Stalla aux 1000 étoiles

STELLA auxétoiles1000

STELLA auxétoiles1000

L’essentiel de la musique n’est pas dans les notes.

Gustav Mahler

Chapitre 1

Ma vie commence comme un conte de fée. Il était une fois… Stella. C’est moi !

Je nais à l’aube d’une merveilleuse journée de printemps. Quand je pointe le bout de mon nez, le soleil se lève à peine, les fleurs ajustent leurs pétales et boivent la rosée. Une dernière étoile brille encore, une minuscule étoile qui dore l’aurore. Par la fenêtre de la maternité, ce matin-là, Papa la voit et se dit tout bas :

Cette étoile est magique ! Elle est toute petite, mais elle éclaire tout. Je n’ai jamais rien vu d’aussi joli.

Puis il glisse à l’oreille de Maman :

Nous allons appeler notre bébé Stella ! D’accord ? En latin, stella veut dire « étoile ». Que Stella répande la joie !

Maman rit :

– Tu es vraiment un poète.

Puis elle me serre contre son cœur avec une infinie douceur :

– Bienvenue sur terre, Stella.

Après, je crois que j’ai pleuré : c’était l’heure du petit déjeuner et toute cette histoire m’avait ouvert l’appétit. À peine le temps de faire une petite sieste, et voilà que Céleste et Mahée, mes deux grandes sœurs, alors âgées de deux et trois ans, débarquent en courant, chargées de cadeaux : des dessins, des doudous et une pluie de bisous.

De retour à la maison, Maman, qui est une grande pianiste, place mon couffin sous le piano et joue. La musique me berce et me fait rêver. Je suis aux anges et je bats la mesure avec mes pieds. Je fais valser mes petits chaussons de laine et Maman rit. En cadeau de naissance, les jolies fées m’ont offert le goût de la musique.

Le jour de mes trois ans, Maman me prend sur ses genoux, joue les premières notes d’Au clair de la lune et s’interrompt soudain. À sa grande surprise, je continue la chanson à sa place, appuyant sur les touches blanches sans me tromper, avec mes doigts minuscules et maladroits. Comme Maman est heureuse !

La maison est pleine de musique. Même si c’est moi la plus jeune, j’entraîne Céleste et Mahée. Toutes les trois, nous chantons à tue-tête les vieilles chansons

françaises : À la claire fontaine , Trois jeunes tambours, Gentil coquelicot, Il était un petit navire ou encore Il était une bergère. Mais ma préférée, c’est Savez-vous planter les choux ? dont je répète inlassablement les gestes avec Papa, en m’amusant beaucoup :

Savez-vous planter les choux,

À la mode, à la mode,

Savez-vous planter les choux,

À la mode de chez nous ?

On les plante avec le nez…

Le dimanche, nous invitons souvent Mam’ et Grand-Pa. Après le déjeuner, au moment du café, Maman s’installe au piano et joue les Nocturnes de Chopin. Sous ses doigts, il me semble que chaque note est précieuse et mystérieuse. Je n’ose plus bouger de peur de faire craquer le parquet et de rompre la magie. La musique me fait voyager dans des pays inconnus, moi qui ne suis jamais partie loin de Nantes et de notre petit appartement adoré.

Quand arrivent les grandes vacances, nous prenons la route de la Bretagne. Commencent alors des jours magiques chez Mam’ et Grand-Pa : les pique-niques avec les cousins, les concours de châteaux de sable et les longues promenades à vélo au bord de la mer.

Maman devient ma professeure. Grâce à sa douceur et à sa bonne humeur, je découvre le solfège comme si c’était un jeu. Je dessine des clés de sol et j’apprends par cœur le nom des notes et leur place sur la portée.

– Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do .

Les réciter à l’envers m’amuse beaucoup :

– Do, si, la, sol, fa, mi, ré, do. Maman rêve que je devienne un petit Mozart. Un gros coussin sous les fesses, bien installée sur le tabouret de piano, j’enchaîne les gammes, les exercices et je commence mes premiers morceaux.

