Diagnostic social et technique

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Diagnostic social et technique

Comment comprendre les enjeux de l´habitat avec ses habitant-e-s sur un territoire rural La Vallée de Jacmel, Bainet, Sud-Est d´Haïti - 2019



Diagnostic social et technique

Comment comprendre les enjeux de l´habitat avec ses habitant-e-s sur un territoire rural La Vallée de Jacmel et Bainet, Sud-Est d´Haïti - 2019


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

SOMMAIRE

6 8 10 16

Abréviations et glossaire Porteurs du projet Introduction Frise chronologique

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1 - Cartographie du territoire 2 - Carte des acteurs 3 - Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire 4 - Assemblées communautaires 5 - Enquêtes et visites de terrain 6 - Analyse des données et sélection des bénéficiaires

28 36 50 64 84 98

Conclusion

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Introduction


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

ABRÉVIATIONS ET

EXPLICATIONS AFD : Agence Française de Dévelop­pement ADRESFEM : Association pour la Dignité et le Respect des Femmes

« Actions d’amélioration des lieux d’habitat et du ca­dre de vie par et pour des femmes en situation précaire en Amérique Centrale et aux Caraïbes », cofinancé par l´Agence Française de Développement (AFD), la Fondation Abbé Pierre et exécuté par HabitatCité, OJUCAH et ADRESFEM (en Haïti), FUNDASAL (au Salvador)

ALPROTECTRA : Accès au Logement par la Promotion des Techniques de Construction Traditionnelles Améliorées, programme financé principalement par la Fondation Abbé Pierre entre 2017 et 2018

ATECO : Association des Techniciens en Construction. Centre de formation professionnelle en construction basé à Jacmel, un des principaux acteurs dans la promotion des formations selon l´approche Techniques de Construction Locales Améliorées (TCLA)

APH : l´Habitat.

CCL : Cultures Constructives Locales

Action Projet

Pour intitulé

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Comédie : programme d’appui à la concertation, à la médiation et à la participation ci­­­toyen­ne dans le domaine de l’environnement et du territoire CRAterre : Centre de Recherche en Architecture de Terre FAP : Fondation Abbé Pierre FHAF : Fond Haïtien d´Aide à la Femme INFP : Institut National de Formation Professionnelle OJUCAH : Organisation des Jeunes Universitaires de Carrefour pour l´Avancement d´Haïti


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SIVUL : abréviation du projet intitulé « Amélioration de l’habitat de personnes mallogées en situa­ tion de vulnérabilité Communes de La Vallée de Jacmel et de Bainet en Haïti », financé principalement par la FAP et exécuté par Habitat-Cité, OJUCAH et ADRESFEM TCLA : Techniques de Cons­ truction Locales Améliorées 1T1A : Un Toit Un Avenir, programme financé principalement par la FAP VEDEK : Vive Espoir pour le Développement de CapRouge OPDS : Organisation Paysanne Du Sud

Introduction

GLOSSAIRE Bòs : mot créole signifiant artisan-e. Dans ce document, ils/ elles sont associé-e-s au domaine de la construction Lakou : mot créole venant du français “la cours”. Le lakou est l´espace extérieur familial dans lequel se situent toutes les installations (maison, cuisine, espace de séchage des grains, latrines, tombeau des ancêtres, etc.) Micro-zone : représente une portion de territoire déterminée qui regroupe une quantité limitée de ménages qui sont confrontés aux mêmes problématiques territoriales et d´habitat (environnement et

contexte, accès à l´emploi / éducation / culture). Morne : mot venant du créole, signifiant montagne ou colline, typique du paysage rural haïtien Shelter : de l´anglais, abri temporaire d´urgence


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

PORTEURS DU PROJET Habitat-Cité Habitat-Cité est une association créée en 2003 par des personnes issues d’horizons divers avec pour ambition de contribuer à la résorption des bidonvilles et de tout type d’habitat indigne en France et dans le monde. Habitat-Cité intervient en Haïti depuis la reprise du programme de Planète Urgence en 2017 « Un Toit Un Avenir », financé principalement par la Fondation Abbé Pierre.

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CRAterre

OJUCAH

Depuis 1979, le CRAterre, Centre international de la cons­ truction en terre, œuvre à la reconnaissance du matériau terre et des CCL afin de répondre aux défis liés à l’environnement, à la diversité culturelle et à la lut­te contre la pauvreté.

L´Organisation des Jeunes Universitaires de Carrefour pour l´Avancement d´Haïti travaille depuis 1998 pour l’amélioration des conditions de vie des paysans en réali­ sant des actions de dévelop­ pement. Elle rassemble 1200 membres et agit dans les communes de La Vallée de Jacmel et Bainet. Elle est basée dans la localité de Lavial.

Habitat-Cité bénéficie du sou­ tien des expert-e-s du CRAterre depuis 2011 dans dif­ férents pays (Nicaragua, Haïti, Salvador) grâce notamment à l’appui de la Fondation Abbé Pierre. Depuis début 2019, Habitat-Cité et CRAterre se réunissent plus régulièrement dans l´objectif de renforcer leur partenariat.

Elle réalise de multiples projets dans les domaines suivants : agriculture, élevage, eau potable, santé, éducation, formation, environnement et reforestation. C´est le principal partenaire local d´Habitat-Cité en Haïti depuis 2017.


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Introduction

ADRESFEM

Fondation Abbé Pierre

L´Association pour la Dignité et le Respect des Femmes agit de concert avec OJUCAH dans les communes de La Vallée de Jacmel et Bainet et est directement tournée vers l’amélioration de la vie des femmes.

La Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés a pour mission de permettre à toute personne démunie d’accéder à un logement décent et à une vie digne.

Elle a lancé ou suivi des programmes variés à destination des femmes : lutte contre les violences faites aux femmes, distribution de mulets et gestion d’une porcherie, sensibilisation au choléra, etc.

Elle soutient près de 900 projets par an, principalement dans la construction de logements, le combat contre l’habitat indigne, l’aide et l’accueil des personnes sans abri, le conseil et l’accompagnement juridiques des personnes mallogées, la sensibilisation de l’opinion et l’interpellation des pouvoirs publics. La FAP finance et soutient Habitat-Cité dans divers projets depuis 2003 et en Haïti depuis 2017.

Agence Française de Dévelop­pement L´AFD est un établis­ sement public qui met en œuvre la politique de la France en matière de dévelop­ pement et de solidarité internationa­ le. Climat, biodiversité, paix, éducation, urbanisme, santé, gouver­ nance… Les équipes de l´AFD sont engagées dans plus de 4 000 projets à fort impact social et environnemental dans les Outre-mer français et 115 pays. L´AFD finance et soutient Habi­tat-Cité dans des projets de Solidarité Internationale depuis 2018.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

INTRODUCTION Aspects généraux L’année 2019 correspond à la première année du programme Amélioration de l’habitat de personnes mal-logées en situa­tion de vulnérabilité (SIVUL) et à la deu­xième année du programme multipays Actions d’amélioration des lieux d’habitat et du cadre de vie par et pour des femmes en situa­tion précaire en Amérique Centrale et aux Caraïbes (APH). Cette première année du programme SIVUL a permis, comme prévu, la réalisation

d’un diagnostic territorial, technique et social, des zones de La Vallée de Jacmel et Bainet, dans la région sud-est d’Haïti. Un des principaux objectifs du programme triennal (2019 – 2022) étant in fine la réhabilitation de cent maisons traditionnelles et/ou shelters dans trois micros-zones. Il s’agissait de mieux appréhender les deux communes d’intervention, de comprendre plus en profondeur les enjeux de l’habitat et aussi les difficultés rencontrées par les familles. Aussi, il s’agissait d’accompagner les partenaires locaux dans le renforcement de leurs compétences. Suite à la réalisation du diagnostic territorial et au choix des micros-zones d’intervention, les partenaires ont organisé et démarré les premiers chantiers de réhabilitation en octobre 2019.

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Introduction au diagnostic Cette étape s´est étendue sur une pé­riode de six mois, d´avril 2019 à septembre 2019, et a permis de sélectionner trois micros-zones d´intervention prio­ ritaires. Dans ces trois microszones, 100 ménages au total ont été considérés comme les plus vulnérables selon plusieurs critères définis en amont. Ce travail de diagnostic a permis de préparer et légitimer des actions d´amélioration de l´habitat dans ces trois microszones en accord et avec la participation de tous les acteurs (habi­ tant-e-s, autorités locales, représentants divers). Ces actions, parmi lesquelles la réhabilitation ou réparation de 100 maisons traditionnelles et shelters, visent à améliorer durablement les conditions

Introduction

de vie des habitant-e-s de ces territoires et à faciliter un dévelop­pement économique et social. Habitat-Cité promeut avec ses partenaires en Haïti la prise en compte des Cultures Constructives Locales (CCL). Il s’agit de les comprendre et de se les approprier pour répondre aux problématiques de l’habitat dans les zones rurales d´intervention. Pour cela, entre 2017 et 2019, les équipes se sont formées à l´approche des Techniques Constructives Locales Améliorées (TCLA) et les projets se sont concentrés sur la construction et réparation de maisons traditionnelles ainsi que la formation d´équipes locales. Une spécificité des territoires

d´intervention est la présence de nombreux shelters ins­tallés à Brésilienne dans la commune de Bainet suite au tremblement de terre du 12 janvier 2010. Ces shelters d´urgence qui devaient être habités temporairement le sont toujours pour la plupart en 2019. Ces abris confèrent aux habitant-e-s des conditions de vie inadaptées, parfois indécentes. Dans le cadre des projets ALPROTECTRA (2017-2018) et APH (2018 - 2020), deux prototypes de réhabilitation de shelters ont été réalisés. Ces interventions ont montré qu´il était pos­ sible, avec des moyens limités, de transformer ces shelters en maisons dignes. Au regard des besoins des ménages, la réhabilitation de shelters dans le cadre des projets SIVUL et APH a été envisagée.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Un travail d´équipe Les réunions d´équipe sont des étapes indispensables pour la validation du processus et des décisions. Elles ont été diver­ ses, n´incluant pas nécessairement à chaque fois les mêmes participant-e-s. Les membres d´Habitat-Cité ont souvent échangé en interne, entre le siège et le terrain et aussi en incluant des intervenants extérieurs pouvant alimenter la réflexion sur des points plus spécifiques (comme le CRAterre ou Cart­ ONG par exemple). Pour le bon déroulement du processus de diagnostic, OJUCAH s´est réuni spécifiquement avec ses délégués* dans chaque zone d´intervention.

Il faut souligner que les réu­nions de plani­fication ont été très nombreuses, souvent à raison de plusieurs fois par semaine. Un comité local d´OJUCAH, ADRESFEM et Habitat-Cité se réunit hebdomadairement afin de prendre des décisions.

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* OJUCAH intervient dans un ter-

ritoire qui s´étend sur une partie des communes de Bainet et la Vallée de Jacmel (voir carte). Chacune de ces communes est constituée de plusieurs localités. Les localités sont très disparates (superficie, densité, géographie) et OJUCAH regroupe plusieurs localités mitoyennes pour former des groupes d´habitant-e-s membres de l´association appelés cellules. Au total, OJUCAH compte 9 cellules sur les deux communes et chacune d´entre elle est représentée par 2 délégués. Chaque cellule se réunit dans sa zone tous les mois, le comité d´OJUCAH organise également une assemblée générale chaque mois. Par ailleurs, le comité d´OJUCAH réunit régulièrement tous les délégués des cellules et se rend ponctuellement dans chaque zone pour rencontrer les membres des cellules.


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Réunions de planification d´équipe


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

L´ancrage d´OJUCAH sur le territoire, un point fort à exploiter Le diagnostic a commencé le 23 février 2019 lors d´une réunion entre l´équipe locale d´Habitat-Cité et les délégués des zones d´OJUCAH. Cette réunion a permis à l´équipe d´Habitat-Cité de rencontrer les délégués de chaque zone d´intervention d´OJUCAH, de répondre à leurs interrogations, de leur présenter les projets SIVUL et APH et les étapes prévues dans le cadre du diag­ nostic. Les délégués étaient en charge de faire un travail de pré-diagnostic de l´habitat dans leur zone en comptabilisant le nombre de maisons traditionnelles et shelters, en indiquant leur état et

en spécifiant s´ils sont habités ou pas. L’objectif était d´avoir une idée générale de la situation dans les zones les plus habitées et de pouvoir sélectionner 3 grandes zones d´intervention à affiner par la suite. C´est le 2 avril 2019 que les résultats ont été présentés en comité de pilotage. Le pré-diagnostic a démontré que Lavial, Denard et Brésilienne étaient les zones les plus habitées.

