la plui

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fred griot

la plui


et maintenant là seul et tou autour et depuis toujours que ça et pas possible autrement

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• toujours les mouvements ainsi vont et butent — épuisement élan — dan ma cabane seul où épuiser coucher gribouiller — entre le mouvement d’élan de partir sortir gribouiller — et l’épuisement de marcher encore la recherche de silence la parole roule et ne peu tou dire va et bute — toujours les mouvements ainsi vont et butent

• toujours les mouvements ainsi vont et butent à la fois épuise et cela creuse à la fois épuise et cela bute parl parl monte à la fois parl parl se perd l'épuisement par le dire dan le dire du dire marchant dan la lande l’épuisement de marcher dan la lande encore — les cercles devenant peu à peu plu petits — l’épuisement encore l’élan de l’épuisement encore l’épuisement encore de l’élan encore

• la cabane d’abord nue les ustensiles essentiels 1 lit simple 1 seau pour chercher l’eau dehors souvent gelée 1 lampe à l’abat-jour de fer blanc et à la forme d’assiette retournée 1 table en bois rustre avec plan incliné 1 poêle en fonte noire quelques ustensiles pour se nourrir 1 ou 2 casseroles quelques couteaux fourchettes 3


verres simples des cagettes en bois pour les patates et l’ail quelques couvertures 1 sac de couchage 1 fauteuil fatigué 2 chaises extrêmement simples et récupérées 1 banc 1 sac 4 murs en pierre murs presque nus partout 2 fenêtres l’une sud l’autre est pour la lumière au levant nord et ouest aveugles terre autour trempée et plate au premier abord nom des terres terres froides

• seul dan la maison maison pour gribouiller ce soir-là oui seul seul dan la mai c'est ça c'est dan le froid froid dehors la table devant la fenêtre le froid intense c'est ça le froid intense la table par la fenêtre dehors dehors dan le champ soleil et là sur verte piqué ça là kokeliko rouge croix noire luisante croix noire là au milieu de la fleur fra la fleur fragile luisante et rouge dan le champ sous le soleil là dehors devant la fenêtre dan la maison pour gribouiller c’est ça

• oui dan ce que tu vois par là dan ce que tu par la fenêtre oui et la lumière qui là oui entre par là oui à flot par là oui la lumière et c’est tou pas autre chose à dire pas autre chose

• oui parce que là imagine dan le là imaginé parce que là sur la fenêtre là devant imagine sur le rebord de la fenêtre la vue glisse rebord de la fenêtre qui là déjà

• il serait temps oui lorsque la lumière sur 4


la passe quan oui il serait temps que quan la lumière oui la lumière oui lorsque la lumière par la passe passera oui

• lumière par couleur temps

• oui la lum la lumière qui par la passe soudain et soudain baigne laiteux brume que je marche tiens encore lui je encore lui comm sans moi encore parlant et cette lang encore aussi de plus en plus povre me semble lang de lambeaux peu de mots lang de plu de mo de tou povre de mo de silence mais sans plus encore de mo pour silence de rien de rien du tou de de plu de mo encore trop je marcherai dehors dehors encore respire respire un pied devant l’autre encore encore et là par la passe je

• élan épuisement montée et épuisement oui monte et retomb toujours sort incroyable ça sort monte surgit et puis o

• mo mo mo quel mo mo presqu'équilibre c’est quan jailli quan le spasm de parol quan la parl

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• ça vient de là je crois je l’entends d’au fond là d’où ça vient monte essaie vient de là où ça vibre tripe ça vient de et ça monte oui oui quelque chose disparaît et c’est comm ça montait aussi

là ça là si

• juste oui au juste oui qu'est ce au juste au juste oui à vrai dire de la lang pressée jusqu'à fission peut-être venue coulant sans arrêt sans pensée venue coulant sans arrêt sans pensée sans changer un mo qui ne pourrait être autrement parce que oui c'est ça

• oui encore dire encore et là dehors ce qui là par la passe soudain cette lumière là qui soudain oui arrive passe passe par la passe oui là soudain o

• je sortirai enfin le autour de moi tou lumineux quand arrivera dan là autour tou les jours quan quan quand arrivera là autour tou tou les jours quand arrivera dan là autour tou les jours ce qui dan là autour ne manquera pas • qui est le point de commencement le point de partir sur le point de

• dehors dehors marche

• c'est toujours comm ça que ça commence je 6


sors marche marche dehors dehors comm ça je sors toujours ça commencer et puis une fois commencé à continuer à continuer continuer continûment impossible faire autrement je sortais ce jour-là ça a commencé comm ça ça a recommencé comm ça cette énergie élan qu'il faut pour commencer non pas commencer dan dedan dehors mais cette énergie qu'il faut pour commencer là ici sur dan sur làdedan ici qui court qui me fait courir que je cours après que je cours ainsi depuis depuis o cette tension cette tension vers toujours vers je sortais donc ce jour là ça commence toujours ainsi je sortais la ligne du sentier descendant dan les herbes vertes descendant vers la fin à moins que montant pas d’importance et le vent la plui marcher marcher tou les jours comm ça comm ça pas possible

• la plui va comm marche comm marche sous la plui je marche

• avec les choses devant autour tout autour avec les choses là qui me avec les choses on entends les choses qui avec les choses oui avec les choses devant autour tout autour les choses sont si petites les choses sont si puissantes devant tout autour je vois avec les choses les choses me pénètrent les choses tout autour autour me traversent avec les choses il existe ce momen il existe ce momen où on voit les choses

• les choses

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• les choses vont avec les choses viennent

• les choses avec les choses vont les choses avec les choses viennent les choses avec les choses encore les choses avec les choses autour tout autour les choses avec les choses qui me transpercent les choses avec les choses qui me parlent les choses avec les choses qui me font mal les choses avec les choses qui me traversent les choses avec les choses qui les choses avec les choses qui les choses avec les choses qui les choses avec les choses qui nous parlent les choses avec les choses qui les choses avec les choses que je n’arrive pas à finir et qui pourtant sont avec les choses parmi les choses qui me oui

• oui les choses tout autour qui me qui me transpercent et puis les choses au dedan qui me poussent les choses dan le dedan qui me bouleversent les choses au dedan qui me bouffent les choses au dedan qui me tournent me gambergent me tournaillent les choses qui me fatiguent les choses qui les choses qui me nouent les choses au dedan qui m’usent l’os du crâne on entends les choses comm ça on entends les choses comm ci on entends les choses et les choses nous entendent peut-être aussi on voit les choses on entend les choses et les choses tout autour sont les choses tout autour sont pour nous des les choses tout autour et nous tou petits les choses tout autour au dessus de nous et nous tou petits nous si petits nous au milieu là des choses pas grand chose

• et on ne sait pas si les choses avec les choses qui vont avec les choses du dedan avec les choses qui viennent avec les choses du dehors on ne sait pas si les choses 8


vraiment

• les choses vont avec les choses viennent

• les choses vont avec les choses viennent dan l’ombre ou la lum dan le trou de lumière les choses vont avec les choses viennent et on ne sait pas on ne sait jamais vraiment et pourtant les choses parfois on ne sait jamais vraiment si dan le trou de lumière et pourtant elles nous transpercent elles atterrissent parfois elles rentrent sereines des évidences alors dan le corps la pense sereine

