Secrets et remèdes d'Hildegarde de Bingen

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Rustica éditions

1

Chapitre 2

Chapitre 3

La diététique hildegardienne 52 Une

Sous quelles formes trouver

l’épeautre ? 59

•Lesgrainsd’épeautre 59

•Lasemouled’épeautre 59

•Lebernotto 59

•Legruaud’épeautre 59

•Lafarined’épeautre 59

•L’épeautreprêtàl’emploi 60

La diététique épicée d’Hildegarde 84

Les épices fétiches d’Hildegarde 84 La cannelle 85

Dans le jardin médicinal d’Hildegarde 89

• La liste noire d'Hildegarde • 55

De l’art des bons légumes selon Hildegarde 71

Les haricots, les légumes stars d’Hildegarde 76

L’ail, la panacée selon Hildegarde 76

Dans le panier d’Hildegarde, on trouve également… 76

•Labetteraverouge 76

•Lecéleri 76

Dans le secret d’Hildegarde 89

L'HortusMedicus d'Hildegarde 90

Un trio de plantes médicinales chères à Hildegarde 91 •Lepyrèthred’Afrique 91

Le vinaigre de vin 94 Le sel 94

• La carotte 76

•L‘oignon(cuit) 76

•Leradisnoir 77

De l’art des bons fruits selon Hildegarde 71

L’amande 79

La châtaigne 80

La poire, une panacée pour l’estomac 80

Les boissons plebiscitées par Hildegarde 95

L’eau de source 95

Le vin 95

Des tisanes qui nous font du bien 97

La bière d’épeautre 97

La pomme, le fruit à pépins qui rassasie et détoxifie 80

Le trio oublié 80 •Lesnèfles

Le café d’épeautre 97

• À la table d'Hildegarde • 100

Chapitre 4

Les préparations à base de plantes d'Hildegarde 102

Les ingrédients phares utilisés par la moniale 102

Le vin 102

Les huiles

Le vinaigre

Le miel

La mie de pain

cultes d’Hildegarde 106

Les macérations vineuses ou vins médicinaux 109

Les infusions et décoctions 109

Les macérats huileux 109

Utiliser les pierres aujourd’hui 120

Les élixirs 110

Les poudres de plantes 111

Les baumes 111

Chapitre 5

Hildegarde au cœur des pierres 112

Pour mieux comprendre les pierres 113 5 pierres prisées par Hildegarde 114 L'émeraude 114 La topaze 116

Comment travailler les pierres au quotidien 120 Quelle taille de pierre choisir ? 121 Comment nettoyer ses pierres ? 121 • 10 pierres pour notre bien-être • 122

Chapitre 6 À chaque mal son remède hildegardien 124 Côté santé 124 Pour vaincre les allergies 124 Contre la toux 129 Pour vaincre le rhume 131

Pour traiter les troubles gastro-intestinaux 132

Pour soulager les maux de tête 137

Pour apaiser les troubles oculaires 139

Pour traiter les rhumatismes 140

En cas de troubles de la menstruation  141

Pour soulager les troubles de la ménopause 141

Pour stimuler le système immunitaire 144

Pour dissiper la mélancolie 146

Pour diminuer la fatigue 149

Pour vaincre le stress 149

Pour conserver une bonne mémoire 150

Pour dynamiser la circulation sanguine 152

Côté bien-être 154

Pour une meilleure haleine 154

Chapitre 7

La musique céleste d'Hildegarde 148

Les caractéristiques des chants d'Hildegarde 169 La musicothérapie aujourd’hui 170

Pour traiter les peaux boutonneuses 157

Pour traiter les dermatites 158

Pour les mycoses des orteils 159

Pour faire disparaître les taches cutanées 160

Pour stopper le saignement des gencives 160

Pour soulager les éruptions cutanées et les démangeaisons 162

La musicothérapie réceptive 170 La musicothérapie active 170

adresses 181 Table des recettes diététiques 182

Table des remèdes 183 Table des conseils de la naturopathe 184 Index 185

Crédits photographiques 190

Pour supprimer les pellicules 165

Pour éviter la chute des cheveux 166

UNE VIE INSPIRÉE hapitre 1

« Hildegarde fut une moniale bénédictine au cœur de l’Allemagne médiévale, authentique maîtresse en théologie et grande experte des sciences naturelles et de la musique. »

