Pourquoi mes poules sont si bavardes

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Pourquoi SONT SI

Décryptons leurs comportements

INÉDIT, 16 SONS

À DÉCOUVRIR

Pascale Nuttall
4 • Préambule ......................... 6 COMPRENDRE LES COMPORTEMENTS DE L’INDIVIDU POULE OU COQ 9 Un oiseau terrestre et gratteur .. 10 Les ailes et le vol ................... 11 Les pattes.......................... 12 D’autres adaptations au milieu forestier d’origine ................ 14 Le régime alimentaire ............. 14 Le coloris du plumage ............. 15 L’adaptation aux prédateurs qui évoluent dans le sous-bois 16 Les sens de la poule : des outils adaptés pour vivre au mieux dans le sous-bois 18 Le sens principal de la poule : la vision ........................... 18 L’ouïe .............................. 25 Les autres sens : l’odorat, le toucher, le goût ................ 27 Le monde vu par les poules...... 30 Les besoins vitaux .................. 30 Une vie de poule : les occupations d’une journée 32 Quel est l’emploi du temps habituel d’une poule ? ........... 32 Le cas particulier du coq 35 Un guetteur 35 Défendre le territoire 36 Un combattant .................... 37 Un explorateur ..................... 40 Un médiateur ...................... 40 COMPRENDRE LES COMPORTEMENTS ENTRE INDIVIDUS ........................ 43 Un animal social .................. 44 Le groupe de base 44 Mémoire et apprentissage 48 Apprentissage et expérience ...... 49 Les moyens de communication ... 51 Les vocalisations 51 Un répertoire impressionnant 51 Plusieurs catégories de sons ....... 53 Quelques sons typiques à repérer .. 56 Les postures du corps : décrypter les positions les plus marquantes 59 L’expression de la dominance ou de la soumission ............... 60 Le consentement à l’accouplement . 61 L’intimidation ...................... 63 Les préliminaires à l’attaque ...... 63 L’organisation sociale ............ 64 Le groupe .......................... 64 La hiérarchie ....................... 64 La construction de la relation entre poules ...................... 68 La construction de la relation entre coqs 70
SOMMAIRE

Les comportements amicaux et coopératifs .................... 74

De l’entraide ....................... 74

Des moments de partage privilégiés . 76 L’altruisme 77

COMPRENDRE LES COMPORTEMENTS

Les relations avec les espèces proies ............................. 84

Les relations avec les autres animaux proies 85

De qui s’agit-il ? .................. 85

En cas de souci… .................. 86

Les relations avec les prédateurs 87

Quels prédateurs ? 87

Des tactiques astucieuses .......... 90

........................... 91

ou être prévenu .......... 92

se cacher

Comment la poule nous perçoit-elle ? Que sommes-nous pour elle ? ........................ 97

Comment le coq nous perçoit-il ?

Qui sommes-nous pour lui ? 103

créer une bonne relation ? .........................

cela n’est pas une science exacte ...........................

pas être considéré comme un prédateur

de l’anthropomorphisme

à décrire sans juger : un

à quoi ça peut servir

ce qui se passe,

• 5
AVEC
D’AUTRES ESPÈCES
LES INDIVIDUS
............... 83
Détecter
Prévenir
Fuir ou
.................. 94 Plus spécifiquement, les relations avec nous ........... 96 Généralités ........................ 96
Comment
108
108
109 Les choses
............... 112 Les choses à faire ................ 115 OUTILS PRATIQUES ............. 119
........... 120 Apprendre à
122 Du temps et du calme 122 Un peu de matériel ............... 122 S’entraîner
exercice simple ............... 123 Observer,
124 Comprendre
décrypter ........................ 124 Observer pour le
.......... 125 Index 126 Contact ........................... 128 Crédits ............................ 128
Tout
Ne
à éviter
Le piège
observer
?
plaisir

LES COMPORTEMENTS COMPRENDRE DE L’INDIVIDU

POULE OU COQ

Pour comprendre les comportements de notre poule actuelle, il nous faut au préalable revenir à ses origines, avant la domestication par l’homme, et prendre conscience de certains aspects de sa morphologie, forgée par des siècles de sélection naturelle.