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Réunions de planification d´équipe

Pré-diagnostic par les cellules communautaires d’OJUCAH

Zone

Cellule

Lavial / Bellande / Lacours Lavial Poli I Poli II Petite Brésilienne Geffray Brési­ Brésilienne lienne Gard De- Denard nard Bas-Fond

MaiMaisons Shelsons à en bon ters réparer état

Maisons inhabitées ou inachevées

149

188

-

77

23 49 25 66 189 162 14

17 17 20 43 25 9

14 131 -

4 7 0 25 7 5 4


FRISE CHRONOLOGIQUE 02/2019

Recher­ ches sur la carte des acteurs.

Equipe siège d´HC

23/02/2019 - Local OJUCAH

02/04/2019 - Local du FHAF à Ridoré

Présentation des résultats des estimations des délégués de chaque zone. Lavial, Denard et Brésilienne sont les 3 zones les plus prioritaires.

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

09/05/2019 Local d´OJUCAH

Présentation de la méthodologie à suivre lors des Assemblées Communautaires

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

Rencontres et visites

Assemblées communautaires

Processus d´enquêtes

06/03/2019 - Local

Réunion avec les délégués des cellules d´OJUCAH

Présentation du processus, par­ tage de cartes et instructions pour une estimation du nombre de ménages concernés par zone. Equipe locale d´HC, comi­té d´OJUCAH, délégués d´OJUCAH

Carte des acteurs

16/03/2019 - Local OJUCAH

OJUCAH

Les délégués présentent la première étude de leur zone au co­mité d´OJUCAH

Premier travail de terrain sur la carte des acteurs

Réunion avec les comités d´OJUCAH, ADRESFEM et équipe locale d´HC

avril 2019

Déménagement de l´équipe locale d´HC à Lavial : bureaux et logement

11/05/2019 Eglise de Brésilienne

Assemblée Communautaire de Brésilienne

Familles de Brésilienne, équipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM, un délégué de Brésilienne

Comité et délégués d´OJUCAH

01/04/2019

Evolution des portes de l´équipe locale d´HC

12/05/2019

Travail sur le partenariat HC / CRAterre Equipe siège d´HC, représentants du CRAterre

31/03/2019

Fin du programme ALPROTECTRA

13/05/2019 - Ecole Sainte Thérèse de Lavial

Assemblée Communautaire de Lavial Familles de Lavial, équipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM


15/05/2019 Local OPDS à Denard

03/05/2019 Local d´OJUCAH

Assemblée Communautaire de Denard

Planification des Assemblées Communautaires

Familles de Denard, équipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM, délégués de Denard

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

03/06/2019 - Cap-Rouge

Equipe locale d´HC, Nadège Quintallet, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

Equipe locale d´HC, Nadège Quintallet, membres d´OJUCAH et ADRESFEM

Rencontre avec Vive Espoir pour le Déve­ loppement de CapRouge (VEDEK)

Deuxième acti­vité sur la Carte des acteurs

Mission de Nadège Quintallet en Haïti

13/06/2019 - Local d´OJUCAH

Présentation d´un premier modèle d´enquêtes

29/05/2019 - Local d´OJUCAH

Travail sur les questionnaires d´enquêtes Equipe locale d´HC

17/06/2019 Local d´OJUCAH

Travail puis pre­mière validation du questionnaire d´enquêtes sociales et techniques Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

du 01-06/06/2019 Denard - Brésilienne - Lavial

Visite de reconnaissance des trois zones d´intervention

Equipe locale d´HC, Nadège Quintallet, comité d´OJUCAH

Apprentissage de l´application Kobo et transcription des enquêtes au format. Création d´un guide pour les enquêteurs adapté au contexte Equipe locale d´HC

04/06/2019 - Local d´OJUCAH

Présentation des résultats des Assemblées Communautaires. Affinement des zones d´intervention.

Equipe locale d´HC, Nadège Quintallet, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

20/06/2019 Local d´OJUCAH

Formation théorique sur la réalisation des enquêtes Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM, bòs concernés, jeunes bénévoles de la communauté

24/06/2019 Local d´OJUCAH

Réunion de planification logistique pour la réa­lisation des enquêtes

Equipe locale d´HC, comité d´OJUCAH


25/06/2019

26/06/2019 - Local d´OJUCAH

05/07/2019 - Bureau de la Fondation Abbé Pierre - Paris

Formation pratique du groupe d´enquêteurs avec l´utilisation de l´application Kobo Collect

Port-Salut (Sud)

Rencontre avec la Coopération Suisse et visite de leurs projets

Présentation de l´avancement du diagnostic par l´équipe d´HC

01-10/07/2019 - Lavial / Brésilienne / Denard

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM, bòs concernés, jeunes bénévoles de la communauté

Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

08/08/2019 Local d´OJUCAH

Validation des microzones, pré-sélection des ménages de Brésilienne

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

Visite de tous les ménages de la micro-zone de Brésilienne

Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

15/08/2019 - Local d´OJUCAH

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM, bòs concernés, jeunes bénévoles de la communauté, délégués d´OJUCAH concernés Lavial

Comités d´OJUCAH et ADRESFEM, bòs concernés, jeunes bénévoles de la communauté, délégués d´OJUCAH concernés

07/08/2019 Brésilienne

Atelier sur les apprentis­sages des enquêtes. Remise des certificats aux enquêteurs

Visite des projets par une délégation de Caritas Suisse

Réalisation des enquêtes dans les trois zones

16/07/2019 Skype

01/08/2019 Local d´OJUCAH

Travail de synthèse sur les résultats des enquêtes. Sélection des micro-zones

Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

30-31/08/2019 - Lavial

Visite de tous les ménages de la micro-zone de Lavial Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

Echange entre Elsa Cauderay (CRAterre) et l´équipe locale d´HC

29/08/2019 - Local d´OJUCAH

Validation de la liste des ménages sélectionnés à Brésilienne Equipe locale d´HC, comités d´OJUCAH et ADRESFEM

du 13/08/2019 au 30/08/2019 - Quisqueya, Samaná, République Dominicaine

Formation de Design en Permaculture

Trois femmes expertes, un membre d´OJUCAH et Almudena Albert Galiana


04-09/08/2019 - Lavial

Mission de Fyto San­doval Formation en Permaculture Les femmes expertes, équipe locale d´HC, membres d´OJUCAH et ADRESFEM, habitant-e-s de Lavial

Sélection des ménages priori­taires dans chaque micro-zone en fonction des critères définis Equipe locale d´HC

21/08/2019

28/08/2019

Local d´OJUCAH

Brésilienne

Présentation de la mise à jour de la Carte des Acteurs Equipe locale d´HC

11/09/2019

Noire (Brésilienne)

Ville de Bainet

Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH et ADRESFEM

18/09/2019

19/09/2019

Local de l´OPDS à Denard

Local d´OJUCAH

Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

11/09/2019 - Eglise de Terre

Assemblée Communautaire de la micro-zone de Brésilienne. Présentation à la communauté des ménages sélectionnés.

Assemblée Communautaire de la micro-zone de Denard. Présentation à la communauté des ménages sélectionnés.

Visite de vérification à Brésilienne.

Assemblée Communautaire de la micro-zone de Lavial. Présentation à la communauté des ménages sélectionnés. Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

Présentation de l´avancement du projet et diagnostic au maire de Bainet

Equipe locale d´HC, représentants d´OJUCAH et ADRESFEM

23-24/08/2019 - Denard

Visite de tous les ménages de la microzone de Denard Equipe locale d´HC, membres d´OJUCAH

17/09/2019 - Ridoré

Présentation de l´avancement du projet et diagnostic à la mairesse de La Vallée

Equipe locale d´HC, représentants d´OJUCAH

23/09/2019 Centre d´ATECO

Rencontre avec ATECO, présentation de l´avancement du projet et accords sur les chantier-écoles. Equipe locale d´HC, représentants d´OJUCAH

Octobre 2019

Démarrage de la phase de production de l´habitat


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CARTOGRAPHIE DU TERRITOIRE

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Cartographie du territoire


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Comprendre la géographie rurale en Haïti n´est pas simple. Les cartes sont souvent imprécises et obsolètes. Les institutions locales comme les mairies ne possèdent pas de carte fiable de leur territoire. L´équipe locale d´Habitat-Cité a donc fait un premier travail de recherche des cartes exis­ tantes et les a croisées avec différentes images satellites (Google, Bing, Open Street Maps, etc.). Les principaux fonds de carte utilisés provenaient du Centre National de l´Information Geo-Spatiale (CNIGS). En croisant près de 5 fonds de carte différents, il a été possible de trouver la position des routes, les rivières et les limites des communes et donc d´avoir un unique fond de carte représentatif de la réalité du terrain sur lequel travailler.

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Le cas des localités Les noms des localités sont importants pour les habitant-e-s ; c´est leur manière de définir leur position géographique. Néanmoins, il a été extrêmement complexe de positionner sur la carte ces localités pour diverses raisons. Tout d´abord, sur tous les fonds de carte trouvés, un seul mentionnait des noms de localités. De plus, comme écrit dans la légende, « le tracé des limi­ tes administratives est porté à titre indicatif sans position­ nement géographique précis. Il est sans valeur juridique ». L´équipe a donc dû faire appel aux habitant-e-s pour si­ tuer les localités sur le territoire.

Cartographie du territoire

Les habitant-e-s cependant n´avaient pour la plupart jamais vu de carte de leur zone et rencontraient des difficultés à les interpréter. Ensuite, les limites des localités ne sont pas clairement définies (un arbre, une crête de morne, une maison) et encore moins communes à tous les habi­tant-e-s. Deux familles partageant un même lakou peuvent considérer vivre dans des localités différentes. Les enquêtes ont donc été très utiles pour situer les localités mais insuffisantes pour avoir une compréhension complète de la géographie du territoire. La dernière difficulté réside dans l’existence d’appellations populaires qui ne sont pas identiques selon les personnes ; un même nom de localité peut englober plu­ sieurs sous-localités et tous les

habitant-e-s ne l´interprètent pas de la même manière. Pour tenter d´avoir un résultat lisible et utilisable, l´équipe locale a préféré ne pas prendre en compte certaines sous-localités pour éviter de trop morceler le territoire. L´important étant que toutes les portions de territoire corres­ pondent bien à une localité.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

A la rencontre entre les savoirs populaires et les GPS L´équipe a alors commencé à placer tous les noms de localités que les habitant-e-s utilisent dans chaque zone d´intervention du projet. Il a fallu d´abord les disposer les uns par rapport aux autres puis ensuite définir les frontières. Pour cela, des groupes de travail ont été composés de membres d´OJUCAH, les délégués des zones concernées et d´habitant-e-s, notamment des personnes âgées. Plusieurs versions de cartes ont été réalisées car elles étaient toujours remises en question. Les habitant-e-s n´interprètent pas de la même façon leur territoire et encore moins la représentation de celui-ci sur une carte.

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Enfin, l´ajout des coordonnées GPS des divers interventions réalisées dans le cadre des projets a permis de fixer des accords communs (par exemple, la maison d´untel appartient à telle localité). Les interprétations du territoire ne coïnci­ daient pas toujours avec les coordonnées GPS, ce qui a amené à la réinterprétation des témoi­gnages. Finalement, des consensus ont été trouvés dans les groupes de travail pour une « der­nière » version de la carte. Les organisations Habitat-Cité, OJUCAH et ADRESFEM sont bien conscientes que cette carte n´est pas parfaite et qu´il doit y avoir des incohéren­ ces. Néan­moins, elle est bien plus proche des réalités du terrain et plus précise que les cartes qui étaient disponibles au départ.