• dan la pense sereine devant l’hiver dan la lande dan le froid dan ma cabane devant l’hiver dan les cercles peu à peu plu petits autour de ma cabane dan la plui froide depuis plusieurs jours la plui floc la plui flic la flotte qui flic floc la flotte qui flaque devant la fenêtre et tout autour de ma cabane avec la pense sereine et toutes les choses qui sont entrées dedan les choses dedan maintenant et dan les cercles autour de ma cabane mains dan le dos mains jointes dan le dos mains grosses mains aux paluches calleuses aux veines grosses mains dan le dos à marcher marcher autour de ma cabane en cercles partir devant un jour partir derrière un autre jour partir à gauche à l’ouest partir à droite à l’est que 4 possibilités de toute façon partir marcher marcher avec toutes ces choses dan la tête toutes ces choses dan la pense toutes ces choses dan la pense dan mon crâne avec la plui froide depuis plusieurs jours maintenant la plui qui marque le sol qui tâche le sol la plui qui marque le temps la plui qui marque le ciel le ciel gris quelques rayons de lum tou de même qui éclairent les 9


choses les choses devant les choses derrière les choses à gauche à l’ouest les choses à droite à l’est les choses dan mon crâne que je balade avec moi les choses qui peu à peu marchant marchant s’épuisent puisent puisent s’épuisent les choses qui décantent peu à peu marcher qui épuise les choses peu à peu marcher qui décante les choses peu à peu les choses peu à peu autour tout autour de moi de ma cabane les choses tou dedan tou dedan moi de moi alors soudain plu claires calmes sereines moi serein soudain dan les choses sereines enveloppe déchirée soudain dehors dehors marchant marchant oui

• peut à nouveau sans la pense tournant marcher marcher comm si comm si de nouveau air lumière ouver c'est ça

• les choses passent et moi je me promène les choses passent sur la droite sur la gauche et les choses approchent devant moi parfois loin petites elles approchent peu à peu et je me dis o à peu près 2 heures de marche ou plus si je m’arrête environ 2 heures et je serai là-bas là-bas loin là devant oui bien 2 heures surtout si je m’arrête un peu surtout si les choses me jouent des tours surtout si les choses là là-bas devant sont en fait plu loin qu’il n’y paraît si les choses ne sont pas là en fait où je pensais si les choses fuient si les choses ne sont en fait pas des choses et la plui encore toujours la plui toujours la plui et les herbes trempées qui trempent mes godasses mes godasses trempées qui tracent sillon dan les herbes trempées les herbes vertes gouttelées de plui et làbas là devant pleut-il là-bas o oui 2 heures je pense et j’y serai si les choses ne me jouent pas des tours et ma cabane sans doute loin derrière maintenant oui me retournant voyant cabane là maintenant petite toute 10


petite cabane où là-bas sous la lampe je reste des heures à sous la lampe mais là maintenant marchant marchant et les choses se rapprochent les choses quoi les choses tou les choses qui passent les choses en fait immobiles presque immobiles vivantes moi qui passe avec les choses qui sont là et moi passant je va d’un pas à l’autre je va oscille d’un pas l’autre je vers d’un pas l’autre buste penché en avant moteur d’un pas l’autre le déséquilibre pour d’un pas l’autre tomber sur mes pieds le pied porteur qui est le pied moteur le pied qui me porte qui est le pied qui pousse jusqu’à ce que je retombe sur mon autre pied et ainsi un pas un autre ainsi de suite un pas un autre d’un pas à l’autre je va je vais je viens je vont j’éloigne m’éloigne je loigne le long du sur le côté où les choses sur le côté où les choses sont c’est tou et pas autre chose

• marche et les choses viennent elles passent sur le coté devant et derrière elles passent dedan aussi elles passent surtout dedan aussi elles vont viennent elles vont avec les choses viennent elles passent mais elles ne font pas que passer elles restent à tourner souvent la plupart du temps même elles tournent en rond elles tournent comm sur des virages relevés elles tournent dan un vélodrome à pleine vitesse elles tournent sur l’os du crâne je crois en tout cas je le sens parfois comm ça elles tournent parfois un emballement parfois un épaississement central de la pense un emballement qui creuse l'os du crâne un épaississement central de la pense par emballement par circonvolutions tourna tournage cycla cyclique par emballement 11


emballement de la pense qui creuse l'os du crâne jusqu’à épaississement épaississement central jusqu’à as asphyxie un emballement to toxique c’est sûr c’est moi je produis ma propre fatigue qui ma propre usure je crois alors alors je marche cela décante tou cela cela apaise tou cela cela aère tou cela cela repose tou cela

• les choses et les gens oui autour les gens aussi il y a des gens aussi autour des gens qui marchent aussi des gens qui ne font rien des gens qui me regardent des gens que je regarde des gens qui me des gens qui vont et viennent qui vont et viennent comm les choses et les choses avec les gens portent un regard sur les choses qui vont viennent c’est un grand branle-bas de choses et de regards un grand chambard de choses et de gens qui vont viennent un grand flux un grand remue un grand courant un grand passage un grand mouvement un grand échange un grand reflux un grand passage un grand des gens devant les choses des gens dedan les choses des gens à travers les choses des gens soumis aux choses des gens dégagés des choses non impossible chose d’être dégagé des choses des gens qui ma qui mar qui marchent des pas des papas des pas à pas des à peu près pas et tou les gens immobiles presque immobiles tant est que possible d’être immobile impossible chose des gens assis assis sur les terrasses assis sur les rebords de fontaines assis dan les bus les autobus les metros les autos les trains les trams

• silence

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• je marche la plui les cercles autour de ma cabane aujourd’hui sorti derrière au nord sorti et longe les voies aujourd’hui pour commencer puis les champs et les arbres les arbres la plui la plui sous les arbres et que dire de plus que dire que impossible dire là encore plus impossible voie là que dire là encore impossible voie et dan l’impossible voie encore l’impossible dire là encore plus à quoi sert là le pauvre le pauvre dire impossible à peine sorti à peine sorti là de la gorge à peine et déjà bourré d’énergie mais d’impossible aussi là dan la voix ou cri

• impossible là dan la marche et ailleurs de dire encore oui plus que dire alors poussé à dire là encore plus continuant continuant impossible faire autrement

• je pars devant au nord je quitte donc le gris quitte je quitte les fumées les cheminées le gris je quitte le fleuve gris la pierre sale la brique rouge je quitte le trop de monde et le monde trop sur le bord du chemin d’abord le petit chemin 13


qui démarre comm ça au bord démarre au bord des voies et d’abord les voies les wagons bâchés verts orange gris les wagons containers rouges orange jaunes les locos les ponts les échangeurs les hangars à ferraille rouille le fleuve le ciel ensuite les buissons les arbustes les arbres puis les prés carrés les champs carrés marron beiges les champs labours gras bordés de chemins verts étroits chemins d’herbe des pistes des tracteurs trous d’eau huile ensuite après les champs carrés labours la forêt le début de la forêt les arbres et les arbres et les arbres encore

• encore dehors dehors marche après les voies les champs les arbres les arbres encore oui mes cercles tout autour de ma cabane marcher encore droit devant marcher et marcher encore continuer continuer encore

• l’automne la lum rasante la lum plu faible le froid arrivant le vent plui le vent puis la plui le vent puis la nui vite assez forte tenace la nui tombant le dernier soleil rasant jaune rasant oui tombant le dernier soleil piquant piquant juste éclairant le haut des maisons les faîtières et la nui d’hiver la nui tôt la nui qui avance sur le globe la nui froide la nui automne la nui qui court sur le globe arc d’ombre pogne d’ombre coupelle d’ombre avance sur la terre recouvre les champs les prés les arbres mon chemin la nui qui me recouvre qui la disparition de la lum de la lumière dan le creux du chemin d’abord sous les arbres d’abord le soleil rasant blanc encore là-haut violent encore 2 secondes ce soleil que je préfère blanc violent piquant rayons horizontaux drus crâmant les pupilles soleil de soudure et la nui qui arrive recouvre les champs d’ombres déjà noirs d’abord le ciel

