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Elles s’appellent Air CEMAC, ASKY ou autres. Ce sont toutes des compagnies aériennes transnationales sous-régionales liées à des ensembles politico-économiques à l’instar de la CEMAC et de la CEDEAO. Créées pour pallier les défaillances des compagnies nationales, elles tardent pourtant à prendre leur envol. À qui la faute ?

L

e transport aérien en Afrique reste embryonnaire et les compagnies africaines ne participent qu’à hauteur de 4% de l’activité mondiale pour une population d’environ un milliard d’habitants, selon les chiffres de l’AFRAA (l’Association des Compagnies Aériennes Africaines). Avec la faillite des compagnies nationales (Cameroon Airlines, Air Sénégal, etc.), l’on a cru pouvoir trouver la solution palliative dans les compagnies régionales, autrement dit des compagnies plurinationales dans le cadre d’ententes politico- économiques durables. Pour Jean-Dominique CARTIER, expert Revenue Management, « une ou deux compagnies liées à un ou deux ensembles économico-politiques solides pourraient seules être des succès ». Selon cet expert, sur tous les plans (longueur et nombres des lignes desservies), la faiblesse des trafics plaide pour la création de compagnies supranationales qui devraient être les émanations des organisations plutôt économiques, telle la CEMAC.

Des entités transnationales On comprend donc pourquoi en Afrique centrale, les chefs d’État vont décider de 14 AFRIQUE EXPANSION Magazine 38

créer Air CEMAC. La compagnie aérienne de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale entend s’inspirer de l’expérience de la compagnie ouest-africaine, ASKY. En visite de travail à Lomé au Togo, Jean Marie Maguena, vice-président de la CEMAC, relèvera au cours d’une conférence de presse qu’il « n’est plus possible d’aller vers des stratégies isolées, mais vers des projets communautaires », tout en soulignant que le lancement de ASKY était un exemple à suivre, et que cela faisait la fierté de l’Afrique. En fait, face à la défaillance des compagnies nationales, la création des entreprises régionales est présentée comme la solution offerte au transport aérien en Afrique pour assurer son décollage. Les compagnies qui vont être mises en place, vont regrouper les contours des regroupements sous-régionaux. Il en est ainsi de Air CEMAC pour La Communauté des États de l’Afrique Centrale (CEMAC) comprenant le Cameroun, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République centrafricaine, la République du Congo et le Tchad. Il en est de même d’ASKY pour la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour ce qui est

en particulier d’Air CEMAC, chacun des États membres de la sous-région Afrique centrale a confié une partie de son portefeuille aérien à Air CEMAC. Toutefois, chacun des États garde le droit de créer lui-même sa propre compagnie. La création d’Air CEMAC est, de l’avis des spécialistes, d’une impérieuse nécessité pour l’Afrique centrale. Cette sous-région connaît un certain nombre de problèmes dont le plus crucial est la difficulté de se déplacer à l’intérieur des États tout comme d’un État à un autre. Ce qui constitue un obstacle à son intégration. En effet, il n’est pas toujours aisé d’aller d’un coin à l’autre du Cameroun ou du Tchad, des pays où les distances dépassent quelquefois 1000 kilomètres. Le problème se pose encore avec plus d’acuité lorsqu’il s’agit d’aller d’un pays à un autre, de Yaoundé à Bangui, de Douala à Brazzaville, de Ndjamena à Malabo, ou de Bangui à Libreville. Les petites compagnies qui essayent de pallier ce manque de relais locaux sont très peu fiables et n’inspirent pas confiance à la clientèle. Les populations de la sous-région sont obligées d’emprunter des compagnies « étrangères » pour voyager à l’intérieur de la sous-région.


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