Sabine du Mesnil Colette Barker
L ’éléphant délicat le crocodile et au grand cœur
Petites histoires pour apprendre les vertus qui rendent heureux dans la vie
mame
La princesseet l ’éléphant
ou comment la délicatesse ouvre les cœurs
PI l était une fois une princesse. Silencieuse comme un rayon de lune, fragile comme une corde de guitare. Si délicate qu’un pétale tombé sur son pied pouvait la blesser. Un jour, la musique d’un troubadour charme le cœur de la princesse. Ce troubadour a l’oreille fine, si fine que, dans le silence de la princesse, il entend le murmure des sources, le bruit de la pluie et mille autres choses pleines de vie. Le musicien tombe aussitôt amoureux de la princesse. Mais pour l’épouser, il faudra que, de la bouche de la princesse, sortent enfin les mots, les paroles espérées depuis si longtemps. Ainsi l’ont décidé le roi et la reine...
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Le troubadour choisit la plus belle plume de son chapeau. Il écrit aux rois lointains, ses amis, d’une écriture ronde comme des notes de musique : « Je cherche un animal de compagnie. Un animal assez délicat pour gagner la confiance de la princesse. Alors, elle sortira de son silence et je pourrai l’épouser. Je vous en prie, j’ai besoin de votre aide ! » Un à un, des oiseaux royaux s’envolent et prennent la direction des palais du monde entier.
Un paon venu d’Orient franchit en premier les grilles du parc. Émerveillé par sa beauté, la princesse s’approche. Mais le paon détourne la tête. Devant tous les miroirs, il s’arrête et se regarde, gonflé d’orgueil. Il lisse ses plumes bleu bijou et fait la roue. Sur sa traîne majestueuse sont posés mille yeux turquoise. La princesse cherche désespérément à croiser l’un de ces regards. En vain ! Et pourtant, les yeux dans les yeux, c’est si précieux pour faire connaissance. Le soir même, le paon plie sa traîne, fait ses valises et part...
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Le lendemain, arrivent des poules sultanes. Habillées de plumes blanches et de grelots jusqu’au bout des chaussons. Elles caquettent sans cesse et tournent la tête comme des girouettes. Un nuage de bruit les entoure. Comme un brouillard… Impossible pour la princesse de parler. Impossible pour les sultanes d’écouter. La princesse, tout étourdie, s’éloigne. Et les sultanes quittent le palais, dans leur nuage épais.
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Quelques jours plus tard, apparaît dans le ciel un magnifique oiseau aux joues roses. Il rebondit sur la pelouse et se pose. Sur sa tête est délicatement posée une couronne de plumes, fines comme des fils de soie. L’oiseau s’incline, salue le roi et la reine et se présente :
— Je suis la grue couronnée du roi de Corée.
Elle est si polie ! Le troubadour reprend espoir :
— Et si cet oiseau venu de l’autre bout du monde pouvait m’aider ?
Il conduit la grue au palais, auprès de la princesse. Mais, à peine arrivée, la grue fait des bruits de bec qui claquent et cliquètent. Ses pattes immenses brisent les fragiles vases en cristal du royaume et ses ailes font des courants d’air. La princesse se met à éternuer ! Le troubadour fait sortir la grue. Elle s’envole et disparaît.
Le troubadour regarde la princesse d’un air soucieux. Personne au monde ne serait-il donc assez délicat pour sa bien-aimée ?
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Un soir, la princesse observe les derniers rayons du soleil jouer à cache-cache avec les grilles du parc, tandis qu’arrive à pas lents une grosse masse sombre, portant sur son dos un oiseau blanc. Il se fait tard et la princesse profite des couleurs flamboyantes dans l’air frais duL’éléphantsoir. salue la princesse et lui dépose son cadeau : une magnifique colombe. Dans les yeux de la princesse, l’éléphant regarde profondément. Il y voit des frissons de froid et de sommeil. Il s’approche d’elle tout doucement. Le troubadour frémit. Avec ses pieds gros comme des souches de platane, l’animal risquerait de blesser sa douce promise ! Mais non, avec beaucoup de délicatesse, l’éléphant l’invite à monter sur sa trompe et la conduit aux marches du palais. Puis, il salue colombe et princesse et fait demi-tour, à pas de velours. La princesse lui fait signe. Elle pose sa main sur la peau de l’éléphant, ridée comme du papier froissé. Sur ses oreilles immenses, elle dépose un baiser.
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L’éléphant soulève de nouveau la princesse et, doucement, engage la conversation… La princesse confie ses secrets dans les oreilles de l’éléphant, déployées comme des ailes d’ange.
Le troubadour n’en revient pas. C’est lui, l’éléphant si gros et si lourd, lui, l’animal le plus délicat ? Le plus attentif ? Mais oui ! Avec son cœur immense et ses grandes oreilles pour écouter… Le troubadour sourit. Il se jette aux pieds de la princesse. Des mots, encore des mots ! Des mots si doux, précieux comme des bijoux. Il passerait la nuit à l’écouter. Le roi et la reine accourent. La princesse parle, chante, danse avec le troubadour !
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Au petit matin, la princesse et le troubadour s’épousent, pour toujours. La fête est belle et joyeuse, avec des feux d’artifice, des danses et des silences aussi. Car, dans le silence, les oreilles entendent, le cœur écoute. Ils perçoivent ces mille choses invisibles et précieuses qui permettent d’être attentif et délicat avec les princes et les princesses autour de soi.
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Table des
La princesse et l’éléphant
Papillotte la marmotte
Baobab, l’arbre qui voulait s’envoler
Lucile et le crocodile
L’anniversaire de Fleur de farine
L’épouvantail au grand cœur
Zibeline et Satellite
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