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encore bleu sombre profond découpé entre les arbres et le vent la plui toujours tombée dan la nui d’automne la lum d’automne la lum d’hiver bientôt acier froide perçante froide puis le ciel noir bleu le ciel où nuages blanc le ciel noir bleu là sur mon chemin tout autour au-dessus je continue je

• je va viens je va droit devan je va et le le chemin longe le chemin va dan l’ombre maintenant la nui les loupiottes allumées au loin les loupiottes des maisons des gens des trains des trains filant rwaaaaaa wagons éclairés visages éclairs trognes tronches tarins vis visages pifs yeux blaires ébahis brefs par les fenêtres dan la nui sur le bord de mon chemin je va viens je pense depui mon dedan en marchant je marche en pensant dan mon dedan et les penses peu à peu saoulées fatiguées épuisées calmées je pense dan mon dedan et va dehors de mon dedan à mon dehors marchant

• je va viens — toujours les mouvements ainsi vont et butent — je pars et pui j’arrête je pars et pui j’arrête avant je pars mais j’y retourne tou les jours dan le noir profond nui dan le noir profond nui après le jour descendant le jour d’automne noir descendant vite là sur là la petite boule bleue d’eau et de terre bleue là où marchent je va et profond bute je vais et dedan va je viens et dehors bute je va et dedan vais je vais et dedan bute je viens et dehors va je toujours va et bute je toujours bute et vais mais je toujours va toujours encore toujours toujours

une

marche

une

forme

un

aller

l’on 15


puisse se heurter un dire un aller dire qui se heurte un aller qui sait se heurter un aller dire qui sait dire le heurté un aller dire qui laisse qui laisse dire qui laisse se dire qui laisse se dire les choses les choses comm elles sont dan leur épuisement élan dan leur bute-va

• dan l’aller dire laissé alors peut-être le sens couché dan la pâte dire lang le sens alors peut-être alors de lui-même suinte de la matière maléée malaxée peu à peu organiquement rythmiquement organisée émerge enfin quan tou se passe bien pas souvent le sens le sens quoi le sens où le sens dan le sens vers le sens dedan et la parol dedan le sens où le sens plu le sens non le sens rien je ne sens plu le sens ce qu’il fout dan la parl je ne sens plu c’est une autre histoire une histoire qui n’est plu de sens maintenant c’est une autre histoire qu’une histoire de sens tou ça cette parl qui m’accompagne en marchant c’est une autre histoire une histoire de matière de corps dan la matière c’est une autre histoire la parol est dan le corps le corps dan la parol ok une histoire cette petite parol qui avec moi en marchant oui qui ce n’est plu une histoire sur quelque chose mais ce quelque chose là lui-même maintenant qui est là dedan

• cette chose là qui est là-dedan c’est cette chose là qui pousse maintenant en elle-même dedan alors le sens quoi le sens quel sens rien quel sens là marcher avancer comm ça dan les labours gras les mains dan le dos l’air froid piquant humide le vent quel sens vivre de marcher là comm ça dans les labours la boue juste comm ça suffisant

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juste comm ça serait suffisant

• sous les arbres la nui presque la nui recouvrant à travers les arbres bleu profond la nui tomb froide froide froide le bleu noir et les branches noires après les champs donc labours donc les arbres donc disparaissent dans le profond noir

• marche encore m’enfonce dan le profond noir le sentier se perd peut-être en tou cas j’avance encore m’enfonce dan la forêt encore et disparais là-bas là-dedan au loin au noir entre deux rangées d’arbres qui se referment au loin au noir et marche encore sans doute qui sait peutêtre retour aux hangars aux voies aux ferrailles rouilles à la cabane est-ce que cela a seulement de l’importance aucune importance sans doute de le savoir à marcher ainsi et me perdre ce soir-là dan toute nui sous la lune la plui ce soir là à errer et naviguer ainsi encore sans cesse peut-être jusqu’à cesse tout à fait sans doute un jour

• voilà déjà à peine partie l’histoire déjà presque arrêtée mais l’histoire c’est quoi l’histoire est-ce la marche l’homme — et le décor la plui au fond — ou bien l’histoire c’est la plui aucune importance d’encore raconter là peutêtre aucune importance juste comm ça serait suffisant marcher

• silence

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• je marche marche la plui les cercles autour de ma cabane aujourd’hui sorti encore à gauche à l’ouest sorti et refrain des points cardinaux toujours que 4 possibilités de toute façon partir et passe par d’abord le fleuve longe pars donc à gauche à l’ouest et remonte le fleuve aujourd’hui c’est décidé je file par là aujourd’hui par là-bas marcher et donc le fleuve longe

• matin je démarre la plui la nui encore quand je démarre les tou premiers pioupious dans les arbres les sifflets d’avant la lumière les sifflets d’encore la nui les sifflets de l’heure la plui froide sur les traînes de brûme d’avant le soleil je démarre avec ma petite lampe poche mais je sais que le jour va venir le jour vient toujours le jour est toujours venu c’est encore la nui quans je démarre mais ça n’est pas grave le jour va venir ce n’est pas pareil quand c’est la fin du jour et que tu marches encore parce qu’alors là ça va être la fin pour marcher ça peu même être la merde pour marcher car même avec une petite lampe où voit plu où l’on met les pieds on voit plu où l’on va on peu plu marcher à vue et que c’est beaucoup plu angoissant en tou cas quan on marche seul que 18


de marcher la nui avant le lever du jour car alors on sait que le jour va se lever qu’il s’est toujours levé qu’il devrait normalement encore se lever ce jour-là à moins que

• toujours est-il qu’il s’est levé ce jour-là après les pioupious comm un silence peu à peu dan l’aube sur le fleuve le fleuve qui fume et je tu t’ai trouvé là-bas au bord du qui fume tu es là comm souvent tu es là assis et tu regardes vers tu es là devant le fleuve qui fume tu rêves je vois et tu regardes vers

• jour où remue silence dan le passage entre oui jour où remue oui car dan le parl avec toi parl avec toi toujours oui comm avec toi jour où remue jour où remue silence car dan l’entre toujours oui tu regardes et vers je ne sais où tu regardes vers dan l’entre dan moi devant parl avec toi oui de tou avec toi du fleuve devant remue l’eau noire oui parl avec toi mais pas toujours dan le évident de parler oui laissons là oui le fleuve noir là devant nous remue parlons parlons oui car ce jour où remue silence comm ce silence du remonte silencieux fleuve noir car pas toujours évident oui de comprendre de t’entendre de te oui là devant l’eau remue le remonte des herbes des feuilles noires pourries humides trempées oui là devant le remonte tu me parles et je ne sais vers où tu regardes vers oui et je sens là que ça remonte dan le poss dan le pas poss dan le pas possible dire je ne sais pas vers tu regardes où oui oui où tu là dan ce pas possible fleuve noir profond coulant lisse là dan ce parl que tu veux me dire mais où tu me regardes je 19


tu veux me dire et là tou les deux le fleuve noir on regarde et pourries les feuilles l’herbe au pied humus remonte sur le fleuve l’odeur et tu veux me dire où tu regardes là oui là devant le fleuve où pourries remonte et le ciel noir et nuages où tu veux me dire mais où tu regardes où où où tu veux me dire et où je où je regarde là vers où tu où oui j’entends tends mais où tu veux encore me dire où tu tu et je regarde là vers où tu tu veux me encore encore et soudain devant le fleuve le ciel les putains de feuilles pourries qui glissent tu veux me soudain dire et oui je t’écoute oui et tu tu oui je t’entends je t’entends oui et alors tu veux encore tu tu tu regardes et vers là où tu veux me dire tu parles et alors là soudain je crois oui entends j’entends et le glisse le fleuve là oui glisse oui

