



La lisibilité et la profondeur / 86


L’orientation
Attirer
Jouer
La

vous de jouer /

L’orientation
Attirer
Jouer
La
LISE HERZOG est née en 1973 en Alsace. Sa vie commence un stylo à bille dans la main, à remplir de dessins des brouillons de papier A4. En quête de précision, elle observe et redessine chaque jour, certaine d’avoir trouvé comment représenter les choses et déçue le lendemain. Alors elle recommence.
C’est ainsi, tout naturellement, qu’elle poursuit sa quête à l’université en Arts plastiques puis aux Arts Décoratifs de Strasbourg. En 1999, son diplôme en poche, elle ose
présenter ses carnets de dessins aux maisons d’édition, et ainsi, commence son chemin d’illustratrice. La même année, elle est sélectionnée au Salon du livre de Bologne.
Depuis, elle a illustré de nombreux livres, pour la jeunesse et les adultes, ouvrages de fiction et documentaires. Lise Herzog est aussi l’autrice de méthodes de dessin à succès dont Le Dessin facile, Les clés du dessin facile, La perspective et la composition faciles ou encore 365 dessins faciles aux éditions Mango.
http://liseherzog.ultra-book.com
https://www.instagram.com/liseherzog/
Vous commencez à acquérir de l’aisance, dessiner ne vous fait plus autant peur... Vous avez une manière de dessiner bien à vous et votre propre style est en train de naître. Vous savez dessiner un lapin, un vélo, un footballeur, une danseuse étoile, un château ou un arbre, même sans modèle, et vos sujets sont reconnaissables. Vous dessinez régulièrement et emportez votre carnet de croquis en vacances. S’il vous arrive parfois de cacher votre dessin et d’avoir des doutes, l’envie de dessiner encore et encore, elle, est bien présente... Le dessin fait partie de votre vie !
Cependant, vous vous posez régulièrement des questions sur la manière de terminer votre dessin pour que celuici corresponde au mieux à ce que vous observez ou à ce que vous imaginez. Comment réaliser une ombre sur un pelage, un visage, un arbre ou un verre... ? Et de quelle couleur la choisir ? Comment donner une sensation de
profondeur à un paysage pour que tout ne semble pas aplati sur le devant de l’image ? Comment donner l’impression que les vagues sont en mouvement, qu’un oiseau vole ?
Comment donner du poids à une maison pour qu’elle ne semble pas flotter ? Je vais tenter de répondre à autant de questions que possible et vous proposer de nombreux exemples pour illustrer les différentes manières de terminer votre dessin, selon la direction que vous souhaitez prendre.
Pour commencer, vous pouvez piocher des sujets tout simples dans le premier tome du Dessin facile et les finaliser en choisissant dans ce livre une technique qui vous plaît. Puis, lorsque vous vous sentirez à l’aise, ou si vous êtes d’emblée plus avancé, vous pourrez appliquer ces techniques à vos propres sujets. Ne cherchez pas dès le début à faire trop compliqué, choisissez vos thèmes préférés, que vous avez déjà beaucoup observés.
Ce sont avant tout les contours d’un sujet qui nous indiquent de quoi il s’agit. Mais chaque chose est composée de sa propre matière, qui a elle-même ses propres particularités. Et si l’on arrive à bien les saisir, notre dessin sera encore plus réaliste et notre sujet reconnaissable.
Cela peut même devenir assez subtil, comme le poil soyeux et souple d’une race précise de chien, l’écorce d’une certaine essence d’arbre, une pierre rugueuse plutôt que lisse, la peau d’une main un peu âgée ou encore le reflet du métal par rapport à celui du verre…
Quand on emploie l’expression « le sens du bois » lorsqu’on travaille ce matériau, c’est pour désigner le sens des fibres visibles qui le composent. Les dessiner, dans l’orientation qui convient, permet de rendre la matière du bois reconnaissable.
Une planche a généralement les fibres dans le sens de sa longueur. Par contre, sur sa tranche perpendiculaire de coupe, le tracé va dans l’autre sens. J’utilise un outil plus épais pour les contours de la planche et un plus fin pour les fibres afin de bien les différencier. Certaines fibres peuvent être plus épaisses ou présenter des creux entre elles. Elles ne forment pas des lignes droites, mais sinueuses. Enfin, le bois est une matière naturelle qui peut présenter des noeuds circulaires.
En couleur, on peut souligner certaines lignes avec une teinte plus sombre.
Sur un tronc d’arbre, les lignes de l’écorce sont encore plus sinueuses que sur une planche lisse. On les densifie sur le côté se trouvant dans l’ombre pour donner du volume au tronc.
