












Préfaces 4
Introduction 15
Préambule 17
Notre histoire 21
La phytoneurologie 29
La génodique 35
Nos travaux 45
La grande découverte 69
La musique en partage
87
Les rencontres autour de la musique des plantes 95
La musicothérapie botanique 103
La biodynamisation botanique 113
Quelles applications dans le futur ? 123
Conclusion 132 Annexes 135
J’ai découvert le travail de Jean Thoby sur la musique des plantes lors de son passage dans l’émission 28 minutes diffusée le 24 mai 2019 sur la chaîne Arte. Étant scientifique et musicien, j’ai tout de suite percuté et j’ai décidé de le rencontrer. Un déplacement dans le Sud-Ouest en août 2019 en compagnie de Mme Émilie Lefort, présidente de l’association Natur’Eau Quant, fut l’occasion de visiter Jean et son épouse Frédérique au Plantarium de Gaujacq, dans le département des Landes (40). Ils nous accueillirent avec chaleur et simplicité. Avant de repartir, nous avons bien évidemment acheté le matériel requis pour faire chanter les plantes de retour chez nous. Notre choix s’est porté sur le modèle « Bamboo » en raison de sa compacité et de son prix compatible avec nos moyens financiers.
Disposant d’un synthétiseur très haut de gamme, j’ai ainsi pu passer des heures à faire de la musique avec mon spathiphyllum, aussi appelé « fleur de Lune », qui est une plante exotique originaire d’Amérique du Sud. À vrai dire, avant l’achat de mon Bam boo, je n’avais aucune plante chez moi. Je suis, en effet, souvent, en déplacement et la contrainte de l’arrosage me dissuadait de bénéficier de leur présence. Après l’achat du Bamboo, la situation était différente. Si je voulais utiliser mon dispositif, il me fallait une plante. Pour être vraiment honnête, c’est la plante qui m’a choisi. Car, lorsque je suis arrivé dans le magasin de plantes juste à côté de chez moi, je souhaitais savoir quelle plante j’allais choisir. Je demandais à la vendeuse si elle avait une plante qui pouvait supporter de ne pas être arrosée régulièrement et qui n’avait pas trop besoin de lumière. Parce que, à l’époque, j’habitais dans un studio en contrebas de la cour
d’une grande maison bien ombragée. La vendeuse me présenta plusieurs plantes, mais aucune ne me plaisait réellement.
Toutefois, à force de faire des allers-retours dans le magasin, je passais et repas sais devant la même plante verte. Et, à chaque passage, la sensation d’être scruté et interpellé par une force invisible me taraudait. Dans ma tête, j’entendais une petite voix fluette disant : « Moi, moi, je suis celle que tu cherches. » Heureusement pour moi, la vie m’avait donné assez de claques, pour que mon ego de scientifique raisonnable et borné soit en veille. Pour ne pas dire en coma profond. Car, sinon, je ne serai pas en train d’écrire une préface pour ce livre. Dans le milieu universitaire dans lequel je baigne depuis plus de quarante années, parler à une plante ne se fait pas. Pire, c’est même inimaginable, totalement impossible. Seulement voilà, Jean et Frédérique étaient passés par là. J’avais baigné dans l’atmosphère très particulière du Plantarium de Gaujacq avec ses milliers de variétés de camélias. Sans compter les innombrables autres espèces qui poussent dans ce microclimat tropical. Ainsi, je finis donc par m’arrêter devant celle qui allait devenir ma compagne et répondre au doux nom de « Spathy ». Là, ce fut le coup de foudre. Et, quand la vendeuse m’expliqua qu’elle répondait à mes critères et qu’elle s’appelait aussi « Fleur de Lune », je me décidais aussitôt.
« Fleur de Lune » me renvoyait à mon adolescence et à la magnifique chanson de Françoise Hardy, portant le même nom. « Suis-je la fleur de Lune, Ou bien l’eau qui dort?Suis-jel’herbesauvage,Oulecieldepluie?Vienst’enroulerdansmesvagues… » Cela me renvoyait aussi à cette émission musicale de France Inter du 10 février 2014 intitulée « Planète végétale ». La synchronicité était puissante et me ramenait à l’eau, mon autre fidèle compagne de route sur le chemin de la vie. Lorsqu’on y prête atten tion, ce sont des signes qui ne trompent pas. Je savais qu’avec Spathy et la musique des plantes, j’entamais un tournant décisif dans ma carrière de scientifique hors norme. Je savais aussi que Jean ainsi que Frédérique allaient devenir des compagnons de route. Une nouvelle alliance entre l’agriculteur et le chimiste.