• tu regardes et vers tu veux me dire me dire là là me poser là me dire là ce que ce que tu me dire là me le poser là devant donner offrir ainsi me le donner me le dire me l’offrir devant le fleuve oui je sens déborde ça ça déborde tu vas me le dire tu vas mais tu oui tu regardes et vers tu tu essaies essaies de me dire là et le fleuve là sous mes pieds en bas poisseux les putains de feuilles poisseuses pourraves en décompose la boue oui tu tu veux me dire là tu veux me dire là un truc ouais oui je sens bien tandis que le que le fleuve lui glisse toi tu tu voudrais mais moi parle parle encore toi vas-y vas-y faut y aller pas peur vas-y fonce devant le le fleuve lui parle glisse vas-y n’aie pas je suis là je t’entends je t’écoute vas-y 20


devant là tu vois tu tu vois je vois que tu que tu regardes regardes et merde je vois tu et merde tu regardes et et vers je vois vas-y feu vas-y fonce dis dis dis on est là devant le le fleuve tu tu peux lance lance toi je pense que tu tu pourrais mais je sais que oui que ouais pas évident ouais devant là comm ça de dire ouais mais je te regarde regarder et vers oui vas-y je pense que on devrait peut-être rentrer rentrer ouais tu crois pas rentrer ouais peut-être non tu crois pas ah non oui devant le ça parle oui tu crois mais alors vas-y dis le va le le fleuve lui coule glisse là devant et toi tu tu t’es là à pas oui vas-y 15 fois que je te dis c’est comm c’est comm quan oui maintenant ce sont les nu les nu les nuaches oui ils courent ça y est alors dis ils courent avec cette foutue lum cette foutue lum de ce halot eh o t’es là oui je vois que tu regardes et vers et vers où veux-tu je sens que

• oui c’est comm quan la lum dedan les nuages passe blanc cela révèle et je sens oui c’est comm tu veux dire oui alors comm tou d’un coup tout est clair pénétré tout est pénétré je suis pénétré traversé et puis tou d’un coup comm si cela tomb ou bien monte mais en tou cas oui cela vient cela descend cela arrive traverse viens t’asseoir viens regarder le glisser tu vois ça fait comm tu vois là elle glisse bien ronde glisse blanche viens t’asseoir un peu viens apaise écoute le glisse le fleuve le glissé du fleuve là contre les bords pourris les en décompose écoute laisse laisse tu vois ça fait comm ça fait comm traverse quelque chose on sent comm si traverse là au 21


milieu ça ça laisse là comm un petit ah un petit frisson un froid mais à la fois plein complètement plein un qui traverse on se sent tou connecté on se sent tou là on se sent tou là au milieu de tou oui vas-y respire assieds-toi oui comm quelque chose qui on se sent là vraiment et tou traversé comm au milieu de tou là ça va tu vois même si tu dis pas c’est pas grave tu vois on est là assis et la lum la lumière là qui sort des nuages vas-y respire oui viens t’asseoir ou on va marcher un peu si tu veux au bord du

• tu veux marcher c’est ça oui ou non tu veux mais dis bordel dis oui ou non tu veux me dire oui je sais tu veux me dire comm si au fond du profond oui comm si au fond du profond là où silence remue où en nous ça tou ça remue oui on entend pour qui veut entendre bien sûr oui je comprends bien là mais tu sais tu peux dire vas-y confiance tu peux j’écoute je fais comm je peux mais pas évident avec toi oui je t’écoute tu veux qu’on marche peut-être plutôt là au bord du fleuve où les eaux remuent où les eaux noires remuent remuantes où oui allez avec toi c’est parfois comm comm quan on veut dire sortir sortir quelque chose oui on sent que là dan le silence remue que dan le silence vient que dan le silence monte que dan le silence pousse que dan le silence naît que dan le silence là que dan le silence oui que dan le silence remonte que dan le silence pousse bourre moue que dan le silence explose que dan que dan que dan viens on va marcher un peu l’air est froid mais viens les eaux noires remuent remontent brassent de gros boas de courant oui mais viens on va marcher là au bord on va remonter et puis on ira s’asseoir viens viens avec toi tu sais parfois c’est comm on est là 22


on est devant on est là à t’attendre on est là prêt à écouter et puis c’est comm si ça allait venir allait tomber là soudain c’est comm si avec toi tu sais oui je t’entends très bien oui c’est vrai ça caille pas mal ouais normal avec ce vent et toute cette humidité là de l’eau qui remonte remue

• tu veux qu’on marche c’est ça oui on peu marcher au bord de oui tu sais tu sais tu sais oui tu devrais enfin je sais pas ouais allez viens relâche détend ouais viens on marche là au bord c’est agréable non moi j’aime bien comm ça j’aime vraiment ces berges ces rivières ces bordures ces frontières ces bords tu vois ça fait du bien de marcher et cette nui là noire cette lumière blanche ce flash lent qui sort des nuages les nuages qui glissent le fleuve qui glisse les feuilles qui glissent la lune qui glisse ça fait du bien de marcher et cette nui là noire comm si au fond du fond au fond du fond du fond du tu sais c’est comm quan parfois on se promène les images passent passent devant les images glissent et l’on se laisse rêver et c’est comm si tou te traversait comm si tou te passait là comm ça au centre au centre du corps et t’es là tout ouvert tu reçois tu comprends tout est là clair évident t’es traversé t’es perméable t’es passoire et tou coule au dedan doucement fluide évident tou tu te sens pénétré tu sens que tou te pénètre tou te traverse que tu es constitué de tou fait de tou appartenant à tou tout ouvert traversé oui c’est ça surtout traversé regarde là le fleuve noir glissant luisant tu sens là viens on va plu parler on va la boucler ouais moi je sens ça me passe au travers ça me passe complètement au travers et toi viens on va la boucler 23


• tu voulais parler tout à l’heure maintenant ça va mieux non viens on va longer le fleuve viens ce n’est peut-être plu la peine de parler ce n’est peut-être plu la peine maintenant je vois bien que tu as l’air fatigué ce n’est peut-être plu la peine c’est vrai on se sent comm ça parfois les choses que l’on veut sortir les choses qui passent que l’on voudraient sortir les choses qui arrivent les choses qui rentrent dedan et que l’on ne peu sortir et pourtant il suffit il suffirait oui comm laisser lâcher les choses que l’on prend en travers les choses parfois sont comm

• oui viens t’asseoir viens regarder le glisser oui tu regardes et vers viens c’est comm si cela traverse

• silence et parti au bord du fleuve parti oui parti je l’ai laissé seul au bord du fleuve fume regardant vers seul de nouveau souvent seul là encore seul mais seul idéal aussi pour marcher je poursuis le fleuve je poursuis le long du fleuve le fleuve gris le fleuve épais le fleuve qui glisse épais le fleuve qui coule épais le fleuve qui descend vers là-bas où le fleuve le fleuve que je suis le fleuve que je poursuis car je sais où il va le fleuve il va à la mer le fleuve

