

C’est lors d’une randonnée en raquettes dans le Queyras, au Nouvel An 2018-2019, que nous avons décidé de prendre une année sabbatique pour fonder notre première année de mariage sur le roc. Nous étions alors tout juste fiancés. Cette décision est née d’une intuition que nous avions depuis longtemps dans notre cheminement de couple et, auparavant, dans notre relation d’amitié : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi. » Il nous est vite apparu évident qu’une année sabbatique juste après notre mariage nous permettrait d’aller à la rencontre de cette folie de Dieu. Nous avions également envie de marquer ce nouveau départ dans notre vie. Celle-ci serait désormais scellée dans une alliance sacrée et cela redéfinit radicalement l’orientation du quotidien. Étant donné que nous avions décidé de passer le restant de nos vies ensemble, autant commencer fort ! Enfin, nous portions le désir profond de réfléchir à la manière dont nous allions construire notre route à la suite du Christ, notre manière de faire de notre foyer une Église domestique. Et, pour cela, nous avions besoin de prendre du temps et d’aller à la rencontre de personnes inspirantes. Marine démissionnerait de son travail à Paris juste avant le mariage et Foucauld prendrait une année sabbatique.
Forts de toutes ces aspirations qui animaient nos cœurs, il restait à définir le programme de cette année afin d’en faire véritablement une année fondatrice. Nous souhaitions vivre ensemble des aventures fortes, intenses, qui nous
façonneraient et deviendraient des repères pour la suite de la grande aventure du mariage.
Pour la première partie de cette année sabbatique, la marche « au long cours » s’est vite imposée comme une évidence. La marche, le voyage par excellence, qui prend son temps, qui laisse la place à l’intériorité et qui rend ainsi disponible à la rencontre. La marche offre du temps pour soi, du temps avec l’autre et du temps pour découvrir ensemble, pour rencontrer ensemble. Nous avons ainsi décidé de marcher d’Aix-enProvence (le lieu de notre mariage) à Assise, en passant par les Alpes. Notre projet était d’arriver à Assise le 4 octobre, jour de la Saint-François. Nous ne parlerons pas de cette marche au fil des pages mais nous sommes heureux de témoigner succinctement, en préambule, des grâces reçues. Ces trois mois de marche sont devenus pèlerinage. La prière est venue rythmer nos journées, nos temps de marche. Il y avait quelque chose de l’ordre d’une expérience monacale : nous étions comme retirés du monde, à l’écart de notre quotidien, de nos projets, du rythme effréné habituel, déconnectés, mais pourtant si fortement reliés à nos proches par la prière. Nous entrions mystérieusement dans une relation plus juste et plus profonde, plus aimante, avec chacun d’eux. Naturellement, ce mode de vie en itinérance nous a demandé des efforts et des ajustements, en particulier parce que nous commencions notre vie à deux. Fatigue physique (notamment à cause de la chaleur provençale en plein été), petites tensions (sur le choix des repas !), incompréhensions, lassitude de faire son sac tous les matins et de monter la tente tous les soirs, tentations de se projeter en permanence sans vivre le moment présent.
Mais nous retenons de ce voyage une profonde joie partagée : joie de nous réveiller ensemble tous les matins, de comprendre progressivement qu’une grande aventure s’offrait à nous (bien que ce soit vertigineux quand même !), de prendre le temps de relire notre histoire (ce qui n’a pas été si simple), de rendre grâce pour la période très intense des fiançailles puis du mariage, de contempler ensemble la splendeur de la Création (avec une légère crispation devant de « magnifiques » dénivelés !), d’apprendre à prendre soin de l’autre, de nous encourager mutuellement dans les difficultés...Et, surtout, joie de sentir l’Esprit Saint nous accompagner chaque jour. Et cela, c’est un véritable cadeau de mariage !
Nous avons touché du doigt la puissance de la prière de deux époux se tenant devant Dieu, rayonnant de l’Alliance et de ce magnifique projet d’amour, un projet auquel le Père les a appelés et que le Seigneur bénit abondamment. Il a exaucé nombre de nos prières faites avec ardeur et audace pendant cette marche.
Pour la seconde partie de cette année sabbatique, nous avions le désir d’entrer dans une période un peu différente ; un temps pour « aller voir », prendre de l’inspiration, nous laisser enseigner par des témoins qui ont un peu (voire beaucoup) d’avance sur nous, dans ce cheminement du mariage et de la mission. Pas besoin d’aller à l’autre bout de la terre pour rencontrer des couples animés par la mission : nous avions choisi de rester en France. Nous voulions puiser de l’inspiration auprès de couples que nous comprenions. Ainsi était née l’idée d’un tour de France « à la rencontre de familles missionnaires ».
Il existe mille manières d’être missionnaire dans notre société. Dans la continuité de ce qui nous avait marqués durant les années précédentes, notamment en tant que colocataires à l’APA1, puis dans le prolongement de notre marche sur les pas de saint François, nous avons choisi de privilégier deux axes : la rencontre avec des couples engagés dans la vie fraternelle avec les personnes les plus en marge de la société, d’une part, et avec des couples investis dans le soin apporté à la Création, d’autre part.
