Recueil 4C

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Sans titre Je congédiai le bon Louis, celui-ci m’ayant cordialement conseillé d’aller investiguer moimême. Érik n’avait aucune raison valable de m’empêcher de consulter un de ses ouvrages. De toute façon, il me devait assez d’argent pour acheter dix bibliothèques comme la sienne. Le tapis rouge et moelleux, contrastant un peu trop à mon goût avec le bleu de la chambre, absorbait les sons. Mes pas ne firent aucun bruit, et je me rendis, sans me faire remarquer, jusqu’à ma destination. Bien que ne faisant, pour l’instant, rien de mal, mon cœur battait la chamade. Malgré cela, je voulais me faire une idée. Après quelques minutes de marche, dans le château aux couloirs aux murs de pierre, je me retrouvai face à une double porte de bois. Cadenassée. Un bref regard me permit de constater que j’étais seul dans cette aile du château. À l’aide du canif que je gardais toujours à ka ceinture, je fis sauter le cadenas. Les dettes ayant rongé son trésor, il me semblait qu’Érik avait décidé de réutiliser un vieux cadenas un peu usé. « Quelle folie es-tu en train de commettre » m’entendis-je penser, l’excitation était à son comble. Je parcourais les rayons, cherchant un livre, au même titre qu’une éventuelle raison de la fermeture de ladite bibliothèque. Après quelques instants, j’aperçus une étagère déplacée. Un livre dépassait d’une tablette de cette dernière. Un livre de bois! Tentant de le prendre, je me rendis compte qu’il était fixé. Je contournai l’étrange étagère pour découvrir une ouverture cachée. J’avais le sentiment d’être dans un de ces romans, où le personnage principal trouve un passage secret et surprend un ennemi en grande discussion avec un ecclésiastique reconnu. Je sentis poindre une certaine crainte. Quoi donc pouvait nécessiter la fermeture complète d’une bibliothèque, afin que personne ne le découvrît. Je descendis de sombres escaliers, les marches, rongées par l’humidité, manquèrent de me faire débouler à maintes reprises. Prudent, je n’émettais pas le moindre bruit. Arrivé au bas de ces marches, je pus contempler une pièce, Dieu soit loué, vide. Quelle horreur, une salle de torture! Je n’aurais pu supporter le fait de rencontre un… occupant en action. Je faillis faire demi-tour, vous le comprendrez, face à ces traces noirâtres parcourant les murs. Je continuai tout de même mon exploration. Une curiosité morbide s’était emparée du banquier que j’étais. Sur une table de bois, propre, spécifions-le, des documents épars gisaient. Je trouvai une sorte de registre. Des noms, des raisons, des dates… et des solutions. -Marco le Serf, impôts non payés, 17 octobre, fouet, puis noyade.


Les noms défilaient, tous rayés d’un trait à l’encre noire. Il devait y en avoir une bonne trentaine, tous morts ce mois-ci. Mon regard fut attiré par un petit mot en marge, tout simple : URGENT. À la droite de celui-ci, un nom qui n’était pas raturé. URGENT

- Alphonse le Banquier, dette envers lui,_____________, le pire possible.

Je me sentis jaillir de ma peau quand une main de la taille d’une assiette m’agrippa l’épaule. J’allais mourir.


CSCG

Vincent Langelier Un souper étonnant

Elle éteignit la radio et se précipita à la porte. Françoise attendait ce moment, ou plutôt le bonheur qui en découlerait, et ce, depuis bien longtemps. Revoir son père et sa mère, de riches bourgeois ainsi que son frère afin de discuter de la fortune familiale, cela la rendait extrêmement heureuse. En fait, elle se sentait ainsi, car à la mort de ses parents, elle toucherait une grande partie de leur fortune et que durant la soirée, elle assassinerait ses géniteurs. Elle avait donc préparé cette soirée dans le but d’assassiner ses parents afin de toucher la fortune familiale. Elle ouvrit la porte et accueillit chaleureusement chacun de ses invités et les invita à passer au salon. Tous la remercièrent pour l’invitation et elle, d’un ton étrange, répondit que cela n’était rien. Ils discutèrent longuement de tout et de rien. Ils parlèrent des actualités de la semaine ainsi que des études de son frère. Au moment où son frère aborda le sujet de la soirée, la fortune familiale, Françoise invita ses convives à passer à table, car le repas était prêt. «Cet imbécile ne doit pas venir gâcher mon plan», pensa-telle avec inquiétude. Dès leur arrivée dans la salle à manger, un magnifique rôti attendait les invités. Tous se mirent à table et le frère discuta à nouveau de la fortune familiale. Le père, regardant froidement Françoise, affirma, d’un ton sérieux, qu’elle ne toucherait jamais à cette fortune et que c’était plutôt son frère qui la recevrait, en entier. Sa raison était très simple, Françoise n’avait jamais aidé ses parents et c’était plutôt son frère qui s’était occupé d’eux, durant de longues années. Françoise, entendant ce discours, se retira dans la cuisine. Elle pleura longtemps- sa déception faisant place à la colère et à une rage immense. Elle ouvrit un tiroir et prit une petite fiole d’arsenic. Elle versa le liquide mortel dans deux coupes à vin, et les mit sur un plateau. Même si ses parents ne lui versaient rien de leur fortune, elle les tuerait. Elle se dirigea vers la salle à manger quand elle vit, gisant à terre, le corps de son père et de sa mère. Ceux-ci étaient poignardés à maintes reprises par le couteau du rôti, encore planté dans le corps de son père. Son frère, quant à lui, avait disparu.


