était unique sur la glace Sa vitesse, ses habiletés et sa fiche étaient incroyables Avec ses records et ses cinq coupes Stanley, il a inspiré d’innombrables Québécois, Canadiens, et amateurs du monde entier Tu vas nous manquer, numéro 10” Justin Trudeau, Twitter, 22 avril 2022

Joueur de hockey sur glace québécois, Guy Lafleur est l’une des grandes légendes des Canadiens de Montréal, franchise de NHL pour laquelle il a joué entre 1971 et 1985, et dont il demeure en 2022 le meilleur scoreur (1 246 points) et le 2e meilleur buteur (518 buts) Lorsqu’il a pris sa retraite, le club a retiré son numéro, le n°10 Ailier droit particulièrement décisif, Guy Lafleur a été le premier joueur de l’histoire de la NHL à finir six saisons d’affilée avec un minimum de 50 réalisations et 50 assists, accomplissant cet exploit entre les saisons 1974-1975 et 1979-1980 Remportant en 1976, 1977 et 1978 le Trophée Art Ross, une distinction individuelle récompensant le joueur ayant marqué le plus grand nombre de points dans une saison, il a grandement contribué à la suprématie des Canadiens de Montréal, qui ont soulevé la Coupe Stanley en 1973, 1976, 1977, 1978 et 1979 Il a ainsi été dans l’équipe d’étoiles de la NHL de 1975 à 1980 Ses exploits sont tels qu’en 1977, il a reçu le Trophée Lou-Marsh, qui récompense le meilleur athlète canadien de l’année S’il apparaît naturellement dans la liste des 100 plus grands joueurs de l’histoire de la NHL établie par la ligue elle-même en 2007, The Hockey News l’a même classé “11e meilleur joueur de l’histoire de la NHL” en 1998

“Tu étais peut-être ce que notre vieux continent a produit de plus rock (Les Beatles sont pas nés sur le continent, ndlr) [ ] Il y avait des heures au petit jour où rien ne valait ta voix d’estaminet, raclée et pleine de copains perdus, qui sentait la jeunesse brûlée et les filles des bords de mer” Nicolas Mathieu, Instagram, avril 2022

A son sujet, le roi Philippe parlait lui-même d’une "icône de la scène musicale belge” Chanteur né à Ostende, Arno fut en effet l’un des porte-étendards du rock belge, qu’il représentait fièrement lors de ses électrisants concerts Il faut dire que ses interprétations particulières et sa voix cassée, à cause de laquelle il fut surnommé “Tom Waits belge” , offraient une expérience unique, ce qui explique le succès des réarrangements qu’il a proposés, à l’image des “Filles du bord de mer” (1993) qu’il a repris à Adamo C’est dans les années 1980, en tant que leader du groupe TC Matic, qu’Arno a connu ses premiers grands succès en Belgique, avec le tube “Oh la la la” (1982) ou l’absurde hymne européen “Putain, Putain” (1983)

Lorsque le groupe s’est séparé, Arno s’est lancé dans une carrière solo Si ses premiers albums n’ont pas connu un grand succès commercial, ils ont toutefois été adulés par la critique, à l’image de Ratata (1990), et contenaient déjà quelques unes de ses plus grandes chansons, comme “Les Filles du bord de mer” (1993) ou “Les Yeux de ma mère” (1995) Il faudra en fait attendre les années 2000 pour voir Arno au sommet des charts belges Ainsi, ses six albums sortis au XXIe siècle se sont au moins hissés à la 6e place en Belgique, et à la 35e en France

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Sport--
Guy Lafleur, éternel n°10 des Canadiens de Montréal (© Denis Brodeur - Club de hockey Canadien Inc )
Le 23 avril, Arno (72
--Musique--
ans). Arno, “icône de la scène musicale belge” (© Jean-Pierre Belzit)

--Musique--

Le 26 avril, Klaus Schulze (74 ans).

“Si son oeuvre assez colossale vaut assurément d’être explorée, sa série d’albums fondateurs des années 70 [ ] mérite amplement le statut de classiques d’une musique qui a ouvert la voie aux succès internationaux de Jean-Michel Jarre ou de Kitarō (qu’il a mis en selle), comme bien d’autres vedettes de la synthé-pop”

Hugo Cassavetti, Télérama, 28 avril 2022

Grande figure du krautrock aux côtés de Can ou de Kraftwerk, de la space music ou encore de l’ambient, il est plus largement reconnu comme l’un des grands noms de la musique électronique des années 1970 Musicien avant-gardiste allemand, Klaus Schulze a fait partie de Tangerine Dream entre 1969 et 1970 Il a ainsi participé en tant que percussionniste au premier album de la formation, Electronic Meditation Après avoir quitté le groupe, il est devenu l’un des fondateurs d’Ash Ra Tempel, formation au sein de laquelle il s’est occupé de la batterie et des claviers de 1970 à 1973

Il a par la suite entamé une carrière solo particulièrement prolifique et rencontré un grand succès critique dans les années 1970, notamment avec les opus Timewind (1975) et Moondawn (1976) En parallèle, il a pris part entre 1976 et 1978 au supergroupe Go, aux côtés de Michael Shrieve Stomu Yamashta ou encore de Steve Winwood Avec cette formation, Klaus Schulze s’est occupé des synthétiseurs et a participé à l’enregistrement de deux albums plutôt bien reçus par la critique : Go (1976) et Go Too (1977)

En 2022 est sorti l’album posthume Deus Arrakis Cet opus s’est hissé à la 2e place des charts allemands

“Neal Adams, le géant des comics des années 1970 possédait un style élégant, puissant et lancé qui faisait merveille Il savait mieux que quiconque dessiner le mouvement et l’énergie qui s’en dégage” Olivier Delcroix, Le Figaro Culture, 2 mai 2022

Auteur de comics états-unien, Neal Adams est souvent présenté comme l’homme qui a modernisé et humanisé la personnalité de Batman ainsi que celle de Green Lantern et de Superman Son Batman enquêteur a notamment inspiré Matt Reeves pour produire le film Batman (2022) En outre, avec Neal Adams, “le Joker lui-même perd de son humour un peu potache pour redevenir le psychopathe inquiétant aujourd’hui bien connu des fans”, comme l’explique Clémence Leboucher d’Actualitté

On lui doit ainsi, chez DC Comics, huit numéros de Detective Comics entre le #395 et le #410, neuf de Batman entre le #219 et le #255 et douze de Green Lantern entre le #76 et le #89 Dans l’univers Marvel, on lui doit cette fois-ci neuf numéros des X-Men entre le #56 et #65 et quatre des Avengers du #93 au #96

Cette riche carrière lui a valu de remporter plusieurs prix Neal Adams a notamment reçu le Prix Eagle du meilleur dessinateur états-unien en 1977 et 1978 mais aussi le Prix Alley du meilleur dessinateur en 1970 Cette année-là, toujours dans le cadre du Prix Alley, l’auteur a reçu un prix spécial “pour les nouvelles perspectives et la vitalité dynamique qu’il a apportées au domaine des comics”

Clou du spectacle, Neal Adams a été intronisé au Temple de la renommée Will Eisner en 1998 et au Temple de la renommée Jack Kirby en 1999

Klaus Schulze, pionnier de la musique électronique allemande (© Christian Rose / Fastimage)
--Littérature-Le 28 avril, Neal Adams (80 ans).
(© Jones / Evening
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Images)
Neal Adams en 1979 Standard
Hulton Archive
Getty

Cinéma--

Le 28 avril, Juan Diego (79 ans).

“C’était un merveilleux type, un professeur de vie, mais aussi et surtout d’engagement”

Marisa Paredes, 2022 (source : heraldo es)

Acteur espagnol, Juan Diego a remporté la Coquille d’argent et le Prix Goya du meilleur acteur pour son rôle dans Vete de mi (2006) de Victor Garcia Leon Il a aussi remporté le Prix Goya du meilleur acteur dans un second rôle en 1992 pour son rôle dans Le Roi ébahi d’Imanol Uribe et en 2000 pour son jeu dans Paris Tombuctu de Luis Garcia Berlanga En 2022, il demeure avec Eduard Fernandez et Antonio de la Torre l’acteur ayant été le plus nommé dans cette dernière catégorie, avec 6 nominations Concernant les autres films dans lesquels il a joué, Juan Diego a été l’acteur principal des drames Dragon Rapide (1986) de Jaime Camino, dans lequel il incarne le général Franco, Le Septième Jour (2004) de Carlos Saura, et No sé decir adios (2017) de Lino Escalera Et à la télévision, il a joué l’un des rôles prépondérants de la série Los hombres de Paco (2005 - 2010)

“La liste des stars qu’il a shootées est sans fin Tout comme les expositions qui lui ont été consacrées : même si son travail consistait à courir après les célébrités pour obtenir des clichés volés, ses photos ont été élevées au rang d’art, exposées dans d’importantes galeries, achetées par des collectionneurs et des musées”

Simona Siri, Vanity Fair, 30 juin 2022

Photographe états-unien que l’on surnomme souvent “le Paparazzo extraordinaire” , Ron Galella est même présenté comme la “légende des paparazzis” par Simone Siri de Vanity Fair Pionnier de cet art polémique, il apparaît ainsi, selon Charlotte Cowles de Harper’s Bazaar, comme le paparazzo le plus controversé de tous les temps C’est cet art de capturer des icônes extravagantes dans la vie de tous les jours, de “montrer que ce sont des êtres humains comme les autres, des gens ordinaires qui font des choses ordinaires”, comme il l’expliquait lui-même, qui a fait la renommée de ce photographe A son propos, Andy Warhol a ainsi déclaré: “Je considère une photo réussie quand elle concerne une célébrité faisant quelque chose d’infâme C’est pourquoi mon photographe préféré est Ron Galella”

Pire cauchemar des grandes stars, Ron Galella est ainsi parvenu à photographier un nombre impressionnant de célébrités, parmi lesquelles on peut citer Greta Garbo, Joan Crawford, Elizabeth Taylor, Elvis Presley, Mick Jagger discutant avec John Lennon, ou encore le couple Sean Penn/Madonna dans les années 1980 Le photographe est également connu pour s’être fait casser la mâchoire par un Marlon Brando agacé, ce après l’avoir suivi toute la journée Il a pour autant continué à photographier l’acteur légendaire, mais à partir de là avec un casque de hockey sur glace vissé sur le crâne Il a en outre été poursuivi en justice par Jackie Kennedy

Le titre du documentaire dont Ron Galella a fait l’objet en 2010, Smash His Camera de Leon Gast, est justement tiré d’une phrase prononcée par l’ex-première dame des Etats-Unis à son encontre. Rencontrant un certain succès, ce film remporté le Directing Award Documentary lors du festival du film de Sundance

Le 30 avril, Ron Galella (91 ans).

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Juan Diego (© Sandra Golpe)
--Journalisme--
Ron Galella, dans les années 1970 (© Images Press)

--Musique--

Le 30 avril, Naomi Judd (76 ans).

“[The Judds ont contribué à] ramener le country à ses racines dans les années 1980 avec des chansons légères et mélodieuses influencées par la musique folk traditionnelle, le blues acoustique, et par une véritable harmonie familiale”

Country Hall of Fame, 29 avril 2022

Chanteuse de country états-unienne, Naomi Judd a connu un grand succès dans les années 1980 grâce à The Judds, un duo qu’elle formait avec sa fille, Wynonna Judd

En effet, trois des six albums du groupe ont atteint la 1ère place du Top Country Albums états-unien : Why Not Me (1984), Rockin’ with the Rhythm (1985) et Heartland (1987)

Et deux autres ont réussi à se hisser dans le top 5, respectivement à la 2e et 5e place : River of Time (1989) et Love Can Build a Bridge (1990) Ces projets grouillant de tubes, quatorze morceaux différents des Judds ont pris la tête du Billboard Hot Country Songs entre 1984 et 1989

On ne se mouille donc pas en affirmant que ce duo s’est imposé comme le grand groupe de country de la deuxième partie des années 1980 Pour preuve, à cette période-là aux Grammy Awards, les Judds ont écrasé la concurrence dans la catégorie “Best Country Performance by a Duo or Group with Vocal” en la remportant en 1985, 1986, 1987, 1989 et 1992

Or, ce succès était non seulement populaire, mais aussi critique Le premier album du groupe, Why Not Me (1984) a notamment été très bien reçu par la critique En 2021, le Country Hall Of Fame a annoncé l’intronisation du duo

“Volontiers roublard et clivant, réputé pour son bagout et son sens des affaires, l’Italo-Néerlandais était adoré par ses joueurs, pour qui il décrochait souvent de somptueux contrats, mais redouté par les clubs, qui connaissaient ses qualités de négociateur”

Antonino Galofaro, AFP, 1er mai 2022

Entrepreneur italo-néerlandais polyglotte, Mino Raiola est connu pour avoir été l’un des agents de joueurs les plus influents de l’histoire du football Comme le dit bien Alexandre Pedro du Monde, “il était devenu en une trentaine d’années un acteur incontournable du marché des transferts entre grands clubs”

Fin négociateur et homme d’affaires redoutable, Raiola se présentait depuis les années 1990 comme un agent particulièrement puissant et omniprésent En 2016, lors de l’arrivée de Paul Pogba à Manchester United, alors transfert le plus cher de l’histoire, il avait par exemple empoché 49 des 105 millions d’euros versés par les Red Devils “grâce à un conflit d’intérêts hors norme : il était à la fois l’agent de la Juventus, de Manchester [United] et du joueur” comme l’ont expliqué Yves Philippin et Michaël Hajdenberg pour Mediapart en 2017

Ainsi, la liste des joueurs, principalement italiens et néerlandais, que Mino Raiola a pris sous son aile, est impressionnante On retrouve, parmi les plus célèbres, Dennis Bergkamp, Mido, Pavel Nedved, Zlatan Ibrahimovic, Mark van Bommel, Robinho, Cris, Maxwell, Blaise Matuidi, Paul Pogba, Marco Verratti, Lorenzo Insigne, Moise Kean, Erling Haaland, Matthijs de Ligt, Mario Balotelli, Gianluigi Donnarumma, Romelu Lukaku, Stefan de Vrij ou encore Xavi Simons

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Sport--

Le 30 avril, Mino Raiola (54 ans).

Naomi Judd (© Debby Wong / Shutterstock / SIPA) Mino Raiola et Zlatan Ibrahimovic pendant la Coupe du monde 2018 (© Maurice van Steen / Presse Sports)

Sport--

Le 1er mai, Ivica Osim (80 ans).

“C’était un grand joueur, doté d’une bonne vision de jeu à son poste de numéro 10 De par sa façon de jouer et sa personnalité, il sortait de l’ordinaire et provoquait le respect [ ] C’est un gars qui laisse une trace importante dans le football C’était un exemple”

Ivan Curkovic, pour L'Équipe, 2022

Meneur de jeu yougoslave réputé pour sa grande technique, Ivica Osim est une légende du Zeljeznicar Sarajevo, club avec lequel il a joué de 1959 à 1968 puis de 1969 à 1970, pour un total remarquable de 66 réalisations en 221 apparitions Mais le milieu de terrain a également fait parler de lui en France, en étant une grande star du RC Strasbourg et du CS Sedan Mouzon dans les années 1970 Évoluant de 1970 à 1972 puis de 1976 à 1978 au sein du club alsacien, il a eu le temps d’inscrire 21 buts en 102 rencontres jouées Marquant le Racing de son empreinte, en le conduisant notamment à la 3e place du championnat de France à l’issue de la saison 1977-1978, il a été désigné par les fans du club comme le n°10 de leur “Onze de rêve du XXe siècle” en 1999 Au sein du club ardennais cette fois, Osim a inscrit 16 buts en 111 matchs joués entre 1972 et 1975 Si son passage en France est ainsi loin d’être ridicule, ce n’est qu’en jouant au sein du championnat yougoslave qu’il s’est vu appelé en sélection nationale, avec 16 matchs et 8 buts entre 1964 et 1969 En 1978, Ivica Osim a raccroché les crampons pour enfiler la casquette de coach Renouant avec ses racines, il a étoffé son statut de légende du Zeljeznicar Sarajevo en l’entraînant de 1978 à 1986 et en remportant la coupe de Yougoslavie en 1981 Il a par la suite retrouvé l’équipe nationale mais cette fois-ci en tant que sélectionneur A la tête de l’équipe nationale yougoslave de 1986 à 1992, il a réussi à la hisser en quart de finale du Mondial 1990, mais la sélection a alors perdu face à l’Argentine aux tirs aux buts Dans la foulée, le coach a passé deux années sur le banc du Panathinaïkos entre 1992 et 1994 et neuf sur celui du Sturm Graz entre 1994 et 2002 Avec ces deux clubs, il a remporté quelques trophées nationaux

Cette grande figure des soirées parisiennes était présentée comme la “reine de la nuit” Fondatrice en 1956 de la boîte de nuit Chez Régine, qui accueillait alors le Tout-Paris, Régine a possédé au total plus d’une vingtaine de discothèques dans le monde Mais Régine n’était pas seulement une femme d’affaires accomplie Elle savait également se donner en spectacle et pousser la chansonnette Elle a ainsi enregistré quelques succès de variété écrits par de prestigieux amis On pense notamment aux “P’tit Papiers” (1965) et à “Pourquoi un pyjama ?” (1966), deux chansons écrites par Serge Gainsbourg En 2009, Régine a même enregistré un album de duos, Régine’s Duets, dans lequel elle s’est vue accompagnée par des chanteurs de renom à l’image de Jane Birkin, Boy George, ou encore Bernard Lavilliers Artiste définitivement complète, Régine a aussi connu un certain succès au cinéma en jouant un rôle notable dans Le Train (1973) de Pierre Granier-Deferre et dans Les Ripoux (1984) de Claude Zidi.

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Osim, le coach mythique de la Yougoslavie (© Boutroux, L’Equipe)
“La Nuit est orpheline, elle a perdu sa Reine” Line Renaud, Twitter, 2022
Régine, un personnage haut en couleurs (© AFP, Bertrand Guay)
--Musique-Le 1er mai, Régine (92 ans).

Littérature--

Le 1er mai, Michel Vinaver (95 ans).

“Il restera notamment comme le grand dramaturge de l’homo economicus, l’analyste minutieux de l’évolution du capitalisme au fil du XXe siècle”

Fabienne Darge, Le Monde, 2 mai 2022

“Dramaturge du rapport social” selon Joëlle Gayot de Télérama, il a réussi l’exploit de rencontrer le succès avec deux carrières diamétralement opposées

Dans un monde, il était ainsi Michel Grinberg, PDG de Gillette France de 1966 à 1982

Dans un autre, il était Michel Vinaver, homme de lettres propulsé dès les années 1940 par Albert Camus, un auteur avec lequel il a entretenu une correspondance notable, et grâce auquel il a publié son premier roman, Lataume, en 1950 Lauréat en 1952 du prix Fénéon avec L’Objecteur, Michel Vinaver s’est également fait remarquer en écrivant Les Coréens (1955), une pièce qui sera mise en scène par Roger Planchon puis par Jean-Marie Serreau

Dramaturge reconnu, il a été nommé à trois reprises au Molière de l’auteur francophone vivant : en 1990 avec L'Émission de télévision, en 2009 avec Par-dessus bord puis en 2016 avec Bettencourt Boulevard ou Une Histoire de France

Sans qu’il ne soit un auteur engagé, les œuvres de Vinaver avaient souvent rapport aux enjeux sociaux

“Brooks était un pilote extraordinaire, le plus grand pilote de course <<inconnu>> qui ait jamais existé Il était bien meilleur que plusieurs personnes qui ont gagné le championnat du monde”

Stirling Moss (source : AFP)

S’il n’a jamais été sacré champion du monde, Tony Brooks est tout de même reconnu comme l’un des plus grands pilotes de Formule 1 des années 1950 Selon l’AFP, il est même “largement considéré, avec [Stirling] Moss, comme le meilleur pilote britannique à n’avoir jamais remporté le championnat du monde de F1” Pilote de F1 de 1956 à 1961, Tony Brooks a frôlé le sacre à plusieurs reprises Terminant 5e en 1957 et 3e en 1958, il a même échoué à la 2e place en 1959, 4 points derrière Jack Brabham

Le “dentiste volant” s’est tout de même étoffé un beau palmarès en Formule 1 avec 10 podiums réalisés et 6 Grand Prix remportés, ce qui fait encore de lui en 2022 le 42e pilote avec le plus grand nombre de victoires en Grand Prix En 1959, il a notamment réalisé un hat-trick (pole, victoire, meilleur tour) sur le Grand Prix d’Allemagne Et en 1955, au Grand Prix de Syracuse, une course ne faisant pas partie du calendrier du championnat du monde, il s’est illustré en signant la première victoire d’un Britannique dans un Grand Prix depuis 1923

Alors qu’il était le dernier pilote encore vivant à avoir remporté un Grand Prix de Formule 1 dans les années 1950, “il faisait partie d’un groupe spécial de pilotes qui étaient des pionniers et qui ont repoussé les limites à une époques de grands risques” comme l’a rappelé le président de la Formule 1, Stefano Domenicalli, en 2022

Légende de la F1, Brooks était aussi une figure notable des courses de voitures de sport Il a ainsi gagné les 6 Heures du Nürburgring en 1957 avec Noël Cunningham-Reid et le RAC Tourist Trophy en 1958 avec Stirling Moss

--Sport--

Le 3 mai, Tony Brooks (90 ans).

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Michel Vinaver en 2006 (© Pierre Verdy / AFP) Le “dentiste volant” (© Photographic / Shutterstock / SIPA)

Littérature--

Le 6 mai, Patricia A. McKillip (74 ans).

“McKillip figure parmi les auteurs de fantasy dotés de la plus belle prose Elle apporte toujours une idiosyncrasique intelligence, fine et rafraîchissante, dans l’emploi qu’elle fait des motifs de ce genre”

Brian M Stableford, The Encyclopedia of Fantasy, 1997

Auteure états-unienne de romans fantasy, Patricia A. McKillip s’est imposée, à partir des années 1970, comme une véritable figure du genre Lauréate d’un grand nombre de prix, cette romancière prolifique a notamment remporté à deux reprises le Prix World Fantasy du meilleur roman, grâce à La Magicienne de la forêt d’Eld en 1975 et aux Fantômes d’Ombria en 2003 Ce dernier roman lui a également valu de remporter en 2006 le Prix Imaginales du meilleur roman étranger et en 2003 le Mythopoeic Fantasy Award for Adult Literature, récompense qu’elle a au total raflé à quatre reprises dans sa carrière, en 1995 avec Something Rich and Strange, en 2007 avec Solstice Wood et en 2017 enfin avec Kingfisher Mais s’il y a un prix qui illustre l’alliage entre productivité et qualité dans le travail de Patricia A McKillip, c’est bien le Prix Locus du meilleur roman de fantasy. A dix-sept reprises, entre 1978 et 2017, l’auteure a figuré parmi la quinzaine-vingtaine de nommés En 1980, elle a remporté ce prix avec Harpist in the Wind, battant alors Dead Zone de Stephen King

“Ses contributions ont été essentielles, à la fois pour conduire et réinventer la longue et riche histoire de DC Comics Les histoires racontées par George étaient un plaisir à lire”

DC Comics, Twitter, mai 2022

Scénariste et dessinateur de comics états-unien, George Pérez est réputé pour la qualité et le niveau de détails de ses illustrations Il faut dire que cette faculté a pu être mise en valeur par les nombreux crossovers dont il s’est occupé, de telle sorte qu’il est présenté comme le “dieu du cross-over” par Thomas Mourier de Bubblebd Ainsi, comme le dit cette fois-ci Pascal Aggabi d’Actuabd, “les images avec beaucoup de personnages vont devenir sa marque de fabrique, son emblème” Marvel s’est donc offert ses services pour un certain nombre d’épisodes des Quatre Fantastiques (17 numéros entre le #164 et le #192) et des Avengers. Entre 1975 et 1980, il a ainsi travaillé sur une vingtaine de numéros différents du volume 1 des Avengers entre le #141 et le #202 Et en ce qui concerne le volume 3 (1998 - 2004) de cette même série, il a dessiné l’intégralité des numéros entre le #1 et le #15, le #18 et le #25 et enfin entre le #27 et le #34 Chez le concurrent DC Comics, Pérez a été le dessinateur des 12 numéros de Crisis on Infinite Earths (1985), une série de comics essentielle dans l’histoire de la franchise car elle a permis de supprimer le problème des terres multiples qui déstabilisait alors les lecteurs, de donner un nouveau tournant à la chronologie de l’univers, mais aussi de faire le ménage parmi les personnages avec un bon nombre de morts Mais en dehors des crossovers, George Pérez est aussi reconnu pour avoir relancé et transformé le personnage de Wonder Woman en s’occupant du scénario et des dessins du volume 2 dans les années 1980

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Patricia A McKillip en 2011 (© Wikimedia Commons, Stepheng3)
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Le 6 mai, George Pérez (67 ans).
Littérature--
George Pérez en 2019 (© Gabe Ginsberg / Getty Images)

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Le 7 mai, Kang Soo-yeon (55 ans).

“En un mot : Kang Soo-yeon fût l’une des plus grandes actrices de l’histoire du cinéma coréen”

Adrien Gombeaud, Twitter, 7 mai 2022

Actrice sud-coréenne, Kang Soo-yeon est souvent présentée comme la première personnalité de l’histoire de son pays à avoir été érigée au rang de star mondiale Sa carrière a effectivement pris un tournant à la fin des années 1980 grâce à deux drames dans lesquels elle a joué : La Mère porteuse (1987) et Viens, viens, viens plus haut (1989) d’Im Kwon-taek Avec le premier film, l’actrice a rencontré un grand succès international Si elle est devenue en 1987 la première actrice sud-coréenne de l’histoire à remporter la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise, elle a également remporté le prix de la meilleure actrice au Festival des Trois Continents la même année Avec le second film, Kang Soo-yeon s’est une nouvelle fois vue couronnée de succès puisqu’elle a décroché en 1989 le Korean Association of Film Critics Award de la meilleure actrice ainsi que le St George du bronze de la meilleure actrice lors du Festival international du film de Moscou

En 1990, si All That Falls Has Wings de Jang Gil-su n’a pas connu de retentissement international, le film a toutefois permis à Kang Soo-yeon de rencontrer à nouveau un franc succès national En effet, avec cette production, l’actrice remporté une seconde fois d’affilée le Korean Association of Film Critics Award de la meilleure actrice

Les années suivantes, l’actrice s’est fait plus discrète mais s’est tout de même fait remarquer dans Girls’ Night Out (1998) d’Im Sang-soo

“Il est impossible de compter le nombre de personnes qui ont commencé le handball en étant inspirés par le leadership éclairé de Bengt” Fédération suédoise de handball, 9 mai 2022

En tant que joueur puis en tant qu’entraîneur, il a marqué le handball suédois de son empreinte Bengt Johansson s’est d’abord présenté comme un joueur accompli, évoluant au SolK Hellas de 1966 à 1970 et au HK Drott Halmstad de 1971 à 1976 Avec le premier club, il a remporté le championnat de Suède en 1969 et 1970 Avec le second, il a remporté cette même compétition en 1975 En parallèle, Bengt Johansson a été l’un des piliers de sa sélection nationale de 1963 à 1972, avec 83 matchs disputés selon la Fédération suédoise de handball Mais c’est surtout en tant qu’entraîneur qu’il a marqué les esprits Remportant par cinq fois le championnat national (1975, 1978, 1979, 1984, 1988) avec le HK Drott Halmstad, il s’est vu couvert de gloire en tant que sélectionneur de l’équipe nationale suédoise entre 1988 et 2004 Sous sa houlette, les “Bengan Boys” ont terrorisé la concurrence en remportant les championnats d’Europe de 1994, 1998, 2000 et 2002 ainsi que les championnats du monde de 1990 et 1999 Toujours au rendez-vous en compétition internationale, la Suède a également empoché, aux championnats du monde, l’argent en 1997 et 2001 ainsi que le bronze en 1993 et 1995 Seule ombre au tableau, la Suède de “Bengan” a atteint par trois fois la finale des Jeux Olympiques, en 1992, 1996 et 2000, mais n’a jamais réussi à monter sur la plus haute marche du podium

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Cinéma
Kang Soo-yeon (© Yonhap News / Newscom)
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Sport-Le 8 mai, Bengt Johansson (79 ans).
“Bengan”, le sélectionneur légendaire de la Suède (© Arne Forsell)

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Le 8 mai, Fred Ward (79 ans).

“Quand il est venu combattre les vers de terre avec moi, je ne pouvais pas demander meilleur partenaire”

Kevin Bacon, Twitter, 13 mars 2022

Acteur états-unien, Fred Ward est connu pour avoir joué un rôle important dans plusieurs films cultes des années 1980 - 1990

Aux côtés de Clint Eastwood et de Jack Thibeau, on a ainsi pu le voir jouer l’un des trois fugitifs de L’Evadé d’Alcatraz (1979) de Don Siegel Quatre ans plus tard, on a cette fois pu le voir incarner Virgil “Gus” Grissom dans L’Etoffe des héros (1983) de Philip Kaufman Enfin, l’acteur s’est fait remarquer dans les comédies horrifiques cultes que sont Tremors (1990) et Tremors 2 (1996)

En parallèle, Fred Ward a été l’acteur principal de films comme Timerider, le Cavalier du temps perdu (1982) de William Dear ou Henry et June (1990) de Philip Kaufman

En outre, il a eu un rôle notable dans Miami Blues (1990) de George Armitage, Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? (1994) de Peter Segal ou encore dans La Courtisane (1998) de Marshall Herskovitz

Dans les années 2000 ensuite, l’acteur s’est fait remarquer en incarnant Ronald Reagan dans L’Affaire Farewell (2009) de Christian Carion et en jouant un rôle secondaire dans 2 Guns (2013) de Baltasar Kormakur A la télévision enfin, il a tenu un rôle récurrent dans United States of Tara entre 2009 et 2011

“L’un des pivots les plus talentueux de tous les temps” Adam Silver, président de la NBA, communiqué, mai 2022

Malgré une solide concurrence à son poste, très peu de pivots ont pu se targuer d’être meilleurs que Bob Lanier dans les années 1970 Cette décennie a effectivement vu ce basketteur états-unien réaliser l’exploit d’être convié à huit All-Star Games différents entre 1972 et 1982 Il a même réussi à être couronné MVP de l’édition 1974, alors qu’il jouait tout ce temps dans la même conférence qu’un certain Kareem Abdul-Jabbar Joueur star des Pistons de Détroit de 1970 à 1980 puis des Bucks de Milwaukee de 1979 à 1984, Bob Lanier a eu une importance si notable dans le jeu des deux franchises que celles-ci ont toutes les deux fini par retirer son numéro, le n°16

Il faut dire que ses statistiques sont impressionnantes Dans les années 1970, Bob Lanier a terminé huit saisons d’affilée avec plus de 20 points de moyenne par match Il a notamment achevé la saison 1971-1972 avec 25,7 points de moyenne S’il a été moins décisif chez les Bucks, avec quatre saisons entre 10 et 15 points de moyenne, il est tout de même parvenu à obtenir une invitation pour le All-Star Game de 1982 Totalisant une moyenne de 20,1 points et 10,1 rebonds par match sur ses 14 saisons de NBA, il reste en 2022 le 59e joueur ayant inscrit le plus de points et le 43e ayant réalisé le plus de rebonds dans l’histoire de la ligue

Si Bob Lanier est devenu un grand nom de la NBA grâce à son jeu et ses statistiques impressionnantes, les résultats de ses deux franchises sont toutefois loin d’avoir permis d’étoffer sa légende Alors qu’il n’a jamais connu de finale NBA, le pivot a essuyé deux lourdes défaites en finale de conférence avec les Bucks en 1983 et 1984 (défaites 1 - 4)

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Sport--

Le 10 mai, Bob Lanier (73 ans).

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Cinéma
Fred Ward (© Getty Images, Amanda Edwards) Bob Lanier, le légendaire n°16 des Pistons de Détroit (© Getty Images, Focus Sport)

--Musique--

Le 10 mai, Shivkumar Sharma (84 ans).

“Il avait des mains de fée, l’âme d’un pionnier et l’aura lumineuse des plus grands éclaireurs de la musique classique indienne”

Anne Berthod, Télérama, 11 mai 2022

Joueur de santour indien, Shivkumar Sharma est souvent présenté comme le musicien qui a rendu l’instrument populaire dans son pays Connaissant un succès national à partir des années 1960, il est notamment connu pour avoir composé nombre de musiques pour Bollywood Le duo Shiv-Hari, qu’il a formé avec le joueur de bansurî Hariprasad Chaurasia en 1967, a ainsi été nommé à quatre reprises au Filmfare Award for Best Music Director avec les films Silsila (1981), Chandni (1989), Lamhe (1991) et Darr (1993)

Mais si Shivkumar Sharma bénéficie d’une certaine aura en Inde, sa musique a également rencontré un certain succès, plus critique que populaire toutefois, en Occident Call of the Valley, album qu’il a enregistré en 1967 avec Hariprasad Chaurasia et le guitariste Brij Bhushan Kabra, a ainsi été présenté par Ken Hunt de AllMusic comme un projet “aussi révolutionnaire que classique” Ce dernier a ajouté que “si le nouveau venu doit acheter ne serait-ce qu’un seul enregistrement de musique indienne classique, qu’il prenne Call of the Valley” En 2006, cet album figurait donc dans la liste des 1001 qu’il faut avoir écoutés dans sa vie de Robert Dimery

“Henk Groot est le symbole parfait du vieux Ajax, celui qui sortait à peine de l’amateurisme avant de rentrer définitivement dans l’ère du <<football total>>”

Football-the-story, Henk Groot

Attaquant néerlandais, Henk Groot a marqué l’histoire de l’Ajax Amsterdam grâce à son impressionnante efficacité devant les cages

Les chiffres sont là pour en attester Évoluant au sein du club de 1959 à 1963 puis de 1965 à 1969, l’avant-centre a inscrit un total de 207 buts pour 305 rencontres disputées, ce qui fait de lui le 4e meilleur buteur de l’histoire du club en 2022 ainsi que le meilleur buteur de la décennie 1960 en Eredivisie S’il a été moins prolifique dans la seconde partie des années 1960, ses statistiques du début de la même décennie sont tout bonnement effrayantes En effet, il a fini meilleur buteur du championnat en 1960 avec 38 buts en 33 matchs et en 1961 avec 41 buts en 32 matchs Mais s’il a été un grand joueur de l’Ajax, Henk Groot a également montré qu’il était capable d’être décisif au sein d’autres clubs Son passage au Feyenoord Rotterdam, de 1963 à 1965, a ainsi été une franche réussite sur le plan individuel avec 34 réalisations en 54 apparitions Avec ces deux clubs, l’attaquant s’est donc construit des statistiques individuelles plus que respectables Mais il s’est aussi façonné une vitrine à trophées remarquable Avec l’Ajax, il a ainsi remporté l’Eredivisie en 1960, 1966, 1967 et 1968 mais aussi la Coupe nationale en 1961 et 1967 Et avec le Feyenoord, il a cette fois-ci réalisé le doublé Coupe-Championnat en 1964

Sans surprises, Henk Groot a donc été un international néerlandais régulièrement sélectionné Au total, il a joué 39 matchs et marqué 12 buts pour les Oranjes tout au long des années 1960

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Sport--

Le 11 mai, Henk Groot (84 ans).

Shivkumar Sharma et son santour (© Getty Images, Hindustan Times) Henk Groot était notamment très efficace dans les airs

--Musique--

Le 13 mai, Teresa Berganza (89 ans).