Grâce à un groupe de travail sur l’encyclique Laudato si ’, nous avions déjà conscience que ces deux aspects étaient intimement liés. Nous avions, au fond du cœur, ce désir immense de les concilier dans notre futur foyer. Pourtant, ce n’est pas si simple : être écolo peut paraître beaucoup plus important pour certains ou beaucoup moins pour d’autres que de faire une place au plus fragile ! Quel est le lien entre « prendre son vélo plutôt que sa voiture » et « accueillir le plus petit » ? Apparemment aucun ! Cependant, « il n’y a pas deux crises séparées : l’une environnementale et l’autre sociale mais une seule et complexe crise socioenvironnementale », estime le pape François dans Laudato si ’, appelant à « une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature2 ».
1. Association Pour l’Amitié : cette association coordonne des colocations entre personnes qui n’avaient pas de toit et d’autres qui en avaient un.
2. Encyclique Laudato si ’, n° 139.
Quoi de plus naturel donc que d’aller puiser l’inspiration autour de nous ? D’aller écouter aussi bien la clameur des pauvres que la clameur de la terre ?
Après être rentrés d’Assise, nous avons pris quelques semaines pour établir l’itinéraire de ce nouveau périple « à la rencontre de familles missionnaires », en nous aidant de recommandations de nos proches. Nous avons été agréablement surpris par la multitude d’adresses que nous avons collectées à partir de la question : « Quels sont les couples que vous nous conseilleriez d’aller rencontrer, des couples qui annoncent le Christ à travers une vie fraternelle avec les personnes les plus en marge de la société et à travers le soin apporté à la Création ? » À partir de toutes les recommandations reçues, nous avons décidé de passer une semaine dans une douzaine de lieux différents. Cela nous laisserait le temps de nous immerger plusieurs jours dans chacun d’eux, et d’avoir des échanges en profondeur avec le couple vivant sur le lieu.
Ce temps d’élaboration de notre voyage nous a également donné l’occasion de vivre quelques semaines ensemble sans bouger de lieu en lieu. Cela nous a fait du bien ! Le 10 novembre, nous avons retrouvé nos sacs à dos et repris la route. Cette fois-ci, pas de marche mais un pouce tendu sur le bord de la chaussée ou bien le recours à notre profil BlaBlaCar. Ces deux modes de transport nous ont ainsi donné l’occasion de raconter nos aventures à qui voulait bien nous embarquer dans son carrosse. Cela nous a aussi permis de découvrir différentes réalités de notre pays, au gré des rencontres très variées.
Nous sommes partis avec le désir de nous laisser bousculer, de laisser l’Esprit Saint souffler, comme nous le rappelle l’inscription gravée sur nos alliances : « Au souffle de l’Esprit ». Nous sommes partis sans trop savoir si nous nous orientions vers un changement de vie, une reconversion professionnelle ou autre chose encore. L’idée de départ était de partir à l’aventure à deux, de vivre ensemble des rencontres et de remplir notre mémoire de témoignages forts et inspirants. Grâce à cela, nous pourrions ensuite voir la vie en grand et, le moment venu, avoir un appui suffisamment solide pour prendre l’impulsion, oser suivre notre voie et nos intuitions.
Tout au long de ces rencontres, nous avons été bousculés par la richesse des échanges, la force des témoignages reçus, la puissance de vie de ces choix radicaux, de cet esprit d’abandon, de ce cheminement à l’écoute de la Parole...
Deux ans après ce voyage, il est précieux pour nous de rendre témoignage et de rendre grâce à travers ce livre. Dans chacun des lieux, les rencontres ont été d’une densité et d’une richesse parfois difficiles à assimiler. Nous avons tant reçu : les cheminements uniques de chaque couple, leur réponse singulière à leur vocation de baptisés et de couple marié et la manière dont ils font voir le Père à travers les œuvres dans lesquelles ils sont investis. Chacune de ces rencontres a fait écho en nous, nous a inspirés et nous a aidés à constituer le socle de notre foyer chrétien. Elles résonnent toutes encore au cœur de nos vies.
« Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »
à Clohars-Fouesnant
CHEZ MARIE-HÉLÈNE ET BERTRAND « La joie révolutionne le travail. »
DU 11 AU 14 NOVEMBRE 2019
Par Foucauld10 novembre : c’est le grand jour !
Après un mois passé dans une maison de famille dans le Finistère pour élaborer le programme de notre voyage, nous voilà avec nos sacs à dos fin prêts. C’est parti pour quatre mois d’itinérance !
Nous abordons ce voyage avec une excitation particulière : tout d’abord parce que c’est le début d’une nouvelle aventure dans notre grand voyage de noces, mais aussi parce que nous attendons notre premier enfant. Celui-ci a débuté sa vie quelques semaines avant notre arrivée à Assise et c’est encore notre secret à deux. Nous savons que cette vie naissante est à protéger tout particulièrement et que l’itinérance n’est pas ce qu’il y a de plus reposant ! En fonction de l’évolution de la grossesse, nous nous réservons, bien sûr, la possibilité d’aménager notre programme.
