VH-Archéologie

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Göbekli Tepe Découverte d’une tombe collective Gardien de la mémoire L’aube de l’archéologie Les premiers archéologues Un enjeu politique Un passé profondément enfoui Découverte : mode d’emploi À la recherche d’un site… Des techniques modernes de détection La mécanique de l’archéologie Un aventurier passionné La fouille de A à Z

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L’archéologie virtuelle La terre L’homme La céramique Le métal et le verre Les animaux L’eau Une fouille sous-marine Les bourdes en archéologie La sauvegarde du patrimoine Et demain… Planisphère des découvertes Lexique, index

Un chantier archéologique De haut en bas… La datation absolue

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Découverte d’une tombe collective

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Rome, Italie. Des archéologues s’enfoncent dans les ténèbres d’un secteur des catacombes encore inexploré. Là, les ossements de milliers de corps humains les y attendent…

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Des catacombes inconnues

Un mètre d’os

Été 2003, à Rome. Le secteur des catacombes de saint Pierre et saint Marcellin reste encore inexploré. Une fresque représentant un personnage auréolé en condamne l’accès… Pourquoi ? Qui sont les cadavres à l’intérieur ? La Commission pontificale d’archéologie sacrée décide alors qu’il est grand temps d’entreprendre la fouille de cette zone. Raffaella Giuliani, inspectrice des catacombes de Rome, fait appel à Dominique Castex du CNRS et Philippe Blanchard de l’Inrap, deux spécialistes en anthropologie*. Sans tarder, ceux-ci réunissent une équipe confirmée en contexte funéraire et ils se mettent au travail…

Plusieurs campagnes de fouilles sont menées entre 2005 et 2010. Divers vestiges sont découverts, dont deux salles contenant un mètre d’épaisseur d’ossements, soit au moins… 4 000 morts ! Les os sont fragiles et manquent de se briser au moindre choc. Équipés de pinceaux et d’instruments de dentiste, les archéologues progressent lentement et minutieusement. Chaque indice compte ! Ils s’arment aussi de prudence et de courage : l’espace est confiné. En 2008, ils n’ont fouillé qu’une épaisseur de 15 cm. Mais quelque chose leur saute déjà aux yeux : les défunts ont étrangement tous été déposés au même moment. Des morts en masse !

Vers 250 000 av. J.-C. Apparition de l’homme de Néandertal. Les plus anciens fossiles ont été découverts à Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais, France), Montmaurin (Haute-Garonne, France), Saccopastore (Italie) ou encore à Krapina (Croatie).

Vers 100 000 av. J.-C. L’homme taille l’obsidienne, un verre naturel d’origine volcanique, pour façonner des armes (pointes de flèche), des outils ou des bijoux.

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ANTIQUITÉ Ce mot se rapporte aux époques où les civilisations ont adopté et développé l’écriture. L’Antiquité succède à la Protohistoire (âges des métaux) ; c’est la première période de l’histoire. Elle débute en 3500-3000 av. J.-C. en Mésopotamie et en Égypte, en 753 av. J.-C. à Rome, et seulement en 51 av. J.-C. en Gaule. Elle se termine en Occident avec le dernier empereur romain, en 476 de notre ère.

L’enquête commence !

Une épidémie de peste

Tels deux détectives, D. Castex et Ph. Blanchard réunissent alors tous les indices pour déterminer la cause de ces décès. D’abord, les squelettes sont tous intacts : aucune blessure au niveau des os. Ensuite, les femmes paraissent plus nombreuses dans les strates supérieures. Concernant le traitement funéraire, une couche de plâtre semble avoir été déposée sur les corps. Des paillettes rougeâtres, vraisemblablement des restes d’ambre rouge de la Baltique, y sont également mêlées. Pour les archéologues, c’est évident : le coût élevé d’une telle préparation funéraire signifie que les défunts étaient de condition sociale aisée. La présence de très nombreux fils d’or, probablement issus de leurs habits, confirme cette hypothèse.