CSCG

Sandrine Charbonneau

Une Bibliothèque Chimérique Surpris par cette nouvelle, je regardai Louis d’un air perplexe. «Mais pourquoi donc? Cette bibliothèque est le fruit d’innombrables recherches menées par les ancêtres d’Érik et Érik lui-même!» dis-je au domestique avec un certain agacement. J’avais tout de même parcouru des centaines de kilomètres dans l’unique but de lui emprunter quelques précieux manuscrits. «Eh bien, me répondit-il, si monsieur veut bien attendre le maître, celui-ci pourra peutêtre répondre à sa question et accéder à sa requête.» Puis il s’en alla, sans un mot de plus. D’une nature curieuse, je ne pus résister à l’envie d’aller me promener dans les couloirs proches de la bibliothèque. En feignant d’admirer les riches décorations ornant les murs du château – car, bien sûr, ce n’était pas la première fois que je venais - je me rapprochai doucement des énormes portes renfermant ces milliers de pages dont j’avais besoin. À peine eus-je le temps de toucher les poignées dorées de la bibliothèque qu’une main se posa sur mon épaule. Je tressaillis et me retournai brusquement, un poing en l’air, prêt à me défendre. «En voilà des manières! fit mon vieil ami, un sourire aux lèvres. -Tu m’as fait l’une de ces peurs!» lui répondis-je. Reprenant son sérieux, il continua : «Mon valet ne t’a donc pas informé que personne ne devait entrer dans la bibliothèque? -Si, mais je me demandais pourquoi, et j’étais justement venu pour t’emprunter des livres… -Alors, tu n’as aucune raison de rester! Dit-il d’un ton sec. Il se fait tard, je t’invite à manger, ainsi qu’à passer la nuit ici, mais demain, tu devras quitter.» Sans rien ajouter, il tourna les talons et s’engagea dans un couloir. Le dîner se déroula dans le silence et la tension. J’allai me coucher tôt, un plan en tête. Je ne pouvais pas demeurer dans le mystère, je devais savoir ce qu’Érik me cachait,


même si notre amitié devait en payer le prix. Le simple fait qu’il ne m’accorde pas sa confiance était un signe qu’il n’y tenait pas tant que cela. Je dormis quelques heures et me réveillai au beau milieu de la nuit. Avec précaution, je me levai, ne mis que mes bottes et pris un chandelier. Je sortis de ma chambre sans bruit et me dirigeai vers l’endroit où l’accès m’était refusé. Arrivé devant les portes, je vis Érik, le regard sombre et rempli de haine. «Je t’attendais, je savais que tu viendrais. -Je, j’allais… -Inutile de me servir de lamentables excuses! tonna-t-il. Je vais te montrer ce qu’il y a à l’intérieur.» Sur ce, il ouvrit les majestueuses portes et j’éclairai pour y découvrir avec horreur ce qu’elles renfermaient. Je n’eus pas le loisir de crier qu’on me prit par derrière et m’enfonça un bâillon dans la bouche, ainsi qu’un sac en toile sur la tête. J’entendis Érik parler : «Comme ces personnes qui ont offensé Notre Seigneur en vouant un culte barbare à ces divinités chimériques, tu seras crucifié à leurs côtés jusqu'à ce que mort s'ensuive.» Fin


Frédérick Pagé CSCG La petite gâterie La belle Françoise accueillit ses nombreux invités de ses plus beaux habits. Toute sa famille était enfin arrivée. Pour la première fois depuis belle lurette, elle fêtait son anniversaire chez elle avec sa famille. <<Aujourd’hui, c’est à mon tour de me payer une petite gâterie>>, pensa-t-elle. Françoise faisait semblant d’écouter ses invités qu’elle n’avait pas vus depuis au moins dix longues années pendant qu’elle ne pensait qu’à son repas, qui n’attendait plus que d’être mangé. Sa famille semblait gênée, Françoise était la seule de la famille à avoir réussi dans la vie. Ses oncles et son père travaillaient au noir, étaient sur le bien-être social et ne voyaient pas plus loin que la taverne au bout de la rue. Ils étaient ce que l’on peut appeler des débris de la société. Ils se demandaient tous pourquoi elle avait repris contact avec eux surtout pour sa fête… Françoise décida qu’il temps de manger et les invita dans la salle à dîner. Ce fut tout qu’un festin qu’elle leur avait servi. Son père, un vrai porc dans l’âme, mangea tout en quelques minutes et ajouta que la viande était trop poivrée – d’ailleurs, sa gorge lui piquait énormément-. Il prit une gorgée de vin pour faire passer le goût. Seule dans la cuisine, Françoise lustrait son revolver tout en écoutant la douce pièce de Vivaldi, La Primavera, qui couvrait vaguement les cris qui suppliaient de l’aide : sa fourberie était un succès. Avec un sourire perfide au visage, la jeune femme entra dans la salle à manger. Le sol et les murs étaient recouverts de sang et de vomissure, ils étaient tous morts. Regardant son père dans ses yeux vitreux, elle déchargea son fusil sur les testicules de son ignoble créateur, en extase totale. Après plusieurs minutes de tension insupportable, elle rechargea son arme. Trop longtemps Françoise avait été traitée comme un animal, se faisant battre chaque jour par son père ivrogne et se faisant violer pour sa fête, <<C’est ta petite gâterie>>, disait son père. Elle partit de la maison à seize ans, se jurant de se venger elle-même de son père dégoûtant et du reste de sa famille qui savait tout et adorait la voir en sang après les gestes immoraux de son paternel en croyant qu’elle ne dirait rien.


Françoise retourna s’asseoir sur son fauteuil en jouant avec son revolver d’une main. Elle pouvait enfin partir en paix avec ses vieux démons.