Pour notre première étape, dans la communauté de l’Arche de Clohars-Fouesnant (Finistère), nous avons rendez-vous avec Bertrand devant la petite église bretonne du village. Après un covoiturage qui nous a déposés à l’une des sorties de la quatre-voies vers Quimper, il nous reste une dizaine de kilomètres à parcourir en stop. Grâce à notre bonne étoile (la Providence !), nous arrivons au point de rencontre avec un quart d’heure d’avance. Une fine pluie ajoute un peu d’authenticité à la scène. Un quart d’heure à attendre sous le porche de l’église et à regarder la nuit tomber. Un quart d’heure avant le premier accueil : ça commence vraiment ! Un quart d’heure teinté d’un mélange d’impatience et d’incertitude, nous commençons à avoir le trac.
« Il est où votre camion ? » Bertrand s’attendait à nous voir avec notre van, « comme tous les jeunes aujourd’hui ». Il nous fait monter dans son monospace et nous emmène chez lui. C’est là que nous faisons la connaissance de sa femme, Marie-Hélène. Nous allons partager leur quotidien durant quatre jours. Quatre jours : le temps d’approfondir de beaux échanges. Bertrand et Marie-Hélène habitent là tous les deux depuis bien longtemps. Bertrand a grandi dans ce village, cette terre est celle de sa famille depuis de nombreuses générations, et c’est avec eux et chez eux qu’a débuté l’aventure de la communauté de l’Arche.
Au début de leur mariage, Bertrand a repris l’exploitation agricole de son père et s’est retrouvé à la tête d’une petite entreprise de six employés. Ce qui l’animait alors dans cette aventure économique, c’était de créer un esprit d’équipe, de faire grandir l’amitié. « La grandeur d’un métier est
peut-être avant tout d’unir les hommes1 », comme le disait Saint-Exupéry. Mais au bout de six années, un goût amer l’habite : après avoir tout essayé, rien n’y fait, il est toujours vu comme le « patron », les questions de « sous » ne cessent de miner les relations. Il songe alors à se reconvertir, non que l’exploitation soit en mauvaise santé financière, mais il est déçu de ne pas voir s’installer cet esprit d’amitié qu’il souhaitait pour son entreprise. C’est à ce moment-là que Bertrand fait une expérience véritablement fondatrice. À la demande d’un prêtre, il embauche Dominique dans son exploitation. Dominique a une déficience mentale et c’est sa manière bien à lui de se comporter, d’entrer en relation, qui va enfin faire « prendre la mayonnaise ». « Ce que j’ai essayé en vain pendant six ans, Dominique l’a fait en six semaines », se souvient Bertrand.
De fil en aiguille, Bertrand et Marie-Hélène découvrent l’Arche, invitent ses membres en vacances, puis reçoivent des demandes d’accueil de la part de jeunes porteurs de handicap. Ils transmettent ces demandes à l’Arche, qui n’a alors pas de structure dans leur département et leur renvoie la balle. Après avoir lu et relu, à la lumière de l’Esprit, les lettres de MarieGeneviève et Jean-René, ils font le grand saut : les accueillir tous les deux dans leur propre maison. Ceux-ci seront ensuite suivis par d’autres. Qu’il est doux le temps de la fondation ! Il faudra encore plusieurs années pour que cet accueil se structure puis soit rattaché à l’Arche. Bertrand sera ensuite le responsable de cette nouvelle communauté pendant dix ans.
1. Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes. Paris, Gallimard, 1939.
Bertrand appelle ces hôtes atteints d’une déficience mentale les « Princes », en référence à deux passages de la Bible (1 S, 2,8 et Ps 113, 7-8). Ce sont les princes de ce monde. Toutes ces années à leurs côtés lui ont fait toucher du doigt certains mystères de la Vie, que nulle autre expérience n’aurait pu lui enseigner. Les difficultés liées à leur handicap, les batailles quotidiennes qu’il leur impose leur donnent nécessairement une force de Vie incomparable, une sagesse bien à eux. La souffrance parfois si grande qu’il leur est demandé de traverser – souffrance de la solitude, souffrance du célibat, souffrance du regard de pitié – est aussi le lieu d’une abondance de grâces qui leur est réservée. Ni rancune, ni jalousie, ni jugement. Ce sont nos maîtres spirituels. Voilà le trésor de vie que nous partagent Bertrand et Marie-Hélène.