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Des frontières administratives et culturelles Alors que ce travail de carto­ graphie a permis aux équipes de travail de mieux appréhender le territoire, il a permis également de situer les ménages sur le territoire. Il y avait des incohérences entre les frontières communales, officielles sur les différentes cartes, et les localités. Certaines localités sont à cheval sur deux communes (Poli 2 par exemple). D´après les limites com­ munales, les maisons de 18 familles des 35 sélectionnées à « Lavial » se situent dans la commune de Bainet et le reste dans la commune de La Vallée de Jacmel. Or, d´après les enquêtes et les dires des

Cartographie du territoire

habitant-e-s, tous considèrent qu´ils habitent dans la commune de la Vallée de Jacmel. Deux raisons principales ressortent : • Les habitant-e-s considèrent qu´ils vivent dans la commune de la ville qui est la plus proche en temps de leur logement mais ce n´est pas toujours le cas d´un point de vue admi­ nistratif. • Un territoire doit avoir une superficie minimale pour être considéré comme commune. Ainsi, des frontières administratives ne correspon­ dent pas toujours aux usages. C´est pour cela par exemple que même la mairesse de la Vallée de Jacmel, Mme Marie Yolaine Philippeaux, considè­ re dans l´usage que tous les habitant-e-s de Poli 2 sont sous

la responsabilité de sa commune, bien qu´officiellement ils soient situés sur la commune de Bainet.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

2 km

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Cartographie du territoire

LEGENDE Routes principales Routes secondaires Routes terciaires Chemins

Zones d´intervention Micro-zones Localisation des ménages sélectionnés

Délimitation des sections communales Délimitation des localités Local d´OJUCAH


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CARTE DES ACTEURS

Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

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Carte des acteurs


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Le travail sur la carte des acteurs a commencé au début de l’année 2019 par des recher­ ches réalisées de­ puis le siège d´Habitat-Cité. L´association intervient en Haïti depuis 2017, sa relation avec le pays et ses acteurs est encore très jeune. Bien qu´Habitat-Cité ait collaboré avec différents acteurs en Haïti (mairies, organisations communautaires de base, organisations internationales, centres de formation, etc.), il est dans l´intérêt de l´association de développer son réseau et ses connaissances du territoire en général.

Habitat-Cité se positionne comme un accompagnateur de dynamiques locales, pour permettre que les projets soient portés par les acteurs du territoire. L´équipe d´Habitat-Cité utilise cette définition de la carte des acteurs exprimée par Comédie: Les cartographies d’acteurs sont des schémas ou des tableaux qui fournissent une représentation des acteurs concernés par un projet ou un conflit ainsi que des relations entre eux. Elles peuvent s’avérer utiles au tout début de la construction d’un dispositif de dialogue territorial, pour mieux connaître le ter­ ritoire et contribuer à définir la stratégie de concertation.

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Après un partage des con­ -­ cepts au sein d´HabitatCité, une premiè­ re réunion s´est tenue avec les membres d´OJUCAH et ADRESFEM dans leur local (06/03/2019). L´objectif premier était de recenser tous les acteurs avec qui les partenaires ont des échanges. Ensuite, de s´interroger sur le rôle de chaque acteur et les relations qui exis­tent entre eux. Après une présentation des concepts, les partenaires ont donc travaillé en petits groupes mélangés. Ensuite, chaque groupe a présenté à l´ensemble des participants sa carte. Plusieurs conclusions émanent de cet­ te première phase :


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• Les quatre groupes ont recensé quasiment les mêmes acteurs (n´excédant pas les 18). Ces acteurs sont ceux avec lesquels les partenaires locaux ont déjà travaillé. Les autres types d´acteurs n´ont pas été intégrés. • Chaque groupe a eu une manière différente de représenter les acteurs. Les formes des cartes étaient va­ riées. • Deux idées se distinguent : soit une vision des­ cendante avec les institutions internationa­les (bailleurs : AFD, FAP) et organisations (HabitatCité / OJUCAH / ADRESFEM) en haut, les autres acteurs en bas ; soit le projet au cœur comme moteur et les acteurs autour. Dans les deux cas, les habitant-e-s ont un rôle secon­ daire.

Carte des acteurs

Ce premier exercice a permis de réfléchir de manière collective, d´amener les partenaires à penser à tous les acteurs intervenants sur le territoire.


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Carte des acteurs

Lors de la mission de Nadège Quintallet en Haïti (chargée de Solidarité Internationale à Habitat-Cité), du 26 mai au 9 juin 2019, une nouvelle rencontre sur la carte des acteurs a été organisée (29/05/2019). Les cartes avaient été préa­ lablement mises au propre par l´équipe locale et étudiées par l´équipe au siège. L´objectif de cette nouvelle rencontre était de reprendre le travail déjà réalisé mais en se plaçant à l´échelle de tout le territoire national et de dépasser ainsi la vision de projet. Lors de cet exercice en commun, de nombreux nouveaux acteurs ont émergé. Pour chacun d´entre eux, des informations ont été collectées : une description, l´échelle

d´intervention (locale, régio­ nale, nationale, internatio­ nale) et les objectifs poursuivis par ces acteurs. Ce nouvel atelier a permis de réaliser des modèles de cartes bien plus complets, avec plus d´acteurs (une trentaine), des descriptions, rôles et objectifs pour chacun d´entre eux mais aussi leur échelle d´intervention. En août 2019, un modèle de carte a donc été mis au propre par l´équipe locale d´HabitatCité et partagé avec le siège. Suite à quelques échanges, l’association a élaboré une dernière version de la carte. L´échelle n´était pas toujours simple à définir puisque plu­ sieurs acteurs interviennent à plusieurs échelles différentes


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

en même temps. Les relations entre les acteurs ne sont pas tou­ jours faciles à représenter puisqu´elles sont multiples. Cette carte permet d´avoir une vision assez synthétique des différents acteurs de l´habitat pour la région du Sud-Est d´Haïti. Cette carte n´est évidemment pas figée et tend à être complétée pour évoluer en fonction des diverses dynamiques locales.

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INSTITUTIONS LOCALES Mairies en général Surveiller et autoriser les con­ structions. Légaliser les ter­ rains. Développement des communes.

CASEC et ASEC

Conseil d’Administration de la Section Communal ­ Assemblée de la Section Communale. Développement commune

Eau, route, DINEPA Sur les chantiers, facilités et contraintes

INSTITUTIONS NATIONALES UCLBP

Unité de Construction de Logement et de Bâtiment Public Fixe les normes constructives à suivre

MTPTC

Ministère de Travaux Publics et de la Construction. Fixe les normes constructives à suivre

UNFP

Institut national des écoles professionnelles Institution qui s’occupe de former des personnes. Faciliter l’accès au nouveaux métiers.

OFATMA

Office d’assurance acci­ dent du travail, maladie et maternité Assurance, bonne santé sur les chantiers en cas d’accident.

CODEVA

ORGANISATIONS COMMUNAU­ TAIRES DE BASE Coude­ à­ coude pour le développement de La Vallée Association local qui travaille pour le développement de la communauté.

OPDS

Organisation paysanne pour le développement du Sud­Est Association locale qui travaille pour le dévelop­ pement de la communauté et la zone.

OJUCAH

ADRESFEM

Organisation des Jeunes Universitaires pour l´Avancement d´Haïti Développement de sa communauté

Association pour le Droit et le Respect des Femmes Amélioration de la situation des femmes de la communauté

VEDEK

sa

Vive Espoir pour le Dévelop­ pement de Cap­Rouge Développement de communauté

ONG

INTERNATIONALES Habitat­Cité Amélioration de la situation de l´habitat ici et ailleurs

CRAterre

Centre de Recherche de l´architecture en terre Développement des Cul­ tures Constructives Locales à l´échelle internationale. Interventions directes et expertises

Plan Haïti ONG qui travaille pour le développement du pays. Construction latrines.

Save the Children

RFPCH

ONG qui travaille pour le développement du pays

Croix Rouge

Regroupement des femmes professionnelles en cons­ truction en Haïti Regroupement des femmes qui travaille pour l’intégration de la femme dans le milieu de la construction

Réflexion sur la construction, sécurité sur les chantiers, projets d’habitat (construc­ tions maisons post catastrophe)

Caritas Suisse ONG qui travaille pour le développement du pays. Utilisation des TCLAs + GRD

Coopération Suisse

Care

ONG qui travaille pour le développement du pays. Utilisation des TCLAs + GRD

Aménagement urbain pour faire face aux risques de ca­ tastrophes naturelles (GRD)

Solidarités internationales Projets d´assainissement

Projets GRD

de

de

de

Action contre la faim

d´amélioration l´habitat

Architectes de l’urgence Projets

d´amélioration l´habitat

Techo

d´amélioration l´habitat

Entrepreneurs du monde Projets

Projets

HABITANTS

LES CONSTRUCTEURS Bòs

Artisans de la construction

Habitants des communautés Avoir un abri digne et sure

Main d’œuvre

CENTRES DE FORMATIONS École Atelier Jacmel Ecole professionnelle qui forme de nouveaux profes­ sionnels dans les domaines de la construction

ETFAG

Ecole technique Frère An­ dré Guimond

ATECO

Ecole professionnelle qui forme de nouveaux profes­ sionnels dans les domaines de la construction

Association des Techniciens de la Construction Association qui forme de nouveaux professionnels dans les domaines de la construction aux techniques constructives locales amé­ liorées

Fournisseurs de matériaux

FOURNISSEURS Produire pour vendre, ga­ gner de l’argent

Fournisseurs de services

Magasins

Vente et déplacements, gagner de l’argent

Gagner de l’argent

Echelle:

Locale Nationale Internationale

CARTES DES ACTEURS DE L´HABITAT dans la région du Sud­Est d´Haïti ­ 2019

Manière de s’organiser, es­ prit communautaire « l’union fait la force »

La corvée (konbit)

Se former, avoir la possibilité d’avoir un travail après

Bénévoles qui partici­ pent dans les travaux

Travaille sur les chantiers à côte des bòs. Apprenants, travaille pas qualifié

Travailler

Bénéficiers directs et indirects Personnes dans les besoins. Nécessite d’avoir une mai­ son digne et sure

Notables Développement de sa com­ munauté, conseillers

Leaders communautaires Développement de sa com­ munauté, conseillers

UNASMU

UNIVERSITÉS NATIONALES Université Américaine de Sciences Modernes d’Haïti Former des gens dans les domaines de l’ingénierie civil, techniciens de la construction, etc.

de

BAILLEURS DE FONDS INTERNATIONAUX AFD

Agence Française de Développement

FAP

Financer des projets développement internationaux

Fondation Abbé Pierre Lutter contre le mal loge­ ment en financement des projets de développement

Ambassades Promouvoir les projets de développement et culturels.


3 RENCONTRES ET ÉCHANGES AVEC D´AUTRES ACTEURS DU TERRITOIRE

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Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Le temps du diagnostic est aussi une période privilégiée pour échanger avec d´autres acteurs du territoire et permet de mieux connaître les visions et méthodologies des dif­ férentes institutions et associations. Les contextes et objectifs diffèrent mais cela n´empêche pas l´émergence d´apprentissages. Enfin, ces échanges améliorent le travail en réseau des différents acteurs et la coopération au moment de répondre aux enjeux d´amélioration de l´habitat.

RENCONTRE AVEC VEDEK(SUDEST) ET LA COOPÉRATION SUIS­ SE À PORT-SALUT (SUD) VEDEK (Vive Espoir pour le Développement de CapRouge) est une organisation qui existe depuis plus de 30 ans, elle a été créée en 1988. Sa création est survenue après les dégâts provoqués par l’ouragan Gilbert. La Coopération Suisse inter­vient à PortSalut dans le Sud du pays en réponse à l’ouragan Matthew qui a frappé la zone en 2016 et détruit de nombreuses habi­ tations.

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VEDEK et la Coopération Suisse ont collaboré avec le CRAterre et adoptent une approche respectueuse des CCL notamment par l´utilisation de TCLA dans leurs projets cons­ tructifs. Habitat-Cité, OJUCAH et ADRESFEM ont déjà eu des échanges avec ces deux organisations à Lavial ou sur leur lieu d´intervention, notamment lors de la mission d´Olivier Moles (référent principal de CRAterre pour Habitat-Cité dans les projets SIVUL et APH) en Haïti en juillet 2018. Une délégation mixte HabitatCité – OJUCAH – ADRESFEM s´est rendue à Cap-Rouge et Port-Salut pour échanger avec les institutions.