Mission bibliothèque Après ses mises en garde, Louis repartit à ses occupations. Je décidai donc de vider mes valises, mais quand elles furent vides, l’ennui me rattrapa. Je pris soudainement un profond intérêt au domestique – il savait quelque chose que j’ignorais, mais quoi ? Durant ma courte séance d’espionnage, je remarquai que Louis paraissait nerveux. Son comportement était anormal, comme s’il essayait de cacher quelque chose. Je décidai donc, par amitié pour Érik, que mon imagination me jouait des tours, car Érik n’était pas un homme malhonnête… Enfin, je crois. Je remontai dans la chambre pour attendre mon ami. Un claquement au 3e étage se fit entendre. C’était, d’après moi, le domestique qui faisait le ménage, mais après mûres réflexions, je réalisai qu’il n’y avait qu’une seule pièce au 3e … la bibliothèque. Je sautai sur mes pieds et partis en direction de l’escalier. La porte grinça, mais j’essayai d’être discret, car si Louis remarquait ma présence dans la bibliothèque… non, je ne voulais même pas y penser. Je ne vis pas Louis, c’était surement un rat ou une souris qui avait causé le bruit. C’est alors que je pris conscience de la raison pour laquelle Érik m’avait tenu à l’écart. La bibliothèque était en construction. Je décidai de descendre avant que quelqu’un ne me trouve ici, mais il était déjà trop tard. Érik, Louis et un autre homme m’attendaient au bas de l’escalier. Mon ami fut le premier à parler. -

Viens dans la chambre avec nous, s’il te plait, Ivan.

-

Ta schizophrénie s’est empirée, n’ai pas peur, me dit l’homme. Je suis docteur et nous allons t’aider.


Charles Roy Entrez! Entrez!

Françoise se tira de son fauteuil et ouvrit la massive porte de sa demeure de style victorien. Debout se tenaient ses parents, accompagnés de Bobino, leur gros chien noir. La dame échangea de gros poutous avec ses parents, telle était la tradition. Tour à tour, les dix autres invités sonnèrent à la porte. Cousins, cousines, fils, belle-fille, petit-fils, frères et sœurs, tous étaient très heureux de se revoir. Tandis que la famille s’assoyait à table, on sonna à la porte. Ai-je malencontreusement oublié quelqu’un? pensa l’hôte. Sans s’attarder sur le sujet, elle alla répondre rapidement, afin de ne pas, laisser poiroter le nouveau venu au froid. Il faut dire que cet hiver-là, l’hiver 2001, était particulièrement frisquet, causant de nombreuses engelures à quiconque s’aventurait dehors plus de deux minutes. En ouvrant la porte, Françoise aperçut un visage qu’elle ne s’attendait guère à voir. C’était celui de la fille des voisins, Émilie. En fait, celle-ci n’était pas vraiment la fille des voisins. Elle provenait d’une famille de dérangés et elle avait été transférée dans une famille d’accueil, qui se trouvait à être les résidents d’à côté. Émilie expliqua qu’elle était rentrée chez elle seule et qu’il n’y avait plus d’électricité, ce qui expliquait sa visite. La petite rejoignit donc les invités déjà installés et se fondit parmi eux. Le bœuf braisé à point de Françoise fut déposé au milieu de la table. Navets, carottes et vin rouge suivirent le pas. Un homme attira l’attention et enchaîna avec la prière. C’était le frère de l’hôte. Au milieu du repas, Émilie se retira. Probablement pour aller au petit coin, pensa Françoise. Cette dernière n’y porta point attention. Cependant, elle fut dérangée une autre fois, cette fois-ci par le téléphone. La mère d’accueil d’Émilie était à l’appareil. Elle semblait stressée. Elle avait trouvé des contenants d’antibiotiques vides dans la chambre de la jeune fille. Françoise, prise de panique, laissa tomber le téléphone et se précipita vers la salle de bain. Avant même d’avoir atteint l’objectif, elle découvrit Émilie, gisante sur le sol, inanimée.


Frédéric Maltais La bibliothèque J’attendis alors mon ami sans rien faire pendant une bonne demi-heure. Le but de ma visite chez lui consistait à élucider la disparition d’un jeune adolescent de seize ans dans notre grande ville. Cela faisait maintenant plus de deux mois qu’il était porté disparu. Il avait été vu pour la dernière fois par un passant qui le vit entrer à son domicile. Nous ne pouvions pas faire plus pour le retrouver, car nous ne possédions aucun indice à son sujet ou presque. Après de bonnes heures à s’être posé plusieurs questions, Érik et moi décidâmes de prendre une pause pour relaxer, mais sans pour autant arrêter de penser à toute cette affaire. Il était maintenant passé cinq heures et je ne voulais pas manquer le téléjournal, parce que tout bon détective ne le manque jamais. Je demandai donc à Érik si nous pouvions aller dans son grand salon pour l’écouter, ce que nous fîmes. Comme à tous les jours, il y avait eu plusieurs accidents de voiture sur la route. L’émission presque terminée, j’attendais avec une grande impatience le moment où je dégusterais le merveilleux rôti de bœuf - qui était mon repas favori d’ailleurs - que ma femme préparait pour le souper. Juste au moment où j’allais me diriger vers la sortie, une nouvelle exclusive sur le jeune adolescent m’interrompit. C’était une vidéo de lui-même qu’il avait prise de son iPod et avait réussi à envoyer à la station. Il disait qu’il était séquestré dans une grande bibliothèque et qu’il se faisait nourrir de temps à autre par un gars qu’il disait s’appeler Érik. Je sus alors que c’était lui. Je sortis à toute allure de la maison et pris ma voiture, pour ensuite informer mes autres collègues de l’auteur du crime, mais lorsque je tournai la tête, un gros autobus me frappa de plein fouet. On entendit parler de moi dans le téléjournal, comme un homme de quarante-trois ans frappé par un autobus.