“Une grande Rossinienne, une grande Mozartienne très aimée et respectée Autant abordable professionnellement qu’en dehors de la scène et qui a su gérer sa carrière sans brûler les étapes”

Karine Deshayes, pour Radio Classique, mai 2022

“[Khalifa ben Zayed Al Nahyane] est reconnu pour avoir offert une renommée internationale aux Emirats Arabes Unis, alors modeste cheikh de sept émirats situé dans le désert, et guidé le pays à travers les périodes difficiles Sous son leadership, les Emirats Arabes Unis ont connu une croissance rapide, ce qui a permis d’offrir aux habitants de ce pays un niveau de vie décent. En outre, il a été le fer de lance de la croissance des secteurs de la santé de l’éducation et de la technolo mondiale, ainsi que des secteur Vijay Valecha, po

Président des Emirats Arabes ben Zayed Al Nahyane a été témoins de la nouvelle dimens scène internationale

En effet, selon Deepthi Nair de non-pétrolière est montée en transformé en une puissance éc présidence” En 2021, le pays pays avec le meilleur IDH au m Alors que le chef d’Etat a gran à surmonter financièrement la Khalifa a pris son nom en 2010 Entretenant de bonnes relat occidentaux, Khalifa ben Zaye apparu comme un philanthrop mis 10 millions d’euros sur restauration du théâtre du châ alors, lui aussi, pris son nom

Cantatrice mezzo-soprano de nationalité espagnole, Teresa Berganza est présentée par Philippe Gault comme “l’une plus grandes cantatrices du XXe siècle” faisant remarquer dès les années 1950 avec le rôle de abella dans Cosi fan tutte en 1957 ou celui de Rosine s Le Barbier de Séville en 1960, elle s’est surtout fait un m en endossant à plusieurs reprises le rôle de Carmen à ir de 1977 Le chef d’orchestre Herbert von Karajan it lui-même qu’elle était la “plus grande Carmen de toire de l’opéra” Or, Carmen a également été interprétée des cantatrices de la carrure de Maria Callas ou de ntyne Price enant progressivement une cantatrice renommée, esa Berganza a eu l’honneur de participer au concert auguration de l’Opéra Bastille en 1989 ainsi qu’à la émonie d’ouverture des Jeux Olympiques de 1992, us à Barcelone a également pu voir Teresa Berganza dans les salles mbres puisqu’elle a endossé le rôle de Zerlina dans le Don Giovanni (1979) de Joseph Losey e d’une prestigieuse carrière, la cantatrice a reçu en 1 le Prix Prince des Asturies, l’une des distinctions agnoles les plus prestigieuses En 1996, elle a été cette -ci lauréate du Prix national de musique, dans la catégorie interprète

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Politique--
Le 13 mai, Khalifa ben Zayed Al Nahyane (74 ans).

Le 14 mai, Andrew Symonds (46 ans).

“Sa maîtrise et son inspiration orageuse dans la création de sons, totalement originales, ont créé un public mondial”

Lina Mendoni, ministre grecque de la culture, mai 2022

Compositeur et claviériste grec, Vangelis est parvenu à connaître un certain succès commercial et critique avec le groupe de rock progressif Aphrodite’s Child au tournant des années 1970, le duo de synth-pop Jon and Vangelis au début des années 1980, mais aussi et surtout avec les musiques de film qu’il a composées cette même décennie Pour le compte d’Aphrodite’s Child, groupe de rock qu’il a fondé avec Lucas Sideras, Silver Koulouris et Demis Roussos en 1968, il a composé plusieurs morceaux qui sont devenus des tubes, tels “Rain and Tears” (1968) qui reprend le “Canon” de Pachelbel, ou “It’s Five O’clock” (1969) L’aventure s’est conclue avec 666 (1972), un opus entièrement composé par Vangelis Cet album est devenu le projet du groupe le mieux reçu par les critiques et le public En 2010, le magazine IGN l’a carrément classé “3e plus grand album de rock progressif de l’histoire” En solo ensuite, Vangelis s’est imposé dans les années 1970 comme l’un des pionniers de la new age Mais ce sont assurément les années 1980 qui ont signé la consécration du compositeur grec En 1979, il a formé la paire Jon and Vangelis avec le chanteur du groupe Yes, Jon Anderson Deux morceaux de la discographie du duo sont parvenus à se hisser dans le top 10 du UK Singles : “I Hear You Now” (1979) qui s’est hissé à la 8e place et “I’ll Find My Way Home” (1981) qui a pour sa part atteint la 6e place Et si les deux premiers albums de Jon and Vangelis ont reçu un accueil critique mitigé, ils ont pour autant tous deux atteint le top 10 de l’Official Album Charts britannique, Short Stories (1980) a pris la 4e place et The Friends of Mr Cairo (1981) la 6e Mais jusqu’ici, le succès que rencontrait Vangelis était principalement européen C’est le 7e Art qui l’a alors rendu international En 1982, la bande originale des Chariots de feu (1981) de Hugh Hudson lui a valu de remporter l’Oscar de la meilleure musique de film La même année, Vangelis a signé la musique d’un autre film culte, Blade Runner (1982) de Ridley Scott, ce qui lui a alors valu d’être nommé aux BAFTA Awards et aux Golden Globes Ces bandes originales, intensifiant l’ambiance particulière de ces deux films, sont devenues des œuvres cultes en elles-mêmes Mais la contribution de Vangelis au cinéma ne s’est pas arrêtée là On lui doit aussi la musique de deux films épiques : 1492 : Christophe Colomb (1992) de Ridley Scott et d’Alexandre (2004) d’Oliver Stone Ainsi, rien d’étonnant à le voir créer l’hymne officiel du Mondial 2002 de football

“Andrew était un talent générationnel, [ ] un joueur-culte”

Lachlan Henderson, mai 2022

All-rounder australien, Andrew Symonds a grandement contribué au triomphe de son pays en Coupe du monde de cricket en 2003 et 2007

Il a signé un total de 5 088 runs, 133 guichets et une moyenne à la batte de 39,75 en 198 matchs de one day international

En first-class cricket, il a cette fois cumulé 14 477 runs, 242 guichets et une moyenne à la batte de 42,20 en 227 matchs disputés

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Sport--
Andrew Symonds, un “joueur-culte” (© Map)
--Musique-Le 17 mai, Vangelis (79 ans).
Vangelis, pionnier de la new age, entre autres (© Nemo Studios)

Cinéma--

Le 18 mai, Jean-Louis Comolli (80 ans).

“Théoricien éclairé du septième art, passionné de jazz, cinéaste maniant le documentaire comme la fiction, [ ] infatigable <<passeur>>, curieux de tout, tout le temps” CNC, 20 mai 2022

Journaliste et cinéaste français, Jean-Louis Comolli s’est d’abord fait un nom dans les années 1960 - 1970 en tant que critique chez les Cahiers du Cinéma, revue dont il a été le rédacteur en chef de 1966 à 1972

A cette même période, il a joué un rôle secondaire dans deux films de Jean-Luc Godard, Les Carabiniers (1963) et Alphaville (1965) Par la suite, il s’est mis à réaliser ses propres films, tels La Cecilia (1976) et L’Ombre rouge (1981), production dans laquelle il a réussi à réunir Claude Brasseur, Jacques Dutronc et Nathalie Baye En 1998, son œuvre Pétition a même été nommée au César du meilleur court-métrage de fiction A côté, Comolli est aussi connu pour avoir suivi la vie politique marseillaise caméra à la main On lui doit notamment les documentaires Marseille contre Marseille (1996) et Rêves de France à Marseille (2003), un film qu’il a coréalisé avec Michel Samson Cette propension pour le témoignage et la transcription, on la retrouve en outre sur le papier En 2018, il a remporté le Prix François Mauriac de la Région Nouvelle Aquitaine avec Une terrasse en Algérie, récit de son expérience de la Guerre d’Algérie, lui qui est né à Philippeville Mais ne s’intéressant pas seulement au 7e Art, Jean-Louis Comolli a également écrit plusieurs ouvrages de référence sur le jazz, à l’image du Dictionnaire du jazz, lauréat du Prix du livre de jazz en 1988, qu’il a coécrit avec Philippe Carles et André Clergeat

“Bernard Wright a joué un rôle considérable, sur quatre décennies, dans les coulisses de l’histoire des musiques afro-américaines, entre jazz et R&B”

Frédéric Adrian, Soul Bag, 21 mai 2022

Artiste précoce, Bernard Wright a mélangé le jazz et la funk pour créer un son qui n’a, certes, pas eu le succès escompté, mais qui a toutefois eu le mérite d’influencer de nombreux artistes et de se présenter comme une véritable mine d’or pour les producteurs de rap des années 1990 Alors qu’il avait à peine 18 ans, le musicien a publié son premier album, ‘Nard (1981), qui a atteint la 7e place du Billboard Top Jazz Albums et la 23e du Billboard Top Soul Albums De ce projet sont issus deux singles qui se sont fait une place dans le Hot Soul Singles : “Just Chillin' Out”, qui a atteint la 33e place, et "Haboglabotribin''', qui s’est “seulement” hissé à la 78e Ce dernier morceau a toutefois jouit d’une exposition inédite en 2013 avec le jeu Grand Theft Auto puisqu’il est dans la rotation de la radio “Space 103 2” En 1985, l’artiste a à nouveau fait parler de lui avec l’opus Mr Wright, notamment grâce au tube “Who Do You Love” qui a atteint la 6e place du Hot Black Singles Si les projets qu’il a ensuite proposés dans les années 1990 n’ont pas fait de bruit, ses deux opus précédemment cités ont tapé à l'œil des producteurs de hip-hop Certains grands succès de la décennie reprennent ainsi un titre de Bernard Wright : “I Wish” (1995) de Skee-Lo dont l’iconique motif est issu de “Spinnin’” (1981), “Loungin” (1995) de LL Cool J qui reprend “Who Do You Love”, ou encore “Lie to Kick It” (1997) de 2Pac qui sample “Haboglabotribin”

Le 19 mai, Bernard Wright (58 ans).

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Jean-Louis Comolli, curieux de tout (© Benoît Soualle / Opale / Leemage)
--Musique--
Bernard Wright a été abondamment samplé dans les années 1990 (© Carol Friedman / Collection Gilles Pétard)

Sport--

Le 21 mai, Jiri Zidek Sr. (78 ans).

“De son temps, [il] était l’un des meilleurs pivots du continent européen ”

Associated Press, 21 mai 2022

Pivot tchèque, Jiri Zidek Sr a joué l’essentiel de sa carrière à l’USK Prague (1962 - 1969 puis 1970 - 1977) Au sein de cette équipe, il a marqué la ligue tchécoslovaque de son empreinte en apparaissant comme le meilleur scoreur de son histoire, avec 10 838 points inscrits Il a donc grandement contribué au sacre national de son club en 1965, 1966, 1969, 1971, 1972 et 1974

Également vainqueur d’une compétition européenne, la Coupe Saporta en 1969, il a été avec 22 points le meilleur marqueur de la finale de l’EuroLeague 1966, que l’équipe a néanmoins perdue contre l’Olimpia Milan La frustration, il l’a ensuite connue avec sa sélection, qui a terminé 2e de l’EuroBasket en 1967 et 3e en 1969

Présenté en 2001 comme le plus grand basketteur tchécoslovaque du XXe siècle par la Fédération tchèque de basketball et l’Association des clubs tchèques de basketball, Jiri Sidek Sr est aussi apparu comme un grand nom du basketball européen Convié au FIBA Festival All-Star Game en 1966 et 1967, il est devenu en 2019 le premier joueur tchèque introduit au FIBA Hall of Fame

“Gary Nelson débute sa carrière à la télévision avec la série Have Gun - Will Travel en 1962 A l’aise dans tous les genres, il va passer d’un show à l’autre en restant globalement chez CBS”

Corentin Palanchini, Allociné, 12 septembre 2022

Cinéaste états-unien, Gary Nelson a été dans les années 1960 - 1970 comme un réalisateur particulièrement productif, pour le petit et le grand-écran, avec quelques succès à la clé

Au cinéma, il est notamment connu pour avoir réalisé Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976), film dans lequel le corps d’une mère (Barbara Harris) et celui de sa fille (Jodie Foster) se voient intervertis le temps d’une journée Mais on lui doit également Le Trou Noir (1979), superproduction qui se voulait être une contre-attaque de la part de Disney face au succès de Star Wars (1977) Si ce dernier film a fait parler de lui, il n’a pas eu le succès commercial et critique escompté On pourrait enfin mentionner, parmi les films qu’il a réalisés, les westerns Molly and Lawless John (1972) avec Sam Elliott et Vera Miles à l’affiche, et Santee (1973) avec Glenn Ford en guise de vedette Travaillant davantage pour la télévision, Gary Nelson a connu un certain succès avec la mini-série Intrigues à la Maison Blanche (1977) Mais particulièrement convoité, il a également travaillé pour plusieurs séries télévisées des années 1960 - 1970 Il a notamment réalisé 8 épisodes de L’Île aux naufragés (1965 - 1967), 23 de Max la menace (1965 - 1970), 7 des 15 épisodes de Captain Nice (1967), 10 de Love, American Style (1969 - 1974) mais aussi et surtout 19 des 90 épisodes de Demain à la une (19962000) En 1981 enfin, il a dirigé Johnny Cash dans le téléfilm The Pride of Jesse Hallam S’il n’a jamais remporté de prix majeurs, le réalisateur a toutefois été nommé aux Primetime Emmy Awards et aux Directors Guild of America Awards avec Intrigues à la Maison Blanche

--Cinéma--

Le 25 mai, Gary Nelson (88 ans).

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Jiri Zidek, pivot mythique de l’USK Prague (© EuroLeague) Gary Nelson (© MUBI)

--Musique--

Le 26

mai,

Andrew Fletcher (60 ans).

“Il était l'homme modeste de Depeche Mode, mais aussi celui qui, dans les moments difficiles, a su maintenir son unité”

Odile de Plas, Télérama, 27 mai 2022

“Face à Robert de Niro et Joe Pesci, il impose sa belle gueule un peu grêlée, son regard bleu laser et son rire pas banal, hystérique, au bord de la démence - et très flippant Pour les directeurs de casting en quête de <<bad guys>>, c’est une bénédiction”.

Samuel Douhaire, Télérama, 2022

En 1986, il s’était déjà fait remarquer en jouant un repris de justice déséquilibré dans la comédie dramatique Dangereuse sous tous rapports de Jonathan Demme Ce rôle lui avait alors valu d’être nommé aux Golden Globes dans la catégorie “meilleur acteur dans un second rôle” Mais c’est en 1990 que Ray Liotta est devenu une star mondiale et une gueule inoubliable du grand-écran, avec le rôle de Henry Hill, protagoniste et narrateur de ce qui a été présenté comme le 92e plus grand film états-unien de tous les temps par l’AFI en 2007 : Les Affranchis de Martin Scorsese Sa prestation, devenue culte, a elle aussi été acclamée par la critique

Prenant une nouvelle dimension, l’acteur est alors devenu une vedette spécialement prisée par les réalisateurs de thrillers, qui lui ont alors offert des rôles de représentants de forces de l’ordre instables Il a ainsi joué un policier psychopathe dans Obsession fatale (1992) de Jonathan Kaplan, rôle qui lui a valu d’être nommé pour le prix du meilleur méchant aux MTV Movie Awards On l’a ensuite vu incarner un flic camé aux côtés de Robert De Niro dans Cop Land (1997) de James Mangold En 2001, il a une nouvelle fois revêtu l’uniforme dans Hannibal de Ridley Scott Si son personnage était secondaire, il a toutefois marqué le public avec la fameuse scène du dîner En 2002 enfin, il a produit le film Narc de Joe Carnahan dans lequel on l’a retrouvé dans un rôle de lieutenant Plus récemment, il a incarné un avocat dans Marriage Story (2019) de Noah Baumbach et deux jumeaux dans Many Saints of Newark (2021) d’Alan Taylor, préquelle des Sopranos (1999 - 2007)

A la télévision, Ray Liotta a fait des apparitions brèves mais remarquées dans de célèbres séries, remportant notamment le Primetime Emmy Awards du meilleur acteur invité dans une série télévisée dramatique en 2005 avec un épisode d’Urgences On a également pu le voir jouer l’un des rôles principaux de Shades of Blue (2016 - 2018)

Musicien britannique, Andrew Fletcher est essentiellement connu pour avoir été l’un des cofondateurs de Depeche Mode, groupe dont il a été membre de 1980 à sa mort Il a ainsi, à l’instar de ses partenaires Dave Gahan et Martin Gore, été intronisé au Rock and Roll Hall Of Fame en 2020 S’il n’était pas l’élément le plus en vue de la formation, puisqu’il n’écrivait pas les morceaux et ne chantait pas, il a toutefois eu une importance notable dans l’organisation et le management du groupe Odile de Plas de Télérama en vient ainsi à le présenter comme une “pierre angulaire” de la formation Lui-même se définissait comme “le grand gars à l’arrière-plan, sans qui l’entreprise internationale Depeche Mode ne fonctionnerait pas”

--Cinéma--

Le 26 mai, Ray Liotta (67 ans).

Imago / Pacific Press Agency / Alessandro Bosio)
“D’autant que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être gangster” (© CUSSEAU Clément / Warner Bros)

--Musique--

Le 26 mai, Alan White (72 ans).

“Très précis dans son assise du tempo, puissant dans son attaque, il était aussi à l’aise dans la pop que pour interpréter des parties virtuoses et techniques au sein du groupe Yes”

Sylvain Siclier, Le Monde, 27 mai 2022

Batteur britannique, Alan White s’est fait un nom au début des années 1970 en offrant ses services à une quantité remarquable d’artistes populaires et réputés En 1970, il a ainsi participé à l’album All Things Must Pass de George Harrison, en jouant notamment sur les titres “I’d Have You Anytime” et “If Not for You” L’année suivante, il a travaillé avec un autre ex-Beatles, John Lennon, sur l’album Imagine (1971) S’il a joué du vibraphone sur “Jealous Guy”, c’était bien lui à la batterie sur “Imagine”, 3e plus grande chanson de tous les temps selon la liste établie par le Rolling Stone en 2004 A la base, le morceau devait directement commencer avec la batterie, mais Alan White, selon ses propres dires, aurait proposé d’ôter les percussions et les cordes du premier couplet afin que l’on n’entende au début que la voix de Lennon et son piano Fort de ce travail remarquable en tant que musicien de studio, Alan White s’est naturellement ouvert de belles portes C’est le groupe Yes qui en a profité en le recrutant en 1972 Alors que cette formation a beaucoup évolué au fil des années, Alan White lui est toujours resté fidèle Il a en effet participé à tous les albums du groupe à partir de Tales from Topographic Oceans (1973) Il a donc joué dans 90125 (1983), l’opus qui contient le tube “Owner of a Lonely Heart” En 2017, le groupe et lui ont été intronisés au Rock and Roll Hall of Fame

“Une prestance inoubliable sur le grand écran, comme si James Dean s’était réincarné pour jouer les désaxés” Bilge Ebiri, Twitter, 28 mai 2022

S’il n’a jamais vraiment campé les rôles de premier plan, sa gueule a toutefois marqué les spectateurs des années 1970, mais aussi et surtout les fans du réalisateur Sam Peckinpah En effet, ce dernier l’a fait jouer un personnage secondaire dans le western La Horde Sauvage (1969) ainsi que dans le film de casse Guet-Apens (1972)

En plus de le révéler, le premier film cité a aussi permis d’habituer les amateurs de westerns à sa présence Bo Hopkins n’a effectivement eu de cesse de tourner dans ce genre de films dans les années 1970, de Macho Callahan (1970) de Bernard L Kowalski à La Brigade du Texas (1975) de Kirk Douglas, en passant par l’anti-western La Poussière, la Soeur et la Poudre (1972) de Dick Richards Mais si Bo Hopkins fut indéniablement un acteur prolifique, ce n’est pas tant sa productivité qui l’a fait entrer dans la postérité, mais plutôt la qualité et le succès de certaines des œuvres dans lesquelles il a joué En effet, l’acteur a joué dans deux productions classées dans le top 100 des plus grands films états-uniens de l’histoire établi par l’AFI : La Horde Sauvage (79e en 2007) et American Graffiti (1973) de George Lucas (62e en 2007) Enfin, il a joué le rôle de Tex dans Midnight Express (1979) d’Alan Parker, film lauréat de six Golden Globes différents Moins en vue les décennies suivantes, l’acteur a quand même joué un rôle notable dans le film Une nuit en enfer 2 (1999) de Scott Spiegel et la série Dynastie (1981- 1987)

--Cinéma--

Le 28 mai, Bo Hopkins (84 ans).

(© Michael Putland / Getty Images) Bo Hopkins dans “American Graffiti” (© IMDb / Universal Pictures)

Cinéma--

Le 28 mai, Marino Masè (83 ans).

“L 'un des plus beaux représentants du cinéma des années 1960 s'en est allé [ ] Un acteur très actif dans le cinéma de genre, du polar au thriller en passant par les films d'espionnage et les péplums, mais également dans le cinéma d'auteur”

Dans les années 1960, il s’est fait un nom en jouant dans des films notables du cinéma transalpin et cisalpin Alors qu’il a incarné un rôle secondaire dans une célèbre co-production franco-italienne, Le Guépard (1963) de Luchino Visconti, Marino Masè est devenu célèbre en Italie en jouant le personnage d’Augusto dans Les Poings dans les poches (1965) de Marco Bellocchio Et en Gaule, il s’est fait un nom en incarnant l’un des deux héros des Carabiniers (1963) de Jean-Luc Godard puis le gendarme italien du Gendarme à New York (1965) de Jean Girault Davantage prolifique dans son propre pays, l’acteur a joué un rôle non-négligeable dans L’Enfer de la guerre (1968) d’Armando Crispino, le drame Les Cannibales (1970) de Liliana Cavani, le giallo La dame rouge tua sept fois (1972) d’Emilio Miraglia ainsi que dans les poliziotteschi Le Boss (1973) et Colère noire (1975) de Fernando Di Leo En 1990 enfin, il a incarné le personnage de Giorgio Lupo dans Le Parrain, 3e partie de Francis Ford Coppola

“Nous devons remercier Ronnie Hawkins d’avoir joué un rôle déterminant dans la formation du groupe et de nous avoir enseigné le <<code de la route>>, pour ainsi dire” Robbie Robertson, Intronisation de The Band au Rock and Roll Hall Of Fame, 1994 (traduction : Rolling Stone)

Chanteur états-unio-canadien, Ronnie Hawkins a eu une influence considérable sur la scène rock canadienne des années 1960 - 1970, à tel point que La Presse canadienne ose parler de “parrain du rock canadien” à son sujet Interprète remarquable, il a en effet connu de nombreux succès au pays à la feuille d’érable, et dans une moindre mesure chez l’Oncle Sam, en reprenant des standards de rockabilly et de blues des années 1950 En 1959, il s’est ainsi hissé à la 4e place des charts canadiens et à la 45e du Billboard Hot 100 avec “Forty Days”, qu’il a repris à Chuck Berry La même année, la reprise d’un titre de Young Jessie, “Mary Lou”, a grimpé à la 26e position du Billboard Hot 100. En 1963, il a cette fois-ci pris la 8e place des charts canadiens avec “Bo Diddley” Au total, 10 de ses titres ont fait leur entrée dans les charts canadiens entre 1959 et 1972 Et concernant les albums, Ronnie Hawkins (1970) a pointé à la 12e place du Top Albums canadien et A Legend in His Spare Time (1982) lui a valu de remporter le Prix Juno du meilleur chanteur country Mais si Ronnie Hawkins est présenté comme le “parrain du rock canadien”, c’est aussi et surtout parce qu’il a été un mentor hors-pair Repéreur de talent, il a pris sous son aile plusieurs des futurs membres de The Band ainsi que le bluesman Roy Buchanan au sein du groupe The Hawks dès la fin des années 1950 Il est aussi connu pour avoir repéré le guitariste Pat Travers au début des années 1970 Redevables, les membres de The Band l’ont ainsi convié en 1976 à leur concert d’adieu Et lui aussi proche de ce groupe, Bob Dylan l’a pris en 1978 pour jouer Bob Dylan dans le film Renaldo et Clara

--Musique--

Le 29 mai, Ronnie Hawkins (87 ans).

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Marino Masé dans “Les Poings dans les poches” (© Doria Cinematografica) Ronnie Hawkins en 1982 (© Frank Lennon, Toronto Star)

Le 29 mai, Lester Piggott (86 ans).

“Ce fut un personnage iconique, une véritable star [ ] Il avait une assurance unique lorsqu’il montait un cheval” Willie Carson pour Sky Sports, mai 2022

S’il n’est pas le plus grand jockey de l’histoire, alors Lester Piggott en a tout l’air

Les chevaux qu’il a montés sont mythiques On parle tout de même de Nijinsky II, Dahlia, My Swallow, Roberto ou encore de Shergar

Son palmarès, lui, est simplement déroutant : John Randall du RacingPost parle en effet de 4 493 courses remportées sur le territoire britannique pour un total avoisinant les 5 300 dans le monde entier Onze saisons différentes l’ont ainsi vu terminer avec le plus grand nombre de victoires en Grande-Bretagne (1960, 1964 - 1971, 1981, 1982)

Alors qu’il a remporté, au moins une fois dans sa carrière, toutes les classiques anglaises possibles, Lester Piggott demeure en 2022 le jockey avec le plus grand nombre de victoires sur le Derby d’Epsom (neuf entre 1954 et 1983) Et pour ne citer que quelques faits d’armes parmi tant d’autres, on peut mentionner le fait qu’il a également remporté à dix reprises le Dewhurst Stakes et la July Cup, et huit fois le St Leger Stakes Sur le territoire français, il n’a pas été en reste, avec trois victoires sur le Prix de l’Arc de Triomphe entre 1973 et 1978 et trois autres sur le Prix de Diane entre 1980 et 1985

Alors, lorsque l’on apprend qu’il a été en 2021 le premier jockey de l’histoire à être introduit au Temple de la renommée des courses britanniques, on est à moitié surpris

“Avec <<Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polka Dot Bikini>>, c’est un réchauffement climatique qui s’est abattu sur le maillot de bain La chanson a provoqué une ruée sur les achats de bikinis aux Etats-Unis”

James Rothar, JustLuxé, 2007

Auteur-compositeur états-unien, Paul Vance a formé avec Lee Pockriss un duo de compositeurs-paroliers à succès dans les années 1950 - 1960

En 1957, les deux hommes sont entrés dans la postérité en signant “Catch a Falling Star”, interprété par Perry Como Atteignant la 3e place du Billboard Hot 100, le titre a été le premier single de l’histoire à être certifié disque d’or par la Recording Industry Association of America Écrit par le duo et enregistré par Brian Hyland en 1960, “Itsy Bitsy Teenie Weenie Yellow Polkadot Bikini” a pour sa part rencontré un succès planétaire et joué un rôle notable dans la démocratisation du port du bikini En France, le tube a été repris par certaines stars du pays, dont Dalida

Les années suivantes, le duo a écrit d’autres succès, tels que “Tracy” (1969), dont l’interprétation proposée par The Cuff Links a atteint la 9e position du Billboard Hot 100, ou encore “Playground in My Mind” (1972), qui a pointé à la 2e place du même classement avec Clint Holmes Mais Paul Vance a aussi écrit sans Lee Pockriss Avec Eddie Snyder, il a écrit “What Will Mary Say” (1963) dont la version de Johnny Mathis s’est hissée à la 9e place du Billboard Hot 100 et même à la 65e du Top 100 Singles of 1963 du Billboard Hot 100 Enfin, avec Jack Perricone, il écrit en 1975 le titre “Run Joey Run” dont la version de David Geddes a atteint la 4e place du Billboard Hot 100

--Musique--

Le 30 mai, Paul Vance (92 ans).

--Sport
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Lester Piggott en 1984 (© Eamonn McCabe / The Guardian) Paul Vance, un songwriter à succès (© Thomas Cordy / AVALON)

Le 31 mai, Dave Smith (72 ans).

Le Prophet-5 et le MIDI, c’est notamment grâce à lui (© Synthtopia) “Ma vie n’aurait pas été la même sans [son] esprit créatif”

“Un talentueux acteur, adoubé dans le monde du doublage” Emmanuel Jacomy, pour Corse matin, 11 juin 2022

Acteur de doublage, José Luccioni est surtout connu pour avoir été la voix régulière d’Al Pacino de 1995 à 2022 Mais ce fait remarquable n’est que la face cachée de l’iceberg Jeu vidéo, cinéma des années 1930, dessin animé, album de rap Son registre, si varié, et sa carrière, si prolifique, ont rendu sa voix familière à une bonne partie du public français, aussi divers soient ses goûts

Au cinéma, il a participé au doublage d’un grande nombre de films cultes, faisant ainsi la voix française de John Travolta dans Carrie au bal du diable (1976), James Russo dans Il était une fois en Amérique (1984), Anthony Edwards dans Top Gun (1986), Ray Wise dans Robocop (1987), Joe Mantegna dans Le Parrain III (1990), Kevin Pollak dans Casino (1995), Chris Penn dans Rush Hour (1998), Harvey Keitel dans Moonrise Kingdom (2012), Edward James Olmos dans 2 Guns (2013) et Blade Runner 2049 (2017), ou encore Tom Waits dans La Ballade de Buster Scruggs (2018) Il a en outre doublé Claude Rains dans un second doublage de L’Homme invisible (1933)

Pour la télévision, José Luccioni a cette fois doublé Ian McShane dans American Gods (2017 - 2021), Courtney B Vance dans New York, section criminelle (2001 - 2006), Robert LaSardo dans Nip/Tuck (2004 - 2010), Ciaran Hinds dans Rome (2005 - 2007) ou encore John Kavanagh dans Vikings (2013 - 2020)

Enfin, s’il est la voix-off des opus JVLIVS (2018) et JVLIVS II (2022) de SCH, il est aussi connu pour être la voix de Victor Sullivan dans les jeux Uncharted (2007 - 2016) et celle de T-Bone Kenney dans Watch Dogs (2014 - 2016)

Jean-Michel Jarre, Twitter, 3 juin 2022

Certaines de ses inventions ont quelque peu bouleversé le cours de la musique électronique, mais l’héritage qu’il a laissé sur le monde de la musique est bien plus large Fondateur en 1974 de Sequential Circuits Inc, société qui s’est rapidement imposée comme une référence dans la conception des synthétiseurs, Dave Smith a créé en 1977 le Prophet-5, qui est alors devenu le “premier synthétiseur polyphonique entièrement programmable au monde, et le premier avec un microprocesseur intégré” selon Myriam Bercier du Canal Auditif Ce synthétiseur a ainsi été abondamment utilisé dans la musique électronique des années 1980 On le retrouve par exemple dans les tubes “Like a Virgin” (1984) de Madonna et “Lessons in Love” (1986) de Level-42 mais aussi dans plusieurs titres de l’album So (1986) de Peter Gabriel Mais la carrière de l’ingénieur ne peut être résumée à cette invention En effet, Dave Smith est également connu pour avoir été l’un des trois concepteurs, avec Chet Wood et Ikutaro Kakehashi, du Musical Instrument Digital Interface (MIDI) au début des années 1980 “Langage [permettant] l’échange de données entre différents instruments électroniques” comme défini par le site Composer sa Musique, le MIDI est, selon William Stokes du Guardian, “aussi important pour la musique moderne que ne l’est le port USB pour l’ordinateur”

Le 1er juin, José Luccioni (72 ans).

Un

--Sciences
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--Cinéma--
visage peu connu, une voix culte

--Musique--

Le 5 juin, Alec John Such (70 ans).

“C’était un original En tant que membre fondateur de Bon Jovi, Alec a fait partie intégrante de la formation du groupe Pour être honnête, nous nous sommes rapprochés les uns des autres grâce à lui : ami d’enfance de Tico [Torres], il a poussé Richie [Sambaro] à voir nos concerts”

Bon Jovi, Twitter, 5 juin 2022

Il

“Infatiguable combattant, il fut d’abord un joueur magnifique avant de devenir, comme entraîneur, un meneur d’hommes hors-pair”

Philippe Lambert, La Voix du Nord, 6 juin 2022

Intérieur français réputé pour sa détente et sa dextérité puis coach sanguin galvanisant ses vestiaires, Yves-Marie Vérove a été un visage connu et redouté du basketball français des années 1970 à 2005

En 1ère division française, le joueur a terminé la majorité de ses saisons avec une moyenne de points par matchs comprise entre 12 et 17 Évoluant à l’AS Berck de 1969 à 1975, il a remporté à deux reprises le championnat de France, en 1973 et 1974 Et lorsqu’il a quitté la mer du Nord pour la Manche, il a continué de s’affirmer comme un acteur majeur de la ligue En effet, il est apparu entre 1975 et 1979 comme l’un des hommes forts du Caen Basket Club, vice-champion de France en 1977 et 1979 C’est aussi à cette période-là qu’il s’est fait remarquer sur le plan international Demi-finaliste de la Coupe d’Europe des champions européens en 1975 avec Berck, il s’est également incliné à ce stade de la compétition lors des Coupes des Coupes 1978 et 1979 avec Caen En parallèle, il a été sélectionné en équipe de France à 32 reprises entre 1972 et 1976, pour un total de 167 points inscrits Licencié au Limoges CSP de 1979 à 1982, Vérove a enfin remporté une compétition européenne, la Coupe Korac, en 1982 Disparaissant par la suite de l’élite du basketball français pour coacher dans les divisions inférieures, il s’est mué en joueur-entraîneur à l’Avenir Basket Berck Rang-du-Fliers, nouveau nom de son ancienne équipe, de 1984 à 1990 De 1991 à 1995, c’est du côté d’Ajaccio Corse du Sud qu’il a à nouveau endossé ces deux vestes de coach et de joueur Et entre 1995 et 2005, ce n’est plus dans une ville nichée au bord de la mer du Nord, de la Manche ou de la mer Méditerranée qu’il est allé en tant qu’entraîneur, mais dans un club faisant face à l’Océan Atlantique : l’Etendard de Brest Y devenant le “sorcier de Cerdan”, il s’est imposé comme une grande figure de la Cité du Ponant, avec laquelle il a été champion de France de Pro B en 2005 Une chose est sûre : avec ces clubs, Yves-Marie Vérove est loin d’avoir choisi la facilité Comme le rappelle Pierre Le Gall pour Ouest-France, “la recette restera la même : des moyens dérisoires, des effectifs réduits et des recrutements bien sentis grâce à ses nombreux réseaux”

Bassiste états-unien, Alec John Such a fait partie du groupe de glam metal Bon Jovi de 1983 à 1994 C’est ainsi lui que l’on entend à la basse sur les morceaux “You Give Love a Bad Name”, “Livin’ On a Prayer” ou “Wanted Dead or Alive”, trois tubes issus de l’album Slippery When Wet (1986) “Always”, sorti en 1994, fait en outre figure d’ultime morceau enregistré avec ce bassiste En 2018, Alec John Such s’est toutefois vu intronisé au Rock & Roll Hall of Fame avec le groupe

--Sport--

Le 5 juin, Yves-Marie Vérove (72 ans).

était le premier bassiste de Bon Jovi (© Imago / Future Image) Yves-Marie Vérove contre l’AS Denain-Voltaire en 1973 (© La Voix du Nord)

Le 8 juin, Julio Jiménez (87 ans).