Papa et Maman sont fiers de leurs trois filles : Céleste, la danseuse au tutu rose, Mahée, le joyeux marmiton, et Stella, le petit moineau rêveur.

Dans la cour de l’école, j’aime jouer à « 1, 2, 3 Soleil » avec Violette et Félicité, mes amies de toujours. Nous sommes inséparables depuis le premier jour de maternelle et nous partageons tout : les histoires drôles, nos livres préférés, nos stylos fluo et nos secrets.

En CP, nous créons le Club des collectionneuses d’autocollants brillants et nous inventons des chansons sur la maîtresse. En CE2, le dernier jour d’école, nous découpons toutes nos contrôles, pour en faire des confettis.

En CM1, nous échangeons nos chaussures…

Jusqu’alors, je n’avais connu que de minuscules chagrins. Le soleil n’était jamais loin. Et s’il se cachait parfois, c’était pour réapparaître aussitôt, encore plus éclatant. Je suis la plus heureuse des petites filles et il me semble que, dans la vie, tout n’est que fêtes, anniversaires, Noël et joie. Je me trompe. Je vais découvrir, bientôt, que d’autres enfants n’ont pas la même chance que moi.

C’est l’été. Nous sommes très excitées car, ce soir, nous attendons un invité ! Mahée a préparé une tarte aux fraises pour les parents et Céleste a enfilé son tutu pour faire une petite démonstration de danse. Nous avons l’autorisation de rester avec les adultes pour l’apéritif. L’ami de Papa et de Maman revient d’un grand voyage au Liban. Je passe précautionneusement les tomates cerises sans les renverser. Papa sort un atlas de la bibliothèque et nous montre sur la carte :

– Le Liban, c’est là ! C’est un petit pays du MoyenOrient, au bord de la mer Méditerranée.

Notre invité nous montre des photos sur son téléphone : – Regardez ces vergers qui s’étendent à perte de vue… des champs entiers de cerisiers en fleur. Et cet arbre ?

Connaissez-vous son nom ?

– Un chêne ! s’écrie Mahée.

– Non.

– Un tilleul ?

– Non, c’est un cèdre. Il fait partie de la famille des conifères, comme les sapins. Pour les Libanais, cet arbre est le symbole de l’espoir. Celui-là a plus de 2 000 ans. Vous vous rendez compte ?

– C’est un très très très vieux grand-père, rit Céleste. Notre invité prend un air grave :

– Les cèdres sont solides, la terre du Liban est riche, mais les gens souffrent là-bas. Le Liban a longtemps été en guerre. Maintenant, le pays est en paix mais il connaît une grave crise économique. Dans la plaine de la Bekaa, à la campagne, j’ai rencontré des familles qui ont du mal à se nourrir. Si nous ne faisons rien pour les aider, elles seront obligées de quitter leurs

terres pour trouver du travail ailleurs. Plus personne ne sera là pour ramasser les fruits, presser les olives et entretenir la vigne. Les enfants ne courront plus sur les petits chemins… Nous devons aider ces gens à rester chez eux et à retrouver l’espoir.

Comme il est tard, Maman nous fait signe :

– Au lit, les filles !

Je suis déçue :

– Déjà ? Et la tarte aux fraises ?

– On vous en garde pour demain, me promet Papa en m’embrassant. Bonsoir Stella. Bonsoir Céleste. Bonsoir Mahée.

La porte de ma chambre est restée entrouverte et je tends l’oreille pour ne rien perdre de la conversation des adultes. L’ami de Papa et de Maman continue :

– Nous recherchons un volontaire pour partir pendant un an dans un petit village qui s’appelle Jabboulé. La vie est très difficile là-bas.

– Que faudrait-il faire ? demande Maman.

– Concevoir un puits pour l’approvisionnement en eau du village et imaginer un système d’irrigation pour arroser les arbres fruitiers. C’est une région où il ne pleut pas assez, alors les récoles ne sont pas bonnes.

