L'odyssée de la Flamboyante - Follebreuil T3

Page 1

Illustrations : Eléna Dupressoir

Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sophie Cluzel Édition : Camille Icole

Direction artistique : Armelle Riva Mise en page : Text’oh ! (Dole)

Direction de fabrication : Thierry Dubus Fabrication : Sonia Roméo

© Mame, Paris, 2022 57, rue Gaston Tessier, CS 50061, 75166 Paris Cedex 19 www.mameeditions.comISBN :9782728931408MDS :MM31408

Tous droits réservés pour tous pays.

« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011. » mame

L’ODYSSÉE DE LAPAULFLAMBOYANTEBEAUPÈRE
mame

CEUX QUE VOUS CONNAISSEZ DÉJÀ

Crépin Ier règne sur le royaume de Follebreuil. Descendant d’une glorieuse lignée de rois belliqueux, Crépin Ier n’en est pas le plus malin. Être roi est, selon lui, la chose la plus fatigante sur terre : il déteste prendre des décisions et préfère faire la sieste. Quand il ne se repose pas, il cuisine des carottes et cherche sa fille chérie, la princesse Colysne, qu’il aime tendrement.

Colysne est la fille unique de Crépin I er. Vive et dégourdie, elle déteste par-dessus tout qu’on la prenne pour une enfant ! Elle aime l’aventure et la liberté, et préfère les chevauchées sauvages et les leçons d’épée à la broderie et aux Accompagnéefanfreluches. de sa jument, Armoise, elle galope vers l’aventure et défie tous ceux qui se mettent en travers de son chemin.

14

Pio a 13 ans, comme la princesse Colysne. Devenu chevalier, il passe la moitié de son temps à se disputer avec la princesse, qui a quand même un fichu caractère… et l’autre moitié à tenter de l’aider à gouverner…

Tugdual de Cornemolles est un vieux chevalier. Fidèle serviteur du roi, il a mis du temps à quitter son armure et, quand il passe dans les couloirs, chacun croit encore sentir le fumet nauséabond qu’il dégageait.

Les trois brigands ont cessé d’être des bandits de grand chemin et ont mis leur sens de la débrouillardise au service la couronne de Follebreuil.

15

Les faux Vikings, devenus fiers soldats du roi, pourraient bien à nouveau embarquer sur un vaillant navire… Mais n’allons point trop vite… À leur tête, Amblard, leur capitaine, dont la détermination et le courage àproportionnelsinversementsontlataille !

Dans les cuisines du château, c’est Maître Jean le roi, que Crépin Ier se le tienne pour dit ! Aidé d’une myriade de marmitons, il concocte les mets les plus exquis de la contrée, qui font les délices des petits et des grands du royaume !

Odilon Petitcoq, le ménestrel.

16

LES MOINES DE L’ABBAYE SAINT-LOUP

Le père Côme veille sur la communauté. Il est le prieur, le chef.

Le frère Quintus s’occupe de l’infirmerie. Il y concocte des potions, des onguents et des tas de crèmes dont il a le secret.

Le frère Cyprien chante faux, ce qui n’est pas très grave, car il ne chante jamais. Il veille surtout sur ses ruches dont il connaît chacune des abeilles.

Le frère Octave passe le plus clair de son temps au scriptorium où il recopie les manuscrits avec une ardeur et une patience infinies. Dans sa jeunesse, il a beaucoup voyagé et on raconte qu’il parle presque toutes les langues de la Terre.

Puis, il y a le frère Corneille , qui peine à venir aux offices, qui bâille quand il ne dort pas et qui dort quand il ne bâille plus. Et enfin, il y a le frère Sixte. Sa passion pour toutes les créatures de la nature est bien connue de notre lecteur. Avant d’être moine, il était un preux chevalier. Et, s’il le faut, il est prêt à quitter sa bure et à enfiler de nouveau son armure…

17

LES MÉCHANTS

Le fielleux félon Roc de Tristiver rêve de s’emparer du trône de Follebreuil… Mais, heureusement pour nos héros, jusqu’à présent, toutes ses tentatives ont lamentablement échoué !