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Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire

Le choix des familles bénéficiaires Dans le cadre d´un projet mené par Caritas France, le Secours Catholique et la Plateforme Haïtienne de Plai­doyer pour un Dévelop­ pement Alternatif (PAPDA), VEDEK a soutenu les habitant-e-s de Cap-Rouge dans la répa­ ration de plus de 100 maisons traditionnelles. Il était donc particulièrement intéressant pour Habitat-Cité, OJUCAH et ADRESFEM de comprendre le processus de sélection des familles pour s´en inspirer pour rédiger les projets SIVUL et APH. Tout d´abord, il faut noter que VEDEK a développé avec le temps un système d´enquêtes qui permet d´avoir une base

de données précise sur les conditions de vie des habi­tante-s de leurs com­ munautés et bien plus fiable que les informations des mai­ries ou de l´Etat. Après chaque ouragan, l´organisation réalise des enquêtes pour faire un état des lieux des dégâts (pertes humaines, pertes d’animaux d’élevage, habitats endommagés, etc.). Dans le cadre de ce projet, VEDEK et la communauté ont commencé à travailler sans savoir qu´ils recevraient des fonds extérieurs. Il avait été décidé en amont d’un nombre de personnes « bénéficiaires » par zone et chaque zone décidait quelles seraient les familles qui bénéficieraient d’une aide. Le choix était fait en assemblée, à main le­vée.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Le contexte d’intervention de VEDEK est donc légèrement différent de celui d’HabitatCité, OJUCAH et ADRESFEM. Néan­ moins, OJUCAH et VEDEK montrent des similitudes au niveau de leur système organisationnel, avec un Conseil d’Administration, des cellules ou groupements, des délégués ou res­ponsables de zone, des assemblées communautaires mensuelles, des comités par type d´action, etc. Cet échange a permis de confirmer qu´il était fondamental de pouvoir organiser des assemblées com­munautaires par zone, de compter sur le soutien des délégués dans ces zones et de s’appuyer sur une fine connaissance des familles par le biais d’enquêtes.

Dans le projet qu´elle a mené à Port-Salut, la Coopération Suisse a suivi un processus différent. Tout d´abord, elle prévoyait de cons­ truire 500 maisons neuves et non de réparer des maisons traditionnelles. Ensuite, elle ne travaillait pas en partenariat avec une organisation communautaire de base, mais échangait directement avec les familles. Pour cela, elle a demandé aux habitant-e-s de chacune de leur zone de travail de créer un comité de personnes représentant les différents secteurs de la popu­ l­ ation (agriculture, pêche, lea­ders communautaires, religieux, etc.), ce comité était en charge de faire une sélection de 100 familles vulnérables.

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Suite à cela, la Coopération Suisse a réalisé des enquêtes auprès de ces 100 familles, n´en sélectionnant que la moitié. Dans le cadre de ce projet, l´application Kobo Collect a été utilisée pour réaliser les enquêtes de terrain, le même outil qui allait être utilisé pour le diagnostic des projets SIVUL et APH. La Coopération Suisse a partagé des détails sur le fonctionnement de l’application et une partie de sa base de données. Elle a développé un système d’analyse intéressant avec des indicateurs permettant d’attribuer un nombre de points aux familles selon des critères de vulnérabilité.


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Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

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Les matériaux de construction VEDEK et la Coopération Suis­ se cherchent à avoir un impact économique positif dans les communautés auprès desquelles elles interviennent en achetant les matériaux de construction auprès de fournisseurs locaux qui sont en général des particu­ liers. Même si les prix peuvent être légèrement supérieurs en achetant dans les communautés plutôt qu´en ville, les organisations réduisent les coûts en transports qui sont souvent élevés en Haïti. Les achats de matériaux par VEDEK sont réalisés plus localement que ceux achetés par la Coopération Suisse, mais cela peut s´expliquer par le contexte et le type d´intervention : les réparations de maisons à Cap-Rouge se sont faites au

cas par cas, alors qu´à PortSalut les maisons neuves sui­ vent des modèles normés avec des quantités de matériaux précises. Les deux organisations ont utilisé un système avec des fiches de matériaux par famille, remises aux fournisseurs. La forme diffère, bien que l´objectif soit le même : VEDEK a utilisé un cahier rempli à la main, la Coopération Suis­se une carte digitale fonctionnant comme une carte de crédit (le suivi des dépenses est directement envoyé sur un serveur).

Dans les deux cas, le système est bien organisé. Ces exemples ont permis à Habitat-Cité et OJUCAH de remettre en question leur manière de faire et de s´organiser différemment pour la suite. Concernant la phase de production de l´habitat, les fournisseurs locaux et le transport des matériaux par les familles seront favorisés. Un système de fiche sera mis en place : une fiche standardisée par famille, qui sera remplie à la main par toutes les parties.


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Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

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Les bòs VEDEK et la Coopération Suis­ se ont décidé de former des bòs expérimentés de leurs communautés à l´approche TCLA. Ils ont utilisé la mallette pédagogique créée par le CRAterre, parfois en l´adaptant, et ont fait appel à des centres de formation professionnelle comme ATECO. Leurs formations se faisaient sous forme de chantier-école. Mis à part le fait qu´OJUCAH, ADRESFEM et Habitat-Cité aient intégré des jeunes sans profession dans leurs équipes, les approches sont similaires entre VEDEK, la Coopération Suisse et OJUCAH/ADRESFEM/ Habitat-Cité.

Ensuite, dans le cadre des projets menés par OJUCAH et Habitat-Cité, les bòs sont rémunérés par OJUCAH ; dans les cas des projets menés par VEDEK et ceux menés par la Coopération Suisse, ce sont les familles qui rémunèrent les bòs. Les montants sont négociés entre les bòs et les familles. Il faut vérifier auprès de VEDEK et de la Coopération Suisse si les familles rémunéraient les bòs avec de l’argent leur appartenant ou avec de l’argent subventionné avec les fonds extérieurs.

En dehors de cet aspect à vérifier, le fait que ce soient les familles qui négocient les contrats est un principe intéressant et très certainement moins coûteux. Cependant HabitatCité souhaite pouvoir s’assurer que les bòs reçoivent une rémunération digne. Or, lors de la visite auprès de VEDEK, à la question : « que faites-vous si une famille ne rémunère pas les maçons ? » Ils ont répondu : « c’est leur affaire ». Ce qui peut laisser penser que cet­te problématique n´est pas pleinement résolue.


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Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire

Les détails constructifs Lors de ces visites, la délégation d´OJUCAH et HabitatCité a rencontré des familles dans des logements terminés et en cours. Il était très intéressant d´observer que même si les approches des différentes organisations sont similaires, il y a de grandes différences dans les réponses constructives d´un lieu à un autre. La Coopération Suis­ se, de son côté, utilise en quasi-totalité du bois importé ce qui ne correspond pas à l’approche CCL et a pour conséquence la modification de nombreux détails constructifs. Lors des différentes visites, la délégation a pu observer de nombreux détails intéressants applicables dans les futurs

chantiers, tels que l´utilisation de bouts de chambres à air usagées comme joints pour les clous à tôles ou le remplacement des straps métalliques par du fil torsadé. La délégation a aussi pu observer des différences constructives qui permettent toujours de réinterroger ses pratiques et de les améliorer. Les rencontres avec VEDEK et la Coopération Suisse pendant la phase de diagnostic ont permis de questionner les méthodologies envisagées, de comprendre d´autres exem­ ples et de tisser des relations avec ces autres organisations présentes sur le territoire.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

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RENCONTRES AVEC CARITAS SUISSE Durant la phase du diagnostic, les équipes locales d´OJUCAH, ADRESFEM et Habi­tat-Cité ont organisé trois rencontres avec Caritas Suisse, deux fois dans leurs locaux à Port-au-Prince et une fois à Lavial. Les premiers échanges ont eu lieu suite à la participation d’un membre d´ADRESFEM (Marie Roselène Jean Baptiste) et de deux femmes bòs formées lors des projets précédents (Margarette Forgère et Roseline Maurice) à une activité de formation de femmes pour la construction de maisons en ossature bois basées sur l´approche TCLA aux Cayes (Sud). Depuis lors, ADRESFEM a régulièrement rencontré Caritas Suisse en vue de par-

ticiper à leurs programmes en Haïti. Caritas Suisse avait prévu d´intervenir dans les mêmes communes qu’Habitat-Cité et ses partenaires, soit La Vallée de Jacmel et Bainet (Sud-Est). Leur projet était en phase de diagnostic pour l´année 2019. Les objectifs sont très différents puisqu´ils se fondent surtout sur de la formation (près de 8 000 personnes). Néanmoins, comme Caritas Suisse collabore avec ADRESFEM, mais aussi avec d´autres acteurs tels qu´ATECO ou les mairies et que certains des bòs qui ont été formés dans le cadre des collaborations entre HabitatCité, OJUCAH et ADRESFEM

ont participé, et pourraient continuer à participer, à leurs activités, il était important de pouvoir échanger en bonne intelligence et transparence. L´intention d’Habitat-Cité et d’OJUCAH était de pouvoir coordonner les actions sur le terrain avec Caritas Suisse, surtout pour l´année 2020, afin de ne pas réaliser les mêmes activités et de travailler dans le même sens.


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RENCONTRE AVEC ATECO Fin septembre 2019, l´équipe locale d´Habitat-Cité a pu se rendre dans les locaux d´ATECO à Jacmel avec plusieurs membres d´OJUCAH. Le but de cette rencontre était de planifier les besoins en formation et renforcement pour la phase de production de l´habitat. ATECO intervient aujourd´hui auprès de nombreuses organisations locales et internationales. Son apport dans les collaborations passées a été essentiel. La relation entre l´équipe d´ATECO et celles d´OJUCAH et Habi­ tat-Cité, mais aussi des bòs, est très bonne et ATECO est un partenaire du CRAterre, ce qui garantit la qualité des formations que l’organisation dispense.

Rencontres et échanges avec d´autres acteurs du territoire

La part de formation dans les projets SIVUL et APH est moins importante à celle qui existait dans les projets ALPROTECTRA et 1T1A. Une équipe d´environ 25 bòs et techniciens, femmes et hommes, a été formée à l´approche TCLA (dans ce cas-ci, constructions en os­ sature bois, remplissage roche et mortier batard) par ATECO entre 2017 et 2018 et a pu mettre en pratique les appren­ tissages lors de plusieurs chantiers école, puis lors de divers chantiers de construction. Dans le cadre des projets SIVUL et APH, quelques nouveaux bòs seront formés pour compléter l´équipe existante. Pour cela, le format de formations avec ATECO a été redimensionné et actualisé. Il s’agissait aussi de planifier ensemble

les futurs chantiers école. Le projet APH permet de compléter et diversifier les formations des bòs et techniciens. ATECO peut mettre en place différents types de formations - en ossature bois, maçonnerie chaînée, plomberie, électrici­ té, carrelage, toutes reconnues par l´INFP – qui pourraient être envisagées dans le cadre des futurs projets. Cette rencontre a aussi abouti à la planification d´une formation d´une semaine pour les trois techniciens et les trois femmes expertes bòs qui a eu lieu du 30 septembre au 4 novembre 2019 dans l’objectif de mettre à jour leurs connaissances sur l´approche TCLA mais aussi d’améliorer leurs techniques pédagogiques et méthodologies de travail.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

RENCONTRES AVEC LES MAI­ RIES DE LA VALLÉE DE JACMEL ET BAINET Il est important, pour exécuter les actions des projets SIVUL et APH, de pouvoir travailler en collaboration avec les deux mairies des communes d´intervention, La Vallée de Jacmel et Bainet. Les organisations OJUCAH et ADRESFEM, ainsi que l’équipe locale d’Habitat-Cité, ont des échanges fréquents avec la mairesse de La Vallée de Jacmel, Marie Yolaine Philippeaux, et depuis 2018 avec le maire de Bainet, Dominique Clive Maccala. Les deux maires ont été rencontrés officiellement à la fin du diagnostic (les 11 et 17 septembre 2019) avec comme objectif la présentation du tra-

vail réalisé, les enquêtes ainsi que toute la méthodologie. Les équipes locales ont ainsi pu leur présenter brièvement le narratif du projet SIVUL ainsi que les résultats des enquêtes par cartes. La liste des 100 familles bénéficiaires provisoires (en attente des secon­ des assemblées communautaires) par zone leur a été transmise. Ayant déjà réalisé des prototypes de réparation de shelters à Brésilienne et d’une maison traditionnelle à Denard, la délégation du projet a pu présenter le processus illustré de photographies. Les partenaires ont partagé également, avec les maires des deux communes, les intentions pour la construction de prototypes d´équipements collectifs pour 2019 et 2020.

