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L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM

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ENQUÊTE LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS 2013

UNE EXPOSITION MÉDIATIQUE

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ORGANISATION QUI A PEUR D’ACCUEILLIR LA CAN ? CAN DES COÛTS DE PLUS EN PLUS PROHIBITIFS AUTOUR DE L’ÉVÉNEMENT LA RUÉE VERS L’OR

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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

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DOSSIER SPÉCIAL IMMIGRer et INVESTIr AU CANADA : Le Mode d’emploi INVESTIR AU CANADA LA COMMUNAUTÉ AFRICAINE S’ORGANISE INVESTISSEURS AFRICAINS LA DIASPORA COMME GUIDE

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DOSSIER SPÉCIAL INDUSTRIE FORESTIÈRE : LE QUÉBEC ET L’AFRIQUE BASSIN DU CONGO LE DILEMME DE L’OR VERT L’ÉPREUVE DE L’EXPLOITATION DURABLE INDUSTRIE FORESTIÈRE LE QUÉBEC ENTRE CRISE ET INNOVATION PLANTES MÉDICINALES DIAMANTS BRUTS AU PIED DES ARBRES

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L’INDUSTRIE BANCAIRE EN AFRIQUE À L’HEURE MONDIALE

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LES BANQUES CANADIENNES UNE ABSENCE REMARQUÉE EN AFRIQUE

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DIGNES DE MENTION

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MARCHÉS AFRICAINS AFRIQUE DU NORD À QUAND LA RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ?

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BOOM DE L’INDUSTRIE DE LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE

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MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS L’INDUSTRIE MINIÈRE AU QUÉBEC POUR UNE PROVINCE

« MAÎTRE DE SES RESSOURCES »

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L’INDUSTRIE MINIÈRE AU QUÉBEC SECTEUR PERFORMANT ET

SOUS-SOL TRÈS CONVOITÉ

L’ÉCONOMIE DU SPORT

CAN DE LOURDS INVESTISSEMENTS POUR

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MINES AFRIQUE - QUÉBEC, MÊMES COMBATS ?

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UEMOA L’INTÉGRATION EN BONNE VOIE

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FLASH INFOS

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Tremplin professionnel pour de jeunes talents, vitrine commerciale pour les multinationales impliquées, le tournoi fait rêver à plusieurs niveaux.

LES IMMIGRANTS INVESTISSEURS AU CANADA

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Immigrer pour investir au Canada comporte son lot de démarches. Mode d’emploi et repères pour franchir l’océan selon les règles du jeu.

INDUSTRIE FORESTIÈRE LE QUÉBEC ET L’AFRIQUE

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De chaque côté de l’Atlantique, deux grandes forêts aux multiples vertus, deux modèles d’exploitation qui traduisent bien le niveau de développement de leur industrie respective. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

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SOMMAIRE

ENQUÊTE



LA BONNE GOUVERNANCE EN AFRIQUE

L’ÉDITORIAL DE GERBA MALAM

UN VŒU PIEUX?

A

u cours d’une tournée africaine, en début d’année, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a invité le gouvernement ivoirien à « promouvoir la bonne gouvernance ». « Il faut, selon elle, extirper la corruption du corps politique ». Cet appel qui interpelle en réalité la plupart des gouvernements africains, n’est pas nouveau. Depuis le début des années 90, les grandes institutions financières internationales, au premier rang desquelles le Fonds monétaire international (FMI), mettent de la pression sur leurs pays membres pour qu’ils combattent la corruption qui est étroitement liée à la mauvaise gouvernance. D’ailleurs, le FMI ne se gêne pas pour poser des conditions très précises aux pays qui sollicitent son aide financière et son assistance technique : renforcement du contrôle des dépenses budgétaires, publication des comptes audités des entreprises publiques, amélioration de la transparence dans la gestion des ressources naturelles, etc. Plus de vingt ans après l’emploi de ces moyens de pression, l’Afrique est-elle mieux gérée aujourd’hui qu’hier? La réponse n’est pas facile, car les actes de corruption sont par définition cachés. Difficile donc de mesurer l’ampleur réelle de ce fléau. Même l’organisme Transparency International, qui fait autorité dans le domaine, reconnaît que ses travaux ne portent que sur la

prouve d’ailleurs : les 2/3 des 176 pays figurant dans le classement, ont obtenu un score inférieur à 5 et sont considérés de ce fait comme corrompus. Mais même dans les pays les moins corrompus, c’est-àdire ceux qui ont obtenu un meilleur classement, il faut relativiser les choses. L’exemple du Canada est à cet égard édifiant. Au dernier classement de Transparency International, ce pays occupe un 10e rang très honorable, devant les États-Unis et la France. N’empêche que dans l’une des ses provinces aujourd’hui, le Québec, une enquête publique est en train de démontrer que la corruption fait partie des mœurs depuis longtemps dans l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction. Depuis plusieurs mois, en effet, des témoins défilent devant la Commission Charbonneau (chargée de cette enquête) et décrivent les magouilles qui entouraient l’octroi des contrats au cours des quinze dernières années. Pour autant, l’Afrique doit-elle se consoler en se disant que le phénomène de la corruption est après tout universel et que nul n’a le droit de lui lancer la première pierre? Peut-être, mais c’est loin de régler le problème. Car si, ailleurs, dans les pays perçus

L’AFRIQUE N’A PAS LE MONOPOLE DE LA CORRUPTION. DANS LE CLASSEMENT DE 2012 DE TRANSPARENCY INTERNATIONAL, LES 2/3 DES 176 PAYS SONT CONSIDÉRÉS COMME CORROMPUS. perception de la corruption. Malgré leurs limites, ces enquêtes constituent les seuls outils de référence. En se basant donc sur les classements annuels de Transparency International, on constate, année après année, que l’Afrique n’y fait pas bonne figure. Laissons de côté les tout premiers classements (de 1995 à 2000), car les pays africains y étaient peu représentés. Concentrons-nous plutôt sur la période qui va de 2001 à 2012. Les résultats en disent long. Premièrement, sur les trente derniers pays du classement, la moitié vient d’Afrique. Deuxièmement, dans le top 30 des pays les moins corrompus au monde, seul le Botswana réussit l’exploit d’y apparaître de temps en temps. Enfin, lorsqu’on considère le score réalisé par les pays africains depuis 2005 (le nombre de pays couverts par l’enquête est alors supérieur à 150), les 3/4 des pays africains obtiennent une note inférieure à 5 (10 étant un haut niveau d’intégrité perçu et 0, un haut niveau de corruption perçu). Comme on le voit, les nouvelles ne sont pas bonnes, car la corruption se porte encore très bien en Afrique. Elle est omniprésente dans plusieurs secteurs publics (police, justice, services fonciers, services de santé et système éducatif, etc.) et porte un coup dur au développement économique des pays. Ainsi, selon l’Union africaine, les ressources gaspillées du fait de la corruption atteignent 25% du PIB total du continent, soit un manque à gagner évalué à plus de 150 milliards de dollars par an. Abondant dans le même sens, la Banque africaine de développement estime que ce fléau conduit à la perte d’environ 50% des recettes fiscales annuelles et entraîne une augmentation des prix de près de 25%. Comprenons-nous bien : l’Afrique n’a pas le monopole de la corruption. L’enquête de Transparency International de 2012 le

comme les moins corrompus, on a réussi à contenir ce fléau, à le réduire à sa plus simple expression, ce n’est pas encore le cas en Afrique où la corruption apparaît comme un mal profondément enraciné et généralisé, au point que pour le justifier, certains n’hésitent pas à dire qu’elle fait partie de la culture ou qu’elle est la version africaine de la solidarité! Foutaises! Parce qu’elle compromet gravement le développement, la corruption doit être combattue sans pitié. Il y a un consensus à cet égard. Les nombreuses initiatives prises en ce sens ne trompent pas : Initiative pour la transparence au sein de l’industrie extractive, Commission spéciale de lutte contre la corruption de l’Union africaine (aider les États africains à se doter de législations anti- corruption), Initiative conjointe BAfD/OCDE pour l’intégrité dans les affaires et la lutte contre la corruption en Afrique, commissions nationales anti-corruption, etc. L’efficacité de ces mesures reste cependant à démontrer. Car certains de ces outils de répression de la criminalité économique servent plutôt à des règlements de compte politiques ou sont incapables de sévir contre des personnes proches du pouvoir. De plus, les appareils judiciaires des pays corrompus sont généralement eux-mêmes victimes de la corruption. La lutte contre la corruption est donc trop sérieuse pour être laissée aux seules mains des institutions. Elle doit être portée par tous les acteurs de la vie publique et soutenue par une volonté politique au plus haut niveau. Mais plus que tout, il faut un changement radical des mentalités qui passe sans doute par une amélioration de l’éducation de la population. Sans cette révolution des mentalités, la bonne gouvernance risque fort de rester un vœu pieux en Afrique. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

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LA COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS 2013

L

a Coupe d’Afrique des nations (CAN), symbole de la suprématie continentale au football, vient de se terminer en Afrique du Sud. Un tournoi sportif de haut niveau, certes, mais également un événement au poids économique grandissant. Car depuis quelques décennies, le sport, c’est de l’argent sonnant, et l’univers du ballon rond n’y échappe pas. De la Confédération africaine de football (CAF) au pays organisateur, en passant par les commanditaires, joueurs et agents d’athlètes, tous cherchent à gagner au jeu. On ne parle pas ici du pointage final d’un match enlevant, mais bien des millions de dollars qui gravitent autours d’une manifestation sportive d’une telle envergure. Tremplin professionnel pour de jeunes talents, vitrine commerciale pour les multinationales impliquées, le tournoi fait rêver à plusieurs niveaux. Voyage au cœur de l’économie du sport en Afrique. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

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COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS DE LOURDS INVESTISSEMENTS POUR UNE EXPOSITION MÉDIATIQUE

Marc Omboui et Etienne A. Deffo

En plus d’être un grand rendez-vous sportif, la phase finale d’une CAN constitue un important événement économique et touristique très attendu. Le pays organisateur y investit d’importants moyens financiers et matériels. Si l’on s’attend généralement à des retombées en espèces sonnantes et trébuchantes du fait de l’arrivée massive de nombreux visiteurs et autres touristes, la principale contrepartie semble être l’exposition médiatique dont bénéficie le pays à cette occasion.

L’

organisation d’une phase finale de la CAN suppose un certain nombre d’engagements vis-àvis de la Confédération africaine de football (CAF). L’instance faîtière du football continental exige du pays organisateur au moins quatre stades aux dimensions règlementaires, un réseau de communications et de télécommunications, un dispositif sécuritaire fiable et des hôtels à la hauteur du rendez-vous.

La construction des stades un chantier majeur La construction des stades est très coûteuse. Le pays organisateur ne se fait pas prier pour se doter de ces infrastructures, pariant qu’elles serviront après la compétition. Généralement, ce sont les grandes entrepri-

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AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

ses internationales qui remportent l’appel d’offres. Ces dernières recrutent un nombre relativement limité d’employés temporaires locaux. Le comité d’organisation de la CAN 2013 estime que « l’événement crée environ 16 100 emplois (dans les domaines de l’organisation des lieux, l’intendance, la sécurité et l’équipe de soutien), en plus des 2500 Sud-Africains qui ont travaillé bénévolement à la CAN ». Les coûts de construction des stades varient d’un pays à l’autre, même si les chiffres avancés par les officiels ne font pas toujours l’unanimité. Au Mali en 2002, tout était à construire. Les pouvoirs publics ont englouti près de 230 millions d’euros. Le stade du 26 mars de Bamako avait, à lui seul, coûté 25 millions d’euros. En 2004 en Tunisie, l’État a investi un peu plus de 16 millions d’euros, le pays disposant déjà d’un nombre suffisant de stades homologués. L’édition 2012 de la CAN, disputée au Gabon et en Guinée équatoriale, a engrangé une hausse importante des investissements publics : réhabilitation et construction de stades, création et densification du réseau de voirie urbaine, etc. Les deux stades construits à Bata et Malabo ont coûté 75 millions d’euros à la Guinée équatoriale. Selon Henri Ohayon, directeur général de l’Agence nationale des grands travaux du Gabon, les stades de Libreville et de Franceville ont coûté la bagatelle de 375 millions d’euros. L’Algérie construit présentement le Grand stade d’Alger dont la livraison prévue pour 2015 coûtera 150 millions d’euros. La CAN suppose également un important réseau de télécommunications. Avec la multiplication des appels à l’international, le transfert des fichiers par Internet, il faut éviter tout risque de saturation. La mode est à l’installation de la fibre optique pour

répondre aux besoins sans cesse croissants des organes de presse. Le téléphone portable, très sollicité en cette période, est un autre lucratif marché. Vu le volume important des télécommunications, les opérateurs de téléphonie mobile font des affaires d’or. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à associer leur image à la compétition. L’opérateur sud-africain MTN avait, en 2004, conclu un contrat de 25 millions $ sur quatre ans avec la CAF. Depuis 2009, Orange, une entreprise française, est devenu le principal partenaire de la CAN. On peut lire sur le site internet de la CAF que « Orange associera son nom durant les huit prochaines années aux compétitions principales de la CAF. En particulier, l’épreuve phare de la CAF se nommera désormais la Coupe d’Afrique des Nations Orange ». Mais la CAF n’est pas très diserte sur la contrepartie financière qu’elle reçoit de ce contrat. On peut toutefois imaginer que le prix est probablement supérieur au montant déboursé à l’époque par MTN.

Un important afflux de touristes Le volet touristique est également incontournable. Selon Phumi Dhlomo, responsable sud-africain du tourisme, environ 150 000 visiteurs africains étaient attendus. Cela devait rapporter au pays environ 154 millions $ pour le seul mois de janvier 2013. En matière d’hébergement, la CAF exige un standard minimum de trois étoiles. La CAN regroupe 16 sélections dans lesquelles se trouvent des joueurs évoluant dans les plus grands championnats de la planète football. Ces derniers sont extrêmement exigeants en ce qui concerne leur hébergement et leur restauration. Le pays organisateur profite donc généralement de cette compétition pour se doter d’une infrastructure hôtelière largement au-dessus des standards de la CAF. L’État investit dans l’immobilier et les habitations sont vendues une fois la compétition terminée. Des familles entières n’hésitent d’ailleurs pas à céder leur domicile moyennant argent comptant pour toute la durée du tournoi, des gains considérables pour eux. La restauration connait elle aussi un essor remarquable, tout comme le petit commerce. Les statistiques au Ghana en 2008 font état de 35% d’augmentation des produits de grande consommation, un phénomène identique au Gabon en 2012. Même si le déroulement de la CAN tend à induire une importante activité économique pour le pays hôte, tout compte fait, en Afrique, il est difficile d’amortir les dépenses effectuées par les pouvoirs publics. Les retombées ne sauraient donc être appréciées seulement en termes financiers. Il apparait clairement que si la CAN est utile pour l’hôte, c’est davantage parce qu’elle lui permet de se doter de certaines infrastructures pour lesquelles, en temps normal, il ne serait pas permis d’investir. L’exposition médiatique est aussi non négligeable, une façon pour l’État d’étaler ses mérites et son savoir-faire.


ENQUÊTE

ORGANISATION

QUI A PEUR D’ACCUEILLIR LA CAN ? Marc Omboui

L’Afrique du Sud vient de recevoir (19 janvier-10 février) pour la deuxième fois en moins de 20 ans la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN). Le pays de Nelson Mandela est une des rares nations africaines à avoir organisé au moins une fois le grand rendez-vous africain du football, après en avoir été longtemps écarté à cause de la politique d’apartheid en vigueur. Nombre de pays ne se sont jamais proposés comme hôte de la compétition. La CAN fait-elle si peur aux États africains ?

O

rganisée par la Confédération africaine de football (CAF), la CAN, qui en était à sa 29e édition, se joue tous les deux ans depuis 1957. Après une phase éliminatoire à laquelle prennent part les pays affiliés à la CAF, les qualifiés, 16 pays répartis dans quatre poules, se retrouvent pour la phase finale du tournoi dans un ou deux pays qui ont été préalablement choisis par l’instance faîtière du football africain. Il convient toutefois de rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Les toutes premières éditions de la CAN ont vu une participation très limitée de pays : quatre en 1957 au Soudan (le Soudan, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud, les quatre pays fondateurs de la CAF) ; trois en 1959 en Égypte ; neuf en 1962 en Éthiopie (une compétition repoussée d’un an à cause d’un coup d’État manqué), huit en 1968 encore une fois en Éthiopie ; 12 en 1992 au Sénégal, et, finalement, 16 en 1996 en Afrique du Sud. Le nombre de pays participants à la phase finale est ainsi allé croissant pour se stabiliser à 16.

Donner à chaque pays sa chance Pour ce qui est de l’organisation, on note au niveau de la CAF une volonté de donner à la plupart des 48 fédérations membres la possibilité de recevoir cette compétition. Néanmoins, on remarque qu’un certain nombre de pays figurent davantage que d’autres au tableau des organisateurs. En fait, les mêmes pays sont souvent retenus comme hôte de l’événement. Il s’agit notamment de l’Égypte et du Ghana, qui

ont abrité la compétition quatre fois ; trois fois pour la Tunisie et l’Éthiopie ; deux fois pour le Nigeria et le Soudan. En recevant la CAN 2013, l’Afrique du Sud s’est inscrit pour la deuxième fois au tableau des pays ayant organisé le championnat. Depuis 1957, 18 nations ont eu l’honneur de recevoir le tournoi continental. Parmi ces organisateurs, 12 États l’ont reçu à une seule reprise : l’Angola, l’Algérie, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, qui a co-organisé avec la Guinée équatoriale en 2012, la Libye (qui devait accueillir l’édition 2013 mais recevra plutôt celle de 2017), le Mali, le Maroc et le Sénégal. Comment expliquer alors que des pays membres de la CAF n’aient jamais reçu la phase finale de la CAN ? Certains, à l’instar du Tchad, de la République centrafricaine, du Togo, de la Mauritanie, de la Guinée Bissau, de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi ou de la Somalie, peuvent évoquer le manque de moyens financiers. En effet, l’organisation du tournoi sportif exige de la part du pays organisateur qu’il dispose en quantité et en qualité d’infrastructures extrêmement coûteuses, susceptibles de leur permettre de recevoir la compétition dans les meilleures conditions. Dans d’autres cas, on parle davantage de l’insécurité qui prévaut dans certains pays. On sait par exemple qu’en raison de la situation qui prévalait en Libye durant le « Printemps arabe » de 2011, la CAN 2013 a dû être délocalisée en Afrique du Sud. Le manque de certitude quant à la stabilité du pays de Kadhafi a forcé le déplacement. On peut aussi comprendre que des nations comme la Somalie, la Guinée Bissau, le Li-

beria et d’autres encore, installées dans une instabilité chronique et un état permanent de guerre civile, ne puissent pas se porter candidats pour accueillir la CAN.

