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La conscience

LA CONSCIENCE

La conscience est un état ou une activité de l’esprit qui signifie étymologiquement « avec savoir ». Un individu conscient est une personne qui se représente avec lucidité son propre état, mais également l’ensemble des objets qui l’entourent : « Je suis dans la maison », « Je suis enceinte ». Ainsi, être conscient de soi, c’est sentir et savoir que nous sommes acteurs de nos actions, comme des représentations que nous faisons nous-mêmes. Autrement dit, avoir conscience de soi désigne la façon dont l’individu perçoit son identité, c’est-à-dire ce qu’il pense de lui-même.

Descartes a ajouté au mot conscience le sens de la connaissance de ce qui se passe en soi et hors de soi. On distingue la conscience immédiate, qui nous met en relation avec le monde extérieur à nous-mêmes, et la conscience réfléchie, qui consiste à prendre conscience de soi en train de percevoir : « Je suis en train de travailler ». C’est comme si nous étions à la fois acteur d’une scène et réalisateur. Nous avons la capacité de faire un zoom arrière avec la caméra qui se trouvait au niveau de notre tête et de nous regarder en train d’agir. Par exemple, une personne, pendant qu’elle discute avec une autre, « prend du recul » et se dit qu’elle a de la chance d’avoir cette amie sincère.

Mais la définition de la conscience qui a le plus impacté nos ancêtres et qui est à l’origine du refoulement dans l’inconscient concerne la conscience morale. Cette conscience est un rapport immédiat de la personne à ses devoirs, à la morale ou au sentiment de responsabilité. Il s’agit d’un sentiment intime et propre à chacun

de ce qui est bien et de ce qui est mal. Cette conscience morale nous pousse à faire preuve de bonne conduite ou de condamner ceux qui s’opposent à la moralité.

En effet, la conscience peut impacter nos choix et nos attitudes d’un point de vue moral. Ne dit-on pas « J’ai la conscience tranquille » ou « Il a agi en son âme et conscience » ou encore « Elle en porte le poids sur la conscience », comme si une mauvaise conduite, jugée selon les valeurs et le sens moral de l’époque à laquelle les faits se sont produits, impactait l’individu toute sa vie entière.

L’inconscience reviendrait à désigner une personne imprudente ou qui ignore, délibérément ou involontairement, les conséquences morales de ses actes. La conscience serait cette partie de nous qui nous permet de rejeter le mal et d’agir pour le bien.

Jusqu’à l’aube des années 1970, concevoir un enfant hors mariage était jugé immoral. Les jeunes filles enceintes sans bague au doigt étaient, suivant les époques, soit envoyées chez les sœurs le temps de la grossesse et revenaient dans leur famille avec ou sans le bébé, soit mariées contre leur gré, souvent à un homme plus âgé qui reconnaissait l’enfant comme étant le sien. La réalité de la filiation ne pourra être établie, mais engendrera dans les générations suivantes une incapacité pour les femmes de rester avec le père de leur enfant ou une difficulté de reconnaissance dans tout ce qui est entrepris : par exemple, dans son travail, l’individu ne sera pas reconnu comme il le devrait, et ce malgré toute sa bonne volonté qu’il y mettra.

| Exemple |

Sandra est une jeune femme d’à peine 30 ans. Elle consulte pour des difficultés liées à son travail. Elle fait tout ce qu’elle peut pour que son patron soit satisfait d’elle, ne comptant pas ses heures et restant tard le soir au bureau. Lors des séances, nous évoquons ensemble son besoin de reconnaissance ; cette reconnaissance qu’elle attend à la fois de son milieu professionnel, mais aussi au niveau de son couple. À l’étude de son arbre psychogénéalogique, elle évoque avec tristesse sa grand-mère maternelle qu’elle sait être née hors mariage et qui s’est senti rejetée toute sa vie. Son arrière-grand-mère, âgée de 26 ans au moment où elle est tombée enceinte de son premier enfant, habitait un petit village de campagne dans lequel les moindres faits et gestes de chacun étaient connus de tous. À la découverte de sa grossesse en 1931, elle a été envoyée dans une grande ville à plus de cent kilomètres pour y accoucher. Sandra porte la culpabilité de sa grandmère d’être née dans ce contexte, culpabilité engendrée par le non-respect des règles établies et de la morale qui veut qu’une femme devait garder sa virginité pour son futur mari. Cette grossesse a mené à un mariage contraint et à une nonreconnaissance de la grand-mère par son père biologique. Comprendre cette partie de l’histoire familiale, remise dans son contexte, libère Sandra du besoin d’être reconnue pour ce qu’elle fait et lui permet d’affirmer qui elle est.

Ce genre de situation génère de la honte, une mauvaise image de soi et de la peur, ce qui induit un refoulement des pulsions jugées amorales vers l’inconscient.

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