“L’un des meilleurs grimpeurs de l’histoire, un mythe du peloton espagnol”

Alejandro Valverde, Twitter, 2022

S’il n’a jamais remporté de grande course par étapes dans sa carrière, il n’a jamais fait office de figurant pour autant Grande figure du cyclisme espagnol, Julio Jiménez a été en effet l’un des meilleurs grimpeurs des années 1960, en atteste un palmarès très bien rempli, malgré tout Particulièrement en vue sur les trois Grands Tours, il a notamment terminé 2e du Tour de France 1967, avec 3’40 de retard sur Robert Pingeon, et 4e du Tour d’Italie 1966 après avoir porté le maillot rose de la 2e à la 12e étape Trop juste pour remporter un Grand Tour, il est toutefois parvenu à capitaliser sur le Grand Prix de la montagne, qu’il a remporté sur le Tour d’Espagne en 1963, 1964, 1965 et sur la Grande Boucle en 1965 et 1966 Mais il s’est aussi fait un beau palmarès avec les victoires d’étape

En effet, Julio Jiménez a réussi à intégrer, dès 1966, le cercle fermé des coureurs ayant remporté une étape sur chacun des trois Grands Tours Vainqueur de trois étapes sur la Vuelta (2 en 1964 et 1 en 1965), il a aussi levé les bras à quatre reprises sur le Giro (2 en 1966 et 1968) et même à cinq reprises sur le Tour de France (2 en 1964, 2 en 1965 et 1 en 1966)

Mais à côté de ces trois courses par étapes mythiques, le grimpeur a également remporté une étape sur le Tour du Catalogne en 1960 et 1962, sur le Critérium du Dauphiné libéré en 1962 et une sur le Tour de Majorque en 1968 A l’issue de cette dernière course par étape, il a terminé 2e au général Champion d’Espagne sur route en 1964 et de la montagne en 1962 et 1965, il a enfin remporté le Trophée des grimpeurs en 1967

“Billy Bingham a plus fait pour l’équipe nationale d’Irlande du Nord en Coupe du Monde de football que n’importe qui d’autre, à la fois en tant qu’ailier droit vif et hors de portée lorsqu’ils ont atteint les phases finales en 1958 [ ] et plus tard en tant que manager inventif et résilient” Brian Glanville, The Guardian, 12 juin 2022

Ailier nord-irlandais, Billy Bingham fut un visage familier du football anglais des années 1950-1960 puisqu’il a joué pour Sunderland AFC de 1950 à 1958 (206 matchs, 45 buts), Luton Town de 1958 à 1961 (87 matchs, 27 buts) et Everton FC de 1961 à 1963 (86 matchs, 23 buts) Avec ce dernier club, il a remporté le championnat anglais en 1963 Mais Billy Bingham est aussi et surtout connu pour être une légende du football nord-irlandais Cador de l’équipe nationale (56 rencontres, 8 buts) jusqu’en 1963, il a ensuite pris la tête de la sélection de 1967 à 1971 puis de 1980 à 1993 En 2023, il est toujours l’entraîneur qui est resté le plus longtemps sur les bancs de cette équipe nationale Son bilan est même plus que correct, avec 40 victoires, 30 matchs nuls et 44 défaites, mais aussi et surtout avec deux phases finales de Coupe du Monde (1982, 1986) atteintes pour un pays peuplé d’environ 1,6 millions d’habitants De l’autre côté de la mer d’Irlande, Billy Bingham a coaché Everton FC de 1973 à 1977, conduisant notamment les Toffees à la 4e place du championnat anglais en 1975 et en finale de la Coupe de la Ligue anglaise en 1977

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Sport--

Le 9 juin, Billy Bingham (90 ans).

--Sport
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Julio Jiménez, une légende du cyclisme espagnol (© L'Équipe) Billy Bingham, lorsqu’il était à Everton FC (© Mirrorpix)

--Musique--

Le 9 juin, Julee Cruise (65 ans).

“Muse pour toujours de David Lynch et de son compositeur attitré Angelo Badalamenti, la chanteuse “Julee Cruise fut comme un phare dans les ténèbres de Twin Peaks” Léo Soesanto, Libération 10 juin 2022

Au début des années 1990, la série Twin Peaks a révélé, aux yeux du grand public, ses talents d’actrice, mais aussi et surtout de chanteuse Artiste états-unienne, Julee Cruise est surtout connue pour avoir incarné la chanteuse du Roadhouse et pour avoir interprété le thème principal de la fameuse série télévisée réalisée par David Lynch

Le titre “Falling” (1989), qui colle parfaitement à l’ambiance particulière de Twin Peaks (1990 - 1991), a été un véritable carton grâce à la série Écrit par David Lynch, composé par Angelo Badalamenti et interprété par Julee Cruise, le titre a connu un grand succès populaire en se hissant à la 7e des charts britanniques et à la 1ère des charts australiens Mais il est aussi entré dans la postérité en se voyant classé 146e morceau des années 1990 par Pitchfork en 2010 et 38e de la même décennie par NME en 2012

La série a également et inévitablement permis de mettre en lumière l’album dont est tiré le morceau : Floating into the Night (1989) Avec la même recette (Lynch parolier, Badalamenti compositeur, Cruise interprète), l’album a alors rencontré un certain succès commercial et critique Oeuvre fondatrice de la dream-pop, le disque s’est entre autres hissé à la 21e place des charts australiens Un autre single s’en est détaché : “Rockin’ Back Inside My Heart” Ce titre a atteint la 66e des charts britanniques

Encore entourée de Lynch et de Badalamenti, Julee Cruise a par la suite publié l’album The Voice of Love en 1993 Si le succès commercial a été limité, les critiques sont restés, à l’inverse, assez enthousiastes

Se faisant ensuite beaucoup plus rare, l’artiste a tout de même fait parler d’elle en 1999 en enregistrant le titre “If I Survive” avec le groupe d’électro Hybrid Fort d’un petit succès, le morceau a atteint la 52e place du UK Singles

“Hall a eu une longue et impressionnante carrière, faisant de lui l’un des meilleurs acteurs d'Hollywood” Seinfeld, Twitter, 14 juin 2022

S’il a rarement été un acteur principal, Philip Baker Hall a marqué le grand public par le nombre incalculable de films cultes dans lesquels il a joué à partir des années 1980 Fidèle acolyte de Paul Thomas Anderson à la fin des années 1990, il a notamment joué pour ce réalisateur le protagoniste de Double Mise (1996) et un rôle secondaire dans les drames Boogie Nights (1997) et Magnolia (1999) Dans un registre plus léger, il a incarné le fameux personnage de Joe Bookman dans deux épisodes de Seinfeld et joué à plusieurs reprises aux côtés de Jim Carrey, dans The Truman Show (1998) de Peter Weir, Bruce tout puissant (2003) de Tom Shadyac ou encore Monsieur Popper et ses pingouins (2011) de Mark Waters Mais Philip Baker Hall, c’est aussi un rôle notable dans Rush Hour (1998) de Brett Ratner et des seconds rôles remarqués dans Midnight Run (1988) de Martin Brest, Révélations (1999) de Michael Mann, Zodiac (2007) de David Fincher, Love and Secrets (2010) d’Andrew Jarecki, ou Adorables Ennemies (2017) de Mark Pellington

Julee Cruise, chanteuse et actrice dans Twin Peaks (© CBS / Getty Images)
--Cinéma-Le 12 juin, Philip Baker Hall (90 ans).
Philip Baker Hall dans “Double Mise” (© TCD/Prod DB/Alamy)

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Le 12 juin, Phil Bennett (73 ans).

“L’un des plus grands rugbymen de l’histoire Son héritage et son impact sont indéniables”

World Rugby, Twitter, 13 juin 2022

“Célèbre pour son jeu offensif électrisant”, Phil Bennett est considéré pour beaucoup comme “l’un des plus grands demi-d’ouvertures à avoir joué pour le Pays de Galles et les Lions”, comme le résume Daniel Gallan du Guardian

Il faut dire que le rugbyman a su marquer le sport de son empreinte Alors qu’il a joué 20 matchs et inscrit 181 points pour les Barbarians entre 1970 et 1980, il a été un grand artisan de la victoire de son équipe contre les All Blacks le 27 janvier 1973 Alors que cette rencontre est souvent présentée comme le plus grand match de rugby de l’histoire, une chevauchée fantastique de Phil Bennett lors de la 2e minute du match a signé le départ de ce qui est devenu pour beaucoup le “plus bel essai de l’histoire”

Si ce n’est pas lui qui a aplati le ballon ovale en 1973, Phil Bennett a bien été l’auteur en 1977 d’un essai contre l’Ecosse qui est toujours considéré comme l’un des plus beaux de l’histoire de la sélection galloise En effet, le rugbyman a aussi marqué son époque avec sa sélection nationale Auteur de 166 points en 29 matchs entre 1969 et 1978, il a remporté cinq éditions différentes du Tournoi des Cinq Nations (1971, 1975, 1976, 1978, 1979), dont deux Grands Chelems (1976 et 1978)

En club enfin, Phil Bennett a participé à 414 rencontres et a inscrit 2 535 points pour Llanelli RFC entre 1966 et 1981 Avec cette équipe, il a gagné la Coupe du Pays-de-Galles en 1973, 1974, 1975 et 1976

“Il a traversé des décennies de cinéma, toujours à l’aise dans des rôles d’antihéros”

AFP, juin 2022

Prolifique comédien français présenté par Pascal Galinier du Monde comme un “pilier de l’émission <<Au Théâtre ce soir>>”, Henri Garcin est essentiellement connu pour ses apparitions sur le grand et le petit écran, assez souvent dans des rôles d’antihéros S’il a joué un résistant s’éprenant d’une femme mariée (Catherine Deneuve) dans La Vie de Château (1966) de Jean-Paul Rappeaneau, il a inversement incarné un époux cocu dans La Femme d’à côté (1981) de François Truffaut aux côtés de Fanny Ardent et de Gérard Depardieu Entre ces deux films, l’acteur a joué un rôle notable dans La Nuit bulgare (1970) de Michel Mitrani, Une femme, un jour (1977) de Léonard Keigel, C’est pas moi, c’est lui (1980) de Pierre Richard ou encore dans Faut s’les faire ces légionnaires (1981) d’Alain Nauroy

Toutefois, c’est un peu plus en retrait que l’on a l’habitude de retrouver Henri Garcin En effet, l’acteur s’est illustré en jouant un personnage de second plan dans Le Grand Bluff (1957) de Patrice Dally, Détruire, dit-elle (1969) de Marguerite Duras, Un Condé (1970) d’Yves Boisset, Vas-y maman (1978) de Nicole de Buron, Charlots Connection (1984) de Jean Couturier ou encore dans Le Huitième Jour (1996) de Jaco Van Dormael

C’est ainsi avec un rôle secondaire, celui du voisin de la famille Boissier, dans la sitcom Maguy (1985 - 1993), qu’Henri Garcin est devenu un visage incontournable du petit écran dans la seconde partie des années 1980

--Cinéma--

Le 13 juin, Henri Garcin (94 ans).

--Sport
Phil Bennett, une véritable légende du rugby gallois (© Eamonn McCabe / The Guardian) Henri Garcin, en 1988 (© Etienne Chognard)

--Politique--

Le 16 juin, Michel David-Weill (89 ans).

En 2000, à New York (© Raphael Gaillarde / GAMMA)

“Avec [ ] son jeu sobre, sa voix grave et ses pudeurs, [il] donnait à tous ses rôles la profondeur d’une énigme”

Emmanuel Macron, Twitter, 17 juin 2022

Acteur célèbre pour son jeu sobre et timide, Jean-Louis Trintignant s’est imposé, à partir des années 1950, comme l’un des grands noms du cinéma français du XXe siècle C’est d’abord sous la houlette de Roger Vadim que l’acteur s’est fait un nom, en incarnant l’époux de Brigitte Bardot dans Et Dieu créa la femme (1956) et en jouant le rôle de Danceny dans Les Liaisons dangereuses 1960 (1959) Trintignant a ensuite connu un plus grand succès dans les années 1960, avec des rôles notables dans Le Fanfaron (1962) de Dino Risi, Le Combat dans l’île (1962) d’Alain Cavalier, Un homme et une femme (1966) de Claude Lelouch, Le Grand Silence (1968) de Sergio Corbucci, dans lequel il incarne un pistolero muet, ou encore L’Homme qui ment (1968) d’Alain Robbe-Grillet, film qui lui a valu de remporter l’Ours d’argent du meilleur acteur à la Berlinale 1968 Un an plus tard, il a cette fois-ci remporté le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes avec Z (1969) de Costa-Gavras

Au tournant des années 1970, on a retrouvé l’acteur dans quelques films loués par la critique, tels que Ma nuit chez Maud (1969) d’Eric Rohmer, Le Conformiste (1970) de Bernardo Bertolucci, Les Violons du bal (1974) de Michel Drach ou encore Flic Story (1975) de Jacques Deray Par la suite, l’acteur s’est fait beaucoup plus discret mais il n’a pas disparu du grand-écran pour autant Au début des années 1980, il a ainsi doublé Jack Nicholson dans Shining (1980) de Stanley Kubrick, incarné l’époux d’Isabelle Huppert dans Eaux Profondes (1981) de Michel Deville et un commissaire dans Le Grand Pardon (1982) d’Alexandre Arcady avant de jouer dans le dernier film réalisé par François Truffaut : Vivement dimanche ! (1983) Dans les années 1990, on l’a ensuite retrouvé dans Trois Couleurs : Rouge (1994) de Krzysztof Kieslowski, Fiesta (1995) de Pierre Boutron ou dans Ceux qui m’aiment prendront le train (1998) de Patrice Chéreau

Au XXIe siècle, ses rôles sont devenus particulièrement rares Alors qu’il avait joué avec sa fille Marie Trintignant dans Janis et John (2003) de Samuel Benchetrit, il s’est retiré à la suite du décès de l’actrice l’année même En 2012, il a toutefois réussi un retour triomphal avec Amour de Michael Haneke, qui lui a valu de remporter le César du meilleur acteur en 2013

Au théâtre, son talent a aussi été remarqué Acclamé en 1960 avec Hamlet, il a été nommé en 2006 pour le Molière du comédien avec Moins 2 de Samuel Benchetrit

“Sous son règne, la prestigieuse banque Lazard s’imposera comme l’une des premières mondiales dans le domaine des fusions et acquisitions”

Marie Bordet, Le Point, 17 juin 2022

Banquier français présenté comme le “dernier empereur de Wall Street” par le magazine Business Week en 1988, Michel David-Weill a été le PDG de la banque d’affaires Lazard de 1977 à 2001 et le fondateur d’Eurazeo en 2001 Multifacette, il a reçu le Prix Combourg Chateaubriand en 2009 avec le roman L’esprit en fête Il est également connu pour avoir été un collectionneur et mécène notable

Le 17 juin, Jean-Louis Trintignant (91 ans).

--Cinéma--
Jean-Louis Trintignant dans Et Dieu créa la femme (© MAXPPP)

Cinéma--

Le 18 juin, Chantal Poupaud (69 ans).

“[La collection Tous les garçons et les filles de leur âge], particulièrement louée par la critique, marque un renouveau dans le cinéma français de l'époque et lance une nouvelle génération d'acteurs Elle offre une image de la jeunesse plus authentique”

JimBo Lebowski, SensCritique, 2018

Réalisatrice et productrice française, Chantal Poupaud est essentiellement connue pour avoir trouvé et développé l’idée de Tous les garçons et les filles de leur âge, une collection de neuf téléfilms diffusés sur Arte en 1994 Les productions, à chaque fois réalisées par un cinéaste différent, avaient comme contrainte d’être tournées en Super 16, d’avoir comme thème principal l’adolescence et de contenir une scène de fête Dans le lot, trois téléfilms sont sortis en version longue au cinéma lors de la même année 1994 : L’Eau froide d’Olivier Assayas, Les Roseaux sauvages d’André Téchiné, film lauréat de quatre Césars différents en 1994, ou encore Trop de bonheur de Cédric Kahn, film récipiendaire du Prix Jean-Vigo cette année-là Cette collection, au succès notable, a aussi pu, grâce à son thème principal, révéler plusieurs jeunes acteurs, dont Elodie Bouchez, Saïd Taghmaoui et Virginie Ledoyen Par la suite, Chantal Poupaud a également eu l’idée de mettre en place la série Toutes les femmes sont folles, qui accouchera de deux films traîtant du rapport entre femme et psychiatrie : Le Septième Ciel (1997) de Benoît Jacquot et Sous le sable (2000) de François Ozon Au XXIe siècle enfin, elle a coécrit le scénario de Riviera (2005) d’Anne Villacèque et réalisé le documentaire Crossdresser (2010)

“Le décès d’Yves Coppens prive la Préhistoire mondiale d’un de ses plus fervents promoteurs ” Stéphanie Thiébault, pour CNRS le journal, juin 2022 Célèbre pour les travaux et découvertes qu’il a menés en paléontologie, Yves Coppens s’est imposé à partir des années 1960 comme une grande figure de la discipline

On lui doit notamment un rôle crucial dans quelques découvertes importantes des années 1960-1970 Alors qu’en 1968, il avait déjà décrit et découvert, avec Camille Arambourg, le Paranthropus aethiopicus, un hominidé bipède ayant existé il y a un peu plus de 2,3 millions d’années, il a été en 1974 l’un des trois directeurs ayant découvert le fameux squelette de Lucy Cette trouvaille s’est alors révélée révolutionnaire et extraordinaire : vieux de plus de 3 millions d’années, ce qui était alors un record, le squelette était plutôt bien conservé (à 40 %)

A côté, on doit également à Yves Coppens un apport scientifique notable En 1983, il a notamment popularisé l’hypothèse de l’East Side Story, théorie selon laquelle la formation du rift est-africain à l’aube du Miocène aurait scindé les hominidés en deux souches distinctes A l’ouest, région humide et boisée, se seraient développés les chimpanzés, gorilles et bonobos, et à l’est, région plus sèche et moins boisée, les premiers bipèdes Mais avec la découverte de Toumaï au Tchad en 2001, entre autres, le paléontologue a remis en cause sa propre théorie

Yves Coppens a aussi eu un rôle notable loin de l’Afrique Il a ainsi présidé la commission qui a préparé la Charte de l’environnement (2005) à la demande de Jacques Chirac

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Chantal Poupaud en 2011 (© Bernard Hasbroucq)
--Journalisme-Le 22 juin, Yves Coppens (87 ans).
Yves Coppens, un paléontologue notable (© AFP / Lionel Bonaventure)

Le 23 juin, Stien Baas-Kaiser (84 ans).

“Stien Baas-Kaiser fut la première patineuse de vitesse néerlandaise à devenir championne du monde toutes épreuves Avec succès, elle s’est battue contre l’idée selon laquelle elle était trop vieille pour parvenir à des performances optimales”

NRC, Twitter, 24 juin 2022

Patineuse de vitesse hollandaise, Stien Baas-Kaiser est apparue comme une grande pointure de ce sport du milieu des années 1960 au début des années 1970

Si elle s’était déjà fait remarquer aux Jeux Olympiques de 1968, avec le bronze empoché sur le 1 500m et le 3 000m, l’athlète a poussé le curseur un petit peu plus loin lors de l’édition suivante, en 1972, avec l’or sur le 3 000m et l’argent sur le 1 500m

Aux championnats du monde toutes épreuves, la sportive a également été constamment au rendez-vous En effet, entre 1965 et 1972, il ne s’est pas passé une seule année sans qu’elle ne monte sur le podium Médaillée de bronze en 1965 et 1966, elle a empoché l’or en 1967 et 1968 avant de se contenter de l’argent en 1969, 1970, 1971 et 1972 Mais si son palmarès est remarquable, Stien Baas-Kaiser s’est également permise de battre un certain nombre de records du monde S’emparant de celui du 3 000m en janvier 1967 avec un temps de 5’04’8, elle a ensuite amélioré celui-ci à trois reprises, le portant à 4’46’5 en 1971 Il a ensuite fallu attendre 1975 pour que cette performance soit améliorée par une autre patineuse En parallèle, Stien Baas-Kaiser a aussi détenu le record de temps sur le 1 500m de 1971 à 1974 (2’15’8) et sur le 1 000m de mars 1968 à février 1969 (1’31’0) puis de janvier à février 1971 (1’29’0)

“Bernard est devenu l’un des créateurs les plus doués et prolifiques de la musique noire”

MuzikScribe, The Hype Magazine, 24 juin 2022

Auteur-compositeur états-unien, Bernard Belle est connu pour avoir été un pionnier et une grande figure du new jack swing Apparu à la fin des années 1980, ce genre de musique mêlait dance pop et musique hip hop. C’est effectivement en grande partie grâce aux morceaux que Belle co-écrits, la plupart du temps avec Teddy Riley, que ce genre musical a connu un si grand succès dans les années 1990 Bernard Belle est notamment le co-auteur de “I Like the Way (The Kissing Game)” de Hi-Five Grand succès, ce titre s’est hissé en 1991 à la 1ère place du Billboard Hot 100 et a même fini à la 8e place du Billboard Year-End Hot 100 Singles de cette année-là A côté, il a aussi co-écrit deux singles de Bobby Brown : “Get Away” (1993), un titre qui a atteint la 14e place du Billboard Hot 100, et “Something in Common” (1993), un featuring avec Whitney Houston qui s’est hissé à la 16e position du UK Singles

S’il a donc déjà écrit pour quelques stars des années 1990, Bernard Belle a aussi et surtout écrit des morceaux pour une véritable légende de la musique pop, à savoir Michael Jackson Dans l’album Dangerous (1991), on doit par exemple au duo Bernard Belle - Edward Riley l’écriture de “Why You Wanna Trip on Me” et “Remember the Time” Énorme succès, le second morceau a atteint la 3e place du Billboard Hot 100 et la 19e du Year-End chart en 1992

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Sport--
Stien Baas-Kaiser aux Jeux Olympiques de 1968 (© Onbekend / Anefo)
--Musique-Le 23 juin, Bernard Belle (57 ans).
Bernard Belle, prolifique auteur compositeur du New jack swing (© Raymond Bond)

Littérature--

Le 26 juin, Raaele La Capria (99 ans).

“L’un des auteurs les plus importants de la littérature italienne de la seconde moitié du XXe siècle” Federica Malinverno, Actualitté, 29 juin 2022

Auteur italien, Raffaele La Capria a remporté le Prix Strega en 1961 avec le célèbre Ferito a morte (Blessé à mort en français) mais aussi le Prix Napoli en 1986 avec L’armonia perduta ou encore le Prix Viareggio du meilleur roman en 2005 avec L’estro quotidiano Parmi les autres ouvrages qu’il a écrits, on peut également citer La Neige du Vésuve (2002) ou encore Fleurs japonaises (2004)

A côté, Raffaele La Capria a mené une prolifique carrière de scénariste pour le cinéma Il a notamment travaillé à plusieurs reprises aux côtés du réalisateur Francesco Rosi pour les films La Belle et le Cavalier (1966), avec Sophia Loren et Omar Sharif en vedettes, Les Hommes contre (1970), Le Christ s’est arrêté à Eboli (1979) mais aussi et surtout Main basse sur la ville, qui a reçu du Lion d’Or à la Mostra de Venise 1963 En outre, La Capria a participé à l’écriture du scénario de Lions au soleil (1961) de Vittorio Caprioli, Senza sapere niente di lei (1969) de Luigi Comencini, Une saison en enfer (1971) de Nelo Risi, Identikit (1974) de Giuseppe Patroni Griffi ou encore de Samedi, dimanche et lundi (1990) et Ferdinando e Carolina (1999) de Lina Wertmüller

“Une valeur sûre pour les réalisateurs qui cherchaient une personne capable d’offrir un professionnalisme zélé à ses rôles, même les moins importants”

Clay Risen, New York Times, 4 juillet 2022

Certes, cet acteur, au visage reconnaissable entre mille, n’a jamais vraiment joué de premier rôle au cinéma Mais c’est justement grâce à l’intensité et la puissance dégagées par les seconds rôles qu’il a interprétés que Joe Turkel est parvenu à apporter sa touche personnelle et contribuer au succès de nombre de classiques du cinéma états-unien L’acteur est notamment connu pour avoir été un fidèle second couteau de Stanley Kubrick Il a effectivement joué dans trois des douze films réalisés par le fameux cinéaste Incarnant le personnage de Tiny dans L’Ultime Razzia (1956), il a ensuite incarné le soldat Pierre Arnaud dans Les Sentiers de la gloire (1957) En 1980 enfin, il a joué Lloyd, l’inquiétant barman de Shining A propos de sa prestation dans le film, Clay Risen du New York Times a noté que si “Mr Nicholson monopolise la conversation, c’est bien la présence sinistre et stoïque de Mr Turkel qui fait basculer le film dans un registre plus sombre” Deux ans plus tard, l’acteur a enchaîné avec le rôle d’un autre personnage froid et sinistre, celui d’Eldon Tyrell, le fondateur de la Tyrell Corporation et père des Réplicants, dans Blade Runner (1982) de Ridley Scott

A côté de ces cultissimes productions, Joe Turkel s’est également fait remarquer en jouant un rôle secondaire dans La Canonnière du Yang-Tsé (1966) de Robert Wise, film dans lequel l’acteur a donné la réplique à Steve McQueen, Richard Attenborough et Candice Bergen

On peut enfin évoquer le fait qu’il a aussi été un second couteau du réalisateur de films d’horreur Bert I Gordon, pour lequel il a joué dans trois films : The Boy and the Pirates, Tormented (1960) et Village of the Giants (1965)

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Cinéma--

Le 27 juin, Joe Turkel (94 ans).

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Raffaele La Capria, un auteur et scénariste à succès (© Leonardo Cendamo / Getty Images) Joe Turkel dans Blade Runner (© The Ladd Company)

Le 29 juin, Rik Evens (95 ans).

“Chez lui, à Gruitrode, il était un héros et un dieu du cyclisme”

Toon Royackers, Het Belang van Limburg, 15 juillet 2022

Cycliste belge, Rik Evens est surtout connu pour s’être illustré sur le Tour d’Espagne 1950 avec deux victoires d’étape (2e et 11e) et une 14e place au classement général

Le coureur a également levé les bras sur la 5e étape du Tour de l’Ouest 1949, terminé 4e de la Ronde van Nederland en 1950 et 8e du Circuit Het Volk la même année

--Cinéma

etThéâtre--

Nicolas Lasnibat, Twitter, 3 juillet 2022

Essayiste, restaurateur, metteur en scène et réalisateur britannique, Peter Brook a embrassé et marqué de son empreinte plusieurs couches différentes du 6e Art à partir des années 1940

En 1968, alors que les coups de théâtres se multipliaient outre-manche dans une société française bouleversée, Peter Brook révolutionnait pour sa part l’art dramatique avec l’essai L’Espace vide et son célèbre incipit : “Je veux prendre n’importe quel espace vide et l’appeler une scène nue Un homme traverse cet espace vide tandis que quelqu’un d’autre le regarde, et c’est tout ce qu’il faut pour qu’un acte de théâtre s’engage” A propos de cette formule, Fabienne Darge du Monde expliquait en 2015 qu’il s’agissait de “deux simples petites phrases [qui] [ ] ont ouvert pour le théâtre un espace infini de recherches et de possibles, qui se déploie encore”

Ses théories ont inévitablement été appliquées dans les pièces qu’il a écrites et mises en scène Admirateur inconditionnel de l'œuvre de William Shakespeare mais aussi dramaturge de renom, Peter Brook a ainsi connu un grand succès en mettant en scène nombre de pièces du Barde d’Avon tout en proposant des spectacles originaux Lauréat du Prix du Brigadier en 1975 avec sa mise en scène de Timon d’Athènes de Shakespeare, il a également remporté le Molière du metteur en scène en 1991 avec La Tempête du même dramaturge En 2011, c’est cette fois avec Une flûte enchantée de Mozart qu’il a reçu le Molière du théâtre musical Mais parmi les récompenses qu’il a reçues, on pourrait aussi citer le Prix Europe pour le théâtre en 1989, le Grand Prix de la SACD en 2003 ou encore le Prix Princesse des Asturies en arts en 2019 N’ayant plus à prouver son excellence dans la mise en scène de classiques du théâtre et de la littérature, Peter Brook s’est également lancé le défi de transposer ces œuvres mythiques dans d’autres formats, tel le cinéma En 1953, il a ainsi dirigé Laurence Olivier dans une adaptation de L’Opéra des gueux (1728) de John Gay En 1960, c’est cette fois-ci le roman Moderato cantabile (1958) de Marguerite Duras qu’il a adapté en s’entourant de Jeanne Moreau et Jean-Paul Belmondo En 1963 enfin, il a connu un certain succès avec une adaptation cinématographique de Sa Majesté des Mouches (1954) de William Golding S’il a ainsi bouleversé le théâtre, Peter Brook a aussi voulu le pérenniser C’est dans cette optique qu’il a, au début des années 1970, restauré le Théâtre des Bouffes du Nord, alors délaissé, en compagnie de Micheline Rozan

Le 2 juillet, Peter Brook (97 ans).

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Sport--
Rik Evens en 2007 (© Wikimedia Commons, Mbch331) “Le monde des arts perd l’un de ses maîtres absolus” Peter Brook aux Bouffes du Nord (© Lionel Bonaventure / AFP)

Sport--

Le 2 juillet, Andy Goram (58 ans).

Si quelqu’un se décide un jour à faire ma pierre tombale, j’aimerais qu’il écrive : <<Andy Goram a brisé mon coeur>>” Tommy Burns, entraîneur du Celtic FC, 1996

Dans les années 1990, les Glasgow Rangers imposaient une édifiante hégémonie sur le championnat écossais, ne laissant alors que peu de miettes à leur rival de toujours, le Celtic FC Si les attaquants de la formation écoeuraient les défenses adverses, un sentiment de sécurité planait en permanence de l’autre côté du terrain lorsque les cages étaient surveillées par un homme que l’on surnommait The Goalie

Pensionnaire d’Ibrox Park de 1991 à 1998 (260 matchs disputés), Andy Goram était en effet le portier star des Rangers dans les années 1990 D’une vivacité rare quand il s’agissait d’aller au sol, le gardien savait également faire le show grâce à ses plongeons spectaculaires Souvent décisif, il est ainsi loin d’être étranger à l’avalanche de titres remportés par le club durant son passage Il faut dire qu’en sept ans de temps, sa vitrine à trophées a été remplie par un sacre en championnat en 1992, 1993, 1994, 1995, 1996 et 1997, en Coupe nationale en 1992, 1993 et 1996, et enfin en Coupe de la Ligue écossaise en 1993, 1994 et 1997 Grâce à ses excellentes performances, il a été élu PFA Scotland Players’ Player of the Year en 1993 Mais on ne peut résumer la carrière d’Andy Goram à son glorieux passage chez les Rangers Avant d’exploser à Ibrox Park, le portier a en effet évolué quelques saisons avec Oldham Athletic en D2 anglaise (1981 - 1987, 215 matchs) avant de rejoindre l’Ecosse pour jouer de 1987 à 1991 au Hibernian FC (162 matchs, 1 but)

Mais si sa formation au sein du club anglais a servi de rampe de lancement, elle lui a également permis de jouer ses premières minutes avec l’équipe nationale d’Ecosse dès 1985 Au total, The Goalie a participé à 43 rencontres pour la Tartan Army jusqu’en 1998 SFWA International Player of the Year en 1993, il a été intronisé au Temple de la renommée du football écossais en 2010

“Un bel acteur autrichien, aux cheveux blonds, qui a marqué des générations entières d’enfants britanniques avec la fameuse série télévisée [...] The Adventures of Robinson Crusoe, dont il était la star” John Freeman, downthetubes net, 28 juillet 2022

Au Royaume-Uni, il est connu pour avoir été la vedette du feuilleton Les Aventures de Robinson Crusoe (1965 - 1966) En France, ce sont son interprétation du chevalier de Lorraine dans Angélique, marquise des anges (1964) et Merveilleuse Angélique (1965) de Bernard Borderie, ainsi que son rôle dans Le Vieux Fusil (1975) de Robert Enrico, qui ont marqué les esprits Et outre-Rhin, on se souvient que c’est lui qui a joué Totila dans Pour la Conquête de Rome I (1968) et II (1969) de Robert Siodmak Mais c’est bien en Italie que l’acteur autrichien Robert Hoffmann a le plus joué dans sa carrière Incarnant un personnage important dans Je la connaissais bien (1965) d’Antonio Pietrangeli et Le Carnaval des truands (1967) de Giuliano Montaldo, il a ensuite été la vedette de plusieurs giallos, tels que Manoir aux filles (1972) d’Alfonso Brescia ou Spasmo (1974) d’Umberto Lenzi

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l’histoire du football écossais (© Jeff Holmes / EMPICS Sport)
--Cinéma-Le 4 juillet, Robert Homann (82 ans).
Robert Hoffmann dans Spasmo (© Umberto Lenzi)

Le 4 juillet, Janusz Kupcewicz (66 ans).

"Janusz Bogdan Kupcewicz [ ], ce talentueux et longiligne milieu à vocation offensive"

Site officiel de l'ASSE, 4 juillet 2022

Milieu offensif polonais, Janusz Kupcewicz est une légende de l'Arka Gdynia, formation pour laquelle il a joué de 1974 à 1982 Auteur de 40 buts en 192 apparitions avec le maillot de cette équipe, il a été en 1979 l'un des acteurs de son sacre en Coupe de Pologne

Quittant le club à l'âge de 27 ans, le joueur s'est ensuite transformé en mercenaire, offrant de courts mais loyaux services dans les quatre coins de la Pologne, mais aussi dans les quatre coins de l’Europe On a ainsi eu l'occasion de le voir jouer pour l'AS Saint-Etienne de 1983 à 1985 (37 matchs, 2 buts) mais aussi pour le club turc d’Adanaspor lors de la saison 1988-1989 (16 matchs, 4 buts)

Mais c'est bien en terre polonaise que le milieu de terrain a effectué ses piges les plus fructueuses En effet, la saison 1982-1983 l’a vu inscrire 9 buts en 27 matchs et gagner le championnat national avec le Lech Poznan Et lorsqu'il a passé deux saisons au Lechia Gdansk, de 1986 à 1988 (39 matchs, 8 buts), il a continué de proposer d’honorables performances

Décidément à l'aise avec le jeu proposé dans son pays, Janusz Kupcewicz a donc été, sans surprises, un joueur important pour les Aigles Blancs Auteur de 5 buts en 20 sélections entre 1976 et 1983, il a notamment été l'un des grands hommes de l'épopée polonaise pendant la Coupe du Monde 1982 Lors du match pour la 3e place, opposant sa sélection à l'équipe de France, c'est notamment lui qui a inscrit le but du 3-1 (score final : 3-2)

“Il est un rire et une voix qui continuent de résonner dans les mémoires de ceux et celles, qui eurent le privilège d’aller à la rencontre de Micheline Boudet ou de travailler avec elle Cette comédienne à la démarche gracile et au sourire lumineux”

La Comédie française, 2022

Comédienne française à l’“esprit enjoué” et au “rire éclatant”, comme le rappelle bien Bertrand Guyard pour Le Figaro, Micheline Boudet était un visage familier et admiré du théâtre français depuis les années 1940 Pensionnaire de la Comédie-Française de 1945 à 1971, et sociétaire de cette institution dès 1950, elle a été plusieurs fois dirigée par Jacques Charon, Jean Meyer ou Jean Piat Certaines de ces collaborations ont été particulièrement remarquées Ainsi, après avoir vu La Double Inconstance de Marivaux, mise en scène par Jacques Charon en 1950, Elsa Triolet a noté pour Les Lettres Françaises que “Micheline Boudet [était] débordante de talent” Après avoir quitté la Comédie-Française, Micheline Boudet a continué de connaître un franc succès Bertrand Guyard met notamment en avant ses prestations dans La Chambre mandarine (1974) de Robert Thomas, mise en scène par François Guérin, ou encore dans N’écoutez pas, Mesdames ! (1985) de Sacha Guitry, mise en scène par Pierre Mondy Moins prolifique au cinéma, elle a tout de même joué dans L’Homme au chapeau rond (1946) de Pierre Billon, Il n’y a pas de fumée sans feu (1973) d’André Cayatte ou encore dans Rien sur Robert (1999) de Pascal Bonitzer

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Sport--
Janusz Kupcewicz et le trophée de champion de Pologne, remporté en 1983 avec le Lech Poznan (© Twitter, ArkaGdyniaSA)
--Théâtre-Le 5 juillet, Micheline Boudet (96 ans).
Micheline Boudet et Daniel Gélin dans “Tovaritch” de Jacques Deval, 1974 (© Jacques Chevry, INA)

--Musique--

Le 5 juillet, Manny Charlton (80 ans).

