


Paul et Colombe
Paul et Colombe
à Madame Batistella, une maîtresse formidable
La maman de Sixtine à Hortense et Justine, les grandes amies de Sixtine
Marion
© 2011, 2009, Éditions du Triomphe - 7 rue Bayen - 75017 Paris Tél. (0)1 40 54 06 91 - www.editionsdutriomphe.fr
Diffusion principalement par correspondance
Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Pollina à Luçon (Vendée) le 10 avril 2011
Dépôt légal avril 2011. Premier dépôt légal septembre 2009 - Déposé au Ministère de la Justice Loi 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse
– Moi, Madame, moi ! Arc-boutée sur son bureau, Colombe tend un doigt impérieux en direction du plafond.
Les vacances de Noël viennent de se terminer, et voilà une semaine que les enfants ont repris l’école.
Les parents de Colombe sont en train de déménager pour le Sud. Ils ont confié leur fille aux Leconte. La fillette a donc fait sa rentrée dans l’école de Paul. Les cousins sont dans la même classe.
Colombe s’étale sur la table en agitant la main pour attirer l’attention de Madame Baptiste, leur maîtresse. Bonne élève, elle ne manque pas une occasion d’étaler sa science.
– Colombe, tu m’écrases, ronchonne Paul en essayant de canaliser l’énergie de sa cousine.
Mais l’enseignante concentre toute son attention sur une jolie brunette aux yeux chocolat qui lève sagement le doigt.
– Oui, Hortense, je t’écoute. Dépitée, Colombe chuchote à l’oreille de son cousin : – C’est qui celle-là ?
– Je ne sais pas, c’est une nouvelle...
Un coup d’œil sévère de Madame Baptiste interrompt leur échange.
La petite brune ayant fini de répondre, elle se rassied en arborant un air satisfait qui agace Colombe au plus haut point.
– Les enfants, je vous présente Hortense qui vient d’arriver parmi nous. J’espère que vous lui ferez un bon accueil, ajoute la maîtresse en regagnant le tableau.
Colombe secoue ses nattes châtain et jette un regard froid à la nouvelle élève.
– M’oui, bof...
– Elle a l’air sympa, lui glisse Paul, qui couve Hortense d’un regard admiratif.
Sa cousine manque de s’étrangler et s’apprête à lui répondre vertement. Mais le crissement de la craie sur le tableau ramène son attention sur la leçon en cours.
Une bagarre à doigt levé oppose les deux rivales une partie de la matinée. En quittant la classe pour le cours de sport, les fillettes échangent des regards glacés.
– Moi, je la trouve super cette Hortense, commente innocemment Paul en marchant à côté de sa cousine.
– Quoi !
– Ben oui, elle connaît plein de choses...
– Elle fait la crâneuse tout le temps ! – Tu es jalouse, analyse le garçon en souriant.
–
Sûrement pas !
Pendant ce temps, Hortense est en compagnie des deux pires chipies de la classe, Charlotte et Marine.
– Qui est cette fille avec des nattes ? se renseigne la nouvelle élève.
– Laquelle ?
– Celle qui est à côté du grand blond.
– Ah, c’est Colombe, la cousine de Paul.
Marine ajoute une réflexion à voix basse, entraînant les gloussements ravis de ses compagnes.
Colombe les toise de ses yeux verts aussi froids que la mer en hiver.
L’arrivée au gymnase calme les esprits. Madame Baptiste attend que ses élèves aient revêtu leurs tenues de sport.
– Bien, puisque vous êtes tous changés, nous allons faire une petite séance de gym.
Les enfants écoutent attentivement les instructions de leur maîtresse.
– Vous allez faire une roulade bien droite sur le tatami.
– Facile, se rengorge Hortense.
– Pas pour tout le monde, mettez vous deux par deux pour vous aider mutuellement.
Colombe s’empresse et passe la première aidée par Paul. Si la fillette est bonne en escalade, elle l’est moins en galipettes. Sa roulade est correcte mais pas parfaite.
– À toi, Paul, commande Madame Baptiste.
Le garçon prend son élan, roule avec force... et s’étale les quatre fers en l’air dans un grand éclat de rire.
Ses amis, Benoît et Victor l’accueillent à grandes tapes amicales dans le dos.
– Belle cascade ! –
On aurait dit une chute de ski, magnifique !
Paul sourit avec bonne humeur et glisse un regard bleu en direction d’Hortense. Elle est la dernière à passer et se retrouve toute seule.
–
Hortense, veux-tu que je t’aide ? propose gentiment le garçon.
La brunette accepte du bout des lèvres :
– Si tu veux.
Puis elle prend place au bord du tatami, lève les bras et exécute une roulade impeccable.
– Bravo ! s’enthousiasme Paul de bon cœur.
– Oui, bravo ! reprend Madame Baptiste à son tour. Superbe galipette, c’est comme ça qu’il faut faire, ajoute la maîtresse pour ses autres élèves.
Hortense regagne sa place en affichant un air modeste pendant que Paul rejoint sa cousine qui le fixe avec des yeux comme des mitraillettes.
Sur le chemin du retour, Paul est enthousiaste.
–
Elle est vraiment forte la nouvelle !
Victor et Benoît approuvent bruyamment.
– C’est sûr ! Tu ne trouves pas, Colombe ?
La mine boudeuse, la fillette ne dit rien et hausse les épaules.
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Une œuvre d’art
– Je voudrais
une autre tartine !
–
–
S’il...
S’il en reste, maman !
– Non,Tanguy,
s’il-te-plaît ! reprend Anne Leconte patiemment en étalant de la confiture sur une tranche de pain.