Les datations* au carbone 14 tombent : ces hommes et ces femmes sont morts vers la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle, en pleine Antiquité romaine. Mais cela n’explique toujours pas ce qu’il leur est arrivé ! Les anthropologues lancent des analyses ADN* sur des cheveux, en général bruns, et des dents retrouvés lors de la fouille… La pulpe de certaines dents révèle un agent pathogène : variole, typhus ou encore peste. Dans ce dernier cas, cette découverte serait sensationnelle, car la première épidémie de peste réellement attestée, la “peste justinienne”, date du VIe siècle. Affaire loin d’être classée…

Vers 90 000 av. J.-C. C’est la datation obtenue pour les squelettes d’Homo sapiens, une femme et son enfant, mis au jour en 1934 à la grotte de Qafzeh en Israël. Cette datation a permis de montrer que l’Homo sapiens ne pouvait pas descendre de l’homme de Néandertal.

Vers 40 000 av. J.-C. Apparition de l’homme de Cro-Magnon. « Cro-Magnon » vient du nom d’un abri-sous-roche situé dans la commune des Eyzies-de-Tayac (Dordogne, France). Aujourd’hui, les scientifiques préfèrent cependant employer le terme d’Homo sapiens.

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La fouille de A à Z Une fouille débute ! L’archéologue, responsable de l’opération, doit maintenant réunir une équipe de chercheurs aux spécialités complémentaires. Jour après jour, à la pelle et à la pioche, ceux-ci vont patiemment déterrer et ressusciter les vestiges anciens.

De la découverte…

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Printemps 1997, à Alexandrie (Égypte). Un pont reliant le port ouest à la route du Caire est en construction. Grues et camions se trouvent alors au milieu des bidonvilles du quartier de Gabbari. Soudain, un bulldozer éventre le toit d’une immense tombe ! La découverte est immédiatement rapportée à Ahmed Abdel Fattah, le directeur général des Antiquités. Sans perdre un seul instant, celui-ci fait appel à JeanYves Empereur, directeur au CNRS du Centre d’études alexandrines. L’homme qui mène, depuis 1994, les sensationnelles fouilles sous-marines du phare. Le chercheur français se rend aussitôt sur les lieux. Au premier coup d’œil, il sait ! C’est Necropolis, la célèbre ville des morts de la fin du Ier siècle av. J.-C. D’après les textes qui en parlent (la Géographie de Strabon), d’innombrables tombes se massaient en ce lieu immense, à la mesure de la cité des vivants.

LES NÉCROPOLES Du grec nekros (mort) et polis (cité), les nécropoles désignent de manière générale un groupement de plusieurs tombes. Elles concernent habituellement les espaces funéraires antiques.

Avec ses 230 loculi (sortes de niches creusées dans les parois, dans lesquelles on déposait les défunts), la salle funéraire la plus impressionnante découverte jusqu’alors sur le site de Necropolis.

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1867 Découverte au mont Beuvray, en Bourgogne, du site gaulois de Bibracte. Cette découverte est exceptionnelle, car cette cité était un grand centre politique de l’aristocratie éduenne, un puissant peuple gaulois (voir p. 25).

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1868 Découverte, lors de la construction de la voie ferrée reliant Périgueux à Agen, de l’homme de Cro-Magnon, près du village des Eyzies-de-Tayac (Dordogne).

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… à la réunion de spécialistes

Les étapes de la fouille

Les autorités donnent alors quinze jours à Jean-Yves Empereur pour mener une fouille de sauvetage. Autant dire : mission impossible ! Sans tarder, il fait venir un architecte de Paris pour établir des plans. Puis il monte en urgence une équipe de spécialistes, anthropologues* et céramologues* entre autres. En quelques jours, il convainc les autorités de suspendre les travaux du pont et réussit à étudier le site pendant plusieurs mois. Sans ces hommes aux spécialités complémentaires, cette fouille n’aurait sans doute jamais eu lieu. De manière générale, pour toutes les opérations, les responsables réunissent architectes et topographes (pour les plans), anthropologues, archéozoologues (les ossements d’animaux), céramologues ou encore géologues (le sol).