Alliance nouvelle, car l’ancienne, celle nouée après la fin de la Seconde Guerre mon diale, est actuellement à bout de souffle. Je suis, en effet, bien placé pour savoir que l’emploi intensif des engrais chimiques et des pesticides est un acte meurtrier pour le sol, la flore et la faune. D’autant plus que ces mêmes produits chimiques de synthèse se retrouvent dans notre alimentation provoquant des maladies chroniques et handi capantes. Avez-vous déjà discuté avec ces paysans qui renaissent à la vie dès qu’ils
L’un probable. Il y a des rendez-vous dans la vie qui ne sont pas le fait du hasard. Dès le départ, dans le germe en devenir de l’univers, celui-ci était déterminé. Pourquoi ? Tout simplement parce que pour moi et mon piano, il fut déterminant. Mon piano nomade et moi-même, nous devions nous rendre à la pépinière de Gaujacq pour y rencontrer ses propriétaires : Jean et Frédérique Thoby.
Deux mois auparavant, le 7 juin 2021, je reçois un mail de Jean Thoby : « Bonjour Marc, Une idée… Nous préparons le 3e Festival International de la Musique des Plantes qui aura lieu du 13 au 15 août 2021 ici à Gaujacq (40330) Ne serait-ce pas l’occasion de vous essayer de jouer avec les plantes ? Si oui, nous pourrions inscrire votre prestation dans un programme de ces journées. Nous pouvons en discuter par Skype ou par téléphone. Dans l’attente de vous lire. Bien cordialement. Jean Thoby »
Dans ma vie de pianiste nomade, en quarante années, j’en ai fait des choses éton nantes. J’ai joué à travers plus de cinquante pays avec toutes sortes de musiciens, classiques, nomades, traditionnels, mais il m’est aussi arrivé de jouer pour les animaux. Avec des chevaux, des zébus et des chameaux, bien sûr avec des chats, des chiens et même des poules, mais avec des plantes, ça jamais ! Les animaux sont sensibles à la musique. En 2008, j’ai tenté de faire jouer au piano des lémuriens à Mayotte. Mais pas un n’a osé toucher le clavier malgré les morceaux de banane que je posais sur celui-ci. La seule chose que j’ai réussi à obtenir, c’est ma veste de concertiste imbibée
de phéromones tant les primates étaient excités par les sons que je faisais. En 2011, à Tadoussac, dans la baie du Saint-Laurent, avec ma musique, j’ai communiqué avec des baleines à bosse. Ce fut magique. Phoques et bélugas sortaient la tête de l’eau, semblant étonnés. Quant aux baleines, elles restèrent proches du voilier tout le temps de l’émission musicale. Le capitaine du navire, ahuri par ce qui était en train de se passer me confia : « En vingt-cinq ans de navigation dans ces eaux, je n’ai jamais vu un truc pareil. » En 2015, en Égypte, j’ai joué pour des dauphins dans le lagon de Sataya. Était-ce pour nous remercier ou juste nous dire au revoir, peut-être les deux à la fois, dix minutes avant notre départ, une bonne cinquantaine de dauphins sont venus lentement vers le bateau en formant un demi-cercle parfait et sont restés statiques jusqu’au démarrage des moteurs. Alors qu’en banlieue de Madrid je jouais dans un champ entouré de vaches à corrida, j’ai senti dans mon cou se poser le mufle humide du taureau, comme un remerciement à la musique offerte. J’ai eu aussi le projet fou avec le cinéaste animalier Étienne Verhaegen, un type génial, de faire jouer au piano les Bonobos du zoo d’Atlanta et celui de jouer pour les guépards de Marlies en Afrique du Sud… Et là, voilà qu’un autre type que je ne connais pas encore me propose de jouer avec une fougère. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Je l’avoue, je suis très intrigué par cette invitation totalement improbable. Mais vous l’avez compris, j’aime cet « un probable », j’en suis friand.
Pour mieux saisir l’aventure, je me procure le livre de Jean Thoby, Le Chant secret des plantes que je dévore en trois jours. Je découvre que les plantes communiquent entre elles et soignent. Je mesure le privilège colossal qui m’est donné de jouer avec elles. Je vais devoir entrer en relation avec d’autres créatures qui, d’après Jean Thoby, seraient plus intelligentes que moi. L’auteur l’affirme dans son livre, se faire traiter de pauvre pomme, de légume ou de patate serait même un compliment. Diable ! Après cette lecture, voilà que tous mes codes et repères se trouvent chamboulés.