C’est par ces mots que le pape Benoît XVI résume avec une justesse sans égale la vie de celle qui allait recevoir la plus haute reconnaissance de l’Église catholique. Le 28 mai 2012, il annonce qu’Hildegarde de Bingen est proclamée docteur de l’Église. Le 6 octobre 2012, Hildegarde devient la quatrième femme à recevoir ce titre, après Catherine de Sienne (13471380), Thérèse d’Avila (1515-1582) et Thérèse de Lisieux (1873-1897).

Si les secrets et remèdes d’Hildegarde n’ont jamais autant fait écho avec nos propres aspirations, en quête d’une médecine plus naturelle et holistique, qui eût présagé, en 1098, que la petite Hildegarde allait marquer à jamais de son sceau monial et de ses connaissances si précises sur les plantes médicinales, non seulement son siècle, mais également les suivants ?

* Le prénom Hildegarde vient du germain hild, « armée, combat », et gardan, « savoir ».

Une enfance éclairée

C’est en 1098, au moment même où les royaumes européens se déchirent, tout en lançant la première croisade à l’assaut de Jérusalem, que naît Hildegarde*, dixième de sa fratrie, à Bermersheim, une municipalité allemande située en Rhénanie-Palatinat, dans le diocèse de Mayence. Issue de la haute noblesse du Palatinat, la petite Hildegarde ne tarde pas, dès son plus jeune âge, à se distinguer des autres enfants par ses visions et prémonitions. « À l’âge de 3 ans, dira-t-elle, j’ai vu une lumière telle que mon âme a été bouleversée, mais à cause de mon enfance, je n’ai rien pu dire. »

Ainsi, enfant, elle parle peu de ses visions, de peur probablement de n’être pas prise au sérieux ou de passer pour folle, même si, parfois, son jeune âge la pousse à se trahir. À 5 ans, par exemple, elle décrit avec la plus grande exactitude les particularités d’un veau qui se trouve encore dans le ventre de sa mère.

Ses parents prennent alors conscience de toute la singularité de leur fille et décident de la confier à Jutta de Sponheim, fille du comte Stephen II.

PETITE CONFIDENCE

D' H

VoiciILDEGARDE

que dans la quarante-troisième année de ma course temporelle, alors que je m’attachais avec beaucoup de crainte à une vision céleste, toute tremblante, je vis une très grande splendeur dans laquelle une voix se fit entendre du Ciel, me disant : «Fragile être humain, cendre de cendre et pourriture de pourriture, dis et écris ce que tu vois et entends. Mais parce que tu es peureuse pour parler, naïve pour exposer et ignorante pour écrire cela, dis-le et écrisle en te fondant non pas sur le langage de l’homme, non pas sur l’intelligence de l’invention humaine, non pas sur la volonté humaine d’organisation, mais en te fondant sur le fait que tu vois et entends cela d’en haut, dans le ciel, dans les merveilles de Dieu, en le rapportant dans un compte rendu semblable à celui de l’auditeur qui, recevant les paroles de son maître, les publie en respectant la teneur de son expression, avec l’accord, l’exemple et la volonté de ce dernier.

E POUVOIR DE LA FEMME AU MOYEN-ÂGE

Dès le début du christianisme, les femmes sont baptisées et participent activement à l’œuvre d’évangélisation. La preuve en est, plusieurs d’entre elles ont été canonisées et élevées au rang de saintes dès le IIe siècle. Les femmes religieuses étaient très instruites et pouvaient rivaliser de savoir avec les moines les plus lettrés de l’époque. Elles recevaient en effet dans les monastères une solide instruction. Elles apprenaient non seulement le latin, la langue liturgique, mais également le grec, les lettres en général et le droit.