Un problème d’infrastructures Certains autres États, par calculs, n’entendent organiser la CAN que lorsqu’ils croient disposer des moyens suffisants pour remporter le tournoi ou, tout au moins, faire une prestation honorable. Peut-être faudrait-il comprendre alors pourquoi l’Égypte, six fois vainqueur, et le Ghana (quatre fois champion d’Afrique) figurent parmi les pays ayant abrité le plus souvent la compétition. Mais alors, comment comprendre que des pays comme le Maroc et l’Algérie, qui comptent pourtant parmi les meilleures nations en matière de football en Afrique, n’aient organisé la CAN qu’une seule fois ? Non seulement ces États disposent de suffisamment de stades et de toute l’infrastructure routière, hôtelière et de télécommunications nécessaire, mais en plus sont capables, compte tenu de leur niveau de développement, de mettre en place ce qui pourrait manquer dans des délais relativement courts, sans que cela ne pose problème à leur économie. Il faudra attendre 2015 pour que le Maroc accueille pour la deuxième fois la compétition. La même question pourrait se poser pour le Cameroun et la Côte d’Ivoire, véritables puissances du football continental, qui n’ont reçu l’évènement qu’à une seule reprise. Certes, certains de ces pays ne disposent pas d’infrastructures suffisantes, notamment des stades de qualité et des hôtels adéquats, pour recevoir convenablement les participants et les milliers de partisans. Mais l’on présume qu’avec un peu de volonté, ces États pourraient se donner les moyens de mettre en place les éléments manquants. D’autant plus qu’ils ne comptent pas toujours parmi les nations les plus pauvres du continent. Une question de volonté ou de choix politique ? AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

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ORGANISATION DE LA CAN

DES COÛTS DE PLUS EN PLUS PROHIBITIFS Entre les 184 millions $ US du Burkina Faso en 1998, 21 millions $ de la Tunisie en 2004, 300 millions $ du Mali en 2002, et le plus d’un milliard $ dépensés par le Gabon en 2012, l’organisation de la CAN coûte décidément cher au pays qui l’abrite. Et même si les uns et les autres sont prêts à toutes sortes de sacrifices, à la fin chacun n’en fera que selon ses moyens et en fonction de ce qu’il en attend comme retombées.

dans la rente pétrolière pour financer l’organisation de la CAN.

Chacun selon ses moyens

D’après le président gabonais du comité d’organisation de la CAN 2012, la Fédération internationale de football association (FIFA) et la Confédération africaine Marc Omboui de football (CAF) « n’ont pas contribué substantiellement à l’évènement et que vénement sportif majeur, la Coupe un objectif plus large d’investissements la charge leur est presque entièrement d’Afrique de nations de football à grande échelle pour moderniser le revenue ». (CAN) est aussi extrêmement oné- pays : 600 km de routes bitumées, des roPour le Gabon, il était question de reuse. Pour ceux qui n’en disposent cades, des travaux d’électrification. Mais donner une autre image de l’Afrique, pas suffisamment, et ils sont les plus ces investissements, il faut le reconnaître, un continent souvent perçu comme en nombreux, il faut en effet construire des n’ont pas toujours fait l’unanimité. La retard. Par ailleurs, depuis que le Castades, aménager l’infrastructure routière, construction du Stade de l’Amitié, où se meroun a organisé la CAN en 1972, hôtelière et des télécommunications, etc. sont déroulés les matchs de la CAN 2012 l’Afrique centrale n’avait plus reçu de Des investissements d’autant plus im- à Libreville, toujours aux dires de l’oppo- compétition de cette envergure. Les Gaportants quand on considère que chaque sition, aurait coûté 30 milliards de F CFA bonais se sont dès lors dits « porteurs pays organisateur cherche à faire mieux (45 millions d’euros). de toutes les ambitions d’une Afrique que les précédents. Également, pour ceux Les infrastructures ont, comme qui réussit ». Du côté du comité d’orqui veulent en faire une opération de rela- à l’accoutumée, constitué le princi- ganisation, on affirmait sans détour que tions publiques, la CAN est un excellent pal poste de dépenses. Pour la Guinée « le monde entier va avoir les yeux sur prétexte pour engager des projets qui, en équatoriale, les chiffres globaux sur les le Gabon et nous avons l’ambition de temps normal, auraient eu du mal à obte- investissements effectués ne sont pas porter la nouvelle Afrique qui sait ornir l’adhésion de la population, et dont on disponibles, mais on sait que le pays n’a ganiser des événements de classe monpense qu’ils aideront à donner une image pas lésiné sur les moyens et aurait même diale ». Réaliser cette vision justifie les positive du pays à l’extérieur. D’où, par- dépensé plus que le Gabon : rénovation dépenses les plus folles. Par exemple, fois, ces dépenses « de prestige ». du front de mer de Bata (la plus gran- pour résoudre le problème des transports Plus d’un milliard de dollars, c’est de ville du pays), la construction d’un entre Franceville et Libreville, de même ce qu’aura coûté, selon l’opposition, site comprenant le palais des congrès, qu’avec la Guinée équatoriale, le pays l’organisation de la CAN 2012 au Ga- des hôtels et des villas, le démarrage s’est résolu à louer trois Boeing 737 à bon. Une somme astronomique pour de la construction d’une nouvelle ville une compagnie lituanienne et un Falcon un pays dont le budget d’État s’élè- (Oyala), le bitumage des routes (à 80% 900 pour toute la durée de la CAN. ve à moins de six fois ce qui a été sur l’ensemble du pays), la construcPourtant, pour un pays comme le englouti dans l’organisation de la grande tion d’un stade à Malabo et la rénova- Burkina Faso, qui a été l’hôte de la CAN fête africaine du football. Cette somme tion d’un autre à Bata, le tout pour la en 1998, son organisation ne lui aura aurait pu être plus importante s’il n’y rondelette somme de 50 milliards de que 184 millions $. Pour autant, elle n’a avait eu, à ses côtés, la Guinée équato- F CFA (75 millions d’euros). pas été une compétition à rabais. Pour riale comme coorganisateur de la compéCependant, tout en étant élevé, le ce qui est de la CAN 2013 (19 janvier - tition. Des financements qui ont été, pour coût des investissements pour cette ma- 10 février), l’Afrique du Sud, qui orgal’essentiel, supportés par le contribuable nifestation sportive reste moins impor- nise la compétition, n’a prévu qu’une gabonais et équatoguinéen. tant que les efforts consentis en 2010 par enveloppe de 51 millions $, soit environ l’Angola. Le pays d’Eduardo dos Santos quinze fois moins que le Gabon. Des Combler le déficit infrastructurel aurait investi près de 700 milliards de coûts assez faibles qui s’expliquent en F CFA (1,07 milliards d’euros). Comme grande partie par la présence d’infrasLe Gabon, qui a l’ambition de devenir un le Gabon et la Guinée équatoriale, l’An- tructures déjà en place depuis la Coupe pays émergent à l’horizon 2025, a inscrit gola est un grand producteur de pétrole. du monde 2010, la première de l’histoile projet de préparation de la CAN dans Les trois pays ont certainement puisé re à se tenir sur le continent africain.

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LA RUÉE VERS L’OR

ENQUÊTE

AUTOUR DE L’ÉVÉNEMENT

Marc Omboui et Etienne Arthur Deffo

Si, en organisant une Coupe d’Afrique des Nations, le pays hôte entend d’abord abriter un grand rendez-vous sportif susceptible de promouvoir son image, il existe cependant nombre d’autres acteurs plus ou moins liés au football dont le seul objectif est le gain financier à plus ou moins court terme. Incursion dans les méandres financiers du sport de haut niveau.

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rès directement, la manne la plus importante est celle de la Confédération africaine de Football (CAF) qui organise la compétition. Elle compte principalement sur l’achat des droits de diffusion. À titre d’illustration, pour les éditions 2013 (Afrique du Sud) et 2015 (Maroc), le groupe Canal+ a acquis les droits pour près de 3 millions d’euros (4 M$) chacune, selon Amr Shaheen, le directeur Marketing et TV de la CAF. Trois millions d’euros supplémentaires (4 M$) seront aussi payés pour les autres compétitions organisées par la CAF, notamment la ligue des champions jusqu’en 2016. Le marché des droits de diffusion pour la radio et la télévision est très lucratif. Certaines entreprises vont même les acheter dans le but de les revendre à prix d’or. De nombreux pays ont d’ailleurs dénoncé cette flambée des prix auprès de la CAF. La chaîne LC2 du Béninois Christian Lagnidé, à travers le réseau African Network News Exchange (AFNEX), a, en 2002, acquis les droits de diffusion de la CAN jusqu’en 2012 pour un montant de 8,5 millions d’euros (11,2 M$). L’entreprise a ensuite exigé 1,5 million d’euros (2 M$) à chaque pays de l’Afrique subsaharienne qui voulait diffuser l’événement. Ce n’est qu’après de rudes négociations qu’elle a accepté un million d’euros (1,3 M$) par pays participant et 500 000 euros (660 000 $) par nation non qualifiée. La chaine qatarie Al-Jazeera, qui avait acquis les droits de diffusion pour l’Afrique du Nord, a perçu les mêmes montants. Avec tout cela, la CAN 2012 a procuré à la CAF des revenus nets de l’ordre de 35 millions $. Au-delà des droits de diffusion, les dollars pleuvent aussi du côté des entreprises qui souhaitent associer leur image à l’événement. Et elles se bousculent aux portes. En 2004, la société de téléphonie mobile sudafricaine MTN a versé 25 millions d’euros

(33 M$) pour devenir le sponsor officiel de la CAN. Elle a depuis été remplacée par l’opérateur français Orange. Parmi les autres partenaires, notons la banque sud-africaine Standard Bank, l’entreprise de services financiers Nasuba Express et la société Samsung. De toute évidence, l’exposition médiatique offerte en vaut la chandelle.

La chasse aux talents Les joueurs ne sont pas exclus du pactole. Pour eux, c’est l’occasion de faire monter les enchères et de mettre la pression sur les dirigeants. Les primes se négocient avant tout déplacement et, dans certains cas, les joueurs exigent le paiement en argent comptant pour éviter les chèques en bois. Pour la CAN sud-africaine de 2013, le gouvernement angolais a récemment annoncé le versement à sa Fédération de 9 millions $ pour payer ces primes et préparer la sélection nationale. Et si une équipe accumule les victoires, c’est la surenchère ! Après leur victoire face à la Côte d’Ivoire en finale de la CAN 2012, chaque joueur zambien a perçu 59 880 euros (80 000 $). Juste en phase de poules, la somme de 25 millions de F CFA (51 000 $) a été payée à chaque joueur équato-guinéen après le succès remporté contre la Libye. Une prime à laquelle sont venus s’ajouter 40 millions de F CFA (80 000 $) offerts à chaque joueur par le président Teodoro Obiang Nguema. Ces montants augmentent au fur et à mesure que l’on progresse dans la compétition. La phase finale de la CAN est également l’occasion pour les jeunes joueurs évoluant dans les championnats locaux africains de se mettre en vitrine pour d’éventuels acheteurs. Les intermédiaires et agents sont là pour guetter la moindre perle. À l’image des Camerounais Roger Milla et Joseph Antoine Bell, qui ont été des précurseurs dans les années 1980, la plupart des joueurs

africains évoluant dans les championnats européens ont bénéficié de l’exposition de la CAN pour être recrutés par les plus grands clubs professionnels. George Weah, Michael Essien, Samuel Eto’o, Emmanuel Adebayor et autres Yaya Touré ont tous été remarqués en Afrique avant de faire fortune en Europe. Leurs anciens clubs y trouvent aussi leur compte, tout comme les agents qui réussissent à les placer dans les richissimes formations. Montants de transfert, compensations pour l’équipe de départ, pourcentage du salaire à l’agent ; les joueurs étoiles sont au cœur d’un système complexe où l’athlète est « vendu » à fort prix comme du bétail de luxe. Finalement, il y a d’autres acteurs dont on ne parle jamais et qui, pourtant, agissent dans l’ombre et accumulent les dollars. Ce sont les administrateurs qui débloquent l’argent et gonflent considérablement les effectifs des délégations présentes à la CAN. Certains, à partir du ministère des Sports ou de celui des Finances, tirent les ficelles derrière des portes closes. Eux aussi attendent un retour d’ascenseur. C’est dire si, en dehors des principaux acteurs que restent les sportifs, nombreux sont ceux qui, d’une manière ou d’une autre, réussissent à tirer leur épingle du jeu. Le sport est un univers où les dollars foisonnent et chaque intervenant, de près ou de loin, cherche à prendre ce qu’il considère comme son dû. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 11



20-22 février 2013, Johannesburg, Afrique du Sud

La 2e édition d’Air Cargo Africa aura lieu cette année, pour la première fois, à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 20 au 22 Février 2013. L’événement est organisé par le Times commerce STAT, un support intégré des transports internationaux spécialisés dans le fret aérien depuis 1986. Il a déjà organisé avec succès quatre éditions du fret aérien en Inde. L’événement est conçu pour exploiter les débouchés sur le marché africain en permettant aux acteurs de l’industrie du fret aérien du monde entier de présenter leurs produits et services dans le but d’attirer des partenaires potentiels, et d’améliorer les relations commerciales.

Infos : http://www.stattimes.com/aca2013/

8 mars 2013 Washington, D.C., États-Unis

Le 8 mars 2013 à Washington aura lieu la 6e édition du séminaire afro-américain sur le tourisme auquel participera l’ATA (Africa Travel Association) en partenariat avec l’Union africaine. Beaucoup de professionnels de l’industrie du tourisme et des représentants diplomatiques désireux d’en apprendre davantage sur les choix politiques possibles liés au tourisme en Afrique sont attendus à cet événement annuel. Une rencontre qui permettra aux entreprises présentes de développer des partenariats d’affaires stratégiques. Les participants vont également explorer les tendances de croissance clés qui ont contribué à développer le tourisme en Afrique de façon constante au cours des dernières années. Infos :http://www.africatravelassociation.org/events/uats.html

THE SOLAR SHOW AFRICA

6th ANNUAL SUB-SAHARAN AFRICA OIL & GAZ CONFERENCE

9-10 avril 2013 Johannesburg, Afrique du Sud

25-26 avril 2013 Houston, États-Unis

The Solar Show Africa est le plus grand forum en Afrique sur l’énergie solaire. Il attire, année après année, aussi bien des concepteurs africains et internationaux que des producteurs et distributeurs d’électricité, des gouvernements et des gros consommateurs d’énergie. Comment mettre en œuvre des stratégies énergétiques solaires, comment financer les grands projets solaires, comment s’en sortir avec la réglementation et la législation, quelles solutions pour des nouvelles sources ? Telles sont les questions qui seront abordées durant ces deux jours de forum qui se tiendront à Johannesburg en Afrique du Sud.

La 6e conférence annuelle de l’industrie du pétrole et du gaz de l’Afrique sub-saharienne aura lieu les 25 et 26 avril à Houston, au Texas. L’objectif premier de la rencontre est de maximiser les investissements, l’exploration et la production dans cette vaste région du continent africain. L’événement réunira politiciens, compagnies nationales africaines, multinationales de l’industrie pétrolière et gazière, investisseurs et institutions financières. Cet important forum propose un échange d’idées et une plateforme où seront mis de l’avant les opportunités d’affaires, les meilleures pratiques de l’industrie et les défis à venir. La conférence souhaite mettre l’accent sur le réseautage afin d’optimiser les objectifs avancés, le tout dans un environnement harmonieux.

Infos : http://www.terrapinn.com/2013/solar/index.stm

Infos :http://www.energycorporateafrica.com/

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RENDEZ-VOUS D’AFFAIRES

AIR CARGO AFRICA 2013

6th ANNUAL U.S.-AFRICA SEMINAR ON TOURISM


LES

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IINVESTISSEURS MMIGRANAU C

LE MODE D’EMPLOI i immigrer est déjà un processus complexe et demandant, le faire avec l’idée d’investir ne simplifie en rien la démarche. Documentation additionnelle à fournir, importante somme d’argent à soumettre en garantie, les étapes sont nombreuses et les conditions forcément strictes. Néanmoins, le statut d’investisseur étranger comporte son lot d’avantages. Pour le candidat désireux de se lancer dans l’aventure, la diaspora déjà établie se présente comme un incontournable guide. Notre journaliste vous propose, en accéléré, le chemin menant du continent noir au Canada, les repères et l’aide disponibles pour trouver sa voie.


NTSANADA 5 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 15


INVESTIR AU CANADA LA COMMUNAUTÉ AFRICAINE S’ORGANISE LE PARTENARIAT ENTRE LE CANADA ET LE CONTINENT AFRICAIN NE CESSE DE SE DÉVELOPPER. EN MAI DERNIER, LE GOUVERNEMENT HARPER ENTAMAIT DES POURPARLERS SUR L’INVESTISSEMENT AVEC LE BÉNIN ET LE BURKINA FASO.