Durant ces quatre jours, nous nous laissons toucher par de magnifiques témoignages de Vie, au détour d’un petit déjeuner ou d’un dîner qui se prolonge en discussions d’une étonnante intensité. Leur jeunesse, leur rencontre, leurs intuitions communes, la conversion de Bertrand, la maladie de Marie-Hélène. Ils partagent avec nous ces mots du livre de Michée (6, 8) : « Ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu. » Ce chemin qu’ils ont parcouru, avec en toile de fond la naissance et la croissance de cette communauté de l’Arche, a été un chemin de foi. Le Seigneur a largement fait partie de l’aventure. Ils n’ont eu de cesse de dialoguer avec lui à travers les différentes rencontres, les événements de la vie, mais aussi dans leur lien si étroit avec la Parole qui travaille leur cœur au quotidien. C’est là qu’ils
venaient, et viennent encore et encore, puiser la Sagesse, le souffle de l’Esprit. Cette rencontre vient réveiller en nous la soif de la parole de Dieu, une soif encore bien présente en nous aujourd’hui.
« Vous voulez vous immerger dans la vie du lieu ? Ici, c’est une vie simple, rythmée par le travail », nous avait prévenus Bertrand au téléphone lorsque nous avions pris contact. Le travail est une dimension centrale de l’accueil de ce lieu. Bertrand, après avoir quitté l’entreprise agricole de son père, s’est reconverti dans la menuiserie. Et il a tenu à garder un mi-temps dans son atelier, tout en exerçant ses responsabilités dans la communauté. Transformer la matière première, voir cet arbre que l’on avait planté devenir, une fois coupé, séché, travaillé, un beau meuble dans une maison, voilà une tâche qui donne un réel sentiment d’accomplissement, selon Bernard. Et cette dignité humaine trouvée dans le travail, chacun a le droit d’en bénéficier. Accompagner dans le travail, transmettre un savoir-faire, voilà l’une des missions au cœur du projet d’accueil et de vie de cette communauté. Nous aussi, simplement de passage, avons eu droit à une petite initiation à la menuiserie, grâce à Pierre, l’un des « princes » de ces lieux, ami de Bertrand. Aujourd’hui à la retraite, Pierre continue de venir chaque jour à l’atelier, puiser en même temps l’amitié et la dignité.
La communauté accueille actuellement une quarantaine de « princes » et compte un établissement ou service d’aide par le travail (ESAT) qui s’occupe de cuisine, espaces verts et menuiserie, ainsi qu’un atelier occupationnel pour ceux qui ne travaillent pas à l’ESAT. Y travaillent à la fois des jeunes qui
vivent dans des foyers mais aussi de nombreux externes qui viennent à la journée. Nous nous joignons à quelques activités. Il est déjà temps de confectionner différentes créations en vue du marché de Noël qui aura lieu dans quelques semaines. C’est un beau défi de réussir à impliquer chacun selon ses capacités, de trouver comment pousser les uns et les autres à exprimer leurs talents et à être fiers de participer par une activité régulière – salariée ou non – à la vie de la communauté.
Les résidents sont répartis dans le village qui abrite trois foyers. Nous avons eu la chance d’être invités à dîner dans deux d’entre eux, le Cadran et Saint-Joseph. Les « princes », qui sont les véritables permanents du lieu, partagent leur quotidien avec des assistants, en service civique ou salariés, et de nombreux externes présents pour la journée. Nous sommes particulièrement touchés par le temps de prière qui précède le dîner et la soirée. Tout le monde n’est pas croyant ici. Un « prince » nous appelle à nous rassembler dans le salon, il allume une bougie et invite chacun à prendre la parole pour dire un merci ou un pardon. Comment ne pas se laisser bouleverser par la simplicité et la profondeur de ce petit rituel de fin de journée ? Vient ensuite un dîner très joyeux, pendant lequel nous sommes marqués par la qualité relationnelle de ces jeunes en service civique : ils sont parfaitement à l’aise avec les « princes » et pleinement impliqués dans leur mission. Ces deux soirées nous ont permis de toucher du doigt le cœur de ce qui se vit ici : la vie ensemble, le bonheur simple du quotidien, la joie de vivre des uns et des autres, la délicatesse et l’humanité des assistants, la leçon de vie lumineuse et mystérieuse des « princes ».
La communauté de l’Arche Le Caillou blanc va bientôt fêter ses quarante ans. Nous nous émerveillons et nous nous laissons enseigner par la leçon de fidélité que nous découvrons dans l’histoire de certains. « Princes » comme bénévoles, nombreux sont ceux qui ont gardé et cultivé ces liens d’amitié durant quatre décennies et qui sont présents encore aujourd’hui. Cette dimension est particulièrement palpable chaque matin à la chapelle à 7 h 30, quand, à la lumière des textes du jour, les fidèles de la première heure sont toujours là pour remettre leur communauté dans les mains du Seigneur. Nicolas et Monique, Anne, André, Solange... Nous croisons furtivement ces beaux visages à la sortie de la chapelle, dans le froid humide du petit matin breton.