Alfredo Milano, prince des cuisiniers, déchu lors de la grande finale par le roi Crépin Ier… Désormais amer et se nourrissant de ressentiments, il pourrait bien mijoter un sale coup…

LES NOUVEAUX VENUS

Paola. Mais qui est cette drôle de fille, habillée en pirate ? Si tu as hâte de faire sa nouvelleettourneconnaissance,vitelespagesplongedanscetteaventure !

Les loups. En cet hiver particulièrement rigoureux, ces fauves voraces et cruels rôdent dans le royaume, semant l’effroi partout où ils passent…

18

Quo vadis 1 ?

Voici une bien énigmatique entrée en matière. Qui sont ces marins ? Vers quelles contrées lointaines cinglent-ils ? Qui est ce roi ? Il n’est point venu le moment, lecteur, de tout comprendre mais, crois-moi, profite du beau temps, il risque d’être rare dans les pages à venir.

Le soleil est encore bas sur l’océan, il darde ses premiers rayons dorés et dispute le ciel à la nuit qui laisse traîner quelques nuages sombres et froids.

L’étrave de la caraque fend les flots. Sa grand-voile découpe sur l’azur un large carré aux rayures rouges et blanches. À son bord, cent fiers marins-guerriers scrutent l’horizon.– Nousapprochons, déclare le capitaine du navire. Nous devrions l’apercevoir nord-nord-est avant que le jour ne soit complet.

1. Où vas-tu ?

CHAPITRE19 0 TERRE !

– Fort bien. Que le débarquement se fasse promptement, répond l’homme qui se tient à ses côtés. Le roi attend que je lui rende compte. Vous le connaissez, il n’est guère patient et je ne désire point attiser son courroux.

– Que Votre Grâce ne s’inquiète pas, mon équipage sait ce qu’il doit faire.

– Terre ! Terre ! s’écrie au même moment l’homme de vigie.Une acclamation de joie accueille cette nouvelle. Et le navire file vers ce petit point qui grossit à l’horizon : une île mystérieuse.

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL

IL FAUT QUE JE VOUS DISE…

Omnibus viis Picvallonem pervenitur 1

Ici, lecteur, tu retrouves des têtes connues, un château aimé, des voix amies. Mais attention, couvre-toi : la bise est forte, le froid mord aux mollets et si, par le plus grand des hasards, tu as dans ta poche un mor ceau de pain ou de fromage, garde-le en réserve, car les temps sont durs.

– Non– Non !? Comment cela, non ?

– Eh bien, non comme N, O, N, en trois lettres : rien de plus, rien de moins.

– Je sais bien comment l’on écrit « non » ! J’ai, comme vous, été à bonne école, ce mot n’est point de ceux que l’on oublie aisément. Mais ce « non » ne me sied guère. Pour être franc, de votre part, j’attendais un « oui ».

– Eh bien, c’est un « non » que vous avez !

1. Tous les chemins mènent à Picvallon.

CHAPITRE 121

– Mais enfin, me direz-vous pourquoi vous me dites « non »

– Encore !– Non !?

N’aurez-vous désormais à la bouche que ce mot– Mais– Non !? cessez, c’est insupportable ! Désirez-vous me rendre fou ?

– En– Non !garde, princesse du « non », reine de la contradic tion, impératrice du refus ! Que cette lame que votre père fit mienne fasse de vous mille tranches plus fines que les parchemins de frère Octave !

– Battez-vous, crapule indigne, voleur d’épée sacrée, pourfendeur empanaché !

En une seconde, Pio et Colysne (car, bien sûr, c’est d’eux qu’il s’agit) sont debout sur la grande table qui sert de bureau à la reine. Les épées fendent l’air glacial, et les coups pleuvent comme des grêlons. Bondissant d’un fauteuil à un coffre, s’accrochant aux tapisseries, rageant comme des renards et pestant comme des belettes, Pio et Colysne se livrent une bataille acharnée.

– Hum, hum… Est-il possible que ma souveraine et son jeune conseiller m’accordent une audience ?

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL 22

À la porte, une liasse de parchemins à la main, les épaules couvertes d’une cape en peau de sanglier, un vieux cheva lier un peu hirsute s’avance.

