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L’inconscient
L’INCONSCIENT
Pour comprendre comment fonctionne l’inconscient, il est nécessaire de s’intéresser à ce qui a amené à la découverte de l’inconscient.
| LA PSYCHOLOGIE
Du grec « psukhê » qui signifie « âme » et « logos » qui définit « la parole », la psychologie est une discipline scientifique qui traite de la parole de l’âme. Ainsi, l’objet de la psychologie, selon les différentes approches, est le comportement de l’individu, les processus de la pensée, les émotions, le caractère, la personnalité du sujet ou encore les relations sociales. Les comportements humains sont influencés par de nombreux facteurs parmi lesquels :
• L’environnement immédiat, c’est-à-dire la famille dans laquelle un individu évolue. • L’environnement socioculturel, qui correspond au pays dans lequel il grandit et aux règles qui le régissent, ainsi que les événements qui se produisent au niveau national et international. • Le fonctionnement de son cerveau, qui se caractérise par ses connaissances, ses souvenirs et sa pensée. • L’héritage génétique provenant de ses parents, mais également de ses grands-parents et de ses arrière-grands-parents. • Les expériences passées, jugées bonnes ou mauvaises, et qui influent sur ses actions à venir. • Le niveau d’intelligence. • La personnalité. • La présence ou non d’une maladie mentale.
Différents types de psychologie permettent une approche globale du sujet. Parmi elles, la psychologie clinique et la psychopathologie étudient l’humain au niveau de l’inconscient, mais aussi les phénomènes psychiques et les pathologies. Les symptômes liés à une maladie expriment le mal-être ressenti par l’individu, et ces deux disciplines proposent des pistes pour résoudre ce qui ne va pas.
La psychologie du développement, quant à elle, étudie l’évolution de l’être humain dans sa globalité, de son état de fœtus jusqu’à la mort. Elle apporte une compréhension des différentes étapes obligatoires et nécessaires qui jalonnent la vie de chacun de nous, tant au niveau biologique qu’au niveau psychologique. Cette approche globale permet une prise de conscience de toutes les étapes communes à tous les individus et met l’accent sur l’importance de l’environnement dans lequel nous évoluons. Pour deux personnes qui seraient constituées psychiquement de la même manière mais ayant un environnement totalement différent, l’évolution de leur comportement ne sera pas identique.
À cela s’ajoute ce qui se passe dans le fonctionnement de nos pensées et nos activités psychiques, que l’on appelle la cognition. La psychologie cognitive étudie donc les activités telles que la mémorisation, le raisonnement, les pensées et l’apprentissage. Comprendre comment l’individu fonctionne ouvre des pistes sur les améliorations envisageables du mode cognitif.
Enfin, la psychologie sociale étudie les relations entre les individus, et notamment l’influence que peut avoir un individu sur un groupe ou, inversement, un groupe sur un individu. Le parallèle avec le système familial d’une société à tendance patriarcale met en exergue que tant que le patriarche est vivant et présent, il impose de manière plus ou moins inconsciente ses valeurs, son mode de pensée et les règles qui régissent chacun des membres de la famille sans que personne ne puisse s’y opposer, ou à ses risques et périls, c’est-à-dire au risque d’être banni du clan. À son décès, l’étau se desserre ; bien souvent, des secrets de famille émergent et chacun peut s’autoriser à sortir de la loyauté pour se réaliser pleinement.
| Exemple |
Philippe est entré dans l’entreprise familiale à la fin de ses études. Un chemin tout tracé dès sa plus tendre enfance par son grand-père paternel qui a créé la société « à la sueur de son front ». Il a depuis toujours entendu que le travail est ce qui permet de réussir et que cette entreprise serait transmise de père en fils. Depuis trois ans que son grand-père est décédé, Philippe ne s’autorise toujours pas à rêver d’exercer un métier qui le passionne dans l’enseignement.
Parmi tous ces domaines d’intervention de la psychologie se sont développés des courants de pensée tels que le béhaviorisme, ou comportementalisme, qui visent à mettre en cohérence les relations entre le milieu dans lequel un individu évolue et a évolué et le
comportement qui en découle, sans faire appel au psychisme comme moyen d’explication. À partir de 1970, le béhaviorisme a perdu de son influence au profit du cognitivisme et du développement des thérapies comportementales.
Le cognitivisme étudie les activités du cerveau en lien avec les comportements. Il reconnaît les états mentaux et leurs spécificités. La psychologie cognitive étudie les mécanismes menant au développement de la connaissance. L’art de connaître implique plusieurs actions connexes : stocker, reconnaître, comprendre, organiser et utiliser l’information reçue par les sens. Le cognitivisme cherche donc à comprendre comment les gens apprennent et perçoivent la réalité dans laquelle ils vivent. Les connaissances aident les individus à établir des plans et à se fixer des objectifs, tout en minimisant les probabilités de subir les conséquences négatives de leurs actes. Les psychologues cognitifs soulignent que l’individu développe un certain type de comportement suivant la façon dont il traite l’information et perçoit le monde qui l’entoure.