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Les deux maires ont montré leur intérêt et leur envie de suivre les projets. La mairie de La Vallée tente de mettre en place un contrôle d´urbanisme avec un suivi des familles bénéficiaires. Les partenaires ont donc invité la mairie à organi­ ser des rencontres avec les familles bénéficiaires des projets. La mairesse a aussi fait part de son intérêt pour les prototypes d´équipements collectifs et a partagé des suggestions, comme l’idée de toilettes pour la place du marché de Ridoré et l’idée d’un lavoir public pour la source de Labadi. Le maire de Bainet a montré un intérêt particulier pour les shelters non-habités identifiés et la possibilité d´en faire quelque chose d´utile aux communautés.


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Les deux équipes municipales ont systématiquement été conviées aux évènements publics importants avec les familles bénéficiaires (assemblées, conférences, colloques) et aux inaugurations de diverses réalisations, comme lors des trois dernières assemblées communautaires qui ont eu lieu fin septembre.

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ASSEMBLÉES COMMUNAU TAIRES

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Assemblées Communautaires


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PREMIÈRES ASSEMBLÉES COMMUNAUTAIRES

(BRÉSILIENNE, LAVIAL, DENARD)

Préparation Il était essentiel de compter sur une participation directe des habitants lors de ce diag­ nostic. Alors que les enquêtes permettent de recueillir des informations personnelles et individuelles, les assemblées permettent de partager des informations de façon collective. Pour permettre une bonne participation, les équipes locales ont organisé trois assemblées, une dans chaque zone d´intervention : Brésilienne, Lavial et Denard. A chaque fois, l´espace couvert central a été recherché pour faciliter la venue des habitants de toute la zone.

La préparation des assemblées communautaires demande beaucoup d´organisation, notamment logistique. Les messages à transmettre aux habitants doivent être définis et clairs. Ces assemblées permettent également de collecter les informations émergeant pendant les échanges. L´équipe locale d´HabitatCité a alors travaillé sur le contenu et la forme de ces assemblées fin avril 2019.

Suite à des rencontres entre les équipes locales, le 9 mai 2019, une réunion avec les comités d’OJUCAH et ADRESFEM a eu lieu pour partager la méthodologie définitive à mettre en œuvre lors des premières assemblées communautaires. Cette réunion a été la conclusion de différents échanges pour bien planifier ces assemblées, les objectifs et les étapes. L´équipe d´Habitat-Cité a élaboré un guide méthodologique et une présentation Power Point à utiliser lors des rencontres.


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Assemblées Communautaires

Objectifs de ces premières assemblées communautaires : • Présenter les organisations (OJUCAH, ADRESFEM, HabitatCité, FAP, AFD) et leurs rôles aux habitant-e-s pour faciliter la compréhension des actions réalisées, • Expliquer le projet aux habi­ tant-e-s, • Faire participer les habitante-s, acteurs du changement depuis le début du processus de diagnostic, • Mieux évaluer le nombre de familles, lister et quantifier celles qui ont le plus de besoin, • Connaître l’état des maisons et les difficultés principales rencontrées par les familles,

• Mieux connaître la géogra­ phie du territoire (zones de risque, points de recherche d’eau, bâtiments publics, routes d’accès, etc.), • Répertorier les points de vente de matériaux (ou l´absence de points de vente) et se renseigner sur les prix de manière générale. Les familles ont-elles accès à des matériaux (ro­ches, sable, eau, etc.) sans avoir besoin de les acheter ?, • Préparer une intervention spécifique pour chaque ter­ ritoire.


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

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Déroulement des assemblées communautaires : Première étape • Présentation du projet. Organisations qui interviennent localement (ADRESFEM / OJUCAH / Habitat-Cité), partenariat, financement (AFD / FAP). • Explication de l’historique du travail réalisé jusqu’à mainte­ nant (construction de maisons, prototypes, formation des bòs). • Explication synthétique du projet SIVUL et de ses 3 pha­ ses (diagnostic, réhabilitation / construction et évaluation / capitalisation).

Deuxième étape • Explication du contexte. Des­ cription de l´environ­ nement, tel que perçu par les habitante-s (arbres, maisons, routes, fleuves, accessibilité et types d´emplois, accès aux matériaux de construction, accès aux droits fondamentaux :­alimentation, santé, éducation, logement digne.). • Pluie d’idées avec les participants à l´aide de paperboards afin d´identifier les facteurs bloquants et leviers, les aspects positifs et négatifs de leur environnement.


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Troisième étape Brésilienne (shelters) • Historique du lieu: comment étaient les maisons avant l’installation des shelters ? • Analyse et réflexion sur l’état des shelters. Tous les shelters installés sont-ils identiques ? (matériaux, résistance, durabilité, etc.) Les problèmes courants rencontrés dans les shelters (chaleur, humidité, portes et fenêtres, etc.) ont été notés sur des grandes feuilles.

Assemblées Communautaires

Denard/Lavial (maisons traditionnelles) • Les maisons traditionnelles sont-elles toujours construites de la même manière ? • Est-il facile de trouver les matériaux nécessaires ? Quels sont les freins pour les habitante-s dans l’accès à une maison digne en bon état ? • Est-il facile de trouver des bòs formés ? Les mêmes techniques constructives sont-elles toujours utilisées ?

Quatrième étape • Cartographie participative. Avec une grande feuille blanche, la communauté identifie et décrit son environnement (limites de la zone, routes, points d’accès à l’eau, zones de risque, maisons, autre aspect marquants importants, etc.). Peut-on identifier des zones précises de risques? Peut-on identifier des zones prioritaires ? • Situer les ménages sur la carte ainsi que le type de maisons (maçonnerie chaînée, shelter, maison traditionnelle, faite de bric et de broc, etc.).


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Matériel logistique Les équipes d´OJUCAH, ADRESFEM et Habitat-Cité se déplacent avec le matériel nécessaire pour pouvoir projeter des éléments (générateur électrique, ordinateur, rétroprojecteur). Pendant les présentations, en plus du Power Point, de nombreuses photographies sont projetées pour aider les habitant-e-s à réfléchir et mieux comprendre les propos des équipes locales. Aussi les photos des deux shelters réparés à Brésilienne et de la maison traditionnelle réparée à Denard (prototypes ALPROTECTRA) ont été projetées. Ce sont les bénéficiaires de ces logements, accompagnés des techniciens des projets, qui ont expliqué le processus de réparation et


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leur expérience. Cela permet d´expliquer le mieux possible aux habitant-e-s, la nouvelle phase d’intervention qui comprend la réparation ou réhabilitation de 100 logements.

• Samedi 11 mai 9h, assemblée com­munautaire à Brésilienne, église Mana­ yim. 327 participants. • Lundi 13 mai 13h, assemblée communautaire à Lavial, école nationale Saint Thérèse. 152 participants. • Mercredi 15 mai 9h, assemblée com­munautaire à Denard, local OPDS. 207 participants.

Assemblées Communautaires


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Déroulement des assemblées communautaires

Les assemblées se sont très bien déroulées en général, les habitant-e-s ont beaucoup participé. La méthodologie mise en place était très participative afin d’obtenir plus d’informations de la part des habitant-e-s et de favoriser le dialogue avec eux. Bien que l´équipe locale d´Habitat-Cité

Lòt kay

ait été présente à chaque assemblée, ce sont les équipes d´OJUCAH qui ont mené les rencontres. Elles ont encadré les évènements selon les étapes préparées en commun et ont favorisé les échanges en administrant les tours de parole. Elles ont su

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Ce sont les délégués d´OJUCAH pour chaque zone qui ont invité les habitant-e-s aux assemblées. Beaucoup de personnes ont participé (plus que prévues au départ), c’est un élément positif car il montre un intérêt de la part de la population et prouve l’existence de vrais besoins en terme d´habitat.

Type de maisons par localité à Lavial

alimenter les débats lorsqu´ils manquaient d´animation ou les rediriger lorsque les questions soulevées étaient hors contexte. Avant de passer à l´étape sui­ vante, les équipes d´OJUCAH et Habitat-Cité va­ lidaient rapidement l´atteinte des objectifs.


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Assemblées Communautaires

Type de maisons par localité à Brésilienne kay tradisyonèl

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La quatrième étape autour de la cartographie participative a dû être réorganisée lors de la première rencontre car l’affluence était plus élevée que prévue. Il était

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ventions des habitant-e-s. Une fois toutes les informations collectives recueillies, chaque personne, une par une, s´approchait de la carte pour localiser sa maison avec la personne responsable et avait la possibilité de faire un commentaire ou une remarque additionnels.

dif­ficile de faire intervenir sur la carte en même temps des centaines de personnes. Une ou deux personnes ont donc été chargées à chaque fois de noter toutes les inter-

Enfin, les listes de présences ont été scrupuleusement remplies et les informations digitalisées par la suite. Les informations recueillies par ce biais sont basiques mais elles ont permis la constitution d´une base de données simple permettant de se faire une idée du nombre de ménages par petite localité.


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Analyse des informations Les informations recueillies ont été traitées, et pour la plupart digitalisées. Les assemblées ont permis de faire émerger des données globales collectives, basées sur l´expérience des habitants, comme les zones à risques, les facteurs bloquants et les leviers pour chaque zone. Grâce aux listes de présen­ ces et aux résultats des cartes participatives, il est possible d´avoir une vision plus précise du nombre de ménages par localités et du type de maison. Ces résultats ont été présentés et analysés lors d´un atelier de travail regroupant les membres d´OJUCAH et ADRESFEM, l´équipe locale d´Habitat-

Cité et Nadège Quintallet le 4 juin 2019. Pour chaque zone, des micros-zones semblaient émerger : Haut Denard, Poli 1 et 2 et Terre Noire. D´autres localités telles que Lavial ou Basanique pouvaient aussi paraitre prioritaires. Afin de croiser les informations, il a été décidé de réaliser les enquêtes sur toutes les zones. Finalement, les enquêtes ont confirmé les informations principales collectées pendant les assemblées, les trois microszones les plus peuplées sont bien Poli 1 et 2 et Haut De­nard pour les maisons traditionnelles et Terre Noire avec Dlo Jennen pour les shelters.

Répartition des maisons traditionnelles par zone à Denard Bas 17%

Non définit 4%

Centre 13% Haut 66%


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Assemblées Communautaires


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DEUXIÈMES ASSEMBLÉES COMMUNAUTAIRES

(BRÉSILIENNE, LAVIAL, DENARD)

Le travail entre les deux sessions d´assemblées communautaires Entre la réalisation des premiè­ res et deu­xièmes assemblées communautaires, un travail conséquent de terrain et d’analyse a été réalisé. D’abord, un premier travail d’analyse des informations obtenues lors des trois premiè­ res assemblées a été fait, la cartographie participative a permis de mieux comprendre le nombre de maisons par zone et l’existence ou non de potentielles zones à risque.

L’analyse des données démographiques lors des assemblées a aidé à définir les micros-zones à sélectionner. Ensuite, un travail important a commencé autour des enquêtes (voir chapitre 6). Pendant un peu plus d’une semaine, toutes les données ont été recueillies, puis une grande étape pour traiter les données a commencé. L’analyse de ces données a permis de dresser une première liste provisoire des bénéficiaires dans chaque micro-zone. Les listes provisoires ont été validées par les partenaires, puis une autre visite sur le terrain a été effectuée pour vérifier à nouveau que les informations étaient correctes (voir chapitre 6).

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Toutes ces étapes étaient nécessaires avant la deu­ xième série de trois assemblées communautaires pour les trois micros-zones sélectionnées. Le but principal de ces assemblées était d´informer les habitant-e-s de chaque micro-zone des familles sélectionnées et de pouvoir répondre aux diverses questions. Pour cela, tout le processus a été présenté aux habitant-e-s puis les critères de sélection appliqués.


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Le déroulement des assemblées Les habitant-e-s ont à chaque fois montré un fort intérêt, posant de nombreuses questions en marge des présentations. Comme lors des assemblées précédentes, ce sont les membres d´OJUCAH et ADRESFEM qui ont mené les rencontres. Evidemment, les familles non sélectionnées étaient déçues. Néanmoins, les critères de sélection ont bien été expliqués et aussi acceptés par les habitant-e-s. Les participants des assemblées de Denard et Lavial semblaient satisfaits, prêts à démarrer les chantiers. Dans le cas de la zone de Brésilienne, certains habitants non sélectionnés ont quitté les

Assemblées Communautaires

réunions car ils étaient fachés. Pourtant, ces mêmes personnes n´étaient absolument pas prio­ ritaires comparées aux familles sélectionnées. Mais cette réaction était attendue, dans une zone où les dynami­ ques collectives sont moins présentes et ont été faussées par l´intervention extérieure de distribution de shelters. Les critères d´attribution des shelters en 2011 n´ont peut-être pas été clairement explicités et sont difficiles à interpréter une décennie plus tard. C´est aussi pour cela qu´il était important de présenter le travail complet en assemblée ouverte avec tous les habitants des micros-zones et d’informer en toute transpa­rence.