Souper de famille Sur le seuil, Françoise ne put s’empêcher l’extase. «Maman! Papa!» s’écria-t-elle tout en se penchant pour embrasser ses deux parents en fauteuil roulant. Elle s’apprêtait à rentrer lorsqu’un raclement de gorge interrompit sa démarche. Un homme aux bras croisés, sourcils froncés, puis à l’œil impatient dévisageait – depuis combien de temps, ça, elle ne le savait pas – Françoise. -La condition de vos parents, dit-il, ne leur permet pas d’être sortis longtemps. -Oui, oui, je comprends, répondit la dame. -Sur ce, je reviendrai les chercher dans trois heures. Cela vous convient-il? Il descendit, sans même attendre une réponse, les marches de l’entrée, puis se dirigea vers sa fourgonnette, vieux bolide muni d’un revêtement de rouille et d’une couche écaillée de peinture vert forêt. Un à la fois, Françoise tira les fauteuils roulants dans la maison, puis referma la porte derrière elle. L’odeur fut frappante. En quelques minutes, la pièce se remplit de ces effluves paternels dégagés pas l’homme en fauteuil roulant. Ce parfum était d’une familiarité si incroyable, qu’il combla Françoise d’un bonheur immense. Enfin un souper de famille comme dans le bon vieux temps! Une fois assis à table, tous firent la prière. C’était tradition dans la famille, même si Françoise n’avait jamais été croyante. Ces parents, eux, ne savaient pas que pendant toutes ces années, leur fille adorée n’avait pratiqué la religion que pas obligation… Les remerciements terminés, ils s’attaquèrent au repas. La jeune femme servit ses parents. De la viande épicée, des pommes de terre au beurre et au thym, des carottes rouges, orange et jaunes arrosées d’une sauce au gingembre et au cari, puis pour compléter le tout, un potage aux courges et à l’aubergine. Cette fois-ci, Françoise s’était majestueusement dépassée sur le plan culinaire. Bien sûr, c’était une grande occasion! Aigüe et redoutée, la sonnette d’entrée chanta. L’heure était arrivée si rapidement qu’ils avaient à peine eu l’occasion de rattraper le temps perdu. D’un pas las, Françoise porta ses parents à l’entrée. Elle y trouva, évidemment, le même homme appuyé contre le cadre de porte. -Bon, dit-il, alors c’est bien le cimetière de Chambly? Françoise soupira. -Mais non! Mes parents furent enterrés au cimetière Notre-Dame.


Nuit de mort

[…] Elle se leva et alla ouvrir la porte. Comme elle ouvrait la porte, elle commença à dire : « bienve… », mais elle s’arrêta au milieu lorsqu’elle se rendit compte que ce n’était pas sa famille qui était sous le porche, mais bien deux jeunes et costauds policiers. Elle fut surprise et sentit la tension monter en elle ainsi que le stress. Elle pensait que quelque chose de grave était arrivé à sa famille. Tel fut le cas, mais ce n’était pas la personne qu’elle pensait. - Êtes-vous Madame Françoise Dallair? - Oui, répondit-elle, qu’est-ce qu’il y a? - Nous sommes venus vous annoncer la mort de votre mari. Le choc fut brutal, ce fut ce qu’on appelle la goutte qui fit déborder le vase. Elle fut apeurée – elle qui d’ordinaire n’a peur de rien -, démolie et tout simplement triste. Elle se sentit aussi impuissante que lorsqu’elle avait perdu son chien il y avait deux ans. Les policiers lui demandèrent de les suivre jusqu’au quartier général de la police afin qu’elle affirme si le corps était bel et bien celui de son mari. Ce fut effectivement le cas. Ses dernières barrières se détruisirent et elle tomba en larmes. Les policiers lui posèrent quelques questions sur les agissements et le comportement de son mari. Elle répondit à toutes les questions sauf une : où était votre mari ce soir? Françoise n’avait aucune idée d’où avait été son mari durant la soirée. C’était rare qu’il ne disait pas où il allait, mais c’était une étrange coïncidence. À la fin, les policiers la ramenèrent finalement chez elle. Lorsqu’elle rentra dans la maison, Françoise remarqua que la famille était enfin arrivée. Elle se sentit mal, mais elle rentra tout de même à l’intérieur. Sa famille lui demanda ce qui s’était passé et fut prise d’un malaise lorsqu’ils apprirent la nouvelle. Ils allèrent tous se coucher tôt ce soir-là. Le lendemain, Françoise trouvait que la maison était bien silencieuse. Elle se leva et lorsqu’elle arriva dans le salon, elle poussa le cri le plus puissant de sa vie. Les corps de sa famille gisaient morts dans tout le salon et celui de son mari était dans son fauteuil préféré.