–
S’il-te-plaît-merci, répond le garnement en saisissant la tartine.
Les cousins sont attablés autour de la table du petit-déjeuner en compagnie d’Anne et de ses deux petits derniers, Tanguy et Éloi. Paul est intarissable : 15
– C’était super l’école hier, il y avait une nouvelle.
– Comment s’appelle-t-elle ?
– Hortense, elle est super bonne en sport et connaît des tas de choses.
– Autant que Colombe ? demande Tanguy qui est fasciné par sa grande cousine.
– Frrrrrrrrr, intervient Eloi en projetant de la bouillie partout.
Colombe ne pipe mot. Elle glisse des lichettes de brioche à Dartagnan, le chien de Paul.
– Tu es bien silencieuse ma chérie, s’inquiète Anne en essuyant la bouche d’Éloi.
– Mmm.
– Dis-moi ce qui ne va pas, tes parents te manquent ?
–
C’est pas ça...
La fillette arbore une mine froissée.
– C’est la nouvelle... je ne l’aime pas, elle n’est pas gentille !
– Tu exagères, la contredit Paul, on la connaît à peine.
– Elle se moque de moi !
– Tu es jalouse parce qu’elle répond aussi bien que toi en classe.
Le visage de Colombe vire au rouge vif. Pressentant une dispute, Anne s’interpose.
– Sois patiente, ça va s’arranger.
– C’est pas dit, marmonne sa nièce qui est sur le pied de guerre.
– Tu sais, ma grande, on ne doit pas se fier à sa première impression.
– Mais, tante Anne, c’est une vraie peste !
– Elle essaye de trouver sa place, temporise la maman de Paul.
Mais sa nièce ne paraît guère convaincue et affiche une mine butée qui ne présage rien de bon.
– Allez ! C’est l’heure, lavez-vous les mains et les dents, on part à l’école, commande la jeune femme pour mettre fin à la discussion.
Les enfants quittent la table au galop et se retrouvent bien vite dans la voiture, en route pour l’école.
Ce matin-là, Madame Baptiste organise une séance de peinture sur le thème des vacances.
– Je n’ai pas d’idées, se désole Paul qui préfèrerait dessiner des pirates.
– Moi si ! répond sa cousine en saisissant feuille, pinceaux et tubes de gouache avec entrain.
La classe bourdonne comme une ruche en pleine activité. Colombe manie son
matériel avec énergie, mettant autant de couleurs sur le papier qu’aux alentours. Ses mains et sa frimousse arborent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Un magnifique dessin prend forme sous les mains de la petite artiste.
– Whaou ! Il est trop beau ! s’extasie Paul qui n’arrive pas à avancer le sien.
– Tu trouves ?
– Oh oui ! j’aimerais bien savoir dessiner comme ça, répond le garçon en lançant un œil désolé sur son propre travail.
– Tu devrais peut-être mettre plus de couleurs.
– C’est vrai, ça serait mieux...
– Et remplir la feuille, maman dit toujours...
Un chuchotement moqueur interrompt les conseils de la fillette. Hortense, qui a réalisé un dessin bien propre, commente à mi-voix le maquillage de sa rivale :
– On dirait un clown...
– Ou un indien sur le sentier de la guerre, rajoute Marine avec un sourire narquois.
– Tu ne crois pas si bien dire ! rétorque Colombe, en brandissant un pinceau, prête à en découdre avec le trio de chipies.
– Laisse tomber, la calme Paul en foudroyant les pestes d’un regard furibond. Elles sont jalouses.
– Jalouses de ce gribouillis ! grince Charlotte, bien décidée à jeter de l’huile sur le feu.
– Un gribouillis ! s’étrangle Paul choqué par le commentaire. Le garçon cherche une répartie cinglante pour défendre sa cousine chérie.
L’arrivée de la maîtresse suspend cet 21
échange d’amabilités. Elle a remarqué le manège du trio infernal et décidé d’y mettre un terme avec diplomatie.
– C’est pas mal, Marine, mais un peu fade, commente Madame Baptiste. Quant à toi, Charlotte, tu devrais t’occuper un peu plus de ta feuille et un peu moins de tes voisins...
– Et moi, maîtresse ? minaude Hortense en tendant son petit dessin bien net.
– C’est... propre, commente l’enseignante sans enthousiasme avant de se tourner vers les cousins.
– C’est bien parti, Paul, continue comme ça.
Madame Baptiste saisit l’œuvre de Colombe et la fixe un bon moment en silence.
La fillette retient son souffle en mâchouillant ses lèvres multicolores.
– Colombe... C’est magni- fique, bravo ! Les couleurs sont superbes et le dessin très vivant. Tu es une véritable artiste !
Brandissant bien haut la peinture de sa petite élève pour la montrer à toute la classe, la maîtresse ne tarit pas d’éloges : – Voilà un travail particulièrement réussi, on va l’accrocher au mur.
Un sourire triomphant illumine le visage bariolé de Colombe. La fillette secoue ses nattes de plaisir et se retient de tirer une langue bleue à sa rivale.
Marion Raynaud de Prigny
Née en Béarn d’un père montagnard, commandant de... sous-marin, et d’une mère peintre, descendante des Croisés. Une enfance à manger des pinceaux qui l’amène, de port en port, aux Arts-Déco à Paris. Diplôme en poche, elle illustre alors livres et revues, et triomphe aujourd’hui avec Paul et Colombe !
Paul et Colombe, deux cousins inséparables... Mais Colombe a le chic pour agacer Paul et l’entraîner dans ses bêtises...
Le beau stylo de Colombe a disparu en classe...
Paul et Colombe mènent l’enquête...