Le petit traité Rustica de l'art floral

LE PETIT TRAITÉ

DE L’ART FLORAL

• 40 compositions florales et plus de 35 variantes

• Toutes les techniques en pas à pas pour apprendre à composer des bouquets comme un fleuriste

• Des créations pour toutes les occasions : bouquets ronds, champêtres, coniques, boules piquées ...

Sommaire

Les grands principes & savoir-faire

Le matériel

La réalisation d’un bouquet requiert un matériel spécifique. Pour nettoyer, couper, attacher et composer, il faut savoir utiliser les outils adaptés à la nature des végétaux que l’on souhaite agencer. Vous trouverez tous les outils présentés dans ce chapitre chez votre fleuriste ou dans un magasin de bricolage.

➊ Le couteau de fleuriste

Si le fleuriste ne devait posséder qu’un seul outil, ce serait son couteau. Celui-ci permet à la fois de nettoyer les végétaux de leurs feuilles inutiles, de raccourcir les tiges, de couper la ficelle ou le raphia et de tailler, le cas échéant, les blocs de mousse hydratable.

Le couteau doit toujours être bien affûté pour permettre une coupe nette et ne pas abîmer les fibres intérieures des végétaux. Aiguisez

régulièrement votre couteau, ou bien utilisez de petits couteaux en plastique jetables.

➋ Les sécateurs

De différentes tailles, les sécateurs permettent de couper les tiges qu’il serait trop difficile, voire dangereux, de couper au couteau. Différents types de sécateurs existent selon le diamètre de la tige.

• Pour les tiges fines mais dures, jusqu’à 0,5 cm de diamètre, un sécateur à lames droites de type épinette suffit.

• Pour des tiges dont le diamètre est compris entre 0,5 et 2 cm, on utilise le sécateur le plus répandu, un sécateur ouvert à lame recourbée. Pour un plus grand confort d’utilisation, ce modèle existe en plusieurs tailles, ce qui permet d’en trouver un adapté à votre main ; il existe aussi des sécateurs pour gauchers.

• Pour les branches de plus de 2 cm de diamètre, utilisez un coupe-branche.

Les liens

Le lien utilisé dépend de la fragilité de la tige. Il faut bien le choisir puisqu’un lien doit à la

fois maintenir la composition dans le mouvement que vous avez souhaité lui donner et ne pas meurtrir les tiges lors du serrage.

➌ La ficelle : son avantage est que c’est un lien que vous trouverez très facilement ; vous pouvez utiliser de la ficelle de cuisine. Mais son inconvénient est qu’elle peut être trop coupante pour certaines tiges molles ou creuses (comme celles des arums ou des amaryllis). Elle est adaptée aux tiges dures et aux bouquets flous car il est assez difficile de la serrer pour obtenir un lien stable.

➍ Le raphia : moins tranchant que la ficelle, il permet d’attacher quasiment tous les bouquets. C’est le lien par excellence. Côté esthétique, il existe dans plusieurs couleurs, ce qui permet de l’adapter à celles du bouquet et de rajouter une petite note décorative qui fait la différence.

➎ Le Floratape ® : il s’agit d’un ruban adhésif parfaitement adapté aux tiges de fleurs, étirable et repositionnable. Il fait partie du matériel spécialisé des fleuristes car il maintient fermement les tiges entre elles sans les abîmer. Il s’adapte aussi bien aux tiges creuses, souples et fragiles, qu’aux tiges dures des branchages. Son inconvénient est qu’il n’est pas très décoratif, aussi les fleuristes le recouvrentils d’un nœud de raphia ou de ruban.

➏ Le fil métal : permettant l’attache de tiges dures et lourdes, il se décline dans de multiples couleurs. Il donne aux compositions un style très contemporain et s’insère aussi en motif décoratif, en dehors et en rappel de l’attache. Les fleuristes utilisent également le fil métal vert pour renforcer les tiges lors d’une opération assez délicate qui consiste à enrouler le fil tout le long de la tige, et qui permet ensuite de la courber selon le mouvement désiré (tiges d’arums, de tulipes et de gerbera,

LES FILS DE FER DÉCORATIFS

Ils existent en rose, or, vert, jaune, bleu métallisé, et ils permettent de jouer dans les compositions, d’apporter une petite touche de fantaisie tout en maintenant les tiges. Ils sont en général assez souples et on les met en forme facilement avec les mains sans se faire mal. On les coupe avec un petit sécateur.

par exemple). Le fil métal permet aussi de tiger des fleurs pour les monter en bouquet de mariée (voir p. 52-53).

➐ Le fil bouton : les fleuristes l’utilisent pour les réalisations précises et méticuleuses comme les boutonnières et les couronnes.