S

elon un rapport émis en 2011 par Carlos Rojas-Arbulu, délégué commercial principal de l’Ambassade du Canada au Sénégal, « les investissements canadiens sont estimés à plus de 7 milliards $ en Afrique de l’Ouest ». Il ajoute que « les minières canadiennes détiennent près de 40% des permis miniers au Niger et sont (parmi) les principaux investisseurs au Burkina Faso, Sénégal, Guinée, Mali. De 1998 à 2008, le commerce Canada-Afrique a augmenté en moyenne de 16,8% par année ». Le délégué commercial explique qu’on « remarque de plus en plus une prise de conscience par les secteurs privé et financier canadiens du marché africain et des opportunités qui s’y présentent ». Mais qu’en est-il de la population africaine qui souhaite investir au Canada ? Il existe deux types d’investisseurs. Ceux qui décident d’immigrer en tant qu’investisseurs africains et ceux, déjà établis sur le territoire, qui décident de créer leur entreprise. Les immigrants qui répondent au statut d’investisseurs étrangers doivent se conformer à la « Loi sur Investissement Canada ». Selon le ministère de la justice canadien, la loi vise à examiner les investissements importants effectués au Canada par des étrangers dans le but de contribuer à la croissance de l’économie et à la 16 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

création d’emplois sans porter atteinte à la sécurité nationale. Me André Turmel, conseiller stratégique du cabinet d’avocats Fasken Martineau, spécialisé en droit des affaires et en litige à l’échelle internationale, a accepté de décrypter avec nous les méandres de cette loi. Les investisseurs africains sont confrontés à trois questions. Dans un premier temps, les « grands investisseurs doivent passer le test de l’avantage net du Canada », explique Me Turmel. Au printemps 2012, cette question concernait les investisseurs dépassant les 330 millions $ investis dans le pays. Concrètement, cela signifie qu’au-delà de ce montant, la question de l’avantage pour le Canada se pose. « Est-ce que le Canada va perdre son rôle de leader dans le domaine de l’investissement ? Est-ce que cet investissement va permettre de créer des emplois qui vont rester au Canada ? », clarifie le conseiller stratégique. Pour 2013, ce montant a été fixé à 600 millions $. La deuxième question est celle de la fiscalité. À l’heure actuelle, le Canada a signé des « conventions fiscales avec une cinquantaine de pays afin d’éviter le double-paiement de la fiscalité, dont l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Gabon, le Kenya, le Maroc, la Tanzanie, la République de Zambie et le Zimbabwe », précise Me Turmel.

Katia Tobar

Enfin, l’investisseur africain doit répondre aux règles relatives à l’immigration.

Immigrer au Québec en tant qu’investisseur étranger Pour s’installer dans la province francophone, l’investisseur étranger devra déposer une demande au « Programme Investisseurs ». Selon le site internet de l’Immigration et des Communautés culturelles, « pour être admissible au Programme Investisseurs », l’investisseur doit disposer « seul ou avec [son] époux ou conjoint de fait qui l’accompagne, d’un avoir net d’au moins 1 600 000 $ CAN, obtenu licitement, […] avoir une expérience en gestion […] et avoir l’intention de s’établir au Québec et de signer une convention d’investissement de 800 000 $ CAN, avec un intermédiaire financier (courtier ou société de fiducie) autorisé à participer au programme Investisseurs. » Face à ces conditions très strictes, il n’est pas étonnant que l’investissement étranger au Québec ne soit pas encore très répandu. Une étude1 rendue publique en mai 2011 sur le programme indique que « les investisseurs ne représentent que 3,5 % du flux total d’immigrants du Québec […] alors que ceux-ci fournissent une contribution financière substantielle à leur arrivée et adoptent généralement


LES IMMIGRANTS INVESTISSEURS AU CANADA

un mode de vie aisé ». Toujours selon cette étude, le programme, créé en 1985, « cherche à attirer des gens d’affaires expérimentés ainsi que leur capital afin de promouvoir la croissance économique […] Pour la seule année de 2009-2010, Investissement Québec évalue que les projets réalisés ont permis de créer quelque 2600 emplois, en plus d’en maintenir 1355 autres ». Les économistes en charge de l’étude ont également pris en compte les dépenses des familles des investisseurs au Québec, et leurs acquisitions d’entreprises, « totalisant environ 720 000 $ » en 2009. Dans ce rapport, Pierre Fortin et Pierre Emmanuel Paradis soulignent que la plupart des investisseurs étrangers proviennent d’Asie et ne parlent aucune des deux langues officielles du pays. Ils ajoutent que le délai d’attente est très long, par rapport à l’Australie ou à l’Angleterre, entre autres. Les investisseurs étrangers doivent en effet attendre entre deux ans et demi et trois ans et s’acquitter de frais de dossier « d’environ 4000$ ». Même si la plupart des investisseurs étrangers proviennent d’Asie (« le stock d’investissement en provenance d’Asie et d’Océanie a augmenté de 3,9% en 2011 pour s’établir à 69,3 milliards $ »), l’investissement en provenance d’Afrique ne cesse d’augmenter. Il a « progressé de 14,9% pour atteindre 3,3 milliards $, en 2011 », selon le ministère des Affaires étrangères et Commerce international Canada. Parmi ces investisseurs, on retrouve de nombreuses compagnies privées. « La majeure partie des investisseurs proviennent d’Afrique du Sud, du Nigeria, de Tanzanie, de Côte d’Ivoire et du Maroc », selon Me André Turmel de Fasken Martineau. La plupart d’entre eux s’engagent dans « les domaines des ressources naturelles ou des technologies de l’information ». Pour Me Turmel, les investisseurs provenant du continent africain sont juridiquement à l’aise dans leurs démarches avec le Canada. La colonisation a donné à de nombreux investisseurs la capacité de parler une des deux langues officielles du Canada, ainsi qu’une connaissance des traditions juridiques du Commonwealth pour le Canada anglophone, et du droit civique pour le Québec. 1Étude : « Les immigrants investisseurs, une immigration payante ! » de Pierre Fortin, professeur émérite d’économie à l’Université du Québec à Montréal et de Pierre Emmanuel Paradis, économiste principal pour le cabinet économique « Groupe d’analyse ».

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INVESTISSEURS AFRI LA DIASPORA COMME GUIDE Contrairement aux Asiatiques, bon nombre d’investisseurs africains étaient déjà établis au Canada avant de se lancer dans la création d’entreprises. Yaovi Bouka, vice-président exécutif et trésorier de FLA (Force Leadership africain), une corporation à but non lucratif qui travaille avec les communautés africaines du Canada, a identifié deux tendances dans l’immigration africaine : la présence de plus en plus importante de Maghrébins et d’investisseurs provenant d’Afrique subsaharienne, depuis environ cinq ans. Ceux-ci auraient tendance à investir dans les domaines de la restauration, de l’immobilier, de l’informatique, et des télécommunications.

C’

est par exemple le cas de Mariam Coulibaly, ivoirienne, installée au Québec depuis huit mois, qui a décidé de se lancer dans le service aux entreprises. « J’accompagne les entreprises et je les aide à monter leurs plans d’affaires », explique-t-elle. Mme Coulibaly fait également partie du programme de mentorat du REPAF (Réseau des Entrepreneurs et Professionnels Africains). « C’est important d’apporter du support et les outils nécessaires aux entrepreneurs africains. On a connu autre chose ailleurs. Alors en arrivant, c’est plus facile de voir les besoins d’un pays étranger. On a juste besoin d’un bon réseau. » Pour Komlan Messie, co-fondateur du REPAF, le réseau est essentiel dans la démarche d’un potentiel entrepreneur. « Investir et développer une entreprise, ça prend un réseau et des contacts pour ouvrir les portes, insiste-t-il. Le réseau est aussi important que l’argent que vous avez car le premier défi est de faire connaitre son produit. Il est important de connaitre la culture du pays où on veut investir ainsi que les pratiques juridiques et c’est illusoire de penser qu’on peut y arriver seul. » M. Messie s’est lancé dans la création d’entreprise. En 2009, il a crée Frunil, une compagnie de fabrication et de distribution de boissons exotiques, à Montréal. À 18 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

base notamment de gingembre et de fleur d’hibiscus, ses boissons ciblent autant un public québécois que la diaspora africaine présente dans la métropole. « J’avais envie de créer des produits inspirés d’Afrique. J’ai eu besoin de créer un modèle d’affaires mais aussi d’avoir des gens qui ont cru en moi et m’ont poussé à avancer, explique l’entrepreneur. J’ai identifié un besoin, celui d’avoir des aliments d’origine africaine de qualité et j’ai voulu importer la richesse et les trésors d’Afrique avec des produits originaux et une campagne de marketing qui s’adresse au plus grand nombre avec des saveurs qui vont chercher tous les segments du marché. Mes produits sont faits pour le marché canadien, avec par exemple des boissons au gingembre fort que les Africains d’origine adorent et d’autres au goût gingembre/ananas, pour les moins initiés. » M. Messie explique que cette aventure lui a demandé une vision claire du marché et une grande force mentale pour éviter le découragement, selon lui à l’origine de nombreux échecs. « Le réseau permet aussi de partager les défis. On est confronté à de nombreux préjugés mais il ne faut pas s’arrêter », précise l’homme d’affaires. Selon M. Messie, le secret réside dans le « savoir être entrepreneurial, la crédibilité et la fiabilité, en plus de la compétence ». Aujourd’hui, l’objectif de Komlan Messie, par l’intermédiaire du REPAF, est de créer des « modèles de réussite, de sti-

muler les envies et d’inspirer d’autres personnes », afin qu’eux aussi envisagent de créer leur entreprise. Pour Yaovi Bouka de FLA, installé au Canada depuis 28 ans, le climat est un autre défi de taille pour les investisseurs africains. « La première année est une année d’hibernation, les gens qui arrivent du continent africain se sentent perdus, l’accès au capital vient une fois le réseau créé et la confiance établie », explique le Togolais d’origine, plaçant aussi le réseau comme un facteur clé de réussite pour un entrepreneur africain au Canada. Il indique qu’Industrie Canada va prochainement mettre au service de la communauté un « Fonds international de la diaspora africaine » qui permettra d’«encadrer les entrepreneurs et les jeunes issus de l’immigration africaine, qui sortent de l’université, tant sur le plan personnel que professionnel». M. Bouka y voit un « outil de mobilisation du capital ».

Les défis de la diaspora africaine Invitée à une conférence organisée par le FLA le 24 novembre dernier, sur le thème « Comment assurer la prospérité des communautés africaines au Canada ? », Me Stéphanie Otou, conseillère juridique et membre du REPAF, explique que la réponse dépend de la « cohésion et de la centralisation », de l’«intégration économique» et de l’«intégration culturelle». « On dénombre 219 associations afri-


LES IMMIGRANTS INVESTISSEURS AU CANADA

ICAINS Katia Tobar

caines actives à Montréal. Elles sont divisées par pays ou groupes ethniques et à l’intérieur d’une même association, il y a des divisions. Le manque de centralisation empêche de mettre en place des initiatives et peut causer un problème au niveau des financements », explique Me Otou. Elle ajoute que la diaspora africaine n’est pas assez intégrée et ne s’adresse pas aux autres communautés dans ses initiatives économiques. « On développe des entreprises qui profitent seulement à notre communauté. On ne génère pas assez de revenus de cette façon. Si on profite à l’économie de la métropole, on deviendra des créateurs de valeur et on attirera l’attention des financeurs. » Enfin, la conseillère juridique, issue de l’immigration africaine de deuxième génération, souligne la tendance, pour les immigrants africains, à agir comme s’ils étaient de passage sur le territoire canadien. « Il faut participer à la vie culturelle du Québec, s’interroger sur les valeurs québécoises et s’intéresser à la vie politique pour que les politiciens s’intéressent à nous, car ne pas voter c’est être invisible sur l’échiquier politique. » Pour Yaovi Bouka, le moment est venu pour la diaspora africaine de s’organiser afin de soutenir le continent africain dans la dynamique géopolitique. « Les économies nord-américaines et européennes sont malades. La Chine n’a pas les matières premières nécessaires pour soutenir sa croissance. C’est une nouvelle oppor-

tunité pour l’Afrique de s’imposer et on ne pourra pas participer à ce mouvement qui va enrichir l’Afrique si on n’a pas de structures assez solides. Le leitmotiv du développement de l’Afrique ne passe pas seulement par les mandats de la Western Union », insiste-t-il avant de décrier le rêve canadien. « Le Canada est un grand rêve mais une fois dans la réalité, ce n’est pas aussi facile qu’on le pensait. C’est en Afrique qu’il faut investir plutôt qu’en Amérique du Nord, mais souvent celui qui arrive ne le sait pas. » AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 19


INDUSTRIE FOREST


LE QUÉBEC TIÈRE ET L’ AFRIQUE D

e chaque côté de l’Atlantique, deux grandes forêts aux multiples vertus, deux modèles d’exploitation qui traduisent bien le niveau de développement de leur industrie respective. Malgré des différences notoires, les forêts boréale (Québec) et équatoriale (Afrique) ont plusieurs défis communs : exploitation efficace de la ressource, développement durable, protection de l’environnement et maximisation des retombées. Les exploitants de ces deux écosystèmes peuvent-ils apprendre de l’autre, voir s’en inspirer ? Des réponses trouvées dans la rigueur du climat canadien et la chaleur de la végétation africaine.

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BASSIN DU CONGO

LE DILEMME DE L’OR VERT AVEC ENVIRON 250 MILLIONS D’HECTARES DE FORÊT, LE DEUXIÈME POUMON ÉCOLOGIQUE DU MONDE SE TROUVE PARTAGÉ ENTRE LE BESOIN DE METTRE EN VALEUR TOUTES LES RICHESSES QU’OFFRE CETTE MANNE ET LA NÉCESSITÉ DE PROTÉGER UN ENVIRONNEMENT AUJOURD’HUI EN PÉRIL.

L

ors du tout premier Sommet des pays des trois bassins forestiers tropicaux d’Amazonie, du Congo et de Bornéo-Mékong tenu à Brazzaville, en République du Congo, il y a quelques années, un certain nombre de constats sur l’état physique et spéculatif de l’ère forestière du Bassin du Congo avaient été établis. Si certaines des réalités notées à l’occasion et à bien d’autres assises, antérieures ou plus récentes, sont triviales, d’autres par contre ouvrent un vaste champ de réflexion, dans un domaine aux nombreux contrastes et ambigüités. La première part d’un fait géographique. Avec ses 250 millions d’hectares de superficie, le Bassin du Congo est incontestablement le second poumon écologique du monde, après l’Amazonie. Il regroupe l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine (RCA), le Tchad, la République démocratique du Congo, le Rwanda et São-Tomé-et-Principe. Mieux encore, un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), fait savoir qu’en 2011, l’Afrique centrale représentait à elle seule 37% de la superficie totale du globe terrestre. Dans une sorte d’inventaire des richesses de la région, une étude menée sous l’égide de la Convention sur la diversité biologique (CDB) fait état de 10 000 espèces de plantes supérieures, dont 3000 endémiques, 600 essences de bois d’œuvre. À côté du bois, il y a toute une diversité d’espèces fauniques : 1000 espèces d’oiseaux, 900 espèces de papillons, 280 espèces de reptiles, 400 espèces de mammifères, y compris des animaux rares ou menacés d’extinction, dont les grands gorilles des plaines et les chimpanzés. Tout ceci représente une potentielle manne salvatrice pour les pays de cette 22 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

aire géographique, en proie à une pauvreté aux allures endémiques. Pourtant, c’est à ce moment, lorsque tous ces préalables sont posés, que commence, pour les 11 pays de la zone, le dilemme existentialiste entre l’utile et l’agréable. D’un côté, en effet, se trouve le besoin pressant de combattre la pauvreté, en utilisant au mieux les ressources forestières dont la nature les a si bien dotés. De l’autre côté de ce dilemme, l’impératif actuel de faire face au défi climatique qu’impose la conjoncture écologique planétaire. La conjonction des deux exigences n’est pas des plus évidentes, ni pour les États concernés, encore moins pour les populations trop attachées à leurs valeurs traditionnelles fortement liées à leurs forêts nourricières. Du coup s’imposent quelques questions : exploiter, oui, mais comment ? De quelle manière et avec quelle vision, quel encadrement ?

CoLlusion ? Il est de la toute première évidence que l’exploitation des ressources forestières ne saurait être complètement soustraite des assiettes budgétaires des États de la région du Bassin du Congo. La Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) signale à juste titre que les forêts de son aire de compétence, en plus de leur fonction écologique universellement reconnue, présentent aujourd’hui de réelles potentialités, à travers leur apport soutenu à l’amélioration des revenus, ainsi que la création d’emplois directs et indirects ; de nouveaux métiers et de la valeur ajoutée dans les économies nationales. Les forêts du Bassin du Congo, selon des chiffres de la COMIFAC, abritent une population de plus de 129 millions d’habitants. La myriade de produits et services qu’elles procurent (bois d’œuvre et d’énergie, écotourisme, chasse,

Badjang ba Nken

feuilles, médicaments, aliments, résines, fruits, etc.) fait de cette ressource, une source substantielle de revenus et de devises pour les pays d’Afrique centrale, et un support de vie pour des millions de personnes. Par son poids économique, le secteur forestier fournit environ 20% de l’emploi et se place en deuxième position après l’exploitation minière et/ou pétrolière dans la plupart des États membres de la COMIFAC. En RCA et au Gabon, par exemple, ce secteur est le deuxième pourvoyeur d’emplois, après l’État. Concrètement, et de manière détaillée, la contribution de ce secteur au PIB des pays forestiers de la sous-région est d’environ 6% pour le Cameroun, 5,6% pour le Congo, 4,3% pour le Gabon, 0,22 % pour la Guinée équatoriale, 1% pour la RDC, 10-13% pour la RCA, selon la même source. Aujourd’hui, cette tendance qui est en nette augmentation dans tous les pays forestiers, malgré les déboires dus à la crise immobilière qui sévit depuis 2008, met en évidence la diversité des richesses générées au quotidien par les forêts tropicales en général, et la forêt du Bassin du Congo en particulier. Il faut en cela tenir compte du flou entretenu par les gouvernements et officiels de certains des pays concernés, les enjeux économiques ouvrant des brèches à toutes sortes de spéculations et mauvaise gouvernance. Dans ces conditions, ce ne sont surtout pas les opérateurs économiques, essentiellement portés sur le profit, qui vont cracher sur la manne. Au nombre de ceux-ci, l’entrée en scène des entreprises chinoises vient renforcer une carte assez diversifiée. Aux côtés des entrepreneurs locaux, Libanais, Grecs, Français, Italiens et autres sont les nationalités les plus présentes sur le terrain. Sur leur nombre, il faudra attendre une meilleure organisation des activités, à l’intérieur même des pays, qu’au sein de la coordination des actions régionales. Même si simplement posé, c’est là un défi de taille pour les acteurs impliqués. Un défi qui exigera dialogue, compréhension et compromis. Bref, un défi loin d’être gagné.