Et comme toujours, le temps passe vite, concerts et conférences s’enchaînent les uns après les autres, me voici rendu mi-août, je suis à la pépinière de Gaujacq. Il y a des arbres et des plantes partout. Depuis la lecture du livre de Jean, je ne vois plus des simples végétaux mais des êtres pensants qui me ressentent et cela m’intimide. Jean Thoby et Frédérique, son épouse, sont juste magnifiques. Ils portent l’un et l’autre l’élé gance et la puissance au service. Jean-Jacques, l’homme à tout faire du lieu, m’ac cueille comme si j’étais de la famille. C’est juste parfait. À cause du Pass Covid, le festival est annulé. Tous les intervenants invités, nous nous retrouvons entre nous, à huis clos, pour faire nos conférences et concerts. J’ai plein de questions dans ma tête.
Mon nom est Jean Thoby, j’ai 61 ans. J’ai toujours été attiré par les plantes et nous avons depuis 1985 sur le site de Gaujacq en Chalosse, dans les Landes, créé avec ma femme Frédérique un jardin botanique dénommé Plantarium® et une pépinière de vente directe. Si les sciences m’ont toujours fasciné, en particulier la biologie végétale, je n’ai pas de base scientifique au sens où nous pourrions l’entendre. Issu d’une famille de pépiniéristes et immergé dans le monde de la chlorophylle, j’ai préféré appliquer dès que possible les premiers savoirs diplômés par un BEPC option pépinières orne mentales et fruitières et un Bac pro « pépinière et paysage ». Car les études dites « supérieures » ne comportaient pas de cours sur la connaissance végétale, qui était ma priorité absolue. Donc, suivant un parcours autonome, à l’image des compagnons (parcours qui reste à inventer dans le domaine horticole et botanique), j’ai visité en France et en Europe des pépinières de collections, spécialisées, des jardins botaniques privés ou publics, afin d’approfondir le plus possible et en continu mes centres d’intérêt.
De mon père, Claude Thoby, je garde la connaissance d’une culture ordonnée, plani fiée et industrielle. De ma mère, Anne, un goût prononcé pour la botanique, les introductions de nouveaux végétaux, l’art. Quand nous nous sommes installés en Chalosse, j’ai beaucoup travaillé avec Jean-Claude Rosmann (†). Nous nous partagions les études des Camellia 41 et autres théacées. À lui les études au Vietnam sur les lieux où son grand-père avait été instituteur ; comme les villageois se souvenaient bien de ce « personnage », il lui fut assez facile de monter des expéditions botaniques qui permirent de découvrir ou de redécouvrir et de protéger, avec l’aide des organismes locaux : Camellia rosmanii, C. vidalii, C. cucphongensi, C. caurieri… Nous avons travaillé ensemble et obtenus des hybrides comme C. Cuspidata ‘Nam de Gaujacq’, C. x oleifera ‘Françoise Dorléac’ et de nombreux autres. Personnellement, mon travail était en lien avec des jardins botaniques des zones protégées, et consistait bien sûr entre autres à cultiver des liens étroits avec des pépiniéristes ayant les mêmes spécialités dans le monde. À cette époque, nous cou rions après les prix. Nous aimions participer à ces défilés de « haute bouture », pour reprendre l’expression de ma chère belle-fille, et avons ainsi remporté un nombre
4 Nous n’employons pas les noms français ou vernaculaires des végétaux parce qu’ils sont source de confusions. Ces noms changent en effet en fonction des pays ou même des régions, et par conséquent plus personne ne sait réellement de quelle plante il s’agit. Ces appellations participent même à la perte de diversité. Aussi, afin de pouvoir échanger sur la réelle identité des végétaux, nous employons la nomenclature officielle, valable sur les cinq continents. Malgré les apparences, ceci est beaucoup plus simple.