Les femmes pouvaient être ordonnées abbesses, un statut aujourd’hui disparu dans l’église. Élues par les religieuses, mais le plus souvent par le roi qui les désigne avec le vote de la communauté, les abbesses ont joué un rôle très important au Moyen Âge.

Les prieures étaient là pour les seconder dans les tâches administratives ou pour les remplacer si nécessaire. Quant à l’administration financière et la comptabilité, elles étaient confiées à une économe ou trésorière.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, certaines abbesses étaient de véritables seigneurs féodaux dont le pouvoir était respecté au même titre que celui des autres seigneurs. Il leur arrivait d’administrer de vastes territoires avec des villages et des paroisses. Elles exerçaient un rôle de direction et d’administration, sans parler des liens étroits qu’elles pouvaient entretenir avec les têtes couronnées.

ès d le pr prenendrdra a l’ l’écécrirituturere. . Hi Hildldeg eg je e bbebesssse J

ès l’âge de 8 ans, elle quitte donc le cocon familial pour aller vivre avec Jutta au couvent des bénédictines de Disibodenberg, situé sur le Rhin, où elle apprendra la lecture, la lyre et l’écriture. Hildegarde tissera avec la jeune abbesse Jutta, de seulement sept ans son aînée, une profonde amitié et lui confiera peu à peu ses visions.

«C’est tout éveillée que, de jour comme de nuit, je vois ces choses… Une lumière qui n’a pas d’origine et tellement plus lumineuse que celle qui entoure le soleil…», lui dira-t-elle. Jutta décide alors d’en informer le moine Volmar, qui se révélera un ami et confident précieux pour Hildegarde tout au long de sa vie.

En 1113, Hildegarde reçoit, à 15 ans, le voile des mains de l’évêque Otton de Bamberg, ce qui présage une destinée exceptionnelle.

à ses côtés ? Devenue abbesse du couvent en 1138, elle partage ses journées entre travail intellectuel et religieux et soins pour ceux qui viennent la voir.

Mais le calme apparent allait bientôt être rompu par une voix céleste… Car, en plus de ses visions, Hildegarde entend des voix qui lui ordonnent d’écrire et de divulguer ses visions et prédictions.

Les années passent et, en 1136, Jutta décède, laissant le couvent orphelin. Qui mieux qu’Hildegarde pouvait reprendre le flambeau après avoir traversé toutes ces années de complicité

Probablement effrayée par l’immense tâche qui l’attend, Hildegarde refuse, au cours d’une prière, l’ordre venu du Ciel. Quand, soudain, un éclair la transperce de douleur, la laissant comme paralysée sur son lit. Il faudra alors l’intervention d’une religieuse prénommée Richardis, du fidèle confesseur de Hildegarde, l’abbé Volmar, et de l’évêque pour qu’Hildegarde change d’avis et accepte l’ordre divin. En 1141, elle commencera l’écriture de son premier ouvrage intitulé Scivias, dont la destinée allait connaître un rebondissement sans précédent…

IVIN SECOURS

Divinum auxilium

Mon Dieu, tu m’as créée, Je vis par toi et aspire à toi, Quand, par mes soupirs, j’implore le bien.

C’est que je te connais comme mon Dieu Et ne sais qu’une chose : que je peux te servir, Car tu m’as donné le discernement.

Ô toi, mon secours en tout bien, C’est par toi que j’accomplis de bonnes œuvres. En toi je veux mettre tout mon espoir, De ta grâce je veux me parer.

Tu es mon Sauveur, préserve-moi des vilenies, Quand le Malin m’incite À succomber à la tentation.

Hildegarde de Bingen

Le pape Eugène III rend Hildegarde célèbre

En 1147, l’archevêque de Mayence profite d’un synode à Trèves pour présenter le Scivias au pape Eugène III (1145-1153) ainsi qu’aux principaux responsables de l’Église. Influencé par saint Bernard, le pontife envoie deux personnes enquêter au monastère d'Hildegarde.

