Transport Routier janvier/ février 2021

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Prévention et sécurité au travail

Penser l’arrimage différemment (1re partie) Par Samuel Laverdière, CRIA Si vous suivez l’actualité en SST, ou si vous discutez avec vos collègues, vous constaterez rapidement que les accidents de travail dans l’arrimage ne sont pas des événements rarissimes. Durant les deux prochaines chroniques, je veux qu’ensemble, nous pensions l’arrimage différemment. La norme 10 et le Règlement sur les normes d’arrimage, on les connait bien. Par contre, prendre en charge la prévention des accidents durant les opérations d’arrimage, c’est un aspect beaucoup moins connu et vraiment moins populaire. Pour sortir des sentiers battus, je n’écrirai pas sur le nombre de chaines nécessaires ou sur les critères de mise hors service d’une courroie, mais plutôt sur six grandes étapes menant à une restructuration de notre manière de gérer les opérations d’arrimage et de former les travailleurs. Il faut changer notre approche si nous voulons réellement protéger les travailleurs.

Notions préalables En premier lieu, comme plusieurs autres aspects de l’industrie du transport, il faut connaitre et être en mesure de respecter le champ d’application de la réglementation et les normes en vigueur. Donc, avant même de mettre des marchandises sur une remorque plateforme, on doit savoir, par exemple, comment inspecter les appareils d’arri-

(Photo: Via Prévention)

cargaisons s’intensifie dans les opérations d’arrimage : lors du chargement, on doit considérer l’emplacement choisi, l’état du sol, l’encombrement des lieux, les possibles obstacles, la présence de travailleurs dans la zone de chargement, l’absence de voies de circulation, les distractions, l’accès à la plateforme et les conditions climatiques.

➌ Arrimage

mage et quels sont les critères de mise hors service de ces appareils.

➊ Planification Pour éviter un paquet de problèmes, il est primordial de choisir adéquatement l’équipement nécessaire (bon type de remorque, appareils d’arrimage, matériaux de fardage, berceaux, etc.). Et si c’est un des chargements spécifiques prévus dans la norme 10? Aussi, dans bien des cas, on devrait établir un plan de chargement des marchandises et un pour le désarrimage de cette cargaison, afin d’éviter les casse-têtes et de s’assurer que chacune des marchandises sera sécurisée correctement. Parce que, vous le savez comme moi, les travailleurs de la construction qui sont parfois responsables de positionner le matériel sur la plateforme n’ont aucune idée de la complexité que ça peut représenter pour l’arrimage.

Puis, il faut nommer les bons chauffeurs en fonction des besoins opérationnels (compétence de conduite, capacité physique, heures de service, trajet, complexité de la tâche, etc.). En résumé, planifier, c’est prendre en main son succès.

➋ Chargement En fonction du type de marchandises, on n’utilisera pas le même équipement pour charger la remorque : est-ce que ce sera avec un loader? Une grue? Un pont roulant? De plus, il faut peut-être positionner des cales d’espacement et immobiliser le tout, de façon à ce que rien ne bouge lorsque le chauffeur ou toute autre personne s’approchera du véhicule. Il s’agit d’un important risque de blessures graves, voire mortelles : de nombreux travailleurs ont perdu la vie alors que le chargement du flatbed leur a basculé dessus. Cette coactivité entre machines et humains pour les

Ce n’est qu’à cette étape que j’aborderais le nombre d’appareils d’arrimage nécessaires pour sécuriser le chargement. Évidemment, les notions de longueur et de masse sont importantes à comprendre. Mais au-delà de ça, vous savez que les interrogations et inquiétudes des chauffeurs sont en lien avec le positionnement des chaines, la façon dont le crochet doit passer dans la boite à poteau, si les chaines doivent ou peuvent se croiser, la tension à appliquer sur une courroie et comment déprendre un crochet sur un chargement. Je ne sais pas si ça sonne comme un vent de fraicheur dans la façon de voir l’arrimage mais, si c’est le cas, je crois que ce sont tous les acteurs de l’industrie du transport de marchandises qui en ressortiront gagnants. Il nous reste encore trois étapes à aborder. Lors de la prochaine chronique, j’aborderai la circulation, le désarrimage et, finalement, le déchargement. TR Samuel Laverdière, CRIA, conseiller en prévention chez Via Prévention, possède un baccalauréat en relations industrielles. Il forme et conseille des gestionnaires et travailleurs des entreprises de transport au Québec. On peut le joindre à samuel. laverdiere@viaprevention.com JANVIER/FÉVRIER 2021

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