COINCÉE ENTRE UNE LÉGISLATION POUR LE MOINS PERFECTIBLE ET DES EXIGENCES MONDIALES DE PLUS EN PLUS CONTRAIGNANTES, L’EXPLOITATION FORESTIÈRE DANS LES PAYS DU BASSIN DU CONGO CHERCHE SA VOIE HORS DU MAQUIS.

L

es 25 dernières années ont été marquées par un certain nombre d’avancées dans le domaine de la gestion des forêts dans le monde, et particulièrement dans la région du Bassin du Congo. Plus d’une raison justifie cet élan vers une meilleure gestion des ressources naturelles de la planète. En Afrique, une tendance qui, dès lors, ne tient pas seulement du phénomène de mode. Selon la Convention sur la diversité biologique (CDB), en effet, « des millions de personnes habitant le Bassin du Congo dépendent des forêts pour leur subsistance. Cette région, d’une grande richesse en biodiversité, subit diverses pressions des populations locales, qui s’y approvisionnent parfois sans respect pour l’environnement. Le Bassin du Congo attire également de nombreuses entreprises d’exploitation forestière, qui n’opèrent pas toujours selon les principes de gestion durable… » Voilà donc autant de prétextes pour s’intéresser à l’environnement juridique et normatif d’un secteur d’activités aux contrastes et antinomies parfois suicidaires. Plus concrètement, les lois et autres conventions en vigueur visent à implémenter une vision futuriste de la gestion des ressources forestières, en même temps qu’un souci de gestion responsable et durable de l’environnement. La pression exercée sur le globe par le réchauffement climatique l’impose. Dans tous les cas, de nombreuses conventions et organismes sont entrés en jeu, entraînant dans leur sillage un certain nombre de dispositions législatives dans les États de la région du Bassin du Congo. Il est question, selon des rapports officiels, de valoriser des ressources vitales, aussi bien pour les économies locales que pour l’équilibre écologique du monde.

Conventions et législations Dans le cas spécifique des pays d’Afrique centrale, quelques dates et faits retiennent forcément l’attention. Signalant ainsi la naissance, dès 1988, du programme

ECOFAC (Écosystèmes forestiers d’Afrique centrale), appuyé par l’UICN. Par ce programme, les pays d’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA, RDC et São Tomé et Principe) ont entrepris une revue générale de l’état des ressources forestières, de leur utilisation et de leur gestion pour développer des actions-pilotes de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité forestière de la région. Quelques autres dates significatives se sont au cours des années greffées au train des dispositions du même genre. À leur nombre, il faut compter la CDB, qui aujourd’hui fédère un nombre important d’adhésions avec plus de 190 parties contractantes. Et puis, il y a eu le sommet de Rio de Janeiro en 1992, avec tout son cortège de principes et espoirs, l’objectif de l’An 2000 de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), adopté deux ans plus tôt à Bali en Indonésie. Au niveau des États, la mouvance fait tache. Depuis, de nouveaux vocables sont nés : Unités forestières aménagées, forêts communautaires, forêts modèles, etc. Des améliorations dans le système ont ainsi pu être notées. Une meilleure conservation de la biodiversité et une nette diminution des forêts affectées à la production de bois sont à mettre sur ce compte. Une diminution valable pour l’ensemble de la région et pour laquelle ont contribué certains pays, comme le Gabon. Mais ce ne fut pas le cas de tous les États. Le Cameroun, par exemple, a affiché l’accroissement le plus important de la superficie forestière affectée à la production au cours des dernières années, en raison de la réaffectation de concessions forestières, de forêts communautaires et communales et de réserves cynégétiques. De manière générale, l’importance de conserver ces forêts semble finalement avoir été reconnue, nonobstant des poches de résistance à la gouvernance. Toutefois, suivant les conclusions du rapport sous-régional d’une étude portant sur la contribution des redevances forestières en Afrique centrale, par exemple,

Badjang ba Nken

environ 10 milliards de francs CFA sont versés annuellement par différentes administrations locales, pour le développement des collectivités et des communautés riveraines des zones d’exploitation. Il importe de se demander où va cet argent et à quelles fins il est utilisé. Pour le cas spécifique du Cameroun, dont la disposition réglementaire est effective depuis 2000, des chiffres concordants estiment à plus de 60 milliards de FCFA la somme reversée jusqu’à nos jours. Ces fonds servent-ils réellement au développement local ? Les conclusions de l’étude sus-évoquée montrent que l’impact de ces redevances reste mitigé. On observe des cas où des projets sociaux ont été développés au profit des communautés avec des impacts visibles (accroissement du taux de scolarisation, amélioration des infrastructures routières). Par contre, dans certaines localités, les fonds perçus n’ont pas été convenablement utilisés pour la réalisation des initiatives de développement. Ce manque de transparence dans la gestion des ressources forestières a des conséquences, non seulement sur les institutions nationales, mais aussi au niveau des organes de coordination régionale et même planétaire. Si, selon la COMIFAC, plus de 60 milliards de francs issus de l’industrie forestière ont été redistribués aux populations riveraines des zones d’exploitation au Cameroun, par exemple, il n’en demeure pas moins que le mal-être ne s’est pas beaucoup éloigné de leurs villages et villes, pour la plupart spontanément sortis de brousse. Les questions de gouvernance seront, jusqu’à meilleure vision actuelle et future, l’arbre qui cachera les vraies richesses de la forêt du Bassin du Congo.

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INDUSTRIE FORESTIÈRE, LE QUÉBEC ET L’AFRIQUE

L’ÉPREUVE DE L’EXPLOITATION DURABLE


INDUSTRIE FORESTIÈ LE QUÉBEC ENTRE CRISE ET INNOVA Plombée par une crise qui n’en finit plus, l’industrie forestière québécoise, malgré son lourd poids économique, se bat pour sa survie et cherche à se redéfinir. En dépit des nombreuses fermetures et pertes d’emplois, l’innovation permet un optimisme certain au pays du bois rond et du sirop d’érable.

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ffirmer que l’industrie forestière nord-américaine est en crise est un euphémisme. Le Québec n’y échappe pas. On pourrait même parler de « crises», d’épisodes multiples qui ont donné de durs coups à la foresterie québécoise. Crise du bois d’œuvre, crise de la construction domiciliaire, crise dans les pâtes et papiers, crise économique généralisée… l’industrie forestière a beaucoup souffert au cours des six ou sept dernières années. Et elle souffre toujours. Les chiffres varient grandement selon les sources consultées, mais une chose est certaine : le portrait fait peur et donne froid dans le dos. Depuis 2005, près de 300 usines et entreprises ont fermé leurs portes. Le nombre de travailleurs dans l’industrie est passé de 144 000 à 68 000, 104 000 si on ajoute les emplois indirects générés. Cette baisse de 55% de la main d’œuvre forestière a eu de nombreux impacts, de la baisse de revenus pour l’État au recrutement dans l’industrie qui peine désormais à convaincre la jeunesse du 24 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

futur de la ressource. Et des perspectives d’emploi qui y sont associées. Au-delà des chiffres liés à l’emploi, le portrait statistique de l’industrie québécoise montre clairement l’ampleur de la crise qui sévit encore aujourd’hui. En 2005 au Québec, 17 millions de mètres cubes (m3) de bois étaient transformés pour le secteur de la construction. Au pire de la crise (2006 à 2009), ce total a chuté à 8,9 M de m3 (perte de 48%), principalement en raison de l’effondrement du marché américain qui est passé de 2,2 millions de constructions nouvelles annuelles (2006) à une projection d’environ 900 000 pour 2013. « Nous sommes revenus à 11 millions de m3 malgré le fait que la crise aux États-Unis n’est pas terminée et a toujours un impact certain. Heureusement, la demande au Canada demeure très forte », affirmait fin 2011 André Tremblay, Président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ). Une telle « coupe à blanc » dans l’industrie laisse des traces perpétuelles. Plusieurs secteurs de la foresterie québécoise ne retrouveront probablement jamais leur lustre d’antan, notamment la production de papier journal qui a perdu 30% de son chiffre d’affaires depuis cinq ans. « Et ça ne reviendra jamais », analyse le grand patron du CIFQ.

Jean-Nicolas Saucier

Autre point inquiétant pour l’industrie, l’entrée en vigueur d’un nouveau régime forestier le 1er avril 2013, une petite révolution dans le domaine qui vise la préservation de la forêt québécoise en mettant fin aux contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier. Sous ce nouveau « code », 10% des approvisionnements en bois seront retirés du marché par le Forestier en chef du Québec. À cela s’ajoute 30% additionnels du bois de la forêt publique qui sera mis aux enchères plutôt que d’être attribué aux entreprises par garanties. Cette dernière mesure inquiète grandement les compagnies, même si elle pourrait mener à un meilleur prix pour la ressource. L’expérience montrera si ce nouveau système est viable.

Valoriser les composantes Au-delà des inquiétudes et statistiques alarmantes, tout n’est pas noir dans les forêts québécoises. Malgré un dernier cycle difficile, l’industrie forestière du Québec a toujours un chiffre d’affaires de plus de 17,5 milliards $, dont des exportations de 7,5 milliards $, soit 13% des exportations totales de la province. La foresterie génère aussi des investissements annuels de plus de 400 millions $ dans la modernisation et la transformation des usines. Et c’est de ce côté qu’il faut se tourner, croit


Guy Chevrette, ancien patron du CIFQ qui estime que les produits offerts par l’industrie changeront grandement dans les prochaines années. « On va garder les créneaux qui sont bons, comme le bois d’œuvre, mais on va faire moins de transformation du bois et plus de transformation des composantes, pour produire de l’éthanol, des huiles ou d’autres produits nouveaux qui vont compenser largement les autres secteurs », confiait-il en 2010 avant de quitter ses fonctions. L’homme se disait d’ailleurs « optimiste » pour l’avenir du secteur. « Si on peut sortir de la crise, j’espère que le gouvernement va comprendre et rendre l’industrie plus compétitive. » À ce sujet, les autorités provinciales semblent avoir fait leurs devoirs. Depuis 2006, selon les chiffres du ministère des Ressources naturelles, Québec a investi plus de 8 milliards $ dans l’industrie forestière, dont près de 3 milliards $ en mesures spécifiques. Cette stratégie vise à modifier le secteur de la fabrication, à ouvrir de nouveaux marchés et favoriser les investissements dans la production bioénergétique. Grâce à la fibre de bois, les résidus d’hier deviennent les occasions d’affaires d’aujourd’hui et de demain. En favorisant l’innovation, on mise sur de nouveaux produits comme les papiers intelligents, les bioplastiques et les

INDUSTRIE FORESTIÈRE, LE QUÉBEC ET L’AFRIQUE

ÈRE ATION produits biochimiques. Cette filière de la biomasse et du bioraffinage est cohérente avec la vision du CIFQ qui prévient toutefois que la gestion de la forêt prendra alors toute son importance. « Les entreprises devront disposer de la matière en qualité et quantité suffisante, et à un coût compétitif », rappelait en juillet dernier André Tremblay. « Il est essentiel que le Québec adopte une stratégie d’aménagement forestier durable qui visera le plein potentiel de cette ressource collective. Car tant qu’il n’y a pas de politique gouvernementale, il n’y a pas de développement possible. »

La nanocellulose, le futur Parmi les nouvelles technologies forestières, la nanocellulose cristalline (NCC) retient particulièrement l’attention. La première usine au monde de ce nouveau composite a d’ailleurs été inaugurée en 2011, à Windsor au Québec. La NCC, c’est la structure de l’arbre. On fabrique ce nanomatériau renouvelable et abondant à partir de fibres de bois, elles-mêmes tirées de la fabrication de la pâte de bois. Il s’apparente au plastique et ses applications sont multiples : fabrication d’emballages en polymère, de papier de sécurité, de cosmétiques, de vêtements, de plastiques, de film transparent et de

couleur, de ciment ou d’aliments. Sa principale force se trouve dans la grande résistance qui caractérise la NCC. Doyen de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique de l’Université Laval à Québec, Robert Beauregard voit dans cette « chimie verte » le futur de l’industrie. « Cette révolution est basée sur une utilisation alternative du bois et des résidus agricoles », expliquait-il à l’occasion d’un débat sur l’avenir de la recherche en foresterie, une activité qui mobilise annuellement des investissements de 90 millions $ et 450 chercheurs. « On peut penser que plusieurs des applications actuelles du pétrole, dont la production d’énergie et la pétrochimie, pourraient être remplacées par le bois comme source d’énergie et comme source de molécules. Pour les chercheurs en foresterie, c’est une opportunité phénoménale. » Malgré la crise qui sévit toujours, l’industrie forestière semble avoir un futur au Québec, un avenir qui passe par l’innovation et la mise en marché de produits qui ont un impact dans la vie de tous les jours, comme la NCC. La forêt est au cœur de deux grands enjeux planétaires, le maintien de la biodiversité et la lutte aux changements climatiques. Et simplement pour ça, elle mérite toute l’attention que lui portent gouvernements et acteurs du milieu. 25 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 39


PLANTES MÉDI C I N ALES DIAMANTS BRUTS AU PIED DES ARBRES La forêt a un prix. Et ce prix pourrait exploser avec des arbres debout et bien vivants, plutôt que déracinés, couchés et exportés. Car ce n’est pas dans le tronc, mais bien au pied de la forêt équatoriale que se trouve l’or vert de la RDC.

M

arier développement économique, progrès social et apport environnemental durable en exploitant commercialement la forêt, c’est le pari qu’a fait Carole Robert, présidente et co-fondatrice de la Fondation BDA (Biotechnologie pour le développement durable en Afrique), un organisme qui souhaite une révolution sur le continent noir. La République démocratique du Congo est souvent qualifiée de « scandale géologique ». La pauvreté extrême de sa population, le sous-développement du pays, tous ces éléments contrastent avec l’abondance et la richesse de ses ressources naturelles. Mais un optimisme nouveau souffle sur la RDC. La source de cet espoir ? Les plantes médicinales, communément appelées « botanicals ». Ces végétaux, qui poussent naturellement sur le territoire, sont des plantes à valeur ajoutée (PVA) dont les ingrédients actifs (nutraceutiques) sont prisés dans l’industrie alimentaire, les produits de santé naturels, les cosmétiques, l’industrie des nutraceutiques ou les produits biopharmaceutiques. Et ça peut rapporter gros…

26 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 38

Si un kilo de basilic ou de sauge se détaille environ 1 euro (1,27 $) sur les marchés internationaux, le même kilo d’artémisine (ingrédient actif de la plante à valeur ajoutée qu’est l’armoise, utilisé pour combattre le paludisme) se vend entre 300 et 400 $ (c’était plus de 1000 $ en 2004-05). Le domaine des plantes à valeur ajoutée est en plein essor sur le globe. Selon la firme spécialisée BCC Research, le seul marché des nutraceutiques était en 2011 évalué à 151 milliards $. La même étude prévoit une croissance annuelle de 6,5% jusqu’en 2016, portant la valeur globale de la ressource à 207 milliards $. La simple lecture de ces chiffres montre l’ampleur du butin sur lequel l’Afrique est confortablement assise. Carole Robert l’a vite compris et c’est ce qui a poussé son projet vers la RDC. « Le marché mondial des botanicals vaut environ 60 milliards $ et bien que l’Afrique détienne un peu plus du quart du patrimoine mondial des plantes à valeur ajoutée, elle ne détient que 1% de 1% (0,01%) du marché ! Aussi bien dire, rien du tout », constate la Québécoise de 55 ans, infirmière de formation et diplômée d’un MBA qui a présidé pendant six ans le World Trade Centre Montréal.

Jean-Nicolas Saucier

« Imaginez si chaque année l’Afrique parvenait à occuper 10% du marché mondial de la ressource. Sans l’aide au développement, sans l’humanitaire ou la charité, mais par le commerce et la valorisation de la biodiversité africaine, c’est des milliards de dollars qu’on peut aller chercher au profit d’entreprises africaines. Avec ça, on vient de changer le monde ! Ça a été ma prémisse de base. »

De nombreux défis Voir le potentiel économique d’une région est une chose, matérialiser son développement et mener à terme un projet novateur en est une autre, spécialement en RDC. Pourquoi ce pays africain et pas un autre ? « Car c’est là qu’il y a une urgence environnementale très grande, une urgence sociale et une urgence économique. Notre programme vise le triple impact », explique Mme Robert. L’abondance de botanicals sur le territoire et l’étendue de la forêt équatoriale (60% se trouvent en RDC) ont aussi pesé lourd dans ce choix. Le plan de match était clair : former des agriculteurs, des « écopreneurs », à une production industrielle qui puisse


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Photos et tableau ©Fondation BDA

répondre aux exigences du marché international et aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Tout était donc à faire, de la formation des étudiants à l’implantation d’infrastructures permettant un contrôle rigoureux de la qualité de la ressource. Assisté d’experts congolais et internationaux issus d’organisations partenaires, BDA suit les futurs entrepreneurs tout au long du programme de trois ans. Le volet théorique et scientifique touche la phytochimie des botanicals, les modalités de cultures et les techniques de récolte responsable en milieu forestier. On incorpore ensuite l’aspect entrepreneurial pour préparer un plan d’affaire réaliste et présentable devant une institution financière. On aborde le marketing et la vente, l’exportation, la gestion et le droit des entreprises. Tout ce cheminement mène à la création d’une « école entreprise » qui préparera les étudiants au rôle qui les attend, celui de chef d’entreprise, d’exportateur. En dernière étape de formation, une aide financière et un mentorat d’affaires sont offerts pour aider les gradués à démarrer leur propre « éco-entreprise ». La fondation et ses étudiants travaillent alors en partenariat avec les industries

AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 27


une trentaine de personnes spécialisées. » L’action de BDA ne passe plus inaperçue, elle est même remarquée. La conférence onusienne « Rio +20 » l’a identifiée comme l’un des 20 projets porteurs pour l’économie verte mondiale. Une présentation au Sommet de la Francophonie de Kinshasa en octobre dernier a été saluée par les États présents qui ont démontré un vif intérêt. L’idée fait donc son chemin. Maintenant que les indicateurs de rendement ont pu être mesurés, Carole Robert souhaite étendre son action aux autres pays de la région. BDA a obtenu un premier financement multilatéral de la Banque africaine de développement (BAD), ce qui a poussé d’autres bailleurs de fonds à se manifester. Le Cameroun, le Gabon, le Congo-Brazzaville, la Ré-