Des prophéties avérées

PLe verdict est sans appel : Hildegarde est sincère, humble et respectueuse des règles monastiques. Le pape en personne lui écrit : « Nous admirons ma fille, et nous admirons au-delà de ce qu’on peut croire, que Dieu montre en notre temps de nouveaux miracles, et cela lorsqu’Il répand sur toi son Esprit au point que l’on dit que tu vois, comprends et exposes de nombreux secrets. »

Désormais soutenue par l’Église, Hildegarde devient célèbre dans tout l’Occident.

Un nouveau couvent à Bingen

Dès lors, la renommée du petit monastère ne cesse de grandir. Se retrouvant très vite à l’étroit, Hildegarde et les nonnes décident d’ouvrir un deuxième monastère. C’est ainsi qu’en 1150 Hildegarde fonde son propre monastère à Bingen, au Rupertsberg (« montagne de saint Rupert »). Quinze ans plus tard, en 1165, alors qu’elle est âgée de 67 ans, elle fonde un autre couvent à Eibingen, près de Rüdesheim, dans le diocèse de Limbourg en Hesse.

armi les prophéties d’Hildegarde qui se sont révélées exactes, on retiendra notamment le fameux conflit entre les papistes et les Cathares. Car, dès 1164, Hildegarde avait non seulement prédit le rapide développement et la fin du mouvement hérétique, mais également la réaction brutale, inquisitoriale et cruelle de l’Église. Quand un soldat demande comment distinguer un « bon chrétien » d’un « hérétique », la réponse tombe comme le couperet d’une hache : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! »

Cette citation serait due au légat pontifical Arnaud Amalric, abbé de Cîteaux, au sac de Béziers, où plus de 30 000 personnes périrent sous le fer des soldats de la croisade albigeoise (1209).

La Sainte Hildegarde se fête tous les ans le 17 septembre.

Une communicante hors pair

Dans un tout autre domaine, une prédiction fut particulièrement douloureuse pour Hildegarde : celle liée à la jeune nonne Richardis. Cette dernière était non seulement devenue sa plus fidèle confidente, mais Hildegarde la considérait comme sa propre fille. La famille de la jeune abbesse, riche et influente, fit nommer leur fille dans un autre monastère, déclenchant la colère d’Hildegarde qui, dans un courrier adressé à sa mère, écrivit : « Aussi, si tu es bien la mère de celles qui sont tes filles, prends garde à ne pas causer la ruine de leur âme, afin de pas être accablée de larmes et de gémissements amers. » Étrangement, la jeune Richardis mourut un an plus tard. Hildegarde fut bouleversée par cette mort soudaine et se sentit responsable.

L’ordre de Cîteaux

Saviez-vous que l’ordre cistercien, également connu sous le nom d’ordre de Cîteaux, est un ordre monastique chrétien réformé dont l'origine remonte à la fondation de l'abbaye de Cîteaux par Robert de Molesme en 1098, année de naissance d’Hildegarde ? Il joue un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du XIIe siècle et promeut ascétisme, rigueur liturgique et érige, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale. Il doit en partie son succès à Bernard de Clairvaux, qui a d’ailleurs entretenu aussi une correspondance avec Hildegarde.

Infatigable malgré sa santé fragile, Hildegarde poursuit son œuvre prophétique, écrit des musiques de cantiques et entretient une correspondance de qualité avec les plus hautes personnalités de son époque telles que les papes Eugène III, Anastase IV, Adrien IV et Alexandre III, les empereurs Conrad III et Frédéric Ier, l’abbé saint Bernard de Clairvaux, les évêques de Bamberg, de Spire, de Worms, de Constance, de Maëstricht, de Prague et de toute la Germanie, de nombreux théologiens et philosophes d’Europe, ainsi que l’empereur Frédérique Barberousse.

Vers la fin de sa vie, Hildegarde fera quatre voyages dont un en France, dans le but de partager et de prêcher sur les parvis des cathédrales.