CSCG

Emanuelle Makdissi

9 nov. 10

4C La bibliothèque

La bibliothèque étant fermée, je me posai des questions. Pourquoi Érik ne m’avait-il pas prévenu? Il savait que je venais au château pour le voir et pour lui emprunter des livres. Cette étrange situation fit rapidement monter mon niveau d’inquiétude. Comme je ne connaissais pas bien le vaste château, je décidai de le visiter. Je sortis de ma chambre, puis j’allai annoncer à Louis que je désirais visiter le grand bâtiment. -Monsieur, vous savez que j’ai de nombreuses tâches. Je ne peux point vous faire visiter, mais soyez à l’aise de visiter le château, me dit Louis sur un ton pressé. -Merci Louis, je tâcherai de ne pas me perdre. Sur ce, il disparut. Je commençai à visiter. J’ouvris de multiples portes et empruntai plusieurs passages. Après deux heures d’exploration, j’entendis Louis qui me prévenait de l’arrivée d’Érik. J’étais bien content- quoique je n’aurais pas dû- car Érik était enfin là. Je commençai à marcher dans le sens opposé afin de le rejoindre. J’ouvrai des dizaines de portes, fis demi-tour plusieurs fois, mais rien à faire, je ne trouvais pas le chemin du retour. Je criai à Érik de me rejoindre. Il essaya de m’expliquer le chemin que je devais emprunter. Je suivis ses indications nébuleuses. Après 45 minutes, j’essayai de continuer à marcher, mais je n’en pouvais plus. Je m’assis et dis à Érik de me rejoindre. J’entendis des bruits de portes qui se déverrouillaient. Ils étaient de plus en plus distants et cela me terrorisait, car j’étais vraiment perdu. Je recommençais à marcher lorsque je vis des traces de terre pouvant m’indiquer le chemin. Je les suivis avec espoir. Je poussai de grosses portes, je me faufilai entre des petits passages et je découvris cette salle. La fameuse bibliothèque. Elle était géante et elle comptait de nombreux enfants de deux ou trois mois. Je paniquai, car mon meilleur ami faisait du trafic d’enfants. Je poussais un cri d’horreur. J’entendis des bruits de pas, plus précisément, j’entendis Érik courir. Il savait que je savais. Au moment où j’allais commencer à m’enfuir, Érik apparut. Il fonça sur moi tellement brutalement que je m’effondrai. Il sauta sur moi, il essaya de me convaincre de garder son secret, il invectiva contre moi et il me porta accidentellement un coup fatal à la tête.


CSCG 9 novembre 2010

Vincent Thomas-Couture 4-C Messieurs en Jaquette

« Elle vient une fois par semaine : le samedi. Lorsque je me réveille, les fruits sont là. Ils ne sont pas à moi, mais à Oscar, mon seul ami ici à part Bernard. Oscar me raconte ses rencontres avec sa femme, qui lui apporte les paniers, et chaque fois, cela semble pénible pour lui, car lorsqu’il souffre, elle souffre aussi, et on peut facilement décerner les émotions exprimées par leurs visages. Bernard, lui, n’a rien à part un caractère qui lui permet de se plaindre en tout temps. Moi, Edgar, je reste silencieux. La sonnerie indiquant la pause à l’intérieur me tire de mes rêveries. Une infirmière me met en fauteuil roulant – pour ne pas toucher ces satanés scorpions– et me conduit jusqu’à l’ascenseur que nous, les patients, devons utiliser pour aller dehors. En bas, je décide d’aller m’asseoir sur un banc, face à un mur de l’hôpital, entouré de plants de bégonias. Étant trop occupé à observer ces merveilles, je ne remarque pas tout de suite qu’Oscar et Bernard sont là, comme toujours, pour me tenir compagnie. Je suis triste : nous tous en jaquette blanche, dans un jardin sévèrement clôturé, en nous dandinant chacun à notre façon, sommes prisonniers de l’asile et de nos corps. Une autre plainte de Bernard sur la déprime m’amène à penser à Oscar. Son fils s’est suicidé et depuis, il est ici. J’en ai assez! Le temps se gâche, je ne suis plus d’humeur heureuse et, ce qui me fait atteindre le summum de ma déprime, je suis dans un asile. En retournant dans notre chambre, Oscar se met à parler de sa femme : elle ne reviendra plus, elle s’est remariée et Oscar devient un poids pour elle. Nous sommes tous les trois déprimés : Bernard n’a rien et n’attend plus rien de la vie, Oscar a perdue son fils -et maintenant sa femme- et moi, Edgar, a mené Oscar à la folie! Étant la deuxième personnalité distincte d’Oscar, je suis la première cause de sa démence. Bernard, lui, est venu après moi. Trois dans le même corps, c’est trop difficile à supporter. Oscar a pris le contrôle du corps. Nous courons vers la fenêtre. En passant la balustrade, je ne peux m’empêcher de penser que nous serons trois à mourir, mais seulement une vie sera perdue.»


Une soirée presque parfaite

La sonnerie de la porte la tira de sa rêverie, elle se leva d’un bond et se précipita à l’entrée pour ouvrir aux invités, tout excitée. Son sourire se dissipa peu à peu lorsqu’’elle découvrit que ce n’était pas ses invités qui l’attendaient à la porte, mais une chorale de Noël. Elle reprit son plus beau sourire en s’efforçant d’écouter les horribles chants des choristes. Une fois leurs chansons terminées, elle les remercia et ferma la porte derrière eux. «Pourquoi ces personnes s’efforcent-elles à aller chanter chez les gens du voisinage la veille de Noël, se dit-elle, ils ne fêtent pas le réveillon avec leur famille? » Elle alla se rasseoir sur son fauteuil et recommença à attendre. Elle était seule à la maison à attendre que les invités arrivent. Son mari devait arriver bientôt aussi, il devait aller faire des emplettes de dernière minute.

