9782843780530 Avec Guy de Larigaudie

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Charlie Kiefer - Louis-Bernard Koch - Guy Lehideux

Avec

Guy de Larigaudie

Sur les chemins de l’Aventure

Préface de Pierre Joubert

Postface de Dominique Lapierre

Editions du triomphE

Le Vent de l’Histoire

Préface de Pierre JouberT

Guy a débarqué dans ma vie dans les années 34 ou 35. À cette époque, j’étais en poste au Q.G. des Scouts de France chargé de l’illustration, de la mise en page et des relations avec l’imprimeur, en ce qui concernait la revue officielle « Scout ». Le rédacteur en chef étant appelé à d’autres fonctions, Guy, venant de son Périgord natal tel d’Artagnan de sa Gascogne, fut chargé de le remplacer (pas d’Artagnan, le rédacteur en chef) et ensemble, pendant deux ans, nous avons fait la revue.

Son totem, car à cette époque, tout scout sans totem était incomplet, était « Panthère

au beau soleil ». De la panthère, il en avait la souplesse et il le prouva par la suite, et le courage.

Quant au beau soleil, ce méridional y tenait beaucoup. Il avait horreur du froid, c’est pourquoi ses aventures eurent pour théâtre la partie sud de l’Asie, puis la Polynésie et c’est par une belle nuit étoilée qu’il trouva la mort.

C’est pour « Scout » qu’il écrivit l’histoire de Yug, gosse de la préhistoire, où fut découvert son talent de romancier, ou plutôt, d’écrivain car il fit peu de romans, se déclarant sans imagination pour ce genre littéraire. Par contre, il avait le sens du récit et son message spirituel fut un exemple tonifiant pour la jeunesse de son époque et celle qui suivra.

Je citerai deux anecdotes, probablement inconnues, qui décrivent bien sa personnalité. Voyez plutôt : sa foi était profonde mais discrète et originale. Un matin, on sonne chez moi, c’est Guy qui, l’air un peu fatigué, me demande de dormir chez moi quelques heures ! Devant mon air ahuri, il s’explique : il avait fait une demande à Marie qu’il vénérait particulièrement et pour appuyer sa demande, il avait envisagé une dizaine

de chapelets à sa façon : le « Pater » devant Notre-Dame sur le coup de 22 heures puis chaque « Ave » devant une église différente, de Saint-Séverin à Saint-Sulpice en passant par Saint-Eustache ou Saint-Julien-le-Pauvre… Il s’agenouillait dans un coin d’ombre et repartait, sa prière achevée. Le seul incident fut une paire d’agents en patrouille qui, le surprenant en prière, le prirent pour un dingue sans danger et, après s’être assurés que ce n’était pas un vagabond, lui conseillèrent d’aller se coucher, ce qu’il fit chez moi, car sa logeuse, interloquée, n’aurait peut-être pas cru l’histoire du chapelet by night.

Une autre anecdote, très marquante de sa « gentillesse » au retour de son fabuleux raid Paris-Saïgon, on lui demande une série de conférences ou de réunions amicales. Un soir, il y en eut une qui réunissait une trentaine de cadres du scoutisme et leurs amis. Ce n’était pas une conférence, mais un entretien où Guy répondait aux questions. Hélas, l’un des invités, à l’esprit plutôt simple, béat d’une admiration maladroite, posait des questions soit insignifiantes, soit incongrues et exaspérait le reste de l’assemblée. Il y eut alors des réflexions fort désobligeantes à l’égard de l’importun qui, fort penaud, se retira dans un coin quand l’entretien terminé on passa au buffet. ; c’est alors que Guy, très souriant, verre en main, vint s’asseoir près de lui et lui conta en particulier quelques autres détails de son voyage. Il passa une bonne partie du reste de la soirée avec lui. Le gars était aux anges et Guy avait rendu heureux celui qui serait parti humilié.

Pendant son raid vers Saïgon, aux étapes, il postait pour la revue le récit du voyage et à mon intention, une description des dessins à faire pour illustrer l’article, car évidemment, dans le désert d’Anatolie ou les steppes afghanes, il n’était pas question de faire développer des photos. C’est ainsi, qu’entre autres, je fis un paysan turc sur son âne avec sa casquette, visière sur la nuque, car Mustapha Kémal qui voulait intégrer son pays à l’Europe, avait interdit le fez, et comme pour la prière, on doit toucher le sol du front, le mieux était de mettre la casquette à l’envers.

Guy aimait l’équitation, et fut mobilisé dans la cavalerie. En mai 40, faisant part d’une mission qui s’avérait périlleuse, il remercia le Ciel, de ce que peut-être, il allait mourir à cheval… et ce fut son destin.

Les anecdotes précédentes disent ce qu’il aurait été s’il avait vécu, je crois que son désir était de soigner les lépreux de Polynésie.

Cet aventurier souriant était un grand mystique qui restera, Routier de légende, un grand modèle pour la jeunesse.

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