Quatre jours remplis de beaux et intenses échanges et vient l’heure des au revoir chargés d’émotion. Après un bon repas dans une crêperie traditionnelle, Bertrand nous emmène voir son petit « ermitage », situé à quelques centaines de mètres de chez eux, au cœur de la forêt jouxtant le village de CloharsFouesnant. C’est un chalet qu’il a construit en organisant des chantiers l’été avec des jeunes, dans le but de proposer aux volontaires de l’Arche un endroit pour faire une pause, seul pendant 24 heures, afin de se ressourcer quand le quotidien en collectivité au foyer devient trop dense. Nous profitons de ce havre de paix pour faire, nous aussi, ce pas de côté et prendre un long moment de contemplation en silence, assis sur la terrasse de l’ermitage, avec la forêt autour de nous. Ce moment est précieux après ces quatre jours d’une étonnante densité. Quelle première étape ! Cela promet pour la suite de notre tour ! Nous sentons à quel point cette rencontre va
laisser des traces indélébiles au fond de nous. Dès les premiers jours, il est devenu même difficile de trouver le sommeil tant cela a fait remuer l’Espérance qui nous habite. Nous essayons d’accueillir tout cela. La beauté de cette rencontre intergénérationnelle, les secrets qu’ils ont découverts en cherchant à « marcher humblement dans les pas de leur Dieu ». Nous sentons comme un souffle sur le feu de Vie qui brûle déjà dans nos cœurs. « Je suis venu allumer un feu sur terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé.» (Lc 12, 49).
Allez ! Il est temps d’harnacher nos sacs et de reprendre la route ! C’est, de toute façon, une évidence : nos chemins se recroiseront, un jour. Un peu de stop pour filer vers une prochaine étape, on ne saurait repartir d’ici sans s’en remettre à la Providence.
Vos âges ? Bertrand (71 ans) et Marie-Hélène (66 ans).
Vos années de mariage ? 46 ans de mariage. Vos enfants ? 3 enfants.
Une citation des Écritures qui vous porte dans votre mission ? LesBéatitudes(desaintMatthieu)quenousavons comprises grâce aux « princes » de notre communauté et à l’évangile de Jean que nous avons redécouvert plus récemment. Il nous appelle à demeurer en Jésus, de manière contemplative et silencieuse.
Une pépite dans votre vie de mission ? La fidélité dans l’amitié, à l’instar de Marie-Françoise, présente dès le début de la communauté, et ayant travaillé avec Bertrand pendant près de quarante ans. Bien qu’étant à la retraite, elle passe tous les jours chez nous, simplement pour un bonjour et pour dire qu’elle est heureuse de nous voir. Nous recevons cela comme la visite de l’ange. Les liens d’amitié sont extrêmement forts.
Une rencontre phare qui a bouleversé votre vie de couple ? La rencontre avec un homme, au Cameroun, au tout début de notre vie de mariés. Bien qu’ayant besoin d’un double système de traduction pour comprendre ce qu’il disait, nous avons perçu de manière très intense la présence de Dieu en lui. Nous avons été témoins de la manière dont la foi transforme ou même transfigure. Il n’arrêtait pas de répéter : « Il faut être fou pour ne pas croire en Dieu. »
Le saint qui vous inspire particulièrement ? Saint Fran çois d’Assise et saint Charles de Foucauld.
Une action de l’Esprit Saint dans votre vie de couple ? Un fort désir d’accueil, présent en nous depuis notre mariage. Dieu nous parle à travers les rencontres, parfois imprévues, que nous faisons.
Que diriez-vous à un jeune couple qui a envie de s’engager ? C’est une affaire à trois ! Le secret du mariage, c’est d’aller chercher la complémentarité de l’homme et de la femme dans le plan de Dieu.
Le truc qui nous inspire
et que nous retenons pour notre couple : la vie auprès de « princes » comme « clé » pour entrer en relation avec le Père.
« Folie d’amour, folie de Dieu. »
15 ET 16 NOVEMBRE 2019
Par MarineAprès notre première étape au Caillou blanc aux côtés de Bertrand et Marie-Hélène, nous prenons le temps de nous poser une journée dans une maison de famille dans le Finistère. Nous sommes encore aux prémices de notre voyage. Nous venons d’achever notre première étape. C’est le moment du « débrief », terme que je chéris depuis toujours. Foucauld devra s’y faire puisque nous avons choisi de vivre plusieurs décennies ensemble !
Faire le point sur cette première étape est très précieux. Tous les signaux sont au vert : nous sommes extrêmement touchés par l’accueil si fraternel de Bertrand et MarieHélène, nous sommes très heureux de nos longs échanges avec eux, heureux aussi d’avoir pu trouver notre place en tant que couple dans ce lieu que nous ne connaissions pas. Nous y avons été bouleversés par la vision révolutionnaire du travail présentée par Bertrand : elle fait parfaitement écho
à ce que nous avions compris de l’encyclique Laudato si ’. Nous avions le concept en tête, nous avions compris que le rapport de l’homme avec son travail était le lieu primordial de l’humanisation, l’acte humain fondamental par lequel l’homme se réalise à l’image de Dieu. Dès la première rencontre, nous avons eu la chance d’en recevoir l’application concrète.