Manny Charlton en 1976 (© Helge Overas)

“[Son] travail a profondément influencé les Guns N’ Roses” Adam Sweeting, The Guardian, 19 juillet 2022

Musicien britannique, Manny Charlton était l’un des membres phares du célèbre groupe de hard-rock Nazareth Multifacette, il en a été le guitariste principal, l’un des auteurs-compositeurs, mais aussi le producteur à certains moments Ces trois fonctions, ils les a combinées pour élaborer le fameux album Hair of the Dog (1975) Le projet, se hissant lui-même à la 8e place du Billboard 200, contient les deux plus grands hits de l’histoire du groupe : “Hair of the Dog” mais aussi et surtout “Love Hurts” Ce titre, qui est une reprise des Everly Brothers, a atteint la 8e place du Billboard Hot 100 et la 23e du Billboard Year End Hot 100 Singles de l’année 1976

S’il a ainsi fait ses preuves en tant que producteur, Manny Charlton a également pu mettre à profit son expérience et ses compétences au milieu des années 1980 pour appuyer une jeune bande au potentiel considérable : les Guns N’ Roses Certes, il n’a produit aucun album du groupe, mais il en a produit des enregistrements en 1986, incluant déjà une version de “November Rain” longue de 18 minutes si l’on en croit Slash

“Sonny Corleone dans Le Parrain, une performance si féroce, menaçante, magnifique”

Piers Morgan, Twitter, 7 juillet 2022

Plus qu’un acteur emblématique du Nouvel Hollywood, James Caan peut être présenté à bon droit comme un véritable monument du cinéma états-unien Remarqué avec Une femme dans une cage (1964) de Walter Grauman, thriller dans lequel il terrorise Olivia de Havilland, il a été élevé au rang de star par Howard Hawks, qui lui a fait jouer le protagoniste de Ligne rouge 7000 (1965) et un personnage important d’El Dorado (1966) C’est ensuite grâce à sa collaboration avec Francis Ford Coppola que sa carrière a vraiment explosé Si le cinéaste lui fait jouer le protagoniste des Gens de la pluie (1969), il lui a surtout offert l’un des rôles majeurs du Parrain (1972), celui de Sonny Corleone Si le film a été présenté comme la 2e meilleure production états-unienne de l’histoire par l’AFI en 2007, l’interprétation de James Caan lui a valu d’être nommé à l’Oscar du meilleur second rôle masculin Difficile de faire mieux, certes Pour autant, l’acteur a ensuite enchaîné les prestations de haut niveau Nommé au Saturn Award du meilleur acteur pour son rôle dans Rollerball (1975), il a joué le rôle-titre du Flambeur (1974) de Karel Reisz et du Solitaire (1981) de Michael Mann Il est en outre apparu comme l’une des vedettes d'Un pont trop loin (1977) de Richard Attenborough et du film choral Les Uns et les Autres (1981) de Claude Lelouch Plus discret la décennie suivante, il a réussi son retour dans les années 1990 avec Misery (1990) de Rob Reiner, film dans lequel il incarne l’écrivain séquestré Au XXIe siècle enfin, on l’a retrouvé dans nombre de productions remarquées, telles que Way of the Gun (2000) de Christopher McQuarrie, Dogville (2003) de Lars von Trier ou encore Blood Ties (2013) de Guillaume Canet En parallèle, il a connu un franc succès à la télévision en tant que protagoniste de la série Las Vegas (2003 - 2008)

Cinéma--

Le 6 juillet, James Caan (82 ans).

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Il était Sonny Corleone dans Le Parrain

Le 6 juillet, Arnaldo Pambianco (87 ans).

“Le triomphe en rose était l’aboutissement d’une grande carrière qui l’a également vu prendre la 7e place d’une édition du Tour de France”

Stefano Bonaccini, Twitter, 6 juillet 2022

Cycliste italien, Arnaldo Pambianco est entré dans la postérité en 1961 en remportant le Tour d’Italie avec plus de 3 minutes d’avance sur Jacques Anquetil et 4 sur Charly Gaul

Certes, ce sacre a pu surprendre ses contemporains, car il n’est pas commun de prendre l’ascendant sur des hommes de la trempe de La Caravelle ou du Grimpeur ailé Pour autant, Arnaldo Pambianco était alors loin d’être inconnu au bataillon Rien que l’année précédente, il avait terminé 7e du Giro et du Tour de France, 2e du Tour de Sardaigne et même 1er de la semi-classique Milan-Turin

Par la suite, le cycliste italien n’a jamais réussi à réitérer un aussi bel exploit que ce triomphe au Giro, mais il a tout de même continué de collectionner les places de prestige Il a ainsi terminé l’année 1961 avec une 2e place sur la Coupe Bernocchi et le Tour de Sardaigne ainsi qu’un top 10 sur le Tour de Lombardie 5e du championnat du monde sur route en 1962, il a renoué avec la victoire l’année suivante sur ses propres terres, en s’adjugeant une étape du Tour d’Italie et en remportant enfin le Tour de Sardaigne Vainqueur de la Flèche brabançonne en 1964 et 2e du Tour de Romagne en 1965, il a pris sa retraite en 1966 après une belle 10e place sur Paris-Nice

“Pedro Ferrandiz était un véritable pionnier du basket-ball en Europe et l'un des plus grands entraîneurs de tous les temps, [ ] Nous lui sommes tous redevables pour son exemple de classe, de professionnalisme et d'excellence sur et en dehors du terrain”

Jordi Bertomeu, EuroLeague Basketball, 7 juillet 2022

Entraîneur de basketball espagnol, Pedro Ferrandiz est considéré comme l’un des plus grands coachs de l’histoire du pays

Cette réputation, il se l’est construite avec un seul club, le Real Madrid, qu’il a coaché de 1959 à 1962, de 1964 à 1965 et enfin de 1966 à 1975 En parallèle, il a pris la tête de l’équipe nationale d’Espagne de 1964 à 1965

En fait, c’est presque faire un euphémisme que de dire que le coach a remporté une flopée de titres avec le club de la capitale espagnole A Madrid, Pedro Ferrandiz s’est en effet adjugé par quatre fois la Coupe des champions européens (1965, 1967, 1968, 1974)

Alors, si le club madrilène était déjà dominant en Europe, que dire de son emprise sur la scène nationale Sous la houlette de Pedro Ferrandiz, le Real Madrid était en effet une forteresse quasiment imprenable Le site officiel du club parle carrément d’une série de 88 matchs sans défaite entre 1971 et 1975 ! On comprend ainsi que peu de titres nationaux ont échappé à cette équipe lorsque Ferrandiz, élu meilleur coach de l’année par l’AEEB en 1975, était aux commandes Entre 1960 et 1975, Ferrandiz et les siens ont au total remporté par douze fois le championnat national et à onze reprises la Coupe du Roi Intronisé au Basketball Hall Of Fame en 2007, Pedro Ferrandiz figurait en 2008 dans la liste des 50 meilleurs contributeurs de l’histoire de l’Euroligue

Le 7 juillet, Pedro Ferrandiz (83 ans).

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Sport--
En 1961, il gagne le Giro devant Anquetil et Gaul (© Qubicisport it)
--Sport--
Pedro Ferrandiz, un homme à trophées (© El Mundo)

--Politique--

Le 8 juillet, Shinzo Abe (67 ans).

“Le Japon perd un grand Premier ministre, qui dédia sa vie à son pays et œuvra à l’équilibre du monde”

Emmanuel Macron, Twitter, 7 juillet 2022

“En tant que belette nixonienne, il était tout simplement l’un des meilleurs méchants du petit écran” RufusTSuperfly, Twitter, 8 juillet 2022

Acteur états-unien, Gregory Itzin est essentiellement connu pour avoir incarné le personnage de Charles Logan, vice-président puis président des Etats-Unis dans la série 24 Heures Chrono (2001 - 2010) Rencontrant un grand succès avec ce personnage froid et amoral, l’acteur a été nommé par deux fois aux Primetime Emmy Awards : une première fois en 2006 dans la catégorie du “meilleur acteur dans un second rôle dans une série télévisée dramatique" et une seconde fois en 2010 dans celle du “meilleur acteur invité dans une série télévisée dramatique”

A côté de ce rôle culte, Gregory Itzin a également joué dans un certain nombre de séries à succès Alors qu’il était l’un des acteurs principaux de The Nutt House (1989), il a joué un personnage récurrent de Marshall et Simon (1991-1992) Tenant ensuite un rôle secondaire dans la série judiciaire Murder One (1995 - 1997), il est apparu dans plusieurs épisodes de la saison 4 (1999 - 2000) de Profiler Au XXIe siècle enfin, il a joué un rôle récurrent dans les deux premières saisons (2008 - 2010) de Mentalist, dans les quatre premières (2010 - 2013) de Covert Affairs et dans la dernière de Big Love (2011) Il a enfin tenu un rôle important dans Mob City (2013) La carrière de Gregory Itzin ne peut toutefois se résumer aux séries télévisées Bien que dans des rôles secondaires, l’acteur a aussi tourné dans des films notables comme Drôle de singe (1995) de John Gray, L.A., I Hate You (2011) d’Yvan Gauthier, Echange Standard (2011) de David Dobkin, Les Marches du pouvoir (2011) de Georges Clooney ou encore Lincoln (2012) de Steven Spielberg

Au pouvoir de septembre 2006 à septembre 2007 puis de décembre 2012 à septembre 2020, Shinzo Abe demeure en 2022 le Premier ministre avec la longévité la plus importante de l’histoire du Japon Caractérisé par un certain nationalisme, par une activité diplomatique notable et enfin par l’audacieuse politique économique Abenomics “combinant assouplissement monétaire, relances budgétaires massives et réformes structurelles” comme le rappelle France Info, son second mandat a, selon l’AFP, “enregistré certains succès, comme une hausse notable du taux d’activité des femmes et des seniors, ainsi qu’un recours plus important à l’immigration face à la pénurie de main-d’oeuvre Cependant, faute de réformes structurelles suffisantes, les Abenomics n’ont engendré que des réussites partielles” Grande figure du Parti libéral-démocrate japonais depuis le début des années 2000, Shinzo Abe était monté en puissance au cours de cette décennie en devenant le secrétaire général du parti de 2003 à 2004 puis le président de 2006 à 2007 et de 2012 à 2020 Juste avant d’être élu Premier ministre, il avait enfin brigué un mandat de secrétaire général du Cabinet entre octobre 2005 et septembre 2006

Le 8 juillet, Gregory Itzin (74 ans).
--Cinéma--
Gregory Itzin a incarné le personnage de Charles Logan dans 24 Heures Chrono (© DR)

Cinéma--

Le 9 juillet, L. Q. Jones (94 ans).

“L Q Jones est l’une des gloires du cinéma d’action et du western américain, dont il a sillonné les séries B dans des seconds rôles souvent mémorables”

Frédéric Mignard, CineDweller

Plus qu’un visage familier des amateurs de westerns et des films de guerre des années 1950-1960, L Q Jones est une véritable figure de ces deux genres L’acteur états-unien est notamment célèbre pour avoir joué un rôle important dans des westerns notables de Sam Peckinpah tels que La Horde Sauvage (1969), Un nommé Cable Hogue (1970) ou Pat Garrett et Billy le Kid (1973) Mais rarement en tête d’affiche, c’est en multipliant les seconds rôles que L Q Jones est devenu une gueule incontournable de ces genres Le public a ainsi pu le voir dans Le Cri de la victoire (1955) de Raoul Walsh, Le Temps de la colère (1956) de Richard Fleischer, Cote 465 (1957) d’Anthony Mann, L’Aventurier du Texas (1958) de Budd Boetticher, La Dernière Torpille (1958) de Joseph Pevney, Pendez-les haut et court (1968) de Ted Post, Le Clan des McMasters (1970) d’Alf Kjellin ou encore dans Les Charognards (1971) de Don Medford Dans le même registre, il a interprété un rôle récurrent dans les séries The Virginian (1963 - 1971) et The Yellow Rose (1983 - 1984) Toutefois, l’acteur n’a pas seulement joué des westerns et des films de guerre On a également pu le voir jouer dans des registres un peu différents Il a ainsi figuré dans la comédie noire Ambulances tous risques (1976) de Peter Yates, le film de gangsters Casino (1995) de Martin Scorsese, le film de survie À couteaux tirés (1997) de Lee Tamahori, le film d’action Le Masque de Zorro (1998) de Martin Campbell ou encore le film musical The Last Show (2006) de Robert Altman

Ne résumant pas sa carrière à l’acting, L Q Jones est enfin connu pour être l’auteur d’un film culte, Apocalypse 2024 (1975) Avec cette œuvre, il a remporté le prix Hugo de la meilleure présentation dramatique et a été nommé au Saturn Award du meilleur film de science-fiction en 1976

“L’un des grands représentants du football [péruvien]” Kumar Natasha, The Times Hub, 12 juillet 2022.

S’il ne s’est jamais installé durablement dans un club, il fut toutefois un mercenaire de très bonne fortune Défenseur et milieu de terrain péruvien, Victor Benitez a effectivement remporté grand nombre de trophées dans sa carrière En Amérique du Sud, d’abord, le milieu de terrain a remporté le championnat péruvien en 1954 et 1955 avec le Club Alianza Lima et le championnat argentin en 1962 avec le Boca Juniors

Tentant le rêve européen dans la foulée, Victor Benitez a joué de 1962 à 1965 pour le Milan AC (44 matchs, 2 buts) Titulaire lors de la finale de la Coupe des clubs champions européens en 1963, il a alors soulevé la Coupe aux grandes oreilles avec les Rossoneri après avoir battu le Benfica A l’AS Rome (25 matchs, 1 but) de 1965 à 1966 puis de 1968 à 1970, il a trouvé le temps de remporter la Coupe d’Italie en 1969 Et quand il est revenu chez lui, il a à nouveau remporté le championnat péruvien, cette fois-ci avec le Sporting Cristal en 1972

Par contre, avec le Pérou, il n’a rien soulevé en 11 matchs

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L Q Jones, un visage incontournable des westerns et films de guerre des années 1950-1960 (© Robert Mora / Getty Images)
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Le 11
Sport--
juillet, Victor Benitez (86 ans).
Victor Benitez, champion d’Europe avec le Milan AC (© La Gazzetta dello Sport))

--Musique--

Le 11 juillet, Monty Norman (94 ans).

“Il a offert des contributions notables aux comédies musicales britanniques des années 1950 - 1960”

Dave Laing, The Guardian, 11 juillet 2022

A l’origine, le thème qu’il a composé pour James Bond 007 contre Dr No (1962) de Terence Young, premier film mettant en vedette le célèbre espion, ne devait être utilisé que pour cette production-là Mais le succès a été tel que cette composition, arrangée par John Barry, est devenue l’indicatif musical de la franchise Mais si Monty Norman a eu le privilège d’écrire la première partition de l’histoire de cette saga mythique, c’est bien parce qu’il avait fait ses preuves les années précédentes Le compositeur était en effet l’un des grands noms de la comédie musicale britannique des années 1950 Auteur des paroles de la pièce Make Me an Offer (1959) avec David Heneker, il a également co-écrit, avec Heneker et Julian More, les lyrics anglais d’Irma la douce, une comédie musicale française de Marguerite Monnot adaptée par Peter Brook en 1958 Cette même année, il a enfin participé à la composition et à l’écriture des paroles d’Expresso Bongo de Wolf Mankowitz et Julian More Mais Monty Norman a également eu une expérience dans la composition de musiques de films, en témoignent les bandes originales des Deux Visages du Docteur Jekyll (1960) de Terence Fisher et d’Appelez-moi chef (1963) de Gordon Douglas, toutes les deux écrites par ses soins (la première avec Heneker)

Actrice française, Charlotte Valandrey a connu le succès dès son premier rôle au cinéma, dans Rouge Baiser (1985) de Véra Belmont, un film qui lui valu de remporter l’Ours d’argent de la meilleure actrice et d’être nommée pour le César du meilleur espoir féminin en 1986

Si sa carrière a ensuite été freinée par sa séropositivité, découverte alors qu’elle avait 18 ans, l’actrice a tout de même interprété un rôle notable dans Les Fous de Bassan (1987) d’Yves Simoneau puis un rôle secondaire dans Orlando (1992) de Sally Potter et En compagnie d’Antonin Artaud (1993) de Gérard Mordillat

A la télévision, Charlotte Valandrey s’est fait remarquer en tenant le rôle de Myriam Cordier dans Les Cordier, juge et flic (1992 - 2005) mais aussi en jouant dans plus de 600 épisodes de Demain nous appartient entre 2017 et 2019

Et si elle était quelque peu boycottée par les plateaux de cinéma, elle a enfin travaillé dans le doublage, doublant notamment Jennifer Aniston dans La Rumeur court… (2005) et Olivia Williams dans The Ghost Writer (2010)

Ainsi, son travail remarquable dans le milieu des comédies musicales a permis à Monty Norman de se bâtir une belle carrière ne se résumant absolument pas au thème de James Bond Pour preuve, c’est avec la comédie musicale Songbook qu’il a connu la consécration au début des années 1980 en remportant la catégorie “meilleure comédie musicale britannique” aux Ivor Novello Awards en 1980 et en se voyant nommé dans celle du “meilleur livret de comédie musicale” aux Tony Awards en 1981 Dans la foulée, il a remporté la catégorie “meilleure comédie musicale” aux SWET Awards 1982 avec Poppy

“On lui prédisait un destin à la Sophie Marceau” Pascal Galinier, Le Monde, 17 juillet 2022
--Cinéma-Le 13 juillet, Charlotte Valandrey (53 ans).
Charlotte Valandrey (© LOEW/TF1/SIPA)

Cinéma--

Le 14 juillet, Martine Marignac (75 ans).

“Le cinéma français, celui qu’on aime, n’aurait pas été le même sans la productrice Martine Marignac, et il ne sera plus le même sans elle [ ] Elle était l’une des grandes figures, plutôt secrète comme il se doit, d’un métier synonyme de courage quand il est l’art de faire exister les choses sans que la loi de l’offre et de la demande soit le moteur de toutes ses affaires”

Luc Chessel, Libération, 17 juillet 2022

Productrice française se présentant elle-même comme une “enfant de la Nouvelle Vague”, Martine Marignac était une “figure de la production indépendante” selon le CNC C’est dans un premier temps avec La Cecilia, une société de production qu’elle a fondée au début des années 1980, qu’elle s’est fait un nom, en produisant notamment Passion (1982) de Jean-Luc Godard, La Diagonale du fou (1984) de Richard Dembo, un film qui a remporté l’Oscar du meilleur film international en 1985, ou encore la comédie musicale Golden Eighties (1986) de Chantal Akerman Bénéficiant dès lors d’une certaine renommée, Martine Marignac a continué de se présenter comme une grande “figure de la production indépendante” avec Pierre Grise Productions, une société qu’elle a fondée en 1988 avec Maurice Tinchant Cette société est notamment connue pour avoir produit la quasi-intégralité des long-métrages réalisés par Otar Iosseliani et Jacques Rivette à partir de sa création La Belle Noiseuse de Jacques Rivette, film qui a remporté le Grand Prix du jury au Festival de Cannes en 1991, a ainsi été produit par cette société Mais Pierre Grise Productions a également produit Nuit et Jour (1991) de Chantal Akerman ou encore Holy Motors (2012) de Leos Carax, un drame qui a valu à Martine Marignac de figurer parmi les nommés au César du meilleur film en 2013 Forte d’une prestigieuse carrière, la productrice s’est ainsi vu décerner en 2009 le Prix Raimondo Rezzonico du festival du film de Locarno, un prix qui récompense le meilleur producteur indépendant

“Scalfari a joué un rôle prépondérant dans l'histoire du journalisme dans l'Italie d'après-guerre Sa prose claire, ses analyses approfondies et ses idées courageuses ont accompagné les Italiens pendant plus de soixante-dix ans, faisant de ses publications une lecture incontournable pour ceux qui voulaient comprendre la politique et l'économie” Mario Draghi, communiqué, 14 juillet 2022

Apparaissant comme une “figure de proue de la vie intellectuelle italienne” selon Marc Semo du Monde, il est même un “patriarche du journalisme italien” aux yeux d’Antonino Galofaro du Temps Cofondateur en 1955 de L’Espresso, hebdomadaire dont il a été l’éditeur de 1963 à 1968, puis fondateur en 1976 de La Repubblica, quotidien de centre-gauche dont il a été le directeur jusqu’en 1996, Eugenio Scalfari s’est imposé pendant plus d’un demi-siècle comme une grande figure du journalisme italien

Encore vendus à des centaines de milliers d’exemplaires en 2022, ces deux journaux figurent en effet parmi les plus lus du pays depuis des décennies Marc Semo explique même que, “depuis plus de quarante ans, La Repubblica fait l’opinion en Italie et crée l’événement par ses interviews-chocs ou ses enquêtes”

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Martine Marignac, lauréate du Prix Raimondo Rezzonico en 2009 (© CNC)
--Journalisme-Le 14 juillet, Eugenio Scalfari (98 ans).
Eugenio Scalfari (© Riccardo de Luca (IBERPRESS)

Sport--

Le 15 juillet, Georgi Yartsev (74 ans).

“L’élève de Kostroma est entré à jamais dans l’histoire du Spartak comme un joueur et un entraîneur brillant” Spartak Moscou France, Twitter, 15 juillet 2022

A la fin des années 1970, il était l’un des attaquants les plus redoutables du championnat de football soviétique Buteur russe, Georgi Yartsev est monté en puissance tout au long des années 1970 Débutant sa carrière en terrorisant les défenses de la D3 de son pays avec l’Iskra Smolensk entre 1968 et 1970 (14 buts en 37 matchs lors de la saison 1968), le Gomselmach Gomel entre 1973 et 1974 (27 buts en 68 matchs) et le Spartak Kostroma entre 1975 et 1976 (32 buts en 70 matchs), il a été recruté en 1977 par le Spartak Moscou, alors relégué en D2

A partir de cette signature, la carrière de Georgi Yartsev a pris un tournant significatif Auteur de 17 buts en 35 matchs lors de sa première saison au sein du club moscovite, il a largement contribué au retour de l’équipe du peuple dans l’élite et a ainsi découvert la D1 dès 1978 L’attaquant n’a alors rien perdu pour attendre et a terminé meilleur buteur du championnat avec 19 buts à l’issue de la saison 1978, alors que le Spartak Moscou a fini 5e au classement La saison suivante, il a amplement contribué au sacre de son club, champion d’Union soviétique en 1979, en terminant meilleur buteur de l’effectif et 7e du championnat avec 14 réalisations

Toutefois, la suite de sa carrière a été bien moins brillante : auteur de 5 buts lors de la saison 1980, il a ensuite quitté l’élite pour jouer en D2 avec le Lokomotiv Moscou dès 1981 (43 matchs, 12 buts) Il a enfin terminé sa carrière en D3, au Moskovitch Moscou (2 buts en 22 matchs en 1982)

Reconverti entraîneur, Georgi Yartsev a de nouveau connu le succès avec le Spartak Moscou en remportant le championnat russe en 1996 Il a ensuite pris la tête du Dynamo Moscou de juin 1998 à juin 1999, pour un bilan honorable mais léger de 16 victoires pour 10 matchs nuls et 9 défaites De 2003 à 2005, il a enfin été le sélectionneur de l’équipe nationale de Russie, avec laquelle il a battu la Grèce lors de l’Euro 2004 Il n’est toutefois pas parvenu à qualifier son pays pour les phases finales

“L’un des premiers auteurs contemporains de science-fiction de langue allemande à avoir vu son travail placé au même niveau que celui des auteurs anglais”

SF Encyclopedia, “Franke, Herbert W”

Pionnier du graphisme informatique et écrivain autrichien, Herbert W Franke était une figure prédominante de la littérature de science-fiction germanophone, en attestent les nombreux prix qu’il a remportés dans sa carrière Le romancier a en effet été lauréat du Prix allemand de science-fiction à deux reprises : une première fois en 1985 avec Die Kälte des Weltraums et une seconde en 1991 avec Zentrum der Milchstrasse Le premier ouvrage lui a aussi valu de remporter en 1985 le Prix Kurd-Lasswitz du meilleur roman germanophone, distinction qu’il a ensuite reçue à deux autres reprises dans sa carrière Mais il s’est également illustré avec des histoires courtes, en atteste “Atem der Sonne”, qui lui a valu en 1984 de recevoir le Prix Kurd-Lasswitz de la meilleure nouvelle germanophone Parmi ses oeuvres majeures, on peut aussi citer La Cage aux orchidées (1961) et Zone zéro (1970), deux dystopies

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Georgi Yartsev, une figure notable du football russe (© RT / Twitter, Vostok1981)
--Littérature-Le 16 juillet, Herbert W. Franke (95 ans).
Herbert W Franke en 2022 (© Francisco Carolinum Linz)

Cinéma--

Le 17 juillet, Dominique Borg (76 ans).

“Cette grande dame, créatrice de costumes, avait l’art de sublimer les corps et les êtres”

Kamel Ouali, Instagram, juillet 2022

Dans les années 1960 - 1970, elle se présentait comme une comédienne fidèle du metteur en scène Denis Llorca, jouant notamment dans Roméo et Juliette de William Shakespeare en 1969 et dans Tête d’or de Paul Claudel en 1970

Puis elle a dérivé vers la création de costumes, s’imposant comme l’une des grandes costumières du théâtre français à partir des années 1980 Ainsi, Dominique Borg a reçu à deux reprises le Molière du créateur de costumes : une première fois en 1991 avec La Cerisaie d’Anton Tchekhov et une seconde en 1997 avec Le Libertin d’Eric-Emmanuel Schmitt Mais la costumière a aussi été nommée quatre autres fois dans cette catégorie entre 1989 et 2007 : en 1989 avec Lorenzaccio, en 1993 avec Pygmalion et Marie Tudor, en 2001 avec La Dame aux camélias et en 2007 enfin avec Marie Stuart

Dominique Borg a en outre rencontré un certain succès populaire au début des années 2000, lorsque les comédies musicales faisaient l’objet d’un véritable engouement Travaillant en 2003 aux côtés du metteur en scène et chorégraphe Redha sur Les Demoiselles de Rochefort, elle a collaboré à plusieurs reprises avec Kamel Ouali, dans Le Roi Soleil (2005), Roméo et Juliette, de la haine à l’amour (2001), Cléopâtre (2009) ou encore Dracula (2011) Bénéficiant d’une notoriété notable et de son expérience de comédienne, Dominique Borg s’est enfin essayée à la mise en scène en 2014 avec l’adaptation de Kinship de Carey Perloff au théâtre de Paris Sa contribution dans le monde du théâtre depuis la décennie 1980 est ainsi conséquente Mais on a peine à imaginer une costumière aussi renommée ne se consacrer qu’au 6e art En effet, Dominique Borg a reçu plusieurs appels du pied de la part du monde du cinéma, et certaines propositions ne l’ont pas laissée de marbre S’occupant notamment des costumes dans Les Misérables (1995) de Claude Lelouch, Dominique Borg a remporté par deux fois le César des meilleurs costumes : en 1989 avec Camille Claudel de Bruno Nuytten et en 2002 avec Le Pacte des loups de Christophe Gans En outre, la costumière a été nommée dans cette catégorie en 1998 avec Artemisia d’Agnès Merlet

“Cuba pleure [...] la mort de

l’un des plus grands musiciens que cette terre ait donné”

Miguel Diaz-Canel (président cubain), Twitter, juillet 2022

Pianiste présenté par Iris Mazzacurati de Latina comme une “légende de la scène musicale cubaine”, Cesar Pedroso a été l’un des membres fondateurs du groupe de songo Los Van Van en 1969 Jouissant d’un certain succès, notamment avec le titre “El Negro Esta Cocinando” (1999), cette formation a remporté le Grammy Award de la meilleure performance salsa en 2000 avec l’album Llego… Van Van - Van Van Is Here Quittant la bande en 2001, Cesar Pedroso a fondé dans la foulée le groupe de timba Pupy y Los que Son, Son Avec cette formation, il a à nouveau rencontré un certain succès national

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La costumière Dominique Borg (© Purepeople, BestImage) Cesar Pupy Pedroso,
--Musique-Le 17 juillet, Cesar Pedroso (75 ans).
Cesar Pedroso (© Courtesy The Artist & José (Tito) Meriño)

--Musique--

Le 18 juillet, Dani (77 ans).

“C’est un vrai personnage, elle a une vraie épaisseur, chez elle pas d’afféterie, elle ne joue pas un rôle, il y a un vrai désir de sculpter une trajectoire d’artiste” Bertrand Dicale, 2020 (source : AFP)

Lorsqu’elle a été sélectionnée en 1974 pour représenter la France au Concours Eurovision de la chanson, elle était alors loin d’être inconnue au bataillon Lauréate en 1970 du grand prix du disque de l’académie Charles-Cros avec l’album Dani - La Petite qui revient de loin, Dani avait déjà enregistré quelques petits succès comme “Papa vient d’épouser la bonne” (1968) Mais en raison du deuil national consécutif à la mort du président Georges Pompidou, la France s’est retirée de la compétition et la chanteuse a alors vu sa participation au concours repoussée à l’année suivante Or, la nouvelle chanson qu’elle a proposé a été refusée par Antenne 2 Écrite par Serge Gainsbourg, celle-ci ne passait pas en raison de son contenu considéré trop subversif Ainsi, Dani n’a jamais représenté la France à l’Eurovision Sa chanson, “Comme un boomerang” est tout de même sortie, mais bien plus tard, en 2001, et en duo avec Etienne Daho Rencontrant un certain succès, ce titre s’est hissé à la 6e place des charts français et a même été nommé dans la catégorie “chanson originale” aux Victoires de la Musique 2002 Mais entre 1975 et 2001, Dani ne s’est pas non plus gelé les pouces Poursuivant sa carrière de chanteuse, sans toutefois rencontrer de succès notable, l’artiste s’est en parallèle illustrée au cinéma Alors qu’elle avait déjà joué l’un des rôles principaux de Tumuc Humac (1971) ou de La Nuit américaine (1973), comédie dramatique oscarisée de François Truffaut, elle a joué un rôle secondaire dans Une Affaire de femmes (1988) ou dans Guy (2018) d’Alex Lutz En 2007, Dani s’est même vue nommée pour le César du meilleur second rôle féminin avec son rôle dans Fauteuil d’orchestre (2006) de Danièle Thompson Vers la fin de sa carrière, elle a enfin interprété un personnage récurrent de la série Pigalle, la nuit (2009) ainsi qu’un rôle notable dans les mini-séries Aux animaux la guerre (2018) et Le temps est assassin (2019)

“Henderson était présenté comme l’un des artistes les plus influents et les plus innovants de la scène jazz et soul”

Mya Abraham, Vibe, 23 juillet 2022

Musicien états-unien, Michael Henderson est connu pour avoir été le bassiste attitré de Miles Davis de 1970 à 1977, pendant la période jazz-fusion du trompettiste Il a ainsi participé aux fameux albums Jack Johnson, Live-Evil (1971), On the Corner (1972), Agharta (1975), Pangaea (1976) ou encore Dark Magus (1977) En outre, c’était lui le bassiste sur le Live at the Talk of the Town (1970) de Stevie Wonder et le chanteur dans “You Are My Starship” de Norman Connors, 36e du Billboard Hot 100 en 1976 En solo, le bassiste a publié plusieurs albums remarqués dans les années 1970 - 1980 S’ils ont tous atteint le top 50 du Top R&B Albums du Billboard, 5 d’entre eux se sont hissés dans le top 70 du Billboard 200, à l’image de Wide Receiver (35e en 1980) Et pour ce qui est des titres, 16 se sont hissés dans le Top 100 du Hot Soul Singles, dont 4 dans le top 20, mais un seul a intégré le Billboard Hot 100 : “Take Me I’m Yours” (1979), 88e

Musique-Le 19 juillet, Michael Henderson (71 ans).

Dani (© AFP / Christophe Archambault)
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Michael Henderson (© Paul Natkin / Getty Images)

Littérature--

Le 20 juillet, Alan Grant (73 ans).

“La mort d’Alan Grant signifie la disparition d’une icône du monde des comics”

Batman, Twitter, 26 juillet 2022

Scénariste de comics britannique, Alan Grant est célèbre pour le travail qu’il a fourni chez 2000 AD et DC Comics Pour 2000 AD, l’auteur a écrit un nombre considérables d’aventures mettant en scène le personnage de Judge Dredd Il s’est notamment occupé des numéros #183 à #267 et #269 à #499 du comic Judge Dredd entre 1980 et 1985 Il a en outre écrit de 1981 à 1982 la majorité des numéros d’Ace Trucking Co vol 1 entre le #232 et le #293 Travaillant en parallèle chez DC Comics à partir de la fin des années 1980, Grant a contribué à enrichir l’univers de cette maison d’édition, notamment en co-créant avec le dessinateur Norm Breyfogle un certain nombre de super-vilains, parmi lesquels Anarky, Victor Zsasz ou encore le Ventriloque Co-auteur de Batman - Judge Dredd : Jugement à Gotham (1991) et des 82 premiers épisodes de Batman : Shadow of the Bat (1992 - 1997), Alan Grant a également écrit une vingtaine d’épisodes du comic principal, Batman, entre le #448 et le #480 En outre, dans les années 1990, le scénariste a écrit les 64 premiers épisodes de Lobo et les 39 premiers de L E G I O N Pour finir, il a écrit les quatre premiers numéros d’Anarky vol. 1 en 1997 et les huit premiers d’Anarky vol. 2 en 1999 En guise de récompense pour sa prolifique carrière, Alan Grant s’est ainsi vu remettre l’Inkpot Award en 1992

“‘Uns Uwe’ était un héros populaire, il n’y avait pas un supporter en Allemagne qui ne l’adorait pas Seeler a ému la nation - même au-delà du jeu” Herbert Hainer, Communiqué, 21 juillet 2022

Attaquant allemand, Uwe Seeler est une véritable légende du Hambourg SV, club pour lequel il a joué de 1953 à 1972 S’il a joué 573 matchs avec les Rothosen, il a aussi et surtout inscrit un total de 543 buts Il est ainsi, de très loin, le meilleur buteur de l’histoire du club, mais aussi l’un des plus grands buteurs de l’histoire du football allemand Si la Bundesliga n’a été créée qu’en 1963, il a quand même trouvé le temps de marquer cette ligue de son empreinte Meilleur buteur de la saison 1963-1964 avec 30 buts en 30 matchs, Uwe Seeler demeure en 2022 le 21e meilleur buteur de l’histoire de cette compétition, avec 137 buts en 239 matchs Sur le plan collectif, il a gagné le championnat de RFA en 1960 et la Coupe d’Allemagne en 1963 Mais il n’y a pas qu’en Allemagne qu’Uwe Seeler a marqué les esprits Meilleur buteur de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe 1967-1968 avec huit réalisations, l’attaquant a aussi été un grand nom de la Mannschaft Auteur de 43 buts en 72 sélections entre 1954 et 1970, Uwe Seeler demeure en 2022 le 8e meilleur buteur de l’histoire de la sélection allemande Connu pour être l’un des quatre seuls joueurs à avoir marqué lors de quatre Mondiaux différents, il a été le capitaine de la Mannschaft lors de la finale de la Coupe du Monde 1966 perdue 4 - 2 face à l’Angleterre et lors de la demi-finale perdue 4 - 3 contre l’Italie lors du Mondial 1970 Légende incontestable du football allemand, il a ainsi été élu meilleur footballeur de l’année dans son pays en 1960, 1964 et 1970

Sport--

Le 7 juillet, Uwe Seeler (85 ans).

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Alan Grant (© Julie Bull)
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Une légende du Hambourg SV et de la Mannschaft (© dpa)

Sport--

Le 22 juillet, Xavier Richefort (59 ans).