Avant tout, la méthode de fouille dépend de la nature du vestige. La règle veut qu’il soit traité strate après strate. Mais en archéologie de sauvetage*, il arrive souvent de creuser seulement la moitié d’une structure en creux (fosses-dépotoirs, fossés, silos à grain…) pour en retirer les informations importantes, comme sa coupe stratigraphique* et son plan (voir p. 34-35). En revanche, les sépultures sont plus volontiers traitées à plat en plusieurs étapes et dégagées entièrement. Au fur et à mesure de la fouille, l’archéologue photographie, dessine et note sur des fiches tout ce qu’il a découvert. Un topographe relève en parallèle les plans et les coupes de chaque vestige. Il replace ensuite ceux-ci sur un plan général.

1870 Heinrich Schliemann (1822-1890) découvre la mythique cité de Troie (voir p. 15). Il met au jour plusieurs strates d’évolution du site et identifie quatre villes successives.

Vue panoramique du site de Necropolis. Au premier plan, l’archéologue Jean-Yves Empereur, directeur des fouilles.

Les prélèvements Parfois, des quantités de terre sont prélevées à l’intérieur de la structure. Elles sont envoyées en laboratoire pour savoir si elles renferment des pollens, des graines ou des charbons de bois. Il arrive aussi que des moulages d’objets fragiles soient directement réalisés sur le terrain. Enfin, tous les restes mis au jour (céramiques, ossements, monnaies…) reçoivent un numéro d’inventaire qui rappelle leur provenance précise sur le site.

1871 Des bergers découvrent un tombeau égyptien à Deir-el-Bahari. Ce tombeau contient une quarantaine de momies, dont Ramsès II et Séthi Ier.

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La datation absolue Quand la datation relative* et la stratigraphie* ne suffisent pas, des méthodes physico-chimiques viennent à la rescousse de l’archéologue. Elles permettent d’obtenir des âges absolus, c’est-à-dire des dates plus précises, au siècle, à la décennie… et parfois à l’année près ! La dendrochronologie

Objet(s) daté(s) : arbre re, Précision : tout dépend de l’âge de l’arb is… parfo t gnen mais les plus vieux attei 10 000 ans !

La datation radiocarbone

Objet(s) daté(s) : ossements, coquillages, bois, charbon de bois, tourbe, tissu s, graines. Précision : de 5 730 à 50 000 ans

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escence La thermolum,in silex, pierres d’un

teries Objet(s) daté(s) : po me. été brûlé par l’hom a i qu ce t foyer… tou 300 000 ans Précision : jusqu’à

Datation à l’uranium-thoriu m

Objet(s) daté(s) : corau x ou spéléothèmes (dépôts minéraux pré cipités dans une grotte ) Précision : entre 10 00 0 et 350 000 ans

Datation au potassium-argon

Objet(s) daté(s) : roches ans Précision : au-delà de 500 000

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Cette technique de datation repose sur le calcul des cernes de croissance annuels des arbres, en partant du centre du bois et en allant vers l’écorce. Elle fournit des datations très précises,

à l’année près ! Elle a entre autres permis de dater des charpentes d’églises ou encore des villages lacustres.

Le principe de cette méthode est assez simple : il est basé sur le dosage d’un atome radioactif connu sous le nom de carbone 14. Celui-ci est produit en haute atmosphère par les rayons cosmiques, puis est rapidement transformé en dioxyde de carbone (CO2) et absorbé en infime quantité par tous les organismes vivants. Et quand l’un d’entre eux meurt, le carbone 14

disparaît progressivement (de moitié en 5 730 ans). Pour dater un vestige, il suffit alors de compter la quantité restante. On peut ainsi donner un âge précis pour les ossements, les coquillages et tous les matériaux organiques (bois, charbon de bois, tourbe, tissus, graines) de 5 730 à 50 000 ans.

Ce procédé calcule l’énergie capturée par certains cristaux contenus dans tous les éléments qui ont été chauffés par l’homme. Il rend donc possible une datation des poteries, des silex, des pierres brûlées d’un foyer, ou encore d’un événement naturel comme une éruption volcanique… pouvant remonter à 300 000 ans !

La thermoluminescence a été utilisée pour dater à 92 000 ans des squelettes d’Homo sapiens, une femme et son enfant découverts dans la grotte de Qafzeh en Israël. Une datation de la plus haute importance, car elle a permis de montrer que l’Homo sapiens ne pouvait pas descendre de l’homme de Néandertal !

Cette technique de datation radiométrique exploite deux atomes : l’uranium et le thorium. Elle permet de dater des vestiges entre 10 000 et 350 000 ans.