Le 17 septembre 1179, alors qu’elle est âgée de 81 ans, Hildegarde meurt le jour qu’elle avait prédit. Deux arcsen-ciel forment alors une croix sur le monastère de Bingen. Les pèlerinages se multiplient et les miracles aussi. Débordée, la petite ville de Bingen ne sait dès lors plus comment faire pour répondre à toutes les demandes. L’évêque de Mayence est obligé d’intervenir et implore Hildegarde d’arrêter ses miracles. Peu à peu, le calme revient et les nonnes reprennent leurs humbles occupations.

Le nom d’Hildegarde a été introduit au martyrologe romain au XVe siècle. La châsse contenant ses reliques est conservée dans l’église paroissiale

PETITE CONFIDENCE

D'

H ILDEGARDE

Depuis mon enfance jusqu’au temps présent, où je suis âgée de plus de soixante-et-dix ans, je vois toujours cette lumière dans mon âme, et je ne la perçois ni par les yeux, ni par le corps, ni par les pensées du cœur, ni par aucune action de mes cinq sens extérieurs, mes yeux cependant restant ouverts, et les autres sens corporels conservant leur activité. Cette lumière que je sens n’est pas locale, mais infiniment plus éclatante que celle du soleil, et je ne saurais en considérer ni la hauteur, ni la longueur, ni la largeur. Elle m’est nommée l’ombre de la lumière vivante : et comme le soleil, la lune et les étoiles se réfléchissent dans l’eau, ainsi les écrits, les discours, les vertus et les œuvres des hommes m’apparaissent dans cette lumière.

Tout ce que je vois ou apprends de la sorte, j’en conserve la mémoire pendant longtemps. Je vois, j’entends et je sais tout avec ensemble, et ce que je sais, je l’apprends comme en un moment ; mais ce que je ne vois pas, je l’ignore, car je suis presque ignorante ; et quant à ce que j’écris de cette vision, je ne mets pas d’autres paroles que celles que j’entends, employant des mots latins non limés… Je n’entends pas les paroles comme des sons que forme la bouche humaine, mais comme une flamme étincelante ou comme un nuage qui glisse sur un ciel pur. Je ne puis connaître non plus aucunement la forme de cette lumière, de même que je ne puis parfaitement envisager la sphère du soleil.

Frédéric Barberousse (1122-1190)

Désireux de mettre de l’ordre en Allemagne, Frédéric Barberousse, empereur d’Allemagne et fils de Frédéric le Borgne, promulgue dès 1152, une constitution de paix où il condamne les délits portant atteinte à la paix publique. Il châtie impitoyablement ceux qui, comme l’archevêque de Mayence, mènent des guerres privées. Il eut deux fils, le roi Henri VI et Frédéric VI.

de canonisation ne put aboutir. La dernière se déroula en 1244, sous l’égide du pape Innocent IV. Cela ne l’empêcha pas d’être vénérée comme une sainte par ses partisans au Moyen Âge.

d’Eibingen, près de Rüdesheim, au bord du Rhin.

Hildegarde fut parmi les premiers saints pour lesquels une procédure officielle de canonisation fut engagée. Malheureusement, celle-ci fut si longue qu’aucune des quatre tentatives

Les principaux

Toutefois, au fil des siècles, Hildegarde tomba peu à peu dans l’oubli. Elle fut heureusement redécouverte au XXe siècle, en 1950, en Allemagne par un médecin, le docteur Gottfried Hertzka, et un naturopathe, le docteur Wighard Strehlow. Tous deux ont pu expérimenter la pratique hildegardienne avec succès auprès de milliers de patients et ont regroupé leurs connaissances, expériences et recettes dans de nombreux ouvrages.

Les principales œuvres d’Hildegarde

La plupart de ses écrits sont réunis dans le Riesencodex, un grand livre conservé à la bibliothèque régionale de Hesse, à Wiesbaden en Allemagne.

ouvrages du docteur

Gottfried Hertzka

• À la table de Sainte Hildegarde, Éditions Résiac.

• Voilà comment Dieu guérit. La médecine de sainte Hildegarde, nouvelle méthode de guérison par la nature, Éditions du Parvis.