UN OISEAU TERRESTRE ET GRATTEUR

Cela ne vous a pas échappé, la poule est un oiseau. Mais c’est un oiseau terrestre. « Ah, nous voilà bien », me direz-vous… Chez les oiseaux, il existe de très nombreuses différences de morphologie selon l’appartenance à un milieu particulier : adaptation au vol au long cours, à l’eau, à l’altitude, au désert, au froid… et pour ce qui nous occupe, à la forêt. Voyons donc plus particulièrement ce cas de figure.

Les

ancêtres sauvages : les coqs rouges de la jungle

(red jungle fowl)

Les ancêtres de la poule, les coqs sauvages de la jungle, vivent encore à l’heure actuelle en Asie du Sud-Est (Inde, sud de la Chine, Indonésie) dans des biotopes forestiers variés : jungle humide et toujours verte du sud de l’Asie, forêts sèches du nord. Des sousespèces très proches se partagent ces habitats, mais leur point commun à tous, c’est la forêt : la poule est un oiseau de sous-bois et de ce fait aime

être à couvert.

Les coqs sauvages sont eux-mêmes la résultante d’une longue sélection naturelle qui a abouti aux adaptations les meilleures à cet environnement forestier, ses prédateurs, ses ressources alimentaires, sa végétation, son climat. Tout un écosystème qui a façonné la morphologie et les comportements de la poule des origines à nos jours.

Par la suite, la domestication a modifié certaines choses mais

l’essentiel, c’est-à-dire les grands principes morphologiques et fonctionnels, les comportements fondamentaux, sont les mêmes. Sauf que l’environnement d’élevage actuel de notre poule n’est plus la forêt et ses habitants, et que parfois nous ne comprenons pas bien pourquoi notre poule adopte un comportement qui nous paraît hors contexte. Nous allons donc explorer les particularités physiques et comportementales de notre oiseau à la lueur de cet éclairage.

10 • Comprendre les comportements de l’individu poule ou coq

LES AILES ET LE VOL

Pour nous humains, ce qui fait une des grandes caractéristiques de l’oiseau, ce sont les ailes, que nous associons à la capacité de voler. Or, de nombreux oiseaux ont des ailes mais ne s’en servent pas pour voler. Par exemple, les ailes des manchots leur servent de nageoires. On ne peut pas dire que notre poule vole, au sens d’un voilier comme l’hirondelle ou le pigeon, même si les petites races, plus légères, arrivent à d’assez belles performances. Ses ailes lui servent plutôt à décoller verticalement et à voler sur une très courte distance pour échapper à un prédateur, se percher, trouver son équilibre. On comprend parfaitement que

l’environnement forestier ne favorise pas les vols longs, hauts et horizontaux, d’où cette utilisation des ailes pour des vols courts et verticaux et une spécialisation à terre pour trouver les ressources alimentaires.

De fait, même dans son environnement moderne, notre poule domestique va avoir ce réflexe de se servir de ses ailes pour décoller en cas de panique, ce qui se produit souvent lorsqu’elle arrive dans un nouveau poulailler avec de nouvelles « copines », de nouveaux maîtres, un chien, des enfants, des bruits inconnus. C’est un réflexe qui peut lui faire passer allègrement les clôtures du parc ou du poulailler.

Un oiseau terrestre et gratteur • 11

PETITES HISTOIRES

J’ai souvenir d’une de mes Orpington de l’époque, grosse mémère ronde et lourde, qui, paniquée par l’apparition d’un prédateur imaginaire, avait réussi à soulever sa masse au-dessus d’une clôture de 1 m de haut, me laissant totalement sidérée par cette performance inédite. C’est là que j’ai enfin compris toute la portée de l’expression : « la peur donne des ailes… »

Le savez-vous ?

Le « blanc » du poulet, que nombre d’entre nous affectionne entouré de frites le dimanche, est constitué des muscles qui permettent le vol. Ils sont de couleur blanche chez la poule qui, comme on vient de le voir, fait des vols courts pour se mettre à l’abri des prédateurs. En effet, les muscles blancs sont propres aux mouvements rapides qui ne durent pas, tandis que les muscles rouges, eux, sont faits pour l’endurance. Ce qui donne par exemple les magrets du canard, voilier au long cours, ou les cuisses de la poule, corroborant ainsi sa spécialisation d’oiseau gratteur chez qui les pattes sont plus utilisées que les ailes.