• encore quelques heures et j’y serais là-bas encore quelques heures avec mes penses qui se 24


calment et la pense vers lui l’autre là qui regardait le fleuve avec moi qui a bien voulu le regarder avec moi qui avec moi le regardait le glisser oui le fleuve encore dan son lit le fleuve encore entre les collines encore dan sa vallée mais soudain oui là ça s’ouvre ça semble vouloir s’ouvrir la plui la mer après le fleuve où le fleuve se jette je marche je marche vite plu vite

• on sent la mer la mer qui vient vers où l’on va vite maintenant le vent et le vent et là soudain tac la mer devant énorme un plan en plein bleu parfait plaqué sur le ciel bleu la mer tellement énorme la mer je dois tourner la tête pour la voir toute entière à gauche devant à droite le ciel énorme devant et à mes pieds 1 pas encore et je plonge dan le ciel et la marée basse la marée basse la mer retirée loin l’effluve

• d’abord ciel grand très grand grand vaste gris d’abord la plage d’énormes galets algues et sable et la mer froide furieuse et la plui le vent claque froid où marcher

• oui oui peut-être avait-il raison qui sait finalement peut-être avait-il quoique – les choses sont si si petites elles passent comm ça comm ça et les feuilles mortes et dan le long du fleuve soudain ouais soudain là le fracas bruit souffle oui oui toujours làdessus commence et là dan le long du fleuve soudain ouais soudain là le fracas bruit souffle dan le long du fleuve qui descend là ouais vers le port vers la mer vers l’eau poisseuse et puis plu loin bleue vers la mer bleue d’iroise ouais vers les boats ouais vers les quais ouais vers les docks ouais 25


vers le bas ouais cette putain d’odeur dès que dès que l’on arrive dessus ouais cette odeur là la mer ouais l’ordure les rues crades ouais le musc et la mer ouais la mer la mer ouais voilà et puis descendant là vers la mer descendant dégringolant dan les rues à putes les putes blacks les putes aux grosses jambes ouais vers la mer vers la mer la mer toujours oui me disais-je tu crois pas que je sais pas que et je descend heureux descends vers la mer ouais là-bas derrière les toits ouais vers la mer encore toujours la mer les goélands sur les toits toits de tuiles arrosés avec au fond entre les toits les petites fenêtres pauvres ben la mer la mer toujours je descends je descendrai je descendrai tout à l’heure cette ruelle étroite raide crade avec les putes au bord en bas assises sur les voitures je descendrai tout à l’heure

• les choses sont si petites elles passent comm ça j’ai descendu la rue la rue dégringolée suis passé devant les putains devant les grosses jambes des putains elles montrent assises sur des voitures ai dégringolé là en bas tu et voilà jusqu’à la mer jusqu’au port jusqu’à là le vent là l’odeur là le sel le cailloux là le flux le reflux là le large la vague là la lumière bleue acier là le soleil là la chaleur là le rocher là la mer là la mer là le flux là le reflux là les barques là le sable là les bouteilles plastiques là la merde là là là là là les vagues les algues là les poissons crevés là le bleu vert jaune le blanc le bleu le bleu la corniche quand on passe les choses sont si petites oui et ce soleil cette lumière bleue acier tendue blanche ouais là dan le trouble de la mer le trouble bleu vert les rochers les pneus les sacs les sacs plastiques bleus et toute la puissance de la mer le sel le sel le sel oui et comm comm toujours toujours on marche on marche je marche vers la mer la mer la mer et ce 26


trouble du bleu du vert sur le fond blanc sur le fond vert quan on passe les choses sont si puissantes les choses sont si fortes et les vagues des vagues quand on passe les choses sont si fortes si puissantes et les vagues des vagues des vagues des vagues et souffl et flux et reflux et souffl et souffl et flux et reflux encore oui là quan on passe c’est toujours aussi puissant aussi blanc aussi éblouissant aussi piquant aussi blanc aussi blanc et le sel le sel le sel et la mer la mer on y revient toujours la lumière tendue blanche au trouble de la mer

• oui oui oui mer on y revient toujours ça se retient pas ça impossible retenue on y toujours on ne peu que accoudé à la corniche on voit partir accoudé on voit partir au loin on voit partir au loin les barques on voit partir au loin le regard vers la corniche la mer le flot flot des bouteilles flottant sur le flux on regarde là et c’est comm si passé comm si passait on regarde là les choses aller et venir on regarde loin au loin on regarde les choses flotter on imagine ceux qui sont arrivés là ceux qui ont vu l’arrivée là ceux qui sont arrivés d’autres espaces ceux qui sont arrivés migrants ceux qui ont vu en arrivant la corniche là flottant entre deux brumes de chaleurs sous la lumière aveuglante l’éclat du calcaire blanc lessivé on regarde au loin le regard vague on plisse on regarde dan la lumière blanche aveuglante l’odeur prenante l’odeur prégnante on regarde ce qui vient là-bas de minces filets blancs de minces traits blancs flottant faisant route faisant vers le large faisant route vers le large là là-bas et on regarde on regarde ce vieux sac plastique flotter traverser la nasse traverser l’entrée du port et là grand axe fort rectiligne la jetée et on regarde la jetée les gros bateaux là-bas sur le dock béton sur le dock peinture sur le dock acier sur le dock rouille on regarde et 27


au loin derrière l’axe rectiligne les déchargements sous le soleil on regarde dan cette odeur de silex de béton brûlant de vieux filet de coquillage et de grue on regarde les grues et on se dit que là-bas en regardant au loin on verrait peut-être là-bas de l’autre côté là cette ligne là-bas de l’autre côté est-ce que ce ne serait pas est-ce que ce ne serait pas ça que l’on aperçoit là-bas et on regarde accoudé on regarde on ne se lasse pas de regarder accoudé regarder aller et venir làbas au loin quelques barques et le sac plastique flotter dan l’huile et l’odeur de silex frappe et on regarde on regarde on regarde parle peu regarde d’un même regard vers le inlassable regarde le inlassable continu flux regarde le inlassable ligne làbas le inlassable trait là-bas que deux trois barques traversent on se dit peu de choses on se dit juste que là où le regard le inlassable flot bleu traversent quelques traits traversent et souffle gros vent qui nous balaie gros vent tiède qui nous souffle gros vent tiède qui nous souffle les mèches et les cheveux secs claquant les drapeaux de plage claquant accoudé on regarde là-bas on touche la mer on touche l’eau bleue verte le fond vert ocre les drapeaux de plage on plonge dan l’eau on claque des dents on caille on se marre on se frictionne on court sur les rochers on court à poil les drapeaux claquent et on se remet en marche à main droite la mer toujours

• là où tu veu me dire tu parl et alors là soudain je croi oui entends oui de nouveau nous sommes sur le bord du fleuve ou le bord de mer le bord de ville ou de sentier le bord de route oui nous sommes nous essayons de nous parler nous essayons oui c’est encore cela qui continue oui toujours oui me place oui entre là où tu veu me dire 28


me place et doucement t'entends oui oui doucement t’entends je crois oui je crois parce que ce n’est que croire peut-on être certain non oui là doucement t’entends essaie tends tends vers ça sûrement finalement oui ça qui est important tendre vers vouloir vouloir avoir envie t’entendre avoir envie encore et les choses sont si les choses sont et les choses ouais tu te balades et les images et les choses tu te mets en train de penser et tu te dis tiens elles ont peut-être un sens les choses ouais peut-être elles s’agencent une espèce de cohérence soudain une espèce de grand tou de grand tou ou rien une espèce de grand oui là comm ça tente de t’entendre tente comm si là oui soudain une espèce de grande cohérence tout à coup oui ça tomb comm ça de ces évidences l’évidence rien de plus abrupte à tomber le genre de chose que l’on a toute sa vie toute sa vie devan le pif et que soudain ouais c’est ça et que soudain l’on voit