➑ La Floral Glue ® : il s’agit d’une colle spécialement conçue pour les végétaux et les pétales. Utilisez un pinceau pour l’étaler et laissez les solvants s’évaporer 10 à 15 secondes avant de coller les végétaux ensemble pour diminuer le risque de traces. Évitez également de déposer de trop grosses quantités de colle qui pourraient tâcher ou noircir les feuillages.

La mousse synthétique

La mousse hydratable est une mousse de couleur verte qui absorbe l’eau comme une éponge et la garde pendant trois ou quatre jours. Au-delà, il faut l’arroser régulièrement pour la réhumidifier. Elle permet de composer facilement un bouquet d’envergure avec ou sans vase, en composition dite « piquée », puisque les fleurs sont piquées dans la mousse. Il existe des mousses de multiples formes (cœur, croix, sphère, cylindre), dans des tailles différentes, auxquelles correspondent des soucoupes en plastique adaptées qui permettent de recueillir l’eau et qui évitent l’achat de vases. Les mousses peuvent également être fixées à un système de ventouse pour la décoration des voitures ou de toute autre surface vitrée (votre fleuriste peut vous les commander).

Il est important de savoir que la mousse synthétique sert de support aux tiges, qu’elle les humidifie mais ne les hydrate pas suffisamment. Il faut donc piquer la tige à travers la mousse jusqu’au fond du vase ou de la soucoupe pour qu’elle boive sous la mousse.

Pour une composition piquée dans un vase

IL VOUS FAUT :

• 1 contenant

• 1 grand seau rempli d’eau

• 1 bloc de mousse synthétique

• 1 petit couteau de fleuriste

1. Estimez le volume de blocs de mousse nécessaire au remplissage de votre contenant. Remplissez un large bac (ou un évier) d’eau et posez délicatement les blocs de mousse à la surface de l’eau. Attention, ne forcez surtout pas les blocs en les plongeant dans l’eau. En effet, pour que la mousse soit entièrement gorgée d’eau, il faut qu’elle l’absorbe doucement et par capillarité. Un bloc a besoin d’environ une minute pour se remplir complètement d’eau. Il est prêt à être utilisé lorsqu’il repose au fond du bac. Si le bloc est forcé lors de son imbibition, certaines zones au centre resteront sèches et les tiges qui s’y trouveront plantées ne seront donc pas hydratées.

2. Pendant que les blocs se remplissent d’eau, nettoyez votre contenant, surtout s’il a pu recevoir des substances toxiques pour les fleurs (solvants, produits chimiques ou le dépôt d’anciennes compositions qui peut contenir des bactéries). Si votre contenant n’est pas hermétique (corbeille en rotin, seau en zinc troué, panier), avant de le remplir de mousse, tapissez l’intérieur d’un papier cellophane qui préservera des fuites.

3. Remplissez votre contenant en réalisant le moins de coupes possible dans les blocs de mousse et en appliquant bien les morceaux les uns contre les autres pour éviter que les tiges des fleurs ne se retrouvent dans des trous sans mousse. Ne les comprimez cependant pas trop, pour ne pas expulser l’eau et assécher la mousse.

4. Recoupez la mousse en la laissant dépasser légèrement.

5. Récupérez l’excédent de mousse et découpez des morceaux de la taille des trous à combler dans le pot.

6. Placez les petits blocs ainsi obtenus dans les trous.

7. Recoupez éventuellement les parties de mousse en biseau sur les bords pour mieux pouvoir y enfoncer les tiges.

8. Coupez les tiges en biseau et plantez-les à l’intérieur de la mousse en les enfonçant au tiers de la hauteur du contenant. Évitez de percer la mousse en de trop nombreux endroits pour que le bloc ne se casse pas. Commencez par piquer droit les fleurs centrales, puis plantez les autres autour en inclinant de plus en plus les tiges mais sans les croiser entre elles, toujours pour ne pas effriter la mousse qui perdrait son pouvoir hydratant.

Et sans vase ?

9. En finition de la composition, recouvrez la partie supérieure de la mousse et les pieds des tiges d’un tapis de mousse végétale, ramassée par exemple lors d’une balade en forêt. Cette dernière permet de cacher la mousse hydratable, fort peu décorative. En l’arrosant de temps en temps, vous pourrez la réemployer souvent, car elle est très résistante.

Si vous n’avez pas troué la mousse en de trop nombreux endroits lors de la première utilisation, elle pourra resservir. Cependant, son pouvoir hydratant sera un peu moins fort que la première fois.

La mousse hydratable peut également s’utiliser sans vase, avec une soucoupe en plastique qui permet de recueillir l’eau. Elle peut intervenir dans la réalisation de décors originaux, greffée sur des branches, des lianes ou même des chaises ! Pour cela il suffit d’attacher la mousse une fois imbibée d’eau au support, en prenant garde à l’eau qui va goutter un peu lors du serrage du lien. Il ne vous reste plus qu’à piquer les fleurs !