LES PATTES

Le grattage est un des comportements les plus faciles à observer : la poule scarifie la terre à la recherche de nourriture (larves, insectes, mollusques, graines, petits cailloux…), aidée en cela par des

muscles puissants au niveau des cuisses, des pattes protégées par une cuirasse d’écailles et des ongles très solides qui poussent de manière continue pour en compenser l’usure.

12 • Comprendre les comportements de l’individu poule ou coq
Ergot

Gratter : un comportement instinctif

Observez vos poules qui grattent autour de leur mangeoire avant de commencer à manger alors que cela ne sert à rien, la nourriture étant en évidence devant elles et pas sous leurs pattes… C’est le même geste que le chat qui fait mine de recouvrir ses excréments en grattant le carrelage… Dans cette situation environnementale, on dirait qu’ils font ça pour la forme. C’est typiquement représentatif d’un comportement inné utilisé de manière réflexe dans un environnement qui ne correspond pas à son expression mais dans une situation qui, elle, lui correspond.

Les pattes servent également à : – marcher et courir pour s’enfuir. Les poules se déplacent relativement vite (15 km/h en vitesse de pointe), faites l’essai de courir après… – sauter, se percher. Le comportement de perchage est aussi un comportement facilement observable et correspond à une mise en sécurité pour faire sa toilette, dormir, se reposer. Lorsqu’il n’y a pas de perchoir dans le poulailler, les poules utilisent tout ce qui peut être en hauteur pour assouvir cet instinct. La forme des doigts, au nombre de 4 (3 à l’avant, 1 à l’arrière) est adaptée au perchage sur les branches. Un mécanisme dit « de verrouillage » permet à l’oiseau de fermer automatiquement sa patte sur

la branche pour ne pas tomber, même lorsqu’il dort.

– se battre, se défendre. Les coqs, – et parfois certaines poules de races primitives ou combattantes, ou âgées –possèdent des ergots à l’intérieur de la patte. Ces excroissances de corne sont de véritables armes, pointues et aiguisées comme des rasoirs. Les ergots servent à maintenir la femelle lors de l’accouplement et à se battre avec les rivaux ou ennemis. Ils peuvent infliger de sévères blessures aux protagonistes, quels qu’ils soient.

Un oiseau terrestre et gratteur • 13

D’AUTRES ADAPTATIONS AU MILIEU FORESTIER D’ORIGINE

LE RÉGIME ALIMENTAIRE

La poule est omnivore et non pas un granivore strict comme la littérature l’a longtemps laissé croire en réduisant l’entretien de notre animal au geste de la fermière qui lance le grain à la volée à ses poules. Cette simplification omettait tout simplement de dire que les poules d’alors maraudaient dans toute la ferme et y trouvaient l’essentiel de leur nourriture, notamment carnée. Cela ne vaut plus dans un poulailler clos duquel les

poules ne sortent pas, ni dans un environnement policé où la végétation et la biodiversité animale sont restreintes.

L’observation du coq sauvage de la jungle en milieu naturel montre que ce dernier consomme principalement des insectes (80 % de la ration alimentaire chez les femelles !) et des plantes (feuilles, graines, fruits : environ 20 % de la ration) ainsi que de petites quantités de mollusques. Toutes choses que l’on trouve en quantité sur un sol forestier. Nous com-

14 • Comprendre les comportements de l’individu poule ou coq

Un bec adapté

Ce régime alimentaire explique la forme du bec de la poule qui est solide, puissant, adapté pour saisir du bout du bec. Il permet ainsi d’attraper de petits insectes ou de petites graines mais aussi de prendre, transporter et déchiqueter des proies plus grosses, comme un petit rongeur par exemple.

prenons ainsi le goût immodéré que nos poulettes actuelles ont conservé pour les insectes et à quel point nous comblons leurs besoins lorsque nous leur en donnons. Cela va bien au-delà de l’aspect friandise mis en avant par certains, c’est au contraire un apport d’une valeur alimentaire primordiale et pour lequel la poule est faite.

LE COLORIS DU PLUMAGE

Le plumage du coq sauvage de la jungle est le perdrix doré que nous connaissons bien, car c’est celui qui orne notre flamboyant coq gaulois national.