important de 1er prix sur diverses expositions dans les années 1980, par exemple aux Floralies de Nantes, Nice, Courson, Bordeaux… Mais en dehors du fait que cette « com pétition » stimulait notre désir de progresser et notre soif de connaissances en matière de botanique, et flattait notre ego, cela n’avait pas un grand intérêt. Nous trouvons aujourd’hui beaucoup plus sage et profitable de travailler sur des sujets de haute connaissance, de participer à des programmes de conservation et de déve loppement de la botanique ou de travailler sous forme associative à la conservation de nos savoir-faire 5 2
En 1996, j’ai eu l’honneur de recevoir la bourse Nuffield, à l’époque dédiée chaque année à 12 candidats choisis dans le monde entier et gérés par l’administration anglaise. Il existe désormais une association Nuffield France 6. Elle est destinée aux agriculteurs et autres gens de la terre. Le ou la candidat.e élu.e est doté.e d’une bourse de 20 000 euros qui lui permet de parcourir le monde afin d’engranger toutes les informations nécessaires à la compréhension du sujet qu’il a choisi. Une fois publié, celui-ci viendra à son tour nourrir des projets communs ou individuels. Mon étude por tait sur « les méthodes de conservation de la diversité végétale ». Grâce à cette bourse, j’ai pu faire le tour du monde, rencontrer de nombreux spécialistes avec lesquels je suis toujours en contact aujourd’hui, et bien sûr m’enrichir de leurs expériences.
Les échanges avec les scientifiques venus visiter notre jardin ont également toujours été fructueux et ont parfois débouché sur des programmes de recherches appliquées en hybridations horticoles ou en introductions d’espèces botaniques à des fins conser vatoires ou de développements horticoles. Ces recherches ont abouti par exemple à des contrats de cultures avec de grandes maisons de cosmétiques. Elles nous ont aussi permis de fournir des espèces rarissimes pour l’élaboration de produits vétéri naires. Ou encore de participer avec sept autres de mes collègues pépiniéristes à des études et sélections à partir de collections d’hydrangeas sous la houlette de grands spécialistes comme Hélène Bertrand et Claudie Lambert, alors professeurs à l’Institut national d’horticulture et de paysage (INH) d’Angers 7 . 3
5 Voir le site www.aspeco.net
6 Concernant la bourse Nuffield, voir le site www.nuffieldfrance.fr
7 Une compilation de ces remarquables travaux existe, par Hélène Bertrand, Isabelle Bécue, Daniel Relion, Res sources génétiques du genre Hydrangea L., Paris : Bureau des ressources génétiques, 2007.
J’ai longtemps sous-estimé l’importance de ma longue immersion familiale dans la profession. Mes parents avaient succédé aux pépinières Guichard de Nantes, créées par Henri Guichard en 1860, donnant un premier catalogue en 1864. Leur spécialité fut d’abord les plantes nouvelles, originaires d’Australie et d’Afrique. Puis ils devinrent rapidement de grands collectionneurs de Camellia, ils firent de nombreuses introduc tions et hybridations et vendaient dans le monde entier. Des Camellia de cette époque sont toujours visibles aux serres royales de Laeken en Belgique, mais aussi aux ÉtatsUnis, aux jardins botaniques de Rancho Santa Ana (Claremont) et Los Angeles, en Nou velle-Zélande et même au Japon, l’une des patries asiatiques de naissance du genre. Nous disposons donc d’une bibliothèque assez importante, avec des livres bien sûr, mais aussi des cahiers de cultures, des répertoires de clients de l’époque, répartis sur les cinq continents. Dans le cadre de notre association, nous réfléchissons au moyen de rendre ces documents accessibles au public. La connaissance, à travers un tel tré sor, doit être partagée. Ainsi, il me semblerait une bonne idée de retourner sur les lieux correspondant aux adresses d’expéditions des années 1920, 1940 ou 1950, en Syrie, en Iran, au Liban… Peut-être pourrait-on y voir encore de ces Camellia si convoités à l’époque et récolter quelques témoignages ?
La pépinière vit sa notoriété grandir considérablement lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900. Est-ce à cette occasion que Gabrielle Chanel vit pour la première fois le fameux Camellia japonica ‘Alba Plena’, qui devint plus tard l’emblème de sa maison ? Nous avons retrouvé récemment, dans la liste des clients parisiens de la pépinière Guichard, le fleuriste se trouvant à proximité des appartements de la célèbre Coco, rue Cambon à Paris. La facture d’une livraison directe disparut malheureusement dans l’inondation de la cave de mes parents dans les années 1998-2000. Disparues aussi les factures que ces derniers avaient rédigées à l’intention du Shah d’Iran, du général de Gaulle, de Valéry Giscard d’Estaing, des familles Mitterrand et Chirac, de Chantal Goya… Parmi nos clients plus récents, citons encore Michel Lis (†), parrain du Plan tarium®, et Catherine Deneuve.
