QUAND JAVAIS moins, J’AVAIS (tout)
Écrit par: Geznah.S | The Silence Reader
Chapitre 1 – Le gâteau du matin
Geznah.S | The Silence Reader
Le soleil traverse les rideaux fins. Dans la petite cuisine, tout est calme sauf le rire de Léo, cinq ans aujourd’hui. Inès, dix ans, lui tend un vieux jouet en forme de voiture. Il le pousse doucement, les yeux brillants.
Fatou mélange de la pâte. Un petit gâteau, sans glaçage, mais fait avec tout ce qu’elle a.
— Fais un vœu, Léo, souffle Inès.
Il ferme les yeux. Geznah.S | The Silence Reader
— Je veux que maman reste avec nous pour toujours.
Fatou se fige. Son sourire glisse un peu. Elle regarde la table. Une facture. Rouge. Encore une.
Elle souffle sur la bougie allumée pour lui.
Aujourd’hui, elle sourit. Demain, elle décidera.
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Chapitre 2 – Ce que je ne pouvais pas leur offrir
Geznah.S | The Silence Reader La nuit est tombée. Fatou est assise dans le salon, son vieux téléphone entre les mains. L’écran clignote. Lentement. Comme son cœur.
Une annonce passe : “Femme de ménage – logée, nourrie, très bon salaire.”Loin.
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Elle regarde ses enfants dormir sur le même matelas. Inès a le bras autour de Léo, protectrice, silencieuse.
Elle pense à leur avenir. Aux habits qu’elle ne peut pas leur acheter. Aux goûters qu’elle improvise avec de la mie de pain et du sucre.
Elle murmure : — L’amour, c’est beau. Mais ça ne paie pas le loyer.
Alors elle clique.
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Chapitre 3 – Je reviendrai ce soir
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Inès tient la main de Léo. Fatou dépose un baiser rapide sur leurs fronts.
— Soyez sages. Maman revient ce soir.
Inès baisse les yeux.
— Tu dis toujours ça, maman.
Fatou hésite. Elle caresse les cheveux de sa fille. Mais ne dit rien. Elle ne peut pas promettre ce qu’elle ne contrôle plus.
Elle s’en va. Sac sur l’épaule. Cœur en vrac. Elle a choisi. Pour eux, croit-elle.
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Chapitre
4 – Une maison vide et belle
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Quelques mois plus tard.
Une grande maison. Un canapé neuf. Des rideaux épais. Un silence immense.
Fatou entre. Elle est bien habillée maintenant. Ses talons claquent sur le carrelage propre.
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Inès ouvre la porte. Seule.
— Léo a de la fièvre, dit-elle. Il t’a demandé toute la nuit.
Fatou soupire.
— Je vais appeler un médecin demain. Je dois travailler. Tu comprends ?
Mais Inès ne répond pas. Elle retourne vers son frère. Elle comprend, oui. Elle comprend que maman n’est plus vraiment là.
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Chapitre 5 – Léo tousse encore
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La pluie tombe dehors. Un filet d’eau coule le long de la vitre. Dans la chambre sombre, Inès est réveillée depuis longtemps. Elle n’a que dix ans, mais ce soir, elle est mère.
Léo tousse, encore et encore. Son front est chaud comme un fer à repasser. Elle lui pose un linge humide, comme elle a vu maman faire.
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— Bois un peu, Léo, murmure-t-elle. Tiens.
Il boit à peine. Ses yeux sont fatigués.
— Tu crois qu’elle viendra demain ? demande-t-il, la voix cassée.
Inès hésite. Elle regarde l’horloge. Minuit passé. Le silence de la maison est lourd.
Mais elle sourit. Un sourire de grande sœur, même s’il lui coûte.
— Oui, dit-elle. Elle viendra. Promis.
Et puis elle éteint la lumière. Pas pour dormir. Pour pleurer en silence, sans qu’il le voie
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Chapitre 6 – Le départ silencieux
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Fatou rentre. Il est tard. Trop tard. Ses talons frappent mollement le sol, comme si même eux n’avaient plus la force.
Elle pose ses affaires. Silence. Pas de rires. Pas de voix. Pas même la toux de Léo.
— Inès ? Léo ? appelle-t-elle doucement.
Elle monte les escaliers. Les marches grincent. Le couloir est sombre, une seule lumière éclaire la chambre. Geznah.S | The Silence Reader
Inès est là, assise par terre. Sa robe est froissée, ses yeux gonflés.
Fatou s’approche, pose une main sur son épaule.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Où est Léo ?
Inès ne répond pas tout de suite. Elle regarde ailleurs, comme si les mots faisaient trop mal.
Puis, d’une voix brisée :
— C’est trop tard, maman… Il est parti cette nuit.
Fatou recule d’un pas. Son cœur s’arrête. Ses jambes lâchent. Elle tombe à genoux. Les mains sur le visage. Un cri monte en elle, un cri qui ne sort pas.
Un cri muet. Un cri qu’on garde pour toujours.
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Chapitre 7 – Trop tard
Geznah.S | The Silence Reader Le temps a ralenti. Les jours passent, mais rien ne bouge vraiment.
Fatou reste souvent assise dans le salon, le regard perdu dans le vide. Elle entend encore Léo courir. Elle l’imagine rire. Mais ce n’est que l’écho d’un souvenir.
Inès ne parle presque plus. Elle s’enferme souvent dans la chambre. Elle lit à voix haute des histoires à personne, comme si son petit frère écoutait encore.
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Elles vivent ensemble, mais loin l’une de l’autre. Deux îles séparées par un chagrin immense.
Fatou voudrait lui parler, lui dire qu’elle regrette. Qu’elle croyait bien faire.
Mais les mots s’étranglent dans sa gorge.
Un soir, elle essaie.
— Inès… tu sais, je…
Inès la coupe sans la regarder : — Il voulait juste que tu sois là. C’est tout.
Silence. Plus froid que l’hiver.
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Chapitre 8 – Quand j’avais moins, j’avais tout
Geznah.S | The Silence Reader
La grande maison est toujours belle. Tout est propre, bien rangé.
Mais le vide est partout.
Fatou se tient debout devant une photo : Léo et Inès, un jour d’été. Ils riaient. Ils n’avaient rien… sauf elle.
Elle se souvient. Du gâteau sans glaçage. Des jeux sur le tapis. De Léo qui soufflait ses bougies.
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Elle ferme les yeux. Revoit son visage, entend sa voix.
“Je veux que maman reste avec nous pour toujours.”
Fatou murmure :
— Je voulais leur offrir ce que je n’avais pas. Mais j’ai oublié de leur offrir ce que j’étais.
Elle s’assoit lentement. Le regard dans le vide. Et pour la première fois, elle comprend.
L’amour ne s’achète pas. Le temps non plus.
Elle pleure. En silence. Comme on pleure quand on ne peut plus réparer.
Geznah.S | The Silence Reader
Petit mot:
Cette histoire, je l’ai écrite avec le cœur.
Parce que parfois, en courant après une vie “meilleure”, on oublie que les vraies richesses ne se trouvent pas dans ce qu’on possède… mais dans ceux qui nous aiment.
Geznah.S | The Silence Reader