Cette méthode, mesurant le rapport entre le potassium et l’argon, permet de dater un échantillon de roche. Elle est particulièrement utile pour les périodes préhistoriques. Elle rend possible une datation au-delà de 500 000 ans.

1901 Le code d’Hammourabi (roi de Babylone) est découvert à Suze (Iran). Gravé sur une stèle de 2,25 m de haut et daté d’environ 1750 av. J.-C., ce code légifère sur tous les aspects de la vie quotidienne (justice, économie, religion) des Babyloniens de cette époque.

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1904 Les archéologues Gabriel Gustafson et Haakon Shetelig découvrent un navire viking dans un monticule funéraire près de la ferme d’Oseberg (Norvège). La proue et la poupe de ce bateau construit en 820 présentent des sculptures uniques, dont le style est maintenant appelé “d’Oseberg”.

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Juillet 1911 L’explorateur américain Hiram Bingham fait la découverte de Machu Picchu, une extraordinaire cité inca des XIVe-XVIe siècles, perdue dans les hauteurs du Pérou.

Décembre 1912 À Tell el-Amarna (Égypte), découverte du buste de Néfertiti, épouse du pharaon Aménophis IV Akhenaton qui régna au XIVe siècle av. J.-C.

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La terre Notre histoire est inscrite dans le sol. Toute notre mémoire se trouve dans la terre. Elle protège les objets et les ruines abandonnés par l’homme. Mais ce n’est pas tout ! Elle conserve aussi des espèces disparues depuis des millions d’années. Squelette fossilisé d’Otto, un bébé dinosaure vieux de 135 millions d’années.

Un bébé dinosaure !

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Octobre 2011, en Bavière (Allemagne). Le musée national bavarois de Paléontologie vient d’annoncer une découverte exceptionnelle : deux ans plus tôt, a été trouvé près de Kelheim le fossile d’un bébé dinosaure carnivore ! Son squelette de 70 cm de long est à 98 % intact et présente des traces… de peau et de “poils” ! L’espèce d’Otto, comme l’ont surnommé les paléontologues*, reste encore inconnue, même s’il semble apparenté au redoutable T-Rex. Vieux de 135 millions d’années, c’est le plus beau fossile de dinosaure juvénile jamais découvert.

La fossilisation Le jeune âge d’Otto est une précieuse rareté. Il paraît être mort alors qu’il avait à peine un an. Puis, il s’est fossilisé entièrement sur un site dont l’emplacement est tenu secret, par crainte d’une invasion de “chasseurs” de fossiles. Sans la fossilisation, nous ne saurions rien des dinosaures ! De manière générale, quand il périt, un organisme vivant se décompose dans le sol… ne laissant, au fil des millénaires, plus aucune trace. Pourtant, il arrive exceptionnellement que ses parties dures soient conservées dans une roche sédimentaire, comme un moulage.

Schéma du processus de la fossilisation. Dans certaines conditions, par exemple si le cadavre d’un dinosaure se retrouve entraîné au fond de l’eau, il se décompose peu à peu pour ne laisser que le squelette. Après quelques millions d’années, celui-ci devient un fossile.

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Septembre 1940 En Dordogne, le jeune Marcel Ravidat et ses camarades découvrent les grottes de Lascaux. Cette découverte est exceptionnelle, car c’est l’une des plus importantes grottes ornées de peintures et de gravures paléolithiques.

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Avril 1947 En Cisjordanie, sur la terre historique du royaume de Judée, les premiers manuscrits de la mer Morte sont découverts à Qumran. Ces écrits auraient été rédigés entre le IIIe siècle av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C. Ils mentionnent entre autres des extraits de l’Ancien Testament.

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➎ ① Argile ② Calcaire ③ Grès ④ Granite ⑤ Silex

Un cairn gigantesque Plouezoc’h, dans le Finistère (France). Entre 1955 et 1968, des fouilles sont entreprises sur le grand cairn de Barnenez, sous la direction de Pierre-Roland Giot. Dès les premières années, ce géologue* au CNRS s’intéresse naturellement à l’origine des pierres de cette construction néolithique. Ce gigantesque monument, vieux de 7 000 ans, est en tout point sensationnel. Sur 72 m de long, 20-25 m de large et 9 m de haut, il est constitué de onze dolmens formant autant de chambres funéraires.