• là où tu veu me dire oui vois-tu j’essaie oui je comprend bien oui vois-tu là de ces choses bien difficiles à faire et pourtant peut-être les plus intéressantes les plu passionnantes oui vois-tu j’ai vraiment envie et ces choses là qui tomb comm ça l’air de rien là autour de nou autour de vou là de ces chose là criantes soudain comm comm comm oui vois-tu je t’écoute je vois bien que tu tu veux toi aussi tu essaies oui je vois bien c’est là c’est tou là tou contre ça me paraît ouais maintenant ça me paraît évident c’est venu c’est tombé là criant oui évident et les choses oui là autour les choses ont l’air et pourtant au fond des choses au fond des choses oui moi je dis dan l’air des choses on peu on peu voir le fond des choses dan l’air des choses oui il existe ce momen où il existe ce momen où on voit les choses

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• aller chercher aussi autour regarder aussi autour là dan ce qui est autour tou ce que je sens autour là oui la mer le long de la voie ferrée la mer le long des viaducs de la voie ferrée quand on descend vers la mer qu'on arrive aller chercher autour regarder autour s'en aller autour marcher autour sortir un peu autour ouais la mer quand on descend là débouche du fleuve et que soudain surgit quan surgit soudain à la débouche du fleuve là oui en dessous et les viaducs au bord la mer oui bien sûr bien sûr c’est de ces choses ouais évidemment c’est de ces choses là que l’on mais non on ne peu que l’on retient oui bien sûr quan les choses sont ainsi si on descend on dégringuole à toute on débouche du fleuve et la mer sur notre droite toujours elle tient encore elle et on glisse comm ça à toute et longe le oui la mer et au-dessus les viaducs et au-dessus les trains et plu loin là oui à peine plu loin quelque peu sous la perspective là quand on descend à droite s’étend et là sous les viaducs après les docks les ports les bato les docks ferraille rouille trainées de et marques rayures de peinture fenwick camions containers rouges bleus jaunes marques dessus 4 coins du monde COSCO MAERSK K-LINE SEAGIRT MARINE TERMINAL EVERGREEN SEALAND HANJIN HYUNDAI CMA CGM ATLANTIC CONTAINER LINE TEX et béton des quais rayures sur les bords des murs de béton de couleurs de peinture couleurs rayées par les bords des camions qui chargent déchargent le béton des jetées le sel les blocs de rochers protégeant la rive oui tu vois que je regarde je regarde toujours ainsi c’est ainsi que j’entends en regardant je ne me lasse pas de non tu vois je ne me lasse pas de regarder ça comm ça ces bétons jetées ces docks ces raclures de peintures là tu vois ces détails ça veut dire qu’il y a eu un camion qui a raclé là qui a touché là ça veut dire qu’il y a eu un gars ça veut dire qu’il a eu un container peutêtre venant de sanghaï ou terra del fuego ou 30


ou qui a été déchargé là ça veut dire aussi tu vois là ce petit bout de rouge ce bout de jaune sur le béton tu vois moi ça m’émeut moi ça je trouve ça beau ce petit bout de rouge écaillé ce petit bout de jaune passé sur ce béton là abîmé pêté qui a dû o je sais pas d’où venir venir tu vois moi je peux rester des heures là à regarder regarder ma façon d’écouter à moi je pourrais presque regarder les yeux fermés tu vois juste d’écouter de se remémorer de voir ainsi au travers des choses de voir l’air des choses au travers de l’air des chose oui ce quai là cette jetée qui part droite vers le large l’ile de machin ouais tu vois moi ça me fait ouais moi tu vois ces choses là EVERGREEN MAERSK K-LINE SEALAND TERMINAL ça me reste moi ces choses là à la débouche du fleuve là soudain sur la mer les viaducs les quais jetée cette foutue putain de lumière de la mer ces noms EVERGREEN KLINE SEALAND TERMINAL sur ces containers de fer et ces deux petits bouts de peintures là écaillés grattés sur l’angle du mur du béton de la jetée là rouge jaune sur le béton raclés rouille racontant tou

• ouais tu vois-tu comm je vois ciel grand très grand vaste gris un aplat blanc de gris la mer froide furieuse et la plui le vent où marcher

• silence

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• après de retour après dan ma cabane les cercles sans doute un jour peu à peu plu petits un jour sûrement pour l’instant encore marche pour l’instant encore peu pour l’instant encore possible encore enviable pour l’instant peut-être un jour faible je n’aurai plu envie peut-être un jour ce ne sera plu nécessaire plu possible plus envisageable ainsi les cercles autour de ma cabane peut-être un jour tou se passera au fond de ma cabane à plu sortir plu pouvoir plu vouloir au fond de ma cabane sous ma lampe faible petite lampe éclairant juste le coin de planche le coin de bois où je suis attablé encore sous la lampe tremblante le petit cercle jaune de ma lampe et dehors la nui le jour la nui le jour en alternance toujours sans doute toujours et cette plui aussi toujours en ce moment peutêtre toujours qui sait quoique passant en ce moment s’éloignant pour l’instant c’est le grand jour un grand bleu sombre mouillé un bleu mûr derrière la fenêtre un grand bleu froid

• la plui partie arrêtée un front de nuages encore au loin partant avec le vent toujours un front sombre maigre outre-noir barrant le ciel et partant avec le vent découvrant le ciel bleu froid 32


• la plui arrêtée j’attrape mon sac — dedan carte bout de pain fromage couteau tabac feu bout de crayon carnet cailloux bout de ficelle — et les cercles autour de ma cabane aujourd’hui sorti à droite à l’est sorti et là devant la colline là vais aller aujourd’hui vers la colline là là-haut voir là-haut voir de là-haut surplomber de là-haut voir de là-haut nous tou petits j’aime ça

• alors d’abord sur la droite juste derrière la cabane vers l’est le petit sentier à peine ondulant dan les herbes grimpe peu à peu à moins que descendant vers la colline à l’est traverse les champs encore une fois toujours les champs à un moment ou à un autre les champs toujours les champs vastes les champs de champs les étendues de champs les aplats de jaunes les aplats de verts les renflements de bruns en tou cas ça dure des kms à traverser et à monter très progressivement les ronces et les kokelikos encore eux poussés sur le bord enfin tou ça grimpe peu à peu et marche marche encore je je encore une fois le sentier traverse les derniers champs herbes hautes encore mouillées peu à peu plu rases plu drues plu maigres pauvres ça grimpe encore le dos courbé le balancement des épaules le balancement moteur au rythme du pas le balancement lançant le pas puis un autre et un autre trouvant le rythme avançant vite avançant bien

• la colline à l’est le sommet plu proche se rapproche comm un dos une courbe peu à peu la pente plu douce la pente moins raide le sommet large presque plu de pente une sente à peine tracée dan l’herbe drue rase maigre plu 33


d’arbres presque plu d’arbres 1 seul vieux très vieux là-bas là-haut au sommet du dos de la courbe 1 arbre seul je continue pousse jusque là-bas le sommet le sommet large me voilà au sommet le sommet large vaste dégagé et 1 arbre seul là

• en haut de la colline 1 seul arbre arbre seul là vieux noueux 1 pin seul pin noir pinus nigra écorce crevassée sec ou pin d'alep pinus halepensis à moins que pin maritime pinus maritima parce qu’écorce violette argentée crevassée oui c’est ça pinus maritima seul là-haut penché sous le vent