– Entrez, Cornemolles, entrez ! Joignez-vous à nous ! Pio et moi étions en train de nous réchauffer !

– Et, ma foi, c’est une méthode efficace ! s’exclame Pio en s’affalant dans un fauteuil de bois sculpté.

Les sourcils du chevalier ne se déparent pas de leur air inquiet.– Parlez, chevalier, que se passe-t-il ?

– Une foule de pauvres gens se pressent aux portes du château et demandent asile. Dehors, ils vont mourir de faim et de froid.

– Ouvrez et laissez-les entrer !

– Je ne doutais pas de votre générosité, ma reine.

Et Cornemolles disparaît dans les escaliers de pierre.

– Où en étions-nous ? demande Pio.

– Nous en étions à…

– Colysne,Toc-toc-toc…il y a urgence !

Dame Hildegarde entre dans la pièce comme une tor nade. Nourrice de la princesse, elle est désormais la mère du château et règne avec douceur et affection sur tous ses habitants. Elle conseille, console, soigne, nourrit. Mais,

IL FAUT QUE JE VOUS DISE… 23

de temps en temps, elle sait aussi donner un bon coup de pied au derrière de ceux qui rechignent à la tâche ou se montrent par trop impolis.

– Colysne, il y a beaucoup de monde qui arrive, de par tout, continuellement : des hommes, des femmes, des enfants et même des bébés !

– Je sais, Hildegarde. J’ai donné ordre de les laisser entrer et de les accueillir au mieux.

– Certes, mais nous commençons à manquer de place. Toutes les chambres sont occupées et on s’y tasse même à huit quand il n’y a que deux lits. Les gardes ont abandonné leur salle, qui sert désormais de dortoir. J’ai installé des litières dans les greniers, dans les écuries et jusque dans le couloir du donjon…

– Tassez, ma bonne Hildegarde, utilisez la salle de l’Ours et même la chapelle s’il le faut, il n’est pas question de laisser un seul malheureux dehors par ce froid.

Hildegarde quitte la pièce à grandes enjambées et s’en va, comme elle aime à le faire et comme les circonstances l’exigent, accueillir et installer tous les nouveaux venus.

– Donc, reprend Pio, j’en étais, juste avant que dame Hil degarde ne m’interrompe, à demander où nous en étions ?

– Nous en étions à…

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL 24

– Mille pardons, Vot’ Majesté, mais faut que j’vous dise que’que chose ! C’est grave et ça peut pas attendre.

Un des trois brigands de la forêt, qui, comme ses deux compagnons, a quitté son emploi de fripon pour se mettre au service de Colysne, vient de surgir comme débarque un lapin quand il apprend qu’il y aura des carottes au dîner.

– Vot’ Altesse, si ça continue comme ça, le bois va venir à – Nemanquer !vous avais-je point envoyé en chercher ? demande Pio un peu surpris.

– Certes ! Et avec les camarades, on est allés en forêt avec les scies et les haches. Mais y a tant de neige qu’est tombée et y fait si froid que c’est aussi dur que d’couper du fer. Et après, quand faut l’rapporter au château, on s’enfonce jusqu’au cou ! Vot’ Majesté, faut baisser les feux et écono miser les bûches. On est des gaillards alors on va fair’ d’not’ mieux, mais faut pas compter sur de pleins chargements.

Et le brigand, les épaules basses et le pas lourd, quitte la pièce pour retourner à sa rude besogne.

– Donc, reprend Pio, nous en étions à…

– Je ne sais plus, dit Colysne. Nous avons été interrompus si souvent : j’ai oublié ce que nous disions.

– Je me souviens ! s’exclame Pio, joyeux. J’en étais à vous dire que…

IL FAUT QUE JE VOUS DISE… 25

Mais un nouvel intrus surgit dans la pièce.

– Moi, je veux bien tout ce qu’on veut, mais je ne peux pas tout ce qu’on veut !

Maître Jean, le cuisinier du château, vient à son tour de débarquer. Toque de travers et joues rouges, il a l’œil brillant de colère, une colère née bien avant sa première fournée de pain du jour.