L’action de BDA ne passe plus inaperçue, elle est même remarquée. La conférence onusienne « Rio +20 » l’a identifiée comme l’un des 20 projets porteurs pour l’économie verte mondiale. Des 32 candidats initialement choisis, 21 ont complété le cycle de formation. Grâce à un financement multilatéral du Fonds forestier du Bassin du Congo (FFBC), 60 nouveaux écopreneurs seront formés d’ici 2015 dans la province du Bas Congo.

publique centrafricaine et l’Angola travaillent avec la fondation pour rédiger des propositions visant l’implantation du programme. Carole Robert semble en voie de gagner son pari, celui du développement économique, du progrès social et de l’exRetombées, expansion, protection ploitation durable de produits forestiers non ligneux. Certes, d’autres défis se proBDA voit grand pour son projet. Une étu- filent à l’horizon, l’appétit de la Chine de de cas réalisée pour son compte per- pour les ressources africaines ou la nécesmet d’entrevoir tout le poids économique sité de constamment prouver aux populaque pourrait avoir l’initiative. tions locales qu’elles seront les premières « À la suite du programme, des dizai- à bénéficier de cette nouvelle approche. nes d’entreprises seront créées autour du Mais l’ex-exportatrice en a vu d’autres. centre de conditionnement. Les modèles Et son meilleur argument de vente, c’est d’affaires développés et testés au cours de la forêt elle-même. la phase pilote montrent l’impact majeur « Quand on parle de botanicals qui qu’il aura sur la zone. En effet, une éco- sont cultivés, récoltés, valorisés et qui entreprise pourrait valoriser 5 hectares peuvent se vendre 150 $ le kilo sur les de culture (en 5 ans), produirait jusqu’à marchés mondiaux, eh bien, on atteint 12 tonnes/an de matière sèche condition- un autre niveau. C’est une ressource renée et emploierait jusqu’à 90 personnes nouvelable, qui permet trois à cinq récolen générant jusqu’à 240 000 $ de chiffre tes par année. Tu multiplies ça par 150 d’affaires annuel. Et ce sont autant de fa- ans, le temps pris pour faire pousser UN milles qui bénéficieront des retombées in- arbre mature, et tu fais ainsi la démonsdirectes de l’activité des écopreneurs. Un tration que la forêt vaut plus cher debout centre de conditionnement entouré d’une que coupée. La valeur ajoutée est au pied dizaine d’éco-entreprises, sera à terme ca- de l’arbre, pas dans son tronc. Disons-le, pable de traiter jusqu’à 100 tonnes / an ce type de projet et d’impact, c’est rare ! de matière conditionnée et d’employer Y en a pas beaucoup ! » 28 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

Photo ©Maude Chauvin

INDUSTRIE FORESTIÈRE, LE QUÉBEC ET L’AFRIQUE

agro-alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques, locales et internationales. Mais avant de convaincre les Nestlé, Pfizer et autres multinationales de s’intéresser à la matière produite par ces jeunes entreprises, il faut s’assurer de la qualité du produit. Et c’est un défi colossal. Le centre de conditionnement est l’endroit où sont traitées (séchées, broyées, transformées) et conditionnées (empaquetées, étiquetées) les botanicals. La matière est ensuite entreposée à l’abri de la contamination ou de la détérioration. Le lieu comprend un laboratoire de contrôle de la qualité et une dizaine d’employés spécialisés, formés par BDA. Ce long processus, complexe et précis, donne des résultats. Le projet pilote expérimenté par BDA à Kinshasa entre 2008 et 2011 a confirmé et validé le modèle.

Carole Robert, Présidente et Co-fondatrice de la Fondation BDA


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L’INDUSTRIE BANCAIRE EN AFRIQUE À L’HEURE MONDIALE Serge TCHAHA

À l’instar de la téléphonie mobile, il est un secteur d’activités en Afrique qui effectue actuellement une mue considérable. Il est au centre d’un phénomène fantastique, d’un mouvement puissant et génère des résultats déconcertants. Ce secteur, c’est la banque. Décryptage d’une industrie qui révèle une Afrique qui vit à l’ère globale.

L

e secteur bancaire se mondialise à une vitesse phénoménale. Les banques africaines s’internationalisent, se régionalisent; et à côté des banques occidentales, les banques de pays émergents se fraient un chemin et accompagnent leurs entreprises dans le nouvel eldorado africain. D’après Jeune Afrique, les deux cent plus grandes banques du continent ont réalisé un bénéfice cumulé de 16 milliards de dollars en 2011. Quand l’on sait que la population en Afrique est extrêmement jeune, qu’elle s’urbanise rapidement, qu’elle est largement sous-bancarisée et que le taux de croissance du PIB devrait continuer à être robuste, on comprend mieux pourquoi les banques s’internationalisent, se développent et étendent leurs agences et réseaux de distribution. Partout sur le continent le mouvement est le même. Ainsi, en Afrique de l’ouest, Union Bank of Africa du Nigéria est désormais présente au Cameroun. De même Écobank, dont le siège social est au Togo, est déjà présente dans 32 pays et a annoncé qu’elle ouvrira des succursales dans trois autres pays : Guinée équatoriale, Mozambique et Angola. En Afrique centrale : fait rare, nous semble-t-il, une grande entreprise gabonaise, la BGFI Bank, est venue tutoyer sur son territoire, un mastodonte du secteur, Afriland First Bank. L’actualité récente, avec une banque 30 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

camerounaise et deux marocaines, illustre aussi cette intense activité internationale des banques africaines. Le 8 novembre 2012 dans Les Afriques, Louis Amédé affirme : « Sauf décision contraire de la Commission bancaire de l’Uemoa, Access Bank Côte d’Ivoire, la filiale ivoirienne du groupe bancaire nigérian, Access Bank Plc acquise par ce dernier, il y a juste cinq ans, devrait arborer dès le début de l’année prochaine les couleurs rouge et noir d’Afriland First Bank group. Au terme d’une transaction financière dont les parties sont peu disertes sur le montant global, le groupe bancaire créé par Dr Paul Fokam en 1987, a acquis les 94,24% de capital mis en vente par Access Bank Plc. Le “deal” devrait permettre une recapitalisation d’Access Bank Côte d’Ivoire à hauteur de 17 milliards de F CFA. » Le 14 novembre 2012, le JT Financia et Africa 24, ont annoncé qu’Attijariwa Bank, la première banque du royaume chérifien, s’apprête pour le marché angolais. Cette annonce a été faite, nous indique la présentatrice, lors de la 2e édition d’Afrique développement. C’est « un moyen pour la banque marocaine de s’implanter un peu plus sur le continent. » Pour BMCE Bank, autre banque marocaine, l’enjeu est infiniment clair : l’Afrique est stratégique. Selon Brahim Ben Jelloun Touimi, Directeur général délégué de la présidence BMCE Bank,

interrogé par Al Qarra sur les pays prioritaires de ce géant bancaire africain : « Si vous interrogiez le président du groupe BMCE, il vous répondrait : “ Je suis intéressé par tous les pays ”. Sa volonté est que, nous puissions, à travers le groupe BOA, et donc BMCE, actionnaire à 60 %, nous implanter dans tous les pays d’Afrique dans un horizon de 10 à 15 ans.»

Comptes Diaspora, représentations internationales Les ambitions internationales de ces banques ne s’arrêtent pas là puisqu’elles désirent développer des produits spécifiquement pour la diaspora africaine qui vit hors du continent. Pourquoi ? Parce que les transferts des migrants en direction du continent représenteraient 2,5% du PIB, ce qui correspond à 2,5 fois l’Aide Publique au Développement (APD) des pays de l’OCDE. La diaspora apparaît donc comme un partenaire très important pour l’émergence du continent; il a même déjà été souligné dans plusieurs pays, la possibilité de créer des obligations spécifiquement adressées aux migrants africains. Il n’est donc pas surprenant que les établissements bancaires s’intéressent à cette clientèle. D’ailleurs, Écobank a lancé un compte Diaspora. L’établissement bancaire explique : « Si vous êtes un Africain travaillant loin de chez, vous ne pouvez pas vous passer du Compte Écobank pour


Conquête du consommateur africain À côté des joueurs africains, il y a des acteurs issus d’autres horizons qui arrivent à grands pas et agissent de manière résolue pour profiter du vaste potentiel des marchés africains. Nous ne parlons pas ici uniquement des fonds de private equity ou des fonds de pension, nous parlons bel et

bien de banques à qui il n’a pas échappé que l’Afrique sera le plus grand marché du monde à l’horizon 2050. Matthieu Pigasse, grand financier français et haut responsable de Lazard, n’avait-il pas rappelé, pour justifier l’intérêt de son groupe pour l’Afrique, que ce territoire pèsera 12% de la richesse mondiale en 2050, soit un poids plus fort que celui de l’Europe ? Cet intérêt est encore plus solide aujourd’hui car même si cela faisait 20 ans que cette entreprise travaillait avec l’Afrique, il n’y avait pas en son sein un département dédié au continent de Dangote. C’est désormais le cas. Le 24 septembre 2012, cette banque d’affaires qui existe depuis 1848, diffusait ce message : « Lazard Ltd (NYSE: LAZ) annonce ce jour la création de Lazard Afrique, activité destinée au conseil financier en Afrique. Lazard Afrique couvrira l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, francophone comme anglophone. L’équipe de Lazard Afrique sera basée à Paris. Elle sera placée sous la direction de Matthieu Pigasse et menée par Michèle Lamarche, en charge du conseil aux Gouvernements, et Julien Riant, pour les fusions acquisitions. Elle sera responsable de l’activité de conseil financier à destination des entreprises africaines comme des entreprises et investisseurs non africains en Afrique. » Autre gros joueur : la China Exim Bank qui n’est pourtant ni une banque d’affaires, encore moins une banque de

détail, mais sa présence sur le continent et l’importance des prêts qu’elle consent, font d’elle un partenaire majeur et rendent manifeste cette mondialisation vivante du secteur bancaire en Afrique. Sébastien Le Belzic, dans la 14e édition spéciale Finances de Jeune Afrique, donne des chiffres d’une éloquence déroutante. Tenez, en 2010, ce sont 10 milliards qui sont prêtés au Ghana pour les routes, chemin de fer et barrage et 500 millions $ au Nigéria pour les chemins de fer. En 2011, 542 millions $ sont prêtés au Cameroun pour un barrage hydroélectrique, 300 millions $ de facilité sont débloqués pour la banque centrale d’Éthiopie; en 2012, suite à l’incendie au quartier Mpila à Brazaville au Congo, Pékin – c’est une banque 100% étatique – signe un prêt de 500 millions $ pour la reconstruction du quartier. Mais naturellement, ces financements ont aussi vocation à promouvoir les acteurs de la désormais deuxième puissance mondiale. Belzic explicite : « L’aide de la Chine s’accompagne également souvent du recours à sa propre technologie et à sa propre main d’œuvre. Les ouvriers chinois débarquent dans la foulée des lignes de crédit pour construire voies ferrées, autoroutes, aéroports, bâtiments administratifs… On estime ainsi que la plupart des crédits consentis par Pékin comportent une clause prévoyant qu’au moins la moitié des travaux soit effectuée par des entreprises chinoises. » AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 31

MONDIALISATION : LES BANQUES D’AFFAIRES À L’ASSAUT DE L’AFRIQUE

la Diaspora Africaine. En reconnaissance de votre esprit d’entreprise ici (à l’étranger, ndlr) et chez vous (pays d’origine, ndlr), nous vous offrons une gestion de compte très facile. En associant votre compte ici et dans votre pays d’origine, vous profiterez de la gestion pratique et transparente de toutes vos finances. » Nous savons également que des établissements bancaires inscrits parmi les 200 plus grandes banques du continent, se sont montrés intéressés à accompagner les membres de la diaspora nourrissant des désirs de réaliser des projets immobiliers « au pays ». Écobank a, au cours des dernières années, renforcé sa position sur les grandes places financières en ouvrant une filiale à Paris et des bureaux de représentation à Johannesbourg, Londres et Dubaï. Elle n’est pas la seule, car une entité comme Afriland First Bank a ouvert un bureau de représentation en Chine il y a plusieurs années, et ce, dans la perspective de favoriser les échanges entre ce pays et l’Afrique.


LES BANQUES CANADIENNES UNE ABSENCE REMARQUÉE EN AFRIQUE Les mines sont sans doute le secteur d’activités dans lequel les acteurs économiques canadiens ont une présence remarquable en Afrique. C’est un secteur dans lequel le pays à la feuille d’érable détient une expertise d’excellence mondiale. Les actifs miniers canadiens s’élevaient ainsi à 25-26 milliards $ en 2010. Il est un autre secteur dans lequel le Canada excelle de la même façon. Il s’agit des banques. Malheureusement, elles ne sont pratiquement pas présentes en Afrique.

Serge TCHAHA

L

e Canada est un pays où 2011 produit par le World Economic l’on sait tenir les finances, Forum (WEF) a classé le Canada au 6e tant au niveau du public rang (sur 60 pays notés) dans son Finanqu’au niveau du secteur cial Development Index. La même orprivé. En effet, le pays ganisation qui produit un Rapport sur actuellement dirigé par la compétitivité a annoncé en septembre Stephen Harper est l’un dernier que le pays à la feuille d’érable des rares dans le monde détenait le système bancaire le plus solide à détenir la note AAA au monde. Ce résultat n’a pas changé au qui atteste de sa capacité cours des quatre dernières années. à être solvable. La qualité et la so- LES SIX GRANDES BANQUES CANADIENNES lidité du système bancaire sont La Banque Royale du Canada, la Banque Canadienne Impériale de également reconnues. Commerce (CIBC), la Banque de Montréal, la Banque de NouvelleCe secteur financier y Écosse, la Toronto-Dominion (TD) et la Banque Nationale appelées « est reconnu comme étant Les six grandes », sont considérées comme les plus grandes banques canadiennes. world class. Le poids du secteur Elles représentent 90 % de l’actif bancaire au Canada. bancaire dans l’économie nationale est également Elles ont investi, en 2011, sept milliards de dollars dans la technoremarquable. Sa capacité logie à financer l’économie Source : Gouvernement du Canada, Association des Banquiers Canadiens l’est tout autant. Selon l’Association des Banquiers Canadiens (ABC), le secteur banAbsence justifiée ? caire représente 3,4% du PIB national. Toujours d’après l’ABC, les banques employaient 274 120 Canadiens. De plus, ce Les banques canadiennes ont une emsont 20,8 milliards $ en salaires et avan- preinte très forte à l’international. Deux tages sociaux versés par les établissements chiffres qui le montrent : en 2011, les canadiennes employaient bancaires et leurs filiales au Canada lors banques de l’année 2010. Autre fait majeur : les 104 040 personnes à l’extérieur du pays. banques canadiennes ont financé 1,6 mil- Les six grandes banques, au cours de la même année, ont versé des impôts s’élelion de PME. The Financial Development Report vant à 10 milliards $. 32 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

Cependant, les joueurs canadiens du secteur bancaire sont quasi absents des marchés africains. Dans une certaine mesure, Desjardins – qui ne se considère pas comme une banque mais plutôt une coopérative, y est densément présente. En effet, à travers sa filiale Développement International Desjardins (DID), elle pose des actions et agit sur plusieurs pays africains comme l’atteste l’image qui apparaît ci-haut.


Le Canada est le 4e contributeur externe auprès de la Banque Africaine de Développement (BAD) grâce à une participation de 325 millions $ au Fonds Africain de Développement pour la période 2011-2013. L’ACDI signale qu’« en octobre 2009, le Canada a temporairement accru son capital exigible à la BAD de 2,8 milliards $, afin d’aider à financer les prêts visant à favoriser le développement économique, social et institutionnel en Afrique pendant la crise financière mondiale ». AFREXIMBANK, UN PARTENAIRE STRATÉGIQUE D’EDC ?

Nous avons interrogé Patricia Bentolila, Représentante en Chef Afrique à Exportations et Développement Canada, sur ce sujet. « Est-ce qu’elles (les banques, ndlr) sont présentes en Afrique ? Non. Je pense que c’est assez évident pour tout le monde […]. Effectivement, les banques canadiennes n’ont pas de présence physique en Afrique, à part probablement quelques bureaux de représentation et la

Scotia Bank qui est présente en Égypte. » Justifiant cette absence, Mme Bentolila affirme : « La vraie question c’est de savoir: qu’est ce que ça apporterait d’être présentes en Afrique et ou est-ce qu’elles ont des opportunités en Afrique ? Les banques canadiennes n’ont pas de pipes de transactions significatives qui pourraient justifier une présence significative. Je veux dire, il faut se rendre compte que dans les transactions d’exportation, l’Afrique représente une région qui est quand même sous-représentée par rapport au commerce international du Canada, en comparaison avec les États-Unis, la Chine ou d’autres régions. » Elle concluait avec une nuance concernant le secteur minier. « À l’exception du secteur minier auquel les banques canadiennes s’intéressent de manière particulière. Elles ont une excellente expertise, qui est quand même mondialement reconnue. Et on les trouve dans certaines transactions dans le secteur minier en Afrique. Et donc, on va les retrouver comme des banques participantes ou comme des banques qui mettent en place des financements ou qui ont des capacités d’analyse. » L’Afrique demeure donc un vaste champ pour ces banques. Et visiblement, un plus grand flux d’affaires entre le Canada et l’Afrique sera un incitatif pour ces dernières. Le chemin sera long mais l’intérêt manifesté pour l’Afrique par le Canada et le Québec, ces dernières semaines, va dans le bon sens. L’espoir est donc permis.

Vers la mi-novembre, Exportations et Développement Canada (EDC), agence de crédits nationale, a annoncé une entente avec la Banque africaine pour l’import et l’export, Afreximbank. Il s’agissait pour la première d’octroyer à la seconde une ligne de crédits de 30 millions $. Concernant l’importance de cette somme, Patricia Bentolila, Représentante en Chef Afrique chez EDC nous confie : « Je dirais que c’est un début, donc qu’on va voir en fait comment cette ligne est utilisée dans les 12-24 prochains mois. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on ne vise pas seulement la ligne de crédit en tant que telle, mais on vise aussi une coopération plus rapprochée avec Afreximbank. Donc, on peut avoir d’autres schémas comme des schémas de co-lendings par exemple. Donc, je dirais que ça, c’est une portion des choses qu’on peut faire. » Elle ajoute : « La ligne de crédit, c’est un des aspects, mais je crois qu’on aura d’autres opportunités également. » Cet intérêt pour Afreximbank est d’autant plus justifié que pour l’heure, EDC n’est pas présente physiquement sur le continent. Aussi peut-on penser que s’appuyer sur un partenaire tel qu’Afreximbank serait hautement stratégique pour densifier le commerce Afrique-Canada, car l’Afrique, prédisait récemment McKinsey, comptera 130 millions de foyers disposant d’un revenu discrétionnaire dès 2020.