– Et tu as pensé à moi, le coupe Papa.

– Évidemment, c’est une mission idéale pour un ingénieur hydraulicien !

Papa semble enthousiaste :

– Ton projet est passionnant et j’ai toujours rêvé de partir à l’étranger. Mais je ne partirai pas seul.

Il se tourne vers Maman :

– Qu’en dis-tu, Chérie ? Veux-tu partir, toi aussi ?

Penses-tu que ce soit une bonne idée pour les filles ?

Je tends l’oreille. Maman se lève pour embrasser Papa :

– Je te suivrai au bout du monde !

Mes parents sont comme ça ! Ils s’aiment et cela remplit mon cœur.

– C’est un projet magnifique, continue-t-elle, et ce sera une expérience merveilleuse pour la famille. Le Liban, c’est si beau ! Les filles resteront avec moi et je crois qu’elles seront heureuses là-bas. Je leur ferai

l’école à la maison et elles m’aideront aussi. Elles ont tellement grandi… Je crois qu’elles seront heureuses là-bas.

Papa reste prudent :

– Nous allons y réfléchir encore un peu.

Je n’arrive pas à m’endormir, les idées se bousculent dans ma tête. Si les arbres de Jabboulé donnaient plus de fruits, les gens auraient plus à manger. S’ils en récoltaient encore davantage, ils pourraient aussi les vendre. Et gagner de l’argent et acheter d’autres choses… C’est merveilleux, un puits !

Toute la nuit, comme un disque rayé, je repasse en boucle ce que j’ai entendu : « Les gens sont très pauvres là-bas... Il faudrait construire un puits... Si nous ne faisons rien, les enfants ne courront plus sur les petits chemins… »

Quelques jours plus tard, pendant le déjeuner du dimanche, Papa prend un air solennel :

– Les enfants, nous avons une grande nouvelle à vous annoncer.

Je ne pense plus du tout au Liban à ce moment-là, je m’écrie, toute contente :

– Un bébé ?

Papa et Maman éclatent de rire :

– Mais non, voyons !

Dommage ! J’aimerais tant avoir un petit frère ou une petite sœur, lui donner le biberon et pousser sa poussette…

Mahée a deviné :

– On part au Liban, c’est ça ? Vous avez décidé ?

– Qu’en pensez-vous, les filles ? nous demande Maman.

– D’accord, à condition d’emporter mon tutu, dit Céleste.

Mahée fait la moue. Moi, je suis impatiente :

– Je cours préparer mes bagages !

– Pas trop de choses, Stella ! s’écrie Maman.

Voyager léger, ce n’est pas ma spécialité.

Une chose me tracasse :

– Mais comment on va vivre si tu n’as plus de travail, Papa ?

– Mon patron est d’accord pour me laisser partir un an. Je retrouverai mon travail à notre retour. Et l’entreprise nous donne même une petite subvention pour nous permettre de vivre là-bas.

– Et ton piano, Maman, on l’emporte ?

– Eh non… On ne part pas en voyage avec un piano sur son dos ! Pour le remplacer, nous chanterons, tous ensemble.

Je m’appelle Théo. J’ai onze ans. Cette année, je suis devenu jeune sapeur-pompier. J’apprends les gestes de premiers secours, les techniques pour éteindre les feux et je suis même monté dans le camion ! Avec Arthur, mon meilleur ami, Diego, le super costaud, Adèle, Léonard, Prune et les autres, c’est ambiance garantie, à la caserne ! Mais attention :

quand les chefs pointent le bout de leur nez, il ne s’agit pas de faire le malin ni d’avoir deux mains gauches. Là-bas, il faut se montrer courageux, débrouillard et surtout, surtout, avoir un cœur grand comme ça !

une nouvelle série de romans pour les jeunes lecteurs, écrite par Karine-Marie Amiot. Amitié, humour et aventure : des histoires pour donner envie de faire du bien autour de soi. 10