Ce que les gens connus aiment bien chez nous, c’est que très souvent, comme nous ne suivons pas les mêmes actualités que la majorité de nos concitoyens, nous ne les reconnaissons pas. Les cultures prennent beaucoup de temps… Ils peuvent ainsi venir, visiter, repartir sans avoir à distribuer photos ou autographes. Un vrai confort ! Du coup, sachant cela, lorsqu’il nous arrive de reconnaître quelqu’un de célèbre, nous faisons
comme si de rien n’était… Cela s’est produit dernièrement avec Elie Semoun qui nous a gentiment cités comme fournisseur pour son beau jardin dans la rédaction de son dernier ouvrage.
Toutes ces notes, ces livres d’époques, auxquels s’ajoutent ceux des bibliothèques de mon grand-père maternel, de mes parents et de la nôtre, forment une connaissance bien ciblée de notre profession et distillent au fur et à mesure des savoirs dont il est aisé de se laisser imprégner avec bonheur. Grâce à du mécénat, les ouvrages familiaux seront bientôt accessibles au public sur rendez-vous dans notre Bibliothèque bota nique ; plus de 3 600 ouvrages dont le plus ancien date du xviie siècle…
En 2010, je me suis particulièrement intéressé aux travaux concernant la « géno dique », mot inventé par Joël Sternheimer pour expliquer les études sur les vibrations des plantes. Ceci m’a amené à recevoir deux boîtiers expérimentaux, mis au point par l’équipe de Solera en Italie, et dont nous assurons depuis la diffusion en France et dans les pays francophones. Je me suis servi de ces boîtiers spécifiques, appelés Device U1, comme des livres de nomenclature, d’appareils de mesure de techniques horticoles comparables à des pH-mètres. Je désirais savoir s’il existait un lien entre l’activité électrique d’un végétal et son type de culture, bio ou pas : eh bien ! oui, il y en a un. Entre l’activité électrique de la plante et son nom : oui, il y a un lien. Entre l’activité électrique des plantes les plus anciennes et les plus jeunes : oui encore, il y a aussi un lien.
Cette nouvelle recherche appliquée est passionnante et mérite aujourd’hui d’être partagée pour que chercheurs et scientifiques prennent la mesure de cette approche aussi nouvelle qu’inattendue. Nous souhaiterions que des expérimentations similaires puissent être menées dans le cadre de protocoles encadrés, afin de corroborer ou d’infirmer nos observations régulières et récurrentes. Dans notre monde occidental si matérialiste, nous n’avions pas prévu que les plantes puissent être aussi développées. Il va pourtant falloir s’y habituer.
Les protocoles ne sont pas aisés à mettre en place parce que les plantes étant extrê mement sensibles, les données peuvent changer en fonction du climat du jour et celui du lendemain, de la présence ou non de certaines personnes, et bien sûr des lieux.
Ce que j’ai pu expérimenter et définir résulte d’un nombre incalculable d’heures d’écoutes. Certes l’empirisme est acté, mais prenons des comparaisons. Il existe des musiciens reconnus extraordinaires qui évoluent avec une technique éblouissante et qui pourtant ne savent pas lire la musique ; une extrême sensibilité, augmentée d’un travail considérable, a néanmoins permis leur fabuleux apprentissage. Autre exemple : vous connaissez des personnes qui s’expriment dans un bon français, et pourtant ne savent ni le lire ni l’écrire, des personnes qui s’expriment bien mais ne pourraient pas vous épeler un seul mot ni vous expliquer une règle de grammaire.
Nous sommes ici en présence d’un phénomène similaire. Nous relevons des résultats récurrents, nous définissons un certain niveau de compréhension du fonctionnement de la plante sans pour autant pouvoir l’expliquer de manière précise, scientifiquement. Tel est l’objectif de ce livre : faire en sorte que la science crée des programmes de recherches spécifiques. Tous les possesseurs de boîtiers U1 aujourd’hui, qui s’en servent régulièrement, arrivent aux mêmes conclusions, tout en ayant des approches différentes liées aux spécialités de chacun. Le travail en commun sur ce sujet est pri mordial. Ce matériel est le premier qui permette une approche aussi avancée. À l’uni versité de Fribourg (Suisse), Michèle Courant accompagne un doctorant qui prépare une thèse sur la communication végétale… Enfin des ouvertures académiques ! Nous en avons besoin. À la relecture de l’ouvrage, les choses bougent. Des expériences qui reprennent nos protocoles expérimentaux sont entreprises par des universitaires à Milan.