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MONDIALISATION : LES BANQUES D’AFFAIRES À L’ASSAUT DE L’AFRIQUE

LE CANADA, 4e CONTRIBUTEUR EXTERNE DE LA BAD


AFRIQUEEXPANSION.COM Le Canada, pays aux deux langues officielles, s’est construit et façonné par l’immigration. Une immigration diversifiée et plurielle, qui montre bien l’étendu des possibilités offertes dans cet État reconnu pour ses hivers rigoureux. Le pays à la feuille d’érable rouge est aussi une formidable porte d’entrée sur le continent nord-américain et les États-Unis. Un marché très compétitif, mais rempli de promesses pour tout entrepreneur prêt à mettre temps et efforts dans la connaissance de sa population. Immigrer et investir au Canada, certes, mais comment s’y prendre ? L’équipe d’AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE vous propose un mode d’emploi pour décrypter et expliquer chaque étape du processus. Conditions requises, exigences gouvernementales, pièges à éviter et conseils pratiques vous sont prodigués par des spécialistes et acteurs clés du domaine. Vous découvrirez des témoignages d’hommes et de femmes qui, tentés par l’aventure, ont choisi de franchir l’océan à la recherche de nouveaux défis. Des ressources utiles, l’aide disponible, une diaspora prête à guider dans l’action, tout dans ce dossier vise à démystifier le projet d’immigration-investissement au Canada. AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE vous invite à poursuivre le débat sur sont site et ses différentes plateformes d’échange et de partage.

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Les principaux bailleurs de la Côte d’Ivoire ont récemment accepté de soutenir sa reconstruction à hauteur de 8,6 milliards $ sur la période 2013-2015. En mars 2012, le pays a adopté un plan national de développement (PND) dont l’objectif est de lui permettre de devenir un pays émergent d’ici 2020. Paris a été le premier partenaire à apporter son soutien à la Côte d’Ivoire avec un engagement traduit par le premier contrat de désendettement et de développement d’environ 815 millions $ sur la période 2012-2015. En plus des bailleurs habituels comme les Nations Unies, la Banque islamique de développement, le FMI et la Banque africaine de développement, la Côte d’Ivoire a également réussi à obtenir des financements d’autres organisations. La Banque Ouest Africaine de Développement, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), la Banque européenne d’investissement, mais aussi la BADEA (Banque arabe pour le développement en Afrique) et des pays comme l’Allemagne et le Japon, ont accepté de contribuer. En contrepartie, le pays devra à son tour trouver environ 8 milliards $. Source : Jeune Afrique

FIN DU CONTRÔLE INTERNATIONAL DE LA PRODUCTION DE DIAMANTS AU

ZIMBABWE

Le Processus de Kimberley, une organisation internationale réunissant 80 pays et mandatée par l’ONU, a récemment annoncé qu’elle cessait de contrôler la production de diamants au Zimbabwe, des pierres précieuses qui étaient jusqu’alors synonymes de violations des droits de l’Homme. Ce régulateur mondial chargé de lutter contre la commercialisation de ce que la communauté internationale a nommé les « diamants du sang », avait déjà, en novembre 2011, donné son feu vert pour que les pierres extraites des très riches gisements de Marange, dans l’Est du pays, soient réadmises sur le marché officiel. Ce site de Marange, au départ exploité par des milliers de prospecteurs privés, avait été envahi en 2008 par l’armée zimbabwéenne qui les avait violemment expulsés. Selon des défenseurs des droits de l’Homme, près de 200 personnes avaient été tuées et d’autres battues ou violées. Le Processus de Kimberley a été lancé en 2003 pour prévenir des ventes qui finançaient les guerres au Liberia et en Sierra Leone jusqu’au début des années 2000. Source : AFP

ACCORDS ENTRE LE PORTUGAL ET LE CAP-VERT Le Cap-Vert et le Portugal ont signé plusieurs protocoles d’accords -sept exactement- concernant notamment les domaines de l’énergie, des infrastructures, de la sécurité sociale et de la défense lors d’une visite de trois jours du Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho dans le pays. Les protocoles d’accord entre l’archipel lusophone d’Afrique de l’Ouest et ses anciens colons, touchent également plusieurs autres secteurs comme les finances, l’éducation, l’énergie, la recherche scientifique et la santé. Source : AFP

LE CLUB DE PARIS A ANNULÉ LA DETTE GUINÉENNE Le Club de Paris a décidé d’annuler la dette guinéenne estimée à 356,3 millions $, quelques semaines après l’atteinte par ce pays de l’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). Les créanciers du Club de Paris, qui ont salué les efforts consentis par le gouvernement guinéen pour, entre autres, assainir les finances publiques, ont décidé d’annuler une partie de la dette à hauteur de 356,3 millions $. Ils ont également confirmé leur volonté d’accorder un allégement additionnel de dette sur une base volontaire et bilatérale, pour un montant de 299,6 millions $. Source : Les Afriques

ALSTOM REMPORTE UN CONTRAT FERROVIAIRE DE 5,8 MILLIARDS $ EN

AFRIQUE DU SUD

Dans le cadre de la modernisation du réseau de chemin de fer sud-africain, Alstom a remporté un appel d’offres de 5,8 milliards $ pour la livraison de 3600 nouveaux wagons sur une période de 10 ans. Cette livraison commencera en 2015. Alstom s’engage aussi à assurer la fourniture des pièces de rechange, la maintenance des wagons et le support technique pour une période de 18 ans. Le pôle transport d’Alstom a remporté ce marché devant les chinois North Rail et South Rail, le canadien Bombardier Transport et l’espagnol CAF. La société sud-africaine de chemin de fer a indiqué que le contrat permettrait la création d’environ 33 000 emplois. Source : Agence Ecofin AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 35

DIGNES DE MENTION

8,6 MILLIARDS $ POUR LA RECONSTRUCTION DE LA CÔTE D’IVOIRE


AFRIQUE DU NORD À QUAND LA RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE ? Boualem Hadjouti

La plupart des pays d’Afrique du Nord ont été secoués par des soulèvements populaires. Les effets de ce qui est communément appelé « le printemps arabe » sont ressentis non seulement au niveau politique, mais aussi économique. Si les révoltes des jeunes ont amené au changement des régimes politiques au profit des islamistes, sur le plan économique, il y a eu récession. Et ces pays doivent souvent dépasser des obstacles internes et externes pour sortir de la zone dangereuse.

S

elon le Fonds monétaire international (FMI), l’activité économique dans ces pays en 2011-2012 a été freinée par les révoltes de la rue. Le FMI fait le parallèle entre les mouvements de contestation et la récession générale que connaît la région, illustrée de manière très frappante par le fort ralentissement du tourisme et des investissements directs étrangers. Le professeur Lacen Achy, économiste et chercheur à l’institut Carnegie du MoyenOrient, trouve important de rappeler le contexte difficile dans lequel est survenue la révolte. Selon lui, le « printemps arabe » a éclaté dans un contexte international particulier, caractérisé par une crise économique tant pour l’Europe que les États-Unis, ce qui a compliqué la tâche des pays en transition. « Des pays comme la Tunisie et l’Égypte ne pouvaient pas faire appel à l’aide de 18 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 36

leurs partenaires habituels qui traversaient une crise », analyse le professeur Achy pour Afrique Expansion. Et d’ajouter que « les choses se compliquent avec la persistance du problème sécuritaire ». Et ce n’est certainement pas par hasard que le Global Peace Index place quelques pays de la région (la Tunisie et la Libye NDLR) parmi les plus gangrenés par la guerre ou cherchant à en sortir. Le classement 2011 des pays, du plus sûr au plus violent, est marqué au fer rouge par le printemps arabe et son impact sur la stabilité des pays de l’Afrique du Nord. L’instabilité politique, conjuguée à une incertitude sécuritaire, a provoqué un ralentissement des affaires dans cette région. Le « Rapport mondial des investissements » 2012 de la CNUCED, publié l’été dernier, estime que le printemps arabe a provoqué un recul sensible des flux d’investissements dirigés vers les pays d’Afrique du Nord. Globalement, le rapport montre une tendance générale à l’augmentation des IDE

dans le monde. On observe d’ailleurs une croissance mondiale de 16% entre 2010 et 2011. Pour la partie nord du continent africain, le flux d’IDE a cependant chuté de 57%, passant de 13,6 milliards $ à 5,8 milliards $. En Égypte où près de 40% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, le flux des IDE est passé en 2011/12 de 6,8 milliards $ à 2,2 milliards $, toujours selon la CNUCED. Et si l’Algérie et le Maroc s’en sortent relativement bien, avec 2,6 milliards $ pour le premier et 2,52 milliards $ pour le deuxième, le décroissement du nord de l’Afrique est « imputable aux seules Tunisie et Libye », précise le rapport. Selon Houchang Hassan-Yari, professeur au Département de Science politique et d’économie du Collège Royal militaire du Canada, la situation de chaque pays doit être considérée séparément. Il estime que les pays disposant de ressources énergétiques sont dans une bien meilleure situation. S’il croit que « la Libye peut s’en sortir avec ses ressources naturelles, ce n’est pas le cas pour l’Égypte où le président Mohamed Morsi tente de rassurer les partenaires étrangers et convaincre les investisseurs de revenir au pays ». Et d’ajouter que pour ce qui est de la Tunisie, même si la situation s’est quelque peu améliorée ces derniers mois, il est encore trop tôt pour avancer des pronostics. « La situation est tout de même très préoccupante avec le


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MARCHÉS AFRICAINS

recul des libertés individuelles. » rassurant pour les visiteurs occidentaux en pas le cas aujourd’hui. On doit dire à la poLe professeur Lahcen Achy abonde quête de soleil, détente et exotisme. pulation qui s’attend à l’amélioration de sa aussi dans le même sens. Il croit qu’il est situation qu’il faut du temps pour ça, qu’on nécessaire d’instaurer un environnement ne peut pas satisfaire tout le monde d’un Quelles conditions pour sécuritaire pour inciter le privé à investir seul coup. C’est ce langage de vérité que sortir de la crise ? sans crainte. « Contrairement à la Libye, ces gouvernements doivent adopter, chose l’Égypte et la Tunisie ne peuvent compter Dans le cas de la Libye, il est clair que ses qu’ils tardent à faire. » que sur la dynamique du secteur privé. ressources en hydrocarbures suffisent à lui Ce qui complique encore davantage la Or, ces investisseurs ont besoin d’un en- procurer l’argent dont elle a besoin pour situation dans ces pays, c’est la nature des vironnement sécuritaire. Et ce qu’on voit lancer ses réformes. Toutefois, de l’avis gouvernements transitoires, islamistes et aujourd’hui, c’est que les gouvernements du FMI, le pays est confronté « au double nouvellement élus, qui n’ont pas la possitunisien et égyptien sont incapables d’ins- défi de la stabilisation de l’économie et de bilité d’engager des réformes structurelles taurer un climat de sécurité, et c’est le pre- la satisfaction des aspirations de la révolu- pour changer les choses et améliorer la simier problème important à résoudre pour tion ». tuation. redynamiser le secteur privé, obtenir de la Selon le professeur Achy, ces gouverneLes défis sont nombreux. La Libye doit croissance économique et créer de l’em- nécessairement améliorer la qualité de ments veulent être réélus et ils risquent de ploi. » l’éducation, amorcer la reconstruction multiplier les actions de nature populistes, Selon le président de l’organisation ara- des infrastructures, s’attaquer au déve- « continuer à distribuer des aides, maintebe du tourisme, M. Bendar Ben Fahd, le loppement du marché financier, pousser nir les subventions, éviter de faire basculer secteur « a perdu près de 12 milliards $ en pour la réduction de la dépendance aux l’équilibre actuel, continuer à créer des raison de la perte de près de 7 millions de hydrocarbures, assurer la mise en place emplois dans le secteur public au risque de touristes durant ces derniers mois du fait d’un système de sécurité sociale efficient, fragiliser les choses ». des incidences de ce qu’on appelle le prin- opérer une réforme de la politique fiscale Ils iront peut-être plus loin en adoptant temps arabe ». Secteur vital, le tourisme et une gestion rationnelle de l’emploi dans quelques mesures pour satisfaire une frange représente 7% du PIB tunisien et emploie le secteur public. de la population, comme autoriser la créaprès de 400 000 personnes. Durant les 9 De leur côté respectif, en l’absence tion de banques islamiques. Malgré tout, premiers mois de cette année, 4,5 millions de ressources financières « naturelles » on ne peut s’attendre à une révolution en d’étrangers ont visité la Tunisie, soit matière économique. « Ces pays un repli de plus de 30% sur un an. peuvent pas s’éloigner des moSelon le professeur Hacen Yari, les nouveaux ne L’insécurité a certes été un élédèles du marché déjà en place », dirigeants islamistes n’ont pas assez d’expé- précise encore Lahcen Achy. ment déterminant, mais aussi la montée en force de mouvances et Quant au retour de l’investisserience dans les domaines comme l’économie et la ment groupes islamistes qui touchent déprivé et étranger, il dépend sormais plusieurs sphères de la sofinance pour résoudre les problèmes auxquels largement des premières actions ciété. fortes que prendront ces gouversont confrontés leurs pays. Dans le contexte post-révolution, nements. Il y a par exemple la les groupes extrémistes religieux ont promotion de la bonne gouverprofité de l’affaiblissement de l’État pour comme les hydrocarbures, l’Égypte et la nance, la lutte contre la corruption qui deaccentuer leur pression sur la société, ce qui Tunisie ont choisi de s’endetter pour re- vrait se résumer en des actions ciblées pour a contribué à créer un climat d’insécurité lancer l’appareil économique et couvrir ne pas faire fuir les investisseurs. Il s’agit jugé insoutenable par les touristes. Malgré les besoins en financement des différents également de gagner la confiance des marles tentatives du président tunisien Moncef programmes économiques. Or, ces pays chés financiers en améliorant le climat des Marzouki pour rassurer ses partenaires sur doivent respecter des règles strictes pour affaires, la réforme des codes des marchés le processus de démocratisation irréver- utiliser cet argent à bon escient, selon publics, la promotion de la petite et moyensible de son pays, le nouveau régime joue Lahcen Achy. ne entreprise. Ce sont là des éléments-clefs sur des ambiguïtés. Les groupes extrémistes « Il s’agit de chercher un endettement à pour créer des emplois et absorber les taux agissent parfois impunément : chasse aux moindre coût, que l’argent serve l’investis- de chômage de plus en plus grandissants bikinis, fermeture des débits de boissons, sement, et éviter de l’utiliser pour financer au sein de la jeunesse. annulation d’activités culturelles et appels la consommation », préconise le profesLa réforme fiscale est aussi nécessaire au djihad. seur. D’autre part, le principal obstacle à en vue d’instaurer un système plus équiLa situation est encore moins reluisante une sortie de crise est la clarification que table au sein de la société. « Ce qui existe en Égypte, malgré une reprise remarquée doivent faire les nouveaux gouvernements aujourd’hui, c’est un système inéquitable du secteur touristique, qui a progressé de quant à leur volonté de s’ouvrir sur le avec beaucoup de taxes indirectes sur la 32% durant le premier trimestre 2012. Un monde. À cet égard, le penchant islamiste consommation mais pas assez de taxes dichiffre pourrait redonner de l’espoir aux des gouvernements en place inquiète. rectes sur les revenus élevés et le capital », millions d’Égyptiens qui travaillent dans Selon le professeur Hacen Yari, les nou- fait valoir Lahcen Achy. l’industrie : au cours des 9 premiers mois de veaux dirigeants islamistes n’ont pas assez Mais le plus important dans tout le prol’année, 8,8 millions de touristes ont visité d’expérience dans des domaines comme cessus reste de définir la nature des régimes l’Égypte, générant plus de 6 milliards $ en l’économie et la finance pour résoudre les qui vont gouverner ces pays pour les anretombées économiques. Mais malgré ces problèmes auxquels sont confrontés leurs nées à venir. C’est une condition sine qua données encourageantes, le pays doit aussi pays. Il est aussi permis de s’interroger sur non pour éviter de rééditer les erreurs du faire face à une montée de l’extrémisme leur volonté de respecter les principes des passé, ou risquer de tomber dans l’escarreligieux. Les Frères Musulmans menacent droits et libertés. celle de l’islamisme et de l’obscurantisme. et les élus du parti salafiste Hizbou Nnour Lahcen Achy va encore plus loin. Il af- Un tel scénario « catastrophe » ruinerait les promettent de changer les habitudes de firme que les jeunes gouvernements man- espoirs des jeunes acteurs de la révolte, en consommation et vestimentaire des tou- quent de crédibilité. « Politiquement, on a plus de faire fuir de potentiels investisseurs ristes jugées anti-islamiques. Rien de bien besoin d’un langage de vérité, ce qui n’est étrangers.