Un élément nouveau habite notre réflexion : apprendre à être accueillis. Depuis longtemps, nous avons un désir d’accueil dans le cœur, mais plutôt comme « accueillants » et non comme « accueillis ». Bien sûr, nous souhaitons que notre futur foyer soit accueillant. Pourtant, nous découvrons que ce périple va nous apprendre à nous laisser accueillir. Et ce n’est pas si facile ! Ne pas déranger et rester simple. Rendre service sans envahir. Ne pas savoir comment s’adresser aux personnes qui nous reçoivent (tutoiement, vouvoiement ?). Être poli sans en faire trop. Nous décidons d’apprendre à recevoir ces accueils successifs simplement comme des cadeaux, à rendre grâce pour ces personnes qui ouvrent spontanément leur porte à des inconnus.
Place à la seconde étape. Une amie nous a recommandé d’aller rencontrer Jean et Lucette Alingrin, les fondateurs de l’œuvre Emmanuel SOS Adoption. Nous n’en avions jamais entendu parler. Volontairement, nous choisissons de faire confiance aux recommandations de nos proches. Nous ne demandons pas de multiples détails sur le couple, ni sur l’œuvre qu’ils ont fondée. Cette amie m’a simplement parlé d’une folie d’amour, aussi folie de Dieu ! Cela nous suffit amplement pour inscrire cette rencontre dans notre périple.
Ayant eu le contact de ce couple relativement tardivement, nous avions seulement prévu une soirée d’échange. Nous savions que Jean et Lucette n’étaient pas tout jeunes et leur proposition de nous envoyer par voie postale (et non électronique !) la genèse de leur association l’avait confirmé.
Fidèles à notre idée, nous alternons covoiturage et stop pour arriver au fin fond de la forêt de Baugé-en-Anjou, dans le village de Montjoie près d’Angers. Le conducteur de la voiture qui nous a pris en stop pour le dernier tronçon sous une pluie torrentielle semble un peu interloqué de nous laisser devant une maison aux allures de cabane des Sept Nains nichée au fond d’une forêt sombre ! Cela fait partie de l’aventure et nous en sommes ravis. Nous sonnons sans avoir la moindre idée des personnes qui vont nous ouvrir.
Quelle belle surprise ! Nous voilà, une tasse de thé à la main, entourés de Lucette, 89 ans, brindille aux longs cheveux d’argent, et Jean, 90 ans, aux allures de vieux sage.
Il est environ 17 heures et nous commençons à échanger. Je m’inquiète intérieurement : comment allons-nous trouver une voiture pour nous prendre en stop à la sortie de cette forêt lorsque nous repartirons ? Confiance, Marine ! Nous sommes deux, même trois avec le bébé, et surtout quatre avec le Bon Dieu !
Jean et Lucette se sont totalement abandonnés au Seigneur dès le début de leur mariage, plus de soixante-dix années auparavant. Ils se sont installés dans le Maine-et-Loire en 1953 avec Marie, leur fille aînée. L’année suivante, Lucette, alors enceinte, perd son bébé et, avec lui, tout espoir de donner
la vie. Ils nous racontent qu’ils s’étaient mariés avec le désir profond d’accueillir sept enfants.
Ils décident alors de se lancer dans l’adoption. « C’était compliqué à cette époque, se souvient Lucette. Il fallait attendre la majorité de la mère biologique pour adopter un enfant. Les petits pouvaient rester des années sans trouver de famille. » Jean et Lucette, éternels optimistes, pleinement confiants dans le Seigneur, patienteront. En 1960, ils accueillent un petit garçon pupille et trisomique, François, puis Benoît, en 1963. À ce moment-là, ils décident de tout quitter pour se dédier pleinement à cette vocation d’accueil d’enfants.
Quelques années plus tard, le couple reçoit une lettre qui va bouleverser son existence. Un médecin français leur demande de l’aide pour trouver une famille à cinq enfants libanais, tous porteurs de handicap. Jean et Lucette se posent des questions. Mais leur foi en Dieu et leur amour les poussent à répondre oui à cet appel. Ils adopteront un bébé et trouveront des familles d’accueil pour les quatre autres.
Depuis ce moment-là, ils ont fait de l’adoption d’enfants handicapés le combat de leur vie. Dix-huit enfants de multiples nationalités ont rejoint leur famille, dont douze marqués par le handicap mental ou physique. C’est, par exemple, le cas d’une fillette de six ans, arrivée de Corée, mutilée des pieds et gravement perturbée, d’un bébé africain de six mois souffrant d’une craniosténose, d’une petite fille indienne de trois ans souffrant de la polio, d’une autre, française, née trisomique...et la liste est longue.
En plus de ces dix-huit enfants, ils se sont battus pour permettre à environ deux mille enfants, dont la moitié étaient marqués par la trisomie, d’être adoptés, à travers leur association Emmanuel SOS Adoption. Ils ont servi d’intermédiaires entre des œuvres privées françaises et des couples qui venaient chez eux pour découvrir la manière dont ils vivaient avec leurs enfants.
Au fil de la soirée, Jean et Lucette nous racontent leur combat, leur lutte avec les différences services sociaux, les centaines de lettres écrites pour faciliter l’adoption d’enfants trisomiques, les arrivées successives des enfants dans leur famille.