Elle attendait depuis bientôt une heure, lorsque le bruit d’une portière de voiture la sortit de ses pensées. Enfin, ils arrivaient! Elle attendit quand même que l’on sonne à la porte avant de se précipiter pour répondre. La sonnerie retentit et elle alla répondre aussitôt. À sa grande stupéfaction, ce n’était encore une fois pas sa famille, mais son mari, qui avait les bras beaucoup trop encombrés pour ouvrir la porte… -C’était, selon moi, une des pires journées pour faire des emplettes! Mais… où est tout le monde? -Ils ne sont pas encore arrivés peut-être ont-ils eux aussi eu besoin de faire des courses de dernière minute? Ils allèrent tous les deux attendre dans le salon l’arrivée de la famille. Françoise regardait encore la table dans les sales à manger en rêvassant. Soudain, la sonnerie du téléphone les fit sursauter. Françoise alla répondre. -Bonsoir Françoise (c’était Louise, sa sœur) je n’étais pas certaine de l’heure où nous devions arriver demain pour le réveillon, pourrais-tu me le répéter s’il vous plait? -Demain? Mais… je ne vois pas de quoi tu parles! -Allons Françoise! Tu n’as quand même pas oublié que demain c’est le réveillon de Noël et que cette année c’est toi qui l’organises! C’est alors qu’elle vit le calendrier et qu’elle se rendit compte qu’aujourd’hui c’était le vingt-trois décembre…


Où est Élisa? Elle se leva lentement, le poids du temps s’abattant sur ses épaules endolories. Elle ouvrit la porte sur deux visages souriants : la fille de Françoise et son mari ayant été conviés à un souper en famille. Lamusique jouait toujours, un parfum de viande et de pommes de terre emplissait la pièce et la table était parfaitement mise. Ce qui attira le plus l’attention des convives était une cloche de métal opaque au milieu de la table. Une bouteille de vin rouge et quelques fromages européens, quoi de mieux pour commencer le souper? Ils commencèrent le repas. Une question jusqu’à demeurée silencieuse franchi les lèvres du mari : « Où est Élisa? ». Françoise sortit le plat du four. « Elle est au cinéma avec son amoureux », répondit-elle. « Elle s’excuse de ne pas être là! ». Une odeur alléchante fit taire leurs questions et gargouiller leurs estomacs. Ils se mirent à table. Une viande tendre, juteuse et assaisonnée à la perfection était accompagnée de purée de pommes de terre poivrées et petits pois. Lorsqu’ils furent repus, Françoise leur annonça : « J’ai une surprise. Je suis sûre que vous allez apprécier ! C’est une nouvelle recette de dessert que j’ai moi-même inventée! » Elle souleva la cloche… La femme poussa un cri horrifié et son mari resta glacé de colère et de souffrance. « Le meilleur pour la fin! », s’écria-t-elle. Dans la cloche gisait un bébé d’environ huit mois saupoudrés de cacao et de bananes à la sauce aux noisettes et au chocolat. « Vous-même vous disiez qu’elle était trop jeune… Ne t’inquiète pas, Élisa s’en remettra. »


Une matinée à attendre un retour improbable Mais où est-elle passée? Sans doute, n’a-t-elle pas voulu me réveiller tout de suite. Sûrement, n’est-elle pas loin, à la machine à café ou aux toilettes. Je l’attendais donc en prêtant attention aux bruits de pas émanant du corridor. J’ai bien faim, mais paralysé comme je le suis, je ne peux ni atteindre le plateau de fruits, ni voir grand-chose puisqu’une attelle m’empêche de tourner la tête vers la gauche pour voir mes visiteurs. Parlant de visiteurs, ma mère devrait être revenue, non? Ou peut-être est-ce la machine à café qui est cassée? Je me dis que j’attendrai patiemment. Après tout, elle ne sait pas que je me suis réveillé. Mais ça reste étrange. Me laisser le panier de fruits et repartir alors que ça fait trois semaines qu’on ne s’est pas vus. D’ailleurs, elle sait que j’ai décliné mon déjeuner pour pouvoir manger avec elle. Cela fait maintenant quarante-cinq minutes que j’attends et elle n’est toujours pas réapparue. Le médecin a peut-être voulu parler à ma mère? Mais au fond, qu’aurait-il à lui dire qui prenne tant de temps? Une heure et vingt minutes sont passées, pourtant je ne suis pas trop inquiet pour elle. Je sais qu’elle reviendra. Voyez-vous, ma mère est assez imprévisible, peu ponctuelle et pour tout dire, se fout un peu de moi en général. Je l’appellerais bien, mais pour cela, il me faudrait l’autorisation et l’assistance de l’infirmière revêche qui s’occupe de moi – enfin quand ça lui convient. J’ai arrêté d’attendre. Elle n’a sûrement jamais eu l’intention d’attendre que je me réveille, c’est son genre. Quelle belle attention quand même! Me laisser des fruits qu’elle me sait incapable de manger! Je préfère autant patienter pour mon dîner, qui de toute façon arrivera dans pas très longtemps, froid comme d’habitude à 11 h. Il est 11 h 02 et voilà Carole, l’infirmière en stage qui n’a toujours pas appris à cogner avant d’entrer, arriver avec mon plateau. Elle s’avance pour installer et soudain, elle lance un cri ma foi horrifiant. « Quoi ?», dis-je. « Mais il y a votre mère, là, d’évanouie! », me répondit-elle en m’indiquant le sol à gauche de mon lit. Ma mère était donc là tout ce temps, mais je ne pouvais pas la voir!