BOOM

DE L’INDUSTRIE DE LA SÉCURITÉ EN AFRIQUE Vitraulle Mboungou

L

Le business de la sécurité privée est en plein essor en Afrique. Le succès de ce marché somme toute juteux se justifie par l’émergence du terrorisme, la recrudescence des conflits armés, les enlèvements et la piraterie. Décryptage.

e continent africain, malgré la fin des combats dans certains pays longtemps en guerre, continue d’être le terrain de violences en tout genre. Traduites par la montée d’actes terroristes, de conflits armés, d’enlèvements d’étrangers et de la piraterie en mer, ces violences font aujourd’hui le bonheur de l’industrie mondiale de la sécurité privée. Et pour cause, le marché est en pleine explosion en Afrique. Sociétés d’intelligence économique, sociétés privées de sécurité, sociétés militaires privées et four-

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nisseurs d’équipements, n’ont cessé de se multiplier ces dernières années. Définies généralement comme « des organismes civils, privés, impliqués dans le cadre d’opérations militaires dans la fourniture d’aide, de conseil et d’appui militaire, et offrant des prestations traditionnellement assurées par des forces armées nationales », ces organisations paramilitaires ratissent large. Leur expansion a commencé, entre autres, avec l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud et la multiplication des conflits intra-étatiques dans certains pays africains. Avec la fin de la Guerre Froide, de nombreux vétérans de diverses armées occidentales ont cherché à se reconvertir dans la prestation de services de sécurité militaire privée. Forts de leur savoir-faire militaire et policier, ils n’ont pas eu de difficulté à intégrer ces


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MARCHÉS AFRICAINS

sociétés privées aux centaines de milliards scénario du côté de la Sierra Léone où le été passé en Somalie en 1992 tandis que les gouvernement a fait appel durant la guerre autres ont été exécutés au Rwanda. de dollars de chiffre d’affaires annuel. Comme le soulignait Peter Warren SinContrairement aux organismes gouver- civile de 1995 à une société sud-africaine, nementaux ou internationaux comme les Executive Outcomes, déjà présente bien ger dans son livre paru en 2003, ce sont les agences onusiennes, ces sociétés semblent avant, pour le compte des concessions dia- entreprises anglo-saxonnes qui dominent disposer de plus de temps et de liberté mantifères dont elle assurait la sécurité. La véritablement cette industrie : « Les grosses pour accomplir leurs missions. Ainsi, ces société britannique Northbridge Services a sociétés du secteur sont des multinationamilitaires ou policiers à la retraite enga- quant à elle été mandatée pour capturer, à les britanniques ou américaines, les anglogés en tant qu’agents contractuels peuvent la demande des Américains, l’ancien pré- saxons sont les leaders du marché. » Ces s’insérer durablement et plus facilement sident du Libéria Charles Taylor impliqué dernières exercent pour la plupart des actidans l’environnement humain des pays où dans la guerre sierra-léonaise, afin de le vités de conseil, d’entraînement, de soutien ils sont déployés pour y nouer des liens transférer devant le tribunal pénal de ce logistique, de déminage ou encore d’appui étroits avec les bénéficiaires de la mission. pays. Ainsi, pour honorer son contrat, elle aux missions de l’ONU avec la surveillance Pour autant, dépendamment des marchés a lancé un appel afin de recruter des vo- des accords de cessez-le-feu, par exemple. obtenus, ces sociétés ne peuvent entretenir lontaires. Par ailleurs, dans le but de lutter contre Controverses une main-d’œuvre permanente. Elles recrutent donc en fonction des besoins pro- la piraterie et les enlèvements d’occidenpres à chaque mission. Par ailleurs, il leur taux dans la Corne de l’Afrique, le gou- Cependant, depuis quelques années, le rôle arrive également de recruter localement en vernement somalien a engagé en 2008, de ces sociétés de sécurité privées est de intégrant, entre autres, à leur équipe d’an- la société de sécurité française Secopex plus en plus controversé du fait des scanciens militaires ou miliciens africains qui pour créer des unités de sécurité mari- dales dans lesquels elles sont impliquées. Beaucoup leur reprose retrouvent ainsi « chent, notamment les recyclés » et partielleassociations de la soment neutralisés. Ces Le marché de la sécurité détient donc un fort potentiel de ciété civile, de ne pas sociétés participent avoir de code d’éthidonc à des degrés vacroissance et les principales entreprises d’armement et que suffisant, ce qui riables au processus entraîne parfois un de désarmement, de de technologie militaire l’ont parfaitement compris. sentiment d’insécurité, démobilisation et de réel ou fantasmé, au réintégration dans des time et former les troupes somaliennes et sein des populations locales. Cela d’autant pays fraîchement sortis de guerre. la garde présidentielle du pays. Secopex a plus qu’à cause du caractère paramilitaire également été chargée par des armateurs de leurs activités, ces entreprises dotent Explosion en Afrique de l’Ouest privés de placer des gardes armés dans les leur personnel d’armes individuelles et La Côte d’Ivoire, depuis la crise armée navires en Mer Rouge. Un contrat d’une collectives. La multiplication de ces agents de 2002, a connu une période de troubles centaine de millions d’euros, financé armés dans les zones concernées alimente qui a abouti à la crise postélectorale de par des bailleurs de fonds internationaux encore plus ce sentiment d’insécurité sou2010-2011 ayant fait près de 3000 morts. soucieux de lutter contre la piraterie et vent confirmé par des tirs fratricides « acLe pays encore en reconstruction a donc qui vient compléter d’autres dispositifs cidentels ». Constamment entourée par une masse assisté durant cette décennie de tourmente pris par la communauté internationale. à l’émergence de nombreuses sociétés pri- En effet, cette dernière avait déjà engagé d’hommes portant armes et uniformes ainvées de sécurité. « Ce secteur, monté en des sociétés comme la Combined Task si que divers blindés, la population locale puissance dans une économie étranglée par Force 150, qui ont déployé sur place une est parfois amenée à développer un comla guerre, est même devenu l’un des plus force opérationnelle navale dans le but de portement d’assiégé, voire des réactions de rejet violentes dont les opposants peuvent gros pourvoyeurs d’emplois dans le pays. repousser les pirates. Le marché de la sécurité détient donc tirer parti. Le fait que les opérations ainsi Les étudiants diplômés s’y bousculent en attendant de trouver un emploi plus adapté un fort potentiel de croissance et les prin- conduites par ces sociétés privées de séà leur formation », soulignait un rapport cipales entreprises d’armement et de tech- curité s’inscrivent toujours dans des vides réalisé pour le Global Consortium on Se- nologie militaire l’ont parfaitement com- juridiques n’arrange pas les choses. Enfin, pour beaucoup, ces entreprises curity Transformation en juin 2010. Avec pris. Ainsi, le chiffre d’affaires consolidé 35 000 salariés et une centaine de sociétés des principales sociétés de sécurité privées répondent surtout à une logique éconoen 2005, ce secteur comptait en 2011 plus anglo-saxonnes est estimé à quelques mique en exploitant une situation de crise de 300 entreprises comprenant près de 100 milliards $. En matière de commandes, dans le but de conquérir des marchés. Ainla meilleure performance a été accomplie à si, pour leurs détracteurs, si la bonne foi 50 000 agents. De même au Nigéria, de 3,5 milliards $ en ce jour par la firme texane, Kellogg, Brown des agents ne peut être mise en doute, l’on 2009 à plus de 6 milliards $ estimés pour and Root (KBR), filiale de Halliburton, ne peut pas en dire autant de ces sociétés, 2014, les montants pour ce marché de la la société de services pétroliers dont Dick qui une fois un marché conquis, font tout sécurité explosent. Il est considéré comme Cheney était le PDG avant d’être nommé pour le conserver, voire l’étendre. Ce qui le plus rentable après le secteur pétrolier vice-président des États-Unis par George W. fait douter de leur volonté à chercher une également en pleine expansion. Même Bush. Son premier contrat (62 millions $) a résolution rapide des conflits.


L’INDUSTRIE MINIÈRE AU QUÉBEC

POUR UNE PROVINCE « MAÎTRE DE SES RESSOURCES » L’expression ramène à quelques décennies lorsque Jean Lesage, alors premier ministre du Québec, proposa aux citoyens de devenir « Maîtres chez nous ». Entre autres dispositions, le gouvernement québécois créait la Société générale de financement, le Conseil d’expansion économique et, surtout, décidait de nationaliser la production de l’hydroélectricité. En plus, il mettra sur pied la Société québécoise d’exploitation minière. Déjà.

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ujourd’hui, le consensus autour de cette grande idée de devenir « maître de ses ressources » part largement du constat que l’énorme potentiel minier du Québec se doit de revenir aux Québécois. En commémorant le cinquantième anniversaire de l’élection du gouvernement de Jean Lesage dont le slogan était justement « Maîtres chez nous », l’actuel gouvernement du Parti québécois a affirmé qu’il était temps de se réapproprier cet héritage et de devenir « les véritables fiduciaires des ressources naturelles et énergétiques ». La démarche initiée par Québec a été clairement élaborée dans le premier budget du Gouvernement Marois, formé au mois de septembre dernier. On y note qu’afin que la mise en valeur des ressources naturelles se fasse au profit de tous les Québécois, le gouvernement prendra des participations dans les entreprises exploitant la ressource. C’est l’acte de naissance de Ressources Québec, qui sera une filiale d’Investissement Québec. Sa stratégie en quatre volets est engagée dans le secteur minier et s’appuie sur une enveloppe de participation d’un milliard $ qui proviennent de la capitalisation de Ressources Québec et d’un nouveau fonds, Capital Mines Hydrocarbures. Car le mandat confié à Ressources Québec couvrira

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Léopold Nséké également le secteur des hydrocarbures.

Une nationalisation à grand pas Ressources Québec, plaque tournante de la « maîtrise des ressources », a pour mission de contribuer au développement des secteurs des mines et des hydrocarbures au Québec. Il devra également offrir des solutions financières et d’accompagnement aux entreprises désirant développer des projets d’envergure, structurants et rentables au Québec, allant de l’exploration à l’exploitation et à la transformation des ressources minières. L’organisme devra aussi mobiliser les ressources consacrées à la prospection, au développement des affaires et à l’investissement-financement des secteurs des mines et des hydrocarbures, en plus de canaliser adéquatement les dossiers qui seront financés à même le nouveau fonds, Capital Mines Hydrocarbures, entité consacrée aux investissements du gouvernement dans les ressources naturelles non renouvelables. Les efforts financiers mis en branle pour ce chantier sont également conséquents, quoiqu’insuffisants pour certains observateurs. Dans le détail, 500 millions $ avaient déjà été destinés à conclure des prises de participation dans des projets porteurs et structurants sur le territoire du Plan Nord. Le gouvernement annonce qu’il porte cette dotation à un milliard $. Les 500 millions additionnels seront investis dans des projets situés sur l’ensemble du territoire québécois.

Avec l’engouement suscité par le Plan Nord et la demande pour les ressources naturelles québécoises dans le monde, les projets potentiels se multiplient. Québec veut donc disposer des moyens nécessaires pour faire bénéficier davantage la collectivité québécoise des nouvelles possibilités de mise en valeur des ressources locales. Ainsi, 750 millions $ seront mis à la disposition de Capital Mines Hydrocarbures et placés sous la responsabilité du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation sur cinq ans. Cette enveloppe sera utilisée par le gouvernement du Québec pour prendre des participations dans les projets et obtenir une part des profits, en tant qu’actionnaire. Aussi, le gouvernement souscrira au capital-actions de Ressources Québec à hauteur de 250 millions $ supplémentaires; ce qui, à terme, constituera un portefeuille de participations de 1,2 milliard $. Ces dernières pourront être achetées sur le marché secondaire ou négociées de gré à gré, dans le cas d’émissions d’actions. Et au moment de présenter son plan, le gouvernement avait déjà informé une quinzaine de promoteurs de son intérêt à analyser la possibilité de prendre une participation dans leur projet. Toutefois, la décision de permettre à l’État québécois de nationaliser tout ou une partie des projets miniers ne fait pas l’affaire de tout le monde. Des géants qui évoluent dans le secteur ont fait la grimace devant la possibilité de voir changer les taux de redevances et d’autres conditions contraignantes à l’exploitation des mines québécoises. La poire a été coupée en deux pour ce premier budget et il faudra attendre de nouvelles prévisions sur la demande et la courbe des prix des métaux à moyen terme pour y voir plus clair. D’ici là, l’État québécois aura certainement réussi à faire de grands pas vers la réappropriation de ses ressources minières, voire les aura maîtrisées.


MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS

L’INDUSTRIE MINIÈRE AU QUÉBEC

SECTEUR PERFORMANT ET SOUS-SOL TRÈS CONVOITÉ Léopold Nséké

L’industrie des mines dans la province remonte aussi loin que le temps des pionniers de la colonisation de ce vaste territoire. Pour la petite histoire, les archives nationales du Québec indiquent que déjà dans ses prospections, Jacques Cartier croyait avoir trouvé des diamants et de l’or à Québec, sur le flanc du cap Diamant. Retourné en France, il se fait dire qu’il s’agissait simplement de quartz et de pyrite. Depuis, plusieurs minerais font l’objet d’une exploitation intensive et la découverte de nouveaux gisements dans le Nord augurent des lendemains fructueux pour l’industrie.

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n compte 249 116 titres miniers actifs au Québec répartis sur une superficie totale de 11 463 198 ha, soit 6,7 % du territoire, selon un rapport publié en décembre 2011 par le gouvernement. À cette date, près de 300 sociétés minières déclaraient des travaux d’exploration ou de mise en valeur pour des dépenses totalisant 512 millions $ : 201 M$ pour les sociétés majeures, 299 M$ pour les sociétés juniors et 12 M$ pour les sociétés publiques. Les sièges sociaux de ces entreprises sont établis au Québec (36%), en Ontario (28%), en ColombieBritannique (27%) et ailleurs au Canada ou à l’extérieur du pays (9%). Comme pratiquement chaque année, les activités minières ont principalement concerné les métaux précieux (277 millions $, 54%) et les métaux usuels (87 millions $, 17%). Ces chiffres couvrent une variété de produits et leur abondance place le Québec au sommet des producteurs mondiaux de fer, zinc, nickel, argent et or. Pour les années 2009/2010, la province est la première productrice de minéraux métalliques au Canada. elle exploite aussi des minéraux non métalliques, les minéraux industriels et les matériaux de construction, qui sont surtout vendus au Québec. Selon l’institut de la statistique du Québec, deux substances dominent le secteur minier : le minerai de fer et l’or. Le fer représente 43,7% des travaux d’aménagement réalisés au Québec en 2011, en grande partie grâce aux investissements des sociétés minières ArcelorMittal (Mont Wright),

tres de propriétés quittent les portefeuilles des Québécois. Un regard sur le tableau des propriétaires d’entreprises minières dans la province en 2011 indique des changements majeurs par rapport à 2010. En effet, à la suite de la prise de contrôle récente de plusieurs sociétés québécoises, la gestion des projets miniers est maintenant majoritairement sous contrôle étranger, 67,3 % des sommes investies proveCliffs Natural Resources (Lac Bloom) et nant de sociétés dont le siège est situé à IOC (Côte-Nord). Côté aurifère (30,7% l’extérieur du Canada. En un an, la part du du total), les principaux projets d’aména- Québec est passée de 49,2 % à moins de gement incluent Canadian Malartic de la 10 %. Les redevances imposées aux minièCorporation Osisko, LaRonde (extension en profondeur) de Mines Agnico-Eagle et res constituent l’essentiel des revenus du Éléonore de Les Mines Opinaca (Goldcorp Trésor public. Elles visent à compenser la collectivité pour l’extraction du sous-sol Inc.). Pour ordonner tout cela, le Québec d’une ressource finie et non renouvelable, s’est donné un Régime minier dont les une taxe établie au-delà de l’impôt corpoprincipes de base ouvrent l’accès aux res- ratif que paient ces sociétés, comme toute sources dans le domaine de l’État. Tous autre entreprise. Au Québec, la redevance les prospecteurs sont à armes égales pour minière est aujourd’hui établie à 16% des l’obtention de titres miniers. Ici, le pre- profits d’exploitation d’une mine, une « mier à présenter une demande conforme contribution » spécifique à chaque mine. Selon les firmes Deloitte et E&D Data, obtient le droit exclusif de rechercher toutes les substances minérales du domaine les droits miniers, les taxes et l’impôt des de l’État sur le territoire désigné (claim). minières et de leurs employés ont dépassé En cas de découverte de substances miné- 1,3 milliard $ en 2010. Un chiffre appelé rales exploitables, le titulaire a l’assurance à augmenter selon la même étude qui préraisonnable de pouvoir obtenir le droit voit 1,5 milliard $ pour 2015, malgré la d’exploiter la ressource découverte (bail). baisse appréhendée du marché. Ce signal La demande de bail doit répondre aux ne doit pas pousser à un quelconque pessiconditions prescrites par la Loi sur les mi- misme puisque l’exploration se multiplie nes et son règlement d’application. Cette sur le territoire québécois. Principalement grâce à l’arrivée du Loi a pour but de favoriser la prospection, l’exploration et l’exploitation des substan- Plan Nord qui laisse entrevoir la construcces minérales, en tenant compte des autres tion de nouvelles mines et l’agrandissement de plusieurs autres. Lors de sa prépossibilités d’utilisation du territoire. sentation par le gouvernement il y a un an, Injection dans l’économie du Québec le projet comprenait des investissements totaux de 80 milliards $ sur une période de L’investissement dans les mines au Qué- 25 ans. Selon les analystes du groupe SEbec représentait près de 4 milliards $ en COR, ces investissements conduiraient à 2011. Trois régions se partagent 96,2% des dépenses supplémentaires de 150 milde ce pactole : la Côte-Nord (36,2%), le liards $ sur cette même période. C’est dire Nord-du-Québec (33,5%) et l’Abitibi- l’importance de la richesse du sous-sol Témiscamingue (26,6%). Toutefois, les ti- québécois et l’engouement qu’il suscite. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

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L’INDUSTRIE MINIÈRE AU QUÉBEC

AFRIQUE QUÉBEC, MÊMES COMBATS ?

Comment exploiter des richesses naturelles dans le respect de l’environnement, sans léser les employés et les investisseurs, tout en bénéficiant de redevances acceptables ? C’est un peu la quadrature du cercle pour l’Afrique et d’autres territoires comme le Québec, aux prises avec cette équation.