Depuis août 2019, nous remercions chaleureusement le Pr Marc Henry qui apporte beau coup à l’équipe. Sa forte implication élève encore notre récente compréhension sur ce que nous appelons désormais la phytoneurologie.
Piste n° 1. Tricyrtis stolonifera
Lors de nos conférences, nous commençons toujours par « brancher » une plante qui s’écoute facilement. Ici, un Tricyr tis, une plante vivace japonaise. Elle est sensible aux rythmes, émet des sons jazzy et répond très facilement à son environ nement direct. Par exemple, si la plante est en train de chan ter et qu’une autre personne que celles présentes arrive, elle s’arrête puis recommence avec une mélodie quelque peu dif férente : elle a intégré ce nouveau paramètre. Si un téléphone portable se met à sonner, idem. La première surprise est que les sons obtenus sont harmonieux…
Cela se passe un peu comme avec les baleines, que tout le monde pensait muettes il y a 150 ans… jusqu’à ce que nous disposions des appareils nous permettant de capter les fréquences qu’elles émettent. C’est à présent au tour des plantes. Les animaux, les insectes et même les bactéries utilisent des sons pour communiquer. Des études l’ont montré. Il n’est pas déraisonnable de penser que le règne végétal puisse faire de même. Ce serait même d’une logique implacable. Le tout est de rester ouvert, de se comprendre, d’échanger, de refaire encore et encore des expériences afin de nourrir la réflexion.
La première personne à nous avoir suivis dans cette aventure est Hervé Le Bouler, ancien chargé de recherches à l’ONF (Office national des forêts). Nous nous connaissons depuis 30 ans et avons depuis toutes ces années échangé sur beaucoup de sujets, comme la climatologie qui est l’une de ses spécialités, mais surtout sur l’introduction d’espèces végétales et leur acclimatation. Il me disait il y a 5 ans : « La chance que tu as, c’est que tu es pépiniériste. Tu n’as pas de responsabilité scientifique. Si tu te trompes, on dira que tu étais un poète. Si tu as raison, on dira que tu as eu de la chance, dans les deux cas cela fonctionne ! »
C’est uniquement dans ce domaine de la phytoneurologie que nous effectuons nos travaux de recherches. Il importe toutefois pour des raisons de compréhension globale de connaître également certaines spécialités comme la génodique.
Cet enregistrement est tiré de notre CD La Musique des arbres pour illustrer les travaux de Ernst Zürcher. En effet, les arbres sont complètement connectés au cosmos et cette musique si spécifique semble le rappeler. Firmiana simplex est un arbre d’origine chinoise, introduit au xix e siècle par le botaniste Marsilli. Il est à l’aise aussi bien dans les sols secs, humides, acides ou calcaires et tout est géant chez lu : feuilles, inflorescences, tronc et même sa vigueur. Il est utilisé dans son pays d’origine comme bois d’œuvre pour fabriquer des instruments de musique, une belle coïncidence ! L’avantage de ce taxon est qu’il est complètement adapté à l’évolution climatique en Europe, nous devrions donc en voir de plus en plus…
Vous savez déjà que les plantes émettent des vibrations et échangent des informations. Mais saviez-vous que cette activité électrique peut être convertie en notes de musique et que chaque espèce de plante produit sa propre mélodie ? Ainsi, une fougère apparue sur Terre il y a plus de 450 millions d’années aura un chant beaucoup plus complexe qu’une graminée arrivée bien plus tard. Et ces vibrations, ces chants végétaux, réservent bien des surprises aux jeunes humains que nous sommes : les plantes sont des êtres sensibles avec lesquels nous pouvons communiquer.
Passionnés par les végétaux et pépiniéristes, le musiniériste Jean Thoby et sa femme Frédérique nous dévoilent dans cet ouvrage le monde fascinant de la musique botanique.
Riche en témoignages et en anecdotes, ce livre raconte les différentes expériences menées depuis des années avec des scientifiques, des médecins et des cultivateurs pour mieux comprendre l’impact positif des vibrations végétales sur les êtres humains et les végétaux eux-mêmes.
Cette lecture captivante est rythmée par le chant de 13 plantes à écouter grâce aux QRcodes par simple curiosité, pour le plaisir ou pour se ressourcer.
En lisant ce livre, vous ne verrez plus jamais les plantes de la même manière…