– Ça arrive par dizaines, ça mange comme des oiseaux au printemps, ça piaille, ça caquette, ça dort dans mes réserves, mais ça je veux bien. Ça aide, ça épluche, ça lave, ça pétrit, alors ça j’aime bien. Mais, Votre Altesse, ça peut plus durer ! Les provisions du château sont grandes, mais elles ne sont pas inépuisables. Alors, ou ça se rationne ou ça va Lorsquemanquer…Maître Jean s’exprime, il le fait toujours dans un langage dont lui seul a le secret. Râler est sans doute le verbe qui le caractérise le mieux, après cuisiner. Mais, derrière ses tirades dithyrambiques, le constat qu’il dresse reste

– Quealarmant…vousfaudrait-il, Maître Jean ? demande Pio.

– Si vos archers pouvaient aller chasser ! Un peu de viande pourrait compenser les légumes secs qui vont bientôt être épuisés. Les fèves se font rares et on devine le fond des tonneaux de pois et de pois chiches…

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL 26

– Je vais voir ce qu’il est possible de faire. En attendant, je vais demander à chacun de se restreindre un peu, de faire un effort. Merci, Maître Jean, dit la reine en souriant.

Et le cuisinier file vers ses fourneaux, ses cheminées, ses marmites et ses casseroles, ses mitrons et ses recettes.

– C’est malin, dit Pio, du coup, j’ai encore oublié ce que j’allais vous dire ! Et l’avenir semble bien sombre…

– Oui, répond Colysne. Les jours qui arrivent vont être…

– Merveilleux, formidable, fantastique, tout n’est que bon heur et joie sans fin !

Crépin, anciennement Ier, vient d’entrer en sautillant dans le bureau de Colysne.

– Ma fille, il faut que vous sachiez que tous ces gens qui débarquent au château sont absolument charmants, admi rablement urbains.

– Je suis contente que vous soyez content, père.

– Oui, ma fille, je suis fort aise. Il y a cependant un pro blème ! Grave ! Je ne voudrais pas t’alarmer, mais il n’est pas impossible que nous allions tout droit vers une catas trophe qui, à mon sens, pourrait très probablement être catastrophique !– Jelesais,père… j’en ai conscience et, avec Pio, nous sommes en train de chercher des solutions à ces difficultés.

IL FAUT QUE JE VOUS DISE… 27

– Ah, tu m’en vois fort rassuré ! Un instant, j’ai cru que vous alliez les laisser dehors !

– Mais père ! Comment pouvez-vous, un seul instant, penser cela !

– En tous cas, merci, ma chère fille, de faire mettre à l’abri mes réserves de carottes, j’ai cru un instant que le froid me ferait tout perdre !

– Vos quoi ? s’étrangle Colysne. Vous me parlez de vos carottes ! Mais où sont-elles, ces réserves secrètes ?

– Dans la petite remise de la cour, évidemment ! J’y ai entassé quelques dizaines de sacs… Maintenant que je sais que vous allez les sauver, je vous laisse vous occuper des petites affaires du royaume. J’ai, de mon côté, d’importants problèmes à régler : un flan aux carottes qui refuse de se tenir et qui fléchit sitôt qu’on le regarde, une crème que je trouve fade, et surtout une terrine de carottes confites aux oignons qui se prélasse au bain-marie, mais qu’il me faut sortir sans traîner sous peine de la voir se changer en potage. Travaillez bien, mes enfants, travaillez bien !

Et Crépin disparaît comme il est venu, le pas dansant et l’œil rêveur.

Il laisse la place à un silence un peu triste. Colysne se lève, elle va à une fenêtre et contemple la campagne qui entoure le château. Tout est blanc, rien ne dépasse

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL 28

de l’épaisse couverture ouatée et glacée qui ensevelit le royaume. Dans le ciel, de gros flocons tourbillonnent et se posent en douceur, augmentant toujours un peu plus la– Finalement,catastrophe.

c’est une bonne nouvelle, ces carottes tom bées du ciel…

– Oui, il faut se préparer à des moments difficiles, dit Pio en s’approchant de la fenêtre. Nul ne sait quand nous sortirons de cet hiver qui ressemble fort à la mort…

– C’est pour cela, chevalier Pio, qu’il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Partez sur l’heure pour Pic Bourg vous enquérir de l’état des habitants et des réserves. Je vais, de mon côté, faire le tour des provisions du château, mettre à l’abri les carottes de mon père et organiser le rationne ment. Courage, chevalier, nous avons vaincu de plus rudes adversaires que cet hiver ! Ce soir, vous me ferez votre rap port et nous aviserons !