En 1970, ils rencontrent Simone Veil dans le cadre de leur combat pour permettre l’adoption des « Petits », quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Celle-ci écrira ensuite à leur sujet : « Je n’ai jamais vu un amour pareil. »
Ils nous racontent également les très nombreux échanges qu’ils ont pu avoir avec des couples avant la naissance d’un enfant porteur d’un handicap. Certains souhaitaient confier leur enfant à naître à l’adoption, d’autres leur demandaient conseil alors qu’ils hésitaient sur un éventuel avortement. Je me souviens, en particulier, d’un récit bouleversant. Lors d’un échange avec un couple démuni après avoir appris le handicap du bébé à naître et hésitant entre l’adoption et l’avortement, Benoît, l’un des fils de Jean et Lucette porteur de trisomie, a fait irruption dans la pièce. Sa tendresse et sa joie communicative ont bouleversé le couple. Quelques jours plus tard, ces futurs parents ont appelé Jean et Lucette pour
leur dire que, grâce à Benoît, ils avaient découvert qu’une personne avec un handicap pouvait être heureuse. Ils ont finalement décidé de garder leur enfant.
Jean et Lucette ne cachent pas, pour autant, les multiples épreuves traversées. Ainsi, ils ont vécu plus de quarante opérations à cœur ouvert pour les enfants qu’ils ont accueillis. Plusieurs d’entre eux sont finalement décédés très jeunes. Ils ont fait le choix de les enterrer dans leur jardin : un petit cimetière est visible depuis leur salon avec une dizaine de croix blanches. C’est leur « jardin des merveilles », comme ils le précisent avec beaucoup d’émotion. Certains de leurs enfants sont également décédés plus âgés après avoir vécu de longues années avec eux : c’est le cas de Grégorya dite « Mimi », l’aînée des six enfants trisomiques qu’ils ont adoptés, décédée accidentellement à 37 ans.
Le témoignage de Jean et Lucette nous absorbe et nous émeut profondément. Nous sommes « scotchés ». Nous avons même du mal à y croire. Nous prenons conscience qu’ils ont reçu une mission hors du commun et qu’ils l’ont acceptée avec une infinie confiance. Folie d’amour, folie de Dieu ! Une abondance de vie et une grande force émanent de ce couple quasi centenaire. « Ce que vous faites au plus petit, c’est à moi que vous le faites. » Nous recevons, avec eux, l’illustration parfaite de ce verset de l’Évangile.
Jean et Lucette (qu’il appelle « ma petite femme ») se sont totalement abandonnés en Dieu, de manière radicale : lorsqu’ils ont choisi de quitter Angers pour se dédier entièrement à leur mission d’accueil, ils n’avaient aucune
économie. Ils ont suivi au pied de la lettre le message de l’Évangile : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Ils témoignent ainsi que, lorsque l’on fait un pas en avant vers le Seigneur, c’est lui qui fait les quatre-vint-dix-neuf autres. Ils racontent que la divine Providence leur a toujours apporté bien plus que ce qu’ils espéraient.
Au fil de leur récit – que nous avons du mal à suivre tant il nous paraît extraordinaire –, ils reviennent sur leur mariage en 1950. Ce jour-là, ils avaient demandé trois grâces : celle d’avoir de nombreux enfants (ils en ont eu dix-huit !), celle d’être toujours rattrapés par le Christ dans les difficultés (ce qui s’est passé) et celle de « faire ménage à trois » avec lui (et le Christ est venu habiter chez eux à travers la présence réelle).
Pendant notre échange, l’un de leurs enfants vivant encore à la maison (il en reste six !) entre dans le salon. Un jeune homme porteur d’un handicap mental, ou plutôt un « prince » (comme Bertrand nous l’a appris), d’une trentaine d’années vient nous embrasser avec beaucoup de tendresse et d’humour.
Puis vient le temps de la prière familiale, sans doute le moment le plus touchant de notre séjour sur place. Leurs six enfants présents, tous porteurs d’un lourd handicap mental et physique (trois d’entre eux ne s’expriment pas) se rassemblent dans le salon. Nous nous donnons tous la main et Jean entame la prière, en rendant grâce pour la journée passée. Toute la famille récite un Je vous salue Marie, puis confie tous les frères et sœurs, y compris ceux qui ont déjà rejoint le Bon Dieu ! La présence du Seigneur nous semble particulièrement palpable à ce moment-là.
Ma préoccupation du trajet retour s’est naturellement envolée depuis un moment. Jean nous propose alors de rester passer la soirée et la nuit avec eux ! Dieu est bon ! Nous acceptons avec grande joie !