• La Petite pharmacie domestique de Hildegarde de Bingen, Le Courrier du livre.

Scivias (« Sache les voies») ou Livre des visions (1141-1151)

Elle y décrit vingt-six visions, chacune suivie des « commentaires » de Dieu et de ses propres interprétations, le tout formant une vaste histoire du salut depuis la création. C’est le début d’un triptyque qu’elle poursuivra avec Les mérites de la vie, qui décrit en six visions l’affrontement des vertus et des vices, et le Livre des œuvres divines, vaste théologie du cosmos.

Physica. Le livre des subtilités des créatures divines (1151-1158)

Dans cet ouvrage, Hildegarde s’intéresse à la nature. Il s’agit en quelque sorte d’un livre de science naturelle regroupant 513 plantes, mais aussi des animaux, des métaux et des pierres précieuses.

Causae et Curae (« Les Causes et les remèdes»)

Un précieux recueil qui présente de nombreuses formules à base de plantes et la façon de les utiliser pour rester en bonne santé.

Excellente musicienne, Hildegarde a composé plus de 70 chants liturgiques, hymnes et séquences, dont certains ont fait l’objet d’enregistrements récents par des ensembles de musique médiévale.

L’ensemble des chants forme la collection Symphonia harmoniae celestium revelationum (« Symphonie de l’harmonie des révélations célestes»), qu’elle mit en musique.

Les principaux ouvrages du docteur Wighard Strehlow

• Les Secrets de cuisine de sainte Hildegarde. Conseils et révélations de sainte Hildegarde de Bingen sur les vertus curatives des aliments, Éditions Résiac.

• Manuel de la médecine de sainte Hildegarde, Éditions Résiac.

• Médecine des pierres précieuses de Sainte Hildegarde, Éditions Résiac.

Elle a par ailleurs composé un drame liturgique intitulé Ordo virtutum (« Le Jeu des vertus»), qui comporte 82 mélodies et met en scène les tiraillements de l’âme entre le démon et les vertus.

• L’Art de guérir par l’alimentation selon Hildegarde de Bingen, Éditions François-Xavier de Guibert.

Les 12 papes de la vie d’Hildegarde

Pendant les quatre-vingt-un ans que vécut Hildegarde, douze papes se sont succédé.

1088-1099 : Urbain II

1099-1118 : Pascal II

1118-1119 : Gélase II

1119-1124 : Caliste II

1124-1130 : Honorius II

1130-1143 : Innocent II

1143-1144 : Célestin II

1144-1145 : Lucius II

1145-1153 : Eugène III

1153-1154 : Anastase IV

1154-1159 : Adrien IV

1159-1181 : Alexandre III

L’approche holistique d’Hildegarde, naturopathe avant l’heure hapitre 2

« Quand le corps et l’âme fonctionnent en excellente harmonie, ils reçoivent la récompense suprême de la joie et de la santé ».

Considérer Hildegarde comme la première naturopathe de l’histoire serait faire fi de ses nombreux prédécesseurs grecs, latins et celtes tels qu’Hippocrate, considéré comme « le père de la médecine holistique ». Mais qu’importe… Sa vision holistique de la santé santé est d’une telle précision et justesse qu’elle nous touche en plein cœur et force l’admiration. Car notre quête actuelle d’une vie plus saine et plus naturelle, fondée sur une harmonie entre corps et esprit, ressemble en de nombreux points aux aspirations hildegardiennes de l’époque.

Tout comme Hippocrate, Hildegarde considère la santé comme un tout indissociable et pense que l’« on ne peut guérir le corps sans guérir l’âme et l’esprit ». Par sa conception avant-gardiste de la santé, elle cherche à soigner l’homme dans toutes ses dimensions et redonne ainsi au christianisme la concep-

tion holistique de la personne. « Le corps est l’atelier de l’âme où l’esprit vient faire des gammes», dira-t-elle. Le triptyque « corps, âme, esprit », propre à l’être humain, est donc essentiel pour comprendre l’œuvre de la grande bénédictine. Il n’est pas possible d’isoler ses indications pharmacologiques de son enseignement sur la personne dans sa totalité. Car, à quoi servirait de soigner son corps si on ne s’occupait, en même temps, des bleus de l’âme ?