“Il nous a fait vibrer avec sa voix unique, sa passion débordante mêlée à son humour qui transformait chaque match qu’il commentait en spectacle unique” Pierre-Antoine Damecour, Twitter, 22 juillet 2022

Joueur de volley-ball français, Xavier Richefort a remporté le championnat de France en 1993 et la Coupe de France en 1994 avec le club d’Asnières Sports Mais il est aussi et surtout célèbre pour avoir été un commentateur iconique (volley-ball, pétanque, judo) de la chaîne L’Equipe de 2012 à sa mort Acteur en parallèle, Xavier Richefort a joué dans le clip “J’Appuie sur la gâchette” (1993) de NTM

Figure du Nouvel Hollywood, le cinéaste Bob Rafelson a créé de toutes pièces un groupe de pop-rock mythique des années 1960 et participé à l’éclosion d’acteurs comme Jack Nicholson ou Arnold Schwarzenegger Après avoir constaté le succès des films mettant en scène les Beatles, Rafelson et le producteur Bert Schneider ont eu l’excellente idée de réaliser une série télévisée suivant les aventures d’un groupe de pop-rock fictif, créé ex nihilo : Les Monkees (1966 - 1968) Au départ inconnu au bataillon, le boys-band n’a cessé de gagner en popularité au fil des épisodes, s’imposant carrément comme un groupe majeur des années 1960 avec les classiques que sont “I’m a Believer” (1966), “Daydream Believer” (1967) ou “Pleasant Valley Sunday” (1967) Pour sa part, la série a remporté en 1967 l’Emmy Award de la meilleure série comique Dans la foulée, le film Head (1968), encore centré sur The Monkees, est devenu le premier film réalisé par Bob Rafelson, mais aussi et surtout sa première collaboration avec Jack Nicholson, alors co-scénariste Ont suivi de nombreuses productions qui ont permis au cinéaste de contribuer largement à l’éclosion du célèbre acteur Alors qu’il a participé à la production d’Easy Rider (1969) de Dennis Hopper, Rafelson a dirigé Nicholson dans deux films emblématiques du Nouvel Hollywood : The King of Marvin Gardens (1972) et Cinq pièces faciles (1970), un film qui a été nommé à l’Oscar du meilleur film et celui du meilleur scénario original mais aussi aux Golden Globes dans les catégories “meilleur réalisateur” et “meilleur scénario” Plus tard, le cinéaste a fait jouer l’acteur dans Le Facteur sonne toujours deux fois (1981), Man Trouble (1992) et Blood Wine (1996) Les deux derniers films cités ont toutefois été des échecs commerciaux et critiques Mais la carrière de Bob Rafelson est évidemment loin de se résumer à ses collaborations avec Jack Nicholson En tant que co-fondateur de BBS Productions, le cinéaste a participé à la production de La Dernière Séance (1971) de Peter Bogdanovich et du documentaire Le Cœur et l’Esprit (1974) de Peter Davis, film lauréat de l’Oscar du meilleur film documentaire en 1975 A côté, il a réalisé Stay Hungry (1976), un film qui a marqué un tournant dans la carrière d’Arnold Schwarzenegger, le thriller La Veuve Noire (1987) ou encore le drame Aux sources du Nil (1990) On pourrait enfin ajouter que c’est Rafelson qui a réalisé le clip de “All Night Long” (1983) de Lionel Richie

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Xavier Richefort, un commentateur passionné (© Mickaël Pichon) “Bob Rafelson était un génie et un visionnaire” Arnold Schwarzenegger, Twitter, 25 juillet 2022
--Cinéma-Le 23 juillet, Bob Rafelson (89 ans).
(© Mickey Dolenz, Twitter)

--Cinéma--

Le 24 juillet, David Warner (80 ans).

“David était, et restera, un bel Anglais excentrique Capable de tout, donc de jouer n’importe quel rôle”

Michael Des Barres, Twitter, 26 juillet 2022

Acteur prolifique, c’est le moins que l’on puisse dire, David Warner a joué dans un nombre considérable de célèbres films et séries télévisées à partir des années 1960

A la télévision, l’acteur britannique a effectivement joué un rôle important dans les mini-séries Holocauste (1978) et Masada (1981) ainsi qu’un personnage récurrent de la saison 2 de Twin Peaks (1991) Au cinéma, on a pu le voir interpréter l’un des personnages principaux de Croix de fer (1977) de Sam Peckinpah et Tron (1982) de Steven Lisberger ainsi qu’un second rôle dans La Malédiction (1976) de Richard Donner, Titanic (1997) de James Cameron ou La Planète des singes (2001) de Tim Burton Mais si l’on veut entrer davantage dans l’exhaustivité, on peut aussi citer, parmi les films notables dans lesquels David Warner a joué un rôle important, Morgan (1966) de Karel Reisz, Le Songe d’une nuit d’été (1968) de Peter Hall, Michael Kohlhaas (1969) de Volker Schlöndorff, Un nommé Cable Hogue (1970) de Sam Peckinpah, L’Homme aux deux cerveaux (1983) de Carl Reiner, Kiss of Life (2003) d’Emily Young Enfin, parmi les productions dans lesquelles il a joué un rôle secondaire, on peut citer Tom Jones (1963) de Tony Richardson, C’était demain (1979) de Nicholas Meyer ou Winnie l’ourson 2 : Le Grand Voyage (1997) de Karl Geurs, film dont il est le narrateur Mais, comme en témoigne ce dernier exemple, David Warner ne s’est pas contenté de jouer devant la caméra En effet, l’acteur britannique s’est également exercé, avec assiduité, dans le doublage pour les films et séries d’animation Il a notamment fait la voix de Ra’s al Ghul dans la série Batman (1992 - 1995), celle d’Herbert Landon dans Spider-Man, l’homme-araignée (1994 - 1998), celle d’Alpha dans Men in Black : The Series (1997 - 2001) ou encore celle de Dr Vic Frankenstein dans Toonsylvania (1998 - 1999)

Fort, en définitive, d’une carrière exceptionnelle, David Warner a été nommé à un certain nombre de prix prestigieux Son rôle dans Morgan : A Suitable Case for Treatment lui a par exemple valu d’être nommé aux BAFA en 1967, dans la catégorie du “meilleur acteur”, alors que son jeu dans C’était demain lui a valu d’être nommé aux Saturn Awards en 1980 dans la catégorie du “meilleur acteur dans un second rôle” Aux Emmy Awards pour finir, il a été nommé en 1978 dans la catégorie du “meilleur second rôle masculin dans une mini-série ou un téléfilm” avec Holocauste et a remporté celle du “meilleur second rôle masculin dans une mini-série ou un téléfilm” en 1981 avec Masada

“Il n’a cessé ces dernières années de lutter avec conviction et persévérance pour rendre le système plus juste”

CFDT, Hommage public à Frédéric Sève, 26 juillet 2022

Frédéric Sève a été le secrétaire général du Syndicat général de l’Education nationale CFDT de 2012 à 2016 Présenté comme le n°3 de la CFDT à sa mort, il faisait partie de la Commission exécutive de la confédération depuis 2016, s’occupant notamment du dossier des retraites depuis 2018

ans).

David Warner, acteur emblématique d’une pléiade de grands succès (© Wikimedia Commons, Rory Lewis Photographer)
--Politique-Le 25 juillet, Frédéric Sève (55
Frédéric Sève (© AFP, François Guillot)

Cinéma--

Le 25 août, Paul Sorvino (83 ans).

A elle seule, son interprétation glaciale et imposante du parrain Paulie Cicero, dans Les Affranchis (1990) de Martin Scorsese, a suffi à le transformer en gueule iconique du cinéma de mafieux Mais si l’acteur est entré dans une nouvelle dimension avec cette prestation, cette dernière ne lui a pas donné une carrière En effet, Paul Sorvino n’était pas du tout à son premier fait d’armes En fait, l’acteur états-unien s’est fait un nom dès les années 1970 Nommé au Tony Award du meilleur acteur en 1973 grâce à la pièce de théâtre That Championship Season de Jason Miller, il a également interprété le rôle principal de Angel and Big Joe (1975) de Bert Salzman, un film lauréat de l’Oscar du meilleur court-métrage en prises de vues réelles Partageant l’affiche avec James Caan dans Le Flambeur (1974) de Karel Reisz, il a aussi joué l’un des rôles principaux des drames Slow Dancing in the Big City (1978) et Les Chaînes du sang (1978) de Robert Mulligan En outre, il s’est discrètement imposé comme un visage familier des salles obscures en jouant un rôle secondaire dans le drame Le Jour du dauphin (1973) de Mike Nichols ainsi que dans la comédie Têtes vides cherchent coffres pleins (1978) de William Friedkin S’il a ensuite été plus discret dans les années 1980, il a tout de même donné la réplique à Al Pacino dans La Chasse (1980) de Friedkin ainsi qu’à Gene Hackman, Jack Nicholson et Diane Keaton dans Reds (1981), un drame historique de Warren Beatty En parallèle, Sorvino s’est fait un nom sur le petit-écran en jouant l’un des personnages principaux de la série Super Flics (1987 - 1988) Mais dès que l’on est passé à la décennie suivante, la carrière de Paul Sorvino a pris un nouveau tournant, non seulement grâce aux Affranchis, mais aussi grâce à ses prestations dans Dick Tracy (1990) de Warren Beatty et dans les saisons 2 et 3 (1991 - 1992) de New York, police judiciaire Les rôles qui lui ont été proposés dans la foulée témoignent de la dimension inédite prise par l’acteur : celui-ci a effectivement joué Henry Kissinger dans Nixon (1995) d’Oliver Stone et interprété le rôle du père Capulet dans Romeo + Juliette (1996) de Baz Luhrmann Devenu une figure respectée, l’acteur a ainsi tenu des rôles notables jusqu’à la fin de sa vie Mais si on l’a retrouvé au cinéma dans Irish Gangster (2011) de Jonathan Hensleigh, c’est surtout pour la télévision qu’il est a été prolifique, en jouant un rôle important dans Une famille presque parfaite (2002 - 2006), Bad Blood (2017 - 2018) ou encore Godfather of Harlem (2019 - en cours)

Homme politique britannique, David Trimble a été le chef du Parti unioniste d’Ulster de 1995 à 2005 ainsi que le Premier ministre de l’Irlande du Nord de 1998 à 2000, de 2000 à 2001 et enfin de 2001 à 2002 Avec l’Irlandais John Hume, il a remporté le Prix Nobel de la Paix en 1998 pour avoir contribué à mettre un terme de manière pacifique au Conflit nord-irlandais (1968 - 1998), notamment en signant l’Accord du Vendredi Saint du 10 avril 1998

--Politique-Le 25 juillet, David Trimble (77 ans).

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Paul Sorvino, l’un des acteurs notables des “Affranchis”, entre autres (© Warner Bros / Kobal / Shutterstock)
“Tant de rôles mémorables dans tant de genres différents” Ralph Macchio, Twitter, 25 juillet 2022
“David Trimble était un homme de courage et de vision” Doug Beattie, Communiqué, 25 juillet 2022 David Trimble en 1991 (© Pacemaker)

Le 26 juillet, James Lovelock (103 ans).

“James Lovelock était un visionnaire dont les meilleures idées ont été rendues possibles grâce à son indépendance inébranlable”

Roger Highfield, aeon, 20 octobre 2022

Scientifique britannique indépendant, James Lovelock est connu pour avoir proposé, à partir des années 1970, l’hypothèse Gaïa, théorie selon laquelle la planète Terre serait “ un système physiologique qui inclut la biosphère et maintient notre planète depuis plus de trois milliards d’années en harmonie avec la vie”, comme il l’explique lui-même dans La Revanche de Gaïa (2006)

A propos de cette théorie, le scientifique a aussi écrit les célèbres ouvrages La Terre est un être vivant, l’hypothèse Gaïa (1979), Les Âges de Gaïa (1988), Gaïa Une médecine pour la planète (2000)

Toujours en lien avec cette hypothèse, James Lovelock s’est aussi fait remarquer dès les années 2000 pour ses déclarations chocs et le militantisme dont il a fait preuve afin d’éveiller et d’alerter les consciences vis-à-vis des risques encourus par l’humanité avec le réchauffement climatique

Enfin, si l’hypothèse Gaïa est controversée, elle a eu le mérite de créer un champ d’études inédit, ce qui a valu au scientifique d’être lauréat de la médaille Wollaston en 2006

Au théâtre, au cinéma ou encore à la télévision, ses apparitions furent assez rares Pour autant, Mary Alice a rencontré un succès considérable dans chacun de ces formats

La comédienne a effectivement connu une belle carrière dans le 6e art Avec sa prestation dans Fences d’August Wilson, Mary Alice a notamment remporté le Tony Award et le Drama Desk Award de la meilleure actrice dans un second rôle dans une pièce de théâtre en 1987 Avec une autre pièce, Having Our Say, elle a été nommée en 1995 au Tony Award et au Drama Desk Award de la meilleure actrice dans une pièce de théâtre, mais elle n’a cette fois rien remporté Dans le 7e art, l’actrice s’est également fait remarquer à quelques reprises Si elle a joué un second rôle dans Beat Street (1984) de Stan Lathan et La Rage au coeur (1990) de Charles Burnett, c’est surtout pour son rôle de l’Oracle, dans Matrix Revolutions (2003) des Wachowskis, que le grand public se souvient d’elle Mais c’est peut-être avant tout sur le petit-écran que Mary Alice s’est fait un nom En effet, l’actrice états-unienne a joué l’un des rôles principaux des deux premières saisons de la sitcom A Different World (1987 - 1993) et incarné la protagoniste de la mini-série Laurel Avenue (1993), ce qui lui a valu d’être nommée dans la catégorie “meilleure actrice dans un film ou une mini-série” aux CableACE Awards 1994 Nommée à deux reprises, en 1992 et 1993, pour l’Emmy Award de la meilleure actrice dans un second rôle dans une série dramatique avec Les Ailes du Destin (1991 - 1993), elle a remporté la statuette en 1993

Le 27 juillet, Mary Alice (85 ans).

--Sciences--
James Lovelock (© Gareth Iwan Jones / eyevine) “Mary Alice La Rose Maxson originale Tu étais l’une des plus grandes actrices de tous les temps!! Merci pour ton travail, ton influence et merci pour Rose” Viola Davis, Twitter, 28 juillet 2022
--Cinéma--
Mary Alice en 1987 (© Angel Franco / The New York Times)

Sport--

Le 27 juillet, Jean Bobet (92 ans).

“Indissociable de son frère Louison, il a tout de même un Paris-Nice et un podium sur Milan-San Remo à son actif Excellent journaliste par la suite, il a écrit nombre d’ouvrages sur le cyclisme, que je ne saurais que trop recommander” David Guénel, Twitter, 22 février 2018

Figure notable du cyclisme français des années 1950, Jean Bobet est essentiellement connu pour avoir remporté le classement général et la 1ère étape de Paris-Nice en 1955 ainsi que pour avoir terminé 3e de Milan-San Remo la même année

Mais ces remarquables performances ne sont pas du tout isolées A côté, le coureur a remporté quelques courses d’un jour comme le Circuit du Morbihan en 1953 ou Gênes-Nice en 1956 Il a également signé plusieurs places honorables, en terminant notamment 8e du Critérium du Dauphiné Libéré en 1955, 5e de la Flèche Wallonne en 1957 ou encore 10e de Paris-Nice en 1957

Prenant sa retraite de coureur professionnel en 1959, Jean Bobet s’est ensuite reconverti en journaliste sportif On lui doit ainsi une dizaine de livres consacrés au cyclisme, à l’image d’En selle (1955) qu’il a coécrit avec son frère Louison Bobet et Claude Le Bert ou Lapize, celui-là était un <<as>>, un ouvrage qui lui a valu de remporter le Grand prix de la littérature sportive en 2003

“Une partie de notre enfance ou de notre vie | ] Un acteur, un artiste, un véritable trésor national Il nous faisait toujours décocher un sourire grâce à son talent, son humour, juste en restant lui-même”

Matthew Payne, Twitter, 28 juillet 2022

Il s’agissait depuis les années 1960 d’un visage iconique de la télévision et du cinéma britannique

Il faut dire que Bernard Cribbins a bercé l’enfance de plusieurs générations dans le pays du thé Narrateur d’une centaine d’épisodes de Jackanory entre 1966 et 1991, il a également interprété l’intégralité des voix, dont celle du narrateur, de la série d’animation The Wombles (19731975) Il a enfin marqué la génération Z en animant la série pour enfants Old Jack’s Boat de 2013 à 2015 Mais jouant aussi des rôles tournés vers un public adulte, Bernard Cribbins a en fait accompagné la vie de nombreux Britanniques Pour le petit-écran, il a ainsi interprété le rôle principal des mini-séries Cuffy (1983) et High & Dry (1987) avant de jouer dans une dizaine d’épisodes de Coronation Street en 2003 et d’incarner le rôle de Wilfred Mott dans dix épisodes de Doctor Who entre 2007 et 2010 L’acteur s’est également fait voir au cinéma, en jouant un rôle important dans Le Paradis des monte-en-l’air (1960) de Robert Day et Jules de Londres (1963) de Cliff Owen aux côtés de Peter Sellers, La Déesse de feu (1965) de Robert Day et Les Daleks envahissent la Terre (1966) aux côtés de Peter Cushing ou encore The Railway Children (1970) de Lionel Jeffries En outre, il a joué un personnage secondaire dans Allez France ! (1964) de Robert Dhéry, Casino Royale (1967) ou Frenzy (1972) d’Alfred Hitchcock Pour finir, Bernard Cribbins a aussi connu un bref succès dans la chanson, en interprétant trois morceaux comiques qui ont atteint le top 25 des charts britanniques en 1962 : “Hole in the Ground”, “Right Said Fred” et “Gossip Calypso”

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Jean Bobet aux côtés de son frère, Louison (© L'Équipe)
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--Cinéma-Le
juillet, Bernard Cribbins (93 ans). Une grande figure de la télévision britannique (© Mirrorpix)

Sport--

Le 28 juillet, Terry Neill (80 ans).

“Le statut de Terry Neill, en tant que capitaine puis manager, a fait de lui une influence majeure du club d’Arsenal au XXe siècle Ses contributions fantastiques et bien évidemment, son caractère, seront à jamais reconnus par toutes les personnes associées au club”

Guardian Sport, 28 juillet 2022

Défenseur nord-irlandais, Terry Neill est une véritable légende des Gunners Joueur d’Arsenal FC de 1959 à 1970 (241 matchs, 8 buts), il en a été le capitaine dès ses 20 ans, en 1962 Mais il en a également été le coach dès ses 34 ans, en 1976 A la tête du club jusqu’en 1983, Terry Neill est presque toujours parvenu à classer les Gunners dans le top 10 du championnat anglais, en atteignant notamment la 3e place à l’issue de la saison 1980-1981 En revanche, son palmarès avec les Gunners a été plutôt maigre, avec une FA Cup remportée en 1979 comme seul trophée Dans la logique des choses, le coach aurait dû se constituer une vitrine bien plus garnie En effet, on ne compte plus les finales perdues par Arsenal FC alors que Terry Neill en était le coach : en FA Cup en 1978 et 1980, au Community Shield en 1979 mais aussi et surtout en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes en 1980 Mais si l’herbe n’a pas été plus verte ailleurs, la carrière de Terry Neill ne peut absolument pas se résumer à ses travaux dans le quartier londonien Sa première expérience d’entraîneur, ce n’est pas Arsenal FC qui la lui a donné, mais plutôt Hull City, club de D2 pour lequel il a été le joueur-entraîneur de 1970 à 1973, puis le coach à part-entière pour la saison 1973-1974

En fait, ce parcours atypique ressemble quelque peu à celui qu’il a suivi au sein de l’équipe nationale d’Irlande du Nord Jouant à 59 reprises sous les couleurs de la Green and White Army entre 1961 à 1973, il en est devenu le sélectionneur de 1971 à 1975 Ainsi, Terry Neill cumulait quatre fonctions différentes au début des années 1970 : manager, sélectionneur, joueur et enfin international Prenant du galon après son passage à Hull City, le coach a enfin coaché le club de Tottenham Hotspur de 1974 à 1976 Avec les Spurs, son bilan a été assez mitigé, avec presque autant de victoires que de matchs nuls et de défaites Pour autant, cette expérience lui a permis de franchir un cap et d’être remarqué par les dirigeants d’Arsenal FC

Grande figure de la télévision états-unienne dans les années 1950, Pat Carroll a remporté l’Emmy Award de la meilleure actrice dans un second rôle en 1957 grâce à la sitcom Caesar’s Hour (1954 - 1957) A la même période, elle a également joué un rôle secondaire dans la sitcom The Danny Thomas Show (1953 - 1957) Poursuivant une carrière auréolée de succès les décennies suivantes, l’actrice a remporté la catégorie “Best Spoken Word, Documentary or Drama Recording” aux Grammy Awards 1980 avec le one-man-show Gertrude Stein, Gertrude Stein, Gertrude Stein Elle est en outre entrée dans la postérité en 1989 en donnant sa voix au personnage d’Ursula dans La Petite Sirène, et en étant ainsi l’interprète de la chanson “Poor Unfortunate Souls”

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Une légende des Gunners (© Colorsport / Shutterstock) “Un pilier de la télévision [des USA] des décennies durant” Chris Koseluk, The Hollywood Reporter, 31 juillet 2022
--Cinéma-Le 30 juillet, Pat Carroll (95 ans).
Pat Carroll (© Everett Collection)

Cinéma--

Le 30 juillet, Nichelle Nichols (89 ans).

“Notre nation a perdu une pionnière de la scène et de l’écran qui a redéfini le champ des possibilités s’ouvrant aux Afro-américains et aux femmes”

Joe Biden, communiqué, 30 juillet 2022

A en croire le site Pioneers of Television, elle est la première actrice afro-américaine de l’histoire à avoir joué un rôle de premier plan à la télévision états-unienne Elle incarnait alors le personnage de Nyota Uhura dans Star Trek (1966 - 1969) Ce rôle culte, elle l’a aussi endossé dans les six premiers films (1979 - 1991) de la saga et même dans Star Trek : The Animated Series (1973 - 1974)

A côté de ce rôle, la carrière de Nichelle Nichols a été plutôt modeste On l’a juste vue jouer quelques rôles secondaires au cinéma, dans Truck Turner & Cie (1974) de Jonathan Kaplan ou Chiens des neiges (2002) de Brian Levant Elle a aussi fait quelques apparitions à la télévision, en jouant notamment dans cinq épisodes de Heroes en 2007

“Oncle Archie Roach AM était un survivant et une icône” Arts Centre Melbourne, Twitter, 31 octobre 2022

Chanteur aborigène australien, Archie Roach était une figure notable de la scène musicale de son pays depuis le début des années 1990

Connaissant un premier succès avec l’album Charcoal Lane (1990) et son fameux hymne “Took the Children Away”, le chanteur est devenu une révélation des ARIA Awards en 1991, y remportant alors les catégories “Best New Talent” et “Best Indigenous Release”

A partir de ce premier projet, Archie Roach ne s’est plus jamais départi de la renommée Hissant son deuxième album, Jamu Dreaming, à la 55e position des charts australiens en 1993, il a à nouveau attiré les regards avec l’opus Looking for Butter Boy qui lui a permis de remporter les catégories “Best Adult Contemporary Album” et “Best Indigenous Release” aux ARIA Awards de 1998 Le single principal du projet, “Hold On Tight”, lui avait déjà valu de remporter la catégorie “Best Indigenous Release” lors de l’édition 1997

Par la suite, il a continué d’être régulièrement nommé aux ARIA Awards, mais n’a plus rien remporté jusqu’en 2020, alors année de la consécration pour lui Lors d’une édition au cours de laquelle il a été intronisé au ARIA Hall Of Fame, Archie Roach a raflé les catégories “Best Male Artist” et “Best Adult Contemporary Album” avec l’album Tell Me Why, qui s’était déjà hissé à la 7e position des charts australiens

Mais s’il a déjà connu un succès considérable sur la scène nationale, que dire de sa place dans la culture aborigène australienne ? Entre 1997 et 2013, l’artiste a remporté huit Deadly Awards, une récompense ne concernant que les indigènes australiens Il s’est notamment emparé à trois reprises des catégories “artiste masculin de l’année” (1997, 1998, 2002) et “album de l’année” (2002, 2010, 2013) A côté de ces multiples récompenses, l’artiste s’est enfin vu remettre un Deadly Award en 2013 pour avoir contribué toute sa vie à faire entendre la voix des “générations volées”, ces enfants aborigènes enlevés de force par le gouvernement australien pendant près d’un siècle, à partir de 1869

--Musique--

Le 30 juillet, Archie Roach (66 ans).

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Nichelle Nichols, éternelle Nyota Uhura (© United Archives GmbH / Alamy) Plus qu’une figure de la scène aborigène, une figure de la musique australienne (© Adrian Cock)

Cinéma--

Le 31 juillet, Christophe Izard (85 ans).

“Il a accompagné et enchanté l’enfance de plusieurs générations Christophe Izard nous laisse orphelins d’un pays joyeux où c’était tous les jours le printemps”

Rima Abdul Malak, Twitter, 31 juillet 2022

Concepteur français de programmes pour la jeunesse, il a façonné l’enfance de générations entières

On doit en effet à Christophe Izard la création d’une pléiade d’émissions pour enfants, parmi lesquelles Les Visiteurs du mercredi (1975 - 1982), Le Village dans les nuages (1982 - 1985) et Salut les Mickey (1983 - 1984) sur TF1 ou encore Calin Matin (1988 - 1990) et Hanna- Barbera dingue dong (1990 - 1996) sur Antenne 2 Mais l’émission qui a le plus marqué les esprits est sans doute L’Île aux Enfants (1974 - 1982) C’est ainsi lui qui a créé le personnage de Casimir avec Yves Brunier Dans les années 1990, le producteur s’est ensuite consacré à la création de séries d’animation, à l’image de Albert le cinquième mousquetaire (1994), Robinson Sucroë (1995) ou encore Patrouille 03 (1998) En 1996, il a enfin été producteur exécutif et scénariste des Babalous

“Il s’agit de la personne la plus importante ayant jamais porté une tenue de basketball”

Mike Wilbon, GetUpESPN, 1er août 2022

En NBA, il y a eu un avant et un après Bill Russell Considéré comme l’un des meilleurs joueurs défensifs de l’histoire, et parfois même comme l’inventeur du contre, le “Père de la défense” a révolutionné le sport en écoeurant ses émules

Déjà auréolé d’une médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1956 avec la sélection états-unienne, le basketteur a marché sur l’eau avec les Celtics de Boston, franchise pour laquelle il a joué de 1956 à 1969 et endossé la casquette de joueur-entraîneur de 1966 à 1969 Au total, le joueur a été champion NBA à onze reprises (1957, 1959, 1960, 1961, 1962, 1963, 1964, 1965, 1966, 1968, 1969) Ce palmarès aberrant a ainsi fait de Bill Russell le joueur de sport collectif le plus titré de l’histoire aux Etats-Unis Jouant un rôle central dans l’obtention de ces titres, le pivot a même été élu MVP de la saison NBA par cinq fois (1958, 1961, 1962, 1963, 1965) Jusqu’en 2023, seul Kareem Abdul-Jabbar a fait mieux et seul Michael Jordan est parvenu à l’égaler En outre, Bill Russell a bien sûr été invité à douze NBA All-Star Games d’affilée entre 1958 et 1969, remportant même le titre de MVP de l’édition 1963 S’il était loin d’être ridicule en attaque, avec 5 saisons sur 13 avec plus de 15 points de moyenne, c’est bien grâce à ses qualités de défenseur que le pivot est entré dans la postérité Révolutionnant cet art, Bill Russell a terminé à cinq reprises meilleur rebondeur de la saison (1957, 1958, 1959, 1964, 1965) et demeure en 2022 le 2e meilleur rebondeur de l’histoire derrière son rival Wilt Chamberlain Cet apport considérable dans l’histoire du basketball a ainsi valu à Bill Russell de figurer dans l’équipe des 25 ans (1971), des 35 ans (1980) puis des 75 ans (2021) de la NBA ainsi que dans la liste des 50 plus grands joueurs de l’histoire de la NBA en 1996 Intronisé au Naismith Memorial Basketball Hall Of Fame en 2019, Bill Russell a enfin donné son nom au titre de MVP des finales NBA en 2009

--Sport--

Le 31 juillet, Bill Russell (88 ans).

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Le créateur de Casimir (© Jean-Claude Colin / Bestimage) Bill Russell, éternel n°6 des Celtics de Boston (© Sports Illustrated)

Sport--

Le 1er août, John Hughes (79 ans).

“[John Hughes] a offert une contribution notable dans l’âge d’or du [Celtic FC] et s’est établi lui-même comme l’un des grands hommes ayant porté la tunique aux bandes vertes et blanches”

Celtic Football Club, Communiqué, 1er août 2022

Attaquant écossais, John Hughes est une véritable légende du Celtic FC, club avec lequel il a joué 435 matchs et inscrit 197 buts entre 1960 et 1971, ce qui fait de lui le 7e meilleur buteur de l’histoire des Bhoys en 2022 Avec ce club, John Hughes a remporté la Coupe d’Europe des clubs champions en 1967, bien qu’il n’ait pas participé à la finale en raison d’une blessure C’était alors la première fois qu’un club britannique soulevait la Coupe aux grandes oreilles, et cela reste l’unique exemple d’une Coupe des clubs champions remportée par une formation écossaise Participant en revanche à la finale de l’édition 1970, John Hughes a ainsi vu son équipe s’incliner 1 - 2 contre le Feyenoord Rotterdam

En parallèle, l’attaquant a rencontré un succès notable sur ses terres, en remportant six championnats nationaux (1966, 1967, 1968, 1969, 1970, 1971), quatre Coupes d’Ecosse (1965, 1967, 1969, 1971) et cinq Coupes de la Ligue écossaise (1966, 1967, 1968, 1969, 1970)

Tentant ensuite l’aventure anglaise, l’attaquant a joué 20 matchs et inscrit 4 buts pour Crystal Palace entre 1971 et 1973

International écossais, John Hughes a enfin pris part à huit rencontres avec son équipe nationale entre 1965 et 1969, pour un petit but inscrit contre l’Angleterre

“Vin était un homme extraordinaire dont le don pour couvrir les matchs a empli de joie des générations entières de fans des Dodgers En outre, sa voix a joué un rôle mémorable dans nombre des plus grands événements de l’histoire [du baseball] Je suis fier que Vin soit un synonyme de baseball car il incarnait le meilleur de notre hobby national S’il s’agissait d’un grand commentateur, il s’agissait aussi d’une grande personne”

Rob Manfred, commissionnaire de la MLB, 2 août 2022

De 1950 à 2016, il a non seulement été l’un des commentateurs attitrés de la franchise des Dodgers, mais il est aussi et surtout apparu comme l’une des voix les plus respectées, tous sports confondus, des Etats-Unis Pour les fans des Dodgers, Vin Scully est une véritable légende Ce fameux commentateur, à la voix, au style reconnaissables entre mille, et aux répliques iconiques, a effectivement été élu “personnalité la plus mémorable” de l’histoire de la franchise en 1976 Mais l’appréciation est semblable pour les aficionados de sport en général Élu “commentateur sportif de l’année” par la National Sports Media Association en 1965, 1978, 1982 et 2016, Vin Scully a surtout été désigné “commentateur sportif du XXe siècle” en 2000 et “meilleur commentateur sportif de l’histoire” en 2009 par l'American Sportscasters Association Afin d’étayer cette pléiade de prestigieuses récompenses, on pourrait finalement ajouter que Vin Scully a été lauréat en 1982 du Prix Ford C Frick, un prix qui récompense les commentateurs sportifs spécialisés dans le baseball, et qu’il a été intronisé au National Radio Hall Of Fame en 1995

Sport--

Le 2 août, Vin Scully (94 ans).

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Un palmarès bien rempli avec le Celtic (© Popperfoto/Getty Images)
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Vin Scully dans les années 1950 (© Sporting News / Getty Images)

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Le 5 août, Clu Gulager (93 ans).

“Le charisme brut de [Clu] Gulager et son éducation dans le sud-ouest ont fait de lui un choix naturel pour les westerns ayant proliféré à la télévision dans les années 1950 - 1960” Daniel E Slotnik, New York Times, 7 août 2022

Il est apparu dans les années 1960 comme un visage familier de la télévision états-unienne Incarnant Billy the Kid, l’un des personnages principaux du feuilleton The Tall Man (1960 - 1962), il a également joué un rôle notable dans les saisons 3 à 6 (1964 - 1968) du Virginien Mais la carrière de Clu Gulager ne peut se résumer à ses apparitions mythiques à la télévision En effet, l’acteur s’est aussi fait remarquer sur le grand-écran Jouant l’un des rôles principaux du Retour des morts-vivants (1985) de Dan O’Bannon et de Blue Jay (2016) de Mark Duplass, il a en outre joué un rôle secondaire dans plusieurs films notables, parmi lesquels A bout portant (1964) de Don Siegel, La Dernière Séance (1971) de Peter Bogdanovich, Les Griffes de la Nuit 2 : La Revanche de Freddy (1985) de Jack Sholder ou encore Chasse sanglante (1986) de Robert C Hughes, un film qui lui a valu d’être nommé au Saturn Award du meilleur acteur dans un second rôle en 1987 Enfin, dans Once Upon a Time in Hollywood (2019) de Quentin Tarantino, on a pu le voir faire une apparition dans le rôle d’un libraire

“Connu pour ses livres sur les présidents Harry Truman et John Adams, l’historien américain fut l’un des plus lus des dernières décennies”

Corine Lesnes, Le Monde, 10 août 2022

Historien et biographe états-unien reconnaissable grâce à son style narratif, David McCullough a connu un succès considérable dans son pays Rencontrant d’abord une certaine acclamation avec son premier ouvrage, The Johnstown Flood (1968), il a ensuite collectionné les récompenses prestigieuses, remportant notamment le Francis Parkman Prize avec The Path Between the Seas : The Creation of the Panama Canal 1870-1914 (1977) ou encore un Los Angeles Times Book Prize dans la catégorie “biographie” avec Mornings on Horseback (1981)

Mais David McCullough est aussi et surtout réputé pour avoir remporté à deux reprises le Prix Pulitzer de la biographie ou de l’autobiographie, en 1993 et 2002, avec Truman puis John Adams Selon Corine Lesnes du Monde, le premier ouvrage est resté “la tête de liste des best-sellers du New York Times pendant quarante-trois semaines” Le second, pour sa part, s’est “vendu à plus de 3 millions d’exemplaires”

Connaissant manifestement un certain succès avec les biographies de chefs d’Etat, l’historien a également écrit un ouvrage consacré à Theodore Roosevelt : Mornings on Horseback (1981), que l’on a précédemment cité Ne se cantonnant toutefois pas au format papier, David McCullough est également connu pour avoir été le présentateur ou le narrateur de plusieurs documentaires, parmi lesquels le film The Statue of Liberty (1985) de Ken Burns ou la série The Civil War (1990) Il a en outre été le narrateur du film Pur Sang, la légende de Seabiscuit (2003) de Gary Ross

--Historiographie--

Le 7 août, David McCullough (89 ans).

--Cinéma
Clu Gulager dans The Tall Man (© NBC / Photofest) David McCullough en 1981 (© Alison Shaw)

Cinéma--

Le 7 août, Roger E. Mosley (83 ans).