L’intrus dans la chambre Gabriel De Blois

Qui pouvait-elle être, pour entrer dans ma chambre, avec ce plateau plein de fruits, car tous les midis c’était la même histoire? Vers onze heures du matin , je sors avec mes deux agents de sécurité, car je suis considéré comme étant très violent ( après avoir tué ma femme et mes deux fils .) Puis par la suite je me rends dans un local où je peux parler avec les autres malades. Je ne sais pas trop pourquoi, mais nous ne nous parlons pas souvent, en fait je ne sais rien d’eux. Après une bonne heure, nous pouvons retourner dans nos chambres. C’est à ce moment que je découvre le plateau de différentes nourritures, il n’attend que d’être mangé. Au premier coup d’œil, je refuse toujours de le manger, car après tout, je ne sais pas qui a mis ce plateau-là, mais je finis toujours par le manger par gourmandise. Environ une fois par deux semaines ou trois, je découvre une lettre qui me dit :

Bonjour Ron, J’espère que tu passes du bon temps dans cet établissement, je te laisse ce pot de fleurs comme à tous les trois semaines. Jeanne XXX

Au même moment où je finis la lettre, je vois cette femme aux yeux bruns et aux cheveux frisés, qui me regarde, avec un grand sourire, comme si nous nous connaissions depuis bien longtemps. Puis, je reste debout à côté de mon lit à essayer de trouver qui elle peut être à toujours venir me voir. Puis après un certain temps, elle finit par partir. Aujourd’hui, j’ai donc décidé de demander à mon médecin qui était cette femme qui venait toujours me voir. Il m’a dit d’un air habitué, que c’est ma femme, mais que je m’en souviens plus parce que j’ai de gros problèmes de mémoire. C’est pour cela que je reste à cet hôpital.


Un accident oublié

Elle est venue me porter mon plateau de fruits tout mûrs et bien juteux. Les repas à cet asile n’étaient pas très nourrissants et pas très variés. Des patates et de la viande. Pourquoi suis-je ici? Je n’en ai pas la moindre idée. Je suis donc prise dans une chambre au plancher froid et sombre, grouillant d’insectes qui m’empêchent de m’enfuir. Pourtant, à chaque lundi j’avais ce fameux bol de fruits. Seule ma mère venait me les porter quand j’étais toute petite.

Chaque jour est pareil. Je suis fatiguée de ces journées interminables, mais, un jour, je décide de partir à la recherche de ce bol. Le dîner est le parfait moment, car aucun scorpion ne nous accompagne jusqu’à la cafétéria.

Quand le dîner arrive, je m’enfuis. Je pars à la recherche de la salle des documents. Ça n’a pas été trop long. Juste à tourner à droite avant la cafétéria et tu y es. Je tourne la poignée avec délicatesse et je pénètre dans la pièce. C’est une salle grandiose avec plein d’étagères et le nom de chaque patient. Je cherche le mien en parcourant quelques étagères et je finis par le trouver. À ce qu’il dit, j’ai eu un accident de voiture dans ma jeunesse et j’ai complètement perdu la boule. Puis soudain, j’entends des scorpions qui grouillent dans la salle. Je ferme tout puis je réussis à m’enfuir sans difficulté.

Mais une tempête fait rage dehors. Je décide donc de m’établir dans une cabane dans la forêt. Le lendemain, j’ai eu une envie de manger au plus vite! Je donc de continuer à marcher. Tout à coup, une voiture s’arrête à côté de moi et le chauffeur me demande d’embarquer. Sans contestation, j’embarque. Il me demande ma destination. Je lui réponds à l’hôtel le plus proche. Le chauffeur me conduit donc à l’hôtel le plus prêt. Il est majestueux.

Tout de suite en rentrant les scorpions me donnent une chambre. Étrangement le sol est froid et un bol de fruit trône sur une petite table à côté de mon lit. Je n’ai aucune idée d’où il vient, mais demain je pars à sa recherche.


Madeleine Louis me proposa un verre de thé bouillant, j’acceptai avec plaisir. J’observais Louis me servir…Diable qu’il avait changé depuis ma dernière visite, il avait un air misérable et livide, son teint était grisâtre et il tremblait frénétiquement. << Mon cher, êtes-vous malade? >> J’avais posé la question en douceur. <<Mais, non…Non!>> s’exclama-t-il, puis ramassa la théière et la porcelaine. Il sourit faiblement et se réfugia dans la cuisine. J’étais un peu vexé par son attitude, il était pourtant toujours calme et respectueux. Une tempête s’affolait dehors et des éclairs faisaient rage, l’horloge affichait huit heures et j’attendais toujours mon ami. Je me levais et trottinais dans les sombres couloirs où s’affichaient d’immenses tableaux d’œuvre d’art. Je montais les escaliers en marbre, puis infiltrais ma tête par la porte de la cuisine…Personne. J’appelai Louis, aucune réponse, seulement mon écho qui frappa les murs du château. <<Louis?>> toujours rien. J’inspectais l’entrée, le salon, le bureau et la chambre bleue. Le domestique était introuvable. Je regardais l’horloge, angoissé et piétinais lamentablement sur place. Un coup de tonnerre, sursautant je pénétrais rapidement dans le couloir, j’étais trop seule, j’avais peur et je pleurais. Je passais devant la porte de la bibliothèque, puis m’arrêtais. Une faible lumière brillait par la fissure, je m’approchais et un faible sanglot résonnait. Je claquais la porte ouverte. Mon souffle coupa court, j’étais glacé, pétrifié par l’horreur, des perles de sueur glissèrent sur mon cou. Un haut-le-cœur frissonna mon corps, une odeur atroce de chair et de sang chaud flottait dans la pièce. Des cadavres de femmes inondaient le sol, les yeux clos elles baignaient dans un lac mortel. Des sanglots amers attirèrent mon attention, Louis, accroupi dans un coin, se berçait lamentablement. Je courus dans sa direction, m’élançais misérablement dans ses bras. Je tremblais-ce fût peut-être le souffle glacé de Louis ou que je délirais sans arrêt, je tremblais. Puis, il piégea mon visage entre ses paumes fermes, caressa mes cheveux et ses yeux malheureux m’observa, horrifié. << Ma belle Marguerite, tu serais la prochaine>>