Chiffre fétiche

Le chiffre 4 est capital chez Hildegarde. On trouve en effet dans ses écrits de constantes références aux 4 humeurs, 4 saisons, 4 éléments naturels et 4 directions cardinales. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que, dans la Bible, le chiffre 4 symbolise le cosmos et le monde.

E QUE DIT HILDEGARDE E H

Les éléments

« Le feu et ses propriétés se trouvent logés dans le cerveau et la moelle de l’homme… Le feu se manifeste clairement dans l’expression vivante du regard, il exhale la fraîcheur dans l’odorat, l’humidité dans le goût, le mouvement de l’air dans l’ouïe et le mouvement délié dans le toucher. »

« L’air apparaît avec ses propriétés dans la respiration et dans le raisonnement de l’homme. Il se tient au service de l’homme, en lui apportant le souffle, l’âme, l’humanité… Il soutient sa vie, car l’homme inspire et expire. »

« L’eau et ses propriétés interviennent dans l’humeur et le sang de l’homme. Tant que le sang ne manque pas l’eau reste présente dans le corps de l’homme. Elle produit de l’humidité en lui, si bien que la force vitale se manifeste et que son ossature reste solide… Ainsi, l’eau apporte de la chaleur au sang de l’homme, de l’air à son appareil respiratoire, des humeurs à l’ensemble de son organisme. »

« La terre… et ses propriétés se manifestent dans la chair et les os de l’homme. Grâce à son action, la chair est humide et peut se développer. »

E CORPS

est l'atelier de l'âme.

Hildegarde de Bingen

Les humeurs

Étant donné qu’il y a quatre humeurs, les deux dominantes sont appelées flegmes et les deux inférieures liqueurs. Celle des humeurs qui est dominante est plus abondante que celle qui vient ensuite d’un quart et d’un sixième ; et celle qui vient ensuite est faite de deux parties et du reste de la troisième. C’est ainsi que l’humeur qui est première l’emporte sur la seconde : et on les appelle flegmes ; la seconde l’emporte sur la troisième et la troisième sur la quatrième, et toutes deux, c’est-à-dire la troisième et la quatrième, sont appelées liqueurs. Et les plus élevées l’emportent en abondance sur les plus faibles, et les plus faibles modèrent l’abondance des autres par leur rareté. Et quand l’homme est dans cet état, il est dans la tranquillité. Mais lorsqu’une humeur quelconque excède sa mesure, l’homme est en danger.

Lorsqu’une humeur est produite en trop grande quantité dans l’organisme d’un homme, les autres humeurs ne peuvent rester en paix dans son corps, sauf si nous avons affaire à des êtres qui ont reçu la bénédiction de la grâce divine, ou qui ont la force de Samson, la sagesse de Salomon, le don de prophétie de Jérémie, ou encore à quelques rares païens comme Platon…

ILDEGARDE DE BINGEN,

naturopathe avant l’heure, expérimente la démarche holistique à travers la médecine, la diététique, les plantes, la musique et les cristaux. Elle œuvre ainsi à soigner l’homme en prenant en compte son corps, mais aussi son esprit et son âme.

Reconnue par ses pairs au XIIe siècle, proclamée Docteur de l’Église en 2012, la moniale bénédictine voit son influence et sa notoriété grandir, notamment à travers la transmission de ses remèdes à base de plantes médicinales, d’épices, de vin cordial et d’épeautre.

Vous trouverez dans cet ouvrage de nombreuses recettes, remises au goût du jour, illustrées par les citations de la naturopathe médiévale, ainsi que toutes ses recommandations en termes d’hygiène de vie, d’alimentation et de bien-être.

Quandl’âmeet lecorps fonctionnent

« Quand l’âme et le corps fonctionnent en parfaite harmonie, ils reçoivent la récompense suprême de la santé et de la joie. »

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