“Nous ne pouvons pas pleurer un homme aussi incroyable” Ch-a Mosley, Facebook, 7 août 2022

Acteur états-unien, Roger E Mosley est principalement connu pour avoir incarné le personnage de Theodore “Terry” Calvin dans la série Magnum (1980 - 1988) A la télévision, on l’a aussi vu jouer l’un des rôles principaux de la sitcom Rude Awakening (1998 - 2001)

Ayant aussi connu une belle carrière au cinéma, l’acteur a joué le bluesman Leadbelly dans le film éponyme (1976) de Gordon Parks, et joué un rôle secondaire dans Un silencieux au bout du canon (1974) de John Sturges et Obsession fatale (1992) de Jonathan Kaplan

“Il avait l’essence de la musique en lui” Eddie Holland, août 2022 (source : Detroit Free Press)

Le prolifique trio qu’il formait avec Brian et Eddie Holland a fait les beaux jours de la Motown dans les années 1960 Auteur, compositeur et producteur états-unien, Lamont Dozier a effectivement coécrit une pléiade de hits pour ce fameux label Plus que cela, ce tiercé gagnant a donné une carrière à quelques groupes de la Motown en écrivant la plupart de leurs grands succès Pour Martha Reeves & The Vandellas par exemple, les trois hommes ont écrit et composé “(Love is Like a) Heat Wave” (1963), “Nowhere to Run” (1965) ou encore “Jimmy Mack” (1967), trois titres qui se sont hissés dans le top 10 du Billboard Hot 100 Avec The Supremes, le trio a connu la consécration en signant “Where Did Our Love Go” (1964), “Baby Love” (1964), “Stop! In the Name of Love” (1965), “You Can’t Hurry Love” (1966) et “You Keep Me Hangin’ On” (1966), cinq titres qui ont atteint la 1ère place des charts états-uniens Citons en outre leur travail pour The Four Tops, notamment sur les titres “I Can’t Help Myself (Sugar Pie, Honey Bunch)” (1965) et “Reach Out I’ll Be There” (1966), et leur travail pour les Isley Brothers, notamment sur “This Old Heart of Mine (Is Weak for You)” (1966)

Quittant la Motown en 1968, Lamont Dozier a par la suite tenté une carrière solo avec l’album Out Here on My Own (1973) Dans cet opus, on retrouve “Trying to Hold on to My Woman”, un titre qui a atteint la 87e place du Billboard Year-End Top Singles de l’année 1974 A côté, il a écrit en 1977 le titre “Going Back to My Roots”, dont les reprises proposées par Ritchie Havens et Odyssey ont connu un certain succès, et que Claude François a transformé pour créer “Alexandrie Alexandra” (1977)

Toujours très inspiré les années suivantes, Lamont Dozier s’est à nouveau fait remarquer à la fin des années 1980 en travaillant avec Phil Collins sur la bande originale du film Buster (1988) de David Green De leur collaboration sont nés deux tubes : “Loco in Acapulco’, interprété par les Four Tops (7e du UK Singles Chart) et “Two Hearts”, interprété par Phil Collins Terminant 20e du Billboard Year-End de 1989, le second titre leur a valu de gagner la même année le Grammy Award de la meilleure chanson spécifiquement écrite pour le cinéma ou la télévision ainsi que le Golden Globe de la meilleure chanson originale Sans surprise, Lamont Dozier a ainsi été intronisé au Songwriters Hall of Fame en 1988 ainsi qu’au Rock and Roll Hall Of Fame en 1990 avec Brian et Eddie Holland

--Musique--

Le 8 août, Lamont Dozier (81 ans).

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Roger E Mosley et Tom Selleck (© CBS / Photo Archive / CBS) Lamont Dozier, l’une des grandes figures de la Motown (© Bob Berg / Getty Images)

--Musique--

Le 8 août, Olivia Newton-John (74 ans).

“Tu as rendu nos vies tellement meilleures”

John Travolta, Instagram, août 2022

Du milieu des années 1970 à celui des années 1980, ses singles n’ont cessé d’envahir les premières places du Billboard Hot 100 Mais plus qu’une machine à tubes, elle fut en fait une icône de la pop-culture de cette époque Olivia Newton-John s’est d’abord imposée comme une star de la musique country à partir de 1974 Lauréate de la catégorie “enregistrement de l’année” aux Grammy Awards 1975 avec le titre “I Honestly Love You”, l’artiste a en parallèle réussi à enchaîner les tubes à un rythme plutôt soutenu Entre février 1974 et août 1975, elle a ainsi fait entrer cinq de ses singles dans le top 6 du Billboard Hot 100, avec même deux n°1 : “I Honestly Love You” (1974) et “Have You Never Been Mellow” (1975)

Mais si Olivia Newton-John était déjà un phénomène, elle s’est transformée en véritable star internationale avec la comédie musicale Grease (1978) Faisant 5,7 millions d’entrées rien qu’en France, ce film culte lui a permis de remporter les catégories “meilleure actrice” et “meilleure musique féminine” aux People’s Choice Awards et de se voir nommée au Golden Globe de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie Forte d’un succès sans précédents, la bande originale a aussi permis à trois des chansons interprétées par Olivia Newton-John de se voir classées dans le Billboard Year-End Hot 100 de 1978 : “You’re the One I Want” (13e), “Hopelessly Devoted to You” (35e) et “Summer Nights” (69e) Grâce aux deux derniers titres cités, la chanteuse est même devenue la 2e artiste féminine de l’histoire à voir deux de ses hits figurer au même moment dans le top 5 du Billboard Hot 100 S’éloignant grâce au film de l’image de fille rangée qui lui collait jusqu’alors à la peau, Olivia Newton-John s’est dès lors muée en “ambassadrice de l’hédonisme”, comme le note Alexis Duval pour Le Monde Plaçant son album Totally Hot (1978) à la 7e place du Billboard 200, elle a enchaîné avec une nouvelle comédie musicale, Xanadu (1980) de Robert Greenwald Si le film a reçu un accueil mitigé, il lui a quand même permis de rentrer deux nouveaux singles dans les premières places du Billboard Hot 100 : “Xanadu” (8e) et “Magic” (1er)

Représentant bien la nouvelle image qu’elle se créait, Olivia Newton-John a ensuite enregistré ce qui est devenu son plus grand hit : “Physical” (1981) Lauréate du Grammy Award du meilleur clip-vidéo en 1983, la chanson a été classée plus grande chanson des années 1980 par le Billboard en 2004

Par la suite, Olivia Newton-John a continué de sortir des petits succès, comme “Twist Of Fate” (5e du Billboard Hot 100 en 1983), mais moins notables et plus rares

Écrivain britannique, Nicholas Evans est connu pour être l’auteur de L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1995), un best-seller qui s’est vendu à plus de 15 millions d’exemplaires selon l’AFP et qui s’est vu adapté au cinéma par Robert Redford en 1998 Par la suite, l’auteur britannique a également écrit Le Cercle des loups (1998) et Les Blessures (2010)

Olivia Newton-John au Concours Eurovision de la Chanson en 1974 (© BBC / Rex Features) “Nicholas Evans était un magistral conteur” Charlie King, DG de Brown Book Group, 2022
--Littérature-Le 9 août, Nicholas Evans (72 ans).
Nicholas Evans (© BELGA)

Littérature--

Le 9 août, Raymond Briggs (88 ans).

“Raymond était unique Il a inspiré des générations entières d’auteurs de livres d’images, de romans graphiques et d'œuvres d’animation Il laisse un héritage extraordinaire, et un grand vide ”

Francesca Dow, Directrice générale de Penguin Random House Children’s, août 2022

Auteur et illustrateur d’albums de nationalité britannique, Raymond Briggs est principalement connu pour avoir écrit Le Bonhomme de Neige (1978), un album culte qui a été adapté en court-métrage d’animation par Dianne Jackson en 1982

Mais cet auteur, qui a remporté à deux reprises la médaille Kate-Greenaway, un prix qui récompense le meilleur illustrateur britannique de livres pour enfants, avec Mother Goose Treasury en 1966 et avec Father Christmas en 1973, Raymond Briggs est également connu pour être l’auteur de l’album Fungus the Bogeyman (1977), de la bande dessinée Quand souffle le vent (1982) qui a été adapté en long-métrage d’animation par Jimmy T. Murakami en 1986, et du roman graphique Ethel & Ernest (1998), qui lui a valu de remporter le prix du “meilleur ouvrage illustré” lors des British Book Awards de 1999

“Notre “Petit Génie” est parti, l’un des plus grands et l’un des éternels symboles du club Je veillerai à ce que la mémoire de Fernando Chalana soit éternellement présente chez tous les Benfiquistas”

Rui Costa, BenficaTV, 10 août 2022 (source : Le Parisien)

Milieu de terrain portugais reconnu pour sa technique, Fernando Chalana est une véritable légende du Benfica Lisbonne, club pour lequel il a évolué de 1976 à 1984 puis de 1987 à 1990, pour un total de 269 matchs joués et 43 buts inscrits Avec les Aguias, le joueur s’est constitué un palmarès solide en remportant le championnat du Portugal en 1976, 1977, 1981, 1983, 1984 et 1989 ainsi que la Coupe nationale en 1980, 1981 et 1983 Faisant une escale en France, de 1984 à 1987, chez les Girondins de Bordeaux, mais n’entrant en jeu qu’à une petite vingtaine de reprises, Fernando Chalana a tout de même trouvé le temps d’inscrire son nom dans l’histoire du club aquitain Les supporters des Girondins se souviennent en effet qu’il est l’auteur du tir-au-but qui a qualifié le club pour la demi-finale de la Coupe des Clubs champions européens en 1985, aux dépens du Dniepr Dniepropetrovsk, et qu’il faisait partie de l’effectif qui a remporté le championnat de France la même année Mais individuellement, ces trois piges se sont révélées assez frustrantes pour le joueur. En effet, le Petit Génie n’est jamais vraiment parvenu à embraser la Belle Endormie alors même qu’il apparaissait comme une signature exceptionnelle en 1984

Il faut dire que le milieu de terrain a fait tourner les têtes lors de l’été précédant son arrivée à Bordeaux Atteignant le dernier carré de l’Euro 1984 avec son équipe nationale, le joueur portugais est en effet parvenu à figurer dans l’équipe-type de ce tournoi aux côtés d’Alain Giresse, Jean Tigana ou encore de Michel Platini Apparaissant comme un grand nom du football portugais des années 1980, Chalana a au total honoré 27 sélections et inscrit 2 buts pour la Seleção entre 1976 et 1988

--Sport--

Le 10 août, Fernando Chalana (63 ans).

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Raymond Briggs (© Daily Mirror) Fernando Chalana avec le maillot des Girondins (© Sud Ouest)

Cinéma--

Le 11 août, Anne Heche (53 ans).

“Une actrice merveilleuse, j’ai énormément aimé travailler avec elle”

Robert De Niro, Communiqué, août 2022

Elle était connue pour avoir joué un rôle clé dans quelques films notables des trente dernières années

Ne perdant pas son temps, Anne Heche a connu le succès dès ses premiers pas à la télévision, avec le soap-opera Another World, dans lequel elle a joué le rôle de Vicky Hudson puis celui de Marley Love entre 1987 et 1991 Ces apparitions, remarquées, lui ont permis de remporter le Daytime Emmy Award de la meilleure jeune actrice dans une série dramatique en 1991

“Le jazz, la tendre ironie, la délicatesse de l’intelligence Du Petit Nicolas, en passant par Monsieur Lambert jusqu’aux promeneurs de Saint-Germain-des-Prés, Jean-Jacques Sempé avait l’élégance de toujours rester léger sans que rien ne lui échappe”

Emmanuel Macron, Twitter, 12 août 2022

Les illustrations du Petit Nicolas (1956 - 1965), c’était lui Dessinateur français, Jean-Jacques Sempé est entré dans le panthéon de la littérature pour enfants en offrant ses coups de crayons à cette œuvre mythique scénarisée par René Goscinny

Particulièrement prolifique, Jean-Jacques Sempé a aussi écrit de nombreux albums pour les éditions Denoël, tels Tout se complique (1963), L’Ascension sociale de Monsieur Lambert (1975), Vaguement compétitif (1985) ou encore Sentiments distingués (2007) Le dessinateur a en outre travaillé pour plusieurs journaux et magazines de renom à l’image de L’Express, Le Figaro, Télérama, Paris Match ou encore The New Yorker, un hebdomadaire états-unien pour lequel il a eu l’honneur de signer quelques couvertures Fort d’une carrière prolifique, prestigieuse et remarquée, Sempé a ainsi remporté le Prix Alphonse-Allais en 2003 et le Prix e o plauen en 2008

Par la suite, l’actrice états-unienne a réussi à se faire un nom dans le monde du cinéma en incarnant le rôle principal de Wild Side (1995) de Donald Cammell Elle a connu dans la foulée le pic de sa carrière en incarnant la femme de Joseph D. Pistone (Johnny Depp) dans le film de mafieux Donnie Brasco (1997) de Mike Newell, mais aussi en donnant la réplique à Robert De Niro et Dustin Hoffman dans Des hommes d’influence (1997) de Barry Levinson, une comédie qui lui a valu de remporter le NBR Award de la meilleure actrice dans un second rôle en 1997, ou encore en jouant le rôle de Marion Crane dans Psycho (1998) de Gus Van Sant, un film qui lui a cette fois-ci valu d’être nommée au Saturn Award de la meilleure actrice dans un second rôle en 1999 Plus discrète au XXIe siècle, l’actrice a tout de même joué un rôle secondaire dans les films Souviens-toi l’été dernier (1997) de Jim Gillespie, Prozac Nation (2001) d’Erik Skjoldbjaerg, John Q (2002) de Nick Cassavetes ainsi que le rôle principal de la série télévisée Men in Trees : Leçons de séduction (2006 - 2008) Plus récemment, l’actrice a interprété la mère d’un célèbre tueur en série dans My Friend Dahmer (2017) et l’un des personnages centraux de The Vanished (2020) de Peter Facinelli

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Littérature-Le 11 août, Jean-Jacques Sempé (89 ans). Les dessins iconiques du
Petit Nicolas, c’était lui (© Jean-François Grousset / Sud Ouest)

Cinéma--

Le 12 août, Wolfgang Petersen (81 ans).

“Un leader naturel grâce à ses encouragements positifs ; un canal spirituel pour nous, oserais-je dire, qui créait de véritables histoires pour nous pousser dans les hauteurs et les profondeurs Littéralement, le simple fait d’être près de lui faisait de moi une meilleure actrice”

Diane Lane, pour Deadline, août 2022

Figure du Nouveau cinéma allemand, il fut aussi l'auteur de plusieurs productions majeures du cinéma états-unien Réalisateur allemand, Wolfgang Petersen s'est d’abord fait un nom dans son pays avec le thriller Einer von uns beiden (1974) et le drame La Conséquence (1977), deux films qui sont devenus des oeuvres majeures du Nouveau cinéma allemand, un courant influencé par la Nouvelle Vague française et caractérisé par des oeuvres à petit budget C’est ensuite au début des années 1980 que sa carrière a pris un tournant décisif Connaissant un grand succès en Allemagne, en gagnant notamment le Deutscher Filmpreis du meilleur film en 1982, son film de guerre Das Boot (1981) a fait parler de lui chez les voisins européens Dans les colonnes du Monde, Jean de Baroncelli a ainsi loué “le talent et l’opiniâtreté du réalisateur” Mais Das Boot a également traversé l’Atlantique, et a ainsi été nommé aux Oscars en 1983, dans les catégories “meilleur réalisateur” et “meilleure adaptation”

Fort dès lors d’un nouveau statut, le réalisateur a confirmé en 1984 avec L’Histoire sans fin, une œuvre culte nommée au Saturn Award du meilleur film fantastique en 1985 Et l’année suivante, il a enchaîné avec Enemy, une production à son tour nommée aux Saturn Awards, cette fois-ci dans la catégorie “meilleur film de science-fiction” Mais alors qu’il n’avait dirigé que peu de vedettes hollywoodiennes jusque-là, le réalisateur s’est distingué dans les années 1990 par ses superproductions mettant en scène nombre de fameux acteurs Dans le thriller Dans la ligne de mire (1993), il a ainsi dirigé Clint Eastwood, John Malkovich et Rene Russo, une actrice que l’on a ensuite retrouvée dans Alerte ! (1995), cette fois aux côtés de Dustin Hoffman, Morgan Freeman, Kevin Spacey et Donald Sutherland Rencontrant un certain succès avec ce film catastrophe, Wolfgang Petersen a repris la formule avec En pleine tempête (2000), un film mettant en scène Diane Lane, Georges Clooney et Mark Wahlberg Apparaissant dès lors comme un réalisateur plus que confirmé, Wolfgang Petersen a connu un dernier succès planétaire avec Troie (2004), un péplum qui a fait 2,7 millions d’entrées en France

“Tout au long de sa carrière d’écrivain, Joseph Delaney a créé des univers fantastiques fascinants, des monstres terrifiants et des héros mémorables En vingt ans, sa série culte [ ] a passionné plusieurs générations et des millions de lecteurs à travers le monde”

Éditions Bayard, communiqué, août 2022

Auteur britannique spécialisé dans le dark fantasy, Joseph Delaney est connu pour être l’auteur de L'Épouvanteur (2004 - 2022), une célèbre saga longue de 16 tomes Fort d’un grand succès, la série de livres s’est vendu à plus de 4,5 millions d’exemplaires et a été adaptée au cinéma par Sergueï Bodrov en 2014, avec Jeff Bridges et Julianne Moore dans le casting, mais sans succès cette fois

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Wolfgang Petersen, une figure du Nouveau cinéma allemand mais aussi d’Hollywood (© Columbia Pictures / Photofest)
--Littérature-Le 16 août, Joseph Delaney (77 ans). La saga de L’Epouvanteur, c’était lui (© Bayard Jeunesse, DR)

Littérature--

Le 18 août, Tom Palmer (81 ans).

“En plus d’être l’un des meilleurs encreurs à avoir travaillé dans l’industrie des comics, il était l’un des encreurs les plus prolifiques de l’histoire de Marvel [ ] Ses travaux se distinguent par leurs lignes puissantes et dynamiques qui embellissent les images dessinées au crayon avec une clarté saisissante”

Marvel, communiqué, 29 août 2022

Dessinateur mais aussi et surtout encreur états-unien, Tom Palmer est connu pour les nombreux et prolifiques services qu’il a rendus à Marvel Comics Travaillant sur les numéros #8 à #18, #36 à #45 et #172 à #183 de Doctor Strange entre 1975 et 1981 ainsi que sur les épisodes #75 à #96, #257 à #262 et #291 à #299 de The Avengers entre 1985 et 1996, l’encreur a également œuvré sur l’intégralité des 70 numéros de The Tomb of Dracula (1973 - 1979) et des 22 de X-Men: The Hidden Years (1999 - 2001)

Ces différentes contributions lui ont ainsi valu de gagner un certain nombre de prix Lauréat du Alley Award du meilleur encreur en 1969 ou du Goethe Awards de l’encreur préféré en 1975, Tom Palmer a aussi figuré à la 3e place d’une liste des plus grands encreurs de l’histoire des comics états-uniens établie par Atlas Comics

“Pendant plus de 60 ans, Creed Taylor a élargi les horizons du jazz [ ] Un homme d’une ingéniosité remarquable quand il s’agissait de trouver une musique nouvelle et spéciale qui resterait ensuite gravée dans la mémoire du public” impulse! records, Twitter, 23 août 2022

L’un des plus grands producteurs de jazz de l’histoire C’est à partir de 1960 que Creed Taylor s’est fait un nom, en tant que fondateur d’Impulse! Records S’il n’est resté qu’une année à la tête de ce label, il a tout de même trouvé le temps de signer quelques monuments du jazz, à l’image du trompettiste John Coltrane, et de produire quelques disques mythiques de ce genre En l’espace d’une année, il en ainsi produit Out of the Cool (1961) du Gil Evans Orchestra, Genius + Soul = Jazz (1961) de Ray Charles ou encore The Blues and the Abstract Truth (1961) d’Oliver Nelson, trois opus qui ont connu un grand succès critique C’est fort de ces premiers succès que Creed Taylor s’est installé chez Verve Records A la tête du label à partir de 1961, il a alors joué un rôle décisif dans la popularisation en Occident de la bossa nova, un genre originaire de Rio de Janeiro Il a en effet produit les albums Jazz Samba (1962) de Stan Getz et Charlie Byrd, mais aussi et surtout Getz/Gilberto (1964) de Stan Getz et João Gilberto Ce second album a été un véritable carton Alors que le projet en lui-même a remporté le Grammy Award du meilleur album en 1965, le tube “The Girl from Ipanema” qui en est issu s’est pour sa part adjugé le Grammy Award du meilleur enregistrement Entré dans la postérité, l’album a même été classé “447e plus grand album de tous les temps” par le Rolling Stone en 2012 Creed Taylor a finalement quitté le label en 1967 pour en fonder un autre : CTI Records Avec celui-ci, il a connu de nouveaux succès en produisant notamment l’album A Day in the Life (1967) de Wes Montgomery et quelques disques de George Benson ou de Paul Desmond

--Musique--

Le 23 août, Creed

Taylor

(93 ans).

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L’un des encreurs mythiques de Marvel Comics (© Getty Images) Creed Taylor, un producteur de jazz mythique (© Folha Ilustrada)

Le 24 août, Len Dawson (87 ans).

"Len Dawson est synonyme des Kansas City Chiefs [ ] Vous aurez du mal à trouver un joueur qui a eu un impact plus important dans le façonnement de l'organisation telle qu'on la connaît aujourd'hui"

Clark Hunt, président des Kaiser City Chiefs, 2022

Légende des Kansas City Chiefs, franchise pour laquelle il a joué de 1962 à 1975, Len Dawson fut assurément l’un des plus grands joueurs de l’histoire de l’American Football League, une association d’équipes qui constituait entre 1960 et 1969 l’une des deux ligues majeures du football américain avec la National Football League, qui a fini par l’absorber

Il faut dire que les statistiques du quarterback l’ont placé au-dessus de la mêlée en AFL Terminant à quatre reprises premier joueur de la saison au nombre de touchdowns à la passe (1962, 1963, 1966, 1967), à sept reprises meilleur joueur de la saison au niveau du pourcentage de passes complétées (1962, 1964, 1965, 1966, 1967, 1968, 1969) ou encore à six reprises leader du classement annuel des passeurs de l’AFL (1962, 1964, 1965, 1966, 1967, 1968), le joueur a tout simplement régné sans partage dans une ligue qui n’a, on le rappelle, existé que le temps de dix saisons Len Dawson a ainsi, sans surprises, participé à six reprises au AFL All-Star Game (1962, 1964, 1966, 1967, 1968, 1969) Il a même été élu MVP de l’American Football League en 1962 Mais lorsque l’AFL a disparu, Len Dawson a continué de se présenter comme l’un des quarterbacks majeurs du pays

On l’a ainsi vu participer au Pro Bowl en 1971 et terminer en 1975 meilleur joueur de la saison de NFL au niveau du pourcentage de passes complétées

Or, aussi saisissantes soient-elles, ces performances individuelles n’auraient pas eu la même force si elles n’avaient pas servi à remporter des trophées notables En effet, Len Dawson a été l’un des hommes qui ont mené les Kansas City Chiefs sur le toît de l’AFL à trois reprises (1962, 1966, 1969) mais il a aussi et surtout été l’un des protagonistes de la victoire de la franchise lors du Super Bowl IV (1970), à l’issue duquel il a été élu MVP Véritable légende des Kansas City Chiefs, voire de l’histoire du football américain, Len Dawson a ainsi vu son numéro, le 16, être retiré par la franchise en 1987, et son nom être intronisé au Pro Football Hall Of Fame la même année

“Le plus extravagant de tous les fous apolitiques, radicaux et tordus qui se trouvent au Viêt Nam”

Michael Herr, Putain de mort, 1980

Photographe britannique, Tim Page est célèbre pour les clichés qu’il a pris lors de la guerre du Viêt Nam Classé “81e photographe le plus influent de tous les temps” par le Professional Photographer Magazine en 2012, il a notamment remporté le Prix George-Polk et le Prix Robert Capa Gold Medal en 1997 puis le Prix de la publication Infinity Award en 1998 avec l’ouvrage Requiem : par les photographes morts au Viêt-Nam et en Indochine Présenté comme le “photographe risque-tout du Vietnam” par Claire Guillot du Monde, il est aussi connu pour avoir inspiré le personnage du reporter joué par Dennis Hopper dans Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola.

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Sport--
Le n°16 historique des Kansas City Chiefs (© CBS Sports)
--Art-Le 24 août, Tim Page (78 ans).
Tim Page au Cambodge en 1991 Jeff Widener / AP)

--Musique--

Le 25 août, Joey DeFrancesco (51 ans).

“En plus d’être un organiste extraordinaire, c’était un excellent trompettiste, saxophoniste et chanteur” Claude Thibault, Sorties Jazz nights, 31 août 2022

Organiste de jazz états-unien, Joey DeFrancesco s’est d’abord fait un nom en tant que sideman de Miles Davis à la fin des années 1980 Mais le musicien s’est lui-même fait remarquer avec ses propres albums, tels que Falling in Love Again (2004), Never Can Say Goodbye: The Music of Michael Jackson (2010) ou encore In the Key of the Universe (2019), qui ont tous les trois été nommés aux Grammy Awards, dans la catégorie “meilleur album de jazz contemporain” En 2018, il a enfin connu un certain succès avec l’album You’re Driving Me Crazy, qu’il a enregistré avec Van Morrison et qui a atteint la 20e place des charts britanniques

Son émergence ayant “marqué le début d’une renaissance musicale” dans les années 1980 selon Arnaud Quittelier de la RTBF, DeFrancesco est devenu une véritable figure du jazz contemporain C’est ainsi sans surprises qu’il s’est vu intronisé au Hammond Organ Hall of Fame en 2014

“Coureur endurant, dur au mal, bon sur tous les terrains” Belga, RTBF, 25 août 2022

Avec sa régularité et son palmarès aberrants, il fut l’un des plus grands coureurs cyclistes des années 1960 - 1970 Il faut dire que Herman Van Springel était très souvent au rendez-vous sur les classiques On parle quand même d’un homme qui a remporté Gand-Wevelgem en 1966, le Tour de Lombardie en 1968, Paris-Tours en 1969, le Grand Prix des Nations en 1969 et 1970, la Flèche brabançonne en 1970, le championnat de Belgique sur route en 1971 ou encore le Grand Prix E3 en 1974 Notons enfin qu’il a tant de fois remporté la course Bordeaux-Paris (1970, 1974, 1975, 1976, 1977, 1978, 1979, 1980, 1981) qu’il a pris le surnom de “Monsieur Bordeaux-Paris” ! Et quand on jette un œil à ses places d’honneur sur les classiques, on est d’autant plus saisi En effet, Van Springel a fini 3e de Milan-San Remo en 1966, 2e de Paris-Roubaix en 1968 et 1971, 2e du championnat du monde sur route en 1968, 3e de Liège-Bastogne-Liège en 1972 ou encore 2e du Tour de Lombardie en 1969 Définitivement complet, le cycliste belge a aussi marqué l’histoire de certaines courses par étapes Il faut déjà savoir qu’il a signé un podium sur chacun des trois Grands Tours 3e de la Vuelta en 1970 et 2e du Giro en 1971, il a aussi et surtout terminé 2e du Tour de France en 1968, s’inclinant alors pour 38 secondes La Grande Boucle l’a également vu terminer deux fois à la 6e place (1966, 1973) et lever les bras à cinq reprises entre 1967 et 1971 En parallèle, il s’est fait remarquer sur le Tour de Belgique, duquel il a terminé 2e en 1967, 1971, 1973 et 1979, et 3e en 1969, et dans lequel il a remporté quatre étapes Il a en outre fait parler de lui sur le Tour de Suisse, dont il a remporté deux étapes (1968, 1973) et duquel il a terminé 3e en 1968 Citons enfin sa 4e place sur Paris-Nice et les Quatre Jours de Dunkerque en 1969 ou encore sa 3e place au Critérium du Dauphiné Libéré en 1970 Très prolifique, Van Springel a ainsi gagné en 1968 le Super Prestige Pernod, un prix qui récompense le cycliste le plus régulier de l’année sur les plus grandes courses

Joey DeFrancesco (© Jazz da Gama)
--Sport-Le 25 août, Herman Van Springel (79 ans).
Herman Van Springel, vainqueur du Circuit Het Nieuwsblad en 1968 (© Collectie SPAARNESTAD PHOTO/ANP/Belga)

Le 27 août, Milutin Soskic (84 ans).

“Il s’agissait d’un élément essentiel de cette puissante équipe du Partizan dans les années 1960”

Bojan Babic, Twitter, 27 août 2022

Certes, son palmarès est très honorable Mais il aurait dû être bien plus prestigieux, puisque ce joueur est passé très près de soulever la Coupe aux Grandes Oreilles, la Coupe Jules Rimet et la Coupe Henri-Delaunay Gardien de but yougoslave, Milutin Soskic a joué 193 matchs pour le Partizan Belgrade entre 1955 et 1966 Avec ce club, il a remporté plusieurs compétitions, telles que le Championnat de Yougoslavie en 1961, 1962, 1963 et 1965 et la Coupe nationale en 1957 Titulaire lors de la finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions 1966, opposant le club serbe au Real Madrid de Francisco Gento et Ferenc Puskas, il a toutefois vu son club s’incliner 1 - 2 alors qu’il menait au score jusqu’à la 70e minute Avec le FC Cologne, club pour lequel il a joué dans la foulée, de 1966 à 1971 (79 matchs), le portier a également connu un certain succès A trois reprises finaliste de la Coupe d’Allemagne (1968, 1970, 1971), il n’a toutefois soulevé ce trophée qu’en 1968 Mais c’est aussi et surtout avec la sélection yougoslave, pour laquelle il a joué 50 matchs entre 1959 et 1966, que Milutin Soskic s’est illustré Remportant la médaille d’or aux Jeux Olympiques de 1960, il a également atteint la finale de l’Euro 1960 avec son pays S’il n’a pas participé à cette rencontre, perdue 2 - 1 contre l’Union Soviétique de Lev Yashin, il a en revanche participé à l’historique demifinale remportée 5 - 4 contre l’équipe de France On notera également la 4e place de sa sélection lors du Mondial 1962

Bruiteur et marionnettiste québécois, il a marqué l’enfance l’enfance de milliers de jeunes Canadiens des années 1970 grâce à ses différentes marionnettes

Roger Giguère est en effet célèbre pour avoir créé la marionnette Midas, qu’il a utilisé dans les émissions pour enfants La Cabane à Midas (1967 - 1970) et Chef le prof. Pierre (1970 - 1972) Mais il est également connu pour avoir interprété plusieurs personnages des séries de marionnettes Patofville (1973 - 1976) ou Patof Raconte (1975 - 1976)

A l’occasion de Patof Voyage (1976 - 1977), il a justement créé Monsieur Tranquille, une marionnette qui a ensuite eu le droit à ses propres séries, Monsieur Tranquille (19771978) et Le Monde de Monsieur Tranquille (1978 - 1979), ainsi qu’à son propre album de chansons, Monsieur Tranquille - Faut pas m’chercher (1977), qui est parvenu à dépasser les 50 000 copies écoulées

On pourra encore citer, parmi ses faits d’armes dans le monde du divertissement pour enfants, son travail de bruiteur sur Le zoo du capitaine Bonhomme (1963 - 1968) et Le Cirque du Capitaine (1970 - 1973)

Mais Roger Giguère s’est aussi par moments adressé à un public adulte Il s’est notamment fait remarquer en 1993 en incarnant l’un des personnages principaux de la série Au nom du père et du fils

--Sport
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Milutin Soskic, vainqueur de la Coupe d’Allemagne en 1968 avec le FC Cologne (© FC Köln)
“Un bruiteur et un comédien hors-pair On a énormément ri ensemble”
Pierre Laurendeau, Facebook, août 2022
--Télévision-Le 28 août, Roger Giguère (77 ans).
Roger Giguère et l’une de ses créations, Monsieur Tranquille (© TVA)

“Un athlète exemplaire, puis un entraîneur parfait” Octavian Morariu, Twitter, 30 août 2022

Gheorghe Berceanu

Le 30 août,

(72 ans).

Gheorghe Berceanu champion du monde des -48kg en 1969

“Pur produit du système communiste, Mikhaïl Gorbatchev n’imaginait sans doute pas qu’il changerait la face du monde en devenant le fossoyeur involontaire de l’URSS,” Geo, 31 août 2022

A lui seul, il est apparu comme un grand symbole de la fin de la Guerre Froide et de la chute de l’URSS Mais l’Etat traversait déjà une sérieuse crise économique et politique lorsque Mikhaïl Gorbatchev a pris les rênes du Bloc Soviétique en 1985, en tant que secrétaire général du Comité central du Parti Communiste C’est alors qu’il a mis en place une politique ambitieuse ayant pour objectif de relancer le pays La perestroïka (“reconstruction”) a ainsi été caractérisée par des réformes économiques et sociales notables L’Etat s’est notamment libéralisé et ouvert démocratiquement Par exemple, les Soviétiques pouvaient désormais être auto-entrepreneurs En outre, le chef d'État n’était plus président du Soviet suprême de l’Union sovétique mais président de l’URSS Ainsi, Gorbatchev a été président de mars 1990 à décembre 1991 après avoir été président du Soviet suprême de l’URSS d’octobre 1988 à mars 1990 Pour sa part, la politique de la glasnost (“transparence”) a été caractérisée par une certaine limpidité politique et par une liberté d’expression et d'information plus importante Mais la politique menée par Gorbatchev a également été marquée par une certaine diplomatie de la détente avec les Etats-Unis, symbolisée par le sommet de Genève (1985) Les deux grands blocs ont ainsi calmé leur course aux armements en amenuisant notamment leurs arsenaux nucléaires de manière drastique Le chef d’Etat soviétique a alors publiquement exprimé le souhait de sortir de la Guerre Froide, dont il a alors reconnu l’existence, et même celui de voir le mur de Berlin s’effondrer Toutefois, ces profondes transformations ne lui ont pas permis de redresser la barre A l’inverse, elles ont précipité la dislocation de l’URSS Ainsi, Gorbatchev a démissionné dès le 25 décembre 1991, après la signature de l’accord de Minsk (8 décembre) et celle des accords d’Alma-Ata (21 décembre) qui ont scellé la chute du bloc soviétique Ainsi perçu comme un fossoyeur de l’URSS, Gorbatchev est sans surprise devenu un “mal-aimé de l’URSS” comme le dit bien Elodie Drouard de France Info Devenu assez impopulaire, il n’a fait que 0,5% des voix lors de l’élection présidentielle russe de 1996 A l’inverse, sa politique a été grandement appréciée en Occident puisqu’il est apparu comme l’homme ayant plus ou moins restauré la paix et mis un terme à la dangereuse Guerre Froide Élu “homme de l’année” en 1987 puis “homme de la décennie” en 1989 par Time Magazine, il a même reçu le Prix Nobel de la Paix en 1990

Lutteur roumain, Gheorghe Berceanu s’est imposé comme l’une des pointures de la catégorie des -48 kg dans les années 1970

L’athlète a remporté l’or aux Jeux Olympiques de 1972, aux Championnats du monde de 1969 et 1970 ainsi qu’aux Championnats d’Europe de 1970, 1972 et 1973 Il a aussi pris l’argent aux Jeux Olympiques de 1976

--Sport
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--Politique-Le 30 août, Mikhaïl Gorbatchev (91 ans).
Mikhaïl Gorbatchev (© Yuryi Abramochkin / Ria Novosti Archive)

Littérature--

Le 31 août, Normand Chaurette

(68 ans).