Les listes définitives des ménages sélectionnés ont été transmises aux deux mairies concernées et sont disponibles aux bureaux d´OJUCAH et Habitat-Cité.

• Mercredi 11 septembre 14h, assemblée communautaire à Brésilienne, église communautaire, Terre Noire. 69 participants. • Mercredi 18 septembre 10h, assemblée communautaire à Denard, local OPDS. 99 participants. • Jeudi 19 septembre 10h, assemblée communautaire à Lavial, local OJUCAH, Poli II. 89 participants.


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ENQUÊTES ET VISITES DE TERRAIN

Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

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Enquêtes et visites de terrain


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Comme toutes les activités de terrain, les enquêtes et visites sont généralement les étapes les plus attendues par les équipes dans les projets d´OJUCAH, ADRESFEM et Ha­ bitat-Cité qui étaient très motivées par ces activités. Il est à noter que les nombreuses étapes de préparation ont été essentielles.

Point de départ et références Tout d´abord, les équipes de travail avaient émis le besoin de devoir juger à la fois de l´état des maisons mais aussi de la situation des familles, afin de pouvoir évaluer la vulnérabilité d´un ménage dans son ensemble. Même si a priori ces deux aspects peuvent aller dans le même sens, ce n´est pas toujours le cas. Un ménage peut être considéré comme prioritaire même si la maison qu’il habite ne présente pas de danger d’un point de vue structurel, si par exemple la famille compte un ou plu­ sieurs enfants. A l´inverse, une maison dans un état catas­trophique mais habitée par une seule personne ne sera pas prioritaire. On peut faci­ lement émettre un avis

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ou une opinion qui relève de l´interprétation, c´est pourquoi pour les équipes locales, il était indispensable de définir des critères objectifs (détaillés au chapitre 6). Pour la partie technique, les formulaires utilisés lors des diag­ nostics territoriaux réalisés par les équipes d´OJUCAH et mis en place par Carolyn Garcia et Vincent Trabaud du CRAterre en mars 2018 ont servi de source d´inspiration. Les principaux points ont été repris car ils permettent, par l´observation de détails, d’évaluer l´état structurel de la maison par partie (soubas­ sement, murs, toiture, etc.). Le formulaire a aussi été adapté aux shelters, qui présentent des différences par rapport aux maisons traditionnelles.


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Pour le volet social, l´équipe locale s´est appuyée sur les ex­­périences passées d´Almudena Albert Galiana (chargée de mission pour Habi­tat-Cité) dans ce domaine, notamment au Nicaragua. Le formulaire de l’enquête contenait à la fois des questions concrètes et simples, relatives par exemple au nombre d´enfants qui composent la famille ou aux raisons de la non scolarisation des enfants. Concernant des questions plus complexes, identifiées comme pouvant être plus dérangeantes pour les familles, comme les questions relatives aux violences multiples faites aux femmes et aux filles, il était nécessaire d´adapter les questions. Il ne faut pas qu´elles soient trop directes. Par exemple il y a plusieurs questions sur les vio-

Enquêtes et visites de terrain

lences, certaines directes et d´autres indirectes pour pouvoir ensuite estimer la cohérence des réponses. La personne enquêtée a le droit de répondre comme elle le souhaite. Une personne peut occulter une réa­ lité, sciem­ ment ou inconsciemment, et il est nécessaire de le respecter. Il peut exister aussi différents biais cognitifs, néanmoins, il est possible de poser des questions de façon à obtenir les informations les plus proches de la réalité. L´équipe locale d´HabitatCité est donc partie de ces bases et a réalisé une premiè­ re version d´enquête, avec une centaine de questions sociales et techniques.


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Adaptation des enquêtes à la réalité locale Le brouillon de l’enquête a été analysé en équipe élargie avec les membres d´OJUCAH, notamment avec des personnes qui avaient déjà participé aux diagnostics techniques territoriaux avec le CRAterre en 2018. Tout d´abord, les questions ont été traduites en créole. Ensuite, il a fallu adap­ ter certaines d´entres-elles afin qu´elles soient bien interprétées par les personnes enquêtées. Quelques questions ont été supprimées et quelquesunes ont été ajoutées afin d´aller plus loin. Par exem­ple, les questions sur la diaspora ont été détaillées afin de pouvoir juger quel type d´apport cela pouvait représenter pour les familles et donc d´avoir une

compréhension beaucoup plus fine de la situation des ménages. Une fois ce travail réal­isé, le siège d´Habitat-Cité a relu le contenu afin d´y apporter les dernières retouches. Deux formulaires d´enquête ont été réalisés, l´une étant l´enquête complète décrite cidessus et l´autre adaptée aux maisons inha­bitées ou à celles qui ne sont ni traditionnelles, ni des shelters. Cette seconde enquête, très courte (5 questions), permettait de recenser aussi tous les logements des zones d´intervention même ceux non pris en compte dans le cadre des projets. Cela permet de se faire une idée du nombre de maisons traditionnelles abandonnées ou non réparables à cause d´un état visiblement très dégradé.

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L´objectif étant d´avoir une compréhension plus fine des enjeux de l´habitat dans les zones d´intervention. Enfin, cette seconde enquête a aussi permis de recenser tous les shelters non habités de Terre Noire et Dlo Jennen. Les shelters inhabités ont été depuis le départ un point de vigilance sachant que d´une part, certaines familles avaient reçues plusieurs shelters lors de l´intervention d´urgence réa­ lisée après le séisme 2010 et d´autre part, plusieurs familles ont délaissé leur shelter avec le temps, parce qu´elles se sont déplacées dans une autre zone du pays ou parce qu´elles ont décidé de vivre dans leur ancienne maison qui aurait été partiellement détrui­ te.


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Enquêtes et visites de terrain


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Utilisation de la plateforme d´enquête Kobo Les enquêtes, travaillées au départ sur Word, ont ensuite été adaptées à la plateforme « Kobo ». L´outil est particulièrement intuitif et facile à prendre en main. Certains formats de questions de l´enquête, comme des formulations de phrases, ont été adaptés afin d´être plus flui­des pour la plateforme. Une fois l´enquête mise en ligne sur Kobo et testée par l´équipe locale d´HabitatCité, elle a été présentée aux équipes d´OJUCAH et ADRESFEM. Les membres du comité ont téléchargé l´application « Kobo­ collect » sur leur smartphone (presque tous les parti­ cipants en possé-

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daient un) ainsi que le formulaire d´enquête. L´étape de téléchargement a été un peu fastidieuse en raison des pro­ blèmes d´accès au réseau internet à Lavial. Cependant, les membres d´OJUCAH et ADRESFEM ont tout de suite compris le fonctionnement de l´application et il semble que ce support soit plus facile pour les équipes locales qu´une enquête papier traditionnelle. A cela, nous pouvons ajouter le manque d´aisance de certaines personnes à écrire et la « fragilité » du support papier des enquêtes (intempéries, transport).


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Kobo présente aussi d´autres avantages. Toutes les enquêtes peuvent être réa­lisées sans accès à internet, ce qui était indispensable dans ce cas. Les questionnaires peuvent être envoyés ensuite à n´importe quel moment, une fois la connexion internet obtenue. Ensuite, toutes les enquêtes s´organisent instantanément dans une base de données, téléchargeable sous forme de tableau Excel. Tout ce travail de traitement des données se fait automatiquement. Un autre avantage est la possibilité de joindre à l´enquête la position GPS de la maison et des photo­graphies. Kobo cartographie toutes les enquêtes et il est donc possible d´observer les résultats géolocalisés en fonction des critères de l´enquête.

Enquêtes et visites de terrain


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Formation des enquêteurs/rices Depuis le départ, il était évident que les membres d´Habitat-Cité n´allaient pas réaliser les enquêtes auprès des habitant-e-s. En tant qu´étrangers travaillant pour une association, leur présence aurait nécessairement influencé les personnes enquêtées. Elles pourraient orienter leurs réponses dans le but de recevoir quelque chose de la part de cette organisation étrangère. L´intention était aussi d´ouvrir ce processus d´enquêtes à des personnes extérieures aux deux comités d´OJUCAH et ADRESFEM, car, en Haïti particulièrement, savoir réaliser des enquêtes est une compétence professionnelle appréciée. Enfin, c´était

aussi une manière supplémentaire d´inclure des habitant-es des communautés à ce processus. Sachant qu´une partie des enquêtes était technique, il était logique d´inclure les bòs formés dans le cadre des projets à cette étape. En outre, ce sont eux qui seront par la suite en charge de la réhabilitation des logements ; il était donc pertinent qu´ils participent. 12 bòs ont donc partici­ pé aux enquêtes. Pour compléter l´équipe, 8 membres d´OJUCAH et ADRESFEM ainsi que 5 jeunes des communautés (femmes et hommes) ont intégré l´équipe. Dans les deux cas, ces personnes ont partici­ pé bénévolement au processus, comme engagement envers leurs communautés.

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Bien que plusieurs personnes aient déjà réali­sé des enquêtes par le passé, sur papier ou avec une application mobile, il était nécessaire d’organiser une formation. Almudena Albert Galiana était la personne de l´équipe locale avec le plus d´expérience en la matière. Elle a donc été chargée de préparer la première séance de formation qui a eu lieu le 20 juin 2019. Cette première session abordait surtout les questions de fond sur les enquêtes : pourquoi faire les enquêtes ? Quel type d´information cherche-t-on ? Quel comportement doit avoir l´enquêteur ? De quelle manière faut-il po­ ser les questions ? etc. En plus de la session, un document récapitulatif a été distribué à chaque personne. Seules les personnes réellement mo-


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tivées, ayant l´envie de réali­ ser une action bénéfique pour leur communauté ont intégré l´équipe. En effet, quelques personnes se sont retirées, certainement car elles pensaient recevoir une compensation économique pour réaliser ce travail. Finalement, l´équipe d´enquêteurs a réa­lisé le travail avec motivation et sérieux et ce qui est indispensable pour obtenir des données fiables.

Enquêtes et visites de terrain


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La seconde formation a été réalisée le 26 juin 2019, elle abordait surtout les aspects pratiques, avec l´utilisation de l´application. Les enquêteurs/rices ont travaillé-e-s en binômes mixtes cons­ titués d´une femme et d´un homme : un(e) bòs avec un(e) habitant(e). Le nécessaire a été fait pour que chaque groupe possède un smartphone pour réaliser les enquêtes. Les binômes ont aussi été constitués en fonction de leur zone de résidence. Les enquêteurs ont très vite pris en main l´outil. Pour s´exercer, chaque membre d´un binôme a enquêté l´autre. A chaque interrogation, les équipes d´Habitat-Cité et OJUCAH étaient là pour lever les doutes. Comme ils ont montré

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rapidement une aisance, ce même jour, les binômes sont partis enquêter des personnes vivant à proximité du local d´OJUCAH, soit des membres de l´équipe, soit des familles déjà bénéficiaires d´une maison par le passé. Cela a permis aux enquêteurs de faire un exercice pratique auprès d´habitants. Suite à cette formation, les équipes locales ont considéré que les enquêteurs étaient prêts à démarrer.


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Enquêtes et visites de terrain


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Organisation des enquêtes sur le territoire Un travail de logistique a été réalisé afin de préparer la mise en œuvre des enquêtes sur le territoire. Les équipes de terrain ont profité de la mission de Nadège Quintallet en Haïti pour rendre visite à des ménages, au hasard, dans les trois zones, pour préparer la réa­ lisation future des enquêtes. Les groupes d´enquêteurs, venaient de trois zones, La­ vial, Brésilienne et Denard. Afin d´éviter des conflits d´intérêt et de faciliter l´impartialité, aucun enquêteur n´est intervenu dans sa zone de résidence ; les enquêteurs ne connaissaient donc pas les familles enquêtées.