La mousse sèche

La mousse sèche est de couleur grise. Elle est destinée aux fleurs séchées ou artificielles. Elle s’utilise de la même façon que la mousse verte, mais sans eau puisque les fleurs n’ont pas besoin d’hydratation. Précautions particulières : évitez de multiplier les trous lors de la composition car ils fragilisent le bloc de mousse, et faites attention à la poussière et aux petites particules qui peuvent se détacher lors de la coupe et qui sont allergisantes.

Choisir un contenant

En décoration florale, les contenants sont quasiment aussi importants que les végétaux. Ils apportent une note décorative forte et vous trouverez toujours un vase adapté au style que vous souhaitez, surtout si vous pensez à détourner des objets.

Style champêtre :

contenants en matériaux naturels (écorce de bois, rotin, mousse stabilisée) ou contenants en zinc (arrosoir ancien, pot à lait).

Style romantique :

un vase Médicis ou un vase drapé. Vous pouvez aussi utiliser un beau tissu pour recouvrir un vase qui n’est plus au goût du jour.

Style contemporain :

vases en verre transparent qui laissent apparaître le dessin et les lignes des tiges. Ils ont l’avantage de prendre toutes les couleurs que vous souhaitez grâce aux colorants spécialement conçus pour les fleurs. Vous pouvez même les rendre opaques en ajoutant à votre couleur un colorant blanc qui va densifier l’eau (votre fleuriste peut le commander).

Style poétique :

céramiques et vases en verre teints de couleurs pastel, boîtes à chapeaux, carafes anciennes, verres ou flacons en cristal.

Style industriel :

vases en zinc, en métal, bidons anciens.

Style pop :

vases en céramique ou en verre aux formes géométriques et aux couleurs vives, vieilles bottes en caoutchouc de couleur ou vieux pots de peinture repeints.

Recouvrir un contenant

Habiller un vase, un pot ou n’importe quel contenant étanche permet de masquer un objet abîmé, de recycler des pots de fleurs en plastique peu décoratifs, de donner un style champêtre et très naturel à une composition, ou encore de rehausser un vase, de le renforcer, d’en modifier le style et même la forme.

Habiller un vase avec des tiges de prêle

IL VOUS FAUT

• 1 contenant

• 30 à 50 tiges végétales, comme des prêles, de fines cannes de bambous ou des branches d’un diamètre de 5 à 8 mm

• des végétaux assez hauts et fins, comme le blé

• 1 rouleau de Sotiba® ou Permacel® (l’adhésif floral des fleuristes, spécialement conçu pour ne pas abîmer les tiges)

• raphia ou ruban

• sécateur

1. Choisir le contenant Le contenant doit :

• être étanche, pour permettre l’hydratation des végétaux ;

• être propre et nettoyé des déchets de précédentes compositions ou de toute substance nocive pour les fleurs ;

• avoir un diamètre adapté à la quantité de végétaux dont vous disposez puisque, pour habiller votre vase, il va falloir le recouvrir en totalité ;

• disposer d’une surface lisse et de formes géométriques simples pour permettre l’application aisée des végétaux.

2a. Fixer les végétaux

Pour fixer les végétaux sur le vase, il faut procéder petit à petit ; vous ne pourrez pas coller toutes les tiges en même temps. Par exemple, appliquez les prêles par groupe de 6 à 8 tiges et fixez-les à l’aide de l’adhésif des fleuristes. Serrez les tiges très fermement sur le vase, sans les écraser, faites un tour de vase avec l’adhésif, puis reprenez l’application d’un autre groupe de 6 à 8 tiges.

2b. Une fois que toutes les tiges de prêle ont été appliquées sur tout le tour du vase, consolidez l’ensemble par un dernier tour d’adhésif.

2c. Enfin, pour que le vase soit stable, coupez les tiges qui dépassent du fond du vase à l’aide d’un sécateur.

3. Finition de la fixation

Le Sotiba® ou Permacel® a de nombreux avantages – il résiste à l’eau, adhère très bien à la fois aux contenants et aux végétaux –, mais il a un inconvénient majeur qui est son aspect inesthétique. Vous pouvez alors le masquer par une attache plus jolie, avec du raphia ou du ruban.

4. Insertion des végétaux dans le contenant

Votre structure est prête. Si les végétaux que vous souhaitez travailler ont besoin d’eau, c’est le moment de remplir votre vase. Si les végétaux sont secs, vous pouvez utiliser le contenant vide ou vous aider de mousse grise qui sert à piquer les fleurs séchées ou artificielles.