“C’est un gars extrêmement important dans la dramaturgie québécoise et surtout un des spécialistes mondiaux de Shakespeare C’était une sorte de poète de la langue française”

Yves Desgagnés, 2022 (source : La Presse)

Auteur et dramaturge canadien, Normand Chaurette est apparu comme une grande figure du théâtre québécois de la fin du XXe et du début du XXIe siècle Lauréat du Grand Prix international de la fiction radiophonique Paul-Gilson en 1976 avec Rêve d’une nuit d’hôpital, il a surtout connu un grand succès, notamment au festival d’Avignon, avec Le Passage de l’Indiana (1996), pièce qui lui a valu de remporter la catégorie “théâtre de langue française” du Prix du Gouverneur général en 1996 Il a à nouveau été lauréat de cette catégorie en 2001 avec Le Petit Köchel et en 2011 avec Ce qui meurt en dernier Alors qu’il a signé de nombreuses mises en scènes tirées du répertoire shakespearien, l’auteur a également remporté la catégorie “essai” du Prix du Gouverneur général en 2012 avec Comment tuer Shakespeare Mais comme en témoigne l’exemple du Passage de l’Indiana, le succès de Normand Chaurette ne s’est pas du tout arrêté aux frontières du Canada Rencontrant aussi une certaine renommée en France, il a eu l’honneur de devenir le premier dramaturge canadien joué à la Comédie-Française avec Les Reines (1991)

“Quand on écrira l’histoire de la science d’ici quelques centaines d’années et qu’une forme de vie intelligente aura été détectée en dehors de la Terre, ce qui finira par arriver, j’en suis absolument convaincu, je crois que Frank aura sa place parmi les plus grands scientifiques à avoir vécu” Andrew Siemion (source : NationalGeographic)

Comme le rappelle bien Michael Greshko de National Geographic, cet astronome états-unien est apparu comme un véritable “pionnier de la recherche de vie intelligente dans la Voie Lactée” depuis le début des années 1960 Dès 1960, Frank Drake s’est fait un nom en lançant le Projet Ozma, qui se présentait alors comme la première tentative moderne de capture de signaux émis par une potentielle intelligence extraterrestre L’année suivante, il est entré dans la postérité en proposant l’équation de Drake, tentative d’estimation du nombre de civilisations extraterrestres susceptibles d’exister dans la Voie Lactée Devenu dès lors une figure notable de la Search for Extra-Terrestrial Intelligence (SETI), Frank Drake n’a plus seulement participé à la quête de signaux extraterrestres, mais il a également joué un rôle central dans l’envoi de messages terrestres dans les années 1970 C’est ainsi qu’aux côtés de Carl Sagan et de l’épouse de ce dernier, Linda Salzman Sagan, il a conçu la fameuse plaque de Pioneer, qui a été propulsée hors du système solaire à bord des sondes spatiales Pioneer 10 (1972) et 11 (1973) Ce trio a en outre participé à la constitution du Voyager Golden Record lancé sur les sondes Voyager 1 et 2 en 1977 En 1974, Drake a également écrit un message, cette fois-ci émis par ondes radio, qui a pris le nom tout simple de “ message d’Arecibo” puisqu’il a été lancé par l’intermédiaire du radiotélescope d’Arecibo

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Sciences--

Le 2 septembre, Frank Drake (92 ans).

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Normand Chaurette (© Chris Roussakis / QMI Agency) La tête dans les étoiles, dans l’attente d’un message extraterrestre (© Ramin Rahimian / Washington Post / Getty Images)

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Le 4 septembre, Peter Straub (79 ans).

“L’un des meilleurs auteurs qu’il m'ait été donné de lire” Neil Gaiman, Twitter, 6 septembre 2022

Il s’agissait, depuis les années 1970, de l’un des plus grands auteurs de romans d’horreur de sa génération Écrivain états-unien, Peter Straub a connu le succès à partir de 1975 avec Julia, un roman qui s’est vu adapté au cinéma par Richard Loncraine en 1977 Il a ensuite confirmé avec Ghost Story (1979), un roman qui a lui aussi été adapté au cinéma, cette fois-ci par John Irvin en 1981, avec Fred Astaire en vedette En lui-même, ce roman a été présenté par Stephen King comme l’une des meilleures oeuvres d’horreur du XXe siècle Mais ne se cantonnant pas à un respect mutuel profond, Peter Straub et le “Roi de l’horreur” sont allés jusqu’à écrire deux romans ensemble : Le Talisman (1984) et sa suite Territoires (2001) Mais en réalité, ce n’est même pas sa collaboration avec Stephen King qui a marqué l’apogée de la carrière de Peter Straub La consécration du romancier est en fait survenue dans les années 1990 - 2000 Cette période a en effet vu l’auteur collectionner une myriade de prix Mais s’il a déjà remporté le Prix World Fantasy du “meilleur roman” en 1989 avec Koko et celui du “meilleur roman court” en 1993 avec Le Village fantôme, ou encore le Prix British Fantasy du meilleur roman en 1984 avec Le Dragon flottant, c’est surtout avec le Prix Bram Stoker que Peter Straub s’est trouvé auréolé de succès A cinq reprises lauréat de la catégorie “meilleur roman” de ce prix (en 1993 avec La Gorge, en 1999 avec Mr X, en 2003 avec Les Enfants perdus, en 2004 avec Le Cabinet noir et en 2010 avec Messe noire), il a également remporté par deux fois la catégorie “meilleur recueil de nouvelles” (en 2000 avec Magie de la terreur et en 2007 avec Five Stories) et même une fois la catégorie “meilleure nouvelle longue” de ce Prix avec Mr. Club and Mr. Cuff en 1998

“Ses travaux et recherches constituent des instruments essentiels à la compréhension du monde actuel Ses œuvres demeurent et continueront de nous inspirer” Observatoire de l’intelligence économique français, Twitter, 6 septembre 2022

Politologue et médiologue français, François-Bernard Huyghe était le directeur historique de l’Observatoire stratégique de l’information (OSI) depuis 2010 Selon ce même think tank, Huyghe était un “spécialiste incontesté des questions liées à la désinformation” dont les “nombreuses études ont grandement contribué à structurer le champ de la recherche sur les phénomènes de manipulation de l’opinion” Fort d’une prolifique carrière, à cheval entre politologie et curiosité historique, il a été lauréat, avec sa femme Edith Huyghe, du prix Louis-Castex de l’Académie Française et du Prix des Intellectuels indépendants de l’Union des intellectuels indépendants en 1994 avec Les Empires du mirage, Hommes, dieux et mythes sur la route de la soie Mais François-Bernard Huyghe est également connu pour être l’auteur de La Soft-idéologie (1987), de L’Ennemi à l’ère numérique, Chaos, Information, Domination (2001), de Désinformation : les armes du faux (2016) ou encore de La bataille des mots (2022)

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Littérature
Peter Straub (© Reg Innell / Getty Images)
--Politique-Le 6 septembre, FrançoisBernard Huyghe (71 ans).
François-Bernard Huyghe en 2003 (© IBO/SIPA)

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Le 7 septembre, Marsha Hunt (104 ans).

“Au début de sa carrière, Mme Hunt était l’une des actrices les plus prolifiques et polyvalentes d’Hollywood” Wendell Jamieson, New York Times, 10 septembre 2022

Il s’agissait tout simplement de l’une des dernières figures encore vivantes de l’âge d’or d’Hollywood (années 1930) Actrice états-unienne, Marsha Hunt a effectivement connu un certain succès dans les années 1930 - 1940 en jouant un rôle important dans une myriade de films notables, parmi lesquels Hollywood Boulevard (1936) de Robert Florey, La Petite Dame (1936) de John G Blystone, Murder Goes to College (1937) de Charles Reisner, La Ville du diable (1937) de Charles Barton, aux côtés de John Wayne, Star Reporter (1939) de Howard Bretherton, L’Assassin au gant de velours (1942) de Fred Zinnemann, Sept Amoureuses (1942) de Frank Borzage, Et la vie continue (1943) de Clarence Brown, Pilot n°5 (1943) de George Sidney, None Shall Escape (1944) d’André de Toth, Une vie perdue (1947) de Stuart Heisler ou encore Marché de brutes (1948) d’Anthony Mann L’actrice s’est en outre fait remarquer en jouant dans Orgueil et Préjugés (1940) de Robert Z Leonard aux côtés de Laurence Olivier, Les Oubliés (1941) de Mervyn LeRoy, Tendre Symphonie (1944) de Henry Koster ou encore dans La Vallée du jugement (1945) de Tay Garnett

Mais alors que sa carrière était presque à son apogée, l’actrice a vu son nom inscrit en 1950 dans la “liste noire d’Hollywood”, une liste de personnalités du cinéma soupçonnées de sympathie à l’égard du Parti communiste états-unien Si Hollywood lui a dès lors tourné le dos, Marsha Hunt s’est engagée dans l’humanitaire et a fait un retour éphémère mais particulièrement remarqué dans Johnny s’en va-t-en guerre (1971) de Donald Trumbo

“Elle aura su conserver la mystique de la monarchie, tout en ouvrant une fenêtre sur un espace plus intime" Philippe Chassaigne, Télérama, n°3792, septembre 2022

Son visage est indéniablement l’un des plus cultes de l’ère contemporaine Apparaissant comme une figure sacrée pour une certaine partie de la population britannique et comme une personnalité médiatique suivie de près par les tabloïds du monde entier, Elisabeth II fut en fait l’un des monarques les plus marquants du XXe siècle, malgré son rôle essentiellement symbolique

Reine du Royaume-Uni à partir de 1952, la souveraine a notamment frappé par sa longévité Unique souverain britannique ayant atteint le jubilé de platine (70 ans de règne), Elisabeth II apparaît en outre comme le 2e monarque européen ayant régné le plus longtemps dans l’histoire, derrière Louis XIV (72 ans)

Mais Elisabeth II a également marqué le monde par son implication politique Elle est notamment le chef d’Etat qui s’est rendu dans le plus grand nombre de pays dans le cadre de visites officielles On parle de 117 pays visités ! Personnalité en réalité influente, c’est elle qui a désigné les trois premier-ministres qui ont suivi la démission d’Anthony Eden en 1957 : Harold Macmillan (1957 - 1963), Alec Douglas-Home (1963 - 1964) et Harold Wilson (19641970) De plus, l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE en 1972 et à l’Union Européenne en 1992 a été permis par une sanction royale octroyée par elle

--Politique-Le 8 septembre, Elisabeth II (96 ans).

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Cinéma
Marsha Hunt pour Vogue, en 1943 (© Constantin Joffe / Conde Nast / Getty Images)
Elisabeth II en 1951 (© Yousuf Karsh / Camera Press / Gamma-Rapho)

Le 10 septembre, William Klein (96 ans).

“Avant lui, la photographie était timide, un peu <<tarte>> - ce sont ses propres mots Avec lui, elle est devenue brutale, insolente et rentre-dedans” Clémentine Mercier, Libération, 12 septembre 2022

Grâce à ses clichés révolutionnaires, il est souvent présenté comme un pionnier, voire comme le “père de la photographie de rue” Photographe franco-états-unien, William Klein a d’abord fait sensation avec le livre Life Is Good And Good For You In New York: Trance Witness Revels qui lui a valu de remporter le Prix Nadar en 1956 Ainsi, “le père de l’image de rue, en rompant avec les codes de la photographie traditionnelle, [a suscité] de vives réactions à coups de cadrages inhabituels, de flou singulier, de grand-angle et de contrastes cinglants”, comme l’explique bien Muse Heidsieck de Connaissance des Arts Travaillant chez Vogue de 1955 à 1965, il a aussi bousculé les codes de la photographie de mode en capturant les modèles dans la rue

Certains de ses clichés provocateurs sont ainsi entré dans la postérité, à l’image de “Gun 1” (1955), qui montre un jeune new-yorkais braquer un pistolet sur l’objectif, ou de la pochette de l’album Love On the Beat (1984) de Serge Gainsbourg sur laquelle on voit le musicien travesti Photographe révolutionnaire, William Klein a ainsi reçu de nombreuses récompenses, à l’image du Prix culturel de la Société allemande de la photographie en 1988, du Prix international de la Fondation Hasselblad en 1990 ou du Lucie Award pour l'œuvre d’une vie en 2005 Mais le monde de la photographie n’est pas le seul univers que William Klein a marqué de son empreinte Alors qu’il a réalisé “plus de 250 films publicitaires qui ont marqué leur époque, notamment pour Citroën, Dim, Saupiquet, Renault, Ricqlès” selon l’AFP, il est également parvenu à se faire un nom dans le monde du cinéma, en réalisant notamment Qui êtes-vous Polly Maggoo ? (1966), une comédie dramatique qui lui a valu de remporter le Prix Jean-Vigo en 1967, mais aussi en réalisant les films fantastiques Mister Freedom (1969) et Le Couple témoin (1977) Dans le domaine des films documentaires, on peut enfin citer son film Festival panafricain d’Alger 1969 (1969)

“L’écrivain espagnol montrait [ ] qu’une littérature on ne peut plus exigeante et subtile (parfois même complexe) pouvait satisfaire les appétits d’un très vaste public” Florence Noiville, Le Monde, 13 septembre 2022

Pour Marine Landrot de Télérama, c’était “l’un des plus grands écrivains espagnols” Et pour Florence Noiville du Monde, c’était un “virtuose de la littérature espagnole” Avec son “style aussi volatil que ciselé”, comme l’ajoute Marine Landrot, Javier Marias est effectivement apparu comme l’un des grands auteurs espagnols du XXe siècle Rencontrant un succès de librairie conséquent dans son pays comme dans le monde entier, l’écrivain a remporté une myriade de récompenses, à l’image du Prix Herralde du roman en 1986 avec L’Homme sentimental, du Prix Femina étranger en 1996 avec Demain dans la bataille pense à moi, ou encore du Prix de la critique littéraire narrative espagnole, qu’il a reçu en 1992 avec Corazon tan blanco puis en 2017 avec Berta Isla

--Art--
William Klein en 2002 (© Patrick Swirc / modds)
--Littérature-Le 11 septembre, Javier Marias (70 ans).
Javier Marias en 2015 (© J P GANDUL / keystone-sda ch)

Cinéma--

Le 11 septembre, Alain Tanner (92 ans).

“Le cinéaste genevois avait su mettre la Suisse sur la carte du cinéma mondial en creusant son pays, le regardant à distance et en s’en éloignant”

Léo Soesanto, Libération, 12 septembre 2022

Grande figure du cinéma helvétique, il est même présenté par Mathieu Macheret du Monde comme “le plus grand réalisateur suisse”

En effet, Alain Tanner a considérablement marqué le paysage cinématographique suisse grâce à des films comme Charles mort ou vif, qui lui a valu de recevoir en 1969 le Léopard d’Or au Festival international du Film de Locarno, Les Années lumière qui lui a permis de remporter en 1981 le Grand Prix du Festival de Cannes, ou encore Dans la ville blanche, film lauréat du César du meilleur film francophone en 1984

Mais à côté de ces productions primées, Alain Tanner a également réalisé de nombreuses comédies romantiques, à l’image de La Salamandre (1971), Le Retour d’Afrique (1973), Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976), Une flamme dans mon coeur (1987), Jonas et Lila, à demain (1999), mais aussi des drames comme Messidor (1979), La Vallée fantôme (1987), L’Homme qui a perdu son ombre (1991), Fourbi (1996) et Fleur de sang (2002) et des films fantastiques comme Requiem (1998)

Toutefois, l'importance et l’influence qu’Alain Tanner a eues sur le cinéma suisse ne peut se résumer à son pur travail de réalisateur En effet, le cinéaste est également connu pour avoir fait partie des co-fondateurs du Groupe 5 en 1968 Fameuse société de production suisse créée "afin notamment de promouvoir [les oeuvres des cinéastes suisses] à l'étranger" comme l'explique la RTS, le Groupe 5 "a suscité un renouveau du septième art suisse reflétant l'esprit de non-conformité de l'époque", comme le note pour sa part l'AFP La société de production a en effet permis à de nombreuses œuvres fondamentales du cinéma suisse d'être produites, à l'image de Charles mort ou vif ou de La Salamandre, pour ne citer que des films réalisés par Alain

Pianiste de jazz états-unien, Ramsey Lewis a connu un grand succès populaire dans les années 1960 - 1970, que ce soit en solo ou avec le Ramsey Lewis Trio S’il s’est fait connaître dans le monde du jazz dès le milieu des années 1950, c’est bien en 1965, avec l’album live The In Crowd, qu’il s’est vu propulsé au rang de star Lauréat du Grammy Award du meilleur album de jazz instrumental en 1965, l’opus a atteint la 2e place du Billboard 200 A partir de là, Ramsey Lewis a enchaîné les succès en classant pas moins de 19 titres dans le Billboard Hot 100 entre 1964 et 1976 Parmi ces tubes, on retrouve “Sun Goddess”, enregistré avec Earth, Wind & Fire Ce morceau a atteint la 44e place des charts états-uniens en 1975 Mais le succès n’a pas été seulement commercial pour Ramsey Lewis puisque l’artiste a récolté deux autres Grammy Awards dans sa carrière : celui de la meilleure prestation d’un groupe de R&B en 1967 avec “Hold It Right There” et celui de la meilleure performance instrumentale R&B en 1974 avec “Hang On Sloopy”

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Alain Tanner en 1969 (© Collection Cinémathèque suisse)
Tanner
“Lewis, figure incontournable du jazz contemporain” Philippe Gault, Radio Classique, 13 septembre 2022
--Musique-Le 12 septembre, Ramsey Lewis (87 ans).
Ramsey Lewis en 2005 (© Charles Rex Arbogast / keystone-sda ch)

--Musique--

Le 12 septembre, PnB Rock (30 ans).

“Vraiment l’une des personnes les plus talentueuses que j’ai pu rencontrer dans cette industrie”

Smokepurpp, Instagram, 13 septembre 2022

Rappeur et chanteur états-unien s’étant notamment fait un nom dans la trap music, PnB Rock a connu un succès retentissant à partir de 2016 avec le single “Selfish”, qui a pris la 51e place du Billboard Hot 100 et qui cumulait plus de 360 millions d’écoutes sur Spotify en novembre 2022 Mais très loin d’être un one-hit wonder, PnB Rock est en fait devenu une grande figure du rap US des années 2010 Figurant dans le “2017 Freshman Class” de XXL, l’artiste s’est aussi fait remarquer avec le single “Horses” (2017) et en participant au tube “Cross Me” (2019) d’Ed Sheeran

Et s’il n’a sorti que deux opus dans sa vie, ces derniers ont bien marché : Catch These Vibes (2017) a pris la 17e place du Billboard 200 et Trapstar Turnt PopStar (2019) la 4e

--Cinéma--

Cinéaste révolutionnaire, figure centrale de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard apparaît comme l’un des auteurs les plus marquants de l’histoire du cinéma français Dès son premier long-métrage, A bout de souffle (1959), il est entré dans la postérité Filmé à l’épaule et foisonnant de répliques cultes, cette œuvre a sans-cesse brisé le 4e mur et choqué avec un Jean-Paul Belmondo parfaitement amoral et nihiliste Véritable bombe, le film a valu à Godard de recevoir le Prix Méliès, le Prix Jean-Vigo et l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale en 1960 A partir de là, le cinéaste a enchaîné les films avec un rythme soutenu S’il a reçu l’Ours d’argent extraordinaire à la Berlinale 1961 avec Une femme est une femme, il a remporté le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1962 avec Vivre sa vie Et en 1963, Le Petit Soldat a divisé car son héros est un déserteur en pleine guerre d’Algérie Mais si ces trois films mettent en scène une actrice, Anna Karina, qui est devenue l’égérie de Godard, c’est grâce à une autre vedette que Le Mépris (1963) a été un carton Ce film, mettant en scène Brigitte Bardot et Michel Piccoli, apparaît en 2019 comme le 4e meilleur film français de l’histoire selon Time Out, juste devant Pierrot le Fou (1965), un road movie encore bien amoral, bien briseur de 4e mur et bien rempli de punchlines A propos de ce film, Chantal Akerman a déclaré : “pour la première fois de ma vie, j’ai vu que le cinéma était un art” En 1965 toujours, Godard a reçu l’Ours d’or à la Berlinale

pour Alphaville

Par la suite, Godard a continué de rencontrer un succès critique avec des films comme Masculin féminin (1966) et La Chinoise (1967) Moins prolifique à partir des années 1970, il a tout de même signé Sauve qui peut (la vie) (1980) et Passion (1982), deux films nommés au César du meilleur film et du meilleur réalisateur, ainsi que Prénom Carmen qui a reçu le Lion d’Or à la Mostra de Venise 1983 Et même à la fin de sa vie, Jean-Luc Godard n’a cessé de se faire remarquer Lauréat du prix du Jury au Festival de Cannes 2014 avec Adieu au langage, il a reçu la Palme d’or spéciale en 2018 avec son dernier film, Le Livre d’image Fort en définitive d’une carrière particulièrement riche et influente, Godard a ainsi reçu un César d’honneur en 1987 et 1998 et un Oscar d’honneur en 2010

Le 13 septembre, Jean-Luc Godard (91 ans).

PnB Rock en 2017 (© Thaddaeus McAdams / FilmMagic) “L’art d’aujourd’hui, c’est Jean-Luc Godard” Louis Aragon, Les Lettres françaises, 1965 Jean-Luc Godard en 1960 (© AFP)

--Musique--

Le 14

septembre,

Anton Fier (66 ans).

Anton Fier est l’homme à gauche (© Marcia Resnick)

“[Elle] personnifiait la beauté grecque à l’écran”

Lina Mendoni, ministre grecque de la culture, 2022

Actrice au rayonnement international, elle était tout simplement l’une des plus grandes stars du cinéma grec Jouant à partir de la fin des années 1940, Irène Papas s’est d’abord fait remarquer avec son rôle dans le mélodrame Ville morte (1951) de Frixos Iliadis Ce film lui permettant d’entamer une carrière à l’étranger, l’actrice a dès lors enchaîné les rôles dans les quatre coins du monde, jouant notamment un personnage important dans la comédie italienne Les Infidèles (1953) de Mario Monicelli et Steno, le péplum franco-italien Théodora, Impératrice de Byzance (1954) de Riccardo Freda, le western états-unien La Loi de la prairie (1956) de Robert Wise, mais aussi et surtout dans Les Canons de Navarone (1961), un fameux film de guerre de J Lee Thompson la voyant tenir tête à Anthony Quinn et Gregory Peck Mais Irène Papas n’a pas pour autant claqué la porte du cinéma grec, et on l’a ainsi retrouvée en parallèle dans Le Lac des soupirs (1959) de Grigoris Grigoriou ou Bouboulina (1959) de Kostas Andritsos En fait, c’est même le cinéma grec qui a fait entrer l’actrice dans la postérité A partir de 1961, elle est en effet devenue le visage par excellence des héroïnes meurtries des tragédies antiques en jouant le rôle-titre d’Antigone de Yorgos Tzavéllas et d’Electre de Michel Cacoyannis, deux films qui lui ont valu de remporter, en 1961 et 1962, le prix de la meilleure actrice à la Semaine du cinéma grec A propos de son rôle dans le deuxième film, Philip Kemp a ainsi déclaré pour l’International Dictionary of Films and Filmmakers (2000) que “dès le premier plan [ ], il devient impossible d’imaginer quelqu’un d’autre dans le rôle de l’héroïne d’Euripide” Forte de ces succès, l’actrice a continué les années suivantes, sous la houlette de Michel Cacoyannis, de jouer des rôles notables dans ce registre Elle a ainsi interprété Hélène dans Les Troyennes (1971) et Clytemnestre dans Iphigénie (1977)

Et comme en témoigne le rôle important qu’elle a joué dans Zorba le Grec (1964) de Cacoyannis et Z (1969) de Costa-Gavras, deux monuments du cinéma grec, on peut en fait considérer que c’est dans son pays qu’Irène Papas a connu ses plus grands succès

Pour autant, sa filmographie à l’étranger reste riche Elle a quand même incarné Catherine d’Aragon dans Anne des mille jours (1969) de Charles Jarrott et joué un rôle notable dans Le Christ s’est arrêté à Eboli (1979) de Francesco Rosi En outre, elle a joué dans deux films de Moustapha Akkad : Le Message (1976) et Le Lion du désert (1981)

“[Il] a apporté une puissante, une émotion et une intensité sans fin à toute la musique qu’il a créée et touchée”

Bob Mould, Twitter, 22 septembre 2022

Batteur états-unien, Anton Fier est notamment connu pour avoir été un membre fondateur du groupe de jazz The Lounge Lizards en 1978 et pour avoir joué pour Pere Ubu de 1977 à 1978 puis de 1981 à 1982

Mais Anton Fier est aussi et surtout l’un des membres fondateurs des Feelies, et donc l’homme à la batterie sur Crazy Rhythms (1980), un album présenté en 1989 comme le 49e plus grand des années 1980 par le Rolling Stone

--Cinéma--
14 septembre, Irène Papas (93 ans).
Le
ABC Television)
Irène Papas en 1956 (©

Le 14 septembre Bill Pearl (91 ans).

“Il a incarné parfaitement les rôles de méchants”

Henry Silva, Le Figaro, 17 septembre 2022

Avec ses innombrables rôles de truand ou de flic, quand ce n’était pas les deux en même temps, Henry Silva est devenu l’un des visages mythiques du film policier des années 1950 aux années 1990 Commençant sa carrière avec des rôles secondaires dans des films comme le drame Une poignée de neige (1957) de Fred Zinnemann, la comédie Cendrillon aux grands pieds (1960) de Frank Tashlin ou les westerns Bravados (1958) de Henry King et Violence au Kansas (1959) de Melvin Frank, Henry Silva s’est véritablement fait un nom en se rapprochant du Rat Pack, un groupe d’acteurs réunissant notamment Frank Sinatra, Dean Martin et Sammy Davis Jr En compagnie de plusieurs membres de ce collectif, l’acteur est ainsi apparu dans le célèbre film de casse L’Inconnu de Las Vegas (1960) de Lewis Milestone et dans la comédie Les Trois Sergents (1961) de John Sturges Dans la foulée, il a retrouvé Frank Sinatra dans Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer et Sammy Davis Jr dans La Revanche du Sicilien (1963) de William Asher, film dans lequel il a joué l’un des rôles principaux Toutefois, c’est dans les années 1970 que l’acteur est devenu une figure mythique du polar En Italie, il est apparu aux côtés de Tomas Milian comme l’un des visages incontournables des poliziotteschi (ou “néo-polar italien”) en jouant l’un des rôles principaux de L’Empire du crime (1972) et du Boss (1973) de Fernando Di Leo mais aussi de La Rançon de la peur (1974) et d’Un flic hors-la-loi (1975) d’Umberto Lenzi En parallèle, il a joué un rôle notable dans Les Hommes (1973) de Daniel Vigne et Quelli che contano (1974) d’Andre Bianchi

Dans les années 1980, Henry Silva a confirmé en jouant l’ennemi de Jean-Paul Belmondo dans Le Marginal (1983) de Jacques Deray, celui de Chuck Norris dans Sale temps pour un flic (1985) et celui de Steven Seagal dans Nico (1988) d’Andrew Davis A côté, il s’est fait remarquer en jouant un second rôle dans le film d’anticipation Virus (1980) de Kinji Fukasaku et dans le film d’horreur L’Incroyable Alligator (1980) de Lewis Teague

Plus discret dans les années 1990, Henry Silva a tout de même continué de tourner dans des films notables, à l’image des comédies policières Dick Tracy (1990) de Warren Beatty, Le Silence des Jambons (1996) de Larry Bishop ou encore du film d’action Ghost Dog : La Voie du samouraï (1999) de Jim Jarmusch, qui est apparu comme le dernier film dans lequel l’acteur a joué dans sa carrière

“Bill Pearl vivra éternellement dans l’esprit des millions de personnes qu’il a inspirées Je le sais car j’en fait partielorsque mes buts n’étaient que des rêves, des idoles tel Bill Pearl, l’un des plus grands bodybuilders de l’histoire, m’ont motivé et permis de rendre l’impossible possible”

Arnold Schwarzenegger, Twitter, 15 septembre 2022

Bodybuilder états-unien, Bill Pearl est connu pour avoir été élu “Mr Universe” à quatre reprises : en 1953 en amateur puis en 1961, 1967 et 1971 en professionnel. Mais le sportif est également célèbre pour les ouvrages de référence qu’il a publiés, tels Keys To The Inner Universe (1978) et Weight Training for Men and Women (1986)

--Cinéma--

Le 14 septembre, Henry Silva (95 ans).

--Sport
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Henry Silva dans L’Invasion secrète, en 1964 (© Getty Images)

Philosophie--

Le 15 septembre, Saul Kripke (81 ans).

“Débattue, parfois critiquée, l'œuvre de Kripke reste considérée comme l’une des contributions à la logique les plus importantes de ces dernières décennies”

Octave Larmagnac-Matheron, Philosophie magazine,2022

Philosophe et logicien états-unien, Saul Kripke est reconnu pour les contributions majeures qu’il a apportées dans le champ de la logique modale mais aussi dans celui de la théorie de la référence directe

On lui doit notamment la sémantique de Kripke, qu’il a mise au point au tournant des années 1960 Elle lui a notamment permis de soutenir “ que les noms propres [ ] désignent directement leur porteur et ne sont pas sémantiquement équivalents à des descriptions définies”, comme l’explique bien Pascal Engel pour Le Monde C’est dans cette logique que Saul Kripke s’est servi de la théorie des mondes possibles, en déclarant qu’une “désignation rigide” est une proposition qui désigne une même chose dans tous les mondes possibles En effet, si Adolf Hitler n’avait jamais été à la tête de l’Allemagne nazie, il aurait continué d’être désigné par ce nom Ces idées, on les retrouve dans La Logique des noms propres (1980), un livre présenté par Jane O’Grady du Guardian comme l’un des ouvrages de philosophie les plus importants du XXe siècle Lauréat de la catégorie “logique et philosophie” du Prix Schock en 2001, le philosophe est également connu pour avoir écrit l’ouvrage Wittgenstein on Rules and Private Language (1982)

“Maury Wills fut l’un des

les plus excitants de tous les temps Il a transformé le baseball avec ses courses et fait du vol de but une composante importante du jeu Il a eu un grand rôle dans le succès des Dodgers, avec lesquels il a remporté trois Séries Mondiales”

Stan Kasten, président des Dodgers de Los Angeles, communiqué, septembre 2022

Joueur de baseball évoluant au poste d’arrière-court, Maury Wills est reconnu pour “avoir permis la renaissance du but volé en tant que partie intégrante de la stratégie au baseball”, comme l’explique bien Ed Attanasio de This Great Game

Apparaissant effectivement comme l’un des meilleurs voleurs de but de l’histoire de la Major League Baseball, Maury Wills a fait les beaux jours des Dodgers de Los Angeles, franchise pour laquelle il a évolué de 1959 à 1966 puis de 1969 à 1972 Au sein de cette formation, il a fini meilleur voleur de buts de chaque saison de National League entre 1960 et 1965 Il est même parvenu, avec 104 buts volés sur la seule saison 1962, à briser un record qui était détenu par Ty Cobb depuis 1915 (96 buts volés) La nouvelle barre qu’il a alors établi a toutefois dépassée dès 1974 Mais cet exploit lui a tout de même permis d’être élu MVP de la saison 1962 de National League Avec un total de 586 buts volés dans sa carrière, Maury Wills demeure ainsi en 2022 le 20e joueur ayant le plus volé de buts dans l’histoire de la Major League Baseball, une ligue vieille de près de 150 ans (créée en 1876).

Si ces performances sont déjà impressionnantes sur le plan individuel, elles ont grandement contribué au sacre des Dodgers en Série Mondiale en 1959, 1963 et 1965

Sport--

Le 19 septembre, Maury Wills (89 ans).

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Saul Kripke en 1990 (© Steve Pykel / Getty Images) Dodgers
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Maury Wills en 1962, avec 104 buts derrière lui (© Ernest E Schworck/United Press International)

Littérature--

“L’un des meilleurs méchants de l’histoire du cinéma” Banterflix, Twitter, 24 septembre 2022

Il lui a suffit d’un seul rôle pour entrer dans la postérité, et quel rôle ! Classé “5e plus grand méchant de l’histoire du cinéma états-unien” par l’American Film Institute, le personnage de Mildred Ratched, qu’elle a incarné dans Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) de Milos Forman, est le plus grand fait d’armes de la carrière de Louise Fletcher Mais en fait, il était assez difficile de faire mieux Avec cette prestation, l’actrice a effectivement remporté l’Oscar et le BAFTA de la meilleure actrice ainsi que le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique Si Louise Fletcher a surtout marqué le public avec ce rôle, sa carrière ne peut en réalité se résumer à ce fait d’armes En effet, l’actrice états-unienne s’est aussi fait remarquer en jouant un rôle notable dans le film d’horreur L’Exorciste II : L’Hérétique (1977) de John Boorman, le film de science-fiction Brainstorm (1983) de Douglas Trumbull qui lui a valu de remporter le Saturn Award de la meilleure actrice en 1984 ou encore dans la comédie Prof et Rebelle (1996) de Hart Bochner Elle a aussi joué un second rôle dans le film de gangsters Nous sommes tous des voleurs (1974) de Robert Altman, le drame Giorgino (1994) de Laurent Boutonnat, la comédie policière Deux Jours à Los Angeles (1996) de John Herzfeld ou encore dans le drame Sexe Intentions (1999) de Roger Kumble A la télévision, Louise Fletcher s’est enfin fait remarquer en jouant un rôle récurrent dans Star Trek: Deep Space Nine (1993 - 1999), VR. 5 (1996) ou encore dans les saisons 1 et 2 (2011 - 2012) de Shameless

“Hilary Mantel a longtemps communié avec les fantômes, ceux de l’histoire qui habitent ses romans, de ses ancêtres catholiques irlandais, des enfants qu’elle n’a pas eus Le succès des œuvres de la romancière britannique était, lui, bien réel”

AFP, septembre 2022

Écrivaine britannique notamment réputée pour ses romans historiques, Hilary Mantel est principalement connue pour être l’auteure du Conseiller (2009 - 2020), une trilogie retraçant de manière romancée la vie d’Oliver Cromwell Forte d’un succès critique et public notable, cette série a permis à l’écrivaine de remporter de nombre de prix Les deux premiers ouvrages de la trilogie, Dans l’ombre des Tudors et Le Pouvoir, lui ont notamment valu de devenir la première femme de l’histoire à recevoir le Prix Booker par deux fois (2009 et 2012) Et si le premier ouvrage lui a également valu de remporter la catégorie “fiction” du National Book Critics Circle Award en 2009 ainsi que le Walter Scott Prize en 2010, le deuxième lui a permis, pour sa part, de remporter le Prix Costa en 2012

Mais sa carrière ne se résume pas du tout à cette trilogie Hilary Mantel a aussi rencontré un certain succès avec une pléiade d’autres ouvrages, à l’image de C’est tous les jours la fête des mères (1985), La Locataire (1986), Fludd (1989) qui lui a valu de remporter le Winifred Holtby Memorial Prize, A Place of Greater Safety (1992) qui lui a valu de remporter le Sunday Express Book of the Year, ou encore An Experiment in Love (1995) qui lui a valu de remporter le Prix Hawthornden en 1996

--Cinéma--

Le 23 septembre, Louise Fletcher (88 ans).

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Le 22 septembre, Hilary Mantel (70 ans).
Un personnage notable de la littérature britannique contemporaine (© Andrea Artz / laif / Redux) Louise Fletcher dans Vol au-dessus d’un nid de coucou (© ISOPIX / United Artists)

--Musique--

Le 24 septembre, Pharoah Sanders (81 ans).