Mais la doctrine qui a le plus influencé la transmission des mémoires familiales a été initiée par Sigmund Freud en psychanalyse et reprise par Carl Gustav Jung, précurseur de la psychologie analytique.
| SIGMUND FREUD ET L’INCONSCIENT
Selon Freud, notre psychisme se divise en trois parties : le Moi, le Ça et le Surmoi. Le Moi représente notre conscience et contient toutes nos pensées, nos émo-
tions, les différentes perceptions de nous et du monde qui nous entoure. Il est en contact avec la réalité extérieure à soi et joue le rôle de régulateur entre la réalité et ses exigences et le principe du plaisir. Le Moi, selon Jung, n’est « que le centre du champ conscientiel [et] ne se confond pas avec la totalité de la psyché… il y a donc lieu de distinguer entre le moi et le soi, le moi n’étant que le sujet de la conscience, alors que le soi est le sujet de la totalité de la psyché, y compris l’inconscient ».
Le Moi reçoit des désirs moralement acceptables alors que le Ça crée des désirs immoraux. Ce dernier se compose des pulsions de violence, sexuelles, immorales, ainsi que de nos désirs irrationnels et honteux. Le Ça, partie de l’inconscient, cherche à satisfaire ses pulsions sans tenir compte de la réalité. Même si chacun d’entre nous est ainsi fait, cela ne signifie en aucun cas que nous allons tous nous laisser aller à nos pulsions : le Surmoi, lieu de censure inconsciente, fait office de barrière entre les pulsions et les désirs contenus dans le Ça et les pensées acceptables contenues dans le Moi. Cette censure est différente pour chaque individu puisque son curseur est réglé en fonction de l’éducation reçue, de la morale familiale et personnelle, mais aussi de la société dans laquelle il vit.
À RETENIR Dans un travail sur les mémoires familiales, il importe de remettre les événements vécus par les ancêtres dans leur contexte socio-économique, culturel, mais aussi au niveau de la morale.
Prenons l’exemple de l’avortement : jugé immoral dans certains pays et donc interdit par la loi, il est, dans d’autres pays, considéré comme un droit pour la femme de choisir à quel moment elle conçoit un enfant.
L’inconscient est donc ce qui échappe à la conscience et désigne l’activité psychique qui se déroule en dehors de la sphère lucide. Autrement dit, nous « n’avons pas conscience », dans le sens que nous ignorons ce qui se passe dans les instances du Ça et du Surmoi. Toutefois, les conflits internes nous indiquent que nous ne sommes pas entièrement maîtres de nos actes et de nos émotions. D’ailleurs, ces conflits sont trahis par une pensée, un rêve ou un acte manqué.
| Exemple |
Sylvie a 45 ans et souhaite changer d’emploi, ne se sentant plus à sa place, ayant le sentiment d’en avoir fait le tour. Lors de la première séance, je lui demande de dessiner sa famille. Elle se met en scène dans le ventre maternel, alors visiblement enceinte. Elle comprend par cet acte manqué qu’elle se considère toujours comme une enfant et que les limites
de son monde pour agir sont étroites. Lors d’un acte symbolique, elle procède à sa propre naissance, ce qui lui ouvre les portes de nouvelles opportunités. Elle a posé sa démission et se concentre sur une formation qui lui permettra de se réaliser pleinement.
Pour Freud, l’inconscient peut aussi se définir comme ce qui échappe à la conscience : un désir refoulé ou une scène traumatisante vécus dans notre histoire individuelle seraient donc mis dans l’inconscient car trop douloureux. Ainsi, nous refoulons au niveau de l’inconscient toutes les représentations ou les pulsions que nous jugeons indésirables, selon les critères de la morale, de l’éducation et de la société dans laquelle nous vivons.
Un des actes les plus immoraux de notre société aujourd’hui est l’agression sexuelle sur des enfants. Sujet délicat mais pourtant présent depuis des générations : il est l’un des traumatismes les plus prégnants dans la transmission des mémoires familiales. Aucune famille, au sens large du terme, ne semble épargnée par ce traumatisme, qui bien souvent a été relégué au niveau de l’inconscient tellement il paraît inacceptable, voire impensable. La violence de la représentation d’un pareil acte est telle que chacun s’efforce de ne pas y penser, d’oublier. Mais l’information engrammée dans l’inconscient remonte un jour à la surface.