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Léopold Nséké

n osant un parallèle entre les deux province avait connu plusieurs tentatives pour un temps atténué par ce qui a été régions, la similitude des problé- d’interventions structurantes visant à réo- perçu comme une grande avancée quématiques est frappante et découle rienter une partie des bénéfices au profit bécoise dans le domaine minier, l’arrivée d’une évolution quasi similaire des Québécois. Les périodes de 1922 à d’une première compagnie aurifère exdes politiques d’exploitation et 1945 et de 1955 à 1965 ont marqué la ploitante de mines, Cambior. Le succès entrepreneurial de cette de production de dernière a pu nourrir minerais et de mébeaucoup d’attentes taux. Dans les deux cas, il faut d’abord se souvenir du En Afrique, deux décennies de réformes des codes mi- quant à l’accroissement de la participation et du rôle de l’industrie minière dans l’économie et celui de niers et des cadres réglementaires et fiscaux plus tard, contrôle de l’État dans l’État et des gouvernements les résultats escomptés n’ont pas toujours été au ren- les étapes postérieures à l’exploration. La vente dans son développement. de Cambior et sa perte Les résultats plus ou moins dez-vous. de contrôle par des inconvaincants des différentes approches pour en faire une richesse découverte de nombreux gisements en térêts québécois ont provoqué une onde collective ont fait tracer d’autres avenues. surface et la mise en exploitation de plu- de choc dans le secteur minier local. S’il y On comprendra mieux pourquoi le « free sieurs mines. À la suite de ces « booms », a plusieurs leçons à tirer de ces expérienmining » est régulièrement proposé ces on a assisté en 1965 à la création de la ces passées, il faut voir que ce cas illustre dernières années et valorisé par les bon- SOQUEM, la Société québécoise d’ex- de façon éloquente que de nombreux faczes de l’industrie ainsi que plusieurs grou- ploration minière. En parallèle, la Société teurs interviennent pour rendre possible pes d’intérêts libéraux. générale de financement a entrepris de ou difficile l’articulation des liens allant Pour le Québec, l’économiste Odile jeter les bases de la sidérurgie québécoise de l’extraction à la transformation, aussi Rochon rappelait au cours d’un colloque en créant SIDBEC-DOSCO. L’échec bien la composition de la structure indussur la question il y a quelques mois, que la retentissant de cette entreprise aura été trielle que le fonctionnement des marchés 42 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41


CHANGER POUR QUELS RÉSULTATS ?

internationaux et mondiaux. L’Afrique, quant à elle, se trouve maintenant à un autre tournant de son développement économique. L’intégration des mines à une stratégie globale de l’exploitation des richesses du sous-sol africain a pris forme sous les lignes d’un rapport de la Banque mondiale (BM), Strategy for African Mining, publié en 1992. Globalement, les réformes proposées par l’institution étaient de faire une plus grande place au secteur privé à partir d’un désengagement des États. Gary McMahon, analyste à la BM, rappelle que cela visait essentiellement à revitaliser le secteur minier, le contrôle de l’État ayant découragé tout nouveau projet de développement ou d’exploration. Les compagnies publiques souffraient d’un manque d’investissements, leurs profits étant réinjectés dans les recettes fiscales du pays. La révision des lois et des réglementations du secteur a été l’un des principaux éléments de ces réformes. Des procédures transparentes et non discrétionnaires ont été

En Afrique, deux décennies de réformes des codes miniers et des cadres réglementaires et fiscaux plus tard, les résultats escomptés n’ont pas toujours été au rendez-vous. Une conclusion très rapidement tirée dès 2008 par l’Union africaine qui décida de pondre l’année suivante sa propre vision d’un régime minier en Afrique. Elle y établissait en somme la volonté de « l’exploitation équitable et optimale des ressources minières en vue d’une large croissance durable et d’un développement socio-économique ». Cela est toutefois jugé insuffisant par de nombreux observateurs, dont Bonnie Campbell du Centre interdisciplinaire de recherche en développement international de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Lors d’un séminaire sur les activités minières et les enjeux de développement, elle souscrivait à la nécessité d’un changement de paradigme à partir « du constat inscrit dans le Rapport du Groupe d’études international sur les régimes miniers de l’Afrique de 2011. On y inscrit que les problèmes auxquels faisait face le continent au moment du Plan d’Action de Lagos en 1980 demeurent sensiblement les mêmes 30 ans plus tard. Pour l’universitaire, le message qui est formulé dans la Vision minière africaine et le Rapport n’est pas simplement qu’il faut renforcer les capacités, améliorer la gouvernance et remédier à la faiblesse des institutions, comme si le problème était essentiellement technique et managérial. » Car les perspectives qui émanent de l’Afrique impliquent un changement fondamental de paradigme. Elles impliquent la redéfinition de ce qui informe les objectifs du développement des vastes ressources minérales du continent; quels devraient être ces objectifs; ainsi qu’une redéfinition des stratégies et des politiques au niveau national et régional pour atteindre ces objectifs. En gros, cela implique un retour à la planification – qui avait été en large partie remplacée par des approches prescriptives, initiées de l’extérieur. La planification est essentielle et pour cela des ressources humaines doivent être formées là où elles n’existent pas. Il est aussi important d’assurer et d’investir dans des ministères ou départements de planification qui seuls seront en mesure d’élaborer des plans stratégiques et compréhensifs.

Des perspectives plus réglementaires Contrairement à ce qui est parfois suggéré, l’agenda d’un État développemental n’implique pas la nationalisation des industries, mais plutôt des participations sélectives dans certaines industries stratégiques qui peuvent contribuer à la transformation de l’économie. Aujourd’hui, dans les cas africain et québécois, il y a une inversion de tendance qui se met en place. Du côté de la province canadienne, l’arrivée du gouvernement souverainiste du parti québécois a fait miroiter une nouvelle donne et cette dernière devrait faire la part belle à l’État sous la forme d’une hausse des redevances. Mais rien n’est gagné d’avance puisque face au tollé provoqué dans le milieu, c’est un forum qui permettra de dégager les grandes lignes des futures dispositions et non une décision unilatérale du gouvernement. Vers la fin de son dernier mandat, le gouvernement du Parti libéral du Québec avait haussé les redevances minières à 16% des profits des entreprises. Aujourd’hui au pouvoir, le Parti québécois propose une formule hybride : 5% sur les ventes de minerai extrait, plus une redevance de 30% sur les profits excédant tout rendement supérieur à 8%. Il faut aussi se souvenir des réserves du Vérificateur général de la province. Garde-fou des politiques gouvernementales, il a clairement fait savoir dans un rapport produit en 2009 que « Les analyses fiscales et économiques produites par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune ne lui permettent pas d’établir de façon claire et objective si le Québec retire une compensation suffisante en contrepartie de l’exploitation de ses ressources naturelles. La question se pose notamment en ce qui concerne les droits miniers perçus par l’État. » En Afrique, on devra peut-être passer par une option relevée par Bonnie Campbell pour qui « il est important que l’État s’implique et participe à la création d’industries stratégiques qui ouvriront le chemin de l’industrialisation. Cela est critique dans d’autres domaines tels que le système de taxation. Plutôt que d’être simplement une source de revenu comme par le passé, le système d’imposition peut servir comme un instrument précieux de transformation de l’économie ». Tout cela parce que dans la frénésie actuelle des marchés, le « free mining » fait un peu trop la part belle aux entreprises du secteur… et pas assez aux citoyens propriétaires de ces territoires. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 43

MARCHÉS NORD-AMÉRICAINS

mises en place pour l’allocation des droits d’exploration et de production.


UEMOA

L’INTÉGRATION EN BONNE VOIE Libre circulation des personnes, des biens et des services, développement intégré des pays membres et autres objectifs communautaires sont des réalités qui peu à peu prennent corps dans cette sous-région d’Afrique.

L

e 3 juillet dernier, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, énonçait à Abidjan quelques-uns des défis actuels de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) : accès à l’énergie ; sécurité alimentaire ; maîtrise de l’eau ; développement des zones défavorisées ; mise en place d’appareils productifs performants, etc. Ce sont là certains des axes de la deuxième phase du Programme économique régional de la zone UEMOA, dont les contours ont fait l’objet, en début du mois de juillet 2012, d’une table ronde des bailleurs de fonds impliqués. Le programme en lui-même, dernière évolution en date de la stratégie économique de la sous-région, couvre la période 2012-2016. Il coûtera 5763 milliards de FCFA dont 675 sont déjà disponibles. Il doit marquer un pas décisif vers le développement intégré des huit pays membres de l’UEMOA, tel que conçu par les fondateurs de l’organisation vieille de 18 ans. 44 AFRIQUE EXPANSION Magazine 41

Historique C’est le Traité de Dakar qui, le 10 janvier 1994, met en place l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) qui venait ainsi complèter l’Union monétaire de l’Afrique de l’ouest (UMOA) et remplacer la CEAO (Communauté économique d’Afrique de l’Ouest), volontairement dissoute par la suite, le 15 mars 1994, afin d’éviter une collision avec la nouvelle entité porteuse de plus d’espoirs. L’ensemble des institutions de la CEAO seront d’ailleurs liquidées dans la foulée, et reversées en bonne partie dans le patrimoine de l’UEMOA. La nouvelle structure qui regroupe, comme l’UMOA, les pays ayant en partage l’usage du franc de la Communauté financière africaine (CFA) en Afrique de l’ouest, cohabite avec la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest. En tout état de cause, elle prône l’égalité souveraine des États membres et travaille à la mise en place d’instruments communautaires qui visent l’intégration véritable, basée sur la libre circulation des personnes, des biens et des services. L’instinct grégaire naturel, dira-t-on,

entre des pays voisins et aux intérêts communs. C’est donc presque spontanément que la Guinée Bissau viendra compléter la liste de huit, déjà composée du Bénin,


de l’UEMOA, ont favorisé de manière significative les échanges entre les pays membres de l’Union. À ce sujet, les deux chercheurs indiquent qu’à l’exception de quelques combinaisons de pays, « les exportations et les importations intra UEMOA prédites sont supérieures au moins de 50% aux flux commerciaux observés. Ceci suggère que le commerce intra régional observé en 1996-2000 est capable d’augmenter sensiblement. Ces importantes potentialités commerciales peuvent servir de facteurs d’encouragement dans la poursuite des programmes de réforme. » Parole de spécialistes. Au compte des réformes engagées, les observateurs relèvent la supression des barrières tarifaires et non tarifaires, la mise sur pied de structures d’arbitrage et d’harmonisation des politiques comme l’Association des médiateurs des pays

Des progrès indéniables ont été faits, sur la voie du développement intégré de la sous-région, notamment en matière de stabilité macroéconomique et de fonctionnement des institutions de l’UEMOA. Échanges

du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo. Ce sont ainsi plus de 80 millions de personnes réparties sur une superficie de 3 509 600 km², qui ont leur destin lié par le paraphe des différents accords qui sous-tendent l’Organisation. De manière plus concrète, la réalisation tant désirée de l’intégration économique des États membres, selon différents experts, passe par le renforcement de la compétitivité des activités économiques dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé.

Routes Une telle option, selon les observateurs, passe par la construction d’infrastructures et la mise en place de structures et mécanismes de gestion et de régulation viables. Le premier défi à relever étant celui de la libre circulation des personnes et des biens. À ce sujet, une récente étude a démontré que 95% des échanges inter États sont faits par route. On comprend aisément la place de la route terrestre qui n’est plus seulement un moyen de transport, mais davantage un outil intégrateur.

Pour mieux évaluer cette évolution, il serait judicieux de partir d’un constat établi par les experts au cours des dernières années : « Le flux des échanges commerciaux est demeuré faible et ne représente que moins de 3% des importations et environ 5% des exportations entre les États membres. La sous-région nourrit de ce fait un véritable paradoxe. Alors que le secteur des transports représente une part importante des investissements publics atteignant 25 à 40% suivant les pays, il ne contribue qu’à hauteur de 5 à 10% dans la formation du PIB… » À ce sujet, Tchoou Adond Noyoulewa, diplômé de l’ENA du Togo, ne s’est visiblement pas trompé, puisqu’une autre étude menée par deux autres universitaires, Désiré Avom et Daniel Nbetnkom de l’université de Yaoundé II au Cameroun, confirme la tendance, avec cependant quelques reliefs plutôt optimistes sur l’évolution de la tendance. Les deux chercheurs, dans un article, comparaient les indicateurs et les échanges notament bilatéraux et intérieurs dans la sous-région, au cours des années précédant la création et la mise en œuvre de l’UEMOA, et les mêmes tendances au cours des cinq années après la naissance de l’Union. Il ressort de leurs analyses que les réformes économiques d’après 1994, année de création

membres de l’UEMOA, la poursuite des réformes en cours, et bien d’autres mesures, qui tendent à minimiser, mieux que dans d’autres sous-régions du continent, les ambitions individualistes des pays les plus avancés. Ici, par exemple, la bourse régionale des valeurs mobilières est une réalité, à laquelle tous les pays membres adhèrent. Il en faudra pourtant plus pour lever tous les obstacles. C’est le constat fait au cours des dernières années, marquées par l’instabilité politique, et son lot de crises. La suspicion entre les pays voisins, à ce sujet, n’a pas arrangé grand-chose à la lutte (larvée) que se livrent certains membres influents de l’Union. De bonne guerre, peut-être. Juste ambition, diront les chauvins. Seulement, tout ne va pas si bien que ça dans la sous- région. Des progrès indéniables ont été faits, sur la voie du développement intégré de la sous- région, notamment en matière de stabilité macroéconomique et de fonctionnement des institutions de l’UEMOA. Pourtant ces dernières années, « on constate une stagnation, voire un recul, en matière de résorption de la pauvreté, de lutte contre l’inflation ». Les experts sont unanimes là-dessus. Ils estiment d’ailleurs que les avancées sur le plan institutionnel ont été réalisées au détriment de l’amélioration des conditions de vie des populations. AFRIQUE EXPANSION Magazine 41 45

DÉVELOPPEMENT INTÉGRATION RÉGIONALE

Badjang Ba Nken

L’activité dans les principaux ports maritimes de la région, notamment Abidjan, Lomé et Cotonou, viennent renforcer des dispositions de libre échanges, que de nombreuses autres régions de l’Afrique envient à l’UEMOA. C’est que, ici, la libre circulation des personnes et des biens n’est pas une vue de l’esprit ou un objectif vainement recherché, comme cela semble être le cas dans d’autres sous-régions du continent, à l’instar de la CEMAC (Communauté économique et monnétaire des États de l’Afrique centrale). Dans les aéroports, il existe un couloir UEMOA, pour distinguer les citoyens de la communauté et les autoriser à se mouvoir sans visa dans les frontières. À côté de ces infrastructures, d’autres mécanismes économiques mis en place depuis 1994, ont favorisé une évolution, certes perfectible, mais à la courbe évolutive encourageante.


FLASH INFOS

LES AGENCES DE NOTATION ONT UNE

PRÉFÉRENCE POUR L’AFRIQUE ANGLOPHONE L’agence de notation Fitch a décidé de fermer son bureau de Tunis (Tunisie) et de renforcer celui de Johannesburg, la capitale économique sud-africaine qui couvre l’Afrique anglophone. Même chose du côté de ses concurrents, Standard & Poor’s et Moody’s. Cette dernière a annoncé qu’elle va désormais noter en plus de l’Afrique du Sud, le risque souverain de trois nouveaux pays de la région, le Kenya, le Nigeria et la Zambie. Selon certains analystes, la dégradation du climat des affaires dans l’Afrique francophone ne serait pas étrangère à cette réorganisation.

Source : Jeune Afrique

LA PLUS GRANDE CENTRALE SOLAIRE DU CONTINENT BIENTÔT CONSTRUITE AU GHANA La société britannique Blue Energy va construire au Ghana la plus grande centrale solaire photovoltaïque d’Afrique. Cette dernière, baptisée Nzema, sera entièrement opérationnelle en 2015 et aura une puissance installée de 155 MW, faisant d’elle l’une des plus grandes du monde. Selon Blue Energy, seules trois centrales ont une puissance supérieure à celle-ci sur la planète. Cette centrale pourrait augmenter de 6% la capacité de production électrique du Ghana et représentera 20% de l’objectif du pays de générer 10% de son électricité grâce à des énergies renouvelables d’ici 2020. Sa construction nécessite un investissement de 400 millions $. Le projet pourrait être connecté ensuite à d’autres pays de la région comme la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et le Nigeria à travers le West African Power Pool, système d’échanges d’énergie électrique ouestafricain.

Source : Jeune Afrique

PRÊTS DU FMI SUSPENDUS POUR LA RÉPUBLIQUE DÉMO-

CRATIQUE DU CONGO

ORANGE DE FRANCE TÉLÉCOM ARRIVE EN RDC

4629, rue Louis-B. Mayer, suite 201 Laval, Québec CANADA, H7P 6G5 Téléphone: +1 (450)-902-0527 Fax: +1 (514)-393-9024 E-mail : info@afriqueexpansion.com www.afriqueexpansion.com Directeur de la Rédaction : Gerba Malam Directrice générale : Amina Gerba Rédacteur en chef : Jean-Nicolas Saucier Rédactrice en chef adjointe : Vitraulle Mboungou Rédaction Gerba Malam Léopold Nséké Serge Tchaha Katia Tobar Boualem Hadjouti Correspondants France : États-Unis : Cameroun : Congo : Gabon : Côte d’Ivoire :

AFRIQUE EXPANSION MAGAZINE est édité par

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Le Fonds monétaire international (FMI) a suspendu 240 millions $ de prêts à la République démocratique du Congo (RDC), pour ne pas avoir publié des contrats miniers, comme il l’avait requis. Et cela en dépit du fait que les autorités congolaises ont dernièrement publié une note sur la vente en 2011 de leur participation dans une mine gérée par le groupe kazakhe ENRC. Une publication jugée insuffisante par le FMI qui avait conditionnée ses prêts à la RDC à des exigences de plus grande transparence dans le secteur minier. L’annonce de ce programme de prêts qui a expiré le 10 décembre avec trois tranches restantes du total de 560 millions $, semble porter un coup à l’effort du président Kabila d’attirer les investisseurs étrangers en promettant de lutter contre la corruption.

Orange, la marque de France Télécom, fait son entrée en République Démocratique du Congo (RDC), donnant ainsi un nouvel élan aux activités commercialisées jusqu’alors sous la marque CCT (Congo Chine Telecom). Depuis l’acquisition de CCT en octobre 2011 et conformément à sa stratégie, Orange a investi 87,4 milliards de Francs CFA (95 M$) pour étendre et mettre à niveau son réseau. Dès son lancement, Orange RDC disposera d’un réseau de 22 boutiques en propre proposant l’ensemble de ses offres mobiles, et s’appuiera sur 22 000 points de vente indirects pour permettre un large accès à ses produits et services. Les clients d’Orange RDC rejoignent ainsi une communauté de 183 millions de clients sous la marque Orange dans le monde. Présent dans 33 pays, France Télécom-Orange est l’un des principaux opérateurs mondiaux.

Source : BBC Afrique

Source : Yahoo! Finance France

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Isaac Ebwélé Aziza Albou Traoré Marc Omboui Badjang ba Nken Parfait N. Siki Thierry Sylvane Noungou Antoine Lawson Alexis Koumba Jean Samuel Kondo

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