• après assis debout marchant allongé bientôt reste grimper je grimpe je trape je pouille j’attrapouille une branche et en verrou d’coincement d’bras je hisse je houille j’ahane je grimpe en haut de l’arbre trouve une branche confortable m’assieds m’assouille et regarde silence oui car là plu loin encore et de là-haut vois tou de là-haut les choses les bêtes les gens de là-haut regarde oui de là-haut nous petits et les choses les bêtes les gens tou petits à l’échelle pas plus impressionnants que petites bêtes pas plus importants que fourmis pas plus essentiels qu’insectes pas plu vitaux oui de là-haut on décentre on gagne recul on n’est plu là sur notre nombril à tou voir à hauteur d’homme à tout imaginer à hauteur de cerveau d’homme à tou projeter à quéquette d’homme à tou juger à valeur d’homme à tou régir à besoin d’homme à tout échafauder à humanité d’homme oui occupant en notre tête une place si exagérée à côté de celle si facultative qui nous est réservée en réalité dan le vivant et dan l’espace oui de de là-haut vraiment j’aime oui de là-haut comm un calme 34


profond oui de là-haut un recul oui de de làhaut là-haut une façon de voir au-dessus relative d’entendre sentir nous petits d’hommes en bas les aboiements des chiens en bas dan les champs la course des hommes en bas l’illusion en bas de notre impor importance en bas nous en bas avec les choses viennent avec les choses va on va

• on va en bas on va court agités partout on va tou partou on va en bas avec la plui la plui retiree

• oui de là-haut là-haut le ciel très grand devant et même presque dessous entre mes pieds le front de nuages sombre s’éloignant la terre encore trempée sous moi le rideau oblique de la plui le rideau oblique gris blanc de la plui encore tombant là-bas infuse le ciel au loin là-bas vers les champs encore les champs toujours les champs vers ma cabane peut-être là-bas en bas et nous là tout en bas en bas là-bas nous si petits avec les choses on va avec la plui avec les choses avec les chiens les aboiements des chiens en bas en contrebas dan la vallée avec la plui nous et tou le reste tout autour nous au miyeu parmi oui parmi toutes les choses nous si petits là là-bas en bas avec la plui qui passe la plui là-bas rideau gris sur les champs la plui toujours la plui la plui la plui la plui la plui la plui

• et là encore dan mon arbre avec le vent un peu

• silence

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• plu dan mon arbre plu je suis descendu de mon arbre je l’ai abandonné mon arbre je suis rentré à la cabane avec les images de nous si petits en bas les images des bêtes de nous et de la plui la plui s’éloignant là-bas au loin en un rideau de et pui presque aussitôt reparti ça y est inlassable ces temps inlassable marcher marcher toujours les cercles autour de ma cabane marcher sans rien marcher sans but presque marcher sans presque plu de but presque sans presque de plu rien marcher de plu de rien de plu de but de plu de marcher de plu rien de plu marcher un jour

• je marche la plui presque revenue les cercles autour de ma cabane aujourd’hui sorti encore sorti devant au sud sorti et presque de suite tou de suite la lande cette fois la lande nue la lande la lande rien la lande tou la lande foudroyante pour moi la lande pour moi la lande nue

• la lande herbe rase la lande violette la lande bruyère la lande plateau la lande collinée ondulée la lande sans arbre la lande dégagée la lande où marcher à vue la lande ventée la lande maigre nue l’herbe pauvre 36


• ma parl maigre nue ma parl pauvre la lande à cette image pauvre nue ma parl nue dan le corps pauvre le corps criant le corps calme là dan le creuse de mon corps cette parl nue de plu en plu nue cette parl qui me hante cette parl qui marche en moi quan je marche cette parl pauvre pauvre maintenant cette parl de moins en moins de mo cet échouage de la pense dedan moi quan je marche cet échouage et vagues cet échouage de la pense en même temps qu'elle se fait et pousse cet échouage de la parl proche de cette pense cet échouage de la parl en dehors cette parl venant de dedan moi vers dehors venant comm sans moi sans conscience cet échouage en dehors de la conscience cette parl est dedan dedan cet échouage de parl est dedan dedan cette parl et conscience autour de ma tête autour comm une mouche seul point commun entre cette parl et cette conscience cette mouche bourdonnant cet échouage et vagues moi ça me prend ça me marche au dedan me lope me galope au dedan ce sont des vagues des vagues au dedan moi

• le corps marche et le corps en dedan le corps marche en dedan et la pense en dedan roule roule déroule vagues peu à peu s’épuise le corps le corps le corps quoi le corps tou le corps est le corps est le corps tou

• le corps marchant le corps tou le corps marchant dan la lande et à main droite la mer la mer au loin toujours depuis des jours la mer comm avant comm au début le corps comm avant comm au début la pense dedan comm avant comm au début brute peu à peu plu souple la 37


pense calmée la pense marche marche marche

• le corps lande dedan

apaisée

et

marche

corps marche et le corps en dedan le marche et la pense en dedan sur la le corps avec la pense tou le temps en sur la lande

• ici la marche dan la lande la marche dan la lande la pense en dedan la marche dan la lande sans la pense au dedan impossible marche sans la pense au dedan marchant toujours avec ma marche dan la lande et la pense au dedan et puis encore toujours alors parti pas encore peut-être déjà toujours déjà parti marchant ma sacoche en bandouille mes gros habits de froid toujours parti

• après assis debout marchant grimpant tout à l’heure reste allongé marche puis allongé allongé sur la lande la lande tou près de mon oreille la lande sous mon dos la lande sous mes jambes sous mes épaules la lande sous ma tête les cheveux dans l’herbe mousse lichen là dan la lande le lichen vert gris l’herbe verte boutons de genêts tâches jaune violet bruyère bois buis sec tordu genèvrier pierres sèches la lande rase et le ciel au-dessus de ma tête le front de nuages au loin quelques nuages pleins gros filant vite avec le vent on sent le vent comm ça et les pierres la lande sous mon dos les aboiements d’un chien au loin et le ciel grand vaste par où viendra la nui profondeur et le vent comm ça l’effluve encore la mer au loin à main droite sans doute encore quoique invisible de là l’effluve de la mer sans doute vent de mer oui plutôt que vent de terre vent de là l’effluve encore d’algues l’effluve encore un 38


peu moi couché là dos contre terre la lande la pierre l’herbe rase sous mon dos et le ciel vaste par où viendra la nui allongé dans mon lit vert la lumière pleu la lande mousse je ne fais rien parl plu tant est que j’ai déjà parlé ici

• je regarde le ciel c’est tou je regarde le ciel et rêve la pense toute callée bien tassée au fond muette enfin je ne parle plu ai-je déjà parlé d’ailleurs est-ce parler de juste pense n’ai-je fait autre chose que de parler là sans arrêt muet dan la pense là sans arrêt petite voix roulante là dan la pense là soudain arrêtée maintenant là plu de parl rien silence enfin

• pas de plui pas de plui pui plui revient beau depuis un moment puis plui revenue la plui pleu sur mon visage glisse sur la po sur la po du visage c'est tou la plui sur la po du visage c'est tou c’est vraiment tou suffisant

• ne rien dire ou alors dire là encore allongé sous la plui avant que la nui tomb allongé penchant la tête sur ma gauche une grande ombre avance l’herbe de la lande frissonne sous les bourrasques de vent les herbes plient en grandes vagues argentées qui me traversent arrivent sur ma gauche soufflent sur mes cheveux et de suite sans s’arrêter continuent sur ma droite une onde d’herbes argentées courant dératée au raz de l’herbe et la grande ombre sur la gauche avalant la lande petit à petit dire là allongé sous la plui avant que la nui tomb enfin silence enfin en moi silence