Chahaya Saleha - Arnaque affective Elle se leva et alla répondre. À sa grande surprise, personne n’était là et la banlieue était aussi calme qu’à l’habitude. Un peu troublée, Françoise regarda par terre et vit une enveloppe. Curieuse, elle l’ouvrit. C’était l’écriture de son mari. Elle avait si hâte d’avoir des nouvelles de lui qu’elle n’avait pas remarqué que l’enveloppe ne portait pas de timbre. S’assoyant sur la galerie, elle commença sa lecture : «Chère Françoise, Je t’écris pour te remercier de tout le support que tu nous as apporté pour notre voyage et pour l’accueil que tu dois être en train de nous préparer. Je sais que tu nous attends depuis trois jours, mais nous arriverons ce soir, c’est promis. Les enfants aussi ont hâte de te revoir. Ton mari, Gérard» Puis elle entendit un bruit de verre cassé. Elle se précipita vers la porte, mais elle était verrouillée. Troublée, elle courut vers l’entrée secondaire par le chemin le plus court. Elle la trouva aussi verrouillée. Pour elle, qui pensait encore être seule sur la propriété, c’était étrange que les portes se verrouillent toutes seules. En faisant le tour de la maison pour chercher une issue où se faufiler, elle trouva une fenêtre grande ouverte qui donnait sur une chambre inoccupée, au sous-sol. «Quelle chance» se dit-elle en se laissant tomber sur le lit, car la fenêtre était très haute. Elle courut vers la porte de la chambre, qui était – vous l’avez deviné – verrouillée! En fait, elle était probablement bloquée par un objet volumineux placé derrière, puisque la poignée tournait. Sachant que la fenêtre était trop haute pour sortir et que la porte était bloquée, elle cria : «Gérard, ce n’est pas drôle!». Pour toute réponse, elle entendit un rire moqueur au rez-de-chaussée. Sur le lit de la petite chambre, il y avait une enveloppe sur laquelle il était écrit : «À lire si tu veux comprendre». À l’intérieur, elle trouva une copie carbone d’un plan détaillé de cambriolage où son mari lui subtiliserait 60% de tous ses biens. Il y avait aussi une note de Gérard : «Je ne t’ai jamais aimée», écrivait-il. «J’ai passé dix ans de ma vie à te mettre en confiance, à monter un plan et à le mettre à exécution. Les enfants, le voyage, tout n’était qu’un plan pour te cambrioler. Et ça en valait la peine : 60% de tous tes biens C’est tout, sauf la maison et un vieux réfrigérateur pour bloquer la porte de cette pièce… Et c’est aussi une dizaine de millions de dollars faciles à gagner, mon salaire pour les années pass.es en ta moche compagnie.» Elle entendit un camion démarrer, puis un autre. Elle les vit passer par sa fenêtre, puis termina sa lecture : «Je réalise à quel point on peut prendre, quand on est aimé et qu’on déteste.»


Daniel St-Jean - Le silence tueur Deux mois, était aussi le temps écoulé depuis la triste mort de sa femme. Avec moi et le domestique seul, la maison était très silencieuse, mais c’était plutôt un silence attrayant et en même temps triste. Tout à coup, j’entendis des chants d’oiseaux mélodieux qui changeaient toute l’atmosphère du château. Quelques minutes après, des éclats de fusil se faisaient entendre et les petites bêtes volantes partirent. J’étais descendu pour voir le tireur, mais en chemin je fis une rencontre avec un pian majestueux de couleur noir. Moi, célèbre pianiste et chef d’orchestre, me préparais pour y jouer une petite mélodie. Première note fut un échec total, aucun son n’est sorti. Par plusieurs reprises, rien ne se produisait. C’est alors que j’ai remarqué que les cordes étaient coupées. Érik arriva enfin, mais je ne lui avais pas parlé du silence mystérieux qui s’était installé chez lui, pour ne pas être impoli à son arrivée. Nous avions parlé beaucoup et il était bien temps de se mettre à table. Mon ami et son domestique étaient très étranges, à chaque rire que je poussais, ils avaient un air de meurtrier. Pour ne pas m’en préoccuper, je me tus et mangea ma marmelade. Après de longues conversations, nous faisions retour à nos quartiers. Le silence devenu hostile me força à faire une escapade pendant la nuit. Par hasard, je tomai sur le cimetière familial. Ce qui était troublant, c’était que ses parents et sa femme n’avaient pas de pierre tombale. Le lendemain, en espérant que personne n’ait remarqué ma sortie nocturne, j’allais déjeuner. Ils me regardaient avec un air hostile, selon moi ils m’ont vu hier soir. <Je dois me rendre aux toilettes> dis-je avec inquiétude. Il y avait une odeur qui empestait rendu à ma chambre. C’est alors que j’ai vu la bibliothèque ouverte. J’y pensai deux fois, mais je rentrai à l’intérieur. En cherchant d’où l’odeur provenait, je rencontrai une porte. Je rentrai, mais la porte se ferma derrière moi. Une salle insonorisée, mais remplie de son. J’allumai mon briquet et me trouvai face à six cochons et trois tas d’os. Les cochons avaient mangé les cadavres, mais c’était probablement sa femme et ses parents. J’avais commencé un feu, sur le tapis hideux, pour y détruire son silence joyeux. On savait tout les deux que je serai mort avant même le soir, mais il ne savait pas que son automobile était à sec d’essence et que sa maison serait brulée pour enfin qu’il meure de faim, car son silence devait être loin de tout.


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