Les enquêteurs de Lavial étant plus nombreux que les autres, ils ont été répartis entre Brési­ lienne et Denard. D´ailleurs, Lavial se trouve géographiquement entre les deux autres zones. Ceux de Denard et Brésilienne ont donc enquêté à Lavial. Il fallait aussi que les binômes soient accompagnés de personnes qui connaissent bien chaque zone. Dans ces régions rurales, il n´est pas possible de repérer tous les logements à vue d´œil car l´habitat est diffus, et généralement protégé par de la haute végétation. Donc un groupe d´accompagnateurs a guidé les enquêteurs dans chaque zone. Ces personnes qui connaissaient bien leur territoire n´ont pas enquêté, elles ont

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simplement accompagné les enquêteurs dans leur travail. Ces personnes étaient aussi référentes pour chaque zone ; les enquêteurs pouvaient les consulter à tout moment. Ce sont aussi eux qui ont réparti les binômes dans leur zone en fonction de la localisation des ménages. Les déplacements pour la réa­ lisation des enquêtes ont été complexes à mettre en place. Il n´y a pas de transport en commun dans les zones de Denard, Lavial et Brésilienne et il faut compter plusieurs heures de marche entre chaque territoire d´intervention, en plus du temps de marche entre chaque logement à l´intérieur de chaque zone. Il fallait donc que les enquêteurs se déplacent avec des motos. Pour


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limiter les coûts, quatre motos avec à chaque fois 3 passa­ gers (chose commune en Haïti) ont servi au déplacement du groupe des 26 enquêteurs. Un système de rotation avec des temps de passage a été mis en place. Chaque moto faisait chaque jour quatreallers-retours (deux le matin, deux le soir) pour emmener tous les binômes. Les accompagnateurs de chaque zone étaient en charge de la bonne répartition des enquêteurs sur le territoire. Une autre question sensible pour les enquêteurs était les repas. En Haïti, beaucoup de personnes s´attendent à ce que les organisations internationales fournissent des repas pour tout type d´activité. Pour ces enquêtes, ce n´était

Enquêtes et visites de terrain

pas possible ; ni d´un point de vue logistique, ni d´un point de vue économique. Il faut bien se rendre compte qu´à midi, les 30 personnes allaient se retrouver à plusieurs heures de marche les unes des autres. Dans ces zones rurales, il n´existe pas de point de vente de nourriture. Alors OJUCAH et ADRESFEM ont décidé de demander à quelques habi­ tantes vivant près de la route principale de préparer un pe­ tit encas pour les enquêteurs qu´ils pouvaient récupérer en début ou fin de journée. A cela s´est ajoutée la solidarité de nombreux ménages enquêtés qui ont offert un « petit quelque chose » aux enquêteurs.


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La réalisation des enquêtes a donc duré cinq jours complets, du 1er au 5 juillet 2019. Aucun pro­blème important n´a été déploré et la planification initiale a pu être appliquée. Toute l´équipe a fait preuve de motivation et de sérieux. Quelques difficultés sont survenues. Les temps de trajet avaient été sousévalués et il y a donc eu un décalage sur des heures de passage des motos comparé à ce qui était prévu au départ. Le premier jour, des personnes ont attendu mais cela s´est ajusté les jours sui­ vants. Malgré toute la pré­ paration, certaines personnes s´étaient aussi trompées de moto ou d´heure de passage. Néanmoins, tout s´est ajusté le deuxième jour.

Quelques problèmes techniques sont aussi survenus. Certains téléphones ne parvenaient pas à trouver la position GPS dans les zones les plus reculées. L´appareil photo d´un téléphone n´a pas fonctionné. La durée d´autonomie des batteries des téléphones a aussi parfois raccourci le temps de travail de certains binômes. L´administrateur des projets, Pierre Louis Jean Fils, s´est chargé de superviser tout le travail depuis le bureau de Lavial. Il s´est occupé de charger tous les téléphones chaque soir au bureau (seul point d´électricité de la zone) et de les distribuer le matin aux chauffeurs de moto. Il était en contact permanent avec les accompagnateurs de chaque zone afin de pouvoir trouver des solutions.

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460 enquêtes complètes ont été réalisées, auxquelles il faut ajouter 143 enquêtes pour des maisons non prises en charge de cette intervention. Quelques enquêteurs ont dû travailler deux jours supplémentaires à Denard, pour reprendre les photos manquantes en raison du téléphone défaillant mais aussi parce qu´il y a beaucoup de maisons traditionnelles dans cette zone et les distances sont parfois très grandes. Les trois techniciens d´OJUCAH ont aussi passé une journée supplémentaire, GPS en main, pour reprendre la localisation que les téléphones n´étaient pas parvenus à obtenir. Une enquête assez vaste a été réalisée sur un territoire difficile d´accès par un groupe débutant en moins de deux semaines. Tout le travail de préparation indispensable a été une des clés de réussite de cette enquête.


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Enquêtes et visites de terrain

SCHÉMA D´ORGANISATION DES ENQUÊTES SUR LE TERRAIN

LÉGENDE Enquêteur-rice Accompagnateur référent Ménages à visiter Chauffeur moto

x2

Délimitation de la zone

x2 Matin

BRÉSILIENNE

Matin

x2 Soir

Déplacements

LAVIAL

x2 Soir

DENARD


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

Atelier sur les apprentissages des enquêtes et remise des certificats Alors que les équipes locales terminaient de traiter les données des enquêtes de terrain, une réunion a eu lieu miaoût avec l´équipe complète d´enquêteurs et accompa­ gnateurs de terrain. C’était une réunion ouverte aux avis et témoignages de chacun. Beaucoup d´informations pratiques utiles ont été échangées. Bien que faisant partie de la même région, les 3 zones d´interventions présentent des spécificités qu´il est bon de connaître avant toute intervention.

Cet atelier a permis de recueillir d´autres types d´informations, certainement annexes au processus de diagnostic, mais néanmoins intéressantes, notamment afin d´améliorer les diagnostics qui pourraient être réalisés à l´avenir. Voici une synthèse des principaux apprentissages : • Les enquêteurs et membres d´OJUCAH pensent que ce diagnostic est une chance pour les familles rurales afin de pouvoir faire connaître leurs conditions d´habitat, parfois critiques, • Les enquêteurs se sentaient responsables car c´est en grande partie en fonction des données recueillies par le biais des enquêtes que les familles allaient être sélectionnées ou pas par la suite. Ils ont ainsi

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apprécié de ne pas enquêter dans leur zone de résidence et de ne pas connaître les familles auprès desquelles ils ont réalisé les enquêtes, • Les enquêteurs pouvaient ressentir des attentes au sein des familles. Ils devaient être bien vigilants et rappeler qu´une enquête ne signifie pas qu´une intervention d´un projet verra le jour, • Les enquêteurs se sentaient sereins du fait qu´ils ne participaient pas aux prises de décision pour le choix des familles bénéficiaires. Ils n´ont donc pas eu d´engagement à prendre vis-à-vis de la communauté. Ils n´ont fait que récolter les informations,


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• Les enquêteurs voulaient que les informations soient rendues « publiques » ; chose qui a été faite. Le nom des familles sélectionnées ont été annoncées en assemblée communautaire et les listes, distribuées aux autorités locales, sont disponibles au bureau d´HabitatCité et OJUCAH,

Réunions de planification d´équipe

• Les enquêteurs ont apprécié d´utiliser une application sur leur téléphone. Les familles se sentaient plus à l´aise avec le téléphone que lorsqu´on note sur une feuille. Cela ressemblait plus à un échange, une discussion, un jeu même plutôt qu´à une enquête,

• Il existe un intérêt des équipes en général à se former à la création d´enquêtes. Durant cette même rencontre, Habitat-Cité, OJUCAH et ADRESFEM ont remis un certificat aux enquêteurs pour le travail réalisé bénévolement.


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Visite de vérification Kobo permet donc d´avoir directement toutes les informations traitées. Néanmoins, au moment de commen­ cer à ana­ lyser les données, quelques informations étaient incorrectes. Tout d´abord, l´un des problèmes majeurs rési­ dait dans les photographies prises par les enquêteurs : les téléphones n´étaient pas assez performants et de nombreuses photographies étaient très mal cadrées, incomplètes, voire floues. Ce serait un aspect à améliorer pour l´avenir. Ensuite, quelques incohéren­ ces ont été soulevées dans la partie technique et une visite pour compléter le diagnostic devenait nécessaire dans ces cas-là. Il était plus prudent de ne pas se fier uniquement

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aux enquêtes pour prioriser les familles. Des outils de contrôle supplémentaires ont donc été mis en place.

nécessaire à mettre en œuvre pour améliorer l’état de la maison (légère, moyenne, lourde ou réparation impossible).

Alors munis des cartes générées par Kobo et des listes des familles, des visites de vérification ont été organisées. Benjamin Bourdon (chef de mission Haïti pour Habitat-Cité), en qualité d´architecte, les techniciens et les accompagnateurs d´OJUCAH ont passé deux jours supplémentaires par zone pour revisiter tous les ménages enquêtés. A l´inverse de celles réalisées pendant les enquêtes, ces visites étaient très courtes ; seulement le temps de reprendre des photographies, re­ compter le nombre d´habitants par maison et juger du niveau de réparation

Bien que fastidieuses, ces visi­ tes furent décisives car plu­ sieurs cas ont été écartés ou réintégrés par la suite. Concernant la zone de Brésilienne, plusieurs enquêteurs doutaient de l’occupation de certains shelters par les familles. Ces shelters étaient-ils bien habités tout au long de l’année? Une nouvelle visite a permis de confirmer ou d’infirmer certaines informations. Suite à ces dernières visites, toutes les informations étaient réunies pour analyser les données et réaliser la sélection des bénéficiaires.


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Enquêtes et visites de terrain


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Enquêtes et visites de terrain


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ANALYSE DES DONNÉES ET SÉLECTION DES BÉNÉFICIAIRES

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Analyse des données et sélection des bénéficiaires


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Traitement des données Le tableau généré par Kobo avec près de 500 lignes et plus de 200 colonnes peut impressionner. Il a donc fallu organi­ser cet­te base de données assez importante. La première action a été de séparer et classer les ménages en fonction des trois zones d´interventions. Le projet envisage la réparation de 100 maisons ; 539 ménages ont été enquêtés donc moins d´un sur cinq bénéficiera directement au projet. La sélection des familles a été effectuée selon différents critères retenus par les partenaires. Le premier critère retenu est géographique. Il s’agissait en effet de réussir à délimiter trois

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micros-zones d’intervention, afin de concentrer les actions de réhabilitations et de mutualiser ainsi les mo­ yens (transport des matériaux, déplacement des équipes, suivi des chantiers par les techniciens d’OJUCAH). La délimitation des trois microszones répondait à un aspect purement quantitatif : une micro-zone correspondrait à la plus grande concentration de ménages dans une zone. Ainsi, les trois microszones n´abritent pas le même nombre de maisons ou n´ont pas la même superficie. Néanmoins, elles répondent à l´idée qu´en améliorant la situa­ tion de l´habitat de presque tous les habitant-e-s d´une microzone, ces personnes pourront se mobiliser sur d´autres aspects (santé, éducation,


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Analyse des données et sélection des bénéficiaires

PRINCIPAUX CHIFFRES DES ENQUÊTES Nombre total d´enquêtes Nombre d´enquêtes “ki pa rive fèt” / ménages non sélectionnables Nombre de ménages enquêtés Nombres de ménages dans la micro-zone Nombre de ménages hors micro-zone Nombre de ménages sélectionnables dans la micro-zone Nombe de ménages non sélectionnables dans la micro-zone Nombre de ménages non sélectionnés après critères de sélection Nombre de ménages sélectionnés au final économie), ce qui favoriserait le dévelop­pement global de la micro-zone. Cet­te stratégie d´intervention a pour ambition aussi de créer une effervescence et une solidarité entre les habitant-e-s de la microzone ; s´ils participent presque tous au même projet, ils pourraient s´entraider plus faci­ lement. Quelques ménages très vulnérables n´ont pas été

sélectionnés car ils sont « hors micro-zone » mais ils seront pro­ bablement sélectionnés si les organi­sations locales dévelop­ pent à l´avenir d´autres actions d´amélioration de l´habitat dans ces zones. Aussi, tous les ménages n´ont pas le même degré de priorité dans une micro-zone, les niveaux de réparation ne sont pas tous les mêmes.

Lavial Denard Brésilienne 175 239 125 42 56 21 133 183 104 76 95 62 57 88 42 46 69 38 30 26 24 11 34 8 35 35 30

La micro-zone de Lavial cor­ respondait aux localités de « Poli 1 et 2 » et comprend 57 ménages, celle de Brésilienne correspond aux localités de « Terre Noire » et « Dlo Jennen » et abrite 42 ménages et celle de Denard à « Mapou » et « Chapel » est composée de 88 ménages.