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dire là enfin le mo plu de mo et la pense flottée dire là enfin silence dedan dire là et plu que le vent souffle enfin

• tomb alors la nui encore un fois tomb encore une fois une fois encore comm toujours peut-être toujours peut-être rien de moins sûr le bleu bleu sombre le jour sombre dan le bleu bleu mûr de la nui sombre peut-être rien de moins sûr

• je reste là ne pense plu parle plu je reste là encore l’orage sur la po du visage

• reste là parle plu le brui bruissant de la plui sur les bruyères le brui de la plui sec claquant sur les rochers le brui creux mou de la plui résonnant sur ma grosse veste cirée et le plu de lumière maintenant et le froid et le vent et la plui sans plu de mo maintenant je me relève je rentre maintenant je marche marche encore au fond la petite lumière que j’avais laissée à la fenêtre de ma cabane c’est un petit carré jaune lointain ambre vacillant

• je rive j’arrive à ma cabane je rentre transi dan ma cabane dan le silence dan le silence de ma cabane trempé froidi je me désapoil le corps fatigué enfile de vieilles frusques vieilles laines mes vieux habits de marche à séchoir fument sur la seule chaise seule dans un coin

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et le corps dan le corps de nouveau à ma table usée et devant la fenêtre qui donne presque au sud à la lumière presque sud où au coucher du solstice d’hiver la lumière le jour rentre à flot mais maintenant la nui chutée les carreaux noirs la nui collée au carreaux que le vent que l’on devine derrière et le bouilli de la bouilloire au fond dan l’ombre

• dan le silence des jours dan le silence le silence de plusieurs jours le bruit du feu 1 porte 1 bruit 1 seul on entend 1 marcheur on se dit tiens 1 marcheur qui ça peu bien être à c’te heure puis le silence de nouveau et dan le silence le feu qui redémarre il faut qu’il y ait grand silence épais pour que le bruit du feu soit là comm ça et fasse partie du silence un aboiement au loin très au loin un cri d’oiseau très loin très haut sans doute et le silence le silence plusieurs jours

• sous la lampe le petit disque jaune-maigre sur le bois mat de la table sous la lampe le silence tout autour le silence posé sur la po la table qui craque le silence sur la po assis table la parol sourd à nouveau la parol peu à peu couchée la parol là sur la table la parole couchée allongée je plonge ferme les yeux je mets la lang dedan le corps apaisé et apaisé

• la nui dehors la nui bouchée contre la fenêtre il ne se passe plu rien dan la cabane presque plu rien un craquement sous le plancher une souris un insecte peut-être le bouilli dan la bouilloire le vent contre le toi la parole couchée presque éteinte presque

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encore trop de bruit cette parol craque sur le bois sur la table

qui

• là pas plus presque encore trop

• après assis debout marchant allongé grimpant reste mort pas encore trop pour moi ça reste plu que couché que couché peut-être je ne sais pas

• poussé vers la nui écrasé peu à peu vers la nui

• et ce silence soudain

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• qui est le point de commencement le point de partir sur le point de toujours au mêm arrive toujours au mêm mêm fini maintenant tou ça fini presque encore trop et la plui la plui la plui la plui la plui

• silence dernière fois silence

sept 2006 – avril 2007

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quelques notes autour de la plui écrire comme on marche cela m’a toujours habité… (— comme on marche dans la ville, sous la pluie, écrire sans s’arrêter, sans trop penser — rajoutait Duras) parti d’un tout petit bout de texte en prose traînant dans mes poèmes, inutilisables pour eux, isolé… j’ai ensuite juste lancé l’écriture et l’ai laissée courir c’est-à-dire d’abord dans la vitesse, écrit comme sans moi au-delà de moi autant que possible, glissant en avant de la pensée, plus vite à ce moment là, j’écris peu à la fois, mais finalement assez souvent et ça va grosso modo dans la bonne direction — me semble en tout cas des blocs de txts d’abord : je pars de 2, 3 mots en tête et je continue au hasard sans guide en laissant glisser — je dois avoir assez de technique maintenant pour pouvoir le faire — lang autre, dans son ryhthme — le rythme alors surtout qui s’affirme "proème" lang simple vocabulaire nu marche, écrit comme on marche, d’où rythme je ressens effectivement que de plus en plus cela pousse au corps à la voix — et vient de là — rythme, par et dans la lang élaguée pauvre autant que possible, et puis la perte de la ponctuation — le souffle la respiration suffisants — et puis orthographe venue ou s'acheminant vers l’oralité, orthographe où quasi tout ce qui ne s’entend pas a sauté à peine un canevas venu peu à peu : les 4 points cardinaux… avec le fleuve, la mer, la colline, la mer… 44


la plui, l’alternance des jours aube soir, la plui encore… les boucles de séquences… répétitives les positions… à la table assis debout marchant allongé grimpant et reste mort… les éléments : marches villes pourries mais profondes, ou extérieurs pleine nature intérieurs nus (cabane) extérieurs nus (lande mer) marche seul ou rencontres ceux vivant dans la rue (que seul ou ceux-là) que ça histoire sur le devant : l’homme la marche (un homme marche) — et le décor : la plui la lande ?… ou bien le contraire : l’histoire c’est la plui la lande ? (aussi pourquoi l’homme, après avoir été allongé, se relève ? fallait-il le relever là où l’on s’attendait à le voir rester couché ? cela signifie-t-il ? espoir ?) c’est à peu près tout je crois. j’ai juste laissé glisser. juste une sorte de tension qui a duré 1 ou 2 mois. j’ai lancé l’écriture et l’ai laissé courir autant que possible. ensuite seulement, travail du corps du texte plusieurs mois. corrections par l’écoute du rythme, dictées par le rythme, presque uniquement, la respiration de plus en plus l’oreille — le balancement — comme ultime correctrice pour le reste, la technique et toutes ces choses-là, je me suis fait confiance… peutêtre à tort enfin, je ne voulais plus parler d’écrire, ça écrit déjà assez là-dedans 45


notes retouvées • j'arrive à peu près en ce moment à sortir ce que je veux dire, car je sais que ça restera faillible. je tente sans pression, sans souci a priori de résultat. alors j'avance plus vite. • je n'utilise pas mes compétences à faire des objets finis, mais à essayer et buter. • un unique but, une seule envie, obstinément, dégager les choses, nues. • si je parle de lang riche c'est en m'appauvrissant. je déshabille, je suis le plus petit corps. nu. herbe. • ce n'est toujours que trois, quatre notes pures et simple que je cherche. nichées à la sève de ma personnalité, et extraites. • quand on est dedans, mène à fond, explore, descend : la décomposition du moi, la fatigue, l'épuisement, l'exigence, l'effort… • je ne parle pas de moi, mais d'un autre cherchant enfoui en moi. • hypothèse : le langage ne vient pas d'une nécessité d'expression, mais d'exploration. • ce sont les évidences qui pénètreront.

si l’on joue le txt un marcheur (sur un tapis roulant ?). de trois-quart. si tapis : invisible enfoui dans la scène. marcheur parfois les mains derrière le dos. rythmant sa marche du buste. parfois allongé ou grimpant. éventuellement bruit de pluie très léger en continuum et parfois très fort entêtant. en tous cas : un ryhtme. lancinant, de marche, de pluie ou d’autre chose. 46


www.fgriot.net

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