Pio s’apprête à quitter la pièce quand Colysne s’écrie :

– Attendez ! Je me souviens où nous en étions et pour quoi je vous disais « non ».

– Ah, voilà une nouvelle qui me réjouit ! Quelle en était la– Vousraison ?désiriez aller vous promener sans raison, musarder sous la neige. Une idée extravagante, et même dangereuse, quand on murmure que les loups sont de retour.

IL FAUT QUE JE VOUS DISE… 29

– Mais oui ! Ça me revient ! J’avais fort envie de me dégourdir les jambes !

– Eh bien désormais, la réponse est oui ! Filez aux nouvelles et évitez les loups : j’ai besoin de vous !

Quand Pio arrive à l’écurie, Bucéphale, son fier cheval, piaffe et gratte du sabot. Cela fait trop longtemps qu’il n’est pas sorti. Il rêve de prendre l’air !

– Tu n’imagines pas ce qui t’attend dehors, Bucé !

– Hiiiiiii ! répond le cheval en levant le col.

– Oui, je sais, tu es fort, tu résistes à tout, tu ne crains rien… Mais, crois-moi… ça, tu ne l’as jamais vu !

– Tu– Brrrr…verras

bien. Ouvre les portes, demande Pio à un jeune page qui passe.

Le chevalier sort de l’écurie et disparaît dans un tour billon de flocons.

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL

Tempora si fuerint nubila, solus eris 1

Que s’est-il passé ? Qu’ont-ils laissé ? D’où viennent-ils, où retour nent-ils ? J’ai bien peur, ami lecteur, que ce court chapitre qui n’est, en aucun cas, la suite du précédent, mais plutôt la conséquence de celui qui précède, ne t’apporte pas beaucoup de lumière, tout au plus un peu de chaleur et, j’insiste, c’est une chose qu’il ne faut pas négliger par les temps qui Tournantcourent.ledos à l’île, sa mission accomplie, la caraque rentre au port. À son bord, marins et capitaine, soldats et commandant, tous sont muets. Les yeux rivés sur l’horizon, impatients d’être chez eux, ils repensent aux ordres du« Laroi.vile créature dont vous aurez la charge ne peut être tuée, car le malheur s’abattrait sur l’auteur d’un tel acte… Elle n’en doit pas moins être abandonnée en quelque 1. Lorsque viendra l’orage, tu seras seul.

CHAPITRE31 1,5 SEULE !

endroit isolé et secret. Une terre où nul ne va, un point dans l’océan que vous vous empresserez d’oublier.

– Je connais une île déserte, avait dit le capitaine à son souverain. Donnez-moi un bateau, une escorte et je suis votre homme. Ce que vous voulez faire disparaître, je le feraiC’estdisparaître ! »ainsiquele

Pandora avait quitté le port de Paleria, capitale du royaume des Alledios, riches contrées où se récoltent l’or, les diamants et les fleurs rares. À fond de cale, à l’abri des regards, il transportait l’être encombrant que le roi voulait voir vieillir au loin, puisqu’il ne pouvait pas l’empêcher de grandir.

– On ne m’enlèvera pas de l’esprit, marmonne un marin, que c’est une bien étrange besogne que l’on fit.

– Gros malin, tu ferais bien mieux de ne rien dire et de ne rien penser. Il ne doit rester aucune trace de cette histoire. Alors, si tu veux vivre vieux, oublie aujourd’hui et tais-toi à tout jamais.

Ce soir-là, à bord du Pandora, les marins, qui d’ordinaire chantent quand la nuit tombe, saluant ainsi le soleil pour qu’il ne les oublie pas et resurgisse le lendemain, se taisent, le cœur lourd. Et le Pandora file sur l’abîme des flots, dans un silence assourdissant.

Les ChRoNIQUeS de FoLLeBrEuiL
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.