Les sciences de la Terre La pétrographie n’est qu’un exemple de sciences de la Terre appliquées à l’archéologie. Il en existe bien d’autres encore comme la sédimentologie (étude de l’évolution des sédiments), la géologie* (étude des couches externes de la Terre) et la géomorphologie (étude des reliefs et des processus qui les façonnent). Ces deux dernières disciplines sont même devenues indispensables pour reconstituer les paysages anciens.

La pétrographie Pierre-Roland Giot se lance alors dans une étude pétrographique (des roches). Au cours de ses recherches, il découvre que la construction de ce site a fait appel à des blocs de granite voisins (certains énormes), parfois transportés… sur 2 km. Un travail de titan ! À croire que, dans ces lointaines époques, les constructeurs avaient de sérieux problèmes d’approvisionnement. Ainsi, la pétrographie consiste à rechercher les matières premières utilisées dans la construction des édifices et dans la fabrication des objets (céramique, silex…). Cette science donne de précieuses informations sur l’approvisionnement, les échanges, et même le savoir-faire des populations anciennes.

1950 À Chicago, Willard Franck Libby invente la datation au radiocarbone qui révolutionne en partie l’archéologie en livrant les premières dates absolues.

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DES « TAS » DE PIERRES Le terme cairn (de l’écossais càrn) désigne des amas de pierres créés par l’homme. Depuis la Préhistoire, ceux-ci sont construits pour servir de monument funéraire, ou encore pour commémorer une bataille.

Vue d’ensemble du cairn de Barnenez (Finistère) et détail de l’un des dolmens.

Janvier-février 1953 Au pied du mont Lassois, en Bourgogne (France), découverte du vase en bronze de Vix dans une tombe à char d’une princesse gauloise du Ve siècle av. J.-C. Ce récipient est unique en son genre pour cette époque.

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Les animaux

L’archéozoologie

Les sites archéologiques livrent fréquemment des ossements d’animaux. De manière générale, ils sont découverts dispersés dans des fossesdépotoirs ou dans des zones d’habitats. Il arrive pourtant que certains d’entre eux soient enterrés avec des hommes ! Ils restent, en tout cas, une véritable indication sur les modes de vie de nos ancêtres.

L’archéozoologie, ou étude des ossements d’animaux, consiste à retracer l’histoire des relations entre l’homme et l’animal. Cette discipline scientifique met notamment l’accent sur l’élevage et la domestication. Elle s’interroge donc sur l’alimentation carnée des sociétés anciennes ou encore l’abattage des animaux, car les os portent très souvent les traces laissées par le couteau au moment du découpage.

Un bébé mammouth dans la glace 2007, vers la rivière Juribei, en Sibérie. Cela fait trois jours que Yuri Khudi, un éleveur de rennes, a quitté sa famille à la recherche d’un nouveau campement pour l’été. Soudain, il aperçoit une forme sombre sur la rive enneigée. Il s’approche… Une dépouille de mammouth ! Auparavant, plusieurs spécimens ont déjà été retrouvés pris dans les glaces de la Sibérie. Mais sans le savoir, Yuri vient de découvrir le mammouth laineux le mieux conservé au monde. Un bébé de 50 kg âgé d’à peine un mois au moment de sa mort, il y a 40 000 ans. Les scientifiques espèrent que des analyses ADN* sur l’animal pourront donner des informations sur la vie à l’âge de glace. Affaire à suivre…

1993 En Allemagne, découverte d’Eudibamus cursoris, un reptile bipède herbivore de 25 cm de long, datant de 290 millions d’années.

Mai 1994 Sur l’ancienne île de Pharos, à Alexandrie (Égypte), découverte du célèbre phare, l’une des sept merveilles du monde antique, construit vers 290 av. J.-C.

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Des chats momifiés 1988, près de Beni Hassan (Égypte). 300 000 momies de chats sont découvertes dans le temple d’Artémis. Mais pourquoi une telle momification de masse ? Au temps des pharaons, le chat – et surtout la chatte – était une incarnation de Bastet, la déesse de la fertilité et de la maternité. Il était donc un symbole de protection. C’est pour cette raison que les Égyptiens souhaitaient se faire enterrer avec une momie de chat. À l’époque, d’immenses parcs d’élevage étaient édifiés et des milliers de chats momifiés presque “industriellement” !