C’est un coloris dimorphique, c’est-àdire qu’il est différent chez le mâle et la femelle. Le mâle est paré de couleurs vives dans les rouges, orange, jaunes tandis que la femelle arbore des tons rouille-brun. Pourquoi cette différence ? Elle s’explique par le milieu d’origine : en période des amours, les coqs doivent pouvoir être vus des femelles et des autres mâles et impressionner l’adversaire ou séduire les demoiselles par la vigueur de leurs couleurs. Mais c’est dangereux pour eux, car ils peuvent être repérés plus facilement par les prédateurs.

C’est pourquoi, dès que les amours sont terminées, ils muent pour retrouver un plumage dit « d’éclipse » : leurs belles

D’autres adaptations au milieu forestier d’origine • 15
Jeune coq rouge de la jungle dans son plumage juvénile qui le rend beaucoup moins visible dans le milieu forestier.

couleurs disparaissent au profit d’une tenue de camouflage plus neutre, dans les noirs bruns. Par opposition, la poule, qui doit mener à bien une longue couvaison au sol sans se faire repérer, arbore, elle, une tenue de camouflage façon bois feuille morte, comme le sol du sous-bois.

Par la suite, la domestication et la sélection opérée par l’homme ont permis à d’autres mutations de coloris de perdurer pour aboutir à toutes les magnifiques variétés de plumage que nous connaissons. Mais sans la protection de l’homme, ces oiseaux n’auraient pas survécu ou pas longtemps dans le milieu naturel car trop repérables par les prédateurs.

L’ADAPTATION AUX PRÉDATEURS QUI ÉVOLUENT DANS LE SOUSBOIS

Dans un sous-bois, le danger peut venir d’en haut, des arbres (serpents, oiseaux, carnivores…) ou du sol avec des prédateurs qui se déplacent à terre.

Pour échapper à ces prédateurs en tout genre, les poules ont des sens adaptés à la détection des dangers (voir par la suite) et un système de communication vocale élaboré qui permet de transmettre des informations utiles aux autres membres du groupe. Elles utilisent notamment deux types d’alerte différents selon la localisation du prédateur : l’alerte aérienne qui signale un danger venant du ciel, et l’alerte terrestre qui signale un danger venant par le sol. Les comportements des individus sont alors

adaptés à chaque alerte : se mettre à couvert lorsque retentit la première ou s’éparpiller en courant lorsque sonne la seconde. Le choix adaptatif d’une communication vocale élaborée, avec une trentaine de cris différents, se comprend parfaitement dans un environnement dans lequel on ne voit pas très loin et dans lequel on vit à plusieurs. Même le marquage du territoire est sonore, et c’est le fameux chant du coq qui a cette fonction, comme nous le verrons plus loin.

Le savez-vous ?

Chez les canards ou les oiseaux aquatiques de manière générale, il existe une troisième dimension du danger : celui qui vient du dessous de l’eau. J’ai compris cela avec de jeunes canetons élevés sur des caillebotis, paniqués en croyant voir quelque chose bouger en dessous d’eux. Instinctivement, ils ont cherché à décoller pour se mettre hors de portée de la gueule de ce poisson carnivore imaginaire.

16 • Comprendre les comportements de l’individu poule ou coq

Parfait camouflage pour ces deux poules sauvages Bankiva qui échappent ainsi à leurs prédateurs.

D’autres adaptations au milieu forestier d’origine • 17

Une poule systématiquement mise à l’écart par ses consœurs, une autre qui semble chercher vos caresses, un coq qui vous attaque subitement… ce n’est pas toujours facile de comprendre les comportements de nos volatiles. Après avoir rappelé les adaptations héritées de l’ancêtre sauvage, l’auteure s’intéresse à l’organisation sociale des poules, à la hiérarchie, aux moyens de communication, aux coopérations possibles entre ces animaux. Elle émaille son texte d’anecdotes savoureuses issues des observations faites dans son élevage. Au final, il s’agit de comprendre comment les poules nous perçoivent, afin de créer et d’entretenir de bonnes relations avec elles.

Pascale Nuttall élève des poules de race en Bretagne, à la Ferme de Keres, depuis près de 30 ans. Passionnée d’éthologie, elle observe attentivement leurs comportements dans des situations très variées.

Pourquoi SONT SI

EXCLUSIF : 16 sons en QRcodes pour découvrir le langage des poules (chant de l’œuf, alerte aérienne, alerte terrestre, cris d’appel…). Vous avez dit bavardes ?

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