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Certains les ménages ont été retirés de la liste des bénéficiaires potentiels. Ces critères de non éligibilité, sont les suivants : • familles non propriétaires. Une fois leur maison réparée, les propriétaires pourraient de plein droit reprendre la maison, laissant la famille sans toit. De plus, la plupart des familles non propriétaires rencontrées ne voulaient pas investir dans un bien qui ne leur appartient pas. • maisons non réparables. Après les deux visi­ tes, certaines maisons dans un état calamiteux ont été écartées. Ce sont des constructions où aucun matériaux ou presque n´est récupérable.

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Nombre de ménages sélectionnés Nombreau de final ménages sélectionnés 20% 20%

LAVIAL Logements nonNombre d´enquêtes habités ou qui ne "ki pa rivemaisons fèt" sont ni des 24% traditionnelles, ni des shelters 24%

Nombre Nombrede de ménagesnon non ménages priorisés après sélectionnés après application des critères critèresde desélection sélection 6% 6%

NombeNombre de ménages de non sélectionnables ménages non danssélectionnables la micro-zone dans 17% la micro-zone (critères de non éligibilité) 17%

Nombre de Nombre de ménages hors ménages hors micro-zone micro-zone 33% 33%


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Analyse des données et sélection des bénéficiaires

Nombre de ménages sélectionnés au Nombre de ménages final sélectionnés 15% 15% Nombre de

DENARD

NombrenonLogements habités ou qui"ki ne d´enquêtes sont ni des maisons pa rive fèt" traditionnelles, ni des 23% shelters 23%

Nombre de ménages non ménages non sélectionnés priorisés après après critères application des de critèressélection de sélection 14% 14%

Nombre de Nombe de ménages non ménages non sélectionnables dans la micro-zone sélectionnables (critères de non dans la microéligibilité) zone 11%

11%

Nombre Nombrede de ménages ménageshors hors micro-zone micro-zone 37% 37%

• familles ayant déjà bénéficié d´une maison ou d´une réparation / extension de la maison dans le cadre d´un autre projet. Le but étant de favoriser les familles les plus défavorisées. • la maison est en très bon état. Le cas est rare mais il exis­ te. • cas des maisons traditionnelle à Denard et Lavial, ni un shelter à Brési­lienne. Ceci est l´un des premiers critères du projet. De plus, les équipes locales ne sont pas formées à la réparation d´autres types de construction. • maisons non habitées toute l´année. Il fallait être particulièrement vigilant concernant les shelters dits « de vacan­ ces » qui ne sont utilisés que quelques semaines à l´année par des personnes de la zone qui vivent en ville, à Jacmel, Port-au-Prince ou à l´étranger.


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Une fois ces critères de non sélection appliqués, il ne restait que 46 ménages à Lavial, 69 à Denard et 38 à Brésilienne. Le projet prenant en compte 100 ménages et le nombre de ménages étant moins élevé à Brésilienne, les équipes ont décidé de sélectionner 35 ménages à Lavial, 35 à Denard et 30 à Brésilienne. Il fallait donc faire des choix parmi les familles. Pour cela, les équipes d´Habitat-Cité, OJUCAH et ADRESFEM ont travaillé sur les critères complémentaires de priorité en fonction des données des enquêtes ; voici le résultat de ce travail. Chaque point se comptabilisait.

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Nombre de ménages sélectionnés au Nombre de final ménages 24% sélectionnés 24%

BRÉSILIENNE

Nombre Logements nond´enquêtes "ki pa habités ou qui ne rive fèt" sont ni des maisons 17% ni traditionnelles, des shelters 17%

Nombre de ménages non Nombreaprès de sélectionnés ménages non critères priorisés de après sélection des application critères6% de sélection 6%

Nombe de Nombre de ménages non ménages non sélectionnables sélectionnables dansla lamicro-zone microdans zone de non (critères éligibilité) 19% 19%

Nombre de ménages hors micro-zone Nombre de ménages34% hors micro-zone 34%


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• nombre d´enfants vivant toute l´année dans la maison. Chaque tranche de deux enfants correspondait à un point. C´est souvent le critère principal. Tous les ménages de 6 enfants ou plus ont été sélectionnés. • familles monoparentales. • présence d´enfants qui ne vont pas à l´école pour des raisons économiques. • présence de personne dans le ménage ayant des problèmes de santé sans accès aux soins. • chef-fe de famille qui n´ont pas pu aller à l´école. • maisons avec des assemblages en tenon mortaise avec cheville en bois. Ce type de maison a généralement des qualités cons­ tructives et la réparation pourra être plus aisément durable.

Analyse des données et sélection des bénéficiaires

• maison de plus de 10 ans. Les maisons les plus anciennes sont généralement à la fois mieux construites au départ (techniques employées et matériaux utilisés), et nécessitent aussi des réparations (souvent dues au manque de moyens dédiés à l´entretien). • maison endommagée par les catastrophes naturelles.


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Parallèlement aux critères de priorité (mentionnés auparavant), les équipes ont définis des critères rendant les ménages moins prioritaires, chaque critère ci-dessous correspond à un point en moins : • lorsque de la famille proche travaille aux Etats-Unis, au Canada ou en France. • les familles qui possèdent plus de 3 bœufs. C´est une vraie marque de revenus dans la campagne haïtienne. Un bœuf peut coûter entre 275 et 500 USD. • les maisons traditionnelles qui ont moins de 5 ans. Si la maison est récente, elle ne devrait pas avoir besoin de réparation. Si elle est très endommagée, cela prouve que la maison a été très mal cons­ truite et donc une réparation durable sera très difficile à réa­ liser.

• il y a moins d´un enfant qui vit dans la maison. Aucune famille avec moins d´un enfant n’a été sélectionnée. Après avoir filtré les ménages sélectionnables avec les critères, les équipes locales ont pu sélectionner les 100 familles. Cet­ te liste a été revue et validée par les équipes d´OJUCAH et ADRESFEM. Les familles répondant aux critères mais non sélectionnées, res­ tent sur une liste d´attente dans le cas où une famille sélectionnée se désiste pour une raison ou une autre ou si d´autres projets voient le jour.

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Deux familles sélectionnées à Denard ont été remplacées par d´autres sur liste d´attente car elles n´étaient pas propriétaires de leur terrain et maison. Par ailleurs, si une famille décide de ne pas participer au projet, elle peut être remplacée par une autre famille inscrite sur liste d´attente. En avril 2020, cette situation ne s’est pas encore présentée.


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Analyse des données et sélection des bénéficiaires


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Analyse des données et sélection des bénéficiaires


Habitat-Cité - Le diagnostic social et technique

CONCLUSIONS Un grand apprentissage Habitat-Cité et OJUCAH avaient déjà réalisé plusieurs travaux de diagnostic, dans le cadre d´autres projets antérieurs, ensemble ou séparément, en Haïti et sur d´autres territoires. Néanmoins, ce diagnostic territorial social et technique constitue une nouvelle expérience très enrichissante pour les équipes. Dédier six mois de travail à réa­ liser ce diag­ nostic a permis aux acteurs d´avoir une compréhension bien plus

complète du territoire. Les différentes étapes ont aussi favorisé la participation des familles au processus et permettent de compter sur des informations très proches des réalités des habitant-e-s. Les ménages sélectionnés répondent à tous les critères définis au départ par les organisations et sont aussi validés par les populations locales. Afin de pouvoir réaliser toutes les étapes décrites dans ce document, les membres d´OJUCAH, ADRESFEM et Habitat-Cité ont dû faire des recherches, se former et par­ tager des connaissances. Les actions ont toujours été réa­ lisées dans le but de pouvoir être appliquées et adaptées à d´autres besoins, actions et

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projets. Suite à ce diagnostic, OJUCAH et ADRESFEM maîtrisent les méthodologies et outils employés pendant ces six mois. De plus, les locaux d´OJUCAH et ADRESFEM ont été réaménagés, avec notamment une installation électrique solaire, un accès à internet, la création de différents espaces de travail et de réunion, leur permettant de développer leurs actions de façon autonome et durable.


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Des limites et questionnements Plusieurs questionnements sont intervenus lors de la mise en œuvre du diagnostic. La participation des délégués territoriaux d´OJUCAH a été essentielle pour la transmission d´informations dans les deux sens avec les habitante-s. Le travail s´est avéré plus complexe à mettre en oeuvre dans certaines zones de Brési­ lienne (Terre Blanche, Terre Noire, Dlo Jennen, Calbatier) dans lesquelles OJUCAH n´est peu ou pas intervenue historiquement. Cette cons­ tatation laisse à penser qu´il exis­ te peut-être des localités vulnérables dans les communes de Bainet et La Vallée de Jacmel qui n´ont pas été prises en compte.

Conclusions

Parallèlement à ce constat, le fait de privi­légier l´intervention par micro-zone laisse nécessairement de côté des ménages vulnérables en dehors de ces zones. Néanmoins, ce diagnostic a permis de détecter certains ménages pour lesquelles les acteurs locaux peuvent chercher des solutions ponctuelles (dans un premier temps). Ce diagnostic territorial, social et technique, a été rendu possible grâce aux projets SIVUL et APH financés par des bailleurs de fonds (FAP et AFD). Les actions ont été pensées afin de pouvoir être durables et répliquables. Il serait intéressant de mesurer à l´avenir si les acteurs locaux se sont bien appropriés certaines des méthodologies utilisées et s´ils sont en mesure

de les adapter à d´autres actions; avec ou sans financement extérieur. Bien que les habi­tant-e-s aient joué un rôle important, le travail réalisé a été encadré et porté par les organisations locales et internationales. Ce travail a démontré que les ménages les plus vulnérables sur ces territoires n´ont pas les capacités, par eux-mêmes, à trouver des solutions, ni indivi­ duellement ni collectivement, à leurs problématiques d´habitat. C´est en ce sens qu´un travail pourrait être mené pour que les familles puis­sent jouer un rôle plus central et être moteur de transformation de l´habitat.


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Enfin, les moyens techniques et humains très limités dont disposent les autorités pu­bliques, locales ou régionales, ne leur permettent pas aujourd´hui de participer activement à la production d´un habitat digne et durable pour les familles rurales les plus démunies. Lors de ce diagnostic, les mairies ont été invitées à participer mais il est difficile de penser qu´elles pourraient actuellement s´impliquer plus.

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Des méthodes de réparations et réhabilitation, en prolongement du diagnostic Il était important pour tous les acteurs des projets de prévoir des interventions de réparations durables. Pour cela, le respect des cultures et pratiques constructives locales est essentiel. Il faut comprendre les manières de construire, les raisons et les évolutions, la disponibilité et le choix des différents matériaux et techniques, en même temps que les modes de vie des habitant-e-s. C´est pourquoi toutes les interventions de réparation ou réhabilitation ne sont pas équivalentes et qu´il est nécessaire de bien analyser l´état de l´habitat concerné avant d´y prévoir des actions de transformation.

Avant chaque réparation, les trois techniciens d´OJUCAH doivent réaliser une nouvelle visite du logement dans le but d´évaluer avec précision les besoins en réparation ou réhabilitation. Chaque intervention doit s´adapter au cas par cas et les intervenants doivent rechercher les techniques les plus adaptées. Lors de cette visite, le mode de participation des familles est aussi défini en fonction de leurs capacités (apport en matériaux, main d´œuvre, transport, préparation des repas).


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Conclusions


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Remerciements à toute l´équipe d´OJUCAH et ADRESFEM pour son travail, ses efforts et son engagement envers les projets et les habitant-e-s des communautés rurales.


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Conclusions

Crédit photos

• Almudena Albert Galiana : pp. 8, 11, 18, 19, 26, 27, 34, 35, 47, 52, 54, 55, 68, 69, 71, 79, 82, 83, 84, 91. • Benjamin Bourdon : pp. 2, 3, 5, 12, 13, 20, 22, 25, 30, 32, 37, 39, 41, 43, 48, 49, 51, 59, 62, 63, 65, 67, 73, 77, 80, 81, 89, 92, 93, 97, 99.

62, rue Vergniaud, 75013 Paris 01.45.88.71.75 www.habitat-cite.org association@habitat-cite.org




Ce livret retrace six mois de travail de l´association Habitat-Cité, avec ses partenaires locaux en Haïti, OJUCAH et ADRESFEM, pour réaliser un diagnostic territorial social et technique afin de comprendre les principaux enjeux liés à l´habitat des familles rurales des communes de la Vallée de Jacmel et Bainet en Haïti.


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