“Il était l’un des derniers hommes libres du jazz Non seulement parce que sa langue naturelle était le <<free>> Mais aussi parce que sa vie entière fut déterminée par une spiritualité qui impressionna ses contemporains, à commencer par John Coltrane”

Louis-Julien Nicolaou, Télérama, septembre 2022

Musicien états-unien apparaissant “probablement [comme] le meilleur saxophoniste ténor du monde” selon le fameux jazzman Ornette Coleman, et comme un “apôtre du free jazz” par Louis-Julien Nicolaou de Télérama, Pharoah Sanders se présente effectivement comme une véritable légende du free jazz et du spiritual jazz Avec ses albums solos, le saxophoniste a marqué le public par une liberté et une sérénité assez saisissantes Nombre de ses oeuvres ont rencontré un succès critique notable, à l’image de Karma (1969), Deaf Dumb Blind (Summun Bukmun Umyun) (1970), Thembi (1971), Black Unity (1971), Izipho Zam (My Gifts) (1973), Journey to the One (1980), Africa (1987), Welcome to Love (1991) et Crescent with Love (1993)

Mais Pharoah Sanders a aussi, et peut-être surtout, été un sideman d’exception S’illustrant aux côtés de John Coltrane, il a notamment participé à l’enregistrement des albums Ascension (1966), Meditations (1966), Kulu Sé Mama (1967) et Expression (1967) de ce légendaire saxophoniste qui l’a inspiré et qu’il a inspiré Travaillant par la suite avec la femme de ce dernier, Pharoah Sanders a participé à quelques albums renommés d’Alice Coltrane, parmi lesquels A Monastic Trio (1968), Ptah, the El Daoud (1970) et Journey in Satchidananda (1971)

Plutôt prolifique et bien entouré, Pharoah Sanders a en outre participé, des années 1960 aux années 2020, à l’enregistrement d’une quantité assez aberrante d’albums loués par la critique, parmi lesquels Chappaqua Suite (1965) d’Ornette Coleman, Symphony for Improvisers (1967) et Where Is Brooklyn? (1969) de Don Cherry, Spirits Known and Unknown (1970) de Leon Thomas, Lawrence of Newark (1975) de Larry Young, Love & Peace (1982) du Elvin Jones-McCoy Tyner Quintet, Ask the Ages (1991) de Sonny Sharrock, Beyond the Wall (2006) de Kenny Garrett, In the Key of the Universe (2019) de Joey DeFrancesco ou encore au fameux Promises (2021) de Floating Points

“Grand sociologue, qui n’a eu de cesse, [ ], de décrypter les rapports de domination sous toutes ses formes”

Fabien Roussel, Twitter, 28 septembre 2022

Sociologue français, Michel Pinçon est célèbre pour avoir consacré sa vie à l’étude de la haute-bourgeoisie aux côtés de sa femme, Monique Pinçon-Charlot Ensemble, les deux chercheurs ont publié quelques ouvrages de référence, à l’image des Ghettos du gotha, Comment la bourgeoisie défend ses espaces (2007) ou du Président des riches (2011), un livre se concentrant sur les relations entre Nicolas Sarkozy et les ultra-riches Succès de librairie considérable, ce dernier ouvrage s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires

Le couple a également œuvré dans la vulgarisation avec les bande-dessinées Riche, pourquoi pas toi ? (2013), illustrée par Marion Montaigne, et Panique dans le 16e (2017), illustrée avec Etienne Lécroart

Pharoah Sanders, une légende du free jazz et du spiritual jazz (© Christian Weber / Getty Images)
--Politique-Le 26 septembre, Michel Pinçon (80 ans). Le couple Pinçon-Charlot en 2014 (© Pierre Pytkowicz)

Le 27 septembre, Jean-Michel Meurice (83 ans).

“Il laisse derrière lui une œuvre picturale singulière Employant des couleurs éclatantes et des matériaux contemporains (aérosols, vinyle, rhodoïd ou aluminium), il n’a eu de cesse de tenter de se libérer des contraintes imposées par le pinceau, le mur et le châssis”

AFP, septembre 2022

Artiste français, Jean-Michel Meurice s’est fait remarquer pour son travail de peintre mais également pour son œuvre de réalisateur de films documentaires Proche du mouvement artistique Supports/Surfaces (1969 - 1972), il est notamment connu pour avoir peint l’affiche officielle de Roland Garros 1996 Mais c’est peut-être surtout en tant que réalisateur de films documentaires que Jean-Michel Meurice s’est fait un nom Alors qu’il est apparu en 1986 comme l’un des co-fondateurs de la La Sept, qui est devenue Arte France en 1991, il a réalisé un grand nombre de portraits d’artistes, tel Robert Delaunay (1965), mais également plusieurs films documentaires traitant de sujets sensibles, à l’image d’Algérie, notre histoire (2011) qu’il a co-réalisé avec l’historien Benjamin Stora Grâce à ces contributions notables dans l’audiovisuel, il a été lauréat du Prix Charles Brabant de la SCAM pour l’ensemble de son œuvre en 2010

--Musique--

Michelle Pfeiffer, Instagram, septembre 2022

Son succès fut assez bref mais suffisamment notable pour en faire l’un des artistes iconiques des années 1990 Rappeur originaire de Los Angeles, Coolio s’est fait un nom à partir de 1994 avec son premier album, It Takes a Thief Rencontrant alors un grand succès commercial et critique, ce disque aux sonorités g-funk s’est hissé à la 8e place du Billboard 200 et à la 5e de l’US Top R&B/Hip-Hop Albums Issu de cet album, le titre “Fantastic Voyage” a atteint la 3e position du Billboard Hot 100, prenant même la 20e du Billboard year-end Hot 100 de l’année 1994

L’année suivante a signé l’explosion du rappeur, avec la sortie de “Gangsta’s Paradise” (1995), en featuring avec le chanteur L. V. Succès international auréolé du Grammy Award de la meilleure performance rap soliste en 1996, le titre a été classé n°1 au Royaume-Uni et en France Aux Etats-Unis, il s’est carrément payé le luxe de se hisser à la 1ère place du Billboard year-end Hot 100 de l’année 1995 et à la 33e place de celui de l’année suivante Phénomène culturel, le titre est également entré dans la postérité en se voyant classé à la 69e position de la liste des meilleurs morceaux sortis entre 1958 et 2008 établie par Billboard en 2008, et à la 38e du classement des meilleurs titres de hip hop de l’histoire établi par VH1 la même année L’album éponyme, sorti en octobre 1995, a aussi connu un succès critique et commercial notable 20e du Billboard 200 de l’année 1996, le disque contenait le morceau “1, 2, 3, 4 (Sumpin’ New)” qui a atteint la 5e place du Billboard Hot 100 et même la 40e du Billboard year-end Hot 100 de l’année 1996

Dans la foulée, Coolio a connu un énième succès critique avec My Soul (1997), mais les ventes n’ont alors pas vraiment suivi, amorçant le lent déclin du rappeur

Le 28 septembre, Coolio (59 ans).

--Art--
Jean-Michel Meurice au Musée Fabre de Montpellier en 2018 (© Céline Escolano / SAIF Images)
“Trente ans plus tard, j’ai toujours des frissons lorsque j’entends [Gangsta’s Paradise]”
Coolio en 1995 (© Des Willie / Redferns)

--Historiographie--

Le 29 septembre, Paul Veyne (92 ans).

“J’ai eu la plus grande expérience intellectuelle de ma vie en lisant le livre éblouissant de Paul Veyne, Le pain et le cirque” Jon Elster, Le Laboureur et ses enfants, 1986

Depuis les années 1960, il s’agissait d’un grand spécialiste de l’histoire gréco-romaine et d’un épistémologue éminent Historien un brin provocateur, Paul Veyne s’est d’abord fait remarquer en 1971 avec Comment on écrit l’histoire. Essai d’épistémologie, un ouvrage dans lequel il expliquait que l’histoire est un art plus qu’une science, mais également qu’un “événement n’est pas un être, mais un croisement d’itinéraires possibles” Véritable ouvrage de référence, l’essai a été présenté à sa sortie comme “ un grand livre” dans les colonnes du Monde par Pierre Vidal-Naquet

Naturellement, les méthodes et enseignements contenus dans ce livre ont été appliqués par Paul Veyne dans ses propres ouvrages historiques Spécialiste de l’Antiquité, il est notamment connu pour avoir écrit Quand notre monde est devenu chrétien (312 - 394) (2007), un ouvrage remettant en cause les raisons qui ont poussé Constantin à se convertir au christianisme et à instaurer cette religion dans l’Empire romain Dans la même trempe, l’historien a écrit Le Pain et le cirque (1976) et Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? (1983)

Ne restreignant toutefois pas sa curiosité à cette période historique, Paul Veyne a aussi connu un certain succès avec des livres assez éloignés de l’Antiquité, tels que René Char en ses poèmes (1990) ou Mon musée imaginaire, ou les chefs-d'œuvre de la peinture italienne (2010)

Érudit éminemment respecté, l’historien a ainsi reçu une multitude de Prix dans sa carrière, à l’image du Prix Chateaubriand en 2006 avec L’Empire gréco-romain ou du Prix Femina essai en 2014 avec Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas En outre, l’historien s’est vu décerner le Grand Prix Gobert en 2007 et le Prix de la Bnf en 2017 pour l’ensemble de son œuvre

“Franco était une icône de l’industrie et a contribué de façon inestimable au succès du Cirque du Soleil” Cirque du Soleil, Twitter, 1er octobre 2022

Metteur en scène belge, Franco Dragone s’est notamment fait remarquer en créant une quinzaine de spectacles pour le Cirque du Soleil entre 1985 et 1999, à l’image de Saltimbanco (1992), Alegria (1994) ou de Quidam (1996) Lorsque son travail pour la fameuse entreprise québécoise a pris fin, Franco Dragone est loin d’avoir arrêté de créer des spectacles monumentaux Alors qu’il a mis en scène la cérémonie d’ouverture de l’Euro 2000, il s’est en parallèle mué en entrepreneur en créant en 2000 toujours la compagnie de création de spectacles Dragone Avec cette entreprise, il a notamment mis en place à Las Vegas le spectacle en résidence A New Day (2003 - 2007) de Céline Dion, lequel a cumulé près de 3 millions de spectateurs pour un total dépassant les 700 shows Franco Dragone s’est ensuite fait remarquer avec “Le Potager des visionnaires”, une installation créée en 2008 sur les toits et les terrasses du Musée de la civilisation de Québec dans le cadre du 400e anniversaire de la ville Près de 680 000 personnes l’auraient visitée entre juin et octobre 2008

Un grand spécialiste de l’histoire gréco-romaine, mais également un épistémologue notable (© Louis Monier / Bridgeman Images)
--Art-Le 30 septembre, Franco Dragone (69 ans).
Franco Dragone (© Ennio Cameriere)

Le 4 octobre, Dave Dryden (81 ans).

“Un véritable innovateur du hockey sur glace”

Mike Commito, Twitter, 8 octobre 2022

Joueur de hockey sur glace évoluant au poste de gardien de but, Dave Dryden a joué en NHL pour les Black Hawks de Chicago de 1965 à 1969 (68 matchs), les Sabres de Buffalo de 1970 à 1974 (120 matchs) et pour les Oilers d’Edmonton de 1979 à 1980 (14 matchs)

Mais c’est surtout au sein de l’éphémère World Hockey Association (1972 - 1979), dans laquelle il a joué de 1974 à 1975 avec les Cougars de Chicago (45 matchs) puis de 1975 à 1979 avec les Oilers d’Edmonton (197 matchs), que le portier s’est illustré Joueur mythique de cette ligue, Dave Dryden a remporté en 1979 le Trophée Gordie-Howe, qui récompense le meilleur joueur de la saison régulière, et le Trophée Ben-Hatskin, qui distingue le meilleur gardien Selon Dave Stubbs, journaliste de la NHL, il est aussi connu pour avoir créé dans les années 1970 un “ casque en fibre de verre/cage à oiseaux qui est devenu la norme”

“Sans [elle], je ne ferais pas de country aujourd’hui” Margo Price, Instagram, Octobre 2022

Peu de chanteuses country peuvent se targuer d’avoir une carrière aussi riche que la sienne Rencontrant un succès considérable à partir du début des années 1960, avec pas moins de 16 titres classés dans le top 10 du Billboard’s Hot Country Songs (dont trois n°1) et surtout 11 albums classés dans le Top Country Albums (dont trois n°1) rien que pour cette décennie, Loretta Lynn s’est ensuite imposée comme une superstar dans les années 1970, décennie qui l’a vue rencontrer un succès solo notable, avec 15 albums classés dans le top 10 du Top Country Albums (dont trois n°1) et même 22 singles atteignant le top 10 du Hot Country Songs (dont huit n°1) Mais en parallèle, Loretta Lynn a également rencontré un succès considérable grâce au duo qu’elle a formé avec Conway Twitty Ensemble, les deux artistes ont enregistré 10 albums entre 1971 et 1981 Dans le lot, 7 opus ont atteint le top 3 du Top Country Albums Mais le duo est aussi apparu comme une machine à tubes, avec 12 singles classés dans le top 9 du Hot Country Songs (dont 8 sur le podium) Leur premier n°1, “After the Fire Is Gone” (1971), s’est même hissé à la 56e position du Billboard Hot 100 Ce single a en outre valu au tandem de remporter le Grammy Award de la meilleure performance vocale country pour un duo ou un groupe en 1971 Malgré le succès du biopic Coal Miner’s Daughter (1980) de Michael Apted, la carrière de Loretta Lynn a toutefois décliné dès les années 1980, avec des chansons désertant le top 10 du Country Hot Songs

Son retour, tardif, a néanmoins été tonitruant En 2004, l’album Van Lear Rose a rencontré un beau succès critique et commercial Atteignant la 24e place du Billboard 200, l’opus a valu à l’artiste de recevoir le Grammy Award du meilleur album country ainsi que celui de la meilleure collaboration country chantée avec “Portland Oregon”, un titre duo avec Jack White Full Circle (2016) a lui aussi été très bien reçu, avec une 19e place au Billboard 200 Véritable légende de la musique états-unienne, Loretta Lynn a ainsi été intronisée au Country Music Hall Of Fame en 1988 et au Songwriters Hall Of Fame en 2008

--Musique--

Le 4 octobre, Loretta Lynn (90 ans).

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Sport--
Dave Dryden au début des années 1960 (© Wikimedia Commons) Une légende de la musique country et de la musique états-unienne en général (© Hulton Archive / Getty Images)

Littérature--

Le 5 octobre, Peter Robinson (72 ans).

“Très réfléchi, [ ] il avait très bon goût et une vision totalement terre-à-terre du monde”

Carolyn Mays, pour la BBC, octobre 2022

Peter Robinson en 2010 (© Wikimedia Commons / Georges Seguin)

“Le talent de Jody Miller ne peut être surestimé Elle avait ce don, offert par Dieu, de chanter et de communiquer avec les meilleures tons et inflexions possibles”

Jennifer McMullen, agente de Jody Miller, 2022

Chanteuse de country états-unienne, Jody Miller a connu un succès notable dans les années 1960 - 1970 Entre 1965 et 1975, huit de ses albums ont atteint les 50 premières places du Top Country Albums (dont quatre les 20 premières) Mais en ce qui concerne les singles, Jody Miller a plus ou moins été une machine à tubes Hissant 27 de ses morceaux, la plupart du temps des reprises, dans les 100 premières places du Hot Country Songs (avec cinq titres ayant atteint le top 5), l’artiste est même parvenue à intégrer six singles dans le Billboard Hot 100 Parmi ces tubes, on retrouve “Queen of the House” (1965), un titre qui a atteint la 12e place de ce prestigieux hit-parade, ainsi que “Home of the Brave” (1965) qui a atteint la 25e place pour sa part, ou encore “He’s So Fine” (1971), reprise d’un titre des Chiffons qui s’est hissé à la 53e place Le premier morceau cité, qui est une réponse à “King of the Road” (1964) de Roger Miller, a permis à la chanteuse de remporter le Grammy Award de la meilleure performance vocale country féminine en 1966

En parallèle, Jody Miller est aussi connue pour avoir été l’interprète originale, en duo avec Pino Donaggio, du titre “Io che non vivo (senza te)” en 1965 Si cette chanson a été reprise par une pléiade de superstars telles que Tom Jones ou Elvis Presley, c’est la version de Dusty Springfield, enregistrée sous le nom de “You Don’t Have to Say You Love Me” en 1966, qui a connu le plus grand succès, en se voyant même classée “491e plus grande chanson de tous les temps” par le Rolling Stone en 2004

Alan Banks, le personnage qu’il a fait vivre de 1987 à 2023, est devenu une figure culte du roman policier Écrivain canadien, Peter Robinson est effectivement connu pour avoir été l’auteur d’une prolifique série de romans (27 tomes) narrant les aventures de l’inspecteur britannique précédemment cité Adaptées à la télévision avec la série DCI Banks (2010 - 2016), les tribulations d’Alan Banks ont également valu à Peter Robinson de recevoir un nombre considérable de récompenses dans sa carrière L’auteur a notamment remporté par six fois le Prix Arthur Ellis du meilleur roman : en 1992 avec Past Reason Hated, en 1997 avec Innocent Graves, en 2001 avec Cold is the Grave, en 2012 avec Before the Poison (un roman séparé) et en 2018 avec Sleeping in the Ground En parallèle, il a décroché le Prix Anthony et le Prix Barry du meilleur roman en 2000 ainsi que le Grand prix de littérature policière en 2001 avec In a Dry Season ou encore le Prix Palle-Rosenkrantz en 2006 avec Cold is the Grave Mais Peter Robinson a également remporté des prix grâce à des œuvres non reliées à cette série de livres L’auteur a notamment reçu le Prix Edgar-Allan-Poe de la meilleure nouvelle en 2001 avec “Missing in Action” ainsi que le Prix Arthur Ellis de la meilleure nouvelle à deux reprises : en 1991 avec “Innocence” et en 2001 avec “Murder in Utopia”

Le 6 octobre, Jody Miller (80 ans).

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--Musique--
Jody Miller aux côtés de Herb Alpert aux Grammy Awards 1966

Le 6 octobre, Phil Read (83 ans).

“Quelle que soit l’opinion que vous puissiez avoir sur Read en tant que personne, on ne peut nier ses talents sur une moto et les réalisations qui ont fait de cet homme l’un des plus grands pilotes de tous les temps”

Stuart Barker, Motorcycle News, 11 octobre 2022

Souvent présenté comme le “Prince de la Vitesse”, Phil Read est apparu comme l’un des plus grands pilotes de vitesse moto des années 1960 - 1970 Premier pilote de l’histoire à avoir été sacré champion du monde en 125cc, 250cc et en 500cc, le Britannique a remporté pas moins de huit championnats du monde différents dans sa carrière : un en 125cc (1968), quatre en 250cc (1964, 1965, 1968, 1971), deux en 500cc (1973, 1974), et un en Formula TT (1977)

Jamais très loin de la gagne, Phil Read a également collectionné les places d’honneur en terminant à quatre reprises 2e et à trois reprises 3e d’un championnat du monde Au total, le pilote a remporté plus de 52 Grand Prix pour un total de 121 podiums En outre, il s’est imposé à huit reprises sur le fameux Tourist Trophy de l’Île de Man Aucun pilote britannique n’a fait mieux depuis

“Gerben Karstens, le coureur le plus cinglé (et le plus attachant ?) de l’histoire du cyclisme Un clown doté d’un incroyable palmarès”

Tagtik, Proximus, 25 août 2021

S’il était surnommé “clown du peloton” pour ses fredaines régulières, il fut également l’un des meilleurs chasseurs d’étapes et de classiques des années 1960 - 1970 Cycliste néerlandais, Gerben Karstens est effectivement connu pour être parvenu à remporter une étape sur chacun des trois “Grands Tours” S’adjugeant une étape du Giro en 1973, il a également remporté six étapes de la Grande Boucle entre 1965 et 1976 et quatorze de la Vuelta entre 1966 et 1976 Ces nombreux succès sur le Tour d’Espagne lui ont ainsi permis de demeurer en 2023 le 6e coureur ayant raflé le plus d’étapes sur ce tour Mais naturellement, les trois Grands Tours ne sont pas les seules courses par étapes notables sur lesquelles Gerben Karstens s’est illustré Le cycliste néerlandais a également remporté une étape du Critérium du Dauphiné libéré en 1966, une étape du Tour de Belgique en 1970, une étape du Tour de Suisse en 1967, 1971 et 1972, ou encore deux étapes du Tour de Catalogne en 1974 En revanche, Gerben Karstens a assez peu levé les bras sur les courses d’un jour Certes, le coureur a remporté l’or olympique sur le 100 km contre-la-montre par équipes en 1964, Paris-Tours en 1965, le championnat des Pays-Bas sur route en 1966 ou encore le Grand Prix de Fourmies en 1968 Mais mis à part ces quelques faits d’armes, c’est surtout d’une collection de places d’honneur que Karstens a dû se contenter Déclassé du Tour de Lombardie 1969 pour dopage alors qu’il s’était adjugé le sprint final, il est apparu comme un Poulidor des Monuments avec une 2e place sur cette classique italienne en 1965, mais aussi sur Milan-San Remo en 1970 et l’Amstel Gold Race en 1971 On peut en outre mentionner sa 3e place obtenue sur Gand-Wevelgem en 1971 ainsi que les places d’honneur qu’il a signées sur le Tour des Flandres, en terminant 7e en 1974 et 6e en 1975

--Sport--

Le 8 octobre, Gerben Karstens (80 ans).

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Sport--
Phil Read en 1963 (© Mirrorpix / Getty Images) Gerben Karstens vainqueur à Paris en 1976 (© ANP)

--Sciences--

Le 9 octobre, Bruno Latour (75 ans).

“Bruno Latour, le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français”

Ava Kofman, The New York Times, 25 octobre 2018

Grandement influencé par la pensée de Michel Serres et particulièrement opposé à celle de Pierre Bourdieu, qui le présentait lui-même comme un “constructiviste radical”, Bruno Latour est apparu comme l’un des sociologues des sciences les plus influents au monde

Il est notamment l’un des hommes qui ont développé la théorie de l’acteur-réseau dans les années 1980 Selon cette théorie, “le succès ou l’échec d’un projet innovant ne dépend pas des caractéristiques intrinsèques d’une innovation mais d’un réseau capable de lier ensemble des <<actants>> hétérogènes”, comme l’explique bien le site SI & Management Cette logique, Bruno Latour a eu tâche de l’illustrer tout au long de sa carrière, par l’intermédiaire d’ouvrages tels que La Vie de laboratoire : la Production des faits scientifiques (1979) qu’il a co-écrit avec Steve Woolgar, Aramis ou l’Amour des techniques (1992) dans lequel il a étudié le projet avorté de métro automatique parisien Aramis, ou encore La Fabrique du droit : une ethnographie du Conseil d’Etat (2002)

En parallèle, Bruno Latour a écrit un nombre considérable d’ouvrages notables, à l’image de Pasteur : Guerre et Paix des microbes (1984) qui se présente comme une analyse sociologique et politique du travail de Louis Pasteur, La Science en action (1987), Nous n’avons jamais été modernes (1991), La clef de Berlin et autres leçons d’un amateur de sciences (1993), L’Espoir de Pandore. Pour une version réaliste de l’activité scientifique (1999), ou encore Politiques de la nature Comment faire entrer les sciences en démocratie ? (1999) La relation entre écologie et politique fut effectivement l’un des grands chevaux de bataille de Bruno Latour au XXIe siècle, à tel point que le sociologue a été présenté par Franceinfo comme une “figure de proue de la pensée écologiste” Grâce à ses différents travaux, Bruno Latour a remporté de nombreux prix dans sa carrière Il a notamment reçu le Prix Holberg en 2013 pour avoir “procédé à une analyse et réinterprétation ambitieuses de la modernité”, le Prix Raymond-de-Boyer-de-Sainte-Suzanne en 2014 avec Jubiler ou les Tourments de la parole religieuse (2002), ou encore le Prix de Kyoto en pensée et éthique en 2021

“Mobile et puissant, il était un attaquant de profondeur” Philharrison192, Twitter, 15 novembre 2022

Attaquant italien, Sergio Brighenti est apparu comme l’un des plus grands buteurs de la Série A dans les années 1950 - 1960

En effet, le joueur a marqué 20 buts en 40 matchs avec l’Inter Milan entre 1952 et 1955, 60 buts en 101 matchs avec l’AC Padoue entre 1957 et 1960 et 46 buts en 102 matchs avec l’UC Sampdoria entre 1960 et 1963 Avec l’Inter, l’attaquant a remporté le championnat italien en 1953 et 1954 Et avec la Sampdoria, il a fini meilleur buteur de la Série A à l’issue de la saison 1960-1961 avec 28 réalisations

International italien en parallèle, le joueur a inscrit 2 buts en 9 sélections avec la Squadra Azzura entre 1959 et 1961

Bruno Latour en 2021 (© Joel Saget / AFP)
--Sport-Le 10 octobre, Sergio Brighenti (90 ans).
Sergio Brighenti, un grand buteur de la Serie A (© Imago)

--Musique--

Le 10 octobre, Anita Kerr (94 ans).

“Anita Kerr, une architecte du son de Nashville” Bill Friskics-Warren, The New York Times, 11 octobre 2022

Chanteuse et compositrice de country états-unienne, Anita Kerr est connue pour avoir mené The Anita Kerr Singers, un groupe vocal qui s’est chargé des chœurs d’un nombre notable d’enregistrements de country dans les années 1950 - 1960 La troupe a notamment participé au tube “Our Lady of Fatima” (1950) de Red Foley qui atteint la 16e place du Billboard Hot 100 ainsi qu’à l’album Patsy Cline (1957) de Patsy

Cline

Enregistrant en parallèle plusieurs albums à son nom, le groupe a remporté en 1966 et 1967 le Grammy Award de la meilleure performance par un groupe vocal avec We Dig Mancini puis A Man and a Woman

En outre, Anita Kerr est également connue pour avoir fondé en 1975 avec son époux Alex Grob les Mountain Studios, un studio d’enregistrement basé à Montreux, en Suisse, et qui a été vendu en 1979 au groupe Queen

“Sans doute le plus inventif, le plus provocateur et l’un des plus importants metteurs en scène que le milieu théâtral québécois ait connu [ ] Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a changé le cours des choses [ ] et exercé une influence considérable sur plusieurs générations de comédiens et de metteurs en scène”

Michel Bélair, Le Devoir, 17 novembre 2022

Luc Boulanger de La Presse voit en lui “l’architecte du théâtre moderne québécois” Si l’affirmation peut paraître exagérée, il faut toutefois reconnaître qu’André Brassard fut l’un des metteurs en scène les plus importants de l’histoire du théâtre québécois Connaissant le succès dès ses 20 ans, avec sa mise en scène des Troyennes d’Euripide, il est ensuite entré dans la postérité en signant une fructueuse collaboration avec le dramaturge Michel Tremblay. Créant la majorité des pièces de son acolyte de la fin des années 1960 au début des années 2000, André Brassard a notamment rencontré un certain succès avec la comédie dramatique Les Belles-soeurs (1968), la tragi-comédie A toi, pour toujours, ta Marie-Lou (1971) ou encore avec le drame Albertine, en cinq temps (1984)

Mais la carrière du metteur en scène ne peut se résumer au prolifique tandem qu’il a formé avec Michel Tremblay En parallèle, André Brassard s’est fait remarquer en adaptant Les Feluettes de Michel Marc Bouchard, ce qui lui a valu de remporter la catégorie “mise en scène” du Prix Gascon-Roux du TNM à l’issue de la saison théâtrale 1988-1989 Mais il a aussi fait parler de lui en mettant en scène le fameux En attendant Godot de Samuel Beckett, ce qui lui a valu de remporter la même catégorie, mais cette fois-ci pour la saison 1991-1992 A côté, et de manière bien moins soutenue toutefois, André Brassard s’est aussi essayé au cinéma Il a ainsi réalisé les films Il était une fois dans l’Est (1974) et Le Soleil se lève en retard (1977), deux long-métrages inspirés d'œuvres de Michel Tremblay

Fort d’une carrière remarquable dans le monde du théâtre, André Brassard a reçu le prestigieux Prix Denise-Pelletier en 2000

--Théâtre--

Le 11 octobre, André Brassard (76 ans).

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Anita Kerr (© Tribune de Genève / DR) André Brassard dans les années 1990 (© Photo Archive - Théâtre Duceppe)

Cinéma--

Le 11 octobre, Angela Lansbury (96 ans).

“Gratitude pour la magnifique Angela Lansbury” Mia Farrow, Twitter, 11 octobre 2022

Actrice anglo-états-unienne, Angela Lansbury s’est fait un nom dès le milieu des années 1940 en jouant un rôle secondaire dans le film psychologique Hantise (1944) de George Cukor et dans le drame fantastique Le Portrait de Dorian Gray (1945) d’Albert Lewin Si ces deux films lui ont valu d’être nommée à l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1945 et 1946, l’actrice est à chaque fois sortie bredouille de la cérémonie Elle a toutefois pu se consoler avec le Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle qu’elle a reçu avec le second film en 1946 Devenue célèbre, Angela Lansbury a dès lors enchaîné les rôles importants dans les années 1940 On l’a ainsi retrouvée dans Bel Ami (1947) d’Albert Lewin, Les Trois Mousquetaires (1948) de George Sidney ou encore dans Samson et Dalila (1949) de Cecil B DeMille

En revanche, les années 1950 ont vu l’actrice se consacrer davantage à sa vie de famille Mais elle n’a pas pour autant disparu de la circulation Elle a ainsi campé un rôle secondaire dans la comédie Le Bouffon du roi (1955) de Melvin Frank et Norman Panama ainsi que dans le drame Les Feux de l’été (1958) de Martin Ritt

Dans la lignée de la décennie précédente, les années 1960 ont également vu Angela Lansbury se détacher un peu du cinéma Là, ce n’était pas pour sa famille, mais plutôt pour le théâtre L’actrice a effectivement rencontré un grand succès sur les planches avec Mame (1966) de Jerome Lawrence et Robert E Lee et Dear World (1969) de Jerry Herman, deux pièces qui lui ont valu de remporter le Tony Award de la meilleure actrice dans une comédie musicale en 1966 et 1969 Toutefois, Angela Lansbury était alors loin d’avoir mis un trait sur le 7e art Le début de la décennie 1960 l’a ainsi vue jouer un rôle secondaire dans Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer, un drame qui lui a permis de remporter le National Board of Review Award ainsi que le Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle en 1962 et 1963

Le théâtre prenant de plus en plus le pas sur le cinéma, les années 1970-1980 ont encore moins vu l’actrice jouer pour le grand-écran Elle a tout de même incarné la protagoniste de L’Apprentie sorcière (1971) de Robert Stevenson En outre, son rôle secondaire dans le film policier Mort sur le Nil (1978) de John Guillermin lui a permis de recevoir à nouveau le National Board Award de la meilleure actrice dans un second rôle Mais au théâtre, ç’a été la consécration, avec le Tony Award de la meilleure actrice dans une comédie musicale remporté en 1975 avec Gypsy de Jule Styne et Stephen Sondheim puis en 1979 avec Sweeney Todd, the Demon Barber of Fleet Street de Stephen Sondheim A côté l’actrice est devenue un visage culte du petit-écran avec Arabesque (1984 - 1996), une série policière qui a valu de remporter le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série télévisée dramatique en 1985, 1987, 1990 et 1992

En fait, Angela Lansbury n’a cessé de se faire remarquer jusqu’à la fin de sa vie Prêtant sa voix au personnage de Mme Samovar dans La Belle et la Bête (1991), elle a aussi interprété la chanson-thème qui a remporté l’Oscar de la meilleure chanson originale Au théâtre, elle a reçu le Tony Award de la meilleure actrice dans une comédie musicale en 2009 avec L’Esprit s’amuse de Noel Coward

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Alain Tanner en 1969 (© Collection Cinémathèque suisse)

Le 13 octobre, Bruce Sutter (69 ans).

“En 45 années passées dans le monde du baseball, je n’ai jamais vu meilleur lanceur de relève que lui” Herman Franks (source : Baseball Hall Of Fame)

Si on enfonce une porte ouverte en déclarant qu’il était l’un des meilleurs lanceurs de relève des années 1970 - 1980, on peut en fait carrément considérer qu’il apparaît parmi les plus grands joueurs de l’histoire à son poste Évoluant de 1976 à 1988 au sein de la Major League Baseball, Bruce Sutter a joué pour les Chicago Cubs de 1976 à 1980, pour les St Louis Cardinals de 1981 à 1984 puis pour les Atlanta Braves de 1985 à 1988

En douze années de carrière, le lanceur de relève a trouvé le temps de réussir 300 sauvetages ainsi que 861 retraits sur des prises Joueur particulièrement décisif, il a terminé à quatre reprises (1979, 1981, 1982 et 1984) releveur de l’année en Ligue Nationale et s’est même payé le luxe de remporter le Trophée Cy Young du meilleur lanceur de la Ligue Nationale en 1979 Il faut dire que Bruce Sutter était un si bon lanceur qu’il est parvenu le 8 septembre 1977 à réaliser la 19e “manche immaculée” (trois frappeurs retirés en neuf lancers) de l’histoire de la MLB

Ces exploits lui ont notamment permis de participer par six fois au All-Star Game, en 1977, 1978, 1979, 1980, 1981 et 1984 Mais ses faits d'armes lui ont également permis de faire briller les franchises dans lesquelles il a joué Il a notamment été l’un des artisans du triomphe des Cardinals lors de la Série mondiale de 1982

Grand nom du baseball, Bruce Sutter a naturellement été intronisé au Baseball Hall Of Fame en 2006

“C’était un talent extraordinaire, un homme exceptionnel” J K Rowling, Twitter, 14 octobre 2022

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C’est toutefois à la télévision que Robbie Coltrane a joué son rôle le plus marquant Son rôle dans la série policière Cracker lui a en effet valu de gagner le British Academy Television Award du meilleur acteur en 1994, 1995 et 1996 Et si l’acteur a surtout marqué le public par sa carrure, il s’est aussi fait remarquer dans des films dans lesquels on ne le voyait pas On lui doit notamment la voix de Gregory dans le film d’animation La Légende de Despereaux (2008) ainsi que celle de Lord Dingwall dans Rebelle (2012)

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Sport--
Bruce Sutter en 1981 (© Ron Vesely / Getty Images)
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Le 11 octobre, Robbie Coltrane (72 ans).
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Robbie Coltrane (© United Archives GmbH)

Le 14 octobre, Stanislav Kropilak (67 ans).

“Ton style de basket était au-dessus de ta taille”

Amicale Steesel, 2022

Du haut de ses 2,08m, il était l’un des plus grands joueurs de l’histoire du basketball tchécoslovaque Ailier fort slovaque, Stanislav Kropilak s’est illustré en club avec l’Inter Bratislava de 1975 à 1983 et de 1984 à 1985, avec le RH Pardubice de 1983 à 1984 ou encore avec le club belge du CEP Fleurus de 1985 à 1989 Avec le premier club, le joueur a gagné la Ligue Tchécoslovaque en 1979, 1980, 1983 et 1985 Avec la deuxième, il a remporté le même championnat en 1984

Décisif partout où il est passé, Stanislav Kropilak a été élu à cinq reprises “joueur tchécoslovaque de l’année” (1979, 1980, 1982, 1983, 1985) et dix fois de suite “joueur slovaque de l’année” (1975-1984) Son influence traversant les époques, il a même été présenté comme le “basketteur slovaque du XXe siècle” Et sa renommée dépassant les frontières tchécoslovaques, il a participé au FIBA All-Star Game en 1981, 1982 et 1987 Mais c’est aussi grâce à ses performances au sein de l’équipe nationale tchécoslovaque que Stanislav Kropilak est devenu une légende Il était en effet l’un des hommes forts de la sélection qui a pris l’argent en 1985 ainsi que le bronze en 1977 et 1981 au championnat d’Europe Alors qu’il a participé à sept reprises à cette compétition, le joueur demeurait en 2017 le 10e meilleur marqueur de l’histoire de l’EuroBasket Grande figure du basketball tchécoslovaque mais aussi des compétitions européennes, Stanislav Kropilak figurait ainsi sans surprise dans la liste des 50 plus grands joueurs de l’histoire de la FIBA dressée en 1991 En outre, il a été intronisé au FIBA Hall Of Fame en 2021

--Sport
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