Ici, les tiges de prêle plus hautes que le blé donnent un effet très naturel et sauvage, formant comme une sorte de nid végétal.

5. Pliage des tiges de prêle

Toute la subtilité de la composition réside dans l’espace que laissent les tiges à l’apparition du blé. Pour un effet graphique, il est possible de plier une prêle sur deux et de les enrouler l’une dans l’autre. Cela laissera plus de place au blé.

Commencez par plier une première tige, à la hauteur de la naissance de l’épi de blé. Puis joignez-y une tige sur deux ou une tige sur trois en les enroulant à chaque fois autour de la première. Prenez soin de ne pas casser les tiges en les pliant (veillez à les plier entre les bagues blanches).

Faire un vase avec des carottes

IL VOUS FAUT

• 1 bouteille d’eau vide ou 1 vase

• une dizaine de carottes

• des fleurs ou des végétaux légèrement plus hauts que les carottes

• des cure-dents

• corde, raphia ou ruban

• couteau de fleuriste

1. À l’aide du couteau, coupez la bouteille d’eau sans la percer, aux trois quarts de la hauteur des carottes pour bénéficier d’un volume d’eau suffisant pour les fleurs.

2. Recoupez éventuellement à l’aide du couteau la base des carottes, afin que la composition soit stable. Sinon placez les carottes en quinconce, une fois tête en haut, une fois tête en bas, pour équilibrer les volumes.

3. Reliez les carottes entre elles grâce aux cure-dents (placez ces derniers plutôt à l’intérieur du cercle afin qu’ils ne soient pas visibles une fois le travail terminé). Vérifiez la position des carottes en les plaçant régulièrement autour de votre bouteille ou du vase.

Variante

Si vous choisissez un hortensia, recoupez bien la tige en biseau et fendez-la sur la plus grande longueur possible. Vous pouvez également opter pour des végétaux de la famille des graminées pour un contraste entre leur légèreté et la masse des carottes, ou des fleurs précieuses comme des roses blanches qui se disposeront en tapis sur le haut des légumes.

4. Pour décorer votre contenant et consolider la structure, vous pouvez nouer les carottes avec un ou deux tours de corde, de raphia ou de ruban.

5. Insérez ensuite la ou les fleurs de votre choix et recoupez les tiges pour que les têtes viennent juste reposer sur le haut des carottes.

Faire un vase avec des feuilles

IL VOUS FAUT

• 1 bouteille d’eau vide coupée ou 1 vase

• branches de salal, camélia, charme, rosier… pour prélever une vingtaine de feuilles

• adhésif double face

• couteau de fleuriste

• sécateur

Lors de l’habillage des vases en feuillages, ces derniers ne sont pas hydratés. Pour qu’ils durent longtemps et ne flétrissent pas trop vite, brumisez-les d’eau régulièrement.

1. Effeuillez les branches et ôtez le pétiole des feuilles. Triez les feuilles et ne gardez que les plus jolies, de taille égale. Faites bien attention aux extrémités qui seront importantes dans cette création.

2. Appliquez un premier tour d’adhésif double face sur le haut de la bouteille.

3. Collez les feuilles sur le ruban double face en veillant à respecter un joli rythme de juxtaposition, que vous garderez régulier tout au long de la création.

4. Une fois la première rangée terminée, commencez la seconde. Passez un nouveau tour de double face à la base des feuilles collées (ou seulement des morceaux sur chaque feuille si vous préférez).

6. Renouvelez cette opération pour la troisième rangée, et ainsi de suite jusqu’à recouvrir complètement votre contenant. À la fin de la composition, recoupez bien les petits bouts de feuilles qui pourraient dépasser dans le bas, pour ne pas nuire à l’équilibre de la bouteille.

5. La pose de la seconde rangée de feuilles doit complètement masquer l’adhésif.

Roses, pivoines, tulipes, dahlias, jonquilles, orchidées, lys… En toute saison et pour toutes les occasions, vous trouverez des fleurs à assembler et à sublimer en de magnifiques bouquets.

Découvrez toutes les techniques de base et les explications en pas à pas pour réaliser plus de 40 compositions florales et 35 variantes : bouquets ronds, champêtres, coniques, couronnes de fleurs, bouquets de banc et même des accessoires fleuris.

À l’occasion d’un mariage, d’un anniversaire ou pour décorer une maison, que vous préfériez des compositions classiques ou plus originales, choisissez un bouquet que vous aurez envie de composer pour vous… ou pour l’offrir !

Franck Schmitt est journaliste, auteur et photographe. Il travaille sur des sujets liés à l’art de vivre. Pour réaliser ce livre, il a poussé les portes de l’École des fleuristes de Paris, où professeurs et étudiants lui ont révélé tous les secrets de l’art floral.