Dossier L’ACHAT PUBLIC Commande publique 32
UN AN DE JURISPRUDENCE EN MATIÈRE DE COMMANDE PUBLIQUE Article rédigé par :
Nathalie RICCI, Avocat, Seban & Associés
A
u cours de ces douze derniers mois, le juge administratif s’est attaché à préciser, s’agissant des modalités de passation des contrats de la commande publique, notamment, les conditions d’utilisation des critères et sous-critères de jugement des offres, de l’allotissement des marchés ou encore le régime des offres irrégulières. Les principales questions traitées sont, au demeurant, celles sur lesquelles la réforme des directives Marchés, qui seront très prochainement adoptées, a entendu revenir pour consacrer, confirmer ou imposer les modalités nouvelles de commande publique au plan européen. En matière d’exécution des contrats de la commande publique par ailleurs, si plusieurs décisions d’importance, telle celle relative au régime des biens dans les concessions de service, sont à rappeler, l’une d’entre elles mérite une attention particulière : la création, toute récente, par le tribunal administratif de Lille, de l’action en rétablissement de l’état antérieur du contrat, par extension de l’action en reprise des relations contractuelles, qui avait été consacrée par la jurisprudence du Conseil d’État Béziers II, à des mesures de modification unilatérale du contrat administratif.
1. Passation des contrats de la commande publique A. - Recours au dialogue compétitif Notion de complexité. – Le recours à la procédure de dialogue compétitif est réservé aux marchés publics complexes, c’est-à-dire, selon les dispositions de l’article 36 du Code des marchés publics, aux marchés dans le cadre desquels « le pouvoir adjudicateur n’est objectivement pas en mesure de définir seul et à l’avance les moyens techniques pouvant répondre à ses besoins » ou bien lorsque « le pouvoir adjudicateur n’est objectivement pas en mesure d’établir le montage juridique ou financier d’un projet ». La présente affaire illustre un cas dans lequel un pouvoir adjudicateur n’est pas en mesure de définir seul et à l’avance les
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CAHIERS DE DROIT DE L’ENTREPRISE N° 5, SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013
moyens techniques permettant de satisfaire ses besoins et est, par conséquent, bien fondé à recourir à une procédure de dialogue compétitif. Était, en l’espèce, visé un marché de prestations d’assurances collectives en matière de prévoyance et de frais de soins de santé pour les collaborateurs du réseau de l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie. La complexité de ce marché résultait, selon le Conseil d’État, de la réunion de trois éléments : d’une part, le marché avait vocation à se substituer progressivement aux multiples contrats de protection santé existants ; d’autre part, le marché s’inscrivait dans le cadre d’une réforme profonde du réseau consulaire ; enfin, il était demandé aux candidats de mettre au point des solutions techniques originales permettant à la fois d’optimiser le dialogue social et la « gouvernance » du disposi-