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Avant-propos
Nos grands-parents nous ont raconté des histoires de famille qu’ils tenaient de leurs parents ou de leurs grands-parents ; ils nous ont transmis des valeurs et des croyances qui ont été perpétuées au fil des générations. Ces croyances, fruits d’expériences souvent mal vécues, sont devenues des injonctions auxquelles il paraît difficile d’échapper : ce serait synonyme de déloyauté envers le clan familial.
Bien souvent, nous n’avons même pas conscience que nous agissons selon un schéma bien établi, et quand nous nous en rendons compte, nous préférons le schéma inverse. Mais la plupart du temps, les mémoires héritées de nos ancêtres restent dans le domaine de l’inconscient. Les dernières générations auront en charge de faire émerger les non-dits ainsi que les émotions non « digérées » des différents traumatismes. Ainsi, l’impact émotionnel ressenti par les descendants leur fait ouvrir les yeux sur ce qui a été vécu, mal ou non digéré, et qui mérite qu’on s’y arrête pour s’en libérer et
ne plus porter le fardeau d’injustices vécues, de honte ressentie ou de colère non exprimée.
Par le biais de la psychogénéalogie, le consultant va revisiter l’histoire de ses ancêtres, la remettre dans le contexte historique, socioculturel et économique dans lequel les faits se sont produits tout en tenant compte de l’évolution des mœurs. Ainsi informé par les faits écrits que sont les actes d’état civil, relatant les prénoms, les noms, les professions, mais aussi les dates de naissance, de mariage et de décès, et en se basant sur les croyances qui ont circulé dans l’arbre généalogique, le consultant sera à même de démêler les liens transgénérationnels et les traumatismes qui l’impactent. Par l’étude de son génosociogramme, il sera en capacité de déceler les secrets de famille qui bloquent son évolution, et ainsi retrouver la liberté d’agir par et pour luimême. L’émergence des secrets de famille, sources de honte, de culpabilité ou de peur, met fin aux schémas répétitifs selon lesquels un descendant va reproduire, de manière inconsciente, ce qui a été fait ou vécu sans que personne ne comprenne ce qui est souvent considéré comme une fatalité.
Les effets néfastes du vécu traumatique de ses ancêtres ainsi mis en lumière, le consultant s’autorise à sortir d’une loyauté inconsciente et à trouver dans les mémoires familiales les ressources qui lui sont nécessaires pour accomplir ce qu’il souhaite réellement faire de sa vie, se relier à son être unique, entier, doté d’un libre arbitre qu’il peut désormais utiliser.
Ce parcours au sein de l’histoire familiale est d’autant plus passionnant qu’il permet à chacun des membres du clan de retrouver sa place et bien souvent de confronter et rapprocher les versions entendues dans chacune des branches, et ainsi procéder, s’il le souhaite, à l’écriture revisitée du roman familial.
Au fil des six parties qui composent ce livre, nous verrons, entre autres, le rôle de l’inconscient dans la transmission des mémoires familiales, mais qui concerne également l’ensemble de la population française et mondiale. Ce collectif, fortement impacté pendant les grands événements qu’ont été les guerres, vient en superposition de l’histoire que chacun a pu vivre dans son clan. Sera également abordée la transmission des mémoires familiales, avec tout ce que cela engendre au niveau des croyances et des loyautés, mais aussi celle des mythes auxquels chacun reste attaché malgré lui, et celle des secrets qui entachent les familles mais dont le contenu, suivant l’évolution des mœurs, n’est plus aussi impactant que si les faits avaient lieu aujourd’hui. En effet, les nouvelles familles, même si certaines sont encore sous l’influence de vieux schémas, changent la donne sur la répétition des traumatismes.
L’accès aux thérapies émergentes depuis la fin du xxe siècle permet en effet la libération des mémoires familiales, héritage psychogénéalogique de nos ancêtres, pour se concentrer sur les valeurs transmises et la possibilité d’être soi, un être conscient, libre et heureux.