Il existe toutes sortes d’écorces, mais le principe reste le même : choisir un trait plus épais pour les contours et les volumes, et un plus fin pour les fibres. Pour les creux, on fonce la couleur.
On peut ajouter ces lignes de fibres sur un fond de matière. Elles seront plus visibles si l’outil utilisé est différent pour le fond et les fibres.
Une fois notre sujet tracé sur une feuille de papier, il nous semble bien plat. Il va falloir lui donner vie, lui rendre ses formes et ses volumes afin de créer l’illusion de trois dimensions. Pour y parvenir, il suffit de jouer avec l’orientation des traits de notre outil et d’éclairer notre dessin, y faire entrer de la lumière et des contrastes pour créer des ombres et des nuances. Celles-ci vont le modeler, révéler ses formes, ses reliefs, lui donner vie !
Il n’y a pas toujours de lumière qui éclaire le sujet de notre dessin pour en faire ressortir les volumes. Il nous faut alors travailler l’orientation des traits pour faire ressortir les creux et les bosses.
Sur un sujet bien bombé, il suffit de tracer la texture avec des lignes courbes qui suivent son volume, qu’importe l’outil utilisé, fin ou épais.
Ici, les motifs du pelage du chat suivent les courbes du corps et s’intensifient sur les bords et le dessus.
Les lignes du fauteuil sont orientées en diagonale car les volumes sont plats.
On ajoute les lignes par couches successives en suivant, selon la partie du sujet, ses contours et ses formes. Des lignes longues et droites pour le dos plat, plus petites et qui tournent sur le bras, puis courbes sur le chapeau.
Les petites touches de blanc suivent le mouvement des plumes et donnent du volume.
On peut construire et calculer une savante structure de perspective pour apporter de la profondeur à notre dessin... Mais il existe aussi de nombreux autres moyens de créer une sensation de profondeur et de guider le regard du spectateur à travers les différents plans de notre image ou d’attirer son attention sur un détail en particulier. Le tout est de veiller à garder chaque partie importante de notre dessin bien lisible, sans surcharger ce dernier de textures et de détails si ce n’est pas nécessaire.
Parfois, à force d’ajouter de la texture, de la couleur et des ombres à notre dessin, on peut brouiller les informations et noyer les détails. On risque alors de perdre les éléments que l’on souhaitait justement montrer, ceux-là mêmes qui nous ont donné envie de faire ce dessin.
Souvent, lorsqu’on choisit de dessiner une vue, c’est parce qu’un élément nous a attiré. On peut le mettre en valeur en concentrant les détails, les couleurs et les ombres sur la partie qui nous intéresse, en laissant le reste du dessin moins détaillé et moins travaillé.
Pour garder lisibles des petits motifs, par exemple, il faut bien veiller à y laisser du blanc, quitte à poser des rehauts ensuite.
Lorsqu’il y a beaucoup d’informations répétitives dans un sujet, mieux vaut simplifier les couleurs jusqu’à l’essentiel et faire des rehauts plus clairs à la fin. On pose les ombres pour modeler l’ensemble, puis les contrastes.
Dessiner une forêt n’est pas aisé tant la couleur verte y est dominante. Pour éviter un ensemble trop fouillis et illisible, n’hésitez pas à laisser quelques zones blanches et à bien contraster le reste.
Chaque dessin raconte une histoire, crée une sensation, a sa propre atmosphère. Même un sujet tout simple n’est pas si anodin... Peut-être est-il en mouvement ? Ancré sur le sol ou aérien ? Dans une atmosphère paisible ou tourmentée ? Pour bien retraduire l’effet que l’on souhaite transmettre, on peut jouer avec une sélection de couleurs, travailler une partie de notre image plus qu’une autre, exagérer des ombres... Tous ces choix peuvent influencer le regard sur notre oeuvre et créer une émotion, un ressenti.
Qu’il s’agisse du dessin d’un objet, d’une scène ou d’un ensemble architectural, on peut souhaiter apporter de la stabilité à notre image, montrer que l’ensemble repose sur une surface ou un sol.
Un objet repose en général sur un support. Pour faire ressentir son poids sur cette surface, on peut commencer par épaissir les lignes du bas qui en sont proches.
Puis, on peut ajouter de la texture dans les parties basses de l’objet. Il ne s’agit pas d’ombres, mais juste de matière.
Pour terminer, on pose l’ombre portée de l’objet sur son support.
L’idée est la même en utilisant de la couleur. On ajoute de la matière colorée plus sombre vers le bas des objets, des touches de blanc vers le haut et l’ombre portée des objets sur la surface ou le sol.