Jean et Lucette, très âgés, dînent de leur côté. Nous sommes invités à partager le repas de leurs six enfants et de la dame qui les aide depuis de nombreuses années pour l’intendance. Ce dîner restera longtemps ancré dans nos mémoires. Il ne se dit pas grand-chose, en tout cas d’apparence extérieure. Mais une grande douceur et une joie véritable émanent de ce moment. Ma volonté initiale d’adresser la parole à chacun s’estompe vite : nos hôtes nous apprennent la simplicité de la vie familiale ! Ce soir – c’est le week-end – tartiflette au menu. C’est la fête ! Nous rions beaucoup au jeu de cris d’animaux, nous rions du jeu de Benoît de se cacher sous la table, des grimaces de Claire…
Je prends conscience de l’Église domestique que cette famille forme : ces enfants étaient abandonnés, ils sont maintenant frères et sœurs et aimés infiniment de leurs parents. Ils sont une Église au sens de l’Évangile. Chacun d’entre eux est un membre essentiel de ce corps ; chacun est également un membre pour l’autre.
Jean et Lucette demandent à l’un de leurs fils de nous montrer notre chambre. Fièrement, Benoît porte nos sacs dans une maison indépendante qui a été construite pour en faire un lieu d’accueil.
Avant d’aller se coucher, Jean et Lucette nous font l’immense cadeau de nous convier à leur prière de couple
dans l’oratoire. Le Seigneur y est véritablement présent. Une simple bougie éclaire cette chapelle. Je ne peux m’empêcher d’observer et d’admirer Jean et Lucette, recroquevillés, main dans la main, priant de tout leur cœur. Comme j’aimerais que nous leur ressemblions dans soixante ans ! Ils remettent leur journée au Seigneur et posent le geste magnifique de se bénir mutuellement.
Je prie pour que nous sachions, à notre tour, accueillir la folie de Dieu dans notre famille, quelles qu’en soient les modalités ! Jean et Lucette n’avaient pas du tout décidé initialement d’adopter plein d’enfants : ils se sont laissés embarquer, ils ont progressivement dit oui à l’Esprit qui les guidait et au plan d’Amour que Dieu avait pour eux.
Nous allons nous coucher, le cœur plein de gratitude pour cette rencontre. Au réveil, Benoît et François nous attendent avec une brioche pour le petit déjeuner. Puis, ils partagent avec nous la séance « dessin animé » du samedi matin !
Nous leur disons au revoir, avec beaucoup d’émotion, après cette trop brève, mais décapante rencontre.
Vos âges ? 90 ans (Jean) et 89 ans (Lucette).
Vos années de mariage ? 67 ans. Vos enfants ? 18 enfants dont 6 vivent encore avec nous.
Une citation des Écritures qui vous porte dans votre mission ? « Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, tu as fait pour nous tant de choses toi, Seigneur mon Dieu ! Tant de projets et de merveilles : non, tu n’as point d’égal ! Je les dis, je les redis encore ; mais leur nombre est trop grand ! » Ps 39, 5-6.
Une pépite dans votre vie de mission ? Tous les clins d’œil du Ciel que nous avons reçus et qui nous ont aidés à avancer.
Une rencontre phare qui a bouleversé votre vie de couple ? La rencontre avec Marthe Robin qui nous a dit : « Cette œuvre, elle devait exister, c’est l’œuvre de Dieu. Vous êtes un foyer de charité. Restez petits. »
Une action de l’Esprit Saint dans votre vie conjugale ? Accueillir la présence réelle chez nous, nous qui avions demandé comme grâce le jour de notre mariage de « faire ménage » avec le Christ !
Le « truc » qui nous inspire et que nous retenons pour notre couple : ne pas avoir peur du plan d’amour de Dieu pour nous, même s’il nous paraît folie !
Introduction 5
Chapitre 1 – L’Arche Le Caillou blanc
....................... 13
Chapitre 2 – Emmanuel SOS Adoption ..................... 23
Chapitre 3 – Misericordia 33
Chapitre 4 – Le Rocher ......................................... 41
Chapitre 5 – Le Village Saint-Joseph 51
Chapitre 6 – Le Cenacolo ...................................... 63
Chapitre 7 – Association Pour l’Amitié (APA)
............. 75
Chapitre 8 – La Fraternité Bernadette 87
Chapitre 9 – Eucharistein ...................................... 97
Chapitre 10 – Genèses 107
Chapitre 11 – ATD Quart Monde ......................... 117
Chapitre 12 – Des sources d’inspiration .................... 129
Conclusion 141
Remerciements
144
« Nous sommes partis avec le désir de nous laisser bousculer, de laisser l’Esprit Saint souffler. Partir à l’aventure à deux, remplir notre mémoire de témoignages forts et inspirants pour voir ensuite la vie en grand et prendre, le moment venu, l’impulsion. »
Loin des lagunes tropicales ou des paradis ensoleillés, Marine et Foucauld avaient envie d’un voyage de noces ne ressemblant à aucun autre. À peine mariés, les deux auteurs se sont ainsi lancés dans une marche au long cours vers Assise puis dans un tour de France de plusieurs mois pour rencontrer des couples missionnaires inspirants.
Ce livre raconte chacune de ces rencontres. Il évoque les échanges qui bousculent, la découverte de choix de vie radicaux. Il laisse le lecteur avec la certitude qu’un mariage est le socle d’une Église domestique et qu’il existe des grâces particulières pour les époux à vivre le sacrement du pauvre au quotidien.