Enterrés avec… leurs chevaux ! Février 2002, à Gondole en Auvergne (France). Des archéologues de l’Inrap mettent au jour huit cavaliers gaulois enterrés dans une fosse avec leurs montures. Une découverte sensationnelle : la présence de chevaux dans une sépulture celtique est exceptionnelle, voire même énigmatique ! Datée du Ier siècle av. J.-C., celle-ci renouvelle, en tout cas, notre connaissance des pratiques funéraires gauloises.

PAS DE SANGLIERS ! Non, les Gaulois ne mangeaient pas uniquement du sanglier ! Contrairement aux idées reçues, ils le chassaient même rarement. La chasse était plutôt réservée à une élite et leur gibier de prédilection était… le lièvre. L’alimentation carnée des Gaulois reposait principalement sur l’élevage (bœufs, porcs, moutons, chevaux et chiens).

Décembre 1994 En Ardèche (France), découverte de la grotte Chauvet et de ses peintures d’ours, de lions et de rhinocéros vieilles de 30 000 ans.

Janvier 1995 Au Tchad, à Bahr el-Ghazal, découverte d’Abel, un Australopithecus bahrelghazali vieux de 3,5 ou 3 millions d’années.

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Une fouille sous-marine Des archéologues spécialisés dans la plongée interviennent dans toutes les mers du monde pour étudier les vestiges engloutis par la vase et le sable. Rien ne peut s’opposer à leur soif de comprendre le passé. Une fouille sous-marine en action… ① Dans les profondeurs sous-marines, les vestiges archéologiques sont, la plupart du temps, recouverts de vase, de sable ou d’algues de toutes sortes. La première étape d’une fouille est donc de nettoyer la zone à l’aide d’une lance à eau. Avec son contre-jet qui permet de modifier la pression et d’évacuer plus rapidement les déblais vers l’arrière, la lance Galeazzi est la plus utilisée.

② Après avoir nettoyé le site, les archéologues se munissent de cordages de nylon ou de tubes en PVC. Puis ils installent méthodiquement un carroyage c’est-à-dire un quadrillage dont les carrés ont des dimensions identiques (2 ou 4 m de côté en règle générale). Cette technique permet de localiser plus facilement les découvertes, mais aussi de dresser le plan des vestiges. Elle est fréquemment employée sur terre.

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Juillet 2001 Au Tchad, découverte de Toumaï, un crâne fossile de l’espèce Sahelanthropus tchadensis que certains paléoanthropologues* considèrent comme l’une des premières espèces de la lignée humaine. Il serait vieux d’environ 7 millions d’années.

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Automne 2001 Au Sud-Est de l’Iran, dans le village de Jiroft, découverte d’objets anciens témoignant d’une nouvelle civilisation, au moins aussi ancienne que les civilisations mésopotamiennes.

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③ Une fois le carroyage installé, les archéologues inspectent minutieusement le site à l’aide de suceuses à eau et à air. Ces appareils créent une forte aspiration qui évacue définitivement les derniers déblais sur les vestiges.

④ Les objets découverts reçoivent un numéro inscrit sur une étiquette bien visible. Chacun d’entre eux est ensuite photographié. ⑤ Chaque objet est dessiné en plan avec un crayon à mine de plomb sur des écritoires recouverts d’une feuille de papier synthétique.

⑤ ③

Février 2002 À Gondole, en Auvergne (France), des archéologues mettent au jour huit cavaliers gaulois enterrés dans une fosse avec leurs montures. La présence de chevaux dans une sépulture celtique est unique et énigmatique, car cette pratique funéraire reste inconnue (voir p. 49).

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Octobre 2002 Dans le quartier Saint-Georges (Lyon), des archéologues commencent la fouille de seize épaves d’embarcations fluviales. Six datent de l’époque gallo-romaine, ce qui rend cette découverte exceptionnelle car elles sont, à ce jour, le seul témoignage de l